Quelle fille intrigante. Voici la principale pensée qui occupait l'esprit de Narcisse en quittant le parc. Intrigante et intéressante surtout. Et puis vraiment jolie, et drôle et gentille. Mais qu'est-ce qui lui prenait sapristi ?? Voilà à peine 5 minutes qu'il avait quitté Kelly, et même s'il ne l'avait rencontré pour la première fois qu'aujourd'hui, il avait déjà envie de la revoir. Il secoua la tête en rougissant, il avait d'autres priorités !

Il était supposé embrasser plus de personnes que Kelly avant la semaine prochaine, mais c'est une situation qui l'embarrassait quelque peu... Il se rendait compte qu'il n'avait pas forcément envie d'embrasser quelqu'un d'autre, simplement parce que, selon lui, la première personne que l'on embrassait comptait. Mais en même temps, il avait l'esprit de défi, et une petite fierté. Il avait envie de s'arracher les cheveux, quelle situation impossible !

En marchant, il fut attiré par le bruit de la fontaine, et il décida d'y faire une petite pause. S'en approchant, il s'appuya sur la paume des mains sur la bordure, pour observer le fond de l'eau. Il aimait le bruit blanc de l'eau. Et cet endroit était particulièrement relaxant, il aurait pu s'asseoir des heures entières sur la bordure de cette fontaine et simplement écouter l'eau. D'ailleurs, c'est ce qu'il allait faire ! Il s'assit, dos aux pierres fraîches et humides, et ferma les yeux, seulement pour quelques minutes. Il repensa à la conversation qu'il avait eu avec Miss Montmort quelques jours plus tôt.

En cet instant, ce monde ne paraissait pas le moins du monde troublé. Il ne paraissait même pas être pourvu de défauts. Il haussa les épaules, autant ne pas penser aux choses qui fâchent, alors qu'il y avait tant de choses qui valait la peine de sourire, et rien à l'horizon pour gâcher ce sentiment... N'est-ce pas ?

@Orla LeFer @Mary Bain

En cette journée vide de cours, Orla et Mary avaient décidé de se retrouver l'après-midi pour papoter sur le rebord de la fontaine, au centre de la cour de la tour de l'horloge. L'endroit était très vite devenu l'un des préférés d'Orla, qui appréciait le fait que le cadre soit à la fois à l'extérieur et intime, ce qui n'était pas le cas du parc, qui était certes plus grand mais également plus impressionnant. Et puis, qui disait parc disait aussi lac, et plus loin Orla se trouverait du calmar géant, mieux elle se porterait, c'était une certitude.

Les deux amies parlaient de tout et de rien dans la lumière du jour finissant. Renversant la tête en arrière dans un énième rire, Orla vit à l'envers l'image de Narcisse dans l'eau du bassin. Elle se retourna, en essayant d'être discrète, et constata que c'était bien lui. Il semblait perdu dans ses pensées. Orla toucha l'épaule de Mary pour attirer l'attention de son amie sur le première année. Orla avait apprécié la compagnie de Narcisse pendant le petit-déjeuner qu'ils avaient partagé ensemble le jour de la rentrée, mais son attitude à la fin du duel d'il y a quelques jours l'avait laissée… perplexe. Elle avait l'impression que Narcisse avait davantage envenimé la situation qu'il ne l'avait résolue. Au lieu de chercher un adulte compétent, il s'était mis en travers des coups ! Ce geste, même héroïque, avait confondu la jeune fille.

La main toujours sur l'épaule de Mary, Orla se pencha sur elle pour lui dire, sans prendre la peine de chuchoter :

« Hé, tu vois le petit, là-bas ? C'est celui dont je te parlais hier. Narcisse. C'est lui qui a crié comme un Focifère à la fin du duel. »

@Mary Bain, je me suis permis de poster en premier et de déterminer quelques actions de ta protégée, dis-moi si quelque chose ne va pas ! Et @Narcisse Brando, sans rancune bien sûr

Passer du temps avec Orla était toujours plaisant. Elle était très certainement l'élève avec laquelle je m'entendais le mieux. Non, en fait c'était même sûr. Elle est ma meilleure amie après tout. Alors cela ne peut être qu'elle. Celle que je considère comme mon double, une sœur offerte par la vie car je n'en avais pas. J'étais si heureuse de l'avoir près de moi. Tellement heureuse.

