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13 sept. 2022, 12:37
L'usurpatrice qui s'ignore  PV 
Lundi 2 septembre 2047 — après 19 heures
Bureau de la directrice de Poudlard, suite à ceci
7ème année



Dix-neuf heures. Je laisse les vapeurs des potions derrière moi et entreprends lentement l'escalade des étages, insensible aux bruit et aux cris qui m'entourent. Le repas sera bientôt servi. Ce soir, comme tous les soirs hors banquet depuis que je suis à Poudlard, le siège directorial sera vide quand les plats apparaîtront sur la table : Elina Montmort sera en train de m'accueillir dans son bureau. Une fois là-bas, la situation sera plus réelle que jamais, plus réelle encore que lors de la cérémonie de répartitions qui m'a laissé entrevoir le nouveau visage de Poudlard. En la voyant assise là-bas, il était facile d'oublier que je l'ai connue dans tous ses états : étudiante, professeure, sous-directrice ; plus difficile cependant de ne pas me rappeler qui devrait se trouver à sa place.

Mon cœur tambourine contre ma cage thoracique, ce grand fou. L'accompagne la présence désormais familière de cette boule qui m'obstrue la gorge, celle qui me donne l'impression que je vais fondre en larmes d'un instant à l'autre — une impression, rien de plus. Mes pas sont lourds, je traîne derrière moi neuf semaines d'incompréhension et de rancœur qui me ralentissent.

Je m'accroche comme je peux à la lanière de mon sac, comme si cela pouvait m'empêcher de sombrer dans les souvenirs interdits. Mais cela n'empêche rien du tout et je tombe malgré tout, je me rappelle toutes les fois où je suis passée par ce couloir, les heures à attendre devant le bureau, l'attente, le silence, la colère ; et les autres souvenirs suivent, ceux qui sont plus doux mais empoisonnés par la rancœur : nos discussions teintées de colère et de ressentiment, impossible de ne pas lever la voix avec elle, de ne pas nous confronter dans la violence des mots.

Enfin, je fais face à la gargouille et la réalité m'assomme : plus d'Œil gardien ici, juste cette bonne vieille gargouille qui me nargue et un tout nouveau tableau. Je prends une grande inspiration, verrouille mon cœur et crache le mot de passe comme on crache parfois sa haine. Sauf que celle-ci je la garde pour un autre moment, une autre personne.

Plume d'@Elina Montmort, attention elle arrive !
Oups pour le titre ! Moi je suis certaine qu'Elina sera une très bonne directrice mais la rancoeur a la peau dure.

19 sept. 2022, 11:30
L'usurpatrice qui s'ignore  PV 
Les derniers cours de la journée venaient de s'achever. Habituellement, c'était le moment où Elina rejoignait la Grande Salle pour le dîner. Ce soir cependant, elle attendait quelqu'un. Une Poufsouffle bien connue pour ses excentricités, mais pas que... Elle se demandait bien pourquoi elle avait demandé à la voir. Son hibou avait été pour le moins laconique.

La nouvelle directrice reposa avec soin une malachite qu'elle observait quelques instants plus tôt. Ses dernières recherches l'avaient pas mal occupé durant les vacances et de nombreuses pierres précieuses et semi-précieuses avaient pris place dans cette section de son bureau. Leur valeur monétaire n'en avait pas tant à ses yeux. C'était autrement fascinant d'observer la variété des formes, des couleurs, des motifs... Mais plus encore, d'en étudier les propriétés. Ses recherches sur la source première de l'incompatibilité entre la magie et l'électricité l'avaient menée au magnétisme, le magnétisme à la manière dont certains minéraux enregistraient ce magnétisme et comment celui-ci influençait leur propriétés. C'était un peu frustrant de ne pas pouvoir accorder plus de temps à ses expériences... Mais la tenue d'une école comme Poudlard ne se faisait pas en un claquement de doigts et elle avait tout de même reçu une aide précieuse des résidents de la tour Ombreuse dans ses recherches.

Elle rangea avec soin les instruments étalés sur la table avant de descendre la volée de marches qui séparaient la mezzanine de son véritable bureau. Sa visiteuse ne devrait plus tarder. Elle était en train de prodiguer une petite brume bienfaisante à ses plantes lorsque la sorcière au chat se glissa dans le tableau le plus proche pour la prévenir de l'arrivée d'Aelle. Elle lui avait donné le mot de passe temporaire pour accéder à l'escalier en colimaçon. La nouvelle directrice n'avait donc qu'à attendre qu'elle parvienne jusqu'à elle.

