Comme l'année dernière, Alexander n'avait aucun cours le mercredi. Il en profitait pour devouer ces après-midi à la maîtrise des sortilèges étudiés en cours, tandis que la matinée était elle synonyme de tour dans les serres de Botanique. Sans surprise, cela lui rappelait son emploi du temps au manoir, la seule différence étant qu'à la maison, il avait beaucoup moins de temps pour un bon petit-déjeuner.

Aussi, dès qu'il aperçut l'heure filer vers dix heures, soit l'ouverture des serres le mercredi, le jeune Serpentard referma son livre et fila en direction de la Serre Tropicale. Étant donné les préférences de sa grand-mère, c'était la serre de Poudlard la plus proche de celle de Moïra Joyce, et donc, celle contenant le plus de plantes familières au garçon. C'était ici qu'il proposait le plus souvent son aide à Mr Featherstone, même s'il préférait surtout en apprendre davantage sur l'entretien des végétaux qu'il ne connaissait pas encore.

Le micro-climat chaud et humide de la Serre n°1 était très plaisant à Alexander, autant par nostalgie qu'en différence avec la fraîcheur de cette matinée de fin d'été écossais. S'attendant à être seul, le Serpentard s'aperçut en dépassant le grand Moringa qu'une jeune fille de son âge se déplaçait également à travers la serre. Il la reconnut avec appréciation : Alexander ne connaissait pas son nom, mais c'était l'une des rares camarades de sa promotion qui avait l'air de s'intéresser avec succès au monde végétal. L'enfant avait pu le constater l'année précédente et, s'il avait bien envie de faire connaissance avec une élève avec qui avoir de possibles passionnantes discussions, il n'avait jamais vraiment eu le temps pour cela.

- Bonjour.

Comme tout ce qui sortait de sa bouche, c'était une salutation aussi neutre que son visage, malgré la bonne appréciation générale qu'il avait pu avoir de la presque inconnue lors de sa première année. Il ne pouvait tout simplement pas faire mieux, et il n'allait quand même pas la déranger, ils avaient sûrement tous les deux bien mieux à faire. Aussi, conformément à son programme initial, Alexander s'assit face au Moringa avant de sortir son carnet à croquis. D'un regard appréciateur, il commença à vérifier l'entretien du bel arbre, pour le signaler au professeur en cas de besoin, avant de débuter son dessin.

Pourquoi est-ce que je suis passée par cette serre ? Cela n'était pas obligatoire pour aller à la serre n°6, si ? Il ne me semblait pas. Elles étaient cependant toutes proches. Et je me suis surprise à entrer dans la serre tropicale assez naturellement. Sans doute un souvenir de ces derniers jours. Un bon souvenir. Après tout, cela s'était bien passé. Et désormais cette serre me faisait penser à notre moment passé ici. Peut-être que j'espérais le croiser ? Je n'en sais rien. Je crois que j'ai agi sans vraiment réfléchir. Et puis un mot résonne jusqu'à mes oreilles. Un bonjour. Un bonjour que je n'attendais pas, d'une voix que je ne reconnaissais pas. Je me suis donc arrêtée de marcher pour regarder qui ça pouvait bien être.

Et c'est à ce moment-là que je le vis. Nos regards se sont à peine croisés et j'ai pu apercevoir ses traits neutres sur son visage. Comme s'il venait de dire bonjour machinalement. Est-ce bien à moi qu'il s'adressait ? Je regarde autour de moi. Personne d'autre. Nous ne sommes que tous les deux. Ce Serpentard est de mon année, il me semble. Je crois me souvenir de lui à quelques cours l'an dernier mais on ne s'est jamais adressé la parole. Alors pourquoi m'a-t-il salué subitement ? Je cligne des yeux en regardant ce qu'il fait, perturbée.

Il venait de me dire bonjour comme s'il n'avait pas eu le choix alors qu'il aurait très bien pu m'ignorer. Et maintenant qu'il a attiré mon attention, il s'éloigne pour aller dessiner ? Je continue de cligner des yeux, totalement perdue sur ce comportement que je n'arrive pas à analyser. Je regarde une nouvelle fois autour de moi. Personne. C'était donc bien à moi qu'il parlait. Pas de doute possible. Je me sens alors gênée car je n'ai pas répondu à ses salutations mais il faut dire aussi qu'il a une drôle de façon d'interpeller les autres.

- Hmm... Bonjour !

