Cet après-midi là Domhall et Owen étaient seuls à l'appartement et, comme depuis un moment déjà, le plus jeune aidait son aîné dans la production de sortilèges. Mais pas n'importe lequel, non il s'agissait d'un sort parmi les plus difficile à obtenir dans sa forme la plus complète, celle qui permettait, en plus de défendre le sorcier qui l'avait produit contre des non-êtres, de communiquer pour peu qu'on lui dicte un message. Enseigné au cours de la sixième année d'étude à Poudlard, en juin, l'entièreté des élèves n'était pas toujours capable de produire un patronus corporel distinct. Si certains avait une forme animale parfaitement identifiable, d'autre savait tout juste s'il s'agissait d'un rampant, marchant, galopant, volant ou nageant.

Le fabricant de baguette, féru de duel, avaient fait parti de ceux qui avait emprunté le Poudlard Express en juin en ayant la certitude que son patronus était un lapin, de ces lapins sauvages qui gambadaient dans les champs lorsqu'on prenait le temps d'attendre qu'ils sortent de leurs tanières. Si le lagomorphe avait faire ricaner les habituels moqueurs de sa promotion, il avait pris le temps de faire les recherches symboliques associées à ce petit mamifère; prudence, peur, rapidité, fidélité, intuition, moment présent; des qualificatifs qui lui correspondaient tous, parfois plus présent à certains moments de son existence encore courte.

Au contraire, son compagnon, bibliothécaire à l'école de sorcellerie écossaise, qui n'avait jamais réussit qu'à produire la brume d'un patronus incorporel. Une brume épaisse, mais qui ne ressemblait à rien d'autre qu'un nuage. Alors, comme il avait cette impression que le corcagien était persuadé qu'il n'y parviendrait jamais vraiment, le natif de Letterkenny avait décidé de l'aider. Plusieurs fois déjà; en commençant par lui apprendre comment méditer et trouver comment voyageait sa magie dans son corps, si elle avait une cachette préférée ou bien si elle bougeait sans cesse; puis en focalisant sur ses souvenirs; ils avaient fait des séances qui avait permis à Owen de progresser même si le résultat n'était pas visible.

Aujourd'hui, Domhall était assis au pied de son lit, le dos appuyé contre le sommier et le matelas, installé de manière à ce que son petit-ami puisse venir appuyer ses omoplates contre son torse et ainsi guider son étape de visualisation en parlant à voix basse, toujours en irlandais quand ils étaient ensemble. Le châtain clair avait sa baguette en main, lui, avait posé la sienne juste à côté de lui. En soit, il n'en avait pas besoin et la probabilité d'un accident magique était très faible. Il avait donc les yeux fermés, la tempe gauche apposé contre la tête de son amant de manière à parler à son oreille. "Quand tu es focalisé sur ton souvenir, tu laisses ta magie venir jusque dans ton bras et tu prononces la formule. Ne cherche pas à imaginer une forme, laisse toi habiter par les sentiments puis laisse les sortir." Avait-il prononcé doucement, faisant plus ou moins consciemment l'exercice et sentant sa propre magie pulser sous la pointe de son sternum, prête à répondre à son appel s'il la sollicitait.


@Owen Locke

Cela faisait de nombreuses semaines, voir même mois et années qu'Owen essayait tant bien que mal de lancer un patronus corporel. Lors de sa septième année, il était parvenu à créer une sorte de brume mais sans forme aucune et qui ne durait pas bien longtemps, quelques secondes tout au plus. Et s'il avait fini par laisser tomber ses entraînements qui s'avéraient être une perte de temps ces dernières années, depuis un petit moment déjà il s'était remis en tête qu'il se devait d'y arriver. Un besoin protecteur s'amplifiait chaque fois que ses liens avec sa famille évoluait. Cela avait commencé avec Diarmuid il y a deux ans de cela lorsqu'il l'avait aidé à sortir de sa dépression. Puis continué avec les traumatismes subis par Ennis et enfin plus récemment la découverte d'un nouveau petit frère qui bien qu'adolescent lui semblait si fragile... le tout sur fond de son couple avec Domhall. Son besoin irrépressible de vouloir être en mesure de tous les protéger n'avait donc cessé de croître, et avec cela son envie d'enfin parvenir à créer un patronus digne de ce nom.

