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02 déc. 2022, 09:47
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Samedi 28 septembre 2047
Salle de sortilèges
7ème année



Il n'y pas de doute à avoir, je le savais déjà et le cours auquel je viens d'assister me le confirme : écouter Sarah Priddy parler d’artefacts magiques pourrait convaincre même le plus benêt de mes camarades de se mettre à la confection de tels objets. Elle sait passionner ses élèves, les intéresser et leur apprendre des choses intelligentes et utiles. Je ne suis pas bien différente des autres, je prends avidement mes notes en l'écoutant, j'apprends, j'écris même ce que je sais déjà... C'est du moins ce que je faisais avant car depuis la rentrée, il m'arrive d'avoir du mal à me concentrer. Mon regard se perd parfois dans le vide mais le plus souvent il le fait sur le visage de la professeure que j'observe avidement. J'essaie de deviner ce qui a bien pu se passer dans son crâne pour que cette femme prenne la décision qu'elle a prise.

J'ai beau l'observer à chacune des heures de cours que je passe avec elle, la question reste sans réponse. Pourquoi Merlin a-t-elle décidé d'accepter le poste de Directrice de Maison ? Pourquoi, bordel ?

J'ai encore en tête les mots qu'elle a prononcés en mars dernier, lorsque nous avons eu cette conversation au coeur de la nuit. Je retourne dans mon esprit tout ce que je sais d'elle, tout ce qu'elle m'a dit, tout ce que je vois. La plupart du temps, mes sentiments se perdent en cours de route et j'en viens à ne plus savoir ce que je ressens exactement. Si bien qu'il me vient parfois l'idée d'en vouloir à Sarah Priddy, d'éprouver de la rancœur pour cette femme qui n'est rien pour moi et que je ne connais qu'à peine ; je ne lui pardonne pas d'avoir fait le choix d'accepter un rôle qui l'entrave dans ses libertés. Dans certains moments de lucidité, je songe que je lui en veux comme je lui en veux à elle. J'en veux à ces femmes qui me donnent l'impression d'être comme moi de se laisser alpaguer dans des rôles qui les éloigneront de—

La sonnerie résonne soudainement, coupant court à mes pensées qui prenaient un tournant bien trop déraisonnable. Je repousse ces étranges réflexions et fais comme tous les autres : j'enroule mes parchemins, je referme mon ancre, nettoie ma plume, referme ma boite en fer et range tout cela d'un coup de baguette discret dans mon sac. Je me lève sauf que je reste plantée derrière mon bureau et que je laisse les élèves s'en aller dans le brouhaha familier qui m'accompagne depuis ma première année.

Je surveille Priddy, restée au devant de la pièce. La boule dans ma gorge a retrouvé sa place : elle entrave ma respiration et remplit mes veines du feu de mes émotions. Je déteste cette sensation. Je prends trois grandes inspirations pour refouler tout cela. En m'avançant vers l'avant de la classe, je me fais la même réflexion que je me fais tous les jours : si un jour j'en ai le pouvoir, j'étoufferai totalement les capacités de mon coeur à ressentir quoi que ce soit.

Le dernier élève quitte la pièce. Je le suis du regard, incapable de regarder la professeure. Je m'appuie contre le bureau le plus proche, je croise les jambes devant moi et les bras sur ma poitrine. Alors seulement je trouve le courage de lever les yeux sur elle.

« Je peux vous parler ? » demandé-je sur un ton distant, académique.

Question purement rhétorique posée pour la simple et seule raison que j'ai du respect pour elle et que je lui laisse la possibilité de m'accorder du temps plus tard si elle le désire. Mais je m'empresse de détourner les yeux. C'est plus fort que moi. Je ne sais pas pourquoi. Quand je me plonge dans ses yeux, j'ai parfois l'impression qu'ils sont fait d'un bleu glacial qui me plante des piques dans le coeur.

21 déc. 2022, 16:00
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Les cours des hautes années, la passionnaient réellement. Sarah prenait un plaisir fou à transmettre ou du moins à essayer de transmettre son amour pour les enchantements les plus poussés. Aujourd'hui, avec les élèves de septième année, ils avaient parlé de la spécificité des sorts liés aux balais. Ils avaient donc abordé la particularité des sorts en imprégnation dans le cadre des enchantements à fonctionnement conjoint. Cela impliquait de comprendre le rôle primordial des enchanteurs et le choix à faire entre sorts identiques à répétition sur une seule baguette ou à l'inverse via des baguettes différentes. Le débat était infini et, on le voyait bien au niveau des fabricants de balais, les deux techniques étaient tout à fait défendables. Sarah avait néanmoins promis à ses élèves qu'ils expérimenteraient les deux méthodes la semaine suivante pour se faire une idée plus précise de la chose. Ils n'allaient pas faire un balais complet bien sûr mais un artefact quelconque pour mettre en application les apprentissages du jour.