J'ai essayé de parler relativement fort pour être certaine qu'il entende ma réponse puis m'éclipse rapidement en direction de la serre n°6. Il faut que j'aille m'occuper de mon potiron.


Ce sera bien pour ce matin. Souriante et fière de ce que j'ai pu faire pour ma plante, je m'apprête à quitter les serres pour aller m'atteler à une autre activité lorsque je repense au Serpentard de tout à l'heure. Est-ce qu'il est toujours en train de dessiner ? Curieuse, je retourne voir ce qu'il en est dans la serre tropicale. En effet, il est toujours là. Je m'approche doucement, poussée par l'envie de comprendre pourquoi ce bonjour et surtout pourquoi avec un ton si... désintéressé ?

@Alexander Joyce Jr

La jeune fille de Poufsouffle disparue plus loin dans la serre, Alexander put se concentrer entièrement sur ses observations et croquis du Moringa. Familier de son entretien - Moïra Joyce en possédait trois - il finit de constater qu'il était dans un état irréprochable. Comme d'habitude, la serre était entretenue avec soin. La plupart du temps, les problèmes que remarquait le jeune Serpentard étaient plutôt liés à des erreurs d'autres élèves, que ce soit de cruelles plaisanteries aux innocents végétaux ou des petites et bêtes erreurs d'entretien.

Alexandra contempla avec satisfaction son nouveau croquis. Pour la suite de la matinée, il avait prévu de se rendre à quelques pas, auprès des açaïs brésiliens. C'est en se relevant qu'il aperçut tout près de lui la jeune fille qu'il avait précédemment salué. Pourquoi était-elle de retour ? Il ne rêvait pas, elle était en train de l'observer. Aussi, il ne se gêna pas pour l'observer à son tour, en se rapprochant d'elle ainsi que des palmiers.
Rapidement, le Serpentard trouva quelque chose de spécial chez la Poufsouffle. Oui, elle semblait à sa place ici, dans la serre. Comme lui. Il n'avait pas l'habitude de garder ses pensées pour lui, aussi troublante soient-elles, aussi le garçon les laissa se cristalliser en paroles :

- C'est drôle, tu me fais penser à l'asphodèle, ma plante préférée. Pour toi, l'asphodèle jaune évidemment. C'est vrai que beaucoup n'en pensent rien de particulier, mais j'ai toujours trouvé les asphodèles particulièrement belles. Oui c'est cela, tu es jolie.

Il avait lâché cela de sa voix calme et neutre, malgré cette légère excitation qu'il ne percevait pas, ce visage qui s'illuminait uniquement lorsqu'il parlait de sa famille, de potions, ou, dans le cas présent, de botanique. Alexander avait prononcé cela à l'attention de la Poufsouffle, le plus naturellement du monde et sans aucune arrière-pensée. Il en avait souvent avant d'engager une discussion, mais jamais pendant celles-ci.

Le garçon fit encore quelques petits pas avant de s'asseoir à nouveau, cette fois auprès des palmiers, commençant à les observer avec satisfaction. Repensant à la jeune fille non loin, il reprit la parole sans se retourner :

- Tu peux rester, si tu veux. Tu aimes les açaïs ?

Il m'a remarqué. Cela m'a figé. Presque instantanément. Je me pinçai la lèvre en espérant qu'il poursuive son chemin, ayant peur de... De quoi ai-je peur d'ailleurs ? Il ne va pas me tuer dans les serres de l'école. Je ne risque rien. Je crois que les histoires que mon grand-père a pu me raconter sur les Serpentard m'ont quelque peu marqué. Il m'observait. Il ne se cachait pas vraiment, à vrai dire. Si j'avais essayé de paraitre discrète pour ne pas me montrer impolie, ce n'était pas son cas. Je cligne des yeux alors que je le vis ouvrir la bouche et ce qu'il prononça me figea définitivement.

Est-ce qu'il a vraiment dit ça ? Je cligne lentement des yeux, en le fixant. Silencieuse, je ne sais même plus si j'ai le droit de parler ou même de respirer. On ne se connait pas et il me parle avec ce ton si condescendant. Car c'est bel et bien un ton comme ça qu'il prend. Je ne rêve pas ? Tout ça pour me comparer à une... plante. Pourquoi fait-il ça ? C'est la première fois que l'on se parle depuis l'année dernière et la première chose qu'il trouve à me dire après un Bonjour des plus détachés c'est C'est drôle, tu me fais penser à l'asphodèle, ma plante préférée. Comment dois-je le prendre ? D'accord, c'est sa plante préférée. Et il a même ajouté qu'il me trouvait jolie comme sa plante préférée. Mais cela ne me touchait pas vraiment...