C'est l'heure de l'entrée en scène... T-)

24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
¤ Ne sous estimez pas les griffes du blaireau parce que sa fourrure vous semble douce ¤..

23 sept. 2022, 16:30
L'usurpatrice qui s'ignore  PV 
L'escalier en colimaçon s'ouvre devant moi. Je reste là à regarder l'entrée béante sans faire le moindre geste. L'appréhension me fige sur place. L'espace d'une seconde, je suis persuadée que je vais faire demi-tour et m'enfuir en courant le plus loin possible de ce bureau. Me faire oublier de son habitante, de toutes ses habitantes, et continuer ma vie en feignant que tout va bien. Mais non, je reste là, tétanisée par une angoisse dévorante qui fait virevolter et s’emmêler mes entrailles. Je commence à regretter d'être venue. J'ai des et si plein la tête, le genre auquel je n'ai absolument pas envie de penser maintenant. Ce n'est qu'après les avoir fait taire que je parviens à retrouver le contrôle de mon corps : je grimpe l'escalier la mort dans l'âme, consciente d'être à l'origine de ce rendez-vous.

J'ai l'impression que c'est une autre personne qui frappe contre le battant en bois, une autre qui ouvre la porte quand on l'autorise à le faire. Une autre qui fait un pas pour rentrer dans le bureau de la Directrice de Poudlard.

La pièce m'avale entièrement. Je me retrouve plongée dans une mélasse de souvenirs dont le plus vivace est étrangement celui dans lequel une certaine directrice s'amusait à trier des dragées surprises tout en me parlant des mystères de la magie. Machinalement, je tourne la tête sur la gauche, là où se situaient il y a quelques mois seulement la table basse et les deux fauteuils, notamment celui dans lequel je m'étais vautrée le jour où je lui ai demandé l'autorisation de l'appeler par son prénom. Aujourd'hui ne subsiste plus rien. J'aperçois au-delà des tableaux et des plantes une grande baie vitrée derrière laquelle le jour est en train de tomber. Plus de fauteuil ni de table de ce côté-là.

C'est la même chose où que je regarde. Toutes les différences me frappent alors. Je remarque bien vingt choses différentes entre ce bureau et l'ancien, bien vingt, pourtant ce n'est qu'une pensée unique qui a la force d'un cognard qui me percute : elle n'est plus là. C'est officiel, c'est réel. Douloureux. Je me fige dans l'entrée, le corps vide. L'émotion menace de déborder. Elle en meurt d'envie. Pourtant je la muselle en observant silencieusement les tableaux qui n'existaient pas avant. Sa voix résonne dans ma tête, si claire que c'en est effrayant : « Tu aurais dû voir la réaction de Phineas Black quand je l'ai décroché. Parfois, je m'amuse à imaginer ses protestations, coincé le nez dans le derrière d'Albus Dumbledore. ». Un sourire me démange le coin des lèvres mais il est beaucoup trop faible face à la claque de douleur qui vient avec le souvenir. Ici, les tableaux ont toute la place qu'ils veulent.

Il est bien joli ce bureau directorial et les armoires pleines de livres attirent mon regard mais ce n'est pas son bureau à elle. Ce ne sont pas ses objets. Ce n'est pas son odeur. Ce que je ressens n'a rien à voir avec ce que je ressentais les quelques fois où je suis venue ici. Même la lumière semble différente. Intelligents, mes yeux tombent directement sur la cause de toutes ces transformations. J'observe Elina Montmort de mon regard sombre, toujours murée dans le silence. Mes lèvres forment une ligne mécontente, je la sens même si j'essaie de me retenir. Mon visage ne peut pas rester neutre alors que je me glace de l'intérieur.

Je suis bloquée juste devant la porte du bureau, pas tout à fait à l'intérieur pas tout à fait à l'extérieur. J'aimerais être capable de dire tout haut à cette femme ce que je ressens, lui dire ce que j'ai sur le cœur, lui reprocher toutes mes peines. Pour quoi faire ? Elle n'y est pour rien. Malgré tout, difficile d'endiguer cette envie lorsque je trouve dans ce bureau qui a été témoin de mes colères et de mes larmes une femme qui n'est pas celle que je désire voir.

Sceller mes lèvres pour ne pas que s'ouvrent les vannes de mes émotions. Ignorer ma gorge nouée, mon souffle court, mon cœur qui tambourine. Tout garder à l'intérieur, tout enfouir sous de grandes inspirations. J'arrache difficilement mon regard de Montmort pour parcourir une nouvelle fois la pièce des yeux.

