Mes cours de la journée étaient terminés. Mon dernier cours était de loin l'un de mes préférés : la Botanique. J'adorais cette matière et je ne perdais jamais une occasion pour le dire. Mais si cette fois je suis restée plus longtemps que prévu près des serres, ce n'est pas uniquement pour profiter davantage des diverses plantes incroyables qui s'y trouvent. Mais bien parce que j'attendais la venue de quelqu'un.

En réalité depuis hier j'ai beaucoup pensé à lui. Je vais mieux , mon passage à l'infirmerie a fait son effet. Et alors que j'ai pu finalement retourner en cours aujourd'hui l'esprit plus lucide, je commençais à me demander beaucoup de choses à son sujet. Je voulais surtout comprendre ce que j'avais bien pu faire pour le mettre si mal à l'aise avec moi. C'est pour cette raison que je me suis finalement renseignée sur lui, en secret bien entendu. Et à bien y réfléchir, c'était sans doute de le faire ainsi. Mais je ne sais pas pourquoi je crois que je n'osais juste pas aller le voir lors du déjeuner et lui dire quelque chose du style :

Coucou Lukas, tu te souviens de moi ? On s'est croisé hier et en fait tu n'étais pas à l'aise et donc du coup je t'ai laissé en plan au milieu du couloir.

Non, décidément, je ne pouvais pas faire ça. Il fallait donc que je trouve le moment opportun pour lui parler, m'excuser une nouvelle fois et essayer de me racheter. Et j'avais finalement trouver l'opportunité parfaite en le voyant finalement au déjeuner avec des garçons qui sont également de première année je crois. Et puisque je sais être maligne, j'ai même pu parler avec l'un d'eux. Et ce qu'il m'a révélé m'a aidé à organiser la fin de ma journée.

C'est grâce à tout ce processus que je suis là. Encore au plus près des serres de botanique. Car il paraît que Lukas se sent relativement bien au contact des plantes. Je l'attendais donc, en espérant qu'il ait envie d'y aller après son cours de vol de cet après midi. Je souriais doucement en me montrant patiente. Un garçon qui aime la nature et les plantes. C'était une bonne chose. Cela prouvait qu'il était quelqu'un de bien. Ou du moins quelqu'un avec qui je pouvais bien m'entendre. Il fallait donc que ça marche. Je n'aimais pas savoir être en mauvais terme avec quelqu'un. Je ne pouvais pas rester avec cette situation dans un coin de ma tête une journée de plus.

C'est alors que je le vis arriver. J'avais envie de l'accueillir directement mais je me disais que cela pouvait le faire fuir. Nous ne sommes pas amis, après tout. Et peut-être qu'après ce qu'il s'est passé hier, il ne veut même plus me voir. J'eus soudainement mal au cœur mais le courage que j'ai hérité de ma maman reprend quand même un peu le dessus et je décide finalement d'aller jusqu'à lui.

- Lukas !

Je lui fais un petit signe de la main accompagné d'un sourire. Et une fois que je suis bien devant lui, je me lance pour être certaine de ne pas faire marche arrière...

- Je voulais te remercier pour t'être inquiété pour moi hier et pour avoir voulu m'aider .. mais aussi m'excuser de ne pas avoir été de meilleure compagnie... Je n'ai pas du te donner une très bonne image des deuxième année... Je suis désolée..

Je souris plus tristement puis sors finalement ce que je cachais derrière moi pour le lui tendre en souriant gentiment.

- Une suçacide pour renouer les liens. J'espère que tu aimes ça ?

Mais alors que j'attendais de savoir s'il allait l'accepter , je me suis demandée : Et s'il la refuse, je fais quoi ?


@Lukas Sharp, et voilà j'espère que ça te plaira
@Narcisse Brando pour la mention.