- Je te promets que c'est vrai ! William m'a demandé si des jolies filles se trouvaient à Poufsouffle pour savoir s'il devait demander Poufsouffle au Choixpeau l'année prochaine !

Je riais, tellement amusée par la lettre de mon frère et aussi par la réaction de mon amie. Mon petit frère était un sacré numéro. Mais ce n'est pas comme si elle ne le connaissait pas. Après tout, elle l'a rencontré l'année dernière. Mais je dois bien avouer qu'il a pris du caractère et que j'avais à la fois hâte et pas du tout hâte qu'il vienne à Poudlard. Je suis coupée dans mes pensées par un mouvement vif de celle qui m'accompagne et une présentation très directe de l'élève de première année qui se trouve un peu plus loin.

C'était bien lui. Voilà ce que je me disais. J'avais déjà eu l'occasion de discuter avec ce garçon à propos de Lukas et du coup... Orla me parlait bien de lui, alors. J'attrape rapidement sa main et l'entraine avec moi. Il va falloir que je lui parle à ce petit garçon !

- Coucou Narcisse ! dis-je un peu subitement en arrivant près de lui. Alors comme ça, tu t'interposes pour protéger l'un de nos aînés ?

@Orla LeFer, c'était parfait. N'hésite pas si quelque chose coince dans mon propre post. @Narcisse Brando. Désolée pour l'attente les amis

Apaisement, tranquillité, un léger sourire se dessinait sur le visage de Narcisse, qui appréciait le doux et délicat bruit blanc de l'eau. Il tenta de se vider l'esprit, comme sa mère le lui avait appris lors de nombreuses séances de médiation en famille. Mais si Honor était capable de se détendre et méditer de longues heures durant, totalement immobile, Narcisse et son père étaient de bien mauvais élèves. Ils s'étaient même éclipsés, une fois, pensant filer sous le nez d'Honor, pour aller faire une balade et observer la rivière à côté de la maison. Ils étaient ensuite revenus discrètement dans le gymnase, une heure plus tard, et sa mère n'avait pas bougé d'un poil, ils pensaient tous deux l'avoir abusé et riaient de leur méfait.

Mais ça, c'était jusqu'à ce qu'elle leur demande d'un air détaché comment s'était passé leur balade. Étonnamment, Narcisse et son père se comportèrent magnifiquement bien les jours suivants. Le garçon rigolait tout seul adossé au mur frais de la fontaine, se remémorant avec amusement ce souvenir. Il était tant plongé dans sa mémoire qu'il n'entendit absolument pas ses camarades arriver avant que Mary ne l'apostrophe. Pris par surprise, il se redressa brusquement, et son crâne cogna brutalement sur les pierres froides de la fontaine, résonnant d'un bruit sourd (et vide).

- Aïe aïe aïe...

Il se frottait compulsivement l'arrière du crâne, s'apprêtant à saluer joyeusement Mary, puis il vit qui l'accompagnait : Orla. Et là, son sourire disparu, il se releva rapidement. Il voulait lui demander si elle allait bien, il n'avait pas eu l'occasion de prendre des nouvelles, et c'était quelque chose lui paraissait important, mais encore une fois, l'intervention de Mary l'empêcha de s'y prendre correctement.

Il se figea lentement, sa main arrêta de frotter l'arrière de sa tête, alors qu'une bosse commençait à se former. Son bras descendit lentement le long de son corps, son visage se ferma légèrement. Était-ce réellement ce qui s'était passé ? Il regardait dans le vide, se remémorant les événements et grimaçant imperceptiblement en repensant à tout ça. Ce n'était évidemment pas ce qui s'était passé. Il regarda Mary et Orla.

- Hrm. Euh, déjà, j'espère qu'tu vas bien Orla, j'ai pas eu l'occasion d'te d'mander, mais j'espère qu'ça va aller.

Il regarda Orla quelques instants, un léger sourire flottant sur ses lèvres avant de revenir sur ceux de Mary. D'un bleu profond, ils semblaient le transpercer, mais ce n'était pas le genre de chose qui l'intimidait, qu'est-ce qui avait pu se passer pour que son comportement change ainsi ? Elle avait l'air tellement gentille la première fois qu'il l'avait croisé. Il prit une légère inspiration.