J'ai conscience du silence qui s'étire et de l'inconfort de la situation, pour elle comme pour moi. Mais je ne sais plus ce que je fais là, alors que pourrais-je dire ?
Dernière modification par Aelle Bristyle le 02 oct. 2022, 10:27, modifié 1 fois.

29 sept. 2022, 16:31
L'usurpatrice qui s'ignore  PV 
La nouvelle directrice n'eut pas à attendre longtemps pour que des coups soient portés à sa porte et qu'Aelle ne fasse son apparition. Elina ne connaissait pas la raison pour laquelle elle lui avait demandé un entretient, mais elle avait supposé que cela avait un rapport avec le départ de Kristen. Sans grande surprise, ce changement de direction avait fait grand bruit. Pour Elina, la décision de son ancienne supérieure n'était pas une si grande surprise. Il aurait fallut être aveugle pour ne pas se rendre compte que les tâches administratives qui accompagnaient la direction d'une école l'ennuyaient. Et il y avait assurément de quoi...

La Poufsouffle demeurer silencieuse, observant le bureau avec un mélange de perplexité et d'autres émotions plus complexes. Voyant que le silence était parti pour s'étirer, Elina s'assit à son bureau et fit un geste pour inviter la Aelle a prendre un siège avant de l'interroger :


« De quoi souhaitiez-vous me parler miss ? »

La dernière fois qu'elle avait eu une discussion en tête à tête avec Aelle, celle-ci lui avait demandé un accès à la réserve sans pouvoir lui donner de justification de sa demande. Peut-être qu'elle savait enfin ce qu'elle voulait ? Elina en doutait. Elle aurait certainement tenté sa chance auprès d'un autre professeur. Que pouvait-elle bien vouloir dans ce cas ? La nouvelle adresse de Kristen ? Elina ne l'avait pas et n'avait pas cherché à l'avoir. L'ancienne directrice saurait de toute manière comment la contacter en cas de besoin. TOut ça ne lui disait pas ce que la Poufsouffle lui voulait.

24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
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02 oct. 2022, 11:58
L'usurpatrice qui s'ignore  PV 
Je déglutis péniblement dans l’espoir de ravaler toute ma rancœur et la boule d’émotions qui m’obstrue la gorge mais au final ce n’est que de la salive qui glisse le long de mon œsophage et je perdure dans ma perdition. Je m’accroche à la voix qui me parvient et obéis sans y penser au geste qui m’était destiné : j’avance dans la pièce à petits pas, beaucoup trop intimidée, si tel est le mot, pour avancer franchement comme j’avais pourtant l’intention de le faire en prenant rendez-vous il y a plusieurs jours. Elle est désormais loin la Aelle déterminée qui venait demander des comptes. Ne reste plus que moi, ce que je déteste le plus, une moi qui ne sait pas ce qu’elle ressent ni ce qu’elle pense. Alors je me contente d’avancer sans pour autant aller jusqu’au bureau — la Directrice, elle, ne m’a jamais demandé de m’asseoir sur ces sièges-là. C’était beaucoup trop officiel pour les discussions non-officielles que nous avons eu.

Je me stoppe non loin de la cheminée qui me rappelle celle de sa prédécesseure. Je sais exactement ce que la politesse attend de moi. Je sais également ce que la maturité veut, cette grande folle qui est censée venir avec l’âge adulte, c’est à dire dix-sept ans, et plus encore avec les dix-huit ans qui m’attendent au tournant dans quelques semaines. Mais en toute sincérité, aujourd’hui plus que les autres jours j’ai envie de les envoyer toutes les deux se faire voir. Je ressens, moi, je ressens de grandes choses ! Du genre qui fait mal et qui bouscule. Ça, personne ne peut le comprendre. Surtout pas ma famille qui m’a acculée pendant deux mois entier ou Elowen qui m’a reprochée ma peine comme si elle n’avait pas lieu d’être ! Ni même Zikomo qui s’est plaint de mon comportement irascible. « Ta peine ne justifie pas tes mauvais comportements ». Et bien si, Zik, elle les justifie tout à fait parce que depuis plusieurs mois je suis au bord d’un gouffre et que l’autre, là, elle m’a poussé des deux mains dedans et je la déteste, je la déteste parce qu’elle m’a menti, parce qu’elle ne m’a pas respecté, elle n’a même pas voulu me voir ! et parce qu’elle m’a laissé avec une lettre absconse qui était censée justifier son abandon. Et je la déteste parce qu’en me forçant à me croire abandonnée, elle me force à croire que je l’ai un jour jour aimée.