La journée avait été des plus éreintantes : une professeure qui se mêlait de ce qui ne la regardait pas, et un balai qui n'avait pas voulu coopérer. J'avais la nette impression que cette semaine s'empirait de jour en jour, et j'espérais que le weekend arrive au plus vite. Avant que les serres ne ferment, j'avais donc voulu aller y faire un tour, pour récupérer un peu l'oxygène perdu durant la journée. Je n'avais pas encore décidé de la serre dans laquelle j'allais me rendre, alors je choisis l'option de l'instinct et, les mains dans la poches, traversais la serre numéro 6 qui regroupait les plantes des élèves.

La tête baissée, concentré sur le chemin que j'essayais d'emprunter, je relevai la tête lorsque j'entendis mon prénom. Un rapide coup d'œil dans la pièce me fit comprendre que la seule interlocutrice en face de mot était Mary. J'avais pourtant bien entendu, il n'y avait aucun doute, mais par précaution, je me retournai pour vérifier que c'était bien moi qu'elle avait appelé. Personne. C'était donc bien moi. Son petit salut de la main m'était donc destiné. Comment savait-elle que j'allais être ici à cette heure-ci ? Par politesse, je lui offris un sourire quelque peu fatigué, mais présent.

Venait-elle déposer sa plante ? Allait-elle vouloir me parler ou juste me saluer ? Une bataille de questionnements prenait place dans ma tête à mesure que j'avançais. Une chose était sûre, elle aussi avançait vers moi avec visiblement quelque chose en tête. La revoir me ramena directement à la scène vécue la veille. Je n'avais pas envie d'y repenser, pas aujourd'hui, pas ce soir, mais j'y étais contraint. Je commençai donc à m'inquiéter de ce que j'allais entendre. J'aurais voulu courir, repartir et dormir jusqu'au lendemain... Je n'étais même pas encore dans la serre tropicale que mes mains étaient déjà moites. J'avançais par automatisme.

- Je voulais te remercier pour t'être inquiété pour moi hier et pour avoir voulu m'aider .. mais aussi m'excuser de ne pas avoir été de meilleure compagnie... Je n'ai pas du te donner une très bonne image des deuxième année... Je suis désolée..

Je regardais autour de moi, cherchant à comprendre ce qu'il se passait. J'étais tellement fatigué que je n'arrivais plus à discerner le vrai du faux. Je me frottais les yeux de ma main gauche, comme pour me réveiller, mais cela ne changea rien.

- Ah, euh.. Rien. Non, 'fin c'est rien, balbutiai-je d'une petite voix.

Je n'osais pas en rajouter ou m'expliquer. Je ne savais pas ce qu'elle attendait de moi et cela m'angoissait. J'aurais voulu ne plus la croiser pendant un mois pour qu'elle ait le temps d'oublier, mais au lieu de cela, elle était revenue à la charge. Je m'étais repassé la scène en boucle, repensant à chaque moment où j'aurais pu changer le cours des choses, jusqu'à épuisement. Je l'entendais s'excuser, alors que c'est moi qui aurais dû m'excuser. Mon père m'aurait d'ailleurs donné une tape derrière l'oreille, s'il avait su.

Peut-être allait-elle prendre mon mutisme pour de l'insolence, mais je ne pouvais m'empêcher d'analyser chacun de ses gestes. Dès que j'évaluais un de ses sourires dans la balance des positifs, je trouvais une contre raison pour l'emmener dans les négatifs. Elle souriait ? Oui, mais c'était pour mieux se moquer. Elle était venue jusqu'ici pour me trouver ? Oui, mais c'était pour me critiquer. Elle me prenait une suçacide ?

- Une quoi ?, demandai-je interloqué. Je baissai les yeux vers l'objet tendu et découvris quelque chose qui ressemblait fortement aux sucettes que la boulangerie de mon village vendait.

Je souris, touché de l'attention et la remerciai. Je ne savais pas si j'aimais et décidai de ne pas répondre à sa question. Un sourire suffirait. Puis quelques secondes passèrent et je m'interrogeai : Avait-elle fait tout ce chemin pour m'offrir une sucette et repartir ? Maintenant, ne la voyant pas partir, c'était à moi de faire un effort et de communiquer.

- Tu venais ici pour les serres ? , demandai-je avec précaution, contrôlant cette fois chacun de mes mots.

