L’été s’était passé d’une façon plutôt agréable. Elle avait pu en profiter pleinement chaque jour et pensait être revigorée pour cette nouvelle année scolaire. Pourtant, la jeune fille ressentait un certain malaise depuis la soirée de la veille. Une boule de stress avait élu domicile au creux de son ventre et ne voulait pas y déloger. L’angoisse qu’elle avait ressenti lors du retour à la maison ne l’avait finalement pas quittée depuis juin dernier. Elle n’avait fait que l'enfouir dans un coin de sa tête pour ne plus y penser.

Après la nuit qu’elle venait de passer, Dawn avait une tête à faire peur. Elle passa rapidement dans la salle de bain afin de masquer cela et tenter de se réveiller un peu. Cela ne changeait malheureusement rien à son humeur plutôt massacrante. Elle déjeuna sans prononcer un mot. Ne souhaitant pas inquiéter ses parents, elle ne leur avait jamais parlé de ce qu’il s’était passé il y a deux mois et Tommy n’avait plus abordé le sujet. Les deux adultes se posaient quelques questions, n’ayant jamais vu leur fille aussi taiseuse un jour de rentrée scolaire. De son côté, le jeune garçon savait très bien ce qui perturbait sa grande sœur, et il semblait inquiet. Constatant le tracas des membres de sa famille, la gryffone tenta de faire bonne figure et d’afficher un sourire sur son visage, mais elle ne trompait personne.

C’est lorsqu’ils arrivèrent sur le quai 9 ¾ que les choses commencèrent à tourner mal. Dawn qui jusqu’ici avait tenté de se convaincre qu’elle y arriverait, vit tous ses efforts voler en éclats. La boule qu’elle avait dans le ventre avait considérablement grossi et s’était même reproduite, une deuxième s’était logée dans sa gorge. À la vue du train, son cœur est de nouveau reparti très vite et ses mains devinrent moites. Elle avait le vertige et la nausée. Elle recula aussi loin qu’elle le pouvait, tenant fermement la veste de sa mère qui ne comprenait pas ce qui arrivait à sa fille. Elle la serra contre elle. À ses côtés, Tommy essaya de la rassurer comme il l’avait fait en juin. Mais cette fois, rien n’y faisait. Elle ne se sentait pas obligée de retourner à l’école puisqu’elle était avec sa famille, elle pouvait très bien apprendre à la maison. Ou elle trouverait un autre moyen d’y aller.

- Je ne peux pas! Cria-t-elle alors que son frère tentait de l’emmener vers le train.

Elle avait les larmes aux yeux mais elle put tout de même remarquer que des regards curieux s'étaient tournés vers elle. Pour une fois, elle se fichait complètement de ce que les autres pouvaient penser d’elle. Elle était à bout de souffle sans avoir fait aucun effort. Ses parents essayaient également de la pousser vers le véhicule car il ne restait que quelques minutes avant le départ. Mais Dawn résistait, elle se sentait incapable de subir un autre trajet.

Chems débarqua à King's Cross sur le fil. Il pouvait bien se le permettre maintenant qu'Aidan logeait à Londres. Son "pré-départ" depuis l'Irlande s'était fait il y a deux jours de ça et depuis il créchait chez son frère. Combien il était pratique de ne pas avoir à réserver une chambre d'hôtel la veille du départ pour ne pas risquer de louper le train. Ce stress ne lui manquait pas et c'était d'ailleurs la seule chose de bien qu'il acceptait de concéder depuis le déménagement de son aîné de la maison.

Chargé d'un sac de voyage sur son épaule en plus de la valise qu'il traînait derrière lui, le poufsouffle se rangea sur l'escalator descendant vers la bonne plateforme. Plissant les yeux, il vérifia l'heure à l'horloge qu'il voyait de loin sur le quai, et, rassuré par la position de l'aiguille des minutes, renonça à l'idée d'accélérer sa descente. Y'avait large le temps. De l'intérieur de sa besace se firent alors entendre des tapotements avant que, de quelques petites poussées, le bout de la tête d'Haniba sorte d'entre la fermeture éclair volontairement laissé entrouverte de son sac. En effet, la boîte de transport du lézard s'y trouvait, calée entre un pyjama, une brosse à dent, le nécessaire d'entretien de l'animal, un peu d'argent et de quoi grailler dans le train. Peu dérangé par la curiosité de son compagnon à écaille, Chems souleva à peine son bras. Néanmoins, au moment de descendre de l'escalier mécanique, il repoussa tout de même le museau pointu de son index à l'abri des regards, replaçant le couvercle au-dessus de la tête du reptile sans pour autant le refermer.

