Cela faisait quelques jours, semaines, qu'Alyssa avait rencontré Wayne Chandler pour la première fois dans un pur hasard, au détour d'une mélodie à l'étrange sonorité. Depuis, la Gryffondor avait banni de son esprit cette rencontre qui s'était révélée fort troublante pour son esprit, ou plutôt pour son cœur. Cependant... Quelque chose ne cessait de lui remémorer ce jour-là. Et ce quelque chose était cette veste de garçon froissée tout au fond de sa grosse valise. Que cette veste soit masculine n'était pas le problème, Alyssa ne portait rien de bien féminin à part quand elle patinait, mais comment expliquer la présente d'un vêtement bien trop grand pour elle dans ses affaires ? Wayne lui avait donné cette veste, ou plutôt avait oublié de la reprendre, et depuis la jeune fille vivait dans la crainte que qui que ce soit le découvre.

Comment pourrait-elle expliquer à ses camarades de dortoirs qu'un garçon lui avait donné une veste lorsqu'elle avait dit (prétexté) être malade ? Les autres Gryffonnes jaseraient complètement et s'imagineraient des scénarios dignes des comédies moldues qu'Alyssa n'aimait guère -celles-ci la plongeant dans un ennui profond à une vitesse fulgurante. Et puis même, qui pourrait imaginer qu'elle serait amoureuse d'un garçon ? Beurk... Cette pensée lui filait la grimace, elle ne se considérait pas encore assez vieille pour avoir des préoccupations aussi futiles.

Il fallait donc rendre le vêtement en vitesse pour faire disparaître tous les indices. Alyssa avait longuement repoussé ce jour au maximum, imaginant même ne jamais le rendre et le cacher pour l'éternité. Mais cela ne serait pas vraiment correct, n'est-ce pas ? La jeune fille s'était rappelée de sa mère qui soupirait lorsqu'elle oubliait un vêtement au sport par exemple, cette dernière finissait toujours par transplaner avec discrétion pour le lui ramener en vitesse. Est-ce que la mère du garçon serait fâché si elle s'apercevait qu'il lui manquait une veste. La blondinette ne le souhaitait pas.

C'était dans cette réflexion qu'elle s'était mise dans l'esprit de réellement rendre à Wayne sa veste. Et durant ces derniers jours Alyssa s'était littéralement mise à guetter le garçon tel un paparazzi, essayant de trouver le meilleur moyen de lui rendre sa veste et ce, si possible, en vitesse. Mais chaque occasion n'était guère bonne... A chaque fois, Alyssa craignait que le regard du garçon se tourne vers elle et tout son corps s'immobilisait à cette pensée. Elle avait hésité à déposer le vêtement à côté de lui lorsqu'elle l'avait vu au parc ou sur le banc lorsqu'elle l'avait aperçu en pleine lecture. Et même juste la laisser devant sa salle de cours.

Cependant, Alyssa savait que le mieux était d'aller lui parler, bien que son cœur balançait méchamment entre le "oui carrément" et le "oh non plus jamais". Et aujourd'hui, la blondinette l'avait véritablement suivi. Habillée de circonstances dans des habits noirs -le week-end étant les uniformes n'étaient pas de mise, la jeune fille le suivait depuis le petit déjeuner de la Grande Salle, tel un ninja plus ou moins discret. Dès qu'elle sentait qu'il allait se retourner, elle s'immobilisait dans une pose tout à fait naturel d'élève flânant en ce jour de week-end. Et tout ce qu'elle pouvait dire... Wayne en avait fait du chemin pour un samedi ! Et tout cela pour finalement juste se poser dans la cour de l'horloge.