« Vous saviez…, » commencé-je d’une voix basse qui peine à s’élever dans la pièce. Je suis forcée de l’éclaircir pour parvenir à prononcer les autres mots : « Vous saviez que sa cheminée à elle était remplie de livres ? »

J’ai l’impression de parler d’un bon vieux souvenir : oh, rappelons-nous comme elle était attendrissante avec ses manies étranges !

Je me fais pitié. Ça me frappe tout à coup. Je fais pitié, je suis misérable. Bordel, depuis quand suis-je devenue ce genre de personne que je déteste ? Lourde d’une haine cette fois-ci dirigée envers moi-même, je me détourne de cette fichue cheminée et me rapproche de Montmort, le regard braqué sur elle pour ne pas avoir à regarder ailleurs. Je pose mes deux mains sur le dossier de l’un des fauteuils, n’ayant aucunement l’intention de m’y asseoir.

J’ai des dizaines de questions qui me viennent. Le plus drôle, c’est que j’ai la réponse à chacune d’elles mais cela ne m’empêche pas d’avoir envie de les poser, comme si j’étais une enfant qui avait besoin qu’on lui répète plusieurs fois les mêmes choses pour être rassurée :
Pourquoi est-elle partie ?
Parce qu’elle a toujours détesté être directrice et être enchaînée à des responsabilités qui l’empêchaient de s’adonner à son activité favorite : la recherche.
Où est-elle allée ?
Va savoir, je suis quasiment sûre qu’elle ne s’est pas posée, qu’elle vadrouille à la recherche de son fils qui a été suffisamment intelligent pour se tirer loin de son ordure de mère.
Reviendra-t-elle ?
À ton avis, Aelle ?

J’ai toutes mes réponses. Et plus aucune question en tête. On ne demande jamais à ceux qui nous ont abandonné pourquoi ils l’ont fait. S’ils l’ont fait, c’est parce que nous ne comptions pas suffisamment pour eux, voilà. C’est ça qu’il faut accepter. C’est ça que je n’arrive pas et ne veux pas accepter.

Je papillonne des yeux et me concentre sur celle qui est devant moi. Elina Montmort a l’air très fière derrière son bureau. Même si je ne l’aime plus depuis qu’elle l’a remplacée, je la trouve très impressionnante.

« Je ne suis pas contente que vous l’ayiez remplacée, » annoncé-je de but en blanc en crispant les doigts sur le dossier du fauteuil. Puis, d’une voix plus grave, comme si le mot avait du mal à sortir : « Kristen. »

Mon coeur manque un battement et une nuée d’autres après lui. J’ai la bouche sèche. C’est la première fois. La première fois que je prononce ce prénom à voix haute et surtout que je le prononce sans le nom qui va avec. La première fois depuis la fin de ma sixième année que je m’autorise à penser ce prénom, à donner une identité à la femme. Et ça me fait mal, ça me fait mal parce que je me rends compte que je ne suis pas normale. Ce n’est pas normal de bloquer comme ça sur elle, pas normal de souffrir autant. Je ne suis pas normale. Mais elle l’est moins que moi encore, me dis-je pour me rassurer. Cette femme qui me poussait à avancer et qui me retenait en même temps, de peur qu’il m’arrive du mal et que ce soit sa faute ; elle m’encourageait et m’entravait. Puis elle se retrouvait à pleurer au-dessus de mon corps abîmé en me disant “la prochaine fois” pour me promettre qu’il y aurait une prochaine fois qu’il n’y a jamais eu.

On ne peut que s'appeler Aelle Bristyle quand on a autant d'audace.

02 oct. 2022, 19:19
L'usurpatrice qui s'ignore  PV 
La Poufsouffle fit quelques pas dans la pièce. Quelques pas hésitant bien différents de la Aelle habituelle. Après s'être arrêtée devant la cheminée, elle lui posa une question qui surprit un peu la directrice. Qui ne le savait pas pour peu qu'il se soit aventuré dans le bureau de Kristen ? Elina avait préféré lui rendre son usage initial. Il y avait bien assez de place dans cette pièce pour les livres et une cheminée amenait de la chaleur. Pas seulement au sens propre. La lumière particulière qu'elle diffusait était des plus apaisantes.

