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@Tamsin Gillies

C'était le grand jour. Le grand dimanche du mini tournoi qu'ils avaient improvisé avec Narcisse. Un petit match amical pour tester l'échiquier version sorcier. Un événement beaucoup plus joyeux que la première fois qu'ils s'étaient rencontrés. Le sourire aux lèvres et le cœur battant d'excitation, Tamsin se rend dans la Grande Salle. Pas de petit déjeuner pour elle, elle est trop pressée (ou trop stressée) pour mettre quoi que ce soit dans son ventre. Elle repère Narcisse à la table des Poufsouffles, lui serre la main à la loyale et s'y installe comme s'il s'agissait de sa propre maison. C'est amusant d'être assis à une autre table que la sienne. Déroutant même. Le sourire de son adversaire la calme un peu. Ce n'est qu'une partie amicale, l'occasion pour eux de découvrir la mode sorcière.

« Gauche » lui répond-t-elle du tac au tac. C'est le moment de démarrer la partie, et Narcisse a tout prévu. Le petit hasard pour déterminer quelle sera le premier joueur. Et ce sera donc une première joueuse. Tamsin récupère les blancs, elle ouvre le bal. Au fond l'ambiance se doit d'être détendue. C'est l'heure du petit déjeuner, et Narcisse semble comme à la maison, déguster le premier repas de la journée en jouant aux échecs. Il y a du monde dans la Grande Salle certes, mais pour le moment personne ne vient les importuner ou observer d'un œil curieux leur partie. La question qui démange toutefois Tamsin c'est : comment joue-t-on aux échecs version sorcier ? Elle s'apprêtait donc à déplacer son pion de la case C2 à la case C4, mais ce dernier resta hermétiquement collé au plateau. La partie avait commencé et il semblait que ce n'était pas la bonne manière de jouer. Partant d'un rire nerveux, elle haussa un sourcil en direction de Narcisse. « Je voulais que mon pion aille en C4 mais ... » À peine la phrase avait-elle franchit ses lèvres que le petit pion parti de lui même à la case dite, glissant sur le plateau comme par magie.

Réveillé assez tôt malgré la petite fête qui c'était organisée pour Miss Field hier soir, Éli était descendu prendre son petit déjeuner dans la grande salle dès la première heure.
Elle n'avait rien de particulier à faire aujourd'hui, le dimanche était plutôt consacré à se reposer, elle irait sans doute à la volière tout à l'heure pour envoyer des nouvelles à sa famille, mais pour le moment son bol de porridge et le jus de citrouille tout frais posaient devant elle, étaient les seules choses qui l'intéressée.

Les quatre tables se remplissaient d'élèves matinaux, et les conversations meublées l'espace, donnant de la bonne humeur à ce dimanche pluvieux.

La jeune Poufsouffle était dans ses pensées, encore un peu embrumées de sommeil mais elle aperçut tout de même du coin de l'œil, Narcisse arriver avec un jeu sous le bras, prenant place et installant le plateau sur la table. Peu de temps après, une jeune fille s'installa en face de lui;
Éli jeta un rapide coup d'œil et ne fut pas étonné de voir que c'était une élève de Serpentard ! Évidemment ! Il fallait au moins la force et l'espièglerie des serpents pour le supporter.

Malgré elle, sa curiosité était piquée, et sans les regarder vraiment elle comptait bien écouter discrètement cette partie d'échecs;
Était-ce encore une façon pour le garçon de se mettre en avant ?

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En voyant sa pièce d'échec avancer de sa propre volonté sur le plateau, Tamsin eut d'abord une réaction ébahie, la bouche ouverte de stupéfaction. Au même titre que Narcisse qui découvrait avec elle comment fonctionnait cette fameuse version sorcier. Puis l'instant de surprise passée, elle eut à l'esprit des réminiscence de son enfance. La magie n'était pas un élément à part entière dans le mode de fonctionnement de sa famille, mais elle se souvint soudain d'avoir vu sa mère faire la vaisselle d'un coup de baguette. Ce souvenir enfoui lui fit esquisser un léger sourire. Peut-être qu'en grandissant dans cet environnement plus rien ne finirait pas l'étonner. En tout cas cette partie d'échec promettait d'être riche en découverte. Plus que l'envie de gagner, Tamsin se laissait parcourir par le frisson de l'enfance quand on se prend d'affection pour une nouveauté dont on ne parviendra plus à se passer. Elle avait hâte de voir d'autres pièces bouger. De les voir toutes bouger. Décidément la concentration allait être difficile de ce côté ci également du plateau. L'euphorie semblait envahir les deux enfants face à ce jeu mobile. L'esprit de Tamsin était perdu dans la contemplation du pion de Narcisse qui à son tour dit son entrée dans la partie. La tactique ce n'était pas son fort à la gamine, elle jouait de manière spontanée et ne songeait à aucune stratégie à proprement parler. Peu lui importait, tant qu'elle s'amusait avec son nouveau compagnon d'échecs. Elle réfléchit quelques instants toutefois avant de se décider pour un nouveau pion. Sa main allait par réflexe s'emparer de la pièce avant qu'elle ne se souvienne de la démarche à suivre. Elle énonça avec fierté, posant ses deux mains sur la table : « Pion en D3. » Un glapissement de joie lui échappa, en regardant son petit soldat glisser à son tour sur l'échiquier.