Alyssa voyait donc maintenant le garçon de dos et, encore plus qu'avant, son cœur se mit à battre la chamade. La situation l'embarrassait au plus haut point même si le garçon était assis plutôt à l'écart des quelques élèves qui traînaient dans cette cour pavée. L'idée saugrenue de lui jeter la veste sur sa tête et de s'enfuir ensuite en courant lui traversa l'esprit ; après tout Wayne aurait récupéré sa veste et elle n'aurait même pas eu à croiser son regard, tout le monde serait content n'est-ce pas ? Mais après réflexion cette idée n'était guère adaptée. La Gryffonne lâcha un soupir, elle qui était assez courageuse pour se dresser contre des élèves bien plus âgés, pourquoi n'arrivait-elle pas à faire un simple pas vers un garçon qui ne lui avait rien fait de mal ?

Cela faisait des semaines et des jours que je restais seul, ou du moins, j'essayais du mieux que je pouvais. Cela faisait des semaines que je pleurais dans mon coin sans aucune raison parfois en lisant des lettres de mon meilleur ami ainsi que de notre groupe qui me faisait pleurer de ne pas pouvoir être avec eux.
"Tu les retrouveras aux vacances t'inquiète pas va."

J'érais dans les couloirs, dans le parc parfois je prenais le temps de m'asseoir et de continuer la lecture de mon livre, me plongeant dans celui-ci imaginant les personnages qui jouaient leurs répliques, leurs sentiments, leurs actions aux mille conséquences, aux mille vérités.
"Le dernier que tu as lu était grave bien !"
Celui sur la fille qui voulait devenir une fleur une fois morte ?
"Oui."
J'ai bien aimé moi aussi. Cela m'a fait penser à mon monde avec toute ses fleurs, ses flaques d'eau, ses gouttes, ses petits bruits, oui, je voudrais bien revivre en une magnifique rose noire.

J'avais marché entre ses couloirs de pierres froides laissant au vent la possibilité de jouer avec mes cheveux longs et ma boucle d'oreille. J'avais marché jusqu'à la cour de la tour de l'horloge, m'asseyant dans un coin. Loin des autres.
"T'es repérable avec ta tenue entièrement noire."
Chut, j'aime bien le noir et en plus ma chemise est même pas noire ! Elle est rouge avec des fleurs noires dessus, après oui, le reste c'est du noire.
"De la couleur, c'est déjà ça !"

Je lisais, tranquillement, jusqu'à qu'un 'Tic' me parvenait à mes oreilles, le décompte venait de commencer, oui, mais pourquoi ? Un frisson me parcourait le long de ma colonne vertébrale et puis j'avais senti comme un regard sur moi.
"Alors, oui, il y a sans doute un regard sur toi."
Je me retournais, regardais de qui cela pourrait venir jusqu'à remarquer une petite tête blonde. Je me rassois, dos à elle, avant de lancer sur un ton amusé mais assez fort pour qu'elle entende et que les autres ne fasse point attention :

— On a décidé d'espionner les gens Wright ?

Avais- je dis en continuant ma lecture comme si de rien n'était attendant juste sa petite réponse.

Pourquoi Wayne s'était-il retourné ? L'avait-il repérée ? Ne pouvait-il pas continuer de lire tranquillement son livre ? La fillette se coula dans la pénombre, comptant sur ses vêtements noirs pour la faire paraître plus discrète, réalisant soudainement que ses cheveux bien qu'attachés en une queue de cheval aujourd'hui pouvaient trancher du fait de leur pâleur. Mais le Gryffondor ne sembla pas la voir car il s'était retourné en lisant à nouveau. Alyssa avait fini par remarquer (malgré elle !) que le garçon aimait lire ; il pouvait rester longuement les yeux posés sur les lignes, les cheveux obscurcissant son front.

Et en le revoyant dans cette position habituelle, la jeune fille se détendit en esquissant un sourire presque fier, même vainqueur... Jusqu'à entendre son nom. Non mais c'est pas vrai, il a un troisième œil ou quoi ?!, s'étouffa-t-elle en sentant sa respiration se bloquer, son cœur manquant un battement. La blondinette, essayant de garder son sang froid, examina placidement ses options : nier à bloc, s'enfuir en courant, ou tout simplement s'avancer et répondre. La première option n'était guère crédible, la deuxième option n'était guère gryffondor, et la troisième option était juste impossible. Mais elle était peut-être plus possible que les deux autres.