Sarah, derrière son bureau, remettait de l'ordre dans ses notes, tandis que les élèves quittaient la pièce. C'est alors, qu'une voix lui fit relever la tête. Le sourire toujours aux lèvres, elle reconnut la jeune Bristyle. La septième année était connue à travers le château pour son tempérament difficile mais Sarah appréciait la gamine et son intérêt évident pour les apprentissages et les recherches. Elle ne doutait pas un instant qu'elle finirait par faire de grandes choses, du moins, à trouver ce qu'elle cherchait car, la Galloise en était persuadée, Bristyle cherchait quelque chose.

" Bien sûr. "

Elle glissa ses parchemins dans le tiroir du bureau, toute son attention désormais tournée vers l'étudiante.

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
DDM de Serpentard mars- juin 2047 / DDM de Poufsouffle septembre 2047 à février 2049

30 déc. 2022, 12:36
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Au moment même où toute son attention se tourne vers moi mon corps se crispe de la tête au pied. Un frisson dévale mon dos et mon regard déjà distant se fait plus lointain encore. Imaginer une discussion dans le secret de ma tête c'est bien différent que de me retrouver en face d'elle et d'avoir le courage d'ouvrir la bouche. Cependant, contrairement au début d'année où j'ai demandé une entrevue avec Montmort, aujourd'hui je ne viens pas exiger des comptes. Je cherche juste une simple réponse. Tout est différent, n'est-ce pas ? Tout est différent, oui, pourtant coule dans mes veines la même colère brûlante qui n'est pas dirigée contre elle. Il y a un recoin dans mon corps qui est aussi froid que le plus sombre des hivers. Parfois, la porte de ce lieu s'ouvre en grand et j'ai la sensation que cet hiver se répand dans tout mon être. De temps à autre, j'attends même avec impatience qu'il m'avale toute entière.

Je lui lance un regard en biais et je suis soulagée de trouver une femme bien différente de celle que je croyais trouver. Sarah Priddy a une voix tellement familière pour moi et une présence si habituelle que bientôt mon corps perd ses tensions et se détend légèrement. Mes épaules retombent et je consens à laisser s'échapper d'entre mes lèvres un petit soupir qui en dit autant sur le trouble qui me traverse que les bras que je croise sur ma poitrine. Face à elle j'ai l'impression que je peux montrer ces choses... Et c'est cette impression-là qui m'a forcé à venir la trouver pour exiger des réponses, car j'estime qu'une personne face à laquelle je ne suis pas aussi froide qu'avec le reste du monde ne doit pas agir n'importe comment.

« C'est... »

Malgré tout, avouer à voix haute ce qui me perturbe est toujours aussi difficile. Ne devrais-je pas juste me taire et disparaître, faire comme si je ne ressentais rien ? Pourquoi suis-je ici, exactement ? J'aimerais me persuader que je n'en sais rien, comme lorsque je suis allée dans le bureau de la nouvelle directrice, mais le fait est qu'au fond de moi je sais exactement ce qui m'a poussé à venir. Je sais exactement que c'est en lien avec l'événement qui a douloureusement marqué la fin de ma sixième année. Parfois, j'ai l'impression que les répercussions de la lettre que j'ai reçue à ce moment-là n'en finiront jamais de me retomber dessus.

« C'est parce que vous vous plaisez ici et que vous ne vouliez pas partir..., commencé-je en reprenant mot pour mot ce qu'elle m'a dit il y a plusieurs mois, que vous avez accepté ce poste ? Pour rester ici ? »

Ce faisant, je lève les yeux pour les poser sur elle. Un regard maladroit, presque timide à travers mes cils, sur un visage baissé vers le sol. Une seconde plus tard le voilà qui se transforme : je dresse le menton et la regarde directement, préférant lui donner une teinte colérique plutôt que d'accepter qu'il puisse montrer de moi ce que je considère comme une faiblesse.

30 déc. 2022, 22:43
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
La septième année qui faisait face à Sarah, la jeune Bristyle que la Galloise avait l'habitude de voir sûre d'elle semblait aujourd'hui hésitante. La sorcière ne laissa rien paraître, se retenant de froncer les sourcils comme elle le faisait si souvent quand elle se mettait à analyser ou à réfléchir trop intensément. Avant même d'entendre la question, l'enseignante, cherchait à deviner ce qui pouvait autant embêter la jeune Poufsouffle.

