La journée de Veronica s’était passée comme toutes les journées classique d’une jeune écolière. Un réveil assez tôt, un petit déjeuner rapide avec sa famille avant d’être déposée à l’école par sa mère, et suivre les cours assez ennuyants de son professeur moldu… Sans oublier bien sûr les récréations longues et bruyantes avec toutes sortes de bousculades et balles reçues en pleine tête, et le regard fixé sur l’horloge de sa salle de classe. Et une fois l’école finie, c’était la liberté, du moins en partie.

Avec la venue du printemps, sa nourrice avait pris l’habitude de les emmener au parc, Veronica et son petit frère, Elliot. Un vrai petit singe celui-là, qui adorait jouer dans les structures, tandis que la petite brunette s’éloignait le plus possible pour se poser sur un banc, avec un livre. Tout pour avoir le moins de contact avec la femme qui les gardait. Elle parlait beaucoup trop au yeux de Veronica, à se plaindre de ses petits copains, ses chats, son travail… Son fort accent et sa voix criarde avaient le don d’hérisser les poils de bras de la jeune fille.

Ce jour-là, à son habitude, elle s’était donc tranquillement installée sur son banc favori. Pas trop loin pour que la grande perche blonde puisse l’avoir à l’œil, mais assez éloigné des structures, pour ne pas être gênée par les cris des autres enfants. Elle avait discrètement prit les Contes de Beedle le Barde dans son sac aujourd’hui, malgré l’interdiction de son père de sortir de la maison avec des livres sorciers. Quel mal pouvait-ce faire après tout ? Il n’était pas magique, et la couverture était bien cachée sur ces genoux.

Plongée dans sa lecture de son conte favori, Le Conte des Trois Frères, la jeune enfant ne prêtait plus attention à son environnement, le regard passant de mot en mot et de phrase en phrase.

@Erin Fergusson, voilà ! J'espère que ça te va comme ça.

Comme tous les enfants de 8 ans, je vais à l'école où j'apprends pleins de choses, certaines moins amusantes que d'autres. Une des choses que j'aime le plus faire, c'est dessiner. Certes, mes dessins sont encore un peu brouillon, mais la maitresse me fait toujours des compliments. Ce qui manque à mes dessins c'est de l'expérience, de la finesse dans les traits et des détails. Mais c'est normal pour une fillette de 8 ans.
Comme de nombreux enfants de 8 ans, j'ai des frères qui sont plus âgés que moi. En réalité, des frères jumeaux. Ceux-ci étudient dans un internat quelque part en Ecosse : une école particulière pour élèves particuliers. Et lorsque j'aurais moi même 11 ans, j'irais étudier là-bas.
Car, contrairement à la majorité des enfants de 8 ans, j'ai un secret. Un secret qu'il faut absolument protéger : je suis une sorcière. Mes parents et mes frères sont des sorciers.


Avec le retour du printemps, Moïra, la cousine cracmol de papa qui travaille à la boutique familiale, m'accompagne, deux à trois fois par semaine, jusqu'au parc situé entre l'école et la maison.
C'est l'occasion de profiter de l'arrivée des beaux jours et des fleurs naissantes.
Car, il était bien plus facile de dessiner une plante, immobile, qu'un animal qui bouge tout le temps.
J'avais mon petit coin préféré : un banc, près un parterre de fleurs, un peu à l'écart.
Sortant mon carnet et mon matériel de dessin, je dépose mon sac près de Moïra qui s'est installée sur le banc et qui est déjà entrain de lire un livre moldu : une histoire de vampires et de loups-garous.
Si les moldus savaient que ces créatures existaient vraiment, je me demande comment ils réagiraient !
M'approchant de mon coin fleuri, je recherche le modèle idéal...

La jeune Blackburn était passionnée par sa lecture, et par les livres en général. Elle n’avait pas beaucoup d’occupation après tout, entre l’école moldue et les cours particuliers que son père lui octroyaient. Elle avait le violon, certes, mais ce loisir était plus un moyen de faire plaisir à sa grand-mère… Selon Améthyste Blackburn, il était important qu’une jeune fille sache jouer d’au moins un instrument de musique. Veronica n’avait jamais vraiment compris pourquoi.

