Depuis le début de l'année, l'année 2016, Sixtine était légèrement différente, elle se sentait très fatiguée, plus susceptible qu'à son habitude. En temps normal, quelques exercices de méditation permettaient à la jeune fille de passer au dessus des problèmes, de se sentir mieux et de redevenir la sorcière douée qu'elle était. Pourtant, depuis le début de l'année, les exercices de respiration et de méditation n'avaient plus aucun effet sur la futur adulte.

Chose plus étrange encore, elle était prise de nausée depuis peu de temps... Bien sur, comme toutes les adolescentes, elle s'était demandée si... Etait elle enceinte ? Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir, faire un test. C'est comme ça qu'un matin de février, elle se leva rapidement de son lit en ayant la nausée et partant presque en courant en direction des toilettes abandonnés. La veille, elle avait demandé à son meilleur ami Suileabhan, un élève de Serdaigle, de la rejoindre au lieu habituel.

Bien qu'elle soit persuadée de la négativité de ce test, elle n'avait pas le courage de regarder et avait préféré être en présence de son meilleur ami et de son confident pour lire le fameux résultat. Et puis, elle pensait que 2 paires d'yeux valait mieux qu'une. Une fois ses petites affaires terminées, elle était partie rapidement en direction de la cour de la tour de l'horloge pour y retrouver Suileabhan. Dans les couloirs, elle avait pris soin d'éviter tous les regards, hors de question pour elle que quelqu'un se doute de quelque chose ou la soupçonne.

Suileabhan était un garçon bienveillant, toujours présent pour la futur Auror et c'est pour ça, qu'au fur et à mesure des années, il était devenu le meilleur ami de Sixtine. Lorsque la petite brune arriva au niveau de leur lieu habituel, Suileabhan était déjà assis sur le sol, à l'attendre. Elle s'avança jusqu'à lui, calmement, elle laissa son corps tomber à côté de lui puis, elle posa sa tête sur son épaule, sans dire un mot.

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@Suileabhan Kohler

Cela faisait quelques jours maintenant que Suileabhan avait remarqué quelque chose d'étrange dans l'attitude de son amie. Ce n'était rien de plus qu'une lueur dans le regard de sa confidente de Serpentard, mais il la connaissait suffisamment pour savoir que quelque chose prenait racine dans son esprit. Mais il avait cessé il y'a déjà longtemps de la harceler de questions lorsqu'il sentait un problème. Le tout jeune adulte attendrait qu'elle soit prête à lui en parler.

Et cela ne tarda pas. Sixtine était venue hier lui demander de la retrouver dans leur coin favori du château, près de la tour de l'horloge. L'endroit rêverait une importance toute particulière pour eux. C'était là, sur ce même sol, qu'ils avaient appris à se connaître davantage. Soulagé et contenté par sa requête, il s'était évidemment rendu ici au saut du lit. Désormais, Suileabhan attendait sa meilleure amie. Dès qu'il l'aperçut, un grand sourire éclaira son visage, à son attention.

Bientôt, la brune posait sa tête sur l'épaule de son ami. Cela ne l'etonnait pas, d'autant qu'il était bien le premier à apprécier le contact physique avec ses proches. Rempli d'affection et de bienveillance pour la Serpentard, il ne résista pas à l'envie de la taquiner :

- Je suis content que tu sois venue avant que je prenne racine.

La douceur de sa voix et de son visage ne laissait planer aucun doute quant au fait qu'il essayait de la détendre. Si, comme il le pensait, Sixtine avait effectivement quelque chose sur le cœur, elle en aurait besoin. Tout en douceur, il continua de lui parler, laissant échapper son fort accent irlandais :

- Prends ton temps, je reste là. On sautera le petit-déjeuner au besoin.