Ce poste ? Le poste de professeur ? Sarah ne comprenait pas bien la question. D'ailleurs était ce vraiment une question ? Non. La jeune fille précisait pour rester ici, ce qui signifiait donc que c'était en lien avec cette année et donc plutôt avec son poste de directrice. La question l'étonna. Pourquoi avait elle acceptée le poste de directrice de Poufsouffle ? Pourquoi aurait elle accepté d'être directrice de Serpentard et pas de Poufsouffle ? Bristyle avait elle un si piètre avis sur sa propre maison ?

" Je ne suis pas certaine de comprendre votre question Miss. Vous voulez savoir pourquoi j'ai acceptée le poste de directrice de maison ou pourquoi j'ai accepté de diriger Poufsouffle en particulier ? Elle fit une petite pause, se remémorant la discussion qu'elle avait eu avec son élève l'année passée. Une discussion assez étrange autour de l'attrait du pouvoir. La question était peut-être en lien finalement. Je n'ai pas changé d'avis sur le pouvoir et les responsabilités peu engageantes qu'il entraine si c'est ce que vous souhaitez savoir. J'ai accepté d'être nommée directrice de maison pour la simple et bonne raison que si tout le monde le refuse, Poudlard ne pourra plus être. Il faut des gens pour faire le travail à faire et si je veux rester ici, si je veux continuer à enseigner et si nous voulons continuer à voir des futures générations de sorciers grandir, il faut que certaines personnes se... dévouent pour faire avancer les choses. "

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
DDM de Serpentard mars- juin 2047 / DDM de Poufsouffle septembre 2047 à février 2049

31 déc. 2022, 17:18
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Le petit mouvement en biais que fait ma tête lorsque Priddy prend la parole en montre beaucoup sur ce que m'inspire sa réponse. À vrai dire, je ne me suis jamais demandée pourquoi elle avait accepté le poste de directrice de la Maison Poufsouffle, j'étais bien trop perturbée qu'elle ait accepté un poste de directrice tout court. Qu'importe qu'elle soit à la tête de Poufsouffle ou de Serpentard ? C'est la présence du mot "directrice" dans l'intitulé du statut qui est le sien depuis plusieurs mois désormais qui me pose problème.

Aussi vive d'esprit que je l'espérais, la femme comprend rapidement où je voulais en venir. Lorsqu'elle me parle de pouvoir et de responsabilités je récupère mes yeux que je gardais pointés dans sa direction pour les ramener dans un angle de la classe moins propice aux dangers des émotions, soit un coin de la pièce tout à fait banal et inintéressant. Je peux y lancer au travers mon regard foudroyant toutes les choses que m'inspirent ce discours : de la colère, de l'incompréhension et une injustice déstabilisante qui n'a rien à voir avec la conversation présente.

Les responsabilités ! Le pouvoir ! Serait-elle du genre à croire que l'on a irrésistiblement besoin d'elle ? Pense-t-elle que si elle ne s'était pas proposée il n'y aurait pas eu deux, trois, des dizaines de candidatures pour la remplacer ?! N'y avait-il donc que Sarah Priddy pour remplacer les anciennes directrices des Maisons Serpentard et Poufsouffle ? Se dévouer... Il faut des gens pour faire le travail à faire... La colère qui enfle dans mon coeur me noue la gorge, tant et si bien qu'elle menace de déborder. C'est pourquoi je m'arrache à la table contre laquelle j'étais appuyée pour faire quelques pas en direction des fenêtres, résistant à l'envie foudroyante de gueuler une bonne fois pour toute ce que je pense réellement des gens qui se dévouent et qui font le travail qui est à faire. Finira-t-elle également par me dire que : « être directrice n'a jamais fait partie de mes plans ? », comme si elle subissait cette vie qu'elle s'est pourtant choisie ?

Pourquoi est-ce que ça me dérange autant qu'une femme comme Sarah Priddy, que je ne connais pas donc et qui ne représente rien pour moi (rien du tout, n'est-ce pas ?), fasse des choix qui me mécontentent, des choix que je ne ferais jamais ? Qu'est-ce que j'en ai à faire qu'elle s'emprisonne elle même dans un rôle qui ne lui convient pas ? Est-ce seulement ma déception de la voir perdre son temps qui nourrit ma colère ? J'aimerais sincèrement le croire mais au final, lorsque je prends le risque d'y réfléchir, je me dis que ce qui me dérange c'est surtout le fait qu'une femme avec une propension si grande à être appréciée de ma personne prenne des décisions qui risquent de me la rendre inaccessible.

Dans un effrayant éclair de lucidité, alors que mon regard reste braqué sur le paysage verdoyant d'Écosse, je me souviens qu'elle n'est pas celle qu'elle me semble parfois être — c'est d'ailleurs pour cela que je suis là, n'est-ce pas, car elles sont très différentes l'une de l'autre.

