La tête pleine de fleurs imaginaires, Garrett quitta la Cour de la tour de l'horloge avec un air pensif. Son interlude avec la grande sauterelle blonde le travaillait, il aurait besoin de temps pour décortiquer les événements. Quelle heure était-il ? "Quatorze heures quinze" affichait bravement sa montre, Garrett avait donc l'après-midi devant lui.

Pourquoi ne pas trouver une salle ou un coin tranquille pour s'entrainer aux sortilèges ? Cette démonstration de talent de tout à l'heure l'avait remonté à bloc, et la perspective de pouvoir un jour invoquer, voire créer, des fleurs l'enchantait diablement.

Tournant trop court dans le couloir, l'épaule de Garrett frotta le mur dans un bruissement de tissu. Zut ! Il devait vraiment arrêter d'être fainéant lorsqu'il était question de marcher ... Couper aussi court ne servait à rien, à part abîmer sa cap...

Au fond du corridor, le garçon remarqua aussitôt un attroupement d'élèves de taille moyenne, au comportement suspect. Intrigué, Garrett fouilla dans sa poche à la recherche de sa baguette, tout en réfléchissant : peut-être comparaient-ils leurs farces & attrapes de chez Weasley ? Oh, quelle imprudence ce serait, surtout un samedi après-midi ...

A cette idée, le Serpentard curieux se rapprocha en douce, un petit sourire sournois sur son visage.

Pour tout dire, il n'avait jamais trempé dans les bêtises en tant qu'acteur, car Garrett était plutôt du genre spectateur, mais le garçon adorait connaitre les magouilles et s'enrichir d'idées toutes plus folkloriques les unes que les autres. Les cerveaux les plus intéressants, à son humble avis, se trouvaient parmi les filous. En outre, la curiosité maladive de Garrett le mettait souvent au courant de plans compromettants, au bon gré ou à l'insus des malfaiteurs ... Si le blondinet devenait préfet un jour, ses connaissances pourraient compromettre un sacré paquet d'affaires louches.

Enfin ... Là, tout de suite, il n'était pas préfet - simplement un loup dans la bergerie, comme il aimait le penser. Un loup qui s'approchait à petits pas.

Mais à mesure qu'il s'approchait de ces fameux petits pas, son sourire se mua en un pli contrarié : quatre élèves, apparemment un peu plus âgés, entouraient une fille acculée au mur. Leurs airs moqueurs tranchaient avec la fureur mêlée de peur que Garrett lisait dans les yeux de la Gryffondor prostrée. Voilà une scène qui se rapprochait plus du harrassement que de la réunion secrète spéciale "farces & attrapes" ...

Garrett hésita. Un souvenir fugitif le ramena en Mars, et à son acte indigne à l'encontre d'un Première Année. Le remord le gifla aussitôt, couvrant le fier Serpentard de honte et de regret. Comment avait-il osé oublier ? Ses doigts se resserrèrent sur sa baguette de noyer - à lui de se racheter désormais, c'était sa chance.

"Qu'est-ce que vous faites ?" dit-il d'une voix froide qui avait perdu toute trace d'humour.

Alyssa avait-elle faite une bêtise ? Encore une ?

C'était la question que la fillette se posait sérieusement, alors qu'elle était dos à un mur, face à quatre autres élèves. Ces quatre élèves, dont trois étaient à Serpentard et le quatrième à Poufsouffle, n'étaient pas vraiment ses amis. Bien au contraire même, ils étaient en réalité classés au rang des personnes "à ne rencontrer sous aucun prétexte". Et Alyssa les avait malheureusement rencontrés en ce milieu d'après-midi alors qu'elle remontait vers sa Salle Commune.

Cela ne faisait guère longtemps que ces adolescents -à peine plus âgés qu'Alyssa, avaient été catalogués dans cette catégorie. Elle ne les connaissait même pas une semaine auparavant et les avait rencontré par un pur hasard. Ce jour-là, elle n'avait pas encore conscience que les quelques mots qu'elle leur avait jeté à la figure auraient tant d'incidence. La jeune fille les avait croisé au détour d'un couloir - peut-être le même qu'aujourd'hui en y repensant, alors que ces quatre garçon tyrannisaient un élève de première année au sujet de son appartenance à une famille de moldus.

