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31 janv. 2023, 11:24
L’amie qui s’ignore  A.B 
Alice l’avait traqué. Alice l’avait suivi, de loin, sans jamais faire montre d’une volonté de l’aborder. Elle avait attendu patiemment que vienne le meilleur moment, dans le meilleur lieu pour la retrouver.
Avec quelqu’un d’autre, qui que ce soit, Alice n’aurait pas tant fait de simagrées. Après tout, il ne s’agissait que de retrouvailles entre deux… qu’étaient-elles, l’une pour l’autre ? Alice n’aurait su dire. Il ne s’agissait pas d’amitié, encore moins d’amour. Ce n’était pas une connaissance, car cela aurait signifié que son importance aurait été moindre, et tel n’était pas le cas. Elle était importante aux yeux d’Alice, mais pas au point de la considéré comme essentielle. Non, vraiment, Alice ne parvenait pas à dire ce qu’elle représentait. Un défi, sans doute, puisqu’elle aimait tenter de déceler l’existence d’une lueur d’intérêt dans ses yeux lorsqu’elles échangeaient. Alice voulait lui plaire, que ce soit par ses idées ou ses connaissances.

Alice poussa les portes de la bibliothèque et y entra. C’était le bon moment, et le bon endroit. C’était précisément ici qu’elle voulait la rencontrer. L’excitation faisait battre son cœur un peu plus vite. Ce sentiment était grisant. Était-ce cela que ressentait le chasseur au moment de mettre un terme à sa traque ?

La sorcière s’avança, passant de bibliothèque en bibliothèque. Du coin de l’œil, elle la cherchait. Elle savait qu’elle était ici. Piégée entre les livres d’histoire et ceux de théorisation.

Ses pas s’arrêtèrent à côté de la table où elle se trouvait. Avec un sourire coquin, Alice prononça ces quelques mots qu’elle avait attendu pendant de longs mois.

« Bonjour, Aelle. »

@Aelle Bristyle Je suis aussi excitée qu’Alice. C’est dire !

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

31 janv. 2023, 19:21
L’amie qui s’ignore  A.B 
24 décembre 2047
Bibliothèque — Poudlard
7ème année



Je dépose mes affaires sur la table et me laisse tomber sur la chaise. Je reste quelques secondes ainsi, sans bouger, la main encore accrochée à la lanière de mon sac. J'écoute les bruits de la bibliothèque. Le doux chuchotement des pages que l'on tourne. Les craquement des étagères centenaires. Le jeu des livres qui volettent de travée en travée. Et le silence. Le silence qui prend toute la place, qui s'enroule autour de moi. Si je ferme les yeux, je peux le sentir qui apaise mes pensées les plus tourmentées. Il n'y a aucune attente dans ce silence, aucune espérance. Je le connais par coeur pour l'avoir fréquenté durant sept ans. Je prends une longue inspiration pour m'abreuver de toutes ces sensations avant de rouvrir les paupières.

Enfin, soupirent mon corps, mon esprit et mon âme à l'unisson. Je ne demandais rien de plus que cette petite heure que je vais passer lovée dans un quotidien qui me manque. Rien que de sentir le bois de la chaise sous mon corps, cette dureté si familière qui ne peut que faire fuir la paresse et encourager les pensées complexes, me fait un bien fou.

J'ai abandonné correspondante et Mngwi à la porte de la bibliothèque. La première est partie vaquer à ses occupations et le second chasse quelques malheureux rongeurs. Cela fait plusieurs jours que je rêve de ce moment. Depuis que j'ai cette idée fixe en tête, celle qui m'a été inspirée par les démonstrations de magie d'Araya : je dois vérifier un détail dans mes livres et les carnets qui retracent toutes mes recherches. Ce n'est rien d'important ni même de passionnant. Mais c'est quelque chose que j'avais envie de faire et qui m'est refusé depuis plusieurs jours.

Il y a eu les activités que je devais partager avec l'africaine, mes obligations envers elle, le bal, la visite sur le Chemin de Traverse ; Merlin, pas un seul instant pour moi et toujours sa présence, ses questions, ses regards. Oh, elle m'apporte énormément mais... Mais je souhaitais retrouver mon quotidien à moi, ma solitude. Juste un instant.

Et la voici.
Toute à moi.

J'efface lassitude et fatigue sociale en extirpant de mon sac mes petits carnets noirs. Un, deux, trois, quatre viennent me tenir compagnie, sans compter les grimoires, les plumes, parchemins et pots d'encre. Voilà, je suis heureuse.