- C'est pas... C'est pas exactement c'qui s'est passé.

Il croisa les bras.

- J'ai juste tenté. J'ai pas réussi à temps... J'sais pas c'qu'on t'en a dit, mais c'est allé super vite, j'aurais voulu réagir plus rapidement.

Il se mordit l'intérieur de la joue.

- Mais du coup, voilà c'qui s'est passé, d'mon point d'vue : Léonidas a frappé Gryffs après qu'il ait provoqué la préfète d'Serpentard, et j'ai pas voulu qu'il se fasse frapper encore, alors j'ai...

Il chercha ses mots pendant quelques secondes, se sentant terriblement ridicule.

- J'me disais qu'j'pourrais protéger Gryffs. Et j'me suis mis entre lui et Léonidas.

Il rougit brusquement, se rendant compte de l'absurdité de ce qu'il disait.

- Heureusement qu'Orla est partie chercher d'l'aide, ça a aidé à désamorcer la situation.

Puis il se tu, considérant qu'il n'avait plus grand-chose à dire sur ce sujet, tout du moins, pas avant de connaître les intentions de ses deux camarades. Il ne regrettait absolument pas ce qu'il avait fait, et son regard le laissait savoir. Il n'était pas agressif du tout, mais il portait loin, et quelques reflets obsidiennes dansaient lentement dans ses iris, il n'hésiterait pas à refaire ce qu'il a fait, peu importe si ça semblait stupide.

Une fois la présentation express du première année effectuée, Orla recula un peu pour observer la réaction de son amie. Comment allait-elle le prendre ? Après tout, Orla n'avait pas dépeint une image très sombre du première année, elle avait simplement indiqué, en tout bien tout honneur, qu'il en avait rajouté au moment le moins opportun possible. Mais Orla n'eut pas le loisir d'anticiper la réaction de Mary, la voilà qui l'entraînait déjà par la main vers l'objet même de leurs cachotteries ! Que pouvait-elle bien avoir en tête ?

Mary apostropha peut-être un peu trop abruptement Narcisse, puisque ce dernier, surpris, se cogna la tête contre le rebord en pierre. Aïe… Orla grimaça, mais elle fut surprise de voir le regard de Narcisse s'attarder sur elle. Il se releva, et lui adressa la parole en premier, ce qui l'étonna. Prise dans ses commérages, elle n'avait même pas pensé à comment il pouvait aller, lui. En temps normal, elle n'aurait pas fait grand cas de ce constat, mais étrangement, cela la gênait. Elle souffla :

« Oh, euhm.. oui, ça va. Merci. »

Orla écouta ce qu'il avait à dire, et eut là encore une grimace. Oui, bon, c'était exactement ce qu'elle avait décrit à Mary. Elle eut la présence d'esprit de ne pas l'interrompre et de le laisser continuer. Ses joues rosirent un peu lorsqu'il fit une remarque élogieuse sur son attitude, dont elle n'était pas très fière. Orla laissa le silence planer avant de dire, non sans jeter un regard à son amie au préalable :

« Tu sais, Mary pensait pas à mal en disant ça. Après tout, tu as répété exactement ce qu'elle vient de dire… Tu t'es interposé pour protéger l'un de nos aînés. Comme je suis partie à ce moment-là, j'ai cru que tu avais insulté… Leonidas, c'est ça ? Ou que tu avais rajouté de l'huile sur le feu. Mais je suis rassurée que tu n'aies fait que t'interposer, même si c'était risqué. »

Orla voulut rajouter quelque chose, mais se ravisa. Elle avait déjà tout dit, non ? Elle se tourna vers Mary avec un regard interrogateur, se demandant comment elle allait répondre au première année.

Je ne m'attendais pas à ce que notre arrivée ait un tel impact sur le première année. Je grimace en le voyant se cogner la tête si brutalement. Il se redressa cependant bien vite mais j'ai remarqué tout aussi rapidement la disparition de son sourire lorsqu'il croisa le regard de ma meilleure amie. Pourquoi réagissait-il ainsi ? Je n'aimais pas ça. Il lui demanda cependant si elle allait bien avant de se tourner vers moi. Je vis à son regard que quelque chose clochait et en effet, quelque chose cloche avec lui.