- L'asphodèle... C'est une plante que l'on offre aux défunts.

Je le regarde légèrement étrangement.

- Mes regrets vous suivent au tombeau. Drôle de signification, non ? Je suis partagée, du coup. Est-ce vraiment un compliment que tu viens de me faire ?

Je croise les bras en faisant une moue, pas très convaincue par son approche. Mais le voilà déjà assis plus loin et sans même me regarder, il continue de me faire la conversation. Je fixe son dos en plissant les yeux. Qu'il est gonflé celui-là ! Bien entendu que je peux rester si je le souhaite, je n'avais pas besoin qu'il me le dise. Décidément, j'ai du mal à comprendre son comportement. Et voilà que sa question me surprend à nouveau. Il souhaite réellement converser plantes avec moi ?

- Ce n'est pas une plante dont j'ai l'habitude.

J'essaie de calmer mon énervement. Je ferme les yeux un quart de seconde et respire comme ma mère me l'a appris. J'ouvre alors à nouveau les yeux et fixe son dos, décidée à ne pas me laisser faire finalement.

- Mais dis-moi, ça t'arrive souvent de tourner le dos aux personnes que tu rencontres et avec qui tu discutes ?

Sans se retourner, Alexander comprit que quelque chose n'allait pas, et cela commençait à le tendre. Avait-il fait une erreur ? Pourvu qu'elle ne soit pas en colère, il fuyait les conflits comme la peste. Mais comme toujours, sa voix ne tremblait pas lorsqu'il répondit à la jeune fille :

- Tu le sais peut-être déjà mais, dans certains pays, l'asphodèle a plutôt une signification d'amour perdu. J'aime à penser qu'offrir de l'asphodèle, c'est offrir à ma famille un peu de l'amour qu'ils n'ont pas pu avoir à certain moments de leur vie.

Alexander avait parlé de famille car, lui qui découvrait à peine qu'une amitié puisse se faire en dehors du cercle familial qu'il avait toujours connu, il n'imaginait même pas que l'amour puisse être autre chose que filial.

- Mais moi, comme je le disais à Mr Featherstone, j'aime surtout l'asphodèle pour sa beauté.

Le Serpentard s'était confié sur ses pensées à la jeune fille sans hésiter. De toute façon, ce n'était pas dans ses habitudes de mentir ou de cacher ce qu'il pensait. Il continua :

- Alors je pense qu'il s'agit d'un compliment, oui. Mais il s'agit surtout d'une vérité, comme lorsqu'on découvre un joli paysage de montagne. Non pas que tu ressembles à un paysage, tu es plus jolie que cela, je pense.

Le visage d'Alexander commençait à s'éclairer :

- Ces palmiers sont plutôt simples, mais je ressens une impression de pureté en les regardant, tu ne trouves pas ? Ils nous montrent le chemin vers des cieux que nous ne pouvons attendre par nous-même, et trouvent quand-même la force de nous protéger de la chaleur et du soleil à l'ombre de leurs palmes. En fait, ce serait un peu comme les grands frères des végétaux ? Je n'y avait jamais pensé ainsi, j'aime bien cette idée.

Il sourit sans le savoir en pensant à son rôle de frère auprès de sa petite sœur. Mais, soudain, en comprenant les paroles suivantes de la Poufsouffle, Alexander stoppa net sa réflexion. Il se leva avec bien plus d'empressement que d'habitude. Son expressivité était toujours aussi mauvaise, mais on pouvait facilement juger qu'il était plus que sincère :

- Je manque à tous mes devoirs, Miss, veuillez me pardonner. Je me suis laissé aller à la contemplation, je vous ai manqué de respect et je m'en excuse.

Le plus naturellement du monde et sans une once d'ironie, il exécuta une élégante révérence parfaitement enseignée par sa grand-mère, avant de continuer :

- Je suis Alexander Joyce Jr, mais vous pouvez mettre de côté le junior. J'espère que vous ne tiendrez pas rigueur de mes mes manières.

Il se rassit ensuite au même endroit, puis reprit, toujours calmement et posément, mais laissant de côté le vouvoiement en remarquant qu'il l'avait utilisé involontairement :

- Dans un cas comme celui-ci, je t'aurais immédiatement proposé une douceur sucrée afin de me faire pardonner, mais j'espère que tu ne m'en voudras pas si j'attends d'être sorti de la serre pour cela. Je n'aimerais vraiment pas endommager ou salir certaines plantes par mégarde.