« J'ai bien peur qu'elle soit partie avec ses livres. Vous ne les trouverez plus ici. »

Aelle fini par s'approcher du bureau, mais ne s'assit pas. appuyée sur le dossier du fauteuil, elle demeura debout derrière celui-ci. Lorsqu'elle ouvrit de nouveau la bouche, un rictus vint se faire une place au coin des lèvres de la nouvelle directrice. Elle en avait du culot celle-là décidément ! Elle n'avait rien appris de ses erreurs. Elle était restée la même que face à Chu-Jung. Etait-ce vraiment une bonne idée de la laisser participer aux AMICO ? Pour qu'elle déclenche une nouvelle catastrophe diplomatique entre les écoles ? Alors que des liens forts étaient en train de se tisser pour la première fois depuis leur création ? C'était absolument hors de question. Si elle entendait se comporter de la sorte, Elina n'aurait aucun remords à la retirer de l'échange. Elle ne laisserait pas une gamine égocentrique et mal lunée se mettre en travers de tout ce travail et ce renouveau pour le monde magique.

« C'est votre droit. Et c'est le mien de n'en avoir rien à faire. Je n'ai aucun besoin de votre approbation miss Bristyle. Mais l'inverse n'est pas vrai. »

7ème année bon sang ! Bientôt 17 ans, bientôt "adulte" et tout ce qu'elle voyait c'était une gamine a qui on avait donné des chances incroyables et qui ne savait que les piétiner. "La chance, ça se mérite". Quelle blague ! Aelle marquait plus par son impertinence que par son talent. Pour Elina qui jaugeait par les actes, il n'y avait rien à ajouter partant de là.

« Si c'est tout ce que vous aviez à dire, je ne vous retient pas. »
"Audace" n'est pas le terme que j'aurais employé...

24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
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06 oct. 2022, 21:04
L'usurpatrice qui s'ignore  PV 
De la bêtise, de l'irrespect, de l'immaturité... Tant de mots qui lui conviennent !

Sa voix est une claque que je reçois en plein visage ; j'ai un geste de recul, je suis soufflée par sa froideur et sa dureté. Je n'avais jamais compris à quel point cette femme-ci est différente de l'autre. Dans sa voix, c'est un "non", que j'entends, l'un de ceux que je n'ai que rarement entendu dans ma vie : non je ne vais pas discuter avec toi, non je ne vais pas te laisser exploser de colère dans mon bureau, non je ne vais pas t'autoriser à être toi comme a pu le faire celle que je remplace. Il y a la réalité, déjà, qui est toujours aussi difficile à avaler ; l'éternel : elle n'est plus là ! Mais aussi et surtout cette soudaine impression que j'ai dégringolé de quelques niveaux dans la société du petit monde qu'est Poudlard. Je n'ai jamais été au même niveau que les autres élèves. Après tout, l'ancienne directrice ne me laissait-elle pas vaquer à mes occupations après le couvre-feu, m'assurant même à demi-mot qu'elle ne me punirait pas si elle me croisait dans les couloirs, au contraire même ? Ne m'a-t-elle pas fait quitter le château, en pleine nuit ou non, là où tous les autres ne mettent pas un pied dehors hors des vacances scolaires ou des sorties à Pré-au-Lard ? Et mes cris, mes pleurs, mes colères, mes regards noirs, mes insultes... Toutes ces choses que l'on ne dit pas à une directrice mais que je me suis tout de même permis de dire ? Je me suis beaucoup plus permis avec elle qu'avec tous les autres adultes de ma connaissance, famille compris. Rien que lors de notre première rencontre, je lui ai avoué à voix haute, alors que ce n'est pas un penchant que l'on crie sur tous les toits, une envie particulière qu'elle a elle-même nommé "magie noire". Je commence doucement à intégrer que ces privilèges ne venaient pas de moi mais bien d'elle et que je les ai perdus en même temps qu'elle a quitté le château.

Ce n'est pas seulement Elina Montmort devant moi, pas seulement une nouvelle directrice. J'ai bêtement cru, parce que je n'y ai guère pensé (je n'ai pas voulu y penser) qu'elle serait telle une poupée inerte sur son grand siège directorial : une image faite pour me déplaire, cette professeure d'Histoire de la magie, impressionnante sur bien des points, inintéressante sur d'autres, une figure familière de mon horizon qui n'allait rien faire de plus que me déplaire pour la seule raison qu'elle n'est pas celle que je voudrais qu'elle soit. Oh, comme j'avais tort ! Je le comprends en l'entendant me bousculer comme elle le fait, d'une brutalité incroyable qui muselle ma colère aussi bien que si elle m'avait dit exactement ce que je voulais entendre. C'est une femme qui a des principes, sans doute des valeurs également, qui consistent à ne pas accepter l'impertinence — après tout, ne le savais-je pas déjà pour l'avoir côtoyée tant d'année ? Elle n'est pas de la même trempe que sa prédécesseure et ne le sera jamais. J'ai beau en souffrir, cet état de fait ne changera pas.

