Cela fait trois mois que je suis de retour en Ecosse. Ma mère, malade depuis quelques temps, n'est plus en capacité de travailler. L'inquiétude m'a fait quitté Dublin pour rentrer à Anstruther et ainsi retrouver mes parents. Mais ne pas travailler me pesait, et j'avais besoin d'échapper au cercle familial. Voilà pourquoi d'ici la fin du mois, je vais obtenir un poste en tant que vétérinomage, métier que j'exerce depuis plusieurs années et que j'affectionne particulièrement. Bien sûr, j'aiderai toujours mon père dans la boutique familiale en rentrant le soir. Mais en journée, je serais entourée d'animaux à soigner.

Aujourd'hui, je suis à Inverness. La fille d'un grand ami a besoin de quelqu'un pour garder sa fille, Veronica. Tout naturellement, je me suis proposée. J'arrive rapidement dans la rue, dans laquelle je me gare : j'ai opté pour un moyen de transport moldue, c'est-à-dire la voiture de ma mère - qui ne sert d'ailleurs plus beaucoup depuis quelques temps. Lorsque je sors du véhicule, je me stoppe net : toutes les maisons se ressemblent, et je ne parviens pas à distinguer laquelle est celle de mon ami. Je sors de mon sac le dernier hibou qu'il m'a envoyé, celui qui contient l'adresse exacte - et donc le numéro de la maison. Je parcours ensuite la rue à la recherche de la maison en question. Lorsque je m'arrête à nouveau, je fais face à l'habitation. Je passe le portail et m'approche de la porte d'entrée, à laquelle je frappe quelques coups. Lorsque la porte s'ouvre sur Fitz, je ne peux m'empêcher de le prendre dans mes bras amicalement. Cela fait un moment que nous ne nous sommes pas vu, et mon ami m'a manqué. Après quelques secondes, je me sépare de lui.

- Salut Fitz ! Comment tu vas ?

« Bon, on revoit les dernières règles encore une fois ? demanda Fitz à sa fille tout en enfilant sa deuxième chaussure.
-Papa ! protesta Veronica, la mine boudeuse, je suis plus un bébé... »

La brunette souffla, tout en s’affalant sur le canapé. Elle avait neuf ans, et ne voyait pas pourquoi elle ne pouvait pas rester une après-midi toute seule. Ça ne devait pas être difficile, de ne pas mettre le feu à la maison, non ?

L’école avait été annulé pour l’ainée des Blackburn, son professeur d’école moldu avait annoncé son absence quelques jours plutôt. Elle avait été au ange ! Une journée seule à la maison, ça ne lui était encore jamais arrivée. Malheureusement pour ses plans d’indépendance, ces parents avaient trouvé une solution pour sa garde. Au moins Layana était sympa, enfin dans ces souvenirs. Son père lui avait dit qu’elle était revenue en Ecosse il y a quelques mois, et qu’elle lui rendait un service en s’occupant d’elle. Mais ce n'était pas rendre service à la petite fille...

Du côté de la porte, Fitz lui se préparait. Il allait surement arriver en retard à l’université. Tant pis, ses étudiants attendront. Quand il entendit les coups frappées à la porte, il fut tout de même rassuré. Layana avait trouvé la maison. Sans plus attendre il lui ouvrit, et il fut surpris par la soudaine embrassade amicale, avant réciproquer le geste en riant. Ça faisait du bien, de revoir une amie après tout ce temps ! Même si leur échange risquait d’être court, vu l’heure.

« Salut Laya’ ! Ça va très bien, même si certaines personnes dans cette maison risque de me donner des cheveux avant l’heure… et toi ? Le retour au bercail ? Et Madame Greenwell, enfin ta mère je veux dire ? »

Pressé ou non, Fitz restait un grand bavard maladroit.

« Entre, entre je t’en prie », l’invita-t-il à passer la porte, « Veronica ! Lève-toi pour dire bonjour veux-tu ? »

L’entrée de la maison donnait directement sur le salon, où se trouvait la jeune fille, qui regardait l’échange entre son père et la nouvelle venue. Il y avait un grand canapé et deux fauteuils avec un vieil écran de télévision en face. Sur la petite table centrale se trouvait un petit bazar de cahier et de crayon. Le mode invité de Veronica s’était activée, et elle obéit à l’ordre de son père avec réticence.

