Solo,
15 aout 2047,
Tinworth





Agatha était immergé dans l'eau chaude depuis déjà deux heures, et elle n'avait aucunes intentions d'en sortir. Elle n'apercevait que le bout de ses genoux sortant de la mousse, comme de rocher sorte de la mer. Ses longs cheveux bouclés flottant autour de ses épaules, les yeux brouillés par la vapeur, Agatha se sentait approximativement bien. Elle ramena ses cheveux bruns derrière ses épaules et observa ses doigts ; tous fripés. Si elle restait une minute de plus dans ce bain, son corps serait entièrement fripé, comme ses doigts. Elle s'extirpa de l'eau avec beaucoup de mal, son corps tout engourdi par l'eau chaude et l'immobilité se pliant avec un temps de retard à ses ordres. Elle se pelotonna dans une serviette bien chaude, se frottant énergiquement les bras, le froid se transformant en chair de poule sur son épiderme.

Alors qu'elle enfilait sa chemise de nuit, son regard dériva vers le grand miroir mural lui faisant face. Il lui renvoyait l'image d'une jeune, ayant totalement perdu. Ses yeux verts étaient regardait le néant, ses lèvres fines tremblaient légèrement, sa peau était d'une blancheur cadavérique et ses cheveux bruns étaient collés à ses joues, à son cou et tombaient tristement sur ses épaules. Agatha s'approcha à petit pas de la deuxième Agatha du miroir. Elle leva la main et toucha le doigt que son double tendait.

Elle fut soudain saisis d'une envie de couper ses cheveux trop longs et trop lourd. Promenant son regard autour de la pièce, elle remarqua un ciseau aux lames longues. Elle s'en empara. Agatha empoigna ses boucles humides avant de les passer entre les deux lames. Le regard perdu dans son reflet, elle les pressa l'une contre l'autre. Ses boucles tombèrent au sol, dépourvut de vie. Elle répéta l'opération avec le reste de ses cheveux. Quand elle releva la tête vers son reflet, ses cheveux, libérés de leur poids, bouclaient autour de son visage. Elle eut un petit pincement au cœur en observant les boucles au sol mais elle le réprima vite. Maintenant, elle allait devoir assumer sa nouvelle coupe de cheveux. Mais elle se sentait libéré d'un poids. Elle avait l'impression d'avoir fait un pas vers le chemin du pardon et l'acceptation.