@Mary Bain

Il semblait fatigué. Non ? Ce n'était qu'une impression ? En tout cas, il m'a répondu. Et c'est déjà une étape de franchie. Alors même si je m'attendais peut-être à un autre accueil, j'étais contente du résultat et je décidais de ne pas lui en tenir rigueur et de ne surtout pas abandonner. Je garde donc mon sourire et reste face à lui, en soutenant le plus possible son regard. Il acceptait mes excuses, après tout. Donc je n'avais aucune raison de le fuir. Enfin, je crois. Je pense qu'à sa manière, en me disant que ce n'était rien, cela signifiait qu'il ne m'en voulait pas et qu'il était passé à autre chose. Pourquoi en serait-il autrement, de toute façon ? Bien entendu qu'il est passé à autre chose. Il n'y a qu'une fille comme moi pour y repenser et se sentir mal de la tournure des événements.

Je décide alors de garder mon courage et de lui offrir cette fameuse suçacide. J'adore ces confiseries. Elle est également la préférée de William, l'un de mes petits frères. J'ai donc l'espoir de pouvoir lui faire plaisir en la lui offrant. Mais encore une fois, j'étais totalement à côté de la réalité. Il ne réagit pas vraiment comme je l'avais imaginé. Même pas du tout. Il ne semble même pas savoir ce que c'est et je dois bien avouer que je me sens assez bête finalement. Il ne connait pas les suçacides. Mais en même temps personne ni rien ne me confirmait le contraire. Il ne vient peut-être pas d'une famille de sorciers ou alors d'une famille de sorciers qui refuse de donner des suçacides à ses enfants. Cela peut arriver. Du moins, je crois. Je m'apprêtais donc à la garder lorsqu'il finit par me sourire et par accepter mon cadeau.

Je souris de plus belle, heureuse.

- Tu verras, c'est délicieux ! Je suis certaine que ça te plaira !

Un petit silence s'installa alors entre nous et je me pinçais la lèvre inférieure. Il serait peut-être temps pour moi de partir ? Il ne veut peut-être pas discuter avec moi. J'allais donc ouvrir la bouche mais il le fit avant moi et je fus assez surprise. Mais c'était une bonne surprise. Le fait qu'il me parle et me pose une question prouvait qu'il n'était vraiment pas fâché contre moi et cela me soulageait.

- A vrai dire, je sors de mon cours de botanique !

Je ris légèrement en regardant un peu autour de nous puis reporte mon attention sur lui.

- Mais si je suis restée un peu plus longtemps, c'était pour espérer te croiser, oui. J'étais triste que ce se soit passé ainsi hier. Je n'aime pas vraiment repousser les autres. Je voulais donc me faire pardonner au plus vite !

Je lui souris doucement.

- Tu viens t'occuper des plantes tous les jours après les cours ?

@Lukas Sharp

Si j'avais dû ne retenir qu'une seule chose de cette soudaine visite, c'était sa joie. Contrairement à hier où ses sourires pouvaient peut-être sembler forcés, aujourd'hui, ils semblaient tous sincères. A côté, sa suçacide semblait insipide.

Je me plaisais à la regarder sourire. Me sourire. Pourquoi fallait-il toujours parler dans une discussion ? Pourquoi ne pouvions-nous pas nous allonger, apprendre des autres en les observant, sans rien dire ? Les yeux parlent tellement plus. Cela m'aurait évité des heures à regretter des mots que je n'avais pas su placer correctement.

Mary me semblait agitée et distraite lorsque je la vis regarder autour d'elle en riant. Ce n'était pas habituel pour moi de rire après avoir expliqué que l'on sortait d'un cours de botanique. Je tentai de comprendre son comportement en imitant son regard, posant mes yeux là où elle avait posé les siens. Je ne voyais personne autour, ce n'était donc pas non plus lié aux plantes qui nous encerclaient.

- Mais si je suis restée un peu plus longtemps, c'était pour espérer te croiser, oui. J'étais triste que ce se soit passé ainsi hier. Je n'aime pas vraiment repousser les autres. Je voulais donc me faire pardonner au plus vite !