Suileabhan avait l'habitude d'être doux et patient avec Sixtine, il ne l'avait jamais pressé, il avait toujours été l'oreille attentive et l'épaule sur laquelle la future Auror pouvait se reposer. Depuis quelques mois déjà, elle vivait une histoire d'amour passionnée avec Enzo Lorenti mais malgré l'amour qui pouvait lier les deux adolescents, Sixtine ne se tournait que vers Suileabhan lorsqu'elle avait besoin de parler, de se confier. Alors forcément, quand il proposa à Sixtine de prendre son temps pour parler et qu'il était prêt à sauter le petit déjeuner, ça n'avait surpris la sorcière. Au contraire, elle s'y attendait et c'est pour ça qu'elle l'aimait.

Après un long soupire, elle regarda autour d'elle pour être sur que personne ne soit là, qu'aucune oreille indiscrète ne traine dans le coin. Dans ce petit coin caché de la cour, il n'y avait jamais personne mais, au vu des circonstances, elle préférait être prudente. L'ancienne préfète plongea sa main dans sa poche et en sortie la potion test de grossesse ainsi que le parchemin explicatif pour interpréter le résultat.

- Tu peux regarder pour moi ? Je vais lire les instructions pour comprendre.

Elle avait donné la potion à son ami sans même se soucier qu'un peu d'urine aurait pu le dégouter, avec lui, elle ne pensait pas à ça. Après tout, ils avaient passé tellement de temps ensemble qu'il était comme un frère pour elle. Une fois qu'elle eut terminé de lire, elle reposa sa tête sur l'épaule de Suileabhan et elle ferma les yeux pour ne pas voir le test.

- Si la potion change de couleur c'est que je suis enceinte. Dis le moi... Je viens de faire une croix sur ma carrière ?

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Le regard soucieux que Sixtine jeta autour d'elle n'échappa pas à son ami. Vraisemblablement, c'était plus sérieux que ce qu'il avait bien pu imaginer. Mais ce n'était pas grave, car, quoi que cela puisse être, il trouverait une solution pour soulager son amie de ses maux. Aussi, il fut bien surpris lorsque sa chère amie sorti de sa poche une potion inconnue, accompagné d'une sorte de notice.

Suileabhan était un jeune homme intelligent. Aussi, il comprit rapidement qu'il devait d'agir là d'un test de grossesse. C'était donc cela, Sixtine craignait d'être enceinte. D'Enzo, sans aucun doute. Il était évidemment très au fait de la relation de sa confidente, et était satisfait de la voir ainsi heureuse.

L'irlandais se saisit de l'objet tendu par la Serpentard pendant qu'elle se plongeait dans la lecture de la notice. De son côté, il ne savait pas vraiment quoi faire du test, n'en ayant jamais vu auparavant. Patiemment, il attendit que son amie terminé. Suileabhan savait maintenant comment interpréter ce qu'il voyait, seulement...

Comment allait-il pouvoir lui annoncer ?
Il avait beau aimer les enfants, la vie en général, il savait que cette fois c'était celle de son amie qui allait être impactée. Et ça, c'était important. L'affection qu'il portait pour sa chère confidente faisait passer son inquiétude avant tout le reste. Délicatement, avec tendresse, il prit la main de son amie dans les siennes. Encore plus doucement que d'habitude, il reprit la parole :

- Tu es enceinte, Sixtine.

Suileabhan ne savait que trop bien l'effet que ces quelques mots allaient avoir sur elle, alors il s'empressa de rajouter ce qu'il ressentait au fond de lui :

- Je ne vais pas te dire que ce n'est pas grave, que tout ira bien. Mais je peux te dire que comme toujours, je resterais avec toi, et je te soutiendrai quoi qu'il arrive à ce sujet.

La bonhomie habituelle du jeune homme lui était à ce moment impossible à maintenir, mais il se força à sourire légèrement, au cas où sa meilleure amie rouvrirait les yeux. Les mots étaient bien faibles dans cette nouvelle situation, alors Suileabhan se contenta de serrer un peu plus fort la main de Sixtine.

Elle avait entendu les mots. Elle avait tout entendu, les bruits de pas des élèves se rendant au petit-déjeuner, les rires des bécasses se plaignant des petits-déjeuners trop gras, le souffle court presque coupé de son ami et pire encore, elle entendit son cœur cesser de battre. Pendant un instant, le monde avait arrêté de tourner, il n'était plus qu'un vaste océan sans couleur, une tâche dans un tableau médiocre.