Aujourd'hui était donc une nième séance de détente, relaxation, méditation et essais à laquelle il s'adonnait avec son compagnon lorsqu'ils avaient des moments leur permettant d'être seuls dans l'appartement. Assis à même le sol, le dos reposant sur le buste de l'irlandais, Owen avait en ce moment précis les yeux clos, baguette à la main et se concentrait sur les conseils et indications que Domhall lui soufflait à l'oreille. Il cherchait un souvenir... un souvenir assez puissant pour que son lancé fonctionne... son plus beau souvenir. Il avait déjà tenté le premier Noël où il avait déposé l'étoile en haut du sapin, celui où il avait reçu sa lettre pour Poudlard - vu et revu - ou encore leur premier baiser... aucun de ceux-là n'avait pour le moment fonctionné. Owen repensa alors au Noël qu'ils avaient passé tous les quatre il y a quelques mois, celui où il avait par la suite emménagé à Dublin. Allez, il se sentait prêt. Inspirant profondément, complètement détendu, il se concentra et se lança. Spero patronum ! dit-il avec conviction, son souvenir bien en tête, tout en dessinant le fameux cerle avec sa baguette.

Il avait senti quelque chose se passer, son flux magique réagir, aussi avait-il ouvert les yeux dans un grand sourire, persuadé d'avoir enfin réussi... mais déchanta bien vite en s'apercevant qu'il n'avait à nouveau produit que... pas grand chose. Une brume épaisse et difforme qui s''était rapidement évaporée. Le bibliothécaire soupira, laissant échapper un "je ne comprends pas... ça aurait dû marcher..." d'une voix basse et dépitée. Je n'y arriverai jamais, ajouta-t-il en tournant et basculant légèrement sa tête en arrière de façon à voir le visage de son homme. Je suis nul.

Lancé de dé :
1 ou 2 = échec
3 ou 4 = patronus incorporel
5 ou 6 = Réussite

Tout juste ses instructions données, Domhall avait laissé la main à Owen. Certes sa magie était bouillonnante, à l'affût du moindre sort qu'il pourrait prononcer maintenant qu'il avait posé sa main sur sa baguette au cas où, mais il ne la sollicita pas. L'énergie sembla s'en agacer mais il se contenta de surveiller les manifestations de son compagnon. Sa respiration qui s'imprimait sur son torse, ses gestes, ses mots, chaque indice qui lui permettrait d'évaluer son état d'esprit et son lancer de sortilège. Le corcagien était maître de son temps sans aucune pression et fit un essai... La brume d'un patronus se matérialisa vite coupée par le sorcier lui-même... Sauf qu'il n'en avait pas spécialement conscience. Manifestant sa déception il bougea contre lui de manière à capter son regard... déprécation.

De son côté le plus jeune avait suivi la production d'énergie positive pure avec attention. S'il n'avait pas la capacité de suivre les pensées d'Owen et donc la soin qu'il avait mis à solliciter sa magie avant de plonger dans son souvenir, il avait pu constater le résultat. En l'état ce n'était effectivement pas très glorieux et comme son compagnon restait quelqu'un d'assez exigeant avec lui même sa réction était compréhensible. Dom était là pour l'aider à relativiser ce qui n'étaient pas des échecs mais des étapes vers sa réussite. Maxime qu'il ressortait à tous, frère, sœur, amant, et qu'il avait bien du mal à s'appliquer à lui-même. Les yeux marrons vinrent se poser sur leurs homologues si clairs dans lesquels il aimait se perdre. "Tu n'es pas nul. Tu n'aurais pas autant progressé depuis qu'on s'y est mis si ça avait été le cas. Tu produisais une brume diffuse et légère quand tu as maintenant un nuage dense." Commença-t-il avant d'émettre un avis un peu poussé. "Plus ça vient plus tu affines les souvenirs susceptibles de fonctionner et plus ton patronus se contracte et devient épais. Il n'y a aucune raison que tu n'y arrives pas." Bien sûr c'était un sortilège difficile mais vu les progrès rapides il ne voyait pas ce qui pourrait bloquer. Trouver LE souvenir n'était pas chose facile et puis...

Il lui souria ensuite tendrement puis, l'enjoignit à refaire un essai d'une part en bougeant légèrement pour qu'il se replace mais aussi en ajoutant "Pense que tu peux aussi utiliser un espoir." Spécifia-t-il en posant sa main gauche sur celle de l'ancien professeur pour lier leurs doigts. "Souviens toi, prends ton temps et procède par ordre. Trouver ta magie, la solliciter, la guider dans ta main, te laisser envahir par ton souvenir et lancer le sort." Lui rappela-t-il doucement avant de poser un baiser sur sa tempe droite.