Je me sens plus seule que jamais devant cette femme qui n'a pas le respect de lui ressembler, même un tout petit peu histoire d'atténuer la rancœur dans laquelle je baigne depuis deux bons mois.

Je desserre ma prise sur le fauteuil sans savoir si je me sens misérable, triste ou profondément ridicule. Certainement un savant mélange des trois. « N'essaie pas de te saboter », m'a-t-elle dit un jour. Et je me demande si ce n'est pas exactement ce que j'essaie de faire en venant ici alors que je sais très bien que la seule façon d'avoir des réponses, ou juste un échange, un quelque chose, serait de lui envoyer un hibou, tout simplement. Cela parait si simple et c'est pourtant si difficile.

Je laisse tomber mes mains le long de mon corps et prends une inspiration pour avoir le courage de rétablir les choses avant de tout foutre en l'air — je peux comprendre qu'elle se soit fourvoyée à propos de moi, après tout.

« Je suis pas en train dire que vous avez pas votre place ici, soufflé-je à mi-voix d'une voix rendue grave par la rebuffade de Montmort. Au contraire, vous dirigerez mieux qu'elle... Je... »

Je me tais et parcoure du regard ce bureau qui me rappelle tant de souvenir. Au final, peut-être suis-je venue ici pour avoir l'occasion de retrouver un peu de cet endroit qui est à la fois l'objet de nombre de mes désirs mais également la représentation de tout ce que je déteste, ou crois détester : le titre de Directrice, d'une part, et l'habitante qui y a résidé d'autre part.

J'ai beau tourner en rond, le résultat est le même : je suis incapable de savoir ce que je fous là. Dans ce cas, ne devrais-je pas m'en aller avant de totalement me ridiculiser devant une femme qui n'a clairement pas l'intention de me laisser exprimer quoi que ce soit — de toute façon, depuis quand souhaité-je exprimer quelque chose ?

« J'aurais aimé... »

Mes yeux courent sur les étagères et se déposent sur l'étrange bocal qui renferme une flamme jaune ; je m'accroche à son éclat, je le trouve fort joli.

« Elle est partie sans... »

Je ferme brièvement les yeux. Trois phrases que je ne termine pas. Trois fois où passe pour une idiote incapable de s'exprimer, donc de savoir ce qu'elle veut. C'est que j'ai cette foutue boule dans la gorge ! Mais la peur de passer pour une idiote peine à s'affirmer face à mon envie de rester ici, de faire perdurer l'illusion que...

« Avez-vous... Une idée de... » *ne t'arrête pas* « ... ce qu'elle... »

Bordel, je vais le faire. Je suis une idiote doublée d'une gamine. Une enfant en manque d'attention qui a juste envie qu'on lui dise : oui, elle m'a parlé de toi, elle est tellement désolée si tu savais ou elle pense à toi comme tu penses à elle. J'atteins les bas-fonds de la misère et je les atteins en toute conscience. Ce soir, je m'endormirai avec ma honte.

« Ce qu'elle devient ? »

Faire perdurer l'illusion que celle-ci pourrait remplacer l'autre, faire comme si rien n'avait changé même si chaque seconde, chaque regard, chaque mot me dit mieux qu'aucune autre preuve que tout est différent.

08 oct. 2022, 12:06
L'usurpatrice qui s'ignore  PV 
La jeune directrice vit la Poufsouffle amorcer un mouvement de recul, le teint pâle. De quel degrés d'arrogance fallait-il bénéficier pour penser pouvoir se montrer insultante envers n'importe qui sans en subir les conséquences ? Se pensait-elle intouchable ? Qui avait bien pu lui donner une impression aussi fausse et aussi dangereuse pour elle-même. Car oui, l'arrogance était dangereuse lorsque l'on n'était pas en position de se la permettre. Elina ne nuirait pas à une élève de son école, aussi Aelle ne craignait elle que des sanctions disciplinaires. Mais la directrice avait en tête une liste bien trop longue de personnes qui, pour punir cette attitude, n'hésiteraient pas un instant à la réduire à néant elle et sa famille. Il y avait dans le monde sorcier bien trop de personnes promptes à ôter la vie pour une insolence.