Oh. Peut-être était-ce de la gêne ou tout simplement la tristesse qu'elle mentionnait. Je n'avais pas envie de me replonger dans cette histoire qui m'avait déjà pris toute la nuit. Mon attention s'en était déjà trouvé fort affaiblie. Ainsi, par un rapide geste et un sourire, je lui fis comprendre que ce n'était rien. Peut-être qu'on en reparlerait dans dix ans, en riant et en expliquant ce que l'un pensait quand l'autre pensait autre chose... Mais pas aujourd'hui. Pas ce soir. Ce soir, je voulais arrêter de trop penser.

Lorsqu'elle me demanda si je venais m'occuper des plantes tous les jours, je ne pus m'empêcher de lâcher un petit rire. Elle m'imaginait donc ici comme un assistant des plantes, alors que je n'y faisais rien. Je n'étais même pas encore allé voir le professeur pour être son assistant, mais voilà qu'elle m'en donnait l'idée.

- Oh non, j'ai pas apporté de plantes. Je savais même pas qu'on pouvait, fis-je en regardant les quelques plantes déposées par les élèves. Non, en fait, je viens ici pour..., repris-je en hésitant, pour les observer. A cet instant, j'avais plongé mes yeux dans les siens pour tenter de déceler la moindre petite lueur de jugement. Tu trouves ça bête ?

Cette soirée bonus que j'avais gagnée avec elle, alors que je pensais l'avoir fait fuir pour au moins une année, me poussait à me justifier. Je n'avais pas envie qu'elle prenne ne serait-ce qu'une seconde pour juger ce que je faisais ici. Poussé par l'entrain et l'excitation du moment, je faillis lui saisir la main pour l'amener vers ma serre préférée. Je me ravisai juste à temps, avant de faire encore une bêtise, et ma main finit sa course dans mes cheveux.

- Parce que regarde, c'est dingue toutes les serres qu'il y a ici !

Je m'étais approché de la porte d'une d'entre elles, posant ma main sur la porte et me retournant vers Mary.

- Là-dedans, c'est la serre Méditerranée. Et tout là-bas, fis-je en montrant l'opposé de la salle, c'est la serre tropicale, ma préférée. Je les visite une par une, alors j'ai pas encore fait celle-ci, lançai-je en tapotant la porte de ma main toujours posée contre celle-ci. La joie de faire découvrir un lieu que j'appréciais à quelqu'un redescendit lorsque je me rendis compte de ma stupidité.

- Ah, mais je suis bête, tu connais déjà tout ça, toi, fis-je confus, rouge de honte.

Il se détendit finalement. J'en étais soulagée. J'ai pu le voir sourire mais aussi rire. C'était léger et rapide. Mais je l'ai vu quand même. Et je dois bien avouer que cela a réchauffé mon cœur. J'aimais bien mieux ce genre de rencontres et de contacts. J'étais beaucoup plus sereine désormais. Je joins mes mains dans mon dos et souris un peu bêtement, tellement je suis soulagée que cela se soit arrangé si vite. Je secoue la tête négativement.

- Je ne trouve pas ça bête. Pas du tout même. Je te comprends car j'aime bien les observer aussi !

Je lui souris, avec bienveillance et honnêteté. Je le vois ensuite être envahi d'une certaine euphorie et je n'ose pas l'interrompre. Il est assez drôle et surtout assez mignon quand il est comme ça. Il me présente alors toutes les serres et je suis chacune de ces explications avec intérêt comme si je ne savais pas encore tout ça. Il finit cependant par se rendre compte de la réalité et je continue de lui sourire.

- Je connais les noms et emplacements des serres mais je suis certaine que tu dois connaître des coins et des plantes mieux que moi. Tu me fais faire le tour de tes plantes préférées ? J'aimerais beaucoup les découvrir !

Sourire aux lèvres, je garde mes mains dans mon dos et cours doucement jusqu'à lui pour être tout près de lui.

- On y va ? J'aimerais beaucoup découvrir ta passion Lukas !