Déçu de sa première tentative du jour, Owen était sur le point de jeter l’éponge. Tout était parfait, il avait le parfait souvenir, avait parfaitement réalisé chaque étape, et tout ce qu’il avait réussi à produire n’était que l’ombre d’un patronus incorporel ? Il commençait sérieusement à désespérer d’y arriver un jour. Buvant les paroles de son compagnon en le regardant dans les yeux, ne pouvait qu’admettre qu’il avait raison. Il avait progressé depuis qu’ils s’y mettaient ensemble, beaucoup même. Il le savait. Sa présence, son calme et ses conseils y faisaient pour beaucoup. Mais il restait l’amertume, la frustration de ne toujours pas y arriver justement après toutes ces séances. Le processus d’apprentissage était long et Owen commençait à perdre patience. Et chaque échec venait renforcer le sentiment qu’il avait de n’être tout simplement pas suffisament puissant pour y arriver. Cette impression de ne pas avoir assez de magie en lui. Mais il devait continuer d’essayer et d’y croire. Ses efforts finiraient forcément par payer, c’est ce qu’il se répétait.

Se repositionant comfortablement dans les bras de son compagnon, il ferma les yeux et ne chercha cette fois-ci pas à trouver et forcer un souvenir en particulier. Il détendit simplement les muscles de son corps dans leur intégralité et se vida la tête. Ne penser à rien de particulier. Jusqu’à ce qu’il sente la puissance de ses sentiments envers Domhall prendre les rennes. Il se laissa emporter par le flot d’amour qui le parcourait, duquel un moment en particulier émergeait tel un iceberg dans l’océan. La nuit du 27 février. Ce moment où son coeur avait failli sortir de sa poitrine. Celui où Domhall lui avait exposé les anneaux et indirectement demandé s’il était prêt à porter le sien. Cet instant où il a répondu par l’affirmative, dit qu’il voulait l’avoir pour toute sa vie à ses côtés. Puis il laissa sa magie venir, prendre possession de ce souvenir et cet espoir, de lui, se concentrer dans son bras. Et puis, à l’instant oui il sentit que tout était à son paroxysme, il prononça la formule et traça le cerle avec sa baguette.

Owen sentit sa magie sortir, se déployer, il avait toujours les yeux fermés, mais il sentait que c’était plus puissant que tout ce qu’il avait pu ressentir jusqu’à maintenant. Au bout de quelques secondes, il souleva tout doucement ses paupières, jusqu’à apercevoir une forme bleuté argentée se déplacer. Se déplacer ? Cette remarque lui fit hausser un sourcil et ouvrir ses yeux en grand. Avait-il réussi ? Un grand lapin venait de passer devant ses yeux. Un lapin ? Par Merlin non ça ne pouvait pas être lui qui l’avait produit, c’était le patronus de Domhall. Le bibliothécaire se tourna alors vivement vers son compagnon en le dévisageant et lui demanda presque sur un ton de reproche. C’est toi qui a fait ça ? Car oui, il était persuadé que cet animal venait de lui. Tu es sensé m’aider pas le faire… Quoique la dernière fois qu’il avait vu son patronus, le lapin était un peu moins grand et un peu plus… lapin ? Ici c’était plutôt un lièvre. L’irlandais de Cork était en proie à un gros doute. Se pourrait-il vraiment que… qu’il soit à l’origine de cette chose ? Il avait senti sa magie puissante… mais à ce point là ?

Lancé de dé :
1 ou 2 = échec
3 ou 4 = patronus incorporel
5 ou 6 = Réussite

Owen avait finalement repris place et son processus de préparation. La main gauche de Domhall avait exercé une très légère pression sur celle de son compagnon qu'il avait attrapée quelques instants plus tôt. Il sentit le corps du plus vieux relâcher contre son torse et il en profita éhontément pour glisser sa main droite sur son ventre, comme pour le rapprocher. Il le laissa ensuite à sa concentration, patientant. Il fallait que le bibliothécaire soit prêt et il ne comptait pas le brusquer. Après tout, il n'y avait pas de date d'examen, ni de notes, juste un entraînement qui finirait par porter ses fruits. Cette fois-ci, il ne fit pas l'exercice associé, parce que sa magie brûlait déjà d'être sollicitée sans pour autant qu'il ne concrétise d'acte magique... Et l'idée qu'elle se manifeste sans l'aide de son catalyseur... C'était tentant mais effrayant et surtout, absolument pas le moment. Il attendait donc, attentif, en appréciant aussi le contact que leur offrait cette position.