Aelle avait assurément la chance de ne pas côtoyer le même genre de personnes, sans quoi son attitude s'en serait trouvée singulièrement refroidie. Mais si cette jeune sorcière entendait obtenir une influence à la hauteur de sa prétention dans le monde magique, elle serait amenée rencontrer ce type de personnes. Autant dire que son influence n'aurait guère le temps de s'étendre à ce compte. S'il y avait bien une chose qui insupportait Elina, c'était les personnes incapables d'analyser correctement une situation. Les personnes destinées à mourir vainement en somme. De celles qui manquent de causer la perte de tout un train d'élèves par bêtise. Aelle, en tant que bourrin irréfléchi, en était un exemple criant. Un exemple criant qui sembla toutefois vaciller.


« Il n'est pas dans son caractère d'informer qui que ce soit de ses faits et gestes. »

Toute Poufsouffle qu'elle ait été, Elina n'aurait pas survécu si elle avait été incapable de dureté. Et il était des situations où les cajoleries n'étaient d'aucune aide. Bien au contraire. Ceci en était une. Elle ne connaissait pas la relation qu'Aelle avait avec Kristen, et cela ne la concernait pas, mais cette "supériorité" qu'Aelle exsudait devait venir de là.

24 ans inRP
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25 oct. 2022, 21:52
L'usurpatrice qui s'ignore  PV 
Comment l'illusion pourrait-elle perdurer alors que ce qui me fait face s'oppose en tout point avec ce que j'attendais ? Une blondeur quasiment blanche contre des cheveux sombres, un comportement dur et insensible là où l'autre était au moins atteignable quand je la titillais sur certains sujets. Ce n'est pas seulement dans son apparence et dans son comportement. C'est aussi dans ce qu'elle dégage, dans ce qu'elle me fait ressentir. Un sentiment tout à fait particulier qui me vient lorsqu'elle m'offre placidement sa réponse. Je la regarde pourtant bien en face, son regard côtoie le mien, je suis bien , dans ce bureau, physiquement là : pourtant, j'ai l'impression d'être invisible. Comme si elle était incapable de comprendre ce que j'étais en train de lui dire ou ce que j'attendais d'elle. C'est pourtant simple, non ? C'est simple, Merlin ! La pensée me vient alors que je m'enfonce dans le silence qu'elle m'offre : *réagissez !*. Je rêve de la voir se lever, d'entendre sa voix rugir, ses yeux s'obscurcir de colère. Qu'elle me dise de ne pas déverser sa colère sur elle, qu'elle me rappelle qu'elle n'est pas sa prédécesseure, que si j'ai tant que cela envie d'avoir de ses nouvelles, je devrais lui écrire. Je veux qu'elle me dise toutes ces choses auxquelles je ne veux pas penser. J'ai besoin que l'on me les dise mais je ne sais pas qui pourrait le faire, je ne sais pas comment faire comprendre aux autres que j'ai besoin de ça, je préférerais qu'ils comprennent comme des grands, sans que je n'ai à leur expliquer quoi que ce soit de ce qu'il se passe dans mon coeur.

Arrête de te lamenter ! me dirait cette personne. Réveille-toi, arrête de croire que tu es le centre du monde ! Elle est partie et tu sais exactement pourquoi elle l'a fait, c'est d'ailleurs exactement ce que tu pensais nécessaire qu'elle fasse pour se libérer de tous ses devoirs qui l'entravaient. Alors c'est quoi ton problème ? Pourquoi t'es triste ? Pourquoi tu es en colère ? Tu as des choses sur le coeur ? Écris-lui un fichu courrier, déverse ta haine, reproche-lui tout ce que tu as à lui reprocher ! Fais quelque chose, agis, ne reste pas là, statique, à cracher sur des gens qui n'ont rien demandé et qui ne sont pas coupables de ce que tu ressens. Arrête d'attendre les choses, va les prendre ! Tu es colère ? Crie. Tu es triste ? Pleure. Tu as envie de lui parler, alors fais-le, cesse d'attendre un signe de sa part et surtout, arrête de la haïr encore plus fort chaque jour qui passe sans que rien ne vienne. Tu sais très bien, au fond de toi, que tu n'es pas réellement en colère, que tu veux juste trouver la force quelque part de pardonner.

Me dire toutes ces choses, quoi, et plus encore.
Quelqu'un qui aurait le courage d'aller jusqu'au bout des choses.