Alors qu'il retrouvait l'espace entre les repères 9 et 10, une annonce sonore de l'arrivée d'un train en gare provoqua un mouvement de foule qui pressa Chems dans son passage de la barrière. Son plongeon dans le mur dilua la voix amplifiée par haut-parleur. L'espace de quelques secondes, il la perçut comme il l'aurait entendu s'il s'était trouvé dans un bassin, sous l'eau. Puis, en un claquement de doigts, l'ambiance sonore shifta.

C'est accueilli par des cris de hiboux et cette douce odeur de fumée que le sixième rejoignit le quai du Poudlard Express.

Se motivant déjà pour marcher jusqu'aux wagons les moins peuplés - c'est-à-dire ceux étant les plus éloignés de la porte d'accès au quai - il entendit, comme tous les autres, le cri de détresse d'une gryffondor qu'il reconnut assez vite en se retournant dans sa direction. Et il ne fut pas le seul à le faire.

« Hey Dawn » l'interpella-t-il en s'approchant un peu pour la faire réagir, ou tout du moins, lui faire reprendre conscience de son environnement.

Et pour cause. Le visage pâle et larmoyant de l'adolescente semblait en avoir alarmé plus d'un à en croire les "je veux plus y aller" et autres remarques craintives qu'il entendit se lever au milieu de toute cette foule.

L'état de Dawn ne faisait qu'empirer. Sa vue s'était tellement brouillée qu'elle ne voyait plus la foule autour d'elle. Au moins, elle n'apercevait plus les regard curieux fixés sur elle. Le brouhaha habituel de la voie 9 ¾ un premier septembre lui semblait maintenant vague et lointain. C'est comme si son esprit avait voulu éclipser la présence de la jeune fille en ces lieux pour la protéger. Il avait créé un cocon où elle pourrait se sentir bien. Pourtant, son rythme cardiaque était toujours trop rapide et elle était loin de retrouver des constantes normales pour une adolescente. Cette épreuve lui semblait insurmontable.

Les paroles réconfortantes de ses parents et de son petit-frère n'eurent aucun effet malgré les efforts fournis. La gryffone sentait leurs mains posées dans son dos ou sur ses bras et deux sentiments se mêlaient à la suite de ses gestes. D'un côté, elle avait l'impression qu'ils continuaient de la pousser vers le train et bien qu'elle n'en fût pas tout à fait certaine, cela la mettait en colère et elle tentait de s'en dégager. D'un autre côté, elle se sentait un peu honteuse de leur faire vivre ça publiquement. Elle aurait du leur parler de son mal-être avant la rentrée.

Et puis, au milieu de tout ça, elle entendit une voix. D'abord, lointaine comme toutes les autres. Fondue dans la masse, elle n'y preta pas attention tout de suite. Mais ces deux mots se répétaient en boucle dans sa tête, devenant de plus en plus précis jusqu'à ce que son esprit ne soit plus que focalisé sur ceux-ci. Ils résonnaient dans sa tête, prenant tout l'espace laissé par son absence. Elle revenait à elle petit à petit et repris conscience de son environnement sans se calmer totalement pour autant. Sa vue était revenue à la normale quand elle aperçut Chems face à elle. Elle fit immédiatement le lien entre le visage qu'elle voyait et la voix qu'elle avait entendue quelques secondes plus tôt. Dawn ne pouvait pas s'expliquer pourquoi les paroles du garçon avait eu un effet sur elle alors que les membres de sa propre famille n'arrivaient pas à l'apaiser. Peut-être qu'étant une personne extérieure, sa réaction avait créé comme un électrochoc et il n'avait tenté aucun contact physique. Certes, il ne se connaissaient pas suffisamment pour que cela arrive mais cela l'aurait de toute façon plongé encore plus profondément dans son état d'angoisse. Elle s'accrocha alors à son regard tout en tentant de calmer sa respiration et les battements de son cœur même si ce contact visuel la mettait un peu mal à l'aise. Les deux élèves n'étaient pas proches mais Dawn avait l'impression qu'il avait su lire en elle pour la faire revenir sur terre. Il ne restait maintenant qu'à la convaincre de monter dans le train avant son départ mais ce n'était pas encore gagné. Les muscles de Dawn étaient tellement raides, qu'elle était incapable de bouger.

Se faisait-il crûment ignorer, ou n’avait-il pas parler assez fort ? Ses yeux vagabondèrent jusqu’aux visages des accompagnateurs de l’adolescente tandis qu’il prenait conscience de l’urgence de la situation. Elle était l'œil du cyclone, son entourage s’agitant autour d’elle sans parvenir à la faire bouger.

