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30 sept. 2022, 17:26
 One shot  Une réponse et des questions
Carshalton, maison de la famille Joy
13 juillet 2047



"Maman, t'aurais pas vu mon ancien licol ?" cria Maddie à peine le pas de la porte passé.

"Je ne t'entends pas. Je suis dans la cuisine !" répondit Lauren. Maddie avança alors à grandes enjambées pour la rejoindre. A peine eut-elle passé la tête dans la pièce, qu'elle reposa sa question : "T'aurais pas vu mon ancien licol ? J'ai proposé une balade au fils des nouveaux voisins, histoire de lui montrer un peu le coin." Sa mère interrompit sa vaisselle et tourna la tête dans sa direction. "Ah, heu... Tu devrais aller voir dans le grenier. Je crois que ton père y a monté un carton avec du vieux matériel l'autre jour." "Ok, merci M'man !" dit-elle en filant aussi vite qu'elle était arrivée.

Une fois à l'étage, elle saisit la perche qui permettait de crocheter la boucle de la trappe d'accès et tira afin de faire descendre l'échelle qui lui permettrait d'accéder au grenier, puis grimpa. La pièce était assez vaste et baignée de soleil grâce aux deux ouvertures en forme de demi-cercle qui se trouvaient de part et d'autre. Il n'y avait aucune trace de poussière ou de toiles d'araignées contrairement à l'image que l'on a souvent de ce lieu. Lauren était bien trop maniaque pour ça. Maddie fut juste étonnée par la quantité de boîtes et objets divers qui s'y trouvaient. Il fallait dire que ça faisait longtemps qu'elle n'y était pas montée. Lors de son tour d'horizon, elle reconnut sans mal divers tableaux qui la replongèrent dans le passé. Elle comprit alors sans mal qu'une bonne partie de ces cartons étaient là suite au déménagement des affaires de ses grands-parents maternelles. Sa maman lui avait dit lors des vacances d'avril qu'elle avait enfin pu se résigner à mettre en vente leur maison. Il lui aura fallu presque deux ans pour franchir ce pas.

Voir ces objets rendit Maddie nostalgique. C'était naturel après tout, même si elle avait fait son deuil. On pouvait alors voir qu'elle était bien moins agitée et se montrait plus précautionneuse dans ses mouvements. Elle ne voulait vraiment pas risquer d'endommager quelque chose. Elle s'en voudrait bien trop. Elle ne se laissa néanmoins pas envahir par son envie de se replonger dans le passé. Elle gardait bien en tête son objectif de trouver le fameux carton déposé par son père où se trouvait son ancien matériel d'équitation. Le connaissant, elle se dit qu'il ne s'était sans doute pas embêter à aller caser la boîte au fin fond du grenier. Elle commença alors sa fouille non loin de l'entrée.

Elle s'assit en tailleur et souleva alors le couvercle du premier carton qui tomba sous sa main. Juste de la paperasse. Elle le referma alors sans fouiller. D'un glissement, elle se mit face au second et l'ouvrit à son tour. Une nouvelle fois, le contenu n'avait rien à voir avec ce qu'elle cherchait. Cependant, son intérêt était éveillé. Il lui semblait qu'il s'agissait de vieux cahiers d'école. Maddie ne résista pas et saisit le premier. Sur la première page, il était écrit "Lauren Joy - Year 3 - Primary school". Elle sourit de cette découverte et fouilla les pages, puis les différents livrets à la découverte des années d'école de sa mère. Cela l'amusa et, il fallait l'avouer, elle se moqua aussi pas mal des petites étourderies dans les contrôles et surtout de certains commentaires concernant les bavardages que certains professeurs indiquaient dans ses bulletins. Les chiens ne faisaient décidément pas des chats...

Finalement, le licol pouvait bien attendre un peu. Elle ouvrit un troisième, puis un quatrième carton et fouina dedans rapidement, jusqu'à trouver quelque chose de croustillant à se mettre sous la dent. Le cinquième l'intéressa bien moins. Il était constitué de chemises renfermant des papiers. Des trucs notariés pour l'essentiel, la barbe pour une ado de bientôt seize ans. Avant même d'atteindre le fond, elle décida de couper court à cette boîte et saisit alors les trois-quatre chemises sorties pour les ranger. Dans un geste maladroit, les papiers glissèrent de leur pochette pour se répandre sur ses genoux avant de glisser vers le sol. "Et merde !" s'exclama-t-elle par réflexe alors qu'elle commençait déjà à tout rassembler. Elle souffla en constatant qu'il ne lui restait plus qu'à trier ce bazar pour remettre chaque papier dans la bonne chemise cartonnée. Elle essaya de faire cela rapidement tout en se disant que c'était fini, elle ne fouillerait plus. Forcée de lire un minimum chaque papier, ses yeux rencontrèrent un mot qui la fit se figer : "adoption". Alors que son pouls s'accélérait, elle emmena la feuille plus près son visage. Elle reprit sa lecture depuis le début peinant à réaliser ce qu'elle avait entre les mains. Le jargon juridique était difficilement clair, mais il aurait fallu être bête pour ne pas comprendre cette phrase "Adoption plénière de Lauren, Sophia CRAYLE". Elle tremblait presque tant elle était sous le choc de cette découverte. Elle avait l'impression d'avoir trouvé le Graal.