Retournant à son observation, Alexander commençait à croquer les açaïs sur son carnet.. accompagnés de ce qui semblait être une silhouette, mais le dessin était encore loin d'être terminé. Le Serpentard reprit sa réflexion sur son dos tourné :

- Mais après tout, si tu es présente et que nous discutons, qu'est ce que cela change que je puisse te voir ou non ? L'important, c'est tes mots, tes actes, ce que tu exprimes et ce qui se cache au fond de toi, non ?

A ces mots, il s'interrompit encore quelques secondes avant de conclure :

- Mais il est vrai qu'avec toi, cela me semble plus plaisant de te faire face. Je pensais qu'avec les difficultés que j'ai à exprimer des choses sur mon visage, cela serait peut-être plus plaisant pour toi de ne pas y être confronté.

Un amour perdu... Etrange. Je n'aurais jamais pensé qu'il pouvait voir cette plante de la sorte. J'aime à penser qu'offrir de l'asphodèle, c'est offrir à ma famille... Mais le soucis, c'est que je ne fais pas partie de sa famille. Alors pourquoi est-ce qu'il me dit tout ça ? Cela n'a aucun sens. Vraiment aucun sens. Il me parle alors de notre professeur puis à nouveau de la beauté de l'asphodèle. Après tout, pourquoi pas. Quiconque était libre de trouver une plante jolie. J'aurais sûrement préféré que l'on me compare à une autre mais je ne me plaindrais pas là-dessus.

J'ouvre alors lentement la bouche pour parler mais voilà qu'il me compare à un paysage maintenant. Il se rectifie vite en m'assurant que ce n'est pas le cas. Mais je n'ai pas rêvé. Il m'a vraiment comparé à un paysage. Je regarde autour de nous une nouvelle fois comme pour trouver un témoin à cette scène plus qu'étrange. Mais personne. Je le sais. Il m'a d'abord comparé à une asphodèle et maintenant à un paysage. Et un paysage de montagne en plus. Pense-t-il vraiment que ça fait plaisir ce genre de... compliments ?

Il est totalement dans un autre monde. Je ne veux cependant pas être méchante... Mais je crois que l'agacement a pris le dessus. Et on dirait bien que ma voix m'a trahi puisqu'il se lève précipitamment pour me faire face et me vouvoyer. Surprise, je sursaute légèrement et fais un léger pas en arrière. Je cligne des yeux rapidement et le fixe tandis qu'il me présente ses excuses. Il se présente, continue de me vouvoyer puis retourne s'asseoir comme si de rien n'était pour me tutoyer de nouveau. Est-il fou ? Cela ne fait aucun doute. Je suis figée sur place, ne sachant plus quoi penser ni même quoi faire.

Par la barbe de Merlin, que se passe-t-il dans sa tête à celui-là ?

- Une... douceur... sucrée ?

J'ai répété cette proposition, pas très sûre de moi et d'une voix assez basse. Il enchaine rapidement alors j'essaie de suivre le fil de la conversation. Au fond de moi, je n'ai qu'une envie : m'enfuir en prétextant n'importe quoi. Mais mes parents seraient déçus si je me comportais de la sorte. Alors, je prenais sur moi et après une énième et profonde respiration pour me donner la force de ne pas partir.

- Tu as conscience que tu es... bizarre, Alexander Joyce Jr dont je peux oublier le Junior ?

Je suis soudainement amusée par cette situation grotesque.

- Ou alors préfères-tu que je te vouvoies ou que je t'offre une douceur sucrée ?

Je me baisse en restant accroupie à côté de lui et essaie de capter son regard.

- Tu as conscience que c'est étrange comme approche ? Ne fais pas ça. Ou tu vas faire fuir tout le monde ! Je t'assure. Tu n'as pas l'air méchant mais là tu es à moitié effrayant !

Je fais une légère moue en suite avant de lui offrir un petit sourire.

- Mais tu as de la chance, mes parents m'ont appris à toujours donner une seconde chance. Par contre... s'il te plait... ne me compare plus jamais à un paysage de montagne ! C'est... Laisse tomber. Ne le fais plus, c'est tout.

@Alexander Joyce Jr

Cette discussion prenait une tournure étrange aux yeux d'Alexander. Il se rappelait désormais pourquoi il n'adressait bien souvent jamais la parole aux personnes qu'il ne connaissait pas : la plupart du temps, il n'arrivait absolument pas à se faire comprendre ou à comprendre son interlocuteur, quand ce n'était pas les deux en même temps.