Oups, l'attrait de la nouveauté l'avait tellement bluffée que voilà qu'elle se faisait mettre en échec après si peu de tours. Pour son égo, elle préférait mettre ça sur le compte de l'inattention dû à la découverte. Oui c'était ça, il était temps de se ressaisir, car Narcisse ne semblait pas avoir de pitié. Et il avait raison. On jouait à la loyale ici. « Désolée j'étais perturbée par les pièces qui bougent » avança-t-elle pour justifier son piètre jeu. Un sourire sur les lèvres, elle s'appuya sur ses coudes pour observer avec plus d'attention le plateau. Elle n'était pas mauvaise perdante, et peut-être s'était-elle un peu trop avancée, il était possible qu'elle n'ait pas le niveau de jeu de Narcisse. Mais elle devait garder la tête haute jusqu'au bout, et ne pas perdre de manière aussi ridicule. Elle décida de garder sa propre tactique de jeu, qui s'effectuait au coup par coup. Elle n'avait jamais appris à jouer stratégiquement, et c'est probablement ça qui péchait pour elle. Parer les coups des autres, elle en était incapable. Tamsin jouait aux échecs comme on part à la conquête d'une guerre. « Ta mère est probablement meilleure stratège que mon père finalement » grimaça-t-elle avant d'appeler son cavalier au combat pour défendre son roi qu'elle venait d'offrir en patûre sans le vouloir. « Cavalier en C3 »

Les gouttes qui avaient perlé les eaux du lacs avaient eu don de me sortir de cet état comateux. Les couvertures étaient alors tombées à terre accompagné par un amas de peluches aux motifs plus distincts les uns que les autres. Puis lentement, mes jambes s'étaient animées dans un grincement pour rejoindre la grande salle où m'attendait un petit déjeuner des plus copieux. Enfin copieux... Les nations de ce monde, autre que le Royaume Unis, aurait détourné l’œil à la vu de ce jelly trempant dans mes baked bean...

Entre deux bouchés de boudin noir, mes yeux s’arrêtèrent sur la table des Poufsouffle où une agitation inhabituelle semblait y régler. En son centre, la trogne de ce bon Narcisse m'apparut comme le summum de la concentration. Sûrement de par le plateau d'échec où régner en maître une avalanche de pièces dont la fatalité fut de renverser le roi adverse Serpentard.

Intrigué, cette mine curieuse mais endormie, j'enjambais les quelques mètres qui faisaient frontière entre nos deux tables. Puis m’asseyant sans un bruit à côté de Narcisse je rejoignais le banc des spectateurs. Une vue imprenable sur ce champ de bataille où les noirs avaient décidé de prendre les devants s'offrit alors à moi. Ce n'était que le début de la guerre et pourtant l'animosité entre les pions étaient palpables....

La partie prenait une autre tournure à mesure que les spectateurs et spectatrices commençaient à s'attabler sur les rangs des Poufsouffle. Tamsin ne se sentait plus vraiment en terrain connu, d'autant plus qu'elle commençait à sérieusement douter de sa manière d'avoir appris à jouer. Peut-être finalement que son père la laissait gagner pour lui faire plaisir mais qu'elle n'arrivait à élaborer aucune tactique. Enfin si elle en avait une, foncer dans le tas. Elle sentait également qu'elle perdait ses atouts face à ce fils de militaire, comme il venait de le lui annoncer. La seule chose qui la rassurait encore c'était le visage amical de Narcisse, mais qu'en était-il si sa rage de gagner passait sur leur match amical. Après tout, ils étaient là pour s'amuser pas vrai ? Peu importe qui gagnerait ? C'était du moins l'état des pensées de la gamine de Serpentard, qui loin d'être mauvaise joueuse, espérait simplement ne pas se ridiculiser à ce jeu. Gagner c'était une chose, perdre en se faisant laminer c'en était une autre. Elle observa le champ de bataille noir et blanc, essayant de faire fi des autres élèves autour. La petite sorcière blonde essayait tant bien que mal d'évaluer les possibilités qui s'offraient à elle, mais l'anxiété que lui procurait l'effet d'être observée l'empêchait finalement de garder pleinement possession de ses moyens. Posant son menton dans la paume de sa main, elle marmonna à sa pièce blanche : « Pion en G3. » Le petit soldat à tête ronde s'avança dans un grincement sourd. Elle leva ses yeux verts sur son adversaire. « Et c'est à toi. »