Confortablement assise sur son banc, elle s’imaginait presque l’histoire se dérouler dans son esprit comme un de ces films moldus que sa mère aimait tant. En noir et blanc. Ce genre de film n’était pas du tout à son goût habituellement, mais le conte qu’elle lisait s’apprêtait bien à une absence totale de couleur.

Ce n’était qu’une histoire pour enfant selon les dire de son père, mais elle n’y croyait pas vraiment. Dans son esprit, la petite fille était persuadée que les trois reliques existaient, ou du moins, avaient existé. La baguette de Sureau, la Pierre de résurrection, et surtout la Cape d’Invisibilité. Ce dernier objet la faisait rêver. Combien de fois avait-elle supplié son père pour en avoir une ? Mais c’était peine perdue, une enfant de 8 ans n’avait aucune crédibilité de toute façon.

Elle leva un instant son regard du livre. De là où la brunette était, elle pouvait voir son frère sur le toboggan, et sa nourrice à moitié endormie. Il y avait d’autres personnes autour, mais rien de bien intéressant à ses yeux, si bien qu’elle se concentra à nouveau sur son livre.

Armée de mon matériel de dessin d'une main et de mon carnet de l'autre, je fit quelques pas en direction des parterres de fleurs qui donnaient une note colorée et odorante au parc.
Je parcours des yeux les différentes zones à la recherche du modèle du jour. Je voulais quelques choses de plus complexe qu'une simple pâquerette. Il me fallait de la nouveauté pour ne pas dessiner toujours la même chose et surtout un défi à relever pour progresser.
Mon regard se pose sur une zone tricolore, un mélange de tiges portant des fleurs en forme de clochettes allongées et dont les couleurs sont soit bleue, soit rose, soit blanche.
*Parfait*, pensais-je en m'installant dans l'herbe, heureusement sèche.
Je prends le temps de bien observe la plante. A la base, je note la présence de feuilles plutôt allongées et peu larges. Elles sont peu nombreuses, juste trois ou quatre et semble prendre naissance dès la sortie du sol. Il doit y avoir quelques choses dans le sol, mais je n'ose pas gratter le sol. La tige doit mesurer au moins une vingtaine de centimètres voir plus et porte une dizaine de fleurs.
Je note consciencieusement toutes ses informations sur la page de gauche.
Maintenant, il est temps de se lancer. Mais dans un premier temps, je vais me concentrer sur une seule fleur plutôt que sur l'ensemble de la hampe florale.
Quelques traits pour la forme générale de la partie haute de la fleur qui est allongée, puis je m'essaye à la partie basse, la plus difficile car la plus détailler à faire.

Au bout d'une vingtaine de minutes, la page du carnet se retrouve remplie de nombreuses tentatives, plus ou moins réussites...
Voulant faire une pause, je lève les yeux en direction du parc. Il y a quelques enfants qui s'amusent sur les différents jeux proposés.
Mais c'est une fillette de mon âge, assise entrain de lire, qui attire mon attention. Il me semble l'avoir déjà croisée ici...

Elle tenta tant bien que mal de se reconcentrer, en vain. La jeune Veronica n’arrivait plus à faire abstraction du bruit environnant.

Génial…

La brunette avait changé de position, allongeant ces jambes sur le banc, puis en se rasseyant avec une jambe repliée, puis le livre au-dessus de la tête… Toutes ses gesticulations ne servaient à rien, car les cris d’enfant lui parasitaient les pensées. Elle souffla, désespérée. Cela ne servait à rien, elle avait perdu le fil de sa propre lecture, et se décida à abandonner. Le livre, qui gisait sur ses genoux, fut déplacer sur le côté, toujours ouvert.

L’ennui se tarda pas à pointer le bout de son nez.
Son pire ennemi.

Ne savant quoi faire, elle se laissa à nouveau dans l’observation de son environnement, qu’elle connaissait pourtant par cœur. Des enfants, plus ou moins de son âge ou de celui de son frère, qui rigolaient et criaient et… Faisaient ce que l’on attendait, c’est-à-dire rien d’utile. Ce temps de pause était sensé être un répit, entre l’école et les devoirs, mais ce jour-là encore plus que les autres, elle s’ennuyait.

