Quand elle s’était levée ce matin-là, vers 9h, elle n’avait pas prévu tout ça. Elle était allée prendre son petit-déjeuner, comme tous les matins depuis une semaine, avant de remonter au sixième étage. Elle avait bullé un peu en contemplant la vue qui s’offrait à elle puis avait pris un livre dans leur bibliothèque. Après tout, un week-end, c’était aussi fait pour se détendre. Elle avait prévu ensuite d’avancer ses devoirs, les finir si possible pour avoir son dimanche tranquille, puis, s’il lui restait du temps, de partir visiter le château.

Elle s’en était tenue à son plan, au début du moins. Puis tout avait dérapé. Pas dans le mauvais sens du terme, entendons nous bien. En bref, en résumé? Une préfète avec une boule de poils beaucoup trop adorable, des bonbons, et paf! Une Astrid dissipée. Les devoirs? On verra tout à l’heure! Là, de suite, elles avaient biiien plus important à faire. Une question de la plus haute importance.

Bonbons sorciers ou classiques?

Il leur fallait une réponse. C’était essentiel. Et les deux Aiglonnes étaient d’accord sur la réponse, ce qui ne les arrangeait pas des masses. Enfin si, beaucoup. Mais pas pour répondre à leur interrogation. Il leur fallait connaître les arguments de l’autre camp. Ou, à défaut, mener une expérience correspondant parfaitement aux normes scientifiques en vigueur. Elles n’étaient pas des Serdaigle pour rien.

Alors elles avaient à nouveau descendu les innombrables marches entre leur Nid et le rez-de-chaussée, rejoint la cour de la tour de l'Horloge, lieu de passage par excellence, et avaient cherché leur futur cobaye. Un seul, pour commencer. Déjà, pour mettre en place leur protocole (ahem), ensuite, parce qu’elles n’avaient pas tant de matériel que ça à disposition (ou en tout cas préféraient en garder pour elles), donc elles ne pouvaient pas multiplier les tests.

Ayant choisi leur point d’observation, la rousse et la blonde observaient les élèves. La première année désigna un jeune sorcier dont elle reconnaissait le visage, et murmura pour son aînée:


Autant éviter de se mettre à dos ses camarades trop vite. Les trop grands aussi, si possible, ceux que Zoey ne pourraient pas maîtriser si ça tournait mal. L’infirmerie dès la première semaine, très peu pour elle.

Après son petit-déjeuner avec Lest, Orla était immédiatement remontée dans son dortoir pour soigneusement ranger la chaussette dans sa malle. Le vulgaire vêtement, autrefois si terne, était devenu bien plus précieux pour Orla depuis que Lest y avait cousu cette fleur. Elle ne savait pas encore si elle allait rendre la chaussette à son père : avec un peu de chances, l'élégance du motif allait lui faire changer d'avis et ainsi allait-il apprécier cet ajout, qu'il jugerait certainement fantaisiste, sur son bien ? Rien n'était moins sûr, mais Orla n'était pas enfant à ne pas vérifier les hypothèses.

En ce samedi de deuxième année, cet échange matinal avait été la seule source de divertissement pour Orla dans le train-train quotidien. Elle n'avait eu aucune distraction ces derniers jours, et elle sentait qu'elle en avait bien besoin. C'est pour cette raison qu'elle délaissa délibérément la broderie de blaireau qu'elle avait commencée peu après la rentrée, pour faire un tour dans la cour de la tour de l'horloge. Une fois arrivée, elle se remémora avec un sourire sa rencontre avec Kate, une Poufsouffle plus âgée, au même endroit. Maintenant qu'elle y pensait, cette rencontre avait été, elle aussi, une bien charmante distraction… Oh, mais !

– Saperlipopette, j'ai oublié !

Orla remonta à toute vitesse les marches des escaliers pour atterrir dans le Terrier, et fonça dans son dortoir. Elle avait promis à Kate qu'elle lui ferait sa robe pour le 6, et on était le 7 ! Zut alors !

Elle redescendit au même rythme, cette fois-ci les bras chargés d'un patron beaucoup trop grand pour elle et sur lequel reposait sa malette de couture en équilibre précaire. Orla pesta alors qu'elle éparpillait son matériel sur le banc en pierre le plus proche.

– Zut, triple zut, quadruple bouse de troll !

Elle sortit le parchemin sur lequel elle avait inscrit les mesures de Kate et chercha à les reporter sur le patron. Courbée sur son travail, elle ne prêtait aucune attention à ce qu'il se passait alentour.

337 / @Astrid Keaty @Zoey Redfly
@Kate Hunter pour la mention, j'anticipe un peu sur notre RP si ça te convient !