Un rire m'échappe, tout léger rire né autant de ma nervosité que de mes émotions refoulées ; parfois, j'ai la sensation d'être tout à fait timbrée.

« Vous croyez pas qu'il y a des dizaines de sorciers au Royaume-Uni qui voudraient être à votre place ? » soufflé-je en la regardant par dessus mon épaule.

Je me tourne pour la regarder plus franchement. Je me force à remarquer la teinte de sa peau, de ses cheveux, de sa peau. Je me force à voir la réalité : *ce n'est pas elle*. Et bordel, je n'ai jamais eu autant de mal à m'imposer une réalité à laquelle je crois pourtant dur comme fer ; l'envie de la considérer autrement que comme Sarah Priddy est si grande que j'ai l'impression d'étouffer.

« On en était quand même pas au point où y'avait personne pour occuper ce poste, non ? Celui-ci ou celui d'avant, c'est pareil. »

Je lui lance un regard désespéré : dites-moi qu'il n'y avait personne, je vous en prie !

« Je comprends pas, je pensais que vous... »

Je secoue la tête, la gorge nouée. Mes sourcils sont froncés au-dessus de mon regard, mes gestes sont brouillons. Malgré ça, mon corps est étonnement figé : je sais que la frontière entre mon calme et l'explosion de mes émotions est extrêmement fine. Bien que refusant la plupart du temps de regarder en face les sentiments qui m'animent, je me connais suffisamment pour reconnaître ce frisson qui parcoure mon corps : il était présent toutes les fois où j'ai haussé la voix devant elle, toutes les fois où j'ai envoyé mon poing dans un mur, où j'ai laissé ma magie exploser mon environnement — et je ne suis pas encore assez idiote pour ignorer qu'il est également là à chaque petite fois où je m'autorise à penser à l'ancienne directrice de Poudlard.

« Rien, soufflé-je brutalement en ravalant mes pensées. Je comprends juste pas pourquoi c'est vous qui vous êtes dévouée. Vous me paraissez si... Loin de tout ça. »

À l'instant même où j'entends ma voix prononcer ces paroles, je prends conscience que ces dernières sont terriblement cavalières. De quel droit j'ose dire de telles choses, moi, la jeune septième année qui ne connait rien de la femme qui me fait face ?

31 déc. 2022, 22:56
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
De la colère ? De la déception ? Autant de sentiments qui semblaient émaner de la septième année et qui laissait Sarah perplexe. Elle laissa quelques secondes s'écouler. De toute évidence, la Poufsouffle avait besoin de souffler mais la Galloise ne comprenait pas bien d'où venaient toutes ses questions et surtout où cela devaient les mener.

" Vous avez tout à fait raison. Il y a des tas de sorciers et de sorcières à travers le pays qui seraient prêts à venir jouer les professeurs et les directeurs à Poudlard. Un tas de gens qui rêvent même de le faire pas forcément pour enseigner d'ailleurs mais pour avoir la fierté de dire qu'ils sont Professeurs de Poudlard. La grande école de Sorcellerie. Le titre de Directrice de la maison Serpentard claque pas mal vous ne trouvez pas ? Avec toutes les histoires autour de cette maison, ça donne une petite aura sombre. Maison Poufsouffle, ça fait plus gai. On pourrait presque croire que je suis quelqu'un de sociable. "

Dire que ses parents, moldus, la critiquaient sans arrêt sur ses choix et son comportement. S'ils étaient nés sorciers, il en serait sûrement autrement. Professeure de Sortilèges et directrice de maison à Poudlard, ce n'était pas un poste si courant dans le monde magique. La sorcière était adossée contre son bureau ou plutôt légèrement assise sur le bord, les yeux perdus dans le vague, semblant observer le plafond. Un petit sourire étrange flottait sur son visage. Elle ne comprenait pas bien où Bristyle voulait aller mais, puisqu'elle semblait en colère, autant l'écouter ou la faire écouter. La curiosité était son point faible.

" Je vais vous dire une chose amusante. J'ai bien cru ne pas revenir à Poudlard cet été, à cause d'un serpent. A ce moment là, j'ai su que je voulais revenir par dessus tout. Je ne suis peut-être pas aussi loin de tout ça que vous le pensez ni même que je le pense moi-même. Je suis revenue parce que j'avais décidé de revenir pas parce que j'ai accepté un poste de directrice. "

Elle tourna la tête et posa son regard sur son élève. Encore pour une année. Une élève d'habitude assurée qui lui semblait aujourd'hui perdue.