Et l'attente valut la chandelle, à peine la formule prononcée par son compagnon que sa magie se libéra par la pointe de sa baguette. La vapeur argentée du patronus en sortit avant de se condenser en une forme parfaitement distincte... Le jeune fabricant en fut interdit quelques instants. Il fut cependant obligé de quitter l'animal des yeux quand Owen se retourna, du reproche dans la voix. Ses prunelles noisettes se posèrent dans les bleues et il eut un signe négatif de la tête. "Sans ma baguette?" Sa main était toujours contre le ventre du corcagien et glissa sur le sol récupérer le dit artefact magique. "J'aimerais bien." Dit-il dans un souffle avant de se laisser envahir par son amour pour l'homme qui se tenait contre lui, mais aussi la sécurité qu'il ressentait ici, avec lui et sa fratrie. "Expecto Patronum."

Dès la première syllabe, sa magie avait fusé d'avoir été mise à l'épreuve. Son lapin lièvre, une espèce européenne, se matérialisa devant eux. Très semblable à l'animal produit par Owen, il était toutefois plus fin. D'un mouvement du poignet infime, il le fit se déplacer doucement jusqu'à son presque double, lui faisant flairer le dessous de sa mâchoire puis sautiller jusqu'à son compagnon. "Tu vois. C'est l'espèce de lapin qui s'en approche le plus... mais toi c'est un lièvre."

Calé contre son compagnon, Owen avait inspiré profondément et laissé sa magie s'emparer de lui, sans penser à rien d'autre. Plus forte, elle fourmillait dans son bras. Et puis le contact du bars de Domhall sur son ventre, et ce souvenir. Il n'avais pas cherché à le faire venir, il s'était immiscé dans son esprit, propagé dans sa baguette par sa magie, et après une incantation et un petit mouvement de cette dernière, au moment qu'il lui avait paru opportun, des volutes bleus et argentés étaient sortis de l'extrémité de son catalyseur, prenant rapidement la forme d'un lièvre.

Owen avait ouvert ses yeux après quelques secondes, et, incrédule, s'était vivement retourné vers Domhall en le dévisageant, pensant qu'il lui jouait une mauvaise blague. Comment ça sans sa bag... oui bon, effectivement, et il ne l'avait pas senti décoller son bras pendant tout le processus. Mais c'était tout de même étrange, et puis peut-être arrivait-il à contrôler sa magie sans catalyseur, ce genre de sorciers existait après tout ! Oui, ça devait être de cet ordre là. Bien qu'il se demandait pourquoi il ne lui en avait pas parlé, le bibliothécaire était persuadé d'une chose, c'était le patronus de son compagnon qui se tenait devant lui. Domhall pourrait le nier de toutes ses forces, il en était convaincu. Enfin... c'était jusqu'à preuve du contraire. Owen resta sans voix en voyant un deuxième lapin apparaître près du second lorsque le cadet O'Belt eu invoqué son patronus. Il arrivait donc à en produire deux ? Mais c'était possible de produire deux fois de suite son patronus sans qu'il ai disparu entre temps ? Visiblement oui... peut être une caractéristique de la magie sans baguette. Il n'était pas trop renseigné à ce propos. Quoique... il étaient tout de même légèrement différent...

- Hein ? Moi ? C'est... non, impossible, ce truc, cette chose, ce lièvre, ça ne pouvait pas être de lui, il n'en était pas capable... mais c'est... le corgagien ne trouvait pas ses mots tant il était stupéfait et avait du mal à y croire. T'as vraiment vu... Owen effectuait des mouvements circulaires avec sa main, comme pour aider les mots bloqués au fond de sa gorge à sortir et par la même occasion désigner le patronus devant eux. C'est vraiment... sorti de... de MA baguette ? Plus il parlait et plus il y croyait, mais n'en revenait pas. La bouche d'abord grande ouverte, un sourire avait commencé à se dessiner sur le coin de ses lèvres, puis ses yeux étaient devenus pétillants et luisants, à la fois de curiosité, de fierté et... il était impressionné. Waouh, avait-il laissé échapper dans un souffle, son regard effectuant pendant tout ce temps de parole et de réflexion des aller-retours entre les deux Léporidés et son bien-aimé. C'est vraiment MON patronus ? A moi ? Je... j'ai enfin réussi ?!