@Lukas Sharp

En réponse à ma bêtise, Mary m'avait rassuré et me proposait même de lui offrir une visite des serres. Un rapide coup d'œil à l'heure pour vérifier qu'elles n'allaient pas fermer tout de suite, je réfléchissais à la serre que j'allais visiter. La curiosité à visiter d'autres serres me donnait envie de lui proposer une serre que je n'avais pas encore visitée, mais je savais que je n'arriverais pas à maintenir la conversation si j'allais passer tout mon temps à analyser les plantes. A l'heure où je marchais sur des œufs pour ne pas finir comme lors de notre rencontre dans les couloirs, je choisis l'option d'une serre que je connaissais.

- Hmm.... Peut-être qu'on pourrait aller dans la serre trop..., commençai-je à proposer. En prononçant le dernier mot, je me rappelai soudain que cette serre était extrêmement humide et n'était sûrement pas propice pour l'occasion. Je ne savais pas ce qu'elle connaissait des serres, et peut-être que l'emmener dans une serre chaude n'était pas la meilleure chose à faire. En fait, mes plantes préférées sont dans la serre tropicale..., repris-je en me grattant l'arrière de la tête, mais il fait chaud.. Je sais pas si t'es à l'aise avec ça ?

J'avançais vers la salle du fond et donc de la serre tropicale. J'entrouvris la porte que je maintenais par mon pied gauche et vérifiais si elle était déjà occupé. Je penchai la tête vers le petit sas où les tables et les chaises se trouvaient et remarquai qu'elle était vide.

- Si ça te dit, on peut poser nos affaires ici et aller directement voir la serre. , lui proposai-je en souriant.

J'avais l'habitude de porter un pull dans la serre tropicale de mes parents, mais ne sachant pas si elle était à l'aise avec cette idée, je préférais m'inclure dans la proposition. Cela ne me dérangeait évidemment pas, même si j'aimais porter mon gros sweat à tout moment.

L'idée de retourner dans cette serre, n'importe quel jour, m'enchantait à chaque fois. Ce coin était reposant et sans besoin de magie. J'y étais confortable.

@Mary Bain pardooon pour le retaaard.

J'avais hâte d'en apprendre davantage sur lui. Je voulais réellement que notre première rencontre ne soit plus qu'un lointain souvenir et que l'on puisse en rire une prochaine fois. Je voulais vraiment rattraper ce moment qui fut désagréable pour lui comme pour moi. Et je n'avais rien trouvé de mieux que de partager ses goûts et sa passion. Je pense qu'il y a pire que de devoir visiter les serres, par exemple. Après tout, j'aimais bien être ici moi aussi.

- Hmm ?

Je le regarde en penchant légèrement la tête sur le côté. Il n'a pas fini sa phrase et je me demande bien pourquoi. Je n'ai cependant pas le temps de me poser davantage de questions puisqu'il continua sa phrase et la termina cette fois. Je l'écoutais me proposer la serre tropicale et le suivis en même temps jusqu'à la porte nous y menant.

- La serre tropicale, donc.. Hâte de découvrir quelles sont tes plantes préférées !

Je lui souris et acquiesce lorsqu'il me propose de poser nos affaires avant d'aller se balader dans la serre souhaitée. Mais mon regard finit par s'attarder davantage à Lukas. Principalement à sa tenue vestimentaire. Car je voyais parfaitement que sous sa robe de sorcier, il avait un pull. Je me pince la lèvre puis lève les yeux pour regarder les siens en continuant de sourire.

- Mais tu es sûr de pouvoir y entrer, habillé de cette façon ? Tu risques vraiment d'avoir chaud avec un pull, non ?

Tout en lui posant la question, je décide de m'attacher les cheveux en queue de cheval assez relevée. Cela m'évitera d'avoir trop chaud avec mes cheveux qui me collent au cou. Je me rendis cependant vite compte que ma question pouvait être mal interprétée et je me suis empressée de la corriger.