« Salut Layana… »

Mon ami me rend mon étreinte, pour mon plus grand plaisir. Face à la réponse de Fitz, je ne peux m'empêcher de rire.

- Aaah, les enfants ! Je marque une pause avant de lui répondre. Le retour est un peu compliqué, mais j'ai trouvé un job. Je commence à la fin du mois ! Et ma mère... Ça va pas fort, malgré ce qu'elle peut bien nous dire. Enfin bon, je t'apprend rien, tu sais comment elle peut être.

Suite à l'invitation de Fitz, je franchis la porte et passe dans l'entrée, qui donne sur le salon. J'y aperçois alors Veronica. La petite fille s'avance et me salue, sur demande de son père. Tout en souriant, je lui répond.

- Salut Veronica ! Comment tu vas ? Ça fait longtemps que je t'avais pas vu, on peut dire que tu as bien grandi !

Et pour cause ! La petite sorcière est maintenant âgée de 9 ans. Je ne sais pas si elle se souvient réellement de moi, ou si c'est seulement Fitz qui lui as parlé de moi, mais au vu de son jeune âge elle est déjà toute pardonnée
! Je me tourne d'ailleurs vers le père, qui est censé partir rejoindre l'université.

- Tu sais que je t'adore Fitz, mais tu devrais filer maintenant. Si on se lance dans une discussion, tes étudiants risquent de ne pas te voir de la journée. Lui dis-je en riant, connaissant notre nature bavarde. On pourra toujours discuter quand tu seras rentré si tu veux.

Effectivement elle avait grandi, mais pas suffisamment pour rester à la maison toute seule aux yeux de ses parents visiblement… Veronica ne se rappelait plus vraiment de la dernière fois qu’elle avait vu Layana, mais elle en gardait quelques souvenirs assez flous. Malgré tout ça lui faisait un peu plaisir de voir qu’elle, elle se souvenait bien de la petite fille… Une des rares adultes qu’elle connaissait qui ne l’ait jamais forcé à travailler. Enfin, pour l’instant…

Elle ne lui répondit que par un sourire, un peu hésitant. Fitz lui réagit de nouveau par un rire affectueux, en voyant sa fille muette. Mais il fit prit d’une grimace lorsque Layana s’adressa de nouveau à lui. Il allait arrivé en retard.

« Oui, oui, tu as raison ! On discutera amplement ce soir quand je rentrerai, mais félicitation pour ton nouveau job ! Et tu verras Elliot aussi du coup... Mel je ne sais pas trop, elle est assez prise avec son boulot en ce moment…
-Papa, tu dois aller au travail non ? marmonna Veronica en voyant son père repartir dans une de ses tirades comme à son habitude.
-Mais c’est que tu veux me chasser de la maison ma puce ? Une regard sur sa montre le fit de nouveau grimacer.Non tu as raison il faut que j’y aille, puis se tournant vers l’invitée, il ajouta, il faut qu’elle fasse ces devoirs d’école, ou du moins une bonne partie, sans oublier un petit travail que je lui ai demandé pour sa prochaine leçon sur le monde magique, et…
-Papa, grommela sa fille, je sais ce que je dois faire… »

Sans ajouter un mot Fitz lui ébouriffa les cheveux, et malgré les protestations de l’enfant, il lui fit un bisou sur le front. Tout en se dirigeant vers la sortie, il ajouta pour la dernière fois.

« Allez, j’y vais ! Encore merci Laya’ pour ce service. A ce soir les filles ! »

J'assiste à la scène avec un sourire scotché au visage. Fitz est toujours fidèle à lui-même, et sa fille semble avoir un sacré caractère ! J'ai déjà eu l'occasion de rencontrer Elliot, le frère cadet de Veronica, mais il était petit alors il est difficile de dire si ce petit bonhomme se souvient de moi. J'avais déjà un doute avec Veronica !
Je salue mon ami en lui souhaitant une bonne journée, puis je me tourne à nouveau vers la petite fille.

- Bon, dis-moi tout : qu'est-ce que tu as à faire ?