A cet instant son regard avait définitivement raccroché les prunelles noisettes de son homme. Il avait repris un air plus sérieux, malgré un léger sourire trahissant toujours sa satisfaction. S'il y était parvenu... c'était grâce à lui... pour tout. C'était avec lui qu'il s'entraînait, lui encore qui lui avait appris à canaliser sa magie, à l'écouter. Lui surtout qui était à l'origine du souvenir, du bon souvenir. Tout en délicatesse, Owen s'était encore d'avantage retourné vers Domhall. Et lentement mais sûrement, était venu capturer ses lèvres avec les siennes. Un doux baiser, dans lequel il le remerciait, pour tout. Un moment hors du temps.

La réaction surprise voir hébété d'Owen n'était pas quelque chose de si étonnant que ce qu'on pouvait penser. Lui même, la première fois qu'il avait réussi à produire son patronus corporel avait eu besoin d'un temps pour réaliser. Réaliser que c'était bien lui et non l'un de ses camarades en train de faire exactement le même exercice. Puis découvrir l'aspect de cette forme animal qui révélait des choses sur lui - mais quoi - et disparu quasi instantanément à l'exclamation un peu moqueuse de quelques uns des autres élèves - filles et garçons d'ailleurs. Malgré la remontrance quasi immédiate de sa professeur, il avait été marquée et avait eu honte de ce lagomorphe, une proie de bien des prédateurs. Jusqu'à ce que - via le devoir qu'ils avaient eu, ceux qui avait réussi à produire un patronus corporel - il se rende compte de ce que cela pouvait signifier. Il n'avait plus honte et était fier de ce que cela représentait. Et maintenant qu'il découvrait le lièvre de son compagnon... il avait cet autre sentiment, pas de la fierté, non plus fort encore, une réassurance à le voir conjurer presque le même animal.

Le châtain avait hoché plusieurs fois la tête. Oui, cette manifestation magique provenait ben de sa baguette, en témoignait la lueur bleutée que son extrémité produisait faiblement alors même que le lièvre se trouvait à plus d'un mètre de là, totalement détaché du catalyseur. Oui, c'était bien son patronus. Oui, il avait réussi. Les yeux de Domhall laissait paraître toute la fierté qu'il éprouvait pour l'homme qu'il aimait, qui avait réussi à se surpasser. Un homme qui venait de lui apporter ce qu'il interprétait comme une preuve d'amour supplémentaire. Alors que le blond était l'initiateur d'un baiser, le plus jeune lâcha sa baguette - et par la même le lien magique qui permettait à son propre sortilège de rester actif - et vint approfondir le baiser en plaçant sa main désormais libre sur la joue de son conjoint. Il était sien.

Lorsque Domhall lui avait confirmé que non ce n’était pas son patronus, qu’il n’avait rien fait, que ce lièvre était bien sorti de sa baguette à lui, Owen, et qu’il avait ensuite produit le sien en guise de preuve supplémentaire, le bibliothécaire s’était tout simplement retrouvé hébété. Il avait du mal à réaliser que lui, avait enfin réussi à produire ce sortilège auquel il s’entraînait depuis ses dernières années à Poudlard en temps qu’élève. Cela lui paraissait tout simplement impossible. Et pourtant. Il avait du se rendre à l’évidence que ce beau patronus corporel était bien le sien.

A la fois encore sous le coup de la surprise, fier de lui, heureux, et redevable envers son compagnon qui l’aidait tant depuis quelques mois, il s’était laissé aller à une pulsion en embrassant de ce dernier tout en douceur. Il avait, pendant ce court instant fermé les yeux et son esprit n’était plus accaparé par rien d’autre à part le remerciement des plus sincères qu’il avait à coeur de lui faire passer. Son compagnon approfondissant leur baiser, l’irlandais du sud s’était laissé faire, en oubliant même son patronus à cet instant. Mais sa main était restée sur sa baguette, aussi lorsqu’il se sépara, volontairement quoiqu’un peu à regret de son presque fiancé, il eut l’occasion de jeter un dernier coup d’oeil à ce lièvre majestueux avant de le faire disparaître, déposant alors sa baguette au sol pour se placer dans une position plus confortable, face à Domhall.