Alyssa grinça des dents et plongea ses mains dans les poches de sa veste noire -couleur qui avait réussit à la trahir malgré ses précautions. Elle ne sortit pas de l'ombre, elle n'était pas prête à faire un pas et n'offrirait d'ailleurs pas ce plaisir à Wayne. Le garçon, quand à lui, semblait tout à son aise car il restait tranquillement à lire comme si rien ne s'était passé. Alyssa aurait presque cru avoir rêver même si elle avait déjà accepté la fatalité : elle allait bien devoir faire quelque chose. Sans bouger de son emplacement qui était devenu sa nouvelle protection, la Gryffondor lâcha d'un ton plutôt neutre :

- T'espionner ? Jamais de la vie, j'ai pleins de trucs à faire là maintenant tout de suite en fait.

Bon, c'était peut-être une réponse un peu trop défensive ? Mais Alyssa ne s'attendait pas à se faire remarquer avec sa tenue de camouflage !

Le noir peut être une couleur utile comme elle peut être inutile. Et pourtant, on l'attribut à beaucoup de chose, la nuit, l'obscurité, la peur, les ombres, parfois les fleurs, les pleurs, et tant d'autres. Mais l'être humain l'attribut au désespoir, à la tristesse ou encore même à une tristesse trop grande pour soi.
"Chose que tu n'as pas, bien évidemment."

Le vent soufflait, les pétales de fleurs volaient et laissaient derrière eux une odeur florale douce aux narines quant on les respire. Les tic-tac dansaient dans le vent du vide de la pièce de même pour les plif plaf qui se joignaient malgré eux à la musique qui pouvait s'écouter que par moi.
"C'est triste dans un sens."

— Pleins de choses ? Alors pourquoi me regardais-tu ? Ou du moins, qui regardais-tu en étant cachée de la sorte ? Ton amoureux peut-être ?

J'esquissais un petit sourire sans doute visible que par ceux qui n'étaient point de dos ou encore étaient dans mon dos. Cette petite blonde me fait bien rire, ça donne une petite touche de bonheur dans ma triste vie.
"C'est mieux que les pleurs non ?"
Oui.

— Oh, et au lieu de rester cachée jeune fille, sortez donc.

Je ne parlais généralement comme ça que quand je suis chez mes grands-parents autant du côté paternelle que du côté maternelle, c'est plus raffiner comme ils disent.
"Tu crois qu'elle va te rendre ta veste ?"
Ma veste ? Celle que je cherchais ce matin ?
"Oui."

— Et qui plus est Wright, tu as ma veste avec toi ? Sauf-ci tu y tiens trop pour me la rendre ? Ou encore, tu veux rendre ton petit-ami jaloux avec ma veste ?

Je rigolais intérieurement de ma phrase prononcée, qu'est-ce qu'elle pourrait bien répondre ? Comment allait-elle réagir ? C'était de bonnes questions à se poser, que je me posais.

Alyssa, dans la pénombre, avait croisé ses bras contre son torse en arborant un air boudeur. Il n'était pas question d'encore perdre ses moyens face à ce garçon. Elle lui répondrait calmement, lui rendrait sa veste comme il se devait, et partira sans fuir. Mais la jeune fille sentait déjà sa respiration s'accélérer malgré tout le sang froid qu'elle essayait de garder ; son esprit ne cessait de lui rappeler que Wayne était doué pour prononcer pile les paroles qui la déstabilisaient tant.

Et les paroles qu'il dit à cet instant ci furent à la hauteur de la réputation qu'Alyssa lui avait attitré. A l'entente des mots "ton amoureux" la jeune fille manqua de s'étouffer, littéralement. Elle fut prise d'une soudaine toux (qui n'était pas du tout calculée cette fois) et prit quelques instants à se calmer. Son esprit étaient en ébullition : "Un amoureux ? Moi ? Jamais de la vie !". Elle jaugea du regard la tête brune de Wayne toujours de dos, elle ne pouvait voir son visage mais esquissa une grimace en repensant que c'était lui qu'elle regardait.

