C’était la journée idéale. La matinée parfaite. Contrairement à une grande majorité des élèves, Orphéa n’avait pas cours. Et un certain garçon de Serdaigle non plus. Accompagnée de Bad, la cinquième année arrivait devant la quatrième porte à droite après la statue de Boris le Hagard, derrière laquelle se trouvait la salle de bain des préfets. Entrer dans cette pièce était l’un de ses objectifs avant de quitter Poudlard. Malheureusement, la jeune fille savait qu’elle ne serait jamais préfète. Il faudrait qu'un miracle ait lieu pour que cela arrive. Et malgré le fait que plusieurs de ses amis soient préfets, elle n’avait jamais réussi à leur faire partager le mot de passe. Alors quand le sujet avait été lancé innocemment par Miss Priddy au club de sortilège la semaine précédente, la Serpentard avait sauté sur l’occasion pour proposer au garçon d’essayer de s’infiltrer dans la salle de bain. Elle était sûre qu’en se basant sur les anciens mots de passe ils pourraient réussir à deviner l’actuel. Tout en discutant, ils lançaient des groupes de mots hasardeux avant d’essayer de pousser la porte. Après de longues minutes et de nombreux échecs, Orphéa lança une dernière tentative.

« Lune de printemps ? Tenta la petite brune avant de s’adosser contre la porte déçue. Je pensais vraiment qu’on pouvait réussir à le deviner, mais je crois que c’est mort. Dommage que la fête foraine ne soit plus là, on aurait pu aller faire un tour de grande roue pour s’occuper »

La réponse qu’il lui donna la figea sur place. Elle crut un instant avoir mal entendu.

« J’ai bien aimé la grande roue mais j’ai encore plus aimé t’embrasser »

La jeune fille lança un petit rire gêné avant de baisser légèrement la tête pour regarder ses doigts, laissant place au silence. Elle avait l’habitude de jouer avec ses ongles quand elle était nerveuse. Mélangée à l’excitation, à la peur, et à la joie, la nervosité prenait le dessus alors qu’elle attendait ce moment depuis plusieurs semaines. Les deux adolescents étaient rarement seuls ensemble, et quand cela arrivait, cela ne semblait jamais être le bon moment pour évoquer ce qui s’était passé entre eux pendant les vacances. Au fond, Orphéa mourrait d’envie de lui répondre qu’elle aussi, elle avait adoré cela, et qu’il pouvait recommencer quand il le voulait. Mais elle avait besoin d’en parler. La jeune fille avait besoin de savoir

« Ça voulait dire quoi pour toi ? Demanda la Serpentard d’un air qui se vouait détaché. Pourquoi tu as faits comme s’il ne s’était rien passé pendant tout ce temps ? »

Elle regardait toujours ses mains, trouvant que c’était la chose la plus confortable à faire. Elle ne savait pas exactement ce qu’elle attendait comme réponse. Elle espérait simplement que cela signifiait quelque chose. N’importe quoi.

Malgré l'absence de cours les mercredis, Bad avait aujourd'hui un programme chargé. Alors qu'il devait se rendre en fin de journée à une nouvelle réunion d'informations sur JoBaRBiLLe, le Serdaigle avait avant cela un rendez-vous important avec sa "davantage qu'amie" Orphéa. Depuis ce baiser échangé lors des vacances estivales, les deux adolescents avaient rarement eu l'occasion de se retrouver en tête-à-tête. Des occasions qu'ils n'avaient pas non plus cherchés à créer avant ce mercredi.

C'était le cœur battant que Bad avait rejoint la Serpentard devant la salle de bain des préfets. Orphéa avait toujours rêvé d'y pénétrer et le garçon, qui avait eu l'occasion de profiter du rôle et des avantages associés durant quelques mois, lui avait proposé son aide. En réalité, cela n'était qu'un prétexte. Bad se moquait de réussir ou non à retrouver les luxueuses baignoires. Ce qu'il souhaitait véritablement, c'était de connaître ce qu'il en était de sa relation avec la jolie brune.

Après de multiples échecs sur leurs tentatives de craquage de mots de passe, Bad sauta sur l'occasion du rappel de leur moment privilégié et intime à la fête foraine pour rebondir sur le baiser échangé de longues semaines auparavant. La garçon rougit légèrement mais ne regretta pas ses mots. Il était clair qu'ils devaient en parler et la gêne visiblement ressentie par Orphéa ne devait pas les entraver. Bad respira profondément et maintint son regard posé sur la Serpentard. Il devait être fort et ne pas lâcher le morceau. Il fit bien car la jeune fille, membre d'une des plus prestigieuse famille du pays, finit par aborder le sujet. Le motif véritable de leur présence ici.