Alyssa n'avait pas supporté de voir une telle scène se dérouler sous ses yeux et avait immédiatement volé au secours de cet élève dont elle ne connaissait pas même le nom. Son affection envers les moldus -dû à son pied dans ce monde, et sa témérité, lui avaient suffit. Mais s'exclamer : "Arrête de t'en prendre aux faibles et attaque moi à la place pour changer !", n'avait pas été l'idée du siècle. Loin de là même. Depuis ce jour, le petit groupe d'élèves hostile avait bel et bien abandonné leur première proie -ce qui était vraiment bien, mais s'attaquait maintenant à Alyssa. Et même si elle n'était pas Née-Moldu ils trouvaient sans problèmes des sujets de moqueries, allant de la critique de son physique aux insultes sur la famille de sa mère, tout en la traitant de traître à son sang.

La Gryffondor pouvait endurer cela, enfin c'était ce qu'elle se répétait à chaque fois. Mais la bande l'avait poursuivie toute la semaine et elle commençait à cruellement manquer de répondant. Elle ne se souciait pas vraiment de recevoir des critiques sur sa personne mais peinait à endurer les insultes envers sa famille. Cette dernière semaine avait donc été éprouvante, même si Alyssa était courageuse et puisait toute sa force dans son caractère. Elle avait pensé avoir finalement droit une accalmie durant le week-end.

Et dire qu'elle s'était félicitée d'avoir pris l'initiative de rentrer dans le château de bonne heure en dépit du temps de printemps pour le moins resplendissant... Alyssa s'était justement dit que personne, et donc aucun de ces élèves la tracassant tant, ne pourraient se trouver ici. Mais elle s'était faite acculer dans un angle du couloir totalement par surprise. Et maintenant qu'elle était encadrée de tous les côtés sans voir une ouverture, Alyssa commençait à se demander si le point de non retour allait être franchi. La fillette avait essayé de franchir le mur humain qu'avait formé la petite bande mais elle s'était faite repousser sans ménagement contre le mur de pierre.

Elle se tenait maintenant les poings serrés -ses ongles entrant dans sa peau, les cheveux ébouriffés, le regard baissé, en essayant de maîtriser les tremblements dont son corps était saisi. Alyssa essayait de dissimuler sa peur, c'était ce qu'il fallait faire face à des animaux sauvages et ces élèves y étaient bien semblables. Mais c'était peine perdue, la Gryffondor ne pouvait plus, et ses mots se bloquaient dans sa gorge serrée tandis que ses émotions se balançaient entre sa peur et la colère de passer pour une faible. Les quatre élèves avaient recommencé leurs moqueries, se moquant aujourd'hui de son incapacité à leur répondre.

Soudain une voix froide retentit, coupant net aux paroles de la petite bande. Ces derniers, abandonnant un instant leur cible première, se retournèrent lentement vers la source de ces paroles. Alyssa releva lentement la tête à son tour et aperçut un garçon aux cheveux blonds qui se tenait dans le couloir. Le peu de couleur restante sur son visage disparurent immédiatement ; elle détestait être coincée dans de telles circonstances et elle souhaitait encore moins qu'un inconnu la voit ainsi. Cela lui était tout autant insupportable. Surtout que cet inconnu semblait réellement se préoccuper de ce qu'il se tramait dans le fond de ce couloir au vu de la voix froide qu'il avait employé.

- On ne faisait que s'amuser, lança alors l'un des Serpentards à l'adresse du nouveau venu en se parant d'un air détendu.

Une foule d'insultes, à l'adresse de l'élève qui arborait un sourire confiant alors qu'une seconde avant se plaisait à la brusquer, arriva en se bousculant dans les pensées d'Alyssa tandis que ses oreilles se mettaient subitement à tinter.

Mais elle devait répondre. Il le fallait pour faire s'évaporer les soupçons naissant. Dire que tout allait bien et prier pour que le nouveau venu croit en cette mascarade et s'éloigne vers d'autres horizons. Alyssa n'était pas une rapporteuse, et il lui était donc hors de question de dénoncer les quatre adolescents qui s'en prenaient à elle. Elle prit une inspiration et déglutit, avant de lancer :

- Oui, on fait que jouer.