" Et vous Miss Bristyle, pourquoi êtes-vous revenue à Poudlard ? Et pourquoi mes choix vous importent ils ? "

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
DDM de Serpentard mars- juin 2047 / DDM de Poufsouffle septembre 2047 à février 2049

03 janv. 2023, 08:42
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Mon ton et mes paroles ne semblent pas la perturber outre mesure. Sa réponse me parait légère. Peut-être parce qu'elle emploie l'expression "ça claque" et qu'elle utilise l'humour d'une bien étrange façon. Ce choix de mots me paraît décalé, comme si elle ne parlait pas comme elle aurait dû le faire. Ce n'est pas une réponse que l'on attend d'une directrice de Maison. Je ne sais pas si ça me plait ou non, cette façon de faire. Ou peut-être que ça me déplaît justement parce que ça me plait qu'elle ne fasse pas ce que l'on se serait attendu d'une personne du même rang qu'elle. Mes mâchoires se serrent violemment. Moi, je n'ai pas envie de rigoler. Qu'elle ne me fasse pas croire que les titres qui "claquent" ou que l'idée de paraître comme "quelqu'un de sociable" l'intéresse.

Ses paroles sont aussi nébuleuses que doivent lui paraître les miennes, c'est peut-être pour ça que je ne m'agace pas davantage. Un serpent ? Ne pas revenir ? J'exprime mon incompréhension par un geste du visage. Nous sommes donc passé à deux doigts de la catastrophe cet été. À ce moment-là j'étais bien loin d'imaginer tout cela. De toute façon puisque tout se cassait déjà la gueule à cette période un départ de plus ou de moins ne m'aurait pas fait trembler. Je m'en persuade même si au fond, je ne sais pas comment j'aurais réagi si j'avais découvert en septembre que la professeure de Sortilèges avait quitté le château. « De toute façon rien n'est destiné à durer », c'est certainement ce que je me serais dit.

Quoi qu'il en soit elle est là aujourd'hui. Parce qu'elle avait envie de revenir, dit-elle, ce qui est bien beau mais cela ne me dit pas pourquoi elle a accepté un rôle qui ne peut que l'éloigner de ses passions. C'est cela que je ne comprends pas ! Qu'est-ce qui fait que des personnes aussi passionnées qu'elle prennent des décisions de ce type ? C'est... Incohérent. Incohérent qu'une femme comme celle que j'ai en face de moi fasse ces choix. Je la vois encore dans son bureau il y a plusieurs mois à me montrer le fonctionnement du sistre, la passion dans son regard, je la revois dans sa salle de classe, à nous parler des artefacts avec fascination, je me souviens de ses explications complexes, de ses discours passionnés. Tout cela, c'est la marque de l'amour de la connaissance. Je le sais. J'en suis persuadée. Alors pourquoi cherche-t-elle à gâcher ça en s'encombrant de toutes ces taches que la force à réaliser son statut de directrice de Maison ? « Pour moi, c'est le savoir qui permet réellement d'être libre », c'est bien elle qui m'a dit cela, non ?

Ses deux questions ont le mérite de m'arracher à la folie de mes pensées et presque de me faire oublier la raison de ma présence ici. Si la première me fait froncer les sourcils, la seconde fait carrément sombrer mon coeur dans ma poitrine. Je remue, mal à l'aise, et hausse les épaules en promenant mon regard dans la salle de classe pour ne pas avoir à affronter le sien. Je n'ai pas la force de découvrir l’incrédulité dans ses yeux ; oui, pourquoi est-ce que ses choix m'importent-ils, hein ?

« Pourquoi je serais pas revenue ? soufflé-je, un sourire nerveux sur les lèvres. Je dois terminer ma scolarité, c'est tout. »

Je n'ai jamais imaginé que j'avais le choix, à vrai dire. Quel sorcier un tant soit peu futé interromprait sa scolarité ? J'ai besoin de mon diplôme pour être une sorcière accomplie. Je le lui dit d'ailleurs et j'ajoute d'une voix traînante et désabusée :

« Je suis pas encore assez arrogante pour croire que je peux me passer des enseignements de cette école. » Puis j'enchaîne sans transition : « Mais vous auriez pu revenir en tant que professeure. Ça vous suffisez pas ? Vous dites que vous vous... Dévouez pour faire avancer les choses... Mais en quoi ça vous importe, ces choses-là ? Je comprends pas, sérieux... »

Je secoue la tête comme pour remettre mes pensées en place, mais mes pensées sont sans dessus dessous depuis plusieurs mois et ce n'est pas maintenant qu'elles reviendront à leur place.

