Plus que quelques jours avant la rentrée, et ça me fait toujours aussi bizarre de me dire que c’est si proche et pourtant encore si loin ! Comme d’habitude, nous faisons nos achats un peu à la dernière minute, mais j’apprécie aussi l’effervescence que ce moment de l’année crée dans la ruelle sorcière - il faut dire que je n’y vais pas trop autrement.

Et dire que cette année va être encore plus particulière… Il y a plusieurs raisons à cela, mais l’une d’elle fait que je vais de nouveau passer la porte de chez Ollivander, quatre ans après ma première entrée dans la boutique. C’est fou comme je me souviens encore bien des mots du vieil homme qui m’impressionnait tellement, et je me demande vraiment ce qu’il va dire à Adam, qui vient acheter sa première baguette.

Il semblerait que nous ayons de la chance, car il n’y a pas l’air d’avoir de file ni en dehors de l’établissement, ni de ce que je peux voir par un des carreaux. C’est bien ouvert, au moins ? Il nous reste tout un tas de choses sur la liste des achats donc je n’aurais pas à me débrouiller pour contacter Papa pour qu’il revienne, mais ce serait quand même dommage de ne pas avoir la baguette… Enfin, de la connaître plutôt, comme mon frère va certainement devoir la rendre directement - je suppose.

Poussant ainsi la porte de l’établissement qui n’est pas du tout fermé, j’entre ainsi précédée du garçon et cherchant des yeux Mr Ollivander.

« Bonjour ! » dis-je, rapidement imitée par l’enfant.

Mon regard parcourt la boutique à la recherche de la silhouette du vieil homme, mais celle qu’il trouve est toute autre : l’adulte qui arrive est en effet bien plus jeune, mais ne m’est surtout pas inconnu. Après un instant d’hésitation, ça me revient enfin : Ennis avait en effet mentionné lors du séjour chez Orphéa le mois dernier que l’on pourrait sûrement voir son frère à la boutique. C’est donc bien l’autre Mr O’Belt qui se tient là, Domhall si je ne me trompe pas sur son nom - je me souviens avoir eu un peu de mal à l’orthographier lors de l’écriture de ma lettre à Eridan.

« Oui c’est ça ! » s’exclame Adam à la question de l’adulte tandis que je hoche également la tête en me mettant un peu sur le côté. « J’vais entrer à Poudlard cette année ! »

Ça me fait vraiment sourire de le voir comme ça, tout excité à cette idée de faire sa première rentrée dans le château. Même d’ici, je peux voir ses yeux brillants qui parcourent le magasin. Est-ce qu’il repense à ce que je lui ai raconté de ma première visite ? Avec l’anticipation de l’achat d’aujourd’hui, on en a encore reparlé récemment, en même temps.

« Vous allez me faire essayer des baguettes, c’est ça ? » demande le petit garçon, confirmant ainsi que je ne m’étais pas trompée dans ma pensée.

Les bras croisés, je m’amuse de l’enthousiasme de mon petit frère, mais aussi de son attention face aux explications données par Mr O’Belt. Il a visiblement bien compris de quoi il relevait, et que cet achat en particulier allait être très important pour sa scolarité. Jetant un coup d’œil au frère d’Ennis alors qu’il détaille ce qui va se passer ensuite, je me demande s’il va avoir une méthode tout à fait similaire à Mr Ollivander ou si ça va être différent. Bon, comme j’ai l’impression que le vieil homme n’est pas dans la boutique, ça doit être que de toute manière, il trouve les bonnes baguettes à ceux qui entrent dans le lieu.

« D’accord ! J’suis droitier ! » répond presque immédiatement Adam en levant la main concernée, avant de s’approcher un peu plus du comptoir. « Les mesures c’est mon bras, ma main, des trucs comme ça ? Ça va vous servir à quoi ? J’vais pas changer de baguette quand je vais grandir, non ? »

Tout en parlant, le petit garçon se retourne un instant vers moi, mais je ne sais pas quoi lui répondre et relève donc simplement le regard sur l’adulte. Si je m’étais peut-être posé la question à l’époque - et encore, je n’en suis plus sûre et j’ai même un doute quant au fait de si Mr Ollivander avait également pris ces informations - la réponse m’est certainement sortie de la tête et je comprends également la logique derrière ses propos.

Après avoir relevé les coins de mes lèvres en voyant les yeux d’Adam s’arrondir face à la question de Mr O’Belt, j’écoute tout aussi attentivement que mon frère les explications qu’il donne ensuite. En effet, je n’ai jamais été particulièrement attirée par ce genre de métiers ou par la création de baguettes, mais ça n’enlève en rien l’intérêt qu’a le fait d’en apprendre un peu plus sur ce sujet et sur l’envers du décor. Parce que sinon, au delà du fait qu’on en essaie plusieurs et que c’est évident quand on se trouve avec la bonne dans les mains…

Un peu dans mes pensées, je garde ainsi les yeux sur le duo pendant que le frère d’Ennis prend les mesures dont il a besoin, avant de s’en aller quelques instants.

« Toi c’est toujours la baguette que t’as achetée en première année que t’as aussi ? » demande la voix d’Adam tandis qu’il se tourne de nouveau vers moi.

« Oui. Je crois que quasiment tous ceux que je connais c’est ça aussi. »

À ma connaissance, c’est le cas pour tous les élèves que je côtoie, et Papa n’a jamais changé de baguette non plus. Enfin, c’est une question que je pourrai quand même lui poser… Mais Mr O’Belt étant revenu, mon regard s’attarde plutôt sur la boîte qu’il a ramenée. Pendant qu’Adam la sort de sa protection, je me dis que la baguette proposée semble très différente de la mienne, et ce dans tous ses aspects.

« Je fais quoi pour l’essayer ? » demande mon frère, une fois celle-ci en main.

« Agite-la ? » je tente doucement en lançant un regard interrogateur à l’adulte.

C’est à peu près ce que je me souviens, mais peut-être que Mr O’Belt fait les choses autrement. Dans tous les cas, voilà Adam qui s’exécute, donnant un rapide coup de baguette en direction du comptoir.

Sans vraiment m’en rendre compte, je retiens mon souffle et… Rien ne se passe. Relevant les yeux sur Mr O’Belt, je le vois récupérer la baguette pour la ranger avant d’aller en chercher une autre. Bon, ce n’était visiblement pas la bonne.

Se retrouvant sans plus rien dans les mains, Adam reste quelques instants le regard un peu perdu avant de tourner celui-ci vers moi et de hausser les épaules. En réponse, je fais simplement le même geste puis secoue la tête. Non, ce n’était pas la bonne baguette et il va falloir en essayer une autre.

Une fois l’adulte de retour, mon frère reporte son attention sur lui et écoute attentivement la présentation de cette nouvelle baguette. Tous les composants en sont différents, et elle est plus longue et plus souple que la précédente. Intriguée par le potentiel résultat de celle-ci, je vois toutefois la main d’Adam hésiter avant de s’en saisir.

« Ça peut faire quoi ? Enfin, c’est censé faire quoi ? » demande le garçon, dont je devine qu’il s’interroge à la fois sur l’effet de trouver la bonne baguette, et à la fois sur les potentielles autres réactions possibles - en plus de ce qu’il y a eu juste avant, c’est-à-dire rien.

Sur ces mots, il donne également un petit coup de cette deuxième baguette, tandis que j’essaie une nouvelle fois de me souvenir de mon dernier passage ici. J’ai un souvenir plutôt clair de la sensation ressentie lorsque j’ai eu ma baguette dans les mains, mais je ne sais plus si ça avait vraiment eu un effet extérieur ou non…