Sa voix était blanche, toute sauf naturelle. La fillette sentit un des garçons la fusillant du regard mais elle ne pouvait en dire plus. Elle ne pouvait que fixer le nouveau venu, le suppliant du regard de s'éloigner sans poser plus de questions.


Et voici ! @Garrett Joyce
Toutes mes excuses pour ce temps de réponse, les suivantes seront plus rapides ! :c

Les quatre clampins avaient pivoté à la sécheresse de son ton.

Ils ne faisaient que jouer ? Quelle réponse de lâche.

— Ça a l'air marrant votre jeu, reprit-il en ignorant la réponse faiblarde de la fille contre le mur. Vous n'êtes pas stupides d'habitude, les gars.

Quand Garrett les atteignit, il se rendit compte que sa taille comptait quelques pouces de moins - qu'à cela ne tienne, il avait l'habitude, et cela ne l'avait jamais empêché de dire ce qu'il pensait :

— Vous faites honte à Serpentard. Miss Priddy sera ravie d'apprendre qu'elle règne sur une bande de pleutres.

Ses pupilles marrons étincelaient de défi, ignorant copieusement le Poufsouffle égaré qui avait rejoint cette amusante petite partie de rigolade. L'un des garçons, aux jambes arquées et à la mèche rebelle, bouscula le-dit camarade pour lui faire face :

— On t'emmerde, Garrett. Ton sang sorcier et ton petit air hautain attitré ne font pas de toi un prince. Occupe-toi de tes oignons, par Salazar.

— La réputation de la Maison, et par extension de Salazar, se rétablit depuis la Grande Guerre, mais ce sont les types comme vous qui participent à la DEGLINGUER ! cria le blondinet en les désignant du doigt d'un air furibond.

Sa voix devait avoir résonné dans tout l'étage. Pourquoi prenait-il les choses tant à coeur ? Il était profondément chauvin, bien sûr, parce que Serpentard était sa nouvelle famille. Mais pourquoi avait-il hurlé d'une manière aussi peu contrôlée ? Cela ne lui ressemblait pas. Surtout en de tels termes.

L'autre s'esclaffa, puis échangea des regards entendus avec son groupe.

— Pas la peine de t'énerver, Burette.

— Nous, on ne frappe pas les Première Année, de toutes façons, renchérit le Poufsouffle avec une moue indéchiffrable.

À ces mots, Garrett se figea, sans trahir quoi que ce soit. Aussi vite que possible, ses yeux décortiquèrent l'expression du blaireau, pour tenter de deviner s'il savait. Comment aurait-il pu savoir ? Seul Edwin était au courant, et normalement ce bougre savait tenir sa langue.

Et si le Première Année avait ...

— Encore heureux, gronda-t-il aussitôt entre ses dents, pour ne pas perdre la face ni dévoiler quoi que ce soit.

Sa main s'éleva lentement dans les airs, pointant une élégante baguette vers leurs nez trop perspicaces.

— Dégagez.

C'est alors que la fille, qu'il avait complètement oubliée, ouvrit la bouche pour intervenir.

Les traits d'Alyssa s'affaissèrent en voyant le garçon s'avancer vers leur petit groupe. Celui-ci ne semblait donc pas décidé à passer son chemin, ce qui ne l'arrangeait que guère. Elle en avait déjà suffisamment de quatre témoins qui la voyaient en position de faiblesse, alors un cinquième... Non merci. D'autant plus qu'elle put enfin apercevoir les ornements de la robe de ce dernier, un Serpentard comme les trois autres garçons qui lui mettaient la misère. Cela ne la mettait vraiment pas en confiance.