En attendant la réponse de la fillette, je retire ma veste : malgré le mois de Juin qui a débuté il y a une dizaine de jours, les matins écossais restent un peu frais, surtout à cette heure-là. Je la dépose ensuite sur le porte-manteau, avec les autres, pour éviter de la laisser traîner. Je me tourne ensuite vers la pièce à vivre et l'observe. J'y vois un grand canapé accompagné de deux fauteuils, face auxquels se trouvent un écran de télévision ancien. Au centre, une petite table est envahit de cahiers et de crayons. Je m'avance vers la petite table pour jeter un coup d'œil à ce qui est posé sur la table basse, tout en demandant à la petite fille :

- Qu'est-ce que tu faisais ?

Son père était enfin parti. Le soulagement de Veronica ne fut cependant que temporaire, en entendant les paroles de Layana.

« Des exos de maths, un dessin pour une poésie, la liste de question de papa longue comme le bras… Et euh… Je sais plus après, c’est dans mon cahier de texte. »

Elle n’avait pas fait grand-chose pour l’instant, malgré la matinée passée assise devant la petite table du salon. Ce n’était pas faute d’avoir essayé, mais elle était… distraite. Voyant que Layana s’approchait de la table, Veronica fut soudainement embarrassée.

« Qu’est-ce que je faisais ? Euh… »

Bien qu’elle n’avait pas beaucoup avancé sur son travail, cela ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas passer sa matinée à écrire. Et si la sorcière blonde s’approchait suffisamment de petite table, elle verrait ce qui l’avait occupé une grande partie de la matinée. Des idées de sortilèges en tout genre et des gribouillis qui pouvaient certes paraitre insignifiants aux yeux des adultes, mais pas pour elle... la brunette pouvait se perdre des heures dans ses pensées, rien qu’à s’imaginer ce qu’elle pourrait faire avec sa magie. Avec sa future baguette.

« Des… des mathématiques », finit-elle par dire, tout en se précipitant vers son ancienne place, « je faisais des… maths »

La jeune fille fit mine de réarranger les feuilles et les livres, ce qui lui permit de cacher son œuvre, et elle plaça son cahier de mathématiques entre la blonde et elle.

« T’y… connais quelques choses aux divisions eucli…tiennes ? »

Je fais la liste mentale de ce que la petite fille me cite. Fitz n'y a pas été de main morte ! Veronica a un programme chargé, et par extension moi aussi.

- Et bien ! On a intérêt de s'y mettre rapidement si on veut avoir un peu de temps pour faire autre chose.

La réaction de la fillette me fait hausser un sourcil. Des mathématiques ? Pourquoi est-ce qu'elle semblait si embarrassée pour des mathématiques ? Ou alors, son niveau est vraiment bas. Mais je ne fais aucun commentaire. C'est sa vie privée après tout. Veronica, qui était arrivée à la table avant moi, termine de réarranger ses affaires au moment où j'arrive à sa hauteur. Je m'installe aux côtés de la petite fille et avise son cahier de mathématiques. Des divisions euclidiennes... Ouf, ça fait longtemps ! Allez, ça ne va pas être si difficile que ça à retrouver, je suis sûre que ça va le faire !

Divisions euclidiennes, divisions euclidiennes... Ok...

- Oui, bien sûr... Alors... Je t'emprunte ça.

Je saisis un crayon ainsi qu'un bout de feuille et écrit 314 et 7, séparés par un trait vertical. Bon, tentons d'expliquer au mieux comment faire.

- Ok, alors... D'abord tu prends le premier chiffre - 3 -, et tu le compares avec le 7. Là le 3 est plus petit, donc tu agrandis et tu prends le nombre : 31. Tu cherches dans la table de 7 ce qui est le plus proche de 31, euh... Je prends quelques secondes pour réfléchir. Ok, on a 7x4 qui fait 28, et 7x5 qui fait 35, donc on prend le 4 vu que 35 c'est trop grand. Tu le places sous le... Euh... Je m'arrête. Sous le 7. Sous le 7, voilà. Et euh... Encore une pause. Décidément... Ok, tu veux bien qu'on fasse autre chose le temps que je me remémore tout ça ? Ça remonte à loin pour moi. Et si tu me montrais cette fameuse liste de questions que ton père t'as faite ?

Veronica était soulagée ; Layana n’avait pas vu ses gribouillis. Mais son soulagement fut de courte durée. La jeune fille n’aimait pas les mathématiques. Elle en avait horreur. Et elle n’avait toujours rien compris aux divisions eu-cli-di-ennes.

