J'ai peur. J'angoisse. Je suis terrifié, effrayé à l'idée de pouvoir rechuter. Dernièrement ma vie est un désastre, je tiens niveau scolaire même si j'ai beaucoup plus de A que d'habitude. En coupant les ponts avec ma mère j'ai sombré dans une spirale de tristesse, de colère, de remord, de haine ... Bref ! C'était pas très joyeux et honnêtement je crois que je suis loin de m'en être sortie.

Quoi qu'il en soi, étant malheureuse j'ai repoussé toutes mes amies, toutes celles qui voulaient m'aider et pourtant je criais intérieurement pour qu'elle reste et qu'elle me sauve. Et c'est pas beaucoup mieux concernant le reste de ma famille avec qui je n'ai pas échangé de lettre depuis plus de deux semaines. Je ne suis donc pas au top de ma forme actuellement mais ce qui m'inquiète c'est que j'ai sauté déjà trois repas cette semaine.

Étant donné mon passé d'anorexique j'ai peur de rechuter, de me laisser à nouveau terrasser par ce monstre qui vivait ou qui vie toujours en moi. Je n'avais jamais pensé cela possible mais maintenant que j'y pense cette idée me hante. J'ai donc pris rendez-vous avec l'infirmier hier et ma consultation est dans quelques minutes, cinq pour être plus précise. C'est une preuve que je vais bien non ? Pas de déni !

Je passe devant le bureau de psychomagie sur le chemin. Faudrais qu'j'y fasse un tour un de ses quatre. Je rentre ensuite dans l'infirmerie et m'installe dans la salle d'attente. Je n'ai plus qu'à patienter d'ici à ce que l'infirmier m'invite à entrer dans la salle de consultation.

J'espère que tout est bon

Après avoir eu affaire avec un élève qui tentait de faire l'école buissonnière en ayant mal à des endroits différents au fur et à mesure de la discussion et lui avoir joué un petit tour en juste retour... Rien de dramatique, juste un nom latin qui signifiait qu'il n'était pas dupe, Diarmuid n'avait eu que des passages qui faisaient sens à l'infirmerie. Heureusement, sinon son humeur se serait définitivement ternie ce jour là. Derniers rhumes, chute bégnine mais réelle dans les couloirs, accident en potions... Du classique quelque part. C'était déjà ça du temps où il était élève. Et puis parfois au milieu de ça, des choses un peu plus sérieuses qui requéraient parfois d'agir avec Angie.

C'était d'ailleurs sur pareil cas qu'il était en train de lui écrire une note non urgente, pour qu'ils puissent conjuguer les soins au mieux, quand il entendit quelqu'un s'installer dans la salle d'attente par la porte entrouverte. Il termina néanmoins d'écrire sa courte missive avant d'aller au devant de l'élève; une jeune fille blonde portant les couleurs de la maison Serpentard. Une jeune fille qui avait pris un rendez-vous. Une chose suffisamment rare qu'un élève passe autrement que spontanément. Diarmuid s'attendait donc à pas mal de chose. "Miss Loly? Entrez, asseyez-vous." Lui indiqua l'irlandais en ouvrant pleinement la porte et en la laissant passer devant lui avant de rejoindre sa place à son bureau. "Dites moi ce qui vous amène."

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Tic Tac Tic Tac, l'horloge et son bruit mécanique me perturbe et m'empêche de me calmer. Je commence à m'enfouir dans mes pensées laissant mon corps devenir de plus en plus mou. Ma tête se pose dans mes mains, mon dos s'arrondit, mes yeux fixe le vide et vous connaissez la suite.

Heureusement je suis sauvé par la voix de l'infirmier qui m'invite à entrer dans son bureau. Je fais de mon mieux pour sourire et être polie puis je m'assoie en face de Monsieur O'Belt. La porte est fermé, je suis plus détendu que dans la salle tout à l'heure et je remarque une plume posé sur le bureau que je fixe en répondant à la question de l'infirmier.

"- Et bien ... *raclement de gorge* ... je traverse une phase difficile en ce moment et ... Enfin ça j'en parlerais dans le bureau de Psychomagie. Je suis là parce que y'a un an et demi j'ai ... enfin j'ai eu des problèmes alimentaires. L'anorexie pour être précise."