Elle remarqua cependant une autre enfant, qui ne rigolait ni ne criait. Comme elle. Etrange. Il était rare pour Veronica de voir quelqu’un de son âge, aussi calme et posé.

Mais ce qu’elle remarqua surtout, c’est que cette rousse la regardait, elle aussi.

Au fur et à mesure de mes tentatives, mes dessins s'amélioraient, d'abord sur la forme générale de la fleur, puis sur les détails qui la constituaient.
C'est en relevant la tête pour soulager ma nuque qui commençait à devenir un peu douloureuse à cause de la position prise pour dessiner, que je la vois : une fillette, assise sur un banc, occupeée à lire. Elle me semble familière, surement une habituée du parc, comme moi.
Enfin, pas vraiment en train de lire lorsque je vois la châtain en train de s'agiter dans tous les sens sur son banc pour finalement poser le livre à côté d'elle.
Sans vraiment le réaliser, je continue à l'observer jusqu'au moment où nos regards se croisent. Prise en flagrant délit d'espionnage, je rougis légèrement avant de lui sourire et de lui faire un petit signe de la main.
Puis, je replonge dans mon massif de fleurs, comme pour me faire oublier par l'autre fille. Mais ma curiosité est la plus forte : impossible de me concentrer sur les plantes que j'avais dessiner un long moment plus tôt.
Soupire, je finis par me relever. Fermant mon carnet, je me rapproche de Moïra pour déposer à côté d'elle ce-dernier et lui signaler que je vais m'éloigner un peu tout en indiquant la direction de l'autre fille qui avait attisée ma curiosité.
Prenant une grande inspiration pour me donner du courage, je traverse une partie du parc jusqu'à me placer devant la fillette aux cheveux châtain.

- Euh... salut... Tu lis quoi ?

Veronica fronça les sourcils. Pourquoi lui faisait-elle un signe de main ? Elles ne se connaissaient pas. Au final, la brunette se reconcentra sur son frère, qu’elle avait repéré sur une des balançoires. Elliot était très timide d’habitude, mais il s’était fait des amis, à force de venir dans ce parc.

Des amis moldus…

Le jeune garçon faisait ce qu’il voulait de toute façon. Mais se faire des amis étaient inutiles. D’autant qu’il était clair pour Veronica qu’elle irait à Poudlard dès ses onze ans, et cela lui convenait. C’était un argument de plus pour se tenir éloigner des autres enfants de l’école. De toutes les manières, elle préférait la solitude et le calme aux brailleries et aux moqueries des pestes de sa classe.

Elle fut sortit de ses pensées par une soudaine interruption. Il s’agissait de l’étrange fille qu’elle avait observé auparavant. Surprise, elle prit son temps pour réagir, et son regard se porta immédiatement sur le livre en question, encore ouvert, qui gisait à côté d’elle.

Un livre pour les sorciers !

« T’es qui ? Et… Pourquoi cette question ? », répondit-elle en se saisissant de l’ouvrage et le posant sur ses genoux, par sécurité. Ce n’était pas un objet pour les moldus, même s’il n’avait rien de magique. J’aurais du aller dans la bibliothèque de maman au lieu de celle de papa…

Je ne comprenais vraiment pas pourquoi, mais cette fillette, assise sur son banc, elle m'intriguait vraiment. Pas parce que j'avais déjà du la croiser ici, dans ce parc, mais c'était autre chose... quelque chose d'inexplicable...
C'est pour cela qu'après l'avoir observée à plusieurs reprises, j'avais fini par prendre mon courage à deux mains pour me diriger vers elle et lui parler.
Cependant sa réponse me stoppe net dans mon élan... Avais-je dit ou fait quelque chose de mal ?

- euh... désolée..., commençais-je d'une toute petite voix. J'm'appelle Erin. Il m'semble que j't'ai déjà vu dans c'parc, non ?, repris-je après une inspiration pour reprendre courage. J'viens souvent pour dessiner, moi. Mais j'aime bien lire aussi. C'est pour ça que j'voulais savoir c'que tu lisais., terminais-je en posant mon regard sur le livre que la fillette avait posé sur ses genoux à mon arrivée.