Il m'assure que ce n'est pas ce qu'il s'est passé avant de croiser les bras. Je le fixe étrangement. Pourquoi est-ce qu'il se met à croiser les bras. Il nous prend de haut ou quoi ? Décidément, je trouvais sa réaction pas si accueillante que ça et j'essayais de passer outre en me disant qu'il s'agissait seulement d'un enfant de 11 ans qui ne savait pas s'y prendre pour parler à ses aînées. Bien que l'on ait peu d'écart. Et alors qu'il continue à nous raconter son histoire, je commence à croire que ce garçon est stupide. Il est en train de répéter ce que je sais déjà pour finir par la même conclusion : il s'est interposé pour tenter de protéger l'un de nos aînés.

Heureusement Orla intervient et je la remercie intérieurement de s'en être rendue compte elle aussi. Mais très vite, nous échangeons un regard et je me dois de dire quelque chose.

- Pourquoi est-ce que tu t'es fermé dès le début de la conversation ? demandai-je en fixant Narcisse. Je ne t'ai pas agressé, que je sache. Et pourtant te voilà en train de croiser les bras comme si tu espérais faire barrage entre nous pour finalement répéter la même chose que moi ?

Je soupire. J'étais agacée par son comportement. Il me fait penser à l'un de mes frères, et ce n'est absolument pas un compliment.

- Tu t'es interposé pour protéger l'un de nos aînés. Ce que j'ai dis n'était pas faux. Et en effet, Orla a raison. C'était risqué et même stupide. Gryffs sait se protéger tout seul. Mais c'était tout de même courageux. Et de base, je voulais juste te le faire savoir et te féliciter pour ça.

Narcisse se sentit bien embarrassé, et il se gratta l'arrière de la tête en rougissant. Il n'avait pas eu l'intention de se montrer agressif, mais il n'arrivait pas à exprimer exactement ce qu'il voulait dire. Il se sentait coupable de ne pas avoir réussi à s'interposer plus tôt. Au fond de lui, il se dit que s'il avait été plus réactif, Gryffs n'aurait pas été frappé du tout. Il n'avait évidemment pas le recul nécessaire pour se rendre compte que ce n'était pas de sa faute, et qu'il n'aurait rien pu faire, et que même s'il avait réagi plus tôt, il aurait peut-être été blessé aussi.

Non, tout ça ne lui effleurait pas l'esprit. Il se sentait juste impuissant, et il aurait souhaité faire davantage. Mais comment l'exprimer efficacement ? Et surtout, comment rattraper ses paroles et son comportement maladroit ? Il posa sa main sur sa hanche en prenant une grande inspiration, qu'il bloqua quelques secondes, avant d'expirer lentement. Il laissa ensuite flotter un petit sourire sur ses lèvres, et se força à décroiser les bras, laissant son bras gauche sur sa hanche et l'autre pendre la long de son corps.

- J'suis désolé si j'ai donné cette impression... Euh...

Sa main droit vint frotter l'arête de son nez entre l'index et le pouce alors qu'il cherchait ses mots.

- En fait, j'ai l'impression que dire que j'me suis interposé n'est pas totalement exact... Parce que j'suis arrivé trop tard tu vois ? J'arrête pas d'me dire que si j'avais réagi plus vite, Gryffs n'aurait peut-être pas été blessé du tout.

Puis il se frotta le menton.

- Désolé, j'suis pas doué avec les mots, donne-moi deux minutes...

Il se mit à réfléchir, il ne voulait pas dire quelque chose de travers. Et surtout qu'il sentait qu'il n'arrivait pas à exprimer exactement sa pensée, et cela le frustrait. Il prit toutefois le temps de réfléchir posément, s'imposant de ne pas lâcher les premiers mots qui lui venaient.

- En fait, j'ai eu vachement peur...

Il détourna les yeux en se frottant l'arrière de la tête, rougissant.

- J'ai pas réussi à l'accepter tout de suite, mais juste, être en face de Léonidas, rien que quand j'y repense... Et du coup, j'me sens à la fois coupable de pas avoir réussi à protéger Gryffs, et en même temps je sais que même si j'étais arrivé à temps j'aurais rien pu faire... J'm'étais jamais senti comme ça avant, donc j'suis vraiment désolé si j'ai pu paraître un peu sec ou quoi.

Et un petit sourire, honnête et franc cette fois-ci, apparu sur son visage, avec une lueur de gratitude au fond du regard, qui tentait de lui réchauffer le cœur.