Emporté par l'excitation de partager sa passion avec quelqu'un d'autre, il l'avait oublié, et le destin n'avait pas tardé à le lui rappeler. Ici, en cet instant, c'était visiblement la pire des situations : elle ne l'avait pas compris, et il ne la comprenait pas non plus, pas plus qu'il ne comprenait ses réactions. Le garçon ne l'avait certes pas comparée à un paysage, cela aurait été terriblement mensonger ! Comment une personne pourrait-elle ressembler à un lieu ?

Alexander ne comprenait non plus pas pourquoi la jeune fille ne s'était pas présentée à son tour, et évoquait son nom ainsi. Est-ce qu'elle se moquait de lui ? Il n'en savait rien, mais ce n'était pas le plus important. L'adolescent se demandait désormais si le ton n'allait pas monter, et il en aurait frémit de dégoût s'il n'avait pas tout oublié de cette sensation. Alors, il ne lui restait qu'une seule chose à faire :

- Je suis désolé si je t'ai vexé, ce n'était certes pas là mon intention. J'ai l'habitude de ne pas me faire comprendre, ou que mon visage inexpressif déroute mes interlocuteurs.

À peine eût-il finit de parler que son regard fut soudain attiré par une jeune palme d'un des açais qu'il observait. Alexander se releva d'un bon pour se précipiter devant l'étrange coloration qu'il venait de remarquer. Aucun doute, elle se décolorait ! Cela signifiait..

- Des parasites ?!

Le Serpentard avait complètement mit de côté le fait que la rencontre entre les deux camarades avait fort mal débuter pour se concentrer sur ce qui lui semblait le plus important : l'état de santé des végétaux en question.

- Des thrips, peut-être ? Mais je ne vois pas la coloration argentée caractéristique...

Il avait besoin d'aide, aussi, il n'hésita pas un seul instant à se tourner vers la Poufsouffle :

- Tu peux m'aider, s'il te plaît ? On doit repérer d'autres palmes ou palmiers qui présentent des traces de décoloration, comme ici ! Je ne suis pas certain qu'il s'agisse de parasites acariens, mais dans le doute, on devrait repérer les palmes étranges et aller en parler à Mister Featherstone !

Que ce soit dans le ton ou le visage du jeune garçon, il n'y avait plus aucune trace du précédent Alexander : tout dévoué à son inquiétude végétale, son inconscient laissait totalement tomber sa neutralité pour dévoiler une voix vibrante d'inquiétude et des yeux soucieux.

Je pensais que l'on allait enfin se comprendre. Après tout, il commençait assez bien. Il s'excusait pour le malentendu et semblait prêt à rétablir la vérité. Parfait. Et même si son vocabulaire continuait de me surprendre, je fus encore plus surprise que lorsque je voulus lui répondre pour continuer cette conversation, il changea radicalement de sujet en se précipitant plus loin.

Je me retrouve donc à nouveau perplexe devant son comportement et cligne lentement des yeux en le regardant analyser je ne sais quoi. J'ai cru entendre le mot parasite. Mais je ne suis pas vraiment sûre. J'ai plutôt l'impression que c'est moi le parasite là, actuellement. L'impression de parler pour ne rien dire. Je soupire doucement et me redresse, secoue ma robe de sorcière pour la replacer bien droite et m'apprête à m'en aller sans un mot de plus.

C'est alors que je l'entends s'adresser à nouveau à moi et jette un coup d'oeil dans sa direction. Il me demande mon aide et m'explique brièvement de quoi il est question. Je me retrouve alors quelque peu piégée. Je ne me vois plus partir alors qu'il m'a demandé de l'aider pour possiblement prévenir et sauver des plantes. J'acquiesce donc doucement et m'approche de lui pour regarder plus en détails le genre de traces que je dois chercher sur d'autres.

- Je m'appelle Mary, au fait. Mary Bain.

Je le regarde un instant avant de m'éloigner et de commencer les recherches. Je lui ai donné mon nom car je trouvais ça déplaisant qu'il me parle sans même connaître mon identité. Et ce n'était pas très poli de ma part de ne pas m'être présentée en retour. Alors il fallait bien que je rectifie la situation. Pour le reste, je crois qu'il vaut mieux que je m'abstiens de tout commentaire et que je me contente de l'aider. Si cela est pour la bonne cause...