Alors qu'il s'était préparé à en discuter, les questions d'Orphéa déstabilisèrent Bad. Je n'en savais et n'en sais toujours rien, n'était pas la réponse exacte même si elle avait un fond de vérité. Car je t'aime plus que tout, Orphéa Cooper, non plus. Essayant de décrire au mieux sa vérité, le garçon se lança de manière hésitante et maladroite.

« Je crois qu'après tous les moments qu'on a passés ensemble, je me suis rendu compte que tu n'étais pas comme les autres de la bande. Ce que je veux dire, c'est que toi je te vois ... différemment. Je ne te regarde pas comme Ennis ou Megan, tu comprends ? Quand je suis avec toi, je sens tout mon corps réagir. Souvent, j'ai envie de t'embrasser mais je n'ose pas car on est censé être juste amis. Je ne sais pas ce que c'est mais je ressens autre chose que de l'amitié pour moi. Bad avait parlé en tentant de garder son regard sur Orphéa mais régulièrement celui-ci était fuyant. Avouer ses sentiments était libérateur mais parfois difficile. On n'en a pas reparlé après c'est vrai. Je pensais que pour toi, ce baiser ne signifiait rien. Rien d'autre qu'une folie dans la nuit. Comme si c'était arrivé mais que ça ne comptait pas. Alors, je n'ai rien dit non plus et j'ai laissé les choses suivre leur cours. Bad haussa les épaules en soupirant. Même avec les jours qui passaient, on n'en a pas discuté et le temps est passé. Pourtant, ce baiser a beaucoup compter pour moi, tu sais. C'est bon, il se lançait. J'y repense tous les jours et c'était si agréable que chaque fois que je te revois, j'ai envie de recommencer. »

Bad arrêta un instant son monologue. Il devait laisser à Orphéa le temps de réagir à ce qu'il venait de lui dire. Pourtant, le Serdaigle aurait souhaité continuer et ne pas prendre le risque de se prendre un mur en pleine face.

Même avec la tête baissée vers le sol, Orphéa pouvait sentir que ses questions avaient déstabilisé le garçon. Mais elle n’avait pas osé aborder le sujet autrement. Elle n’avait à aucun moment réfléchi à ce qu’elle pourrait dire lors de cette discussion, pensant qu’elle trouverait les mots spontanément pour exprimer ce qu’elle ressentait le moment venue. C’était en vérité l’exact opposé. La Serpentard qui aimait tant parler en était à présent incapable. Le laisser s’exprimer en premier était plus simple, plus facile et terriblement lâche. Alors que Bad parlait, le regard de la jeune fille restait fuyant, la plupart du temps fixé sur ses mains. Pourtant, à mesure qu’elle comprenait le sens de ses mots, Orphéa se détendait, et ne pouvait retenir le sourire qui s’étendait sur son visage. Elle rougit, plusieurs fois, et son coeur battant beaucoup trop vite. Elle était soulagée de constater que finalement, ils ressentaient tous les deux la même chose. La cinquième année décida de relever la tête, ayant du mal à garder son sourire pour elle. Elle ne savait pas quoi répondre. Même après les déclarations du garçon, elle avait du mal à trouver les bons mots pour exprimer ces sentiments. Elle voulait qu’il sache qu’elle se retrouvait dans ses paroles, alors doucement, la brune attrapa la main de Bad pour l’attirer vers elle.

« Je..., commença Orphéa avant de s’éclaircir la voix. Je crois que je ressens à peu près la même chose »

La jeune fille hésita un instant, puis décida que finalement, les mots n’étaient peut-être pas aussi nécessaires qu’elle ne l’avait pensé. Elle tira davantage sur le bras de Bad pour l’obliger à se rapprocher encore. La cinquième année profita un instant de la proximité entre leurs deux corps, puis elle leva la tête et se haussa sur la pointe des pieds pour s’approcher de ses lèvres. Elle pouvait sentir son souffle sur son visage. Orphéa se rapprocha encore et déposa finalement sa bouche sur celle du Serdaigle, doucement, comme si elle risquait de casser quelque chose au moindre geste brusque.

Pendant les dixièmes de secondes qui suivirent la fin de sa réponse, Bad eut le cœur qui tambourina contre sa poitrine. Il s'était livré, difficilement certes, mais il avait réussi. Il était à la fois fier et inquiet. Peut-être qu'Orphéa allait lui rire au nez dans quelques instants. Suspens !

La Serpentard commença par lui saisir tendrement la main. Le cœur de Bad loupa un battement. C'était bon signe, non ? Leurs corps s'approchèrent et une intimité bien plus qu'amicale s'installa entre eux. Le contact de leurs peaux, leurs souffles chauds et l'odeur de leurs cheveux n'étaient perceptibles que parce qu'ils franchissaient ensemble un nouveau cap dans la nature de leur relation.