Cependant, lorsque le nouveau venu ouvrit la bouche, Alyssa ne s'attendait pas à de telles paroles. Bien que le garçon ne dominait pas les impertinents par sa taille, il n'hésitait pas à leur mettre une sacrée morale. La Gryffonne resta en retrait, ne sachant pas trop comment appréhender cette... aide ? Elle aurait préféré s'en sortir toute seule, comme toujours ; elle se retrouvait maintenant embarrassée de presque se faire défendre. Quoique, le Serpentard aux boucles blondes semblait en particulier concentré sur ses trois camarades en vert et argent, et non pas sur elle. Tant mieux.

Alyssa toujours appuyée contre le mur regarda alors le Serpentard à la mèche rebelle -le pire des trois, confronter le nouveau venu, lui faisant à la volée apprendre le nom du mystérieux nouvel arrivant qui s'appelait donc Garrett. Elle n'en avais jamais entendu parler et devina que celui-ci n'était pas en première année. Si elle n'avait pas été elle-même acculée contre un mur et encerclée par quatre garçons sans parvenir à se défendre cinq minutes auparavant, la jeune fille aurait presque trouvé ce spectacle de foudres se déroulant sous ses yeux captivant.

Car l'adolescent aux boucles blondes n'en démordait pas et disputait maintenant ses propres camarades de maison au sujet des valeurs de la maison de Serpentard, criant même de manière presque démesurée. Alyssa, sans non plus sursauter - elle avait eu assez d'émotions pour bien une semaine, croisa les bras contre sa poitrine, écoutant le discours sur la maison des Serpents. Elle ne portait aucun amour envers cette maison et ces paroles étaient totalement innatendues pour elle. Jamais la jeune fille n'aurait imaginé que les idées divergeaient selon les personnes d'une même maison, d'autant plus dans celle des ambitieux.

Et parlant d'ambitieux, de fiers, les trois autres Serpentards ne semblaient guère impressionnés et s'échangeaient des regards, puisant sans doute leur force d'être en groupe. L'un deux donnait même un surnom un peu stupide au blond, montrant qu'ils se connaissaient un minimum. C'est alors que le Poufsouffle -qu'Alyssa avait presque oublié dans l'histoire, prononça une phrase lui faisant lever un sourcil. Frapper les premières années ? Qui frappait les premières années ?

Mais le quatrième Serpentard ne sembla pas tiquer, Alyssa n'en savait donc que trop rien. Le garçon sortit cependant sa baguette pour la pointer d'un air menaçant sur ses camarades de maison, leur intimant de prendre la fuite au plus vite. Ce dernier geste ne pouvait que montrer à la Gryffondor que ce garçon prenait son parti. Le garçon préférait donc être de son côté au lieu d'encourager ses propres camarades. Au moment de se faire acculer, la jeune fille n'avait pas envisagé le moins du monde un tel renversement de situation. Elle qui s'était presque résignée à se prendre une râclée puis à tout dissimuler pour éviter de passer pour une lâche ou une faible, voila l'occasion de laver son honneur.

La fillette déglutit pour faire disparaître l'émotion acide de peur dans laquelle elle avait plongé quelques minutes plus tôt et ouvrit à son tour la bouche :

- Des pleutres ? J'aurais même dit des moins-que-rien.

Elle avait réussit à prononcer d'un ton normal ces phrases, le nouveau venu lui avait vraiment fait reprendre du poil de la bête. La fillette n'irait pas jusqu'à lui accorder une confiance aveugle mais au moins, si celui-ci s'attaquait à elle, personne ne pourrait dire qu'elle se serait laissée faire. Ne décroisant pas ses bras, Alyssa profita que la bande soit moins concentrée sur elle pour se détacher du mur -sans pour autant esquisser un pas, et campa fermement ses pieds dans le sol. Outre les paroles, il fallait que l'attitude aille avec. Et sans laisser le temps à qui que ce soit d'ouvrir la bouche, la jeune fille ajouta, d'un ton ne dissimulant pas son animosité :

- Serpentard c'est vraiment la pire maison aujourd'hui, c'est vrai. Certains en font l'exception, mais vous, vous me donnez envie de vomir.