Plusieurs dizaines de minutes passèrent. Durant ce temps, Alexander, bien trop préoccupé par l'état des açais, ne se rendit pas compte que loin du mur expressif qu'il était depuis des années, il véhiculait une inquiétude sincère pour ces végétaux qu'il respectait comme n'importe quels autres êtres vivants. Pendant ces minutes, toujours sans s'en rendre compte, le Serpentard dévoila à cette fille qu'il venait à peine de rencontrer peut-être plus de lui-même qu'il ne l'avait fait auprès d'aucun humain depuis des années.

Mais ce qui transparassait encore plus dans tous ses mots, tous ses gestes, c'était surtout son profond amour de la nature, une affection qui allait au delà de l'appréciation des plantes comme seuls ingrédients de potions. Après tout, il était le réceptacle humain d'une longue lignée de protecteurs de la nature. Cela, par contre, involontairement ou non, il n'en parla pas. Car lui plus que n'importe qui, détestait voir quelqu'un au travers de son sang, de ses ancêtres, y compris lui-même.

Enfin, ce fut terminé. Il n'avait trouvé qu'une seule autre feuille suspecte durant leurs recherches, et c'était un soulagement :

- Merci beaucoup, Mary. Sans toi, je n'aurais sûrement pas remarqué ces feuilles, et avec ton aide, il n'arrivera rien de néfaste aux palmiers de Poudlard.

Il s'arrêta quelques secondes avant de reprendre :

- J'espère que tu me pardonneras ce triste spectacle à me mettre dans cet état pour un.. arbre. C'était important pour moi, mais j'ai manqué à tous mes devoirs pour une première rencontre.

Alexander pesait le pour et le contre dans son esprit. Mais après tout.. elle l'avait aidé, alors qu'ils ne se connaissait pas. Elle avait aussi l'air de beaucoup apprécier la botanique. Il pouvait bien se permettre de faire un pas vers elle, si cela lui permettait de la côtoyer à nouveau. Inconsciemment, ce qui le retenait vraiment, c'était sa peur panique du rejet, mais cela n'était ni visible sur son visage impassible, ni pour lui-même. Alors, il finit par se lancer :

- Tu voudrais bien que l'on devienne amis ? J'aimerais beaucoup discuter à nouveau avec toi, et aussi t'offrir quelque chose pour te remercier de ton aide.

Voilà, c'était dit.


Comme prévu c'est normalement la fin pour moi, désolé pour cette affreux retard..

Le temps est passé sans que je ne me rende vraiment compte que l'inspection était finie. J'étais concentrée mais pas totalement. J'ai voulu l'aider mais j'étais perdue dans mes pensées donc je ne suis pas certaine d'avoir été très efficace. Pourtant, le voilà qui me remercie. Je le regarde et ne dis rien, me contentant d'esquisser un léger sourire. Tant que les plantes vont bien et qu'aucune catastrophe ne survienne, nous n'avons qu'à dire que je l'ai vraiment aidé. Puis...

- Non...

Je secoue vivement la tête négativement.

- Ne t'excuse pas pour une telle chose. Cela te rend plus... vivant de t'inquiéter de la sorte. Mais si c'est pour un arbre.

Je lui souris plus sincèrement. Il lui ressemble vraiment, c'est fou. Notre rencontre bien qu'étrange était sur le point d'avoir son point final. Il semblerait que je lui ai été utile et je ne compte pas rester plus longtemps ici. Je me trompe peut-être en pensant qu'il ne compte pas rester plus longtemps également. Un certaine silence s'est installé entre nous et je voulais prendre la parole pour le saluer correctement et le quitter mais il me prend de court. Et ce qu'il me dit...

- Tu veux que l'on devienne amis ?

J'ai demandé confirmation comme si je n'étais pas sure de ce qu'il venait de dire. Oh ça oui, je suis surprise. Aussi vite ? Bon, je ne suis pas mieux avec certaines filles que je croise. Mais nous sommes entre filles alors ça me paraissait moins... précipité ? Je ne m'attendais pas à ce qu'il me pose une telle question et pourtant ça me fait plaisir. Je souris doucement et acquiesce.

- Très bien... Mais inutile de m'offrir quoi que ce soit. Je n'ai pas fait grand chose.

Et c'est sur ces derniers mots que l'on s'est quitté.

@Alexander Joyce Jr, voilà mon post final avec beaucoup de retard comme tu le sais déjà... Merci pour ce rp