C'était l'heure du coucher de soleil ce soir là et Diarmuid ne se trouvait pas à l'infirmerie. Enfin... Il n'était pas bien loin. Il était juste venu dans le couloir, à quelques mètres de la porte, pour perdre son regard sur le parc de Poudlard, accoudé à une fenêtre qu'il avait réussi à ouvrir. Ses manches éternellement repliées laissait apparaître ses avant-bras, et par conséquent le tatouage qui ornait le droit. Ses yeux étaient perdus dans le paysage rougeoyant de la fin de journée, un courant d'air léger venait rafraîchir ses joues et jouer avec ses cheveux - signe qu'il allait devoir les recouper - et ses pensées semblaient occupées à une introspection.

Il ne savait pas trop comment il en était venu à réfléchir à son évolution des derniers mois. Quoique si. A bien y repensé, c'était parce qu'il s'était fait la réflexion qu'il aurait bien regardé ce coucher de soleil qui réchauffait les teintes du ciel avec une rousse bourrée de qualité. Parfois, la pensée qu'elle était trop bien pour lui l'effleurait et puis, comme aujourd'hui, il essayait plutôt de constaté comme il avait évolué depuis qu'elle était revenu dans sa vie par le plus grand des hasards, au lendemain des fêtes de Yule et à la veille de celles de Noël. Une journée enneigée passée avec sa benjamine et une boursouflette en mal d'exercice physique avaient fait le reste. Il faudrait qu'il remercie Ennis un jour, et Ophélie peut-être aussi.

De ces retrouvailles fortuites il en était ressorti chamboulé. Il ne savait pas pourquoi il avait été gêné par certaines choses, troublé par cette jeune femme qu'il avait quitté adolescente. Des sentiments qu'il pensait ne plus être capable de ressentir et qu'il avait eu du mal à réapprivoiser. Passer par un échange épistolaire avant de se retrouver pour une soirée et un repas avait certainement aidé. Et depuis... depuis il semblait que l'ancienne Gryffondor lui donnait ce qu'il lui manquait pour avancer. Depuis deux ans il avait l'impression de s'être perdu et là, il trouvait une issue. C'était parfois laborieux, il doutait souvent - trop certainement - et elle était là, l'aidant à y voir plus clair. Non vraiment, elle lui apportait tant! Un sourire amoureux se dessina sur ses lèvres et ses mains se joignirent alors qu'il prenait une profonde inspiration. Sa vie avait sacrément basculé en cinq mois de temps.


@Aylin Murphy, nous voilà parti!

Aylin aimait Poudlard. Elle en aimait chaque recoin, chaque pierre, chaque couloir, chaque fenêtre. Ces dernières, ouvertes sur le parc, donnant vision sur la forêt au loin, lui vendait le rêve de pouvoir vivre en pleine nature sans être totalement dépaysée. Parfois, son Irlande natale lui manquait et elle se plaisait à se perdre dans cette vision de l’horizon presque infini.

Néanmoins, ce soir-là, la fenêtre sur laquelle Aylin avait l’habitude de s’extasier était déjà occupée par quelqu’un. Elle aurait voulu grogner de mécontentement mais quelque chose, sur l’homme qui était à sa précieuse place, fit s’envoler l’humeur d’Aylin. Des oghams. Comme c’était intéressant !

Aurait-elle dû être surprise ? Elle n’était pas là depuis longtemps mais la jeune enseignante de rune connaissait le nom de ses collègues. Et l’homme dont les manches étaient retroussées portait exactement le même nom que la préfète qui était venue lui poser quelques questions. Aurait-elle quelques informations à glaner avec l’infirmier ?

Elle pencha sa tête sur le côté et, plutôt que d’attaquer frontalement, commença avec une de ces banalités dont Aylin avait le secret :

- C’est ma fenêtre préférée pour regarder le parc. J’ai l’impression que je pourrais m’évader rien qu’en regardant le parc de Poudlard comme ça. Pas vous ?

Oui, elle était polie, elle ne lui sautait pas dessus pour savoir pourquoi il avait des oghams sur son avant-bras. Elle essayerait d’être amicale avant de se montrer un peu plus interrogative. Après tout, l’histoire d’Ennis titillait l’envie de recherche qu’elle n’avait pas perdu en arrivant à Poudlard. On ne se refait pas !

Les yeux plongés dans le parc de Poudalrd qui se paraît de couleurs chatoyantes et ses pensées définitivement tournées vers la belle Annaëlle, Diarmuid fut tiré de sa contemplation comme de ses pérégrinations intérieures par la voix d'une des dernières arrivées au château. Incapable de se départir de son sourire tendre apparu en pensant à la gérante de Fleury et Bott, sa vue lui confirma ce que ses oreilles lui avaient donné comme informations, Aylin Murphy se tenait non loin de là. "Je pense que je préfère une des fenêtres non loin de la salle commune de Serdaigle. Mais celle-ci donne sur la même partie du parc et à l'avantage d'être bien plus proche de l'infirmerie." Répondit le jeune homme d'un accent très proche de celui de sa sœur. Ennis était celle d'eux trois qui l'avait le plus fort mais le sien ramenait irrémédiablement au Nord de l'Irlande et à sa benjamine qui suivait les cours de la femme blonde en face de lui.

- "Je suis obligé d'admettre que je n'étais pas entièrement à Poudlard." Plutôt à Londres, dans un appartement ou bien dans un bar dansant où la jeune femme acceptait de le suivre. Il n'osait pas le proposer trop souvent, mais se refusait à y aller sans elle. Danser avec des filles inconnues en étant célibataire était une chose, le faire en étant en couple en était une autre, surtout quand on aimait pratqiuer une des danses latines les plus sensuelles qui puisse exister. Ca impliquait de beaucoup moins s'adonner à son sport favori mais il ne regrettait pas ce choix.

La fenêtre étant large, il se déplaça sur la gauche, laissant suffisamment d'espace à la professeur pour se glisser à ses côtés sans qu'ils ne soient trop proches l'un de l'autre; lui laissant le loisir de se plonger dans les lumières rosées qui illuminaient l'horizon. "Vous aviez besoin d'un moment hors du temps?" Avec les adolescents, c'était parfois nécessaire, surtout qu'ils avaient tous beaucoup d'heures de présence obligatoire dans l'enceinte de l'école, rendant la vie privée un peu plus délicate à organiser.