Comme elle l'avait dit à Hidjatou, sa correspondante béninoise, dans ses lettres, elle avait toujours eu en elle cette curiosité d'en connaître davantage sur ses origines, mais ce n'était devenu une réelle envie qu'une fois son grand-père décédé. Peut-être était-ce une question de respect ou bien que son grand-père avec une place telle dans son cœur, qu'il effaçait ce manque. Depuis quelques mois maintenant, elle se posait beaucoup de questions. Elle avait abordé le sujet une unique fois avec sa maman. C'était en avril dernier. Lauren lui avait répliqué qu'elle ne savait rien au sujet de ses parents biologiques. Elles en étaient donc restées là. Cependant, maintenant, Maddie avait en main le premier élément de réponse : le vrai nom de famille de sa maman. Crayle. Se le répéter lui faisait toujours autant d'effet. Elle n'en croyait pas ses yeux.

Sans réfléchir plus longtemps, elle laissa en plan le grenier en désordre et redescendit l'échelle. Elle dévala les escaliers et retourna précipitamment dans la cuisine. Sa mère n'y était plus.

"Maman ?" pas de réponse. Elle poussa alors davantage sur sa voix : "T'es où, Maman ?!" "En haut !" répondit lointainement Lauren. Rebelote, elle remonta les escaliers. Elle poussa la porte de la chambre de sa mère et l'aperçut. "Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda Lauren avec douceur. Maddie se sentit d'un coup fébrile. Elle ne savait pas trop comment aborder le sujet. D'un côté, elle était euphorique de sa découverte et de l'autre, elle savait qu'elle ferait l'effet d'une bombe à sa maman. Apprendre comment on s'appelle à plus de quarante ans, ce n'est pas rien !

Hésitante, Maddie sentait sa main devenir moite sur le papier. Elle avança alors que Lauren continuait à ranger du linge dans l'armoire. Une fois qu'elle était à proximité de sa mère, elle se contenta de dire : "J'ai trouvé ce papier dans un carton." "Ah, voyons voir ça." dit Lauren en récupérant la page. Maddie se mordit la lèvre en regardant sa mère prendre connaissance du contenu. Elle se préparait à la prendre dans ses bras même si elle ne savait pas si ce serait pour célébrer la nouvelle ou pour l'aider à s'asseoir face au choc de la découverte. Cependant, à peine quelques secondes après, Lauren se contenta de lâcher la feuille sur son lit, sans réelle émotion dans le regard outre peut-être celle de la gêne.

"T'as passé l'âge de mettre ton nez partout, Maddie !" lui dit-elle. Maddie était scotchée. "Non, mais, t'as vu ce que c'était ?" dit-elle en récupérant le papier. "Y'a ton nom dessus. Le vrai ! Ca t'fait rien ?" Sa voix basculait dans les aigües tant elle ne comprenait pas la réaction de sa mère. Qu'est-ce qu'elle était en train de lui faire ? La visage fermé, Lauren reprit la parole : "J'étais déjà au courant de l'existence de ce papier." "Tu quoi ?" répliqua Maddie. La colère montait en elle désormais. "Tu le savais déjà quand je t'ai posé des questions en avril ?" Lauren s'assit alors sur son lit, visiblement peinée de la tournure que prenait cette belle après-midi. Il lui fallait néanmoins être honnête avec sa fille. "Oui, je savais..." "J'hallucine !" dit Maddie en prenant sa tête entre ses mains. "Calme-toi ! Laisse-moi t'expliquer. Je ne te l'ai pas dit parce que je savais que tu allais vouloir en savoir encore plus derrière. Je te connais et je ne dis pas que ce n'est pas légitime de ta part. Mais comprends aussi que moi, je ne le veuille pas. J'ai le droit de ne pas vouloir savoir." dit-elle de façon affirmée alors que des larmes roulaient sur ses joues. Face à ces mots et à ces larmes, Maddie se calma aussitôt et s'assit sur le tabouret de la coiffeuse. Un silence régnait désormais.

"Je comprends." finit par dire l'adolescente alors que des larmes coulaient à son tour sur son visage. Lauren s'approcha et enlaça son enfant. "Merci." lui glissa-t-elle. "Je t'aime, Maman. dit l'adolescente, la tête enfouie dans le cou de sa mère. Lauren ne répliqua pas, mais l'intensification que prit l'étreinte ne laissa pas planer le doute quant au fait qu'elle était touchée d'entendre ces mots et qu'elle ressentait bien évidemment la même chose. Après quelques secondes, Maddie mit fin à ce moment de tendresse et alla récupérer le papier. "Je vais aller le remettre à sa place." indiqua-t-elle. Lauren lui répondit par un simple "Ok." et laissa sa fille partir.

Maddie se sentit comme vidée lorsqu'elle quitta la pièce. Elle avait l'impression qu'un tourbillon était passé dans son cerveau entre la découverte du nom de Crayle et le fait d'apprendre que sa mère lui avait menti droit dans les yeux. Décidément, à chaque fois qu'elle revenait chez elle, il y avait une nouvelle histoire. Elle commençait à en avoir marre. Lasse, elle remonta l'échelle qui menait au grenier et glissa le papier dans sa pochette avant de tout remettre dans le fameux carton. Elle se remit en recherche du licol et mit enfin la main dessus après quelques nouvelles minutes de recherches. Même si elle ne s'en sentait plus trop l'énergie, elle voyait en cette balade avec le nouveau voisin un moyen de s'aérer l'esprit. Elle se tourna pour finalement pour reprendre l'échelle en sens inverse. Néanmoins, elle ne put s'empêcher de poser son regard sur le carton où était rangé le papier d'adoption. La mâchoire serrée, elle marqua une pause. "Moi, j'ai le droit de savoir." dit-elle pour elle-même, en remontant la marche. Elle réouvrit la boîte, récupéra la feuille et la glissa dans sa poche avant de partir frapper à la porte du garçon.

En absence partielle jusqu'au 28 avril
~7ème année RP~
Préfète-en-Chef - Remplaçante des Hel's Angels - Membre du club de Bavboules.
Code couleur : 3d85c6