Mais face à moi, je n'ai qu'Elina Montmort et la directrice n'est qu'un vaisseau vide qui n'a rien à m'offrir. Rien ne sortira d'elle, je le sais. Comme ce jour où je lui ai demandé l'autorisation d'aller dans la Réserve : elle ne me donnera rien, tout simplement parce qu'elle ne voit pas l'intérêt de le faire et je ne peux pas lui en vouloir. Elle ne me voit pas, je ne l'intéresse pas. C'est donnant donnant, j'imagine. Je ressens les mêmes choses pour elle. À la différence près que moi, je tends à la détester pour la place qu'elle occupe et pour le silence qu'elle m'offre.

« Je sais, » réussi-je enfin à dire d'une voix toute embourbée d'émotions, la gorge nouée par mes pensées trop lourdes.

Je me détourne légèrement pour offrir mon regard à la pièce, consciente de la possibilité que je ne la revois jamais. Je ne suis de toute manière pas spécifiquement attachée à cet endroit, surtout depuis que la décoration a changé. Je ne reconnais pas les lieux, ni dans l'ambiance ni dans la disposition des meubles. Rien n'est plus comme avant. Mieux vaut que je ne revienne plus ici.

« Merci de m'avoir reçue. »

Je lui offre cette phrase toute faite sur un ton tout à fait protocolaire, sans la regarder, pour ne pas prendre le risque que la vision de cette femme assise derrière son grand bureau ne me fasse davantage souffrir. Ce n'est pas elle qui me dira tout ce dont j'ai besoin d'entendre. Cela vaut peut-être mieux : elle me les aurait dites sans ne rien m'offrir d'autre ensuite et je crois que cela m'aurait plus mécontenté encore.

De toute façon, je regrette déjà d'être venue ici. Autant disparaître maintenant, m'enfuir et oublier, je ne sais pas encore comment, que ce soir j'ai été misérable au point d'aller voir la nouvelle directrice de Poudlard dans l'espoir qu'elle me dise des choses dont elle n'est même pas au courant.

« Vous pourrez arriver à l'heure pour le dîner, soufflé-je sur le même ton, comme pour dire : puisque vous ne voulez pas me parler. Au revoir. »

Si Elina n'ajoute pas grand chose, Aelle partira et je verrai si je fais un dernier post ou non ! Mais si elle dit quoi que ce soit, elle restera certainement.

08 nov. 2022, 19:56
L'usurpatrice qui s'ignore  PV 
Ce qu'Aelle attendait d'elle, c'était un mystère. Que pouvait bien penser cette gamine ? Après avoir insulté un invité important quelques années plus tôt, elle demandait maintenant une entrevue pour faire preuve du même manque de tact avec la nouvelle directrice de Poudlard ? D'où lui venait ces pulsion auto-destructrices ? Elle ressemblait à un boursouflet sautant dans un nid d'Acromentule juste pour voir ce qui allait se passer. Venant d'une sorcière supposée atteindre l'âge adulte, c'était plus qu'inquiétant. Aelle faisait-elle partie des personnes qu'elle allait devoir garder à l'oeil ? Cela l'ennuyait. Garder à l'oeil des mages noirs et frapper au bon moment pour mettre fin à leurs méfaits c'était une chose. Lorsqu'il s'agissait d'une personne irréfléchie qui nuisait sans vraiment s'en rendre compte, le problème était tout autre. Et comment Aelle pourrait-elle s'en rendre compte alors qu'elle semblait incapable de voir plus loin que le bout de son nez ? De voir autre chose que sa petite personne ? Cela la rendait-elle moins coupables ?

Même si elle n'avait pas de réponse à toutes ces questions aujourd'hui, elle restait convaincue que la relation d'Aelle avec Kristen l'avait conforté sur une pente dangereuse. Sinon, comment expliquer qu'elle n'ait pas évolué ? Mais elle n'avait pas le temps de se préoccuper d'Aelle. Elle avait déjà bien trop à faire et d'autres avaient déjà pris la peine de s'occuper d'elle. Ce qu'elle avait fait de cette attention, c'était son choix. Pour sa part, la directrice ne s'intéressait pas particulièrement à la Poufsouffle. Aelle présentait certains traits de caractères qu'Elina avait bien trop de mal à tolérer pour vouloir se préoccuper davantage d'elle. Quoiqu'il en soit, elle n'avait aucune raison de la retenir et la laissa se diriger vers la sortie du bureau après une dernière salutation. Voilà une visite frustrante s'il en était et oh combien stérile...

Ce fut un plaisir ! :wise:

24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
¤ Ne sous estimez pas les griffes du blaireau parce que sa fourrure vous semble douce ¤..