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26 janv. 2023, 21:45
 OS  Sa deuxième erreur
Samedi 26 janvier 2048
Vers 9h30
À la table des Serpentard


Assise seule à la table désignée pour sa maison, à l’extrémité la plus éloignée de celle des professeurs, Tiffanie profitait tranquillement de son petit déjeuner. Bien qu’elle soit de nature plutôt sociable, la rouquine préférait passer ses matinées seule, sans personne pour lui crier dans les oreilles. Elle détestait ça, les bruits forts dès le matin. Raison pour laquelle elle ne supportait pas l’arrivée matinale des lettres, transportées par des hiboux brayant bien trop fort à son goût. Mais elle n’avait pas le choix, si elle voulait pouvoir échanger avec sa famille!

Et comme toujours, il ne fallut pas attendre bien longtemps avant que les bestioles ne fassent leur entrée. La majorité des élèves étant déjà en cours, on ne les comptait que par quelques dizaines, mais c’était déjà largement suffisant pour la fillette. Cette dernière poussa son assiette dans laquelle elle venait de se servir une nouvelle portion œufs brouillés, pour laisser le hibou de la famille, prénommé Maldan, y déposer une lettre. Lâchant vulgairement sa fourchette, elle la prit dans ses mains sans même remarquer le départ de l’oiseau.

Retirant la lettre de son enveloppe, elle déglutit rien qu’en voyant la longueur du parchemin. Ça sent pas bon pour moi…
Fanny,

Je t’écris pour t’annoncer une très grande nouvelle! C’était assez surprenant lorsque ta mère et moi l’avions découvert, et nous ne nous y étions pas vraiment préparés, mais tu nous connais: on va réussir à s’adapter sans soucis.

Te souviens-tu du repas de Nouvel an? Ta mère n’avait pas mangé grand chose et était pâle comme un linge. Tu l’as toi même comparé à un zombi. Et bien, il s’avère que même une semaine après, son état ne s’était pas arrangé. Au contraire, il n’a fait qu’empirer. Je l’ai rarement vu vomir autant… Alors la semaine dernière, nous avons prît rendez-vous chez un médicomage pour voir ce qu’elle avait, bien que nous avions quelques déjà soupçons. Et il s’avère que nous avions raison. C’est pourquoi, je suis heureux de t’annoncer qu’à l’heure où je t’écris ceci, ta mère est enceinte de 2 mois!

N’ayant jamais prévus d’avoir un enfant autre que toi, nous avons pas mal réfléchi à si oui ou non nous devrions le garder. Mais nous n’avons trouvé aucun inconvénient à la venue d’un nouvel enfant chez nous: la maison est assez grande, nous avons toujours tes jouets de quand tu étais bébé, et puis ça te feras de la compagnie! Nous aurions préféré te l’annoncer en face à face, mais si nous attendions ton retour tu aurais sans doute remarqué quelque chose de nouveau chez ta mère.

Je sais que l’arrivé d’un nouvel enfant dans la famille peut faire peur lorsqu’on est l’aîné, mais ne t’en fais pas, nous ne ferons jamais de favoritisme sur un enfant plutôt que l’autre! Nous savons aussi que vu votre écart d’âge, cela sera peut-être plus compliqué que dans d’autres familles, mais je pense qu’avec le temps tu t’es habitué à avoir une famille qui sort de la norme, si tu vois ce que je-
Elle en avait assez lu.

Bien que lettre soit encore bien longue, Tiffanie ne voulu pas aller plus loins. Elle savait que sinon, elle serait trop en colère.

Ils avaient déjà fait l’erreur une fois! Il avaient déjà eu un enfant. Et quel en était le résultat? Une fille anxieuse, tentant de combler son manque de confiance en elle en rabaissant les autres, et horrifiée à l’idée qu’elle ne soit potentiellement jamais aimée par sa famille paternelle. Alors elle avait essayé de se sentir proche d’eux en réussissant à convaincre le choixpeau de l’envoyer chez les verts. Peut-être aurait-elle pu prouver ainsi qu’elle était une vraie Shell. Mais maintenant? Ce futur bébé allait gâcher toutes ses chances de rentrer en contact avec eux! Un nouvel enfant ne ferait qu’aggraver la colère de Philips et Enora! Une nouvelle tâche sur l’arbre généalogique, l’éloignant un peu plus de ses espoirs d’un jour pouvoir enfin tisser des liens avec eux.

Bande d’égoïstes. Ce fut l’adjectif parfait pour décrire ses parents à l’instant même. Égoïstes. Ils n’avaient pas pensé à son avis dans tout ça.

Les larmes montantes, elle se leva de table, laissant sa nourriture non-touchée dans son assiette et fila à l’extérieur de la Grande Salle. Alors qu’elle atteignit la porte séparant la pièce du Hall d’entrée, elle se rendit compte qu’elle avait toujours la lettre ainsi que l’enveloppe dans les mains. Alors, sans la moindre délicatesse, elle les froissa tout les deux en une même boule de papier qu’elle laissa tomber à ses pieds. Puis, elle parti se réfugier dans ses dortoirs. Plus seule que jamais.

Hébergeuse d’araignées à plein temps
Colonelle du régiment PAC