Orphéa daigna finalement ouvrir la bouche. Hésitante, elle aussi. Les mots qui en sortir ravirent Bad plus que tout. Ce dernier ne put retenir un grand sourire, les yeux brillants d'émotion. Y avait-il plus belle et forte sensation que de savoir que ses sentiments étaient réciproques ? Le Serdaigle n'eut pas le temps de réfléchir plus longuement à la question car la Serpentard l'attira à lui et ce qui devait arriver arriva. Bad se laissa faire et se plongea intensément et passionnément dans ce baiser. Le deuxième mais le premier en pleine conscience. Ils n'avaient plus l'excuse de ne pas être totalement éveillés. Ils le voulaient tous les deux ce baiser et il était tellement attendu qu'ils allaient en profiter, nom d'un Palomino !

Bad posa ses mains sur les joues d'Orphéa comme s'il avait peur qu'elle arrête ce baiser. Pénétrer la salle de bain des préfets n'avait rien d'aussi excitant que de s'introduire dans le cœur de la cinquième année. Le temps n'avait plus de durée mais Bad finit par se retirer, ses mains toujours sur le visage de la Serpentard. Il lui sourit tout simplement et l'embrassa à nouveau.

Comme tous les mercredis, Sixtine n'avait aucun cours à dispenser et, elle profitait de ce temps libre pour préparer ses cours, s'occuper des élèves et autres choses passionnante que font les professeurs durant leur temps libre. Elle avait beau dépasser très rarement le 2e étage, parfois, elle s'aventurait au delà et, ce jour là, ce fut le cas.

La professeure de défense contre les forces du mal allait continuer sa route en direction de la tour d'astronomie lorsqu'une voix plus que familière remonta jusqu'à ses oreilles. Elle n'eut pas besoin d'en entendre plus pour savoir qu'elle venait d'entendre la voix de l'un de ses prodiges. Piquée par la curiosité, elle stoppa sa marche et fit marche arrière lorsqu'elle entendit la voix d'une jeune fille. Cette voix aussi lui était familière et comment ne pas reconnaitre cette jeune fille qu'elle avait entrainé tous les mercredis durant l'année passée. Et bien voilà la raison de sa progression en défense contre les forces du mal.

Lorsque la professeure fit enfin son entrée devant la porte de la salle de bain des préfets, elle découvrit le 6e année enfournant sa langue dans la bouche de la 5e année. Tout cet échange de bave lui fit hausser un sourcil. D'humeur taquine et parce qu'elle appréciait beaucoup le garçon de Serdaigle, Sixtine sortit sa baguette et lança un sort informulé. Voilà que la langue des deux amants allaient s'emmêler durant quelques secondes.

Avant que l'un des deux ne puissent la voir, elle fit volteface et retourna sur ses pas en direction de la tour d'astronomie.

Post unique, merci pour l'invitation et bon courage pour le noeud dans la bouche.

Orphéa aurait voulu que ce moment ne s’arrête jamais. Ses lèvres posées sur celles du Serdaigle, elle sentit ses mains remonter vers ses joues pour encadrer son visage, comme s’il avait peur qu’elle s’échappe. Ce geste lui donnait le sentiment d’être la personne la plus importante aux yeux de Bad, et qu’il ne l’abandonnerait jamais. Puis il s’éloigna doucement pour sourire, ce qu’elle fit également. Comblée, la Serpentard avait la sensation d’être exactement là où l’univers voulait qu’elle soit. Un profond soupir de contentement lui échappa, mais déjà, le brun l’embrassait de nouveau, pour son plus grand bonheur. Une nouvelle fois, elle se laissa aller à ce baiser, glissant ses mains dans le dos du garçon. Mais alors que le moment aurait dû être parfait, la brune remarqua qu’il se passait quelque chose d’étrange au niveau de sa langue. Comme si le Serdaigle cherchait à enrouler sa langue autour de la sienne, d’une manière bien trop brutale et baveuse à son goût. Comment un échange si agréable pouvait se transformer en une véritable torture en si peu de temps ? Et si c’était simplement la manière de Bad de l’embrasser ? Non, ce n’était pas possible. Ce n’est qu’en cherchant à se dégager de son étreinte qu’Orphéa compris que quelque chose n’allait pas. Sa bouche était bloquée contre celle du brun, et leur langue semblait s’être emmêlé au point de former... un nœud ?