D'un drôle de langage Wayne lui demanda alors de s'approcher. Pourquoi parlait-il soudain comme un aristocrate ? On n'était plus au XVIIIème siècle ! Alyssa leva un sourcil, maintenant à se demander si le garçon lui tendait un piège. Il était clair que la jeune fille réfléchissait un peu trop à son sujet, tellement qu'elle sentait une potentielle attaque dans la moindre parole qu'il pouvait dire. Et, chose rare, Alyssa rechignait vraiment à sortir de l'ombre.

C'est en trainant les pieds, les mains plongées dans les poches de sa veste toute noire, qu'elle sortit de sa cachette pour s'approcher du garçon. La jeune fille remarqua alors avec un certain étonnement que ce dernier était presque autant vêtu de noir qu'elle, seule sa chemise avait un fond rouge.

Elle secoua la tête, pourquoi regardait-elle donc sa tenue ? Ce genre de détail ne l'intéressait pas habituellement. Et d'ailleurs aujourd'hui non plus cela ne l'intéressait pas : elle venait de le décider arbitrairement. D'un regard de défi Alyssa fixa Wayne en essayant de ne pas penser à sa quinte de toux qui remontait à seulement un instant plus tôt.

Et son air de défi coula de son visage en entendant les paroles du garçon. Alors, oui elle avait sa veste. Et oui-...non, si elle avait prit du temps à lui rendre c'était uniquement à cause de leur emploi du temps différent. Et rendre son petit-ami jaloux avec sa veste ? Quelle idée ! Alyssa essayait justement de la faire disparaître afin d'éviter que les autres filles ne lui posent des questions. Et d'ailleurs, pourquoi ciel Wayne s'imaginait-il qu'elle avait un amoureux ?

Cette suite de réflexion avait fait le tour de sa tête en quelques instants et la fillette avait sans aucun doute cligné à répétition des yeux à cause de sa surprise, avant de reprendre son attitude initiale. Sans un mot, elle ouvrit alors son sac en bandoulière, en sortit la veste qu'elle avait plié du mieux possible, et la posa délicatement sur les genoux du garçon.

- Voila ta veste. Je voulais justement te la rendre. Et pour information, je n'ai PAS d'amoureux !

Alyssa avait prononcé la dernière partie de sa phrase d'une voix un peu trop forte. Elle jeta un rapide coup d'œil aux alentours en espérant que personne ne lui avait prêté attention. Heureusement le petit groupe d'élèves le plus proche était concentré dans une partie de bavboules. Se reportant à nouveau sur le garçon, l'esprit -ou le cœur - d'Alyssa fut à nouveau assailli de doute. Avait-elle rendu la veste trop brusquement ? Donnait-elle l'impression de s'en débarrasser ? La blondinette n'avait rien contre cette veste, au contraire, jamais qui que ce soit ne lui en avait prêté une alors qu'elle avait froid. Ce vêtement si anodin était devenu particulier à ses yeux.

Mais il était hors de question que Wayne l'apprenne.

Ce noir, cette noirceur m'étouffait, me tuait, pour me redonner vie et recommencer. Un enfer, ou plutôt un début d'enfers. Des larmes, pleurais-je donc ? Oui, mais intérieurement. Mes larmes se m'mélangeaient avec les flaques d'eau sur le sol noir recouvert par-ci par-là de fleurs aux mille couleurs, aux mille senteurs.
"Un homme ne pleure pas Wayne, ce n'est pas ce que ton père t'as appris ?"
Qu'est-ce que j'en ai à faire de cette homme maintenant qu'il a eu ce qu'il voulait ?

Elle avait fini par se rapprochait, elle était maintenant debout, pas loin de moi et le tout dans un battement de page, de mots. Je savais qu'elle avait pris le temps de m'observer un peu, ou du moins, ma tenue d'aujourd'hui avant de posait sur mes genoux la fameuse veste.
"La seule que tu mets pour aller en cour. Et là, elle est noire !"
Et ? Je vais pas changer non plus !
"Ne change pas."