C'est étrange, ce livre m'avait l'air familier. J'observe avec attention ce que je peux voir de la couverture. C'est bizarre... on dirait... non, c'est pas possible... si c'est bien le livre auquel je pense, alors ça veut dire dire qu'elle est...
- Euh... excuse-moi... mais ton livre... c'est un livre de contes, non ?, commençais-je à dire d'une voix hésitante. Y'aurais pas une histoire qui parle de trois frères qui doivent traverser une rivière ?
Voila, la question était posée...

Elle l’avait déjà vu ? C’était possible, mais Veronica n’y avait pas prêté attention. Elle n’était pas le genre d’enfant social, bien au contraire. Elle savait qu’elle était différente, on lui avait suffisamment répété en grandissant. Pourquoi faire des efforts pour cacher une partie de son identité ? Les autres n’en valaient pas la peine.

Veronica aimait sa solitude, à défaut d’aimer le reste.

« Je viens souvent ici oui, mais ton visage ne m'dit rien… »

En même temps, il y avait beaucoup d’enfant qui fréquentait ce parc, la brunette n’allait pas retenir toutes les têtes qu’elle avait déjà vu dans le coin. Ils étaient tous pareil – parfois plus bruyants et pleurnichards que d’autres. Il était néanmoins plus rare de voir des enfants plus calmes, comme semblait l’être cette Erin.

« Je m’appelle Veronica. »

Bien que son petit frère s’évertuait à l’appeler Nika, ce qui était tout de même mieux que Vero ou Caca, la jeune enfant n’appréciait pas les surnoms qu’on pouvait lui donner. Elle n’avait pas choisi son prénom, mais la manière dont elle se ferait appeler en grandissant était son choix, et non celui de n’importe qui.

« Pour répondre à ta question, c’est juste un livre que j’ai trouvé à la… hm… bibliothèque. Un livre de conte, mais il est nul. »

Il était loin d’être nul, mais elle ne pouvait pas le dire à la jeune inconnue. Et ne voulant pas le montrer davantage à celle qu’elle pensait être moldue, elle glissa le livre sous ses jambes, la couverture toujours du côté non visible.

« Qu’est-ce que tu dessinais ? »

Ajouta-elle en espérant la distraire. Elle n’avait pas envie de quitter son banc, et elle devait se l’avouer, Veronica était un peu curieuse de Erin.

C'était toujours un peu compliqué de discuter avec les autres enfants, surtout quand c'était dans un lieu public, comme un parc. Enfin, c'est pas de parler qui est compliqué, mais plutôt de devoir surveiller ce qu'on peut dire ou pas. Une sorcière perdue au milieu des enfants moldus, il ne fallait pas dire quelque chose qui pourrait briser le secret magique. Interdiction de dire les mot baguette, potion, magie, sortilège et tant d'autres que je pouvais librement utiliser à la maison.

- Souvent, j'm'installe dans un coin à l'écart pour dessiner... C'est p'être pour ça., tentais-je d'expliquer.
J'essayais toujours de trouver un coin un peu plus calme, pour ne pas être trop déranger et ainsi dessiner tranquillement. Ce qui n'était pas toujours facile à faire dans un parc à jeux. Mais bon, il y avait de jolies fleurs, c'était déjà ça.

- Veronica, répétais-je en lui adressant un sourire lorsque la fillette se présenta à son tour.

Puis, je vis la fillette cacher son livre en le glissant sous ses jambes. J'avais beau tenté d'essayer de regarder, je n'arrivais pas à savoir si c'était le livre auquel je pensais. *nom d'une crotte d'hippogriffre* pestais-je intérieurement.
- Oh, j'dessine des fleurs. J''ai essayé les animaux, mais j'ai pas d'chat à la maison. Ca aurait été facile de dessiner un chat, ça dort souvent... Mais on a que des hib... oiseaux à la maison, me repris-je au dernier moment. Si tu veux, j'te montre mes dessins ? Faut juste que j'aille récupérer mon carnet auprès d'ma cousine., lui proposais-je en désignant la jeune femme installée un peu plus loin sur un banc.

*Oui, oui... Allez, accepte ! Comme ça, en m'asseyant à côté de toi, je pourrais enfin savoir le titre de ton livre*