Son regard suivit le bout du crayon que Layana avait pris, tout en essayant de comprendre ce qu’elle racontait.

Okay donc là on divise 7 par 314… euh non 314 par 7… Mais on prend pas plutôt le 4 parce que 28 c’est le plus proche de 31 plutôt ? Ou bien c’est toujours le plus petit qu’on doit prendre ? Y’a pas un truc où il faut « arrondir » ? Y’a une soustraction après aussi ?

La jeune Blackburn était encore une fois perdue. N’y avait-il pas des calculatrices de toute façon ? Elle irait bien piquer celle de sa mère dans son bureau à l’étage comme à son habitude, mais la brunette ne se sentait pas de tricher devant une adulte. Veronica se contenta d’hocher la tête lorsque Layana s’arrêta dans son explication.

« Oh euh oui alors la liste… », la jeune fille trifouilla dans ses affaires avant de sortir un parchemin qui se trouvait entre deux cahiers. Il sortait un peu du lot, ayant été écrit à la plume et sur autre chose que des feuilles à carreaux.


« Papa pense que j’ai quasiment fini d’y répondre mais… Euh… J’ai oublié que je devais le faire pendant la semaine. »

@Layana Greenwell

Je jette un coup d'œil au parchemin rempli de questions sur le monde magique. Ok, ça, je maîtrise mieux. En tant que sang-mêlé, j'ai grandi en partie dans le monde moldu, mais je me suis toujours sentie plus à l'aise chez les sorciers. Et j'ai toujours eu plus de facilités à retenir mes leçons sur le monde magique que sur des matières moldus, comme les mathématiques par exemple.

- Il te reste... J'effectue rapidement le calcul dans ma tête. 2 jours pour faire ce questionnaire. Je suis sûre que c'est faisable. Tu connais déjà quelques réponses, ou pas du tout ?

Je me reconcentre sur le questionnaire de Fitz et le relis. Sa remarque près d'une question sur les dragons m'arrache un sourire.

- Alors comme ça, tu t'intéresse aux dragons ?

Parler d'animaux, peu importe lesquels, me faisaient toujours plaisir. Je n'en ai pas fait mon métier pour rien, après tout. Dans mon enfance et mon adolescence, je passais pas mal de temps à lire et à me renseigner sur les animaux magiques et non magiques. Dans les deux mondes, ils ont quelque chose que je trouve fascinant. Alors à Poudlard, d'années en années, m'orienter dans le domaine animalier avait fini par être une évidence. J'avais cette chance. Trouver son orientation aussi tôt n'est pas chose aisée pour tout le monde.

« Je devrais savoir me débrouiller, je crois… », répondit-elle, sans grande assurance. Veronica savait se débrouiller la plupart du temps avec le travail que lui donnait son père, mais cette fois-ci elle avait à peine survolé les questions. La brunette fut un peu gênée par la remarque de Layana… Veronica adorait les dragons, depuis toujours. Pas ceux qu’elle pouvait voir dans les livres pour enfant qui trainaient dans sa chambre et dans celle de son frère, mais les vrais – avec des grosses griffes, des mâchoires puissantes, qui pouvait gober n’importe quel professeur moldu d’un coup.

« Oui j’aime bien les dragons… mais papa n’aime pas que j’aille fouiller dans ses encyclopédies... même si je n’ai plus 6 ans, ce ne sont pas des illustrations qui vont me faire peur… »

Fitz n’était pas quelqu’un de particulièrement ordonné, et il était facile pour Veronica d’entrer dans son bureau en catimini pour emprunter ou lire un livre… Mais il arrivait que son père le découvre, souvent à cause de son frère, qui aimait particulièrement la dénoncer.

Veronica n’avait pas vraiment envie de travailler à cet instant – il était rare qu’elle ait envie de travailler tout court. Mais elle n’avait pas le choix… Elle était surveillée après tout. A contre cœur, elle se saisit donc d’un stylo qui trainait sur la petite table, et se mit à jouer distraitement avec, ne sachant par quoi continuer son supplice.

« Tu t’y connais en dragon toi ? », ne put-elle s’empêcher de demander.

@Layana Greenwell excuse moi pour le retard !