Je baisse la voix inconsciemment lorsque je dois prononcer le mot "anorexie". Pour vous et pour beaucoup d'autres ce mot est un nom féminin utilisé en médecine pour définir un trouble du comportement alimentaire se manifestant par une perte de poids intentionnelle. Pour moi, pour les autres victimes de cette chose, c'est bien plus. C'est des larmes, c'est de la douleur, de la tristesse et un tas d'autres émotions négatives. C'est un fantôme qui te hante pour toujours et que tu as beau enfouir au plus profond, ignorer du mieux que tu peux, tu ne parviens pas à oublier qu'il est là, caché, menaçant.

Pour moi, c'est le visage dévasté de mes proches qui ne savent pas quoi faire pour m'aider, qui se sentent impuissant. Leurs regards de pitié, les messages de compassion et les discours de merde qui te dise que c'est au plus profond de toi que tu trouve le courage de guérir. Tout ça c'est pire que le ventre qui se tord par la faim. Et quand on en sort, si on en sort, on comprends que ce n'ai pas et ce ne sera jamais fini.

Laissant une larme couler je reprends mon explication.

"- Cette semaine j'ai déjà sauté trois repas et ... et ... et j'ai peur de rechuter. Je me suis dis que de passer ici ça règlerais l'étape du déni mais j'ai toujours peur, j'ai aucune envie de revivre ce cauchemar alors ... *raclement de gorge* ... Et bien j'ai besoin d'aide, de conseils. Je veux savoir s'il y a une possibilité de rechute et une manière de l'éviter."

J'esquive le regard de l'infirmier et préfère me concentrer sur la plume en attendant qu'il formule une réponse. J'image qu'il est plus habitué à de faux mal au ventre inventés par les élèves dans le but de sécher les cours.

Quand il l'avait interpelée, la Serpentard avait les yeux dans le vague et même s'il voyait qu'elle faisait des efforts pour paraître être dans le moment présent, il voyait bien que c'était difficile pour elle. Pour preuve, elle lui répondait en fixant outrageusement la plume qu'il avait laissé. Il la regarda toutefois, prêt à capter les prunelles de la fillette dès qu'elle les relèverait, et la laissa parler. Elle voyait Angie, une première révélation, et avait eu des troubles du comportement alimentaire qui l'avait empêché de manger. Une bonne chose qu'elle soit déjà en contact avec son amie, une bonne partie du travail était fait puisque cette maladie devait absolument avoir une prise en charge psychologique en plus des traitements médicaux. Mais la vert et argent parlait au passé... A moins que?

Diarmuid la laissa continuer, notant que ça devait être douloureux de se livrer ainsi à un homme qu'elle ne connaissait pas, tout médicomage qu'il soit. Trois repas de sautés, la peur de la rechute. Elle avait fini de parler, n'ayant jamais quitté des yeux la plume qui lui servait à rédiger tout un tas de choses au quotidien. Il tendit le bras pour déplacer la boite de mouchoir et la mettre à portée de l'enfant si elle en valait besoin et joignit ensuite ses mains devant lui. "Miss Loly?" Il voulait qu'elle le regarde aussi pencha-t-il en plus la tête pour capter ses yeux. "La peur de replonger dans cette maladie est normale." Il avait légèrement accentué le mot maladie, faisant ressortir son accent déjà bien prononcé. "Normale mais aussi réelle, comme pour beaucoup de maladies." Poursuivit-il car il n'avait pas l'intention de lui mentir.

Ca ne devait pas vraiment la rassurer, mais il ne pouvait pas lui cacher la réalité alors qu'elle venait de faire une démarche aussi difficile que de venir demander de l'aide. "Mais vous avez fait le plus dur pour l'éviter. En venant m'en parler. Maintenant on va tout faire pour que vous puissiez reprendre le contrôle, à votre rythme. Et pour ça on va faire les choses en deux temps avec la psychomage, ça signifie qu'on va devoir discuter de certaines choses vous concernant ensemble pour prendre ça en charge le mieux possible." Expliqua l'irlandais. "Vous êtes d'accord?" Il le lui fallait absolument.