Je débouchonne le pot d'encre noire, attrape une plume, tire un parchemin à moi et... Une voix réduit à néant mes projets.

Deux mots. Je devine une seconde avant de lever la tête que c'est elle ; puis mes yeux rencontrent les siens et mes plans tombent officiellement dans l'oubli. Ce qui me frappe en premier c'est son expression. Elle a un air sur le visage, un air qui me rappelle pourquoi j'ai attendu sa venue ces derniers jours sans chercher à provoquer notre rencontre. Elle est très différente de la Alice Sangblanc qui discutait avec moi dans les couloirs. Plus grande, les traits plus matures, un regard plus profond. Mais au fond de ce dernier brille un éclat qui fait manquer un battement à mon coeur.

Le temps semble se ralentir. Je me laisse aller contre le dossier de la chaise et croise les bras sur ma poitrine, le menton aussi haut qu'il est possible de le lever pour une personne assise qui en regarde une debout.

« Sangblanc. »

Un mélange d'étonnement et de plaisir rend ma voix plus grave.

J'ai eu le temps ces derniers jours, entre deux silences m'opposant à Araya, de me demander si la jeune fille avait reçu mon courrier de juillet dernier et si son absence de réponse était voulu ou non. Lorsque je ressassais l'étreinte que j'ai surprise entre Elowen et elle, je tendais à croire que son silence était recherché et qu'elle n'avait plus aucune envie d'échanger avec moi. Le reste du temps, je me plaisais à croire qu'Alice Sangblanc était comme moi : elle ne gaspille pas ses mots ni même son temps pour des choses vaines ; comme une réponse à un courrier qui n'en attendait pas.

Je la considère sans un mot, mon visage naturellement sévère et les lèvres figées en une ligne étroite. Deux secondes avant que ma bouche ne s'étire en un rare sourire.

« Tu aimes te faire prier, n'est-ce pas ? »

Dans mon esprit c'est elle qui devait venir à moi, pas le contraire ; j'ai fait le premier pas avec mon courrier, elle devait faire le second. Et voilà qu'elle le fait, enfin. Même si j'aurais préféré qu'elle ne me fasse pas attendre.

Merci pour les sourires que tu m'inspires.

07 avr. 2023, 20:49
L’amie qui s’ignore  A.B 
Je m’excuse pour ce grand retard ! Et merci de donner autant de satisfaction à mon Alice en écrivant ces retrouvailles avec moi.

Alice se délectait de voir la réaction qu’elle avait provoqué chez Aelle. C’était mieux que ce qu’elle avait imaginé. Alice sourit, heureuse de son petit effet. Heureuse de la revoir.

Ses mains se nouant dans son dos, Alice haussa une épaule avec une désinvolture mimée.

« Si peu » répondit Alice. Un sourire mutin illumina son visage, tandis que sa comédie prenait fin. Aelle souriait, elle aussi. Alice avait réussi à lui arracher par sa présence. Celle qui, d’ordinaire, ne s’exprimait qu’avec des mots, parvenait à s’ouvrir. Ou bien était-ce Alice qui réussissait à lire dans ses réactions ?

« Je n’allais tout de même pas te bondir dessus dés mon arrivée » poursuivit Alice, s’asseyant à peine sur le bord de la table pour ne pas gêner Aelle et ses affaires. « Quelle inconvenance cela aurait été. »

Une inconvenance qu’Alice n’aurait pu tolérer, et cela même pour Aelle. Cette rencontre, ici, était le meilleur moment pour elles. Alice pourrait profiter d’Aelle sans avoir à la partager avec qui que ce soit.

Aelle n’avait pas changé. Elle était toujours cette même jeune fille qu’elle avait rencontré, quelques années auparavant. Alice ignorait si elle s’était attendu à la voir changer ou non.
Elle même était bien différente. Du moins c’est ce qu’elle aimait penser.