- Je ne te dis pas de retirer ton pull. Je te rassure. Seulement, ne sois pas gêné à l'idée de le retirer si cela peut te permettre d'être plus à l'aise. D'accord ?

Je lui souris, bienveillante.

- Moi en tout cas, je suis prête à te suivre où que tu ailles !

@Lukas Sharp, tu es pardonné

Mary semblait partante pour visiter la serre tropicale. Je me demandais d'ailleurs combien de fois l'avait-elle visitée, combien de plantes elle connaissait sûrement déjà. Peut-être même mieux que moi. A cette pensée, j'en vins à me demander si elle avait déjà été voir les filets du Diable qui me faisaient de l'œil depuis quelques semaines. Prenant mon temps pour observer les autres plantes, je l'avais laissée de côté, rebuté par son nom qui m'effrayait un peu. Puis, coupé dans mes pensées, Mary s'étonna de ma volonté à entrer dans cette serre, habillé d'un gros pull. Sa préoccupation me décrocha un petit rire qui se voulait discret et poli. C'est vrai que toute personne sensée se serait questionnée sur ma santé mentale en me voyant rentrer là-dedans, mais j'étais tellement habitué aux serres et à la chaleur que je ne sentais plus la différence. A son interrogation, elle ajouta précipitamment une consigne à laquelle je n'avais même pas pensé. Je ne savais pas à quel moment j'aurais pu pensé qu'elle me proposait de retirer mon pull, mais cela me fit à nouveau rire. On était loin du dialogue de sourds de la veille. Ne souhaitant rendre l'ambiance gênante, je ne relevai pas le possible quiproquo, et au contraire, lui offris un petit sourire bienveillant.

- T'en fais pas, j'ai l'habitude des serres en fait. Mes parents en ont installé deux dans notre jardin. Et j'traîne dedans depuis que j'suis tout petit, alors en pull ou en t-shirt, c'est pareil pour moi. Je ne cessais de sourire en lui donnant quelques informations essentielles à mon comportement. Mon sourire aurait pu sembler faux, si l'on pensait à notre rencontre de la veille, mais au contraire, j'avais tourné la page et considérait cette rencontre comme une première.

Je tenais donc la porte pour la laisser entrer après moi - la précipitation m'en fit oublier mes manières - et posais ma robe de sorcier sur la table. Elle me gênerait plus qu'autre chose et à cette heure-là, je doutais d'être réprimandé par un professeur. Une fois la robe posée en boule sur la table, je passais le premier sas qui délivrait l'humidité de la pièce. Instinctivement je souriais de retrouver ce spectacle qui n'avait pourtant pas changé depuis la dernière fois. Je me retournais pour vérifier que Mary m'avait suivi et commençais à me détendre, alors que la chaleur aurait voulu le contraire.

Je longeais le petit étang pour me placer en face et m'accroupis pour tapoter l'eau avec mon index et mon majeur, comme à mon habitude. Puis, sans ne rien dire, je me relevai et me retournai vers les autres plantes.

- En fait, j'aime surtout l'ambiance ici, fis-je en plaçant les mains dans la poche kangourou de mon sweat. Je m'approchai des Dionées, vérifiai qu'elles ne mourraient pas de faim, et continuai mon chemin vers le fond de la pièce. J'arrivais devant le Rafflesia. A nouveau je m'accroupis devant la plante tout doucement, puis, attiré par la plante, je décidai finalement de m'asseoir en tailleur face à elle. Je relevai la tête vers Mary puis lui proposer de s'asseoir, par un simple regard, lui laissant le libre choix de rester debout si elle le désirait.

- Tu connais ?, lui demandai-je d'une petite voix. La première fois que je l'ai vue, j'y croyais pas. C'est super dur d'en conserver en dehors de leur milieu naturel. En donnant cette explication, je jouais avec la terre brune et les petits cailloux qui s'y trouvaient. Après... J'comprends que ce soit dur, vue l'odeur qu'elle dégage... Y a que les sorciers pour pouvoir le supporter. A mesure que j'évoquais ma thèse, je réfléchissais aux raisons. Oh, mais t'es une sorcière, toi ! Tu connais un sort pour être protégé d'une odeur ? Je la regardais avec un air intéressé, n'ayant aucune idée du nombre de sorts qu'elle connaissait, mais la prenant déjà pour une super sorcière.