« Il y a... Tant de choses, balbutié-je en levant les yeux vers le plafond à la recherche de je ne sais quoi, tant de choses passionnantes... Vous le savez comme moi, tellement de choses à découvrir. Vous avez l'air d'être une sorcière... » Réticente à complimenter les autres sans qu'ils ne le méritent franchement, j'hésite un instant avant d'oser continuer : « ... passionnée. Je comprends pas pourquoi les sorcières passionnées deviennent directrices ! » m'exclamé-je, la bouche tordue en une grimace sans savoir si celle-ci si elle tient du rire ou de la colère.

Et quand vous cesserez de vouloir être directrice parce que vous vous serez rendue compte que ça ne laisse pas suffisamment de place à votre passion vous partirez aussi, c'est ça ?
Dernière modification par Aelle Bristyle le 18 janv. 2023, 11:28, modifié 1 fois.

07 janv. 2023, 22:16
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
La tension sembla baisser un instant avant de remonter doucement. Sarah commençait à connaître le fonctionnement des élèves et leur manie de tourner autour du pot quand quelque chose les tracassait. Cependant ce comportement l'étonnait chez la jeune Bristyle, plutôt connue parmi le corps enseignant pour ses paroles un peu trop directes.

La Galloise ne put retenir un léger sourire devant la remarque de la jeune sorcière. Elle croyait en ses études. Elle avait raison. Elle avait encore tant de choses à apprendre même si elle en savait sûrement plus que d'autres dans certains domaines, ça, Sarah en était persuadée. La question du pourquoi ses choix personnels importaient tant resta cependant sans réponse. Du moins, Sarah ne comprenait pas encore bien le chemin que prenait la discussion.

" Il y a des choses qui importent plus que d'autres sans qu'on sache forcément pourquoi. Je ne pense pas avoir la réponse à votre question mais, je peux essayer de vous faire comprendre le pourquoi. L'enseignante se tut un instant, réfléchissant à sa réponse. Je crois que j'ai envie de croire en certaines choses et en leur importance et j'ai appris que parfois, œuvrer pour les choses ou les personnes qu'on estimait importantes permettait de se sentir à sa place. Ce n'est pas un salut que je cherche mais je suis satisfaite de participer à mon niveau à une chose en laquelle j'ai envie de croire. Oui, c'était ça. Tout comme quand elle avait envoyé ce courrier l'an dernier pour demander la révision du décret des baguettes. En vieillissant, elle avait besoin de se rendre utile à son niveau. Elle ne ferait jamais grand chose dans la marche du monde mais elle ressentait le besoin de faire ce qui était à sa portée. Quand au fait que les sorcières passionnées deviennent directrices, la réponse est peut-être simple. Les gens passionnés ont tendance à donner beaucoup pour ce qu'ils entreprennent et une directrice doit être un minimum dévouée à sa tâche. Une directrice passionnée est donc peut-être une bonne option. Peut-être pas ou pas toujours mais ça, l'avenir nous le dira. Et si, vous me expliquiez maintenant ce qui vous pousse à rester ici. Car nous savons vous et moi que cette conversation doit nous mener quelque part. "

Elle parlait de directrice avec un grand D. Pas spécialement de sa directrice de maison donc. Les yeux de Sarah se plissèrent légèrement alors qu'elle scrutait son élève pour comprendre. Les directrices... Bristyle essayait régulièrement d'aller chez Kristen. Entretenait-elle une relation particulière avec la sorcière ? Un projet commun ? Un projet "passionnant" ? Ou avec Elina, moins disponible désormais ?

" La nomination d'Elina Montmort ou le départ de Kristen Loewy vous poserait-il un problème Miss Bristyle ? "

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
DDM de Serpentard mars- juin 2047 / DDM de Poufsouffle septembre 2047 à février 2049

18 janv. 2023, 12:20
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Le ton calme et posé de Sarah Priddy semble asseoir la conversation. Dans les montagnes russes de mes humeurs, mes émotions atteignent un passage moins soumis aux aléas des douloureuses montées de colère ou de tristesse auxquelles je suis habituée depuis des mois voire des années maintenant. Pendant un temps mes épaules s'affaissent légèrement, mon visage se décrispe et la bête noire qui apparaît toujours lorsque j'invoque certains souvenirs relâche sa prise sur mon coeur. J'écoute en essayant de superposer les différentes couches d'informations que j'ai : celles que je connais à propos de la professeure, celles que je m'invente sans le savoir et celles qu'elle m'offre dans son discours. Tant bien que mal, j'essaie de me faire à l'idée que la femme que j'ai vaguement appris à connaître au fur et à mesure des cours qu'elle me donnait ou de nos quelques rencontres a elle aussi différentes couches dans son identité : elle m'est d'abord apparue comme douée, puis comme passionnée et voilà qu'elle me semble être dévouée. Pourquoi est-ce si difficile pour moi d'accepter que oui, elle peut avoir pris ces postes de directrice juste pour agir pour ce en quoi elle croit ? « Et avoir du temps pour apprendre, être libre d'en savoir davantage, ce n'est pas plus important ? » ; je prépare mentalement les questions que je lui poserai lorsqu'elle en aura terminé.