- Merci, je crois bien que je n’y serai jamais arrivé sans toi. Et puis… et puis c’était presque le même animal que le sien, et ils savaient tous les deux ce que cela signifiait. Owen n’arrivait pas à mettre les mots dessus, mais son bonheur, sa fièreté et celle qu’il lisait dans le regard de son bien aimé et son amour pour ce dernier n’en étaient que plus grands. Ce sont presque les mêmes, avait-il fini par ajouter avant de mordre l’intérieur de sa joue pour retenir un minimum les larmes d’émotions qui venait humidier ses yeux. Son regard n’avait pas décrocher celui de Domhall depuis qu’il s’était de nouveau tourne vers lui après avoir fait disparaître son patronus. Il ne savait pas quoi dire d’autre, mais tout y passait. Et à moins que ce dernier ne bouge, il était bien parti pour rester planter là à le regarder et détailler les traits harmonieux de son visage pendant des heures.

Pris dans ce baiser qu'il avait choisi d'approfondir, Domhall ne put réprimer un grognement discret, mais fatalement audible pour Owen. Ouvrant les yeux pour comprendre pourquoi une telle séparation, le plus jeune des deux irlandais constata la disparition du lièvre du plus vieux avant que ce dernier ne se repositionne face à lui. Les yeux du châtain suivirent ses mouvements alors que sa main droite vint instinctivement se reposer sur sa baguette pour la rapprocher de lui avant de la quitter pour se poser sur l'un des genoux du bibliothécaire qui prenait la parole, la voix et les yeux perlant d'émotion, ces derniers semblant le détailler sous toutes les coutures possible.

Alors, le tout juste diplômé attira son compagnon contre lui - le contraignant à changer légèrement de position. Dans le privé, Dom était de plus en plus démonstratif, il savait qu'Owen avait besoin de contacts physiques et puis lui-même y trouvait son content. "Tu avais le potentiel." Chuchota-t-il à son petit-ami. "Tu aurais fini par y arriver." Continua-t-il, très sûr de ce qu'il avançait, il n'avait été qu'un accélérateur dans sa démarche.

Il avait volontairement esquivé le sujet de la ressemblance de leurs patronus pour le moment, mais cela devenait compliqué. "Oui j'ai vu. Ils ont la même symbolique." Dit-il dans cette habitude de toujours intellectualiser les choses. Il était construit ainsi, il ne servait à rien d'aller contre. Mais il fallait lire dans sa voix et ses gestes, comme par exemple le fait que sa main gauche vint recouvrir celle d'Owen, plaçant leurs anneaux côte à côte. Ou encore la manière dont il vint nicher son nez dans les cheveux clairs de son compagnon en fermant les yeux.


A moins qu'Owen ne perturbe mes plans, ce sera mon dernier post

Alors que le bibliothécaire, les yeux perlant de larmes d'émotion, détaillait son compagnon dans les moindre détails, ce dernier l'invita à bouger pour le rapprocher de lui, et Owen ne se fit pas prier. Il se laissa faire à dire vrai. Le visage niché dans son cou, il se laissa porter par les sensations que lui procuraient ce contact physique, s'enivrant de son odeur. Sa respiration plutôt lente, signe que son excitation redescendait, se cala bientôt sur celle de l'homme contre lequel il était appuyé. Il s'autorisa un instant à fermer les yeux tandis que des paroles chuchotées de Domhall parvenaient à son oreille. Il doutait encore mais faisait le choix de lui faire confiance. Peut-être, peut-être avait-il raison, peut-être aurait-il fini par y arriver tout seul. Mais une chose était certaine, son succès n'aurait pas eu la même saveur, le même effet. Peut-être même que son patronus aurait été légèrement différent, il n'en savait que trop rien, comment le pouvait-il ? Tout n'était que suppositions, et de toutes celles qui lui venaient en tête, pas une ne lui semblait égaler l'expérience qu'il venait de vivre.

A la mention de la symbolique identique, il releva cependant la tête pour venir planter ses iris bleus dans ceux marrons de son compagnon après avoir pris soin d'essuyer les quelques larmes qui menaçaient de couler d'un revers de main. Heureux, il était heureux. Un frisson lui parcouru l'échine lorsque la main gauche de l'apprenti fabricant de baguettes magiques vint recouvrir la sienne, replaçant alors leur promesse de vie commune au centre de l'attention. Un nouvel élément les liait. Deux hommes, deux anneaux, un patronus, deux cœurs qui battent à l'unisson.

Fin du RP pour moi également, merci à toi !