Le poids du sac de voyage du poufsouffle appuyant sur son épaule gauche lui fit basculer son poids du corps sur sa jambe droite pour se rééquilibrer. Chems aurait déposé l'objet par terre s’il avait eu le temps de le faire. Ce n’était pas le cas. D'une minute à l'autre, le son strident du sifflet du chef de gare balaierait le quai de ses derniers retardataires. Ils étaient censés être rodé là-dessus, mais sa camarade agissait comme ceux qui ne parvenaient pas à s’arracher des bras de leur proche, comme si elle revivait cette séparation pour la toute première fois.

‘Il faut qu’on monte. Le train va partir sans nous. On ne peut pas rester là.’ Tant d’évidences que sa précipitation aurait bien pu lui faire bêtement débiter s’il n’était pas aussi déstabilisé par la respiration erratique de sa camarade et par l’intensité de son attention qu’il venait enfin d’attirer sur lui. Chems ne détourna plus les yeux, craignant de ne plus avoir d’autre chance de rétablir le contact s’il s’en arrachait.

Plus il tenait ce regard, et plus il pensait sentir la force de ce qui enracinait la brune au sol. L'irlandais n’en était pas affecté, en revanche, il commençait doucement à se douter qu’elle prenait son origine d’une forme de peur.

« Qu’est-ce qui t’arrive ? »

Chems lui posa une question et il lui fallut un temps avant d’assimiler et comprendre ses paroles. Elle eut l’impression d’entendre les mots prononcés dans le désordre et qu’elle devait faire un effort pour tout remettre dans l’ordre. Qu’est-ce qu’il lui arrivait ? Dawn n’était même pas sûre de connaitre la réponse à la question. Cela ressemblait fortement à une crise d’angoisse, comme celle qu’elle avait fait en juin dernier, mais en bien plus intense. En revanche, elle connaissait parfaitement la cause de son état : le véhicule qui lui faisait face. Jamais elle n’aurait cru que le train qu’elle prenait plusieurs fois par an depuis six ans, puissent être une telle source d’angoisse et d’insécurité. Jusqu’à présent, il avait même l’effet opposé sur la jeune fille.

Le poufsouffle attendait une réponse et il semblait pressé. Dawn avait oublié que le Poudlard Express ne les attendrait pas indéfiniment. Bien qu’elle se fichait de rester sur le quai, c’était d’ailleurs son but, Chems ne devait pas voir les choses de la même façon. Elle dû rassembler tout son courage pour trouver la force de lui répondre. L’espace d’un instant, elle réussit à décoincer se mâchoire et prononcer quelques mots.

- J’ai peur que ça recommence.

Elle ne put en dire plus. La gryffone avait aussi lâché la veste de sa mère et les membres de sa famille avaient tous reculés, comprenant que leur intervention était inutile. Ils se contentaient maintenant d’observer l’échange entre le garçon et leur fille.

L’accès à la porte d’embarquement la plus proche était désormais vide, plus personne n’attendait devant pour monter. Chems s’y dirigea tranquillement. « Que quoi recommence Dawn ? » demanda-t-il tout en hissant sa valise en haut du marche-pied sans grimper tout de suite dans le train.

Un éclair de lucidité le traversa alors qu’il déposait son sac de voyage à côté de sa valise à l’entrée du wagon, comme si la locomotive retenait des souvenirs perceptibles uniquement lorsqu’on se rapprochait d’elle d’assez près. Il se retourna vers sa camarade et la dévisagea d’un air grave, elle ainsi que le gars qui était avec elle. Chems haussa brièvement un sourcil dans sa direction. Quand il reprit la parole, ce fut pour s’adresser à Dawn cependant.

« Dis moi, est-ce que ça a un rapport avec ce qu’il s’est passé avec les Sepulveda ? »

C’est vrai que cela ne faisait que quelques mois. À en croire la réaction de l’adolescente, Chems supposa qu’elle devait avoir vécu cet horrible trajet. « Si c’est ça alors je vais te dire, j’ai peur que ça recommence aussi. » Il n’avait pas été dans le train lorsque l’attentat s'était produit. Seuls les bribes qu’il avait tirées de ses amis lui avaient fait comprendre combien d’un cauchemar ça avait été puisqu'apparemment, il ne pouvait pas se fier à la Gazette. Et puis l’attente à Poudlard avait elle aussi été difficile. Peut-être qu’il ne saisissait pas l’ampleur de ce qui s’était produit pareillement que ceux qui avaient été bloqués dans les wagons, néanmoins ça n’en restait pas moins un très mauvais, et très récent, souvenir pour lui aussi.