Ce n'était pas une insulte envers le Serpentard aux boucles blondes qui semblait être plus intelligent que les autres, et surtout -chose étonnante, semblait être de son côté. Elle lâchait juste son énervement sur les élèves, ou plutôt les brutes, qui se permettaient d'en harceler d'autres vis à vis de leur statut de sang, de leurs idées différentes, ou même juste sans raison. Alyssa ne se préoccupait même plus du Poufsouffle qui semblait de toute façon avoir plus de force dans les bras que dans la tête. Ce dernier d'ailleurs observait l'échange d'un air silencieux, semblant presque attendre la réaction du meneur de troupe, le garçon à la mèche rebelle. Ce dernier avait justement dégainé sa baguette aussi, et la pointait tantôt sur Garrett, tantôt sur Alyssa, sans aucun doute hésitant sur la cible l'agaçant le plus. Il jeta tout d'abord à Gryffonne :

- Toi et ton sang sale, vous pouvez parler.

Se reconcentrant ensuite sur le Serpentard, il poursuivit :

- Ne continue pas ton beau discours. On finirait presque par y croire.

Le garçon fixait son interlocuteur droit dans les yeux, après avoir bien articulé ses mots en faisant paraître toute l'ironie qu'il ressentait.


@Garrett Joyce

Le garçon, aux jambes arquées et à la mèche rebelle, avait lui aussi dégainé sa baguette. Sa mine calculatrice ne semblait pas savoir vers qui se tourner : le camarade de Serpentard ou la petite Gryffondor ? Finalement, après une remarque acerbe à destination de cette dernière, il se tourna vers Garrett pour lui lancer une pique.

— Ne continue pas ton beau discours. On finirait presque par y croire.

Les sourcils froncés, le blondinet tenait sa baguette à hauteur de hanche, prêt à parer un coup ou à lancer une attaque si les circonstances le voulaient ... Toutefois, il aurait franchement préféré s'abstenir, ne serait-ce que d'y penser : les duels étaient en effet interdits, et Garrett n'avait aucune envie d'avoir affaire à un préfet ou pire ... au concierge.

— Par y croire ? ricana-t-il pour détourner leur attention. Par croire que quoi ? Que Serpentard est la meilleure des Maisons, quand bien même certains de ses membres sont véreux et profondément mauvais ? Bien évidemment que j'y crois, asséna-t-il d'un ton mordant. Tu devrais avoir honte de rabaisser notre valeur et notre fierté. Vous devriez tous avoir honte.

Le garçon se tourna ensuite vers la fille, qui semblait beaucoup moins en retrait que tout à l'heure ; elle arborait en fait une mine courageuse, de celles qui définissaient les Gryffondors. Ses longues mèches blondes encadraient son visage avec douceur, alors que ses pupilles azur transperçaient ses assaillants. "Quel contraste intéressant." Garrett devinait son sentiment d'injustice, mêlé d'indignation, mais cette fille avait du cran, il devait en convenir :

— Nous ne sommes pas tous comme eux, lui dit-il doucement, comme une confidence. La majorité des serpents aime se frotter aux ennuis, mais généralement pas pour faire le mal.

— Ca ne te pose pas de problème qu'elle soit une sang-mêlé, Garrett ? le coupa le Poufsouffle, avec la mine rusée d'un blaireau renard.

La baguette du blondinet se pointa un instant sur l'intéressé. Si le regard de Garrett avait pu brûler, il aurait réduit cette tête de gnome en mille et une cendres. Après un reniflement, cependant, il éluda la question d'un ton mauvais :

— Ce qui me pose problème, c'est le déshonneur de la Maison. Et ce harcèlement injustifié. Laissez tomber et filez ...

Garrett pouvait lire le doute dans leurs yeux : le jeu en valait-il la chandelle ? Des bruits de pas résonnaient à présent un peu partout - ce coin de Poudlard n'allait plus être tranquille pour très longtemps.

Alyssa serra les dents devant la nouvelle insulte du "leader" du petit groupe qui se plaisait tant à la perturber. Une envie très forte de planter son poing dans la figure de l'impertinent lui démangeait furieusement le bras, la peur proche de la résignation qu'elle avait éprouvée quelques instants plus tôt reculait. Cela grâce au nouveau venu qui semblait curieusement de son côté.