— Merci pour ma veste jeune fille !

Je fermais mon livre après avoir plié un rebord de la page de droite et d'avoir mis un marque-page en lui adressant un sourire de remerciement. J'avais récupéré ma veste de cours.
"Et c'est un miracle."

— Tu n'as pas d'amoureux ? A ton âge ? Bien joué ! C'est rare de trouver une personne comme ça tu sais.

Au fond, j'avais tort, comme je pouvais avoir raison. Car chaque personne est unique est différente d'une autre. Mais tant qu'elle ne devient pas comme eux..

Les yeux d'Alyssa restèrent posés sur la veste de Wayne quelques instants. La jeune fille était toujours plongée dans ses songes au sujet de ce vêtement. Ce ne fut que lorsque Wayne ouvrit la bouche qu'elle se rendit compte de son attitude et releva brusquement la tête... Avant d'hausser un sourcil et de faire une légèrement grimace d'incompréhension.

Elle prit quelques secondes pour se demander si Wayne n'était pas ironique... Car pour reprendre les mots du garçon, il était encore plus rare de trouver une personne féliciter une autre de ne pas être en couple. Vraiment. En réalité, Alyssa avait l'impression depuis la rentrée que dès l'instant où les filles soufflaient leurs douze bougies, les garçons devenaient subitement les plus intéressantes créatures du monde. Mais la Gryffondor avait du mal à partager cet intérêt et finissait toujours par décrocher des interminables discussions à propos des garçons les plus beaux ou les plus sportifs.

- Vraiment bien joué ?, fit-elle sans se séparer de sa grimace étonnée. C'est encore plus rare de se faire féliciter pour ça. Il paraît qu'avoir un amoureux est une preuve de maturité.

Alyssa leva les yeux au ciel pour accompagner ses propos, insistant particulièrement sur ses derniers mots. S'attacher à un garçon, parfois presque littéralement dans le cas de certaines personnes, était tout sauf un gage de sagesse à ses yeux. La jeune fille préférait rester dans son monde d'insouciance dans lequel rien ne dépendait des autres, elle pouvait y garder le contrôle.

- Et toi ? Tu as une amoureuse ?

Alyssa ne savait pas pourquoi elle avait demandé ça. Les mots avaient franchis ses lèvres sans que son cerveau en soit averti. Elle regretta immédiatement ses dernières paroles.

Au fond, qui je suis ? Au-delà du basique, des informations de base ? Au-delà du physique et des actions ? Suis-je sensé me connaître ? Ou est-ce trop tôt encore pour que je me connaisse ?
"Ça viendra avec le temps, pas de panique."

On aurait pu prendre ma phrase comme de le l'ironie ou encore de façon moqueuse mais au fond s'était juste un constat d'un plus grand. Je ne me moquais pas, jamais je ne ferai ça d'ailleurs. A quoi cela sert- il de se moquer de quelqu'un si on ne veut pas qu'on nous le face ?
"Parce que l'être humain est bête."

— Une preuve de maturité ? Loin de là !

Tomber amoureux c'est une erreur qu'on fait mais qu'on continue de faire peu importe les douleurs, les pleurs, les rires, les bons comme mauvais souvenirs ou moments, et j'en passe tellement.
"Tomber amoureux s'est accepter la souffrance d'aimer quelqu'un qui est devenu votre faiblesse."
Je souffre déjà depuis longtemps, une souffrance de plus ou une de moins qu'est-ce que cela changera ? Rien.

— Tient ? Pourquoi cette question ? Tu es tombée sous le charme de quelqu'un ? Ou.. tombée sous mon charme ?

Avais- je dis avec des sous-entendus inexistants, avec un sourire en coin mais qui ne resta pas bien longtemps sur mon visage devenu pale une fois que j'avais repensé à sa question.
"Ne lui en parle pas si tu le sens pas, ou sinon tu te tais ? Comme d'habitude ?"
Les larmes commencèrent à arriver, je pleurais déjà assez c'était pas pour pleurer devant elle !
Maintenant, je laisse tout au hasard de la vie, qui fait si bien les choses pour les autres.