« Mais tu sais très bien que si on laisse ce genre de choses dicter ce qu’on fait, on ferait plus rien depuis bien longtemps déjà. »

Même sans s’être énormément côtoyé, Dawn était de sa promo. Et cet événement n’était pas le seul à avoir bousculé leur cursus dans le mauvais sens. De toute évidence, ils n’avaient pas plus de facilité à appréhender des épreuves éprouvantes même après en avoir vu autant se cumuler durant leur scolarité.

Dans un premier temps, Chems ne sembla pas comprendre l'origine de ses craintes. Mais, heureusement pour elle, Dawn n'eut pas besoin d'en dire plus. Il comprit, alors même qu'il était en train de monter ses affaires à l'entrée du wagon. Pour toute réponse, elle se contenta d'hocher la tête, incapable d'ouvrir à nouveau la bouche pour le moment. L'évocation de ce nom lui provoqua des frissons dans le dos. Elle avait eu la chance de ne pas croiser ne serait-ce qu'un Sepulveda lors de l'attaque. Mais de nouveau, les images tournaient dans sa tête. Elle se revoyait piégée dans son compartiment, tentant désespérément de l'ouvrir. Puis, une fois libérée, elle se rappela le précipice et l'attente interminable pour pouvoir monter sur le tapis qui l'emmena à l'abri. Enfin, elle vit aussi la chute du train. Ce soir-là, ils avaient tous eu de la chance car aucun élève ou professeur ne trouva la mort. Mais les choses auraient pu se dérouler autrement si le clan était parvenu à ses fins. Certains, dont Dawn, auraient pu ne jamais sortir de ce train. D'autant plus qu'ils étaient sans baguette.

Son esprit réfléchit à toutes les solutions qui s'offraient à elle. Il y avait sûrement d'autres moyens de se rendre à Poudlard, il n'y a pas que ce train. Elle pouvait aussi simplement reprendre les cours avec son précepteur comme lorsqu'elle était enfant. Ce ne serait pas nouveau pour elle. Pourtant, au fond d'elle-même, elle savait pertinemment que Poudlard lui manquerait.

Les mots du garçon continuaient résonner dans la tête de la gryffone, surtout lorsqu'il avoua que lui aussi craignait une nouvelle attaque. Dans son angoisse, elle n'avait jamais imaginé qu'elle n'était peut-être pas la seule. Mais maintenant qu'elle y pensait, elle trouvait l'idée plutôt réconfortante. Le train était bourré de jeunes gens ayant vécu le même évènement traumatisant. Beaucoup devaient se battre avec leurs émotions en ce moment. Pourquoi n'y arriverait-elle pas ? Elle devait avoir l'air si ridicule à rester tétanisée sur le quai. Et puis, quel exemple montrait-elle aux plus jeunes ? Elle devait se reprendre et faire peur d'un peu de courage représentatif de la maison Gryffondor. Ses muscles se décontractèrent lentement et son esprit revint à lui. Elle ne pouvait pas expliquer pourquoi ces quelques mots avaient pu tant la rassurer.

- Tu… Tu as raison. Admit-elle lors des dernières paroles de Chems, alors que ses yeux reprenaient leur éclat naturel.

Le monde des sorciers était plus dangereux que celui des moldus, c'est un fait. Elle était consciente que ce genre d'évènement pouvait se produire à chaque coin de rue mais cela ne l'avait pas empêché de vivre jusqu'ici. Elle restait très angoissée par ce voyage mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix pour l'instant. Elle allait devoir subir comme d'autres le font au même moment. Elle se tourna vers ses parents afin de leur faire un signe de tête en guise d'au revoir car elle savait que le train allait démarrer sous peu et que le temps pressait. Elle souleva ensuite sa valise et grimpa dans le train, les jambes tremblantes. Elle se tourna vers le garçon et lui dit:

- Merci.

Ce seul mot ne semblait pas suffisamment puissant pour lui montrer toute sa reconnaissance. Il avait mis sa propre rentrée en péril pour la convaincre à monter dans ce train et il avait réussi alors même qu'elle était persuadée que rien ne pourrait l'aider. Dawn avait l'intention de rester proche de la porte et d'être la première à descendre à Pré-au-Lard.

Cela pourrait bien être mon dernier post, je verrais en fonction du tien mais si tel est le cas, merci beaucoup pour ce RP.