Une directrice passionnée ? Je souris, ce que j'essaie vaguement de cacher en détournant le visage. Et la directrice passionnée que nous avons eu ces dernières années, elle vous convenait, dites-moi ? Mes émotions entament une légère montée sur le manège de mes humeurs. Je prends une inspiration pour les calmer et me forcer à redescendre. Surtout, garder toutes mes pensées dirigées vers Sarah Priddy qui est bien là, elle, qui trône au milieu de sa salle de classe, qui parle calmement, dont le regard ne me glace pas le sang ni ne me met en rage, une femme de laquelle je n'attends rien. Une femme comme une autre qui a une qualité exceptionnelle : celle de ne rien représenter pour moi.

Je me redresse et me repose en instant dans le silence revenu qui, pensé-je, va me servir à mettre de l'ordre dans mes pensées pour offrir à la femme un questionnaire suivit d'un argumentaire organisé pour la mener là où je veux aller. J'ai un tas de choses à lui dire pour détruire son discours certes intéressant mais qui ne colle pas avec ce que je connais des agissements des directrices.

Évidemment je n'avais pas prévu qu'elle ouvre de nouveau la bouche.
Ni qu'elle tombe aussi juste.
Ni qu'elle prononce son nom et pire, son prénom.

Mon visage se décompose littéralement. Je me tourne dans la seconde pour lui cacher la remontée soudaine de mes émotions mais j'ai bien conscience qu'il doit être trop tard. Dans mon coeur c'est comme si venait de se soulever un tsunami. Il emporte tout sur son passage : mes pensées, mes questions et tout le contrôle, faible je dois dire, que j'avais sur moi. Il n'a suffit que d'une phrase pour me froisser entièrement ; me voilà désormais livide, la gorge tellement nouée que j'ai du mal à déglutir et cette espèce de chose qui nous pèse lorsque l'on est triste ou très en colère, ce poids dans notre corps qu'invente notre cerveau et qui nous fait croire qu'il y a réellement quelque chose qui nous fait mal à l'intérieur alors que la douleur est dans la tête et pas ailleurs.

Je me force à garder les yeux grands ouverts et à ne pas brûler de honte de m'être si facilement trahie. J'essaie même de faire un pas ou deux pour faire genre que j'ai eu une soudaine envie de marcher, comme ces gens qui ont sans cesse besoin de bouger pour s'occuper, même en pleine discussion. Mais je sens que la chape de plomb qui m'est tombée dessus rend mes gestes aussi rigides qu'une planche de bois et que je ne fais qu'aggraver ma situation. Alors je m'arrête, sans pourtant trouver la force de me tourner pour lui faire de nouveau face et lui sortir quelque chose d'intelligent et d'amusant comme serait capable d'inventer n'importe qui n'étant pas moi : « On passe d'une femme méga douée mais super flippante à une autre tout aussi douée mais bien plus rassurante, ahahah, pourquoi j'aurais un problème ? ». Malheureusement, et c'est sans doute la première fois que ça me dérange, je n'ai jamais su mentir — non pas que je manque de capacité mais disons que le mensonge est pour moi une faiblesse à laquelle je n'ai nulle besoin de m'adonner. De toute façon, vu l'état dans lequel je suis je pourrais difficilement arguer que le départ de... Que son départ me pose un quelconque problème.

Je dois cependant dire quelque chose. N'importe quoi. Mais j'ai la tête vide et j'ai honte. Honte d'avoir aussi mal rien qu'en entendant ce prénom être prononcé. Honte d'être venue parler à Priddy pour lui poser des questions pour lesquelles la réponse ne m'importe finalement pas, car ce n'est pas à elle que j'ai des choses à dire et ce n'est pas elle qui a les réponses que je cherche.

Je papillonne rapidement des yeux, comme si ça pouvait éloigner la brume qui s'est abattue sur mon esprit. Impossible d'ouvrir les poings que j'ai serré à m'en enfoncer les ongles dans la chair tendre de mes paumes. Impossible d'apaiser mon corps crispé, d'ouvrir mes lèvres pincées pour sortir un « oui » qui ne demande pourtant qu'à s'exprimer — j'aimerais le lui hurler, ne le voit-elle donc pas ? Oui ça me pose un problème ! oui je n'arrive pas à l'accepter, oui ça me fait mal, oui je suis ridicule mais j'arrive pas à faire autrement ! Oui je voudrais qu'elle soit encore là à la place de Montmort. Oui elle me manque, oui je suis une gamine de dix-sept ans qui s'est attachée, Merlin va savoir pourquoi, à sa directrice. Oui, oui, oui.