J'apprends rapidement que sa famille possède des serres et qu'il en a donc l'habitude. Je suis presque impressionnée et la curiosité prend rapidement le dessus. Je lui souris.

- Et vous avez quel genre de plantes dans vos serres ? Des plantes magiques ?

Il entre en premier et je le suis sans tarder. Je le regarde retirer sa robe de sorcier et la poser en boule. Est-ce que je dois faire pareil ? Je ne me sens pas forcément à l'aise à l'idée de quitter ma robe de sorcière. Alors je préfère la garder. Il vérifie que je le suis et je trouve ça adorable. Je lui souris alors quand nos regards se croisent.

- Ne t'inquiète pas, je te suis. Promis, je ne disparais pas !

Je ris doucement. Il me conduit jusqu'au petit étang. Puis auprès d'autres plantes. Je vois bien que cet endroit le passionne et j'aime voir ses yeux remplis d'étoiles. Je trouve même que regarder ses yeux ébahis est bien plus intéressant que de regarder les plantes de la serre. Je souris doucement et continue de l'observer discrètement. Il est réellement adorable.

- Hmm ?

Nos regards se croisent alors qu'il est assis et qu'il me demande si je connais la plante devant laquelle on s'est arrêté. Je la regarde un instant puis le regarde de nouveau.

- Un Rafflesia...

Je souris doucement puis m'assois juste à côté de lui. Je regarde la plante qui semble tant l'intéresser.

- Malheureusement...

Je me pince la lèvre avant de rire. C'est plus fort que moi.

- Je ne peux pas t'aider sur ça...

Amusée, je tourne la tête pour le regarder.

- Peut-être que tu l'apprendras avant moi. Tu sembles bien plus intrigué que moi au sujet des plantes. Je souris. Tu as toujours été passionné par les plantes ? Tes parents t'ont transmis cette passion peut-être ?

@Lukas Sharp

Elle était venue s'asseoir à côté de moi, écoutant avec attention tout ce que j'avais à lui raconter sur cette plante qui me fascinait tant. Elle écoutait sans jugement, ou du moins, elle n'en avait pas l'air. En répondant à ma question sur les sorts, je remarquai qu'elle avait ce petit tic de se pincer la lèvre qui précédait toujours un sourire ou un rire. J'essayais de ne rien laisser paraître, mais cela m'intriguait. Analyser les gens n'était jamais chose aisée, mais analyser une fille l'était encore moins.

Lorsqu'elle m'interrogea sur ma passion des plantes, j'oubliais mon analyse et repensais à mes parents. D'un petit soupire de manque, je fixais le sol en pensant à eux.

- Oui, mes parents ont la même passion et je joue avec la terre et les plantes depuis que je suis tout petit. Ma mère n'est pas trop plantes magiques, parce qu'elle s'en est lassée, et mon père lui, préfère les plantes qu'il peut contrôler, fis-je en un petit rire, amusé par les quelques souvenirs que j'avais de lui, effrayé par des plantes hurlantes. J'avais pas vraiment le choix que d'aimer, je crois.

En lâchant cette dernière phrase, je remarquais que je n'avais pas eu tant de centres d'intérêt que cela. J'adorais les plantes et rien ni personne ne pourrait me séparer de ce monde, mais je ne me connaissais peut-être aucun autre intérêt et me demandais pourquoi mes parents avaient été si fermés sur la botanique.

En revenant vers Mary, je m'arrêtais à nouveau sur son pendentif et me pris au jeu des questions.

- Et toi, c'est quoi ce collier ?, demandai-je timidement.

Il m'intriguait depuis que je l'avais remarqué, je ne savais pas à quel autre moment je pouvais aborder le sujet, et pris la décision qu'aujourd'hui était le bon moment. Aujourd'hui, dans cette serre, alors que nous étions les deux côte à côte.