La dernière année n'avait pas ouvert les yeux tout de suite, elle prit le temps de comprendre et d'assimiler la conversation. Elle avait voulu se persuader que les nausées étaient dues à autre chose, idem pour ses changements d'humeur, mais à présent, elle était face à la vérité et elle n'avait aucune issue possible. Après de longues secondes, elle ouvrit les yeux, récupéra la potion test de grossesse, la posa devant ses pieds puis, dans un calme étrange, voire angoissant, elle sortit sa baguette et lança un incendio sur le flacon de son malheur.

Sans un bruit, elle observa son test brûler. Ses pupilles ne reflétaient rien d'autre que les flammes devant elle. Elle avait conscience que rester silencieuse n'était pas une solution, mais elle avait du mal à savoir comment gérer cette situation complexe.

- Enzo ne doit rien savoir. Je vais trouver une solution pour m'en sortir, mais personne ne doit rien savoir.

Avant de penser à elle, ses premières pensées étaient centrées sur son petit ami Enzo, elle ne voulait pas le mettre au courant, elle ne voulait pas qu'il gâche son avenir pour une bêtise, une erreur de jeunesse. Elle avait pris sa décision, elle assumerait seule.

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Il l'avait vue. Il avait vu le regard de son amie, il avait vu sa vue basculer avec ses mots, et Suileabhan s'en voulait. Il s'en voulait comme si que cet événement si orageux pour l'avenir de Sixtine était de son fait.

Habitué qu'il était aux choix et aux actes de la brune qui comptait tant à ses yeux, l'irlandais ne fut aucunement surpris par la carbonisation de l'objet qui chamboulait toutes les perspectives. Ses paroles non plus, d'ailleurs. Il s'était attendu à ce qu'elle se soucie avant tout de celui qu'elle aimait, malgré le poids que son amie devait déjà porter. Et bien, elle ne le porterait pas seule.

Sans un mot, mû par un instinct fraternel, presque paternel, Suileabhan attira Sixtine dans une étreinte qu'il voulait la plus rassurante possible. C'est seulement ainsi qu'il essaya de lui répondre :

- Tu veux que je l'oublie ? On l'utilisera, si c'est ce que tu souhaites. Personne ne sera au courant.

Le jeune adulte savait que, même à leur âge, et avec leurs compétences, ils étaient encore loin de maîtriser le Sortilège d'Amnésie, mais il s'y plierait pour son amie. Il avait cependant encore quelque chose à rajouter :

- Oui, tu trouveras, on trouvera une solution. Tu sais bien que je ne t'abandonnerais pas. Même s'il te fallait accoucher en secret, tu connais mon père, il saurait t'aider.

L'étreinte qu'avait offerte Suileabhan à Sixtine était la bienvenue. La tête de l'élève verte trouva refuge dans le creux d'une épaule chaleureuse, c'est ici qu'elle se sentait bien et en sécurité, nulle part ailleurs. À ce moment là, elle réalisa que Suileabhan était pour elle, quelqu'un d'indispensable à son quotidien. Son souffle était plus chaud, plus irrégulier et quelques instants plus tard, des larmes vinrent humidifier l'uniforme de celui qu'elle considérait comme son frère. Ici, à cet instant précis et dans les bras de Suileabhan, elle pouvait se laisser aller.

- N... Non. N'oublie pas ce moment, ne l'oublie jamais. Un jour... Un jour, nous en reparlerons et on en rira en regardant cet enfant s'épanouir dans le jardin.

La futur Auror n'avait pas envisagé une vie avec un enfant aussi tôt mais déjà, elle commençait à changer ses plans, elle réfléchit pour savoir comment s'organiser pour ne pas subir les foudres de son paternel et risquer une sanction qui pourrait faire du mal à bien plus de monde qu'à sa propre personne. Si Alexander Valerion apprenait que sa fille unique portait déjà un enfant et qui plus est, hors mariage, Sixtine ne donnait pas cher de sa peau et de celle d'Enzo.

