Ce n’était pas la sortie en elle-même qui excitait le plus la fillette. Non. C’était bel et bien la perspective de revoir (enfin!) ses parents, après de longs mois loin d’eux. Oh, elle les avait aimés, ces mois. Énormément. Mais ça ne l’empêchait pas d’attendre avec impatience ces retrouvailles. Plus que quelques heures, une petite journée, et elle pourrait se jeter dans leurs bras.

Alors qu’elle se remettait enfin de l’étrange sensation due à l’utilisation de ce nouveau moyen de transport jamais expérimenté jusqu’alors, et que le tournis la quittait, Astrid prit la décision de faire le maximum pour ne pas laisser la pensée des retrouvailles gâcher leur excursion de Noël, et ses derniers moments de 2047 aux côtés de la magie. Pour ça, il lui fallait une ancre, capable de la détourner un peu de ses pensées. Son regard parcourut les adolescents, qui s’éparpillaient déjà dans les rues décorées, à la recherche de cette personne. Et elle sourit en apercevant le brun. Mais bien sûr! Qui d’autre que celui capable de plaisanter alors qu’il avait failli finir congelé dans le froid de septembre par sa faute? Se faufilant entre élèves et passants, elle s’approcha du garçon à qui elle fit un signe de la main. Pas de frayeur cette fois, hein?


Comme il n’y avait aucun besoin d’avoir un “cavalier” pour cette fois, elle avait un peu peur qu’il ne comprenne pas vraiment sa demande, voire qu’il la refuse mais…

Louie se faufila à travers la foule. Impossible d'avoir une vue d'ensemble de l'allée avec cette mer d'élèves. Il n'était pas agoraphobe, mais naviguer seul dans une mare de conversations enchevêtrées et de vacarme enjoué était toujours un peu éprouvant pour le premier année. Ce dernier cherchait le magasin de Farces et attrape. C'était là qu'il comptait se réfugier.

Mais le mouvement de la foule le laissa gracieusement apercevoir la boutique pendant un instant : sa devanture était délicieusement extravagante, comme à son habitude, mais aucunement liée aux fêtes : elle ne proposait pas d'atelier pour Noël ! La mine pleine de désarroi, Louie commença alors à se dire qu'il était venu pour rien, qu'il allait quitter l'allée pour rejoindre l'hôtel où ses parents restaient avant de repartir pour Marylebone Station le lendemain. Il serait plus drôle de chercher des raisons de se disputer avec sa petite sœur sur le trajet plutôt que d'errer sans but dans ce capharnaüm humain.

Les choses changèrent cependant lorsqu'il vit Astrid, son amie aux cheveux roux, lui faire signe non loin de lui. Il lui afficha son large sourire signature, si étiré qu'on avait l'impression qu'il se retenait de rire.

- Louie ! Salut ! Ca te dit de faire le Marché de Noêl avec moi ? C'est toujours plus marrant à plusieurs !

- Je comptais prendre d'assaut Weasley, mais on dirait qu'ils jouent pas le jeu cette année. Tu as une autre idée ?

C'était tout ce qui lui fallait pour changer d'avis. Il y avait la foule et il n'y avait pas d'atelier chez Weasley, mais il y avait Astrid, et le brun la rejoignait : à deux, la probabilité de passer un bon moment était sensiblement augmentée.

Lorsqu’il évoqua la boutique qu’il visait initialement, la petite se hissa sur la pointe des pieds pour essayer d’en apercevoir la devanture par-dessus la foule. En vain. C’est que 1m43, même sur la pointe des pieds, ça ne fait pas bien grand, au final, surtout au milieu d’adultes et d’adolescents plus âgés, et donc bien plus grands.


Elle abandonna son observation infructueuse et ramena ses pieds à l’horizontale du plancher des vaches. Dans le même mouvement, elle tourna la tête vers le garçon.


Tout en parlant, elle portait son regard autour d’eux, reniflant parfois. Elle cherchait à trouver d’où provenait cette bonne odeur de chocolat et de guimauves grillées. Cette odeur de fêtes et d’hiver bien au chaud à la maison. Attentive malgré les apparences à sa réponse, elle l’entraîna au milieu de la foule en suivant la piste olfactive. Essayant, du moins. Ils laissèrent Gringotts sur leur gauche et...


Bonne odeur: trouvée! Il y avait un peu de monde, mais s’il était possible de se faire une boisson chaude, la rousse ne dirait pas non. Un bon chocolat chaud réchauffant ses mains même à travers ses gants, ça c’était à coup sûr la représentation qu’elle se faisait d’un bon début de journée à un marché de Noël.

Sans attendre la réponse de son ami, elle se précipita vers l’atelier des boissons chaudes, espérant réussir à y participer.