D'ailleurs le garçon à la mèche rebelle s'était à nouveau concentré sur son camarade de Serpentard, le provoquant, tandis que ce dernier avait sa baguette sortie, en position de combat. Alyssa ne pouvait s'empêcher de se demander s'il comptait vraiment s'en servir ou si ce n'était qu'une tentative d'intimidation. Le garçon ne semblait pas préfet et la Gryffondor ne pouvait s'empêcher de demeurer circonspecte de voir un Serpentard prêt à user de sa baguette pour la défendre ; il risquait sans doute même plus qu'elle dans cette situation. Même sur le plan physique, les garçons semblaient tous plus ou moins égalitaires, et cette bande était en supériorité numérique. Mais Alyssa n'allait pas non plus cracher sur cette aide providentielle.

Le Serpentard ricana et répondit sans l'ombre d'une hésitation. L'écoutant avec attention, Alyssa eut le réel sentiment de se trouver maintenant dans un autre règlement de compte, un conflit intérieur à la maison de Serpentard dans lequel elle n'aurait jamais du se retrouver mêlée. Elle partageait cependant le point de vue du garçon pour quelque chose : que certains Serpentards étaient des êtres véreux et profondément mauvais - bien qu'elle n'avait pas le vocabulaire pour employer ce premier objectif.

La petite troupe formée des trois Serpentards et du Poufsouffle était maintenant légèrement en arrêt mais ils ne semblaient pas pour autant prêts à abandonner le combat. Etrangement, ils étaient que modérément impressionnés par la tirade de leur camarade qui aurait pourtant dû soulever des doutes en eux. Ce dernier se reporta sur Alyssa et lui fit presque une confidence. La blondinette éprouva une certaine surprise face à ces paroles et lui fit un petit sourire désolé, elle voulait bien croire que sa maison ne comptait pas que des mauvaises personnes.

Cependant la petite bulle s'étant créé entre eux deux fut rapidement éclatée par le Poufsouffle qui semblait avoir retrouvé sa langue. Au vu de ses paroles cependant, il n'avait toujours pas mis le doigt sur des neurones. Alyssa n'apprécia pas sa mine vicieuse, et aima encore moins l'ironie qui teintait sa voix. D'autant plus que ses paroles menaçaient de la remettre en doute à propos de la véritable position de son apparent sauveur. Ce dernier sembla littéralement bruler de rage et pointa sa baguette vers le blaireau. Ca y est, il va le tuer, songea Alyssa avec détachement, cette pensée ne la dérangeant pas plus que ça.

Mais aucun sort ne vint. Et même le comble : le garçon éluda la question. Alyssa leva un sourcil. Pourquoi il reculait d'un pas lorsqu'il en avançait de deux ? Elle voulait bien croire qu'il était de son côté mais un doute subsistait, et continuait à être alimenté. Cependant, le Serpentard semblait souhaiter stopper cette confrontation... Et cela n'était pas une mauvaise idée à l'entente de bruits de pas commençant à résonner dans le couloir, l'heure tournait et ils risquaient fort bientôt de ne plus être tous seuls.

Un doute planait maintenant sur le visage des quatre garçons qui étaient surtout concentrés sur leur camarade de Serpentard. Tout allait-il se finir aussi facilement ? Allaient-ils simplement ravaler leur fierté et tourner les talons ? Alyssa le voulait bien, elle avait du cran mais de là à tenir tête à quatre garçons durant de longues minutes après une semaine de cauchemars, elle puisait dans son dernier rempart, à savoir sa colère.

- Franchement, partez, lâcha-t-elle en forçant sur son regard acéré. Du monde arrive, ce sera moins simple pour vous, hein ?

Hein, c'est déjà moins facile que de s'acharner sur une fille toute seule, pensa-t-elle avec aigreur. Alyssa ne savait pas si ses paroles avaient réellement de l'impact : la petite bande restait en hésitation, sans baisser garde ou baguette. La jeune fille espérait tant qu'ils tournent simplement les talons, ainsi nul ne pourrait affirmer qu'elle aurait fait preuve de lâcheté ou de faiblesse. Et un jour, elle se vengerait. Que ce soit physiquement ou par la magie, elle leur fera regretter de l'avoir harcelée.