Chems sourit franchement en voyant Dawn reprendre ses couleurs et grimpa en une fois les deux marches pour entrer dans le train. Il eut la surprise de trouver Haniba complètement sortit du sac en voulant décaler ses affaires pour libérer l'accès pour la gryffondor. Avant qu'il ne parvienne à se saisir d'elle que le lézard lui fila entre les doigts, grimpant sur la surface des cabines du train et se mettant à s'y balader sans l'attendre. « Fais ce que tu veux, » soupira l'irlandais à l'attention de l'animal en soulevant son sac. Cette chipie réapparaissait toujours éventuellement.

S'apprêtant à suivre la direction de son petit compagnon aventureux pour aller chercher une place pour le voyage, Chems resta surpris par le remerciement de sa camarade et garda son pied à terre avant d'avoir pu le soulever pour avancer. « C'est normal, » répondit-il parce qu'il ne savait pas de quoi l'adolescente pouvait être reconnaissante. Même avec son intervention, trouvée assez de courage pour vaincre son blocage, ça elle n'avait pu le faire que seule, surtout dans un temps aussi court et en étant sous la pression du départ imminent du Poudlard express. Alors il rajouta : « Mais c'est tout toi. »

Le sifflet du chef de gare, suivit par celui du train, retentirent. Les portes se refermèrent comme si elles n'avaient entendu que ce signal pour le faire, puis le moteur de la vieille locomotive s'éveilla, déclenchant un bourdonnement directement sous leur pied. Chems surveilla un instant la réaction de sa camarade.

« Ça te dit qu'on fasse le voyage ensemble ? » proposa-t-il finalement alors qu'il sentait le train commencer à bouger.

Dawn avait l’intention de rester debout devant la porte du wagon. Elle savait que le voyage représentait au moins sept heures de route et qu’elle aurait du mal à tenir la position mais pour l’instant, elle ne pensait pas être capable de rejoindre l’un des compartiments. La jeune fille restait très crispée. Après ses remerciements, Chems lui signifia humblement qu’elle avait fait tout le boulot seule. Ce n’est pourtant pas l’impression qu’elle avait. Sans son intervention, elle serait encore sur le quai, convaincue qu’elle pouvait très bien apprendre de chez elle. La gryffone le pensait encore mais elle devait se montrer forte. Elle n’était pas la seule à avoir vécu cette situation et c’est grâce à lui qu’elle l’avait réalisé.

Le train démarra, ce qui valu un sursaut à la jeune fille qui faisait tout pour contrôler ses pensées et ses gestes afin de ne pas refaire une crise d’angoisse. Chems, qui n’avait toujours pas rejoint l’un des compartiments, proposa à Dawn de rester ensemble pour le voyage. La gryffone avait pris l’habitude de faire le trajet seule. Elle en profitait pour lire et se renseigner sur le programme scolaire de l’année. Mais elle savait qu’elle ne ferait rien d’autre que regarder par la fenêtre et craindre le moindre tremblement du wagon. La proposition du garçon était tentante mais ses amis devaient l’attendre et elle ne souhaitait pas l’en priver. Pourtant, elle ne se voyait pas refuser tant c’était ce dont elle avait besoin.

- Je veux bien. Tu es sûr que ça ne te dérange pas ?

La sixième année s’était un peu détendue et emboita le pas du garçon. Ils n’allaient peut-être pas discuter durant tous le voyage mais Dawn n’était pas seule et ce qui lui importait.

« Puisque je te le propose ! Allez viens, suis-moi. »

Il engagea une progression laborieuse à travers le couloir du wagon, ralenti par ses charges encombrantes. Lorsque ce n'était pas le sac sur son épaule gauche qui frottait sur les fenêtres ou bien les roues de la valise dans sa main droite qui butaient contre les cadres des portes coulissantes lui compliquant la tâche, il fallait faire attention aux élèves encore debout, comptant parmi eux des petits pressés sprintant entre les passagers sans se soucier de rien. Chems les aurait bien fait passer par la fenêtre, refusant de s'admettre qu'il avait parti de ceux-là quelques années en arrière.

Les compartiments étant tous occupés, et n’ayant pas eu la chance de tomber sur des visages familiers, l’irlandais essuya quelques refus dans sa recherche de sièges vacants. Heureusement, il parvint au bout d’un moment à greffer sa compagnie, ainsi que celle de sa camarade, à un duo sympathique qu'il aurait deviné être en troisième, voire quatrième année. « Merlin soit loué, on n'aura pas à faire le voyage sur le toit du train, » dramatisa-t-il pour plaisanter en entrant dans le huitième compartiment du wagon. Après quelques mots échangés avec leurs bienfaiteurs, dont des remerciements et des présentations rapides lui affirmant ses premières intuitions, il s'installa pour passer le trajet confortablement et attendit que Dawn en fasse autant avant d’essayer d'engager une conversation avec tous ceux présents.