Finalement son samedi ne se passait pas si mal, elle qui avait cru ne rien faire de spécial. Même si ce n'était que très peu vrai. Il aurait été exclue de rester toute la journée dans la salle commune, en effet, c'était là le premier week-end après la rentrée. Alors la fillette aurait très certainement fait le tour du château et déambulé dans le parc. Mais ses projets avaient été bouleversés par une première année bien trop drôle et mignonne au goût de Zoey. Si la discussion avait d'abord été sur Pinky, son Boursouflet, il était maintenant question de bonbons. Et la blondinette en connaissait tout un rayon. Jamais ses poches n'étaient vides et l'on pouvait sans cesse y trouver quelques friandises. Il fallait dire que la boule de poils violette était elle même gourmande et raffolait des sucreries. Il y avait donc deux bouches à ravir. Et si les provisions étaient trop maigre, elle aurait affaire à une créature bougonneuse.

La discussion avait beaucoup intéressée la nouvelle préfète qui n'avait pas hésité à donner son avis sur les bonbons sorciers. Pour elle, ceux Moldus étaient bien mieux ! Qui avait besoin de manger des choses étranges goût vomis ? Dans bonbon il y avait bon et c'était là tout le principe. Parce que vomir n'était pas joyeux. Ce n'était même pas quelque chose à partager au contraires des friandises.
Les deux filles étaient donc descendus en toute hâte jusqu'à la cour, Pinky juché sur ses épaules. Et elles cherchaient à présent leurs victimes. L'Anglaise se retenait de frotter ses mains et regardait les alentours avec les yeux pétillants. Elles allaient bien s'amuser ! Et gare à celui ou celle qui décrèterait les bonbons sorciers meilleurs que ceux des moldus. Regardant la personne visé par Astrid, l'aiglonne hocha la tête. Elle se fichait un peu des conséquences mais si sa camarade ne voulait pas de cette victime alors il n'y avait aucun soucis, il y avait d'autres élèves dans la cour.

Et voyant passer une fille avec les bras chargé, la troisième année se tourna vers la rousse, l'air excitée :

-Et elle ? Elle a l'air bien, elle ! Je la connais pas et toi ?

L'inconnue avait l'air bien trop occupé en ce premier week-end de rentrée et il tardait à Zoey de l'embêter un peu. Juste une petite dégustation de bonbon, que pouvait-il mal se passer ?

Astrid regarda la cible désignée par Zoey. Une brune au teint mat qui ne disait rien à la rousse. Elle secoua la tête pour répondre à la question de son aînée.


Après tout, en tant qu’amateur de bonbons au même titre que les deux Aiglonnes, la boule de poil avait aussi le droit de donner son avis, non? Surtout que l'expérience le priverait lui aussi d’une partie des réserves de sa maîtresse.


La majorité avait parlé, la travailleuse serait leur cobaye! Astrid s’avança dans la cour, évitant les élèves qui traversaient sa route, et s’arrêta à quelques pas de la brune. Elle lança un regard à Zoey pour s’assurer qu’elle était prête avant de revenir sur l’inconnue et son matériel qui prenait toute la place du banc à côté. Elle semblait super concentrée sur ce qu’elle faisait -elle traçait des trucs?- et la première année s’en voulait presque de la déranger. Mais l’énergie de sa complice et l’excitation de l’expérience repoussaient ses remords au fin fond de son esprit.


C’est qu’elle restait curieuse, la petite, et elle n’avait pu s’en empêcher. Changement de plan? Pas du tout! Une fois dans la journée, mais pas deux! Elle entra dans le vif du sujet presque tout de suite après avoir posé sa première question.


Comment quelqu’un pouvait-il répondre non à cette question? C’était sans doute la meilleure entrée en matière possible. Réussite assurée. Astrid se tut pour laisser l’inconnue répondre, et/ou sa complice poursuivre. Le début d’une mauvaise blague? Une blonde, une rousse et une brune discutent…

Les poings sur les hanches, Orla fit quelques pas en arrière pour observer les feuilles étendues sur le banc. C'était bien joli, ces dessins et ces mesures, mais il lui manquait un mannequin. Elle pensa un temps retourner dans la salle commune pour retrouver Kate et lui demander à nouveau de se tenir immobile plus d'une demie-heure, mais même Orla, qui était le plus souvent sans gêne, se rendait bien compte que c'était trop demander pour la troisième année. Mais alors, comment finir cette robe ? Elle avait le matériel, le tissu, mais pas le modèle.

Orla eut alors un éclair de génie. Si Kate n'était pas là, elle draperait le tissu sur elle-même ! Les deux filles n'avaient pas exactement les mêmes mensurations, mais qu'à cela ne tienne, elle pourrait bien faire les ajustements dans un second temps. Ravie d'avoir eu une telle idée, elle s'exécuta aussitôt : elle mit une épingle entre ses lèvres et prit entre ses doigts les deux extrémités du tissu avant de le draper autour de son buste, puis de se torsionner pour regarder où les deux extrémités se rejoignaient.

C'est dans ce mouvement qu'elle voulait particulièrement gracile mais qui était en fait assez maladroit qu'elle vit qu'elle n'était plus seule. Devant elle se trouvait une petite fille rousse aux yeux bleus, vêtue de l'uniforme de Serdaigle, qu'elle n'avait jamais vue auparavant.