Tant de choses qui veulent sortir, enfin, depuis le temps que je les retiens, depuis le temps qu'elles me pèsent. Parfois, j'ai l'impression que je vais exploser, vous savez. Parce que je n'arrive pas à refouler suffisamment mes émotions, parce que j'ai beau les calfeutrer derrière des couches et des couches de tâches, devoirs, livres, apprentissages, impératifs imaginaires ou non, occupations, elles reviennent toujours, si bien que parfois j'ai peur d'exploser. Et d'autres fois j'ai juste envie de le faire exploser, hurler, frapper, casser. J'en crève d'envie. Mais je ne peux pas, pas comme ça, pas devant vous, ne surtout rien avouer à quiconque à propos de mes états intérieurs, ne pas parler de ce qui me tracasse, ce qui me fait mal, m'attriste, me mets en colère, me déçoit, me réjouit, me fait me sentir heureuse ou malheureuse, tout garder pour moi parce que les émotions sont sales et que je ne peux pas les partager, parce que je vais faire pitié, passer pour faible, être ridicule ; la Aelle si forte, si débrouillarde disparaîtra et ne restera que l'enfant, pathétique et diminuée, qui a besoin d'aide et de soutien. Celle qui sera déçue quoi qu'il arrive par votre réaction, votre jugement, votre regard qui désormais ne me verra plus comme une élève douée de sa classe mais une personne comme toutes les autres : sujette à ses émotions.

Mais je ne fais rien. Alors mes lèvres restent pincées, mon dos résolument tourné et je ne dis rien parce que je n'arrive pas à le faire et parce que j'ai tout à fait perdu le cours de moi-même.

C'est ce que l'on appelle un silence révélateur.

18 janv. 2023, 22:19
J'ai un brouillard dans la tête  PV 
Les paroles pourtant relativement banales, neutres, eurent un effet assez radical sur l'adolescente qui se trouvait là. Ainsi donc, elle avait trouvé le nœud du problème de la jeune Bristyle. Sarah attendit un instant, laissant le temps à l'adolescente de reprendre contenance mais les secondes s'écoulaient et la Poufsouffle ne semblait que s'enfoncer dans un état qui ne plaisait nullement à la Galloise. Cette gamine souffrait. De quelque chose que Sarah ne comprenait pas mais il ne faisait aucun doute qu'elle s'était arrêté aujourd'hui dans la salle de classe pour discuter d'une chose qui lui tenait vraiment à cœur. Une chose en lien avec la directrice. L'ancienne ou la nouvelle, il fallait encore le déterminer. Sarah plissa des yeux, observant le dos que lui offrait son interlocutrice. L'enseignante hésita un instant. Elle même n'était pas du genre tactile ni forcément très psychologue. Finalement, elle se redressa et après s'être mordillé la joue se lança.

" Venez, j'ai faim. Vous m'accompagnez pour un casse croute ? Je ne mange jamais beaucoup le samedi midi. "

C'était quitte ou double. Elle ferma la porte de la salle de classe (pas à clé évidement) donnant sur le couloir et se dirigea vers la porte donnant sur son bureau à l'opposé. Une fois dans la pièce voisine, après un échange rapide avec son elfe favoris, un deuxième repas apparu sur la table ronde occupant une partie de la pièce. Sarah eu juste le temps d'ôter une pile d'ouvrages et de notes qui s'envolèrent pèle mêle jusqu'à son bureau. Après un coup d'œil pour évaluer la distance la séparant de sa visiteuse, elle reprit en adaptant le volume de sa voix sans chercher pour autant à suivre les mouvements de l'adolescente. Libre à elle de faire ce qu'elle voulait. L'invitation était donnée mais la porte de sortie restait ouverte si elle appuyait sur la poignée.

" Je ne sais pas exactement ce qui vous arrive Miss mais, si vous voulez, je peux vous raconter un petit quelque chose pour vous changer les idées pendant que nous mangerons. "

Sans attendre la réponse de la Poufsouffle, elle s'installa elle-même autour de la table devant un des plateaux. Quand elle souleva la cloche au dessus de l'assiette, une bonne odeur monta. Le samedi elle laissait Pop décider du menu et elle n'était jamais déçue bien que parfois plus que surprise. Ce jour-là ne faisait pas exception et elle ne put retenir un petit sourire. Pop avait préparé du pain perdu.

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
DDM de Serpentard mars- juin 2047 / DDM de Poufsouffle septembre 2047 à février 2049