- Mais merci d'être venu me dire ça, c'est gentil.

Les lèvres pincées, Orla observa Mary. Elle connaissait son amie, ce genre de comportement enfantin avait le don de l'agacer. Orla en avait été témoin pendant les vacances de Noël, l'année passée, lorsqu'elle avait fait connaissance avec la famille Bain et avec la fratrie de Mary. Et… ça ne rata pas, Mary soupira après avoir interrogé Narcisse sur son comportement. Oups… Ce n'était peut-être pas une si bonne idée de les faire se rencontrer. Le regard d'Orla passa de Mary à Narcisse, puis revint sur son amie. Elle acquiesça au moment où Mary souligna le fait qu'effectivement, un sixième année n'avait pas besoin de l'aide d'un première année.

Lorsque Mary eut fini, Orla reporta son attention sur Narcisse. Il mit sa main sur sa hanche puis décroisa les bras, comme s'il cherchait la meilleure manière de s'exprimer. Orla fronça les sourcils et un rictus se dessina sur ses lèvres quand Narcisse expliqua que s'il avait réagi plus vite, il n'y aurait pas eu de blessé. Elle trouvait ça bien arrogant de sa part, mais se garda bien d'en rajouter. Elle comprenait que Narcisse était encore ébranlé par cet accident. Elle-même, qui n'avait pourtant d'ordinaire aucun tact, sentait qu'il ne servait à rien de rajouter de l'huile sur le feu.

Puis son rictus s'affaissa quand Narcisse avoua dans un souffle qu'il avait eu peur. Elle se mordit la lèvre en regardant brièvement Mary. Elle aussi avait eu peur. Peur que ça dégénère, peur que tout le monde s'emporte de part et d'autre, peur que Gryffs ait des ennuis et que ça leur coûte des points aux sabliers. Elle n'était pas une suiveuse assidue de la Coupe mais ce facteur jouait aussi, dans l'appréciation que les professeurs pouvaient avoir d'elle et de ses camarades de Poufsouffle.

Narcisse finit de parler et remercia Mary, après quoi Orla se laissa tomber sur le rebord en pierre de la fontaine. Elle avait une légère moue qui trahissait sa réflexion. Elle croisa le regard de Mary, puis reprit la parole en se tordant les mains : « Bon, je crois qu'on s'est tous un peu mal compris au début. » Orla fit une pause, cherchant ses mots, et elle inspira lourdement avant de lâcher : « Moi aussi j'ai eu peur. Très peur. C'est bien pour ça que lorsque je t'ai vu intervenir, j'ai eu encore plus peur, parce que je pensais que tu pouvais être blessé, toi aussi. Et quelque part… » Elle pencha la tête sur le côté. « Quelque part… je t'ai envié, aussi, parce que je me suis dit que tu étais quand même vachement courageux, même si ce que tu as fait reste... irréfléchi ? Oui, irréfléchi. »

Elle commença à balancer ses jambes dans le vide, et garda les yeux fixés sur ce mouvement de balancier qui l'aidait à se concentrer quand elle interrogea Narcisse : « Tu sais ce qu'il se passe maintenant ? Pour… Leonidas, et puis pour Gryffs ? Il va y avoir des sanctions ? »

Elle se disait que comme Narcisse partageait ses quartiers avec le sixième année, il était le plus à même de répondre à sa question. Il était important pour elle de connaître les conséquences de ce duel parti à vau-l'eau, parce qu'elle avait aussi cette inquiétude égoïste qui lui pinçait le cœur. Elle ne l'exprimait pas, mais si elle avait été entièrement honnête, sa question aurait été plus longue : « Des sanctions, pour toi et moi ? »

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N'hésitez pas si vous voulez que je modifie quelque chose, j'ai l'impression d'être partie un peu dans tous les sens !

Supporter mon petit frère est facile car nous partageons le même sang mais rencontrer quelqu'un qui semblait comme lui était assez perturbant et désagréable. Et pourtant, le voilà qui annonce avoir eu peur et cette révélation fait l'effet d'une bombabouse dans ma poitrine. Je le fixe alors qu'il se confie et se montre honnête avec Orla et moi. Ainsi, il a eu peur... C'est compréhensible. Je l'écoute très attentivement et ce qu'il ressent me parle. J'aurais moi-même été effrayée par la situation. Je suis bien contente de ne pas avoir été là car j'aurais forcément eu peur. Peur que cela finisse mal...