- Je ne veux pas que tu en parles à tes parents, c'est notre secret, je ne veux pas qu'ils se retrouvent dans une situation délicate à cause de moi. Je vais devoir faire de mon mieux pour cacher ma situation, je ne vais rien changer à mon quotidien, continuer les duels, avoir mes Aspics et une fois mon diplôme en poche, je pourrais fuir mon père.

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Les larmes de son amie la plus chère coulant doucement le long de son épaule furent un signal pour Suileabhan, qui resserra son étreinte. Il écouta les mots de Sixtine avec plus d'attention que jamais, sachant à quel point ils étaient cruciaux pour l'avenir de la Serpentard. Leur avenir à tous les deux, en réalité. Oui, il serait là, avec elle. Oui, ils en reparleraient, souriant à la vie. Pas aujourd'hui, pas demain, mais un jour, sans aucun doute. La voix chargée des émotions de son amie auxquelles il s'accordait par empathie, le Serdaigle lui murmura :

- Alors je n'oublierai pas, jamais. Parce que je serais avec toi, avec lui qui n'est pas encore ici. Et tu pourras sourire avec fierté, parce que ce jour-là, tu auras transformé un revers en une force.

La suite des pensées exprimées par Sixtine ne le surprit pas non plus. Suileabhan ne savait que trop bien le poids que représentait Alexander Valerion dans la vie de sa fille et, s'il ne s'était pas encore emporté contre lui, c'était uniquement pour ne rien rajouter sur les épaules de son amie. Mais aussi, il était soulagé, elle n'allait pas abandonner.

Obtenir ses ASPICS revêtait une importance capitale pour la brune, surtout dans cette situation. Cela donnait une idée à celui qui fêterait bientôt son dix-huitième anniversaire :

- Tu pourrais venir avec moi en Angleterre, lorsque je serais à l'AADER. Lindisfarne est bien assez éloigné de ton père, l'île sera un bon endroit pour toi. Et pour lui.

Suileabhan avait baissé légèrement ses yeux vers le ventre encore inchangé de sa partenaire d'entraînement en prononçant cette dernière phrase.

Fin de ce premier RP scolarité pour moi, merci

La futur Auror releva la tête, elle avait assez pleuré pour aujourd'hui et n'avait pas l'intention de verser plus de larmes que nécéssaire. Elle essuya les larmes restantes avec la manche de sa robe. Après une longue inspiration et une plus longue encore expiration, elle reprit son sourire. Il s'imaginait déjà avec Suileabhan, en Angleterre, sur l'île Lindisfarne. Elle se demanda si elle pourrait continuer des études après son accouchement ? Devait elle vraiment dire adieu à son rêve de devenir Auror ? La mère de Suileabhan pourrait la former, elle pourrait apprendre en interne puis passer l'examen quand l'enfant sera assez grand.

- Je sais déjà comment j'imagine notre vie. Je suis sur que ta mère acceptera de me former pour que je puisse passer l'examen d'Auror une fois que l'enfant sera assez grand. Et quand j'aurais une vie stable, je pourrais annoncer à Enzo qu'il est le père de l'enfant.

Elle se surpris à se demander si Enzo allait accepter une vérité comme celle-là ? D'ici là, s'aimeraient ils encore ? Sixtine en doutait mais, elle voulait y croire. Elle se concentrait sur ce projet, elle s'imaginait déjà devenir une grande Auror. Peut être même que plus tard, elle pourrait devenir ministre de la magie.

- Il ne sera pas un obstacle, je vais devenir Auror d'une manière ou d'une autre et je vais devenir quelqu'un d'important, tu verras.

Après ça, elle se leva du sol, le test avait fini de bruler, il n'y avait plus aucune trace de lui, c'était l'effet voulu. Elle tend la main à son meilleur ami pour qu'ils puissent se rendre ensemble au petit déjeuner. Il n'était pas nécéssaire de rester ici plus longtemps, elle avait des choses à accomplir.

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