Alyssa se mordit la lèvre, atterrée de ne pas avoir réfléchi avant de poser sa question. Elle ne voulait pas demander cela, elle ne voulait surtout pas le savoir même ! Et pourquoi cela ? Elle ne pouvait le savoir, son cœur balançait entre l'indifférence et la crainte. Ces sentiments opposés se mêlaient l'un dans l'autre, rendant encore plus confuse la jeune fille.

Heureusement (et pour une fois !), Wayne désamorça la situation en la rassurant presque. Alyssa reprit quelques couleurs et esquissa un sourire face à ses propos. Elle n'était ainsi pas la seule à penser ainsi, et entendre cela lui montrait que ce sujet la préoccupait plus que ce qu'elle estimait. La Gryffondor se détendit bien qu'elle se trouvait toujours face au garçon, situation qui l'angoissait tant quelques minutes plus tôt.

Mais, Wayne semblait rester Wayne après tout, car il ne tarda pas à prononcer l'une de ses phrases dont il avait le secret, à savoir une suite de mots avec un sourire en coin qui avaient le don de rendre dingue Alyssa. Une nouvelle fois, la jeune fille manqua de s'étouffer face aux propos qu'il tenait maintenant. Ou plutôt, face au sous-entendu qu'il semblait crier, de son point de vue. Finalement, Alyssa recommençait à regretter amèrement de lui avoir poser cette question ; non mais quelle idée il avait d'insinuer qu'elle serait tombée sous son charme ! C'était d'ailleurs assez prétentieux... Et totalement faux ! ... Pas vrai ?

Mais même plongée dans son trouble, Alyssa perçut un changement d'atmosphère qui chassa prestement les pensées confuses qui virevoltaient dans sa tête. Elle rêvait ou le Gryffondor semblait plus pâle ? Restée debout, la jeune fille était légèrement plus grande que Wayne resté assis, et elle se pencha à la hauteur de son visage pour le guetter, étonnée. Ses prunelles bleus clairs essayèrent véritablement pour la première fois de croiser celles marrons foncées du garçon, mais elles se heurtèrent aux reflets du verre des lunettes de ce dernier.

- Heu... Tout va bien ?, demanda-t-elle, étonnée.

J'aimerai fermer les yeux, pour une nuit sans fin, sans début. Les images d'entant qui revenaient, sinisaient dans ma tête en bordel. Les souvenirs des vacances, des années passées, d'elles, d'eux, j'avais mal au crâne. Un, deux, trois, quatre, fut le tempo des vagues qui venaient et qui repartaient ouvrant des cicatrices que j'avais refermées.
"Et pourtant, c'était juste une question."

Je secouais la tête. Il en était hors de question. Pas maintenant. Pas devant elle. Au fond, qui était-elle pour moi ? Une connaissance éphémère ? Une amie ? Rien ? Mes yeux me picotaient, me brulaient, et pourtant je savais pertinemment que si je clignais des yeux ne serait-ce qu'une fois, les larmes couleront.
"Cligne."

Je cligna des yeux. Un, deux, trois. Tout s'écroula.
Pâleur et froideur, larmes glacées et tranchantes coulaient sur mes joues froides.
"C'est marrant, mais cache les."
Vite et rapide. Elle furent séchées d'un revers de chemise laissant une trace d'eau salée.

— Je vais bien.

Non. Rien n'allait.
"Tait-toi."

— Et toi ?

Sourire pour de faux, encore une fois. Lui sourire pour mentir, encore une fois. Est-ce nouveau ? Non. Je pleurais bien après ça. S'il-te-plaît, mon monde, protège-moi..
"Tu lui dis ne serait-ce qu'une chose, et tu vas vivre une soirée horrible. Je te le promet."
Je me tairais..
"Bien."

Un reniflement, je serrais mon pantalon noir de toute mes forces, la voix quasiment craquante et tremblante, je me devais de me taire. Même si tout me porte malheur..
"Juste. Ne dis rien."