« Qhhuuecccheiiechepaaaeche ? tenta désespérément la jeune fille avant de se rendre compte que la parole n’aiderait pas »

Ce baiser était si agréable. Bad profitait pleinement de chaque seconde, ses sens en éveil, et tentait d'inscrire, autant dans sa mémoire que dans chacune des parcelles de son corps, les émotions qu'il ressentait en cet instant. Ils étaient seuls dans ce couloir et c'était une aubaine de pouvoir profiter de cette parenthèse d'intimité. Lorsque les mains d'Orphéa caressèrent son dos, le Serdaigle ne put réprimer un frisson qui s'acheva par une chair de poulet cracheur de feu sur toute sa peau. Cette intimité nouvelle était exaltante et excitante. Le baiser du garçon redoubla d'intensité tandis que les flammes des chandelles éclairant le couloir semblèrent soudainement vaciller.

À cet instant, à la surprise de Bad, il ressentit une étrange sensation au bout de sa langue. Il fit instinctivement le parallèle avec le jour où il avait léché un glaçon. C'était juste pour essayer, avait-il répondu honteux à l'époque à Madenn Bell, sa mère. Il retrouvait cette impression d'être collé à langue de la jeune fille. Sans cette sensation de froid néanmoins. Imperceptiblement, le Serdaigle fronça les sourcils mais ne voulut effrayer Orphéa de peur qu'elle n'arrête ce moment suspendu dans le temps. Non, leurs langues n'étaient pas collées. C'était autre chose. Elles ne faisaient plus qu'un mais d'une manière pourtant impossible. Comme si elles étaient ... nouées. Nouées ?! Bad écarquilla les yeux au moment où Orphéa tentait elle aussi d'en savoir plus.

« Chééé pas ! »

Le sixième année posa ses mains sur les bras de la Serpentard pour éviter qu'elle ne s'éloigne et que leur langues ne s'arrachent dans un bain de sang digne de leurs pires cauchemars.

« Attends, bouche pas ! »

Bad sortit sa baguette de la poche de sa robe et pointa leurs langues emmêlées. Arriverait-il à lancer son contresort en informulé ? Un grand risque pour ce sorcier qui débutait sa sixième année. Quelque chose sortit de sa baguette mais, son visage face à celui d'Orphéa, Bad ne put savoir si c'était bien son sortilège qui avait fonctionné ou les effets du maléfice qui disparaissaient. Car oui, maintenant il en était sûr, on leur avait lancé un sort.

Leurs langues déliées, Bad tourna la tête dans toutes les directions mais aucune trace d'un quelconque agresseur.

« Qui est le crétin qui a fait ça !, jura-t-il les dents serrées. »

Merci Miss @Sixtine Valerion pour ce passage Bad vous en remercie moins.

En voyant le brun sortir sa baguette, Orphéa ne put s’empêcher de fermer les yeux. Dans leur état, elle ne pouvait protester contre la dangerosité de l’exercice, alors attendre les yeux fermés, lui semblait être l’option la plus rassurante. Quand ils retrouvèrent leur liberté, son premier réflexe fut d’essuyer la bave qui lui coulait sur le menton, ne sachant pas s’il s’agissait de la sienne ou non.

« Tu penses que c’est un sort qu’on nous a lancé ? répondit la cinquième année en paniquant, ramenant ses cheveux derrière son oreille, comme pour retrouver une certaine contenance. Ça veut dire que quelqu’un nous a vus ! »

Elle se tut et ne dit rien d’autre, ayant peur de laisser penser à Bad qu’elle avait honte d’être vu en sa compagnie. La raison pour laquelle elle ne souhaitait pas être vu avec lui était bien différente. Il s’agissait de peur, totalement irrationnelle, mais de peur tout de même. Peur que sa grand-mère n’ait des yeux cachés dans le château, qu’elle ne découvre cette relation naissance et ne décide de l’envoyer dans un pays étranger à l’autre bout du monde. Peur qu’elle ne trouve un moyen de pression qui l’oblige a piétiner cette idylle. Les peurs de la jeune fille étaient totalement infondées, mais la matriarche de la famille Cooper était tellement tordue, qu’elle serait capable de payer des élèves pour lui rapporter le moindre de ses faits et gestes. En réalité, il était plus probable que Rachel n’envisage pas une seconde que sa petite fille puisse fréquenter un sang-mêlé, trop certaine que l’éducation qu’elle avait offerte à sa famille serait suffisante à la tenir à distance de ce fléau.

« On devrait aller ailleurs, rajouta la brune en attrapant l’avant-bras du Serdaigle, même si elle mourrait d’envie de partir à la recherche de l’inconnu qui les avait surpris pour le dissuader de répéter ce qu’il avait vu. On trouvera un endroit plus tranquille »