Orla révèle ce qu'elle a ressenti à son tour et je la regarde, tristement. Savoir qu'elle est encore marquée par cet évènement me peine énormément. Ce que pense et ressent Orla compte énormément pour moi alors je ne peux qu'être peinée, en fin de compte. Je fais une légère moue et vais me mettre près d'elle en lui prenant une main. Nos regards se croisent alors et je lui offre un doux sourire comme pour la rassurer. Je suis là et je veillerais à ce qu'elle oublie vite tout ça. Je regarde de nouveau Narcisse.

- Tous les deux.. Ne vous en voulez pas. Vraiment pas. Vous avez fait ce que vous avez pu et vous avez agi comme votre cœur vous a guidé. Toute cette histoire va se tasser et notre quotidien reprendra vite comme si rien ne s'était passé.

Je leur souris tendrement, l'un après l'autre. Je voulais être réconfortante. Mais j'entendis ensuite Orla demander à Narcisse s'il avait eu connaissance de possibles sanctions et curieuse, je le regarde.

@Orla LeFer, @Narcisse Brando, désolée pour le temps de réponse, j'avais oublié de répondre ici la dernière fois...

Narcisse expira doucement à la première phrase d'Orla. La main qui grattait sa tête s'abaissa lentement le long de son corps, tandis qu'il la regardait assise sur la bord de la fontaine. Une partie de lui voulut l'imiter et s'assoir, mais bizarrement, il n'avait pas envie de se retrouver assis. Il n'arrivait pas à l'expliquer. Mais il se serait senti beaucoup trop petit en s'asseyant en cet instant. En l'écoutant, il avait envie de la prendre dans ses bras. Et il se sentit ridicule et bête.

Il ne pouvait pas prendre une autre fille dans les bras après ce qu'il pensait ressentir envers Kelly si ? Même si c'était amical ? Il ne savait pas. Et puis de toute manière, Orla aurait-elle vraiment voulu de ce contact ? Il préféra poser une main sur son épaule pour lui serrer doucement ses vêtements dans un geste réconfortant avant de la lâcher sans rester trop longtemps au contact. Un peu de subtilité enseignée par son père, l'une des rares qui étaient rentrées. Il la regarda, puis Mary, avant de légèrement hausser les épaules, les mains dans ses poches.

- J'sais pas... J'ai pas réfléchi, mais j'me voyais pas faire autre chose. J'aurais pas supporté d'rester sans rien faire, vraiment ça m'aurais tué.

Son regard se porta sur le mouvement de balancier des jambes d'Orla, qu'il trouva également assez hypnotique, avant d'être tiré de sa réflexion par sa question. Il sortit les mains de ses poches pour croiser les bras.

- J'sais pas. Mais Miss Montmort est au courant. Et elle savait avant qu'j'laisse involontairement échapper l'nom d'Leonidas.

Il haussa les épaules.

- Mais vu c'qu'elle dégage, c'est pas une femme à rester sans rien faire. Aussi bien pour Gryffs que pour Leonidas. Et j'estime que les deux ont mal agi... Même si Gryffs ne méritait pas d'être frappé, jamais quelqu'un mérite ça.

Son regard remonta sur Mary, un petit sourire au coin des lèvres, irrésistiblement tiré par le bruit de l'eau de la fontaine. Il laissa planer plusieurs secondes, tentant de se convaincre qu'elle disait vrai, mais il n'y arriva pas. Pour lui, il n'avait pas fait ce qu'il avait pu, et il aurait pu faire tellement davantage. Sans le moindre doute, de son point de vue, il aurait pu, et surtout, il aurait du faire plus. L'ongle de son pouce vint trouver ses dents, mais il était déjà rongé de la discussion récente avec la directrice.

- En tout cas, j'aurais bien des choses à dire Leonidas, ou même Gryffs... J'ai pas aimé leur comportement.

La peur était présente en Narcisse, sans le moindre doute, elle le rongeait inexorablement. Mais il avait également appris à la dompter, à s'en servir, et à ne pas se laisser paralyser par cette dernière, et encore moins se laisser dicter sa conduite par cette dernière.