« Salut ! Tu fais quoi ? »

Orla écarquilla légèrement les yeux et rougit en prenant conscience de la position dans laquelle elle se trouvait : une épingle coincée entre les lèvres, les deux mains prises par un tissu rouge foncé qu'elle tentait tant bien que mal de draper autour de son buste, dans une torsion du bassin qui lui faisait déjà un peu mal. On trouvait mieux, comme première impression !

Orla laissa tomber le tissu et retira l'épingle de sa bouche avant de répondre :

« Salut ! Euh, pas grand chose, j'ai promis de faire une robe pour une fille de ma maison mais j'ai pris un peu de retard… »

Elle eut un rire gêné, qui fut vite interrompu par la question de la rousse. Avait-elle bien dit bonbons ? C'était le péché mignon d'Orla : elle aurait pu donner sa baguette pour n'importe quelle sucrerie. Dans la boutique de son père, il y avait un bocal énorme contenant moult bonbons et friandises : elle avait essayé plus d'une fois d'en chaparder un, et avait regretté cette idée plus d'une fois après s'être fait prendre.

« Tu plaisantes ? J'adore ça ! Pourquoi, tu en as en stock ? »

Je suis à la fois confuse et navrée par ce terrible retard que j'ai pris, merci pour votre patience !

Les deux filles étaient arrivés jusque devant une brune occupée sur du tissu, à faire elle ne savait quoi. Celle-ci avait l'air bien concentrée et pendant un instant, la blonde se demanda de quoi il retournait. Avant de se souvenir de ce qui les attendaient. Les bonbons étaient bien plus excitants ! Heureusement, on pouvait compter sur l'amabilité d'Astrid qui avait déjà posé la fameuse question sur son occupation et Zoey avait été bien étonné de la réponse. Faisait-elle vraiment une robe ? Ce n'était pas difficile ?

-Tu fais une robe ? Une vrai en entière ? C'est pas difficile ?

Puis son éternel sourire était revenu alors que la troisième fille semblait avoir un goût prononcé pour les sucreries. Parfait ! Cela allait être bien amusant pour tout le monde avait sourit la préfète, du fond de sa tête. Elle avait ainsi sortit deux friandises distinctes, l'une moldue, l'autre sorcière, dans sa main gauche et droite et demandait à l'inconnu de choisir une main.
Dans sa main gauche se trouvait un bonbon tout ce qu'il y avait de plus normal. Un bonbon moldu au bon goût de fruit et acidulé tandis que dans l'autre main se trouvait un gnome au poivre. D'ordinaire, l'aiglonne n'avait très peu de bonbon sorcier en sa possession, à part ses préférés mais ceux-ci ne duraient pas trop longtemps en général, et elle était finalement bien contente d'avoir pu chiper un petit paquet à sa sœur avant de partir prendre le train. Cela lui apprendrait à se taire le prochain été.

Elle attendait donc les deux mains levés et s'apprêtait à ouvrir la main demandée afin de commencer la dégustation.

-Oui on a des bonbons ! Tiens choisit la main et je te le donnerais ! On se demande quel bonbon et le meilleur ! Bon en fait t'auras l'autre aussi.. Rit la joueuse de Quidditch.

Faisant un clin d'œil à la première année, elle attendit le choix de l'inconnue. Puis une fois que le choix serait fait, la blondinette lui tendrait le bonbon et il ne restait qu'à attendre de voir ce qu'elle en pensait.

Désolé du retard !

Perplexe, la plus jeune regarda leur cobaye retirer le tissus dans lequel elle s'était drapée et récupérer l'épingle qu'elle avait dans la bouche. Elle écarquilla les yeux quand la Poufsouffle expliqua ce qu'elle faisait. Elle n'avait jamais vu personne de sa famille faire de robes, ou de vêtements en général, et ne s'était jamais posé la question de comment ça se faisait. Voir une fille à peine plus grande qu'elle se lancer dans cette tache lui semblait assez incroyable. Moins que la magie, certes, mais tout de même. Elle ne put donc qu'approuver d'un hochement de tête la question de sa préfète, son regard curieux toujours posé sur l'inconnue.

Son air laissa vite place à une joie non dissimulée alors qu'Orla affirmait adorer les bonbons. Par-fait! Elles tombaient du premier coup sur une connaisseuse donc! L'expérience n'en serait que plus réussie. Quand elle demanda si elles en avaient, la rousse hocha vivement la tête pendant que Zoey préparait le test.


L'Islandaise rendit son clin d’œil à son aînée, un grand sourire aux lèvres. Et, ne voulant pas influencer l'autre fille, elle se tut, attendant le choix, les yeux pétillants.

Elle était sûre, archi sûre, que l'autre fille ne pouvait que choisir le bonbon moldu comme le meilleur des deux. Et l'expérience n'était presque pas pipée en leur faveur. Après aussi, les sorciers ils cherchaient, à faire leurs trucs bizarres.