Après un moment à observer Aelle, Alice décida d’aborder un sujet qui, elle le savait, risquait de s’attirer les foudres de la Poufsouffle si elle n’en parlait pas : « J’ai été assez surprise de recevoir une lettre de ta part. Ravie, mais surprise. J’espère que mon absence de réponse ne t’a pas froissée. »

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Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
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12 avr. 2023, 10:12
L’amie qui s’ignore  A.B 
Alice Sangblanc est un spectacle rondement bien organisé. Ses regards, ses mouvements, ses délicats étirements de lèvres... Tout respire un soin excessif, une élégance poussée à son paroxysme. Cela me marque d'autant plus que je n'ai plus devant moi l'enfant passionnée et intéressante que j'ai découverte il y a quelques années, mais bien une jeune fille dont je ne connais plus grand chose. Je mentirai si je disais que ses paroles et ses comportements me plaisaient. Il y a quelque chose de malaisant dans sa façon d'être qui s'oppose à ce que je suis. Pourtant, je peine à la quitter des yeux pour revenir à mes affaires à peine entamées. Les choses délicates me rebutent parce qu'elles s'opposent en tout point à ce que je suis mais plus que de les fuir j'éprouve l'étrange envie de m'en approcher plus encore pour les secouer, les bousculer et attendre de voir le résultat. Sangblanc m'inspire toutes ces choses. Surtout, elle m'inspire le sourire qui persiste à étirer mes lèvres et que je m'efforce de perdre rapidement parce que, tout de même, c'est gênant d'afficher à la vue de tous mon plaisir de la voir poser un morceau de son corps sur le coin de ma table.

Tandis qu'elle s'installe, son regard voguant sur mes traits, je me fais mine de m'occuper. Je pousse sur mes jambes pour m'enfoncer plus profondément dans ma chaise et paraître plus droite que je ne le suis déjà, je croise davantage mes bras, je parcoure ma table du regard pour vérifier qu'il n'y traîne rien d'inconvenant. Ces mouvements, justement, pour m'empêcher d'être troublée par son observation attentive, d'une part, mais aussi pour me remettre de ce mot qu'elle a employé. Inconvenance. Il y a quelque chose dans sa façon de parler très guindé et dans le choix de ses mots qui me tord le coeur sans que je ne puisse pour autant comprendre pourquoi exactement.

Bah, mes pensées devront bien attendre ! Voilà qu'elle renchérit. Je m'attendais à ce qu'elle me questionne à propos de mes carnets. Un sourcil se dresse sur mon front. Elle décide plutôt de parler de la lettre. Surprise, dit-elle. Et bien certes, j'imagine que c'est surprenant de recevoir une lettre d'une personne à laquelle nous n'avons pas parlé depuis un long moment. Je n'arrive pas à deviner si son ton est purement sincère ou si elle s'amuse à m'imaginer froissée par une réponse que je n'aurais dû de toute évidence pas attendre. Et je ne l'ai pas attendue, n'est-ce pas ?

« Je serais très peu intéressante si j'étais du genre à être froissée de ces choses-là, rétorqué-je sur un ton moqueur, tellement droite sur ma chaise que je finirai par me fondre dans le bois. J'attendais pas de réponse, affirmé-je avec une confiance démesurée. Et puis t'aurais écrit quoi ? »

Je me permets une moue amusée.

« Ni toi ni moi sommes du genre à perdre notre temps avec une correspondance banale. »

Je ne sais pas pourquoi à ce moment précis se superpose sur ce délicat et pâle visage celui bien plus sombre et renfrogné d'un Aliosus Nerrah. Pourquoi maintenant ? Je l'image pincer des lèvres s'il pouvait entendre l'impertinence de mes propos. Je crois que ses lèvres pincées ont le même effet sur moi que les élégants sourires que m'offre sa correspondante ; que ce soit l'une ou l'autre mimique, j'ai envie de les provoquer.

12 avr. 2023, 13:09
L’amie qui s’ignore  A.B 
Aelle avait tort. Si elle avait ressenti quelque sentiment liée à l’absence de réponse à sa lettre, Alice ne l’aurait pas trouvé inintéressante, mais tout simplement humaine. Néanmoins, Alice était soulagée. Aelle ne lui en voulait pas. Elle n’aurait donc pas à lui expliquer pourquoi elle n’avait reçu aucune réponse, pourquoi Grand-Père s’évertuait à la garder loin de ses relations à Poudlard. Elle n’aurait pas aimé être ranger dans la catégories des mauvaises fréquentations.

Néanmoins, Alice sentit un pincement dans son cœur lorsque Aelle utilisa le terme banale. Ce n’était certainement pas ce qui aurait pu caractérisée lors correspondance. Aucun de leur échange ne serait banal. Aucun.

« Je nous fais confiance pour rendre le plus petit morceau de vie digne d’intérêt. »

Alice replaça une boucle derrière son oreille, son regard vadrouillant sur les possessions d’Aelle. Devrait-elle s’intéresser à ce qu’elle avait prévu de faire, ou serait-ce banal ? Par Circée, la voilà vexée…

Alice se redressa un peu, décorant son visage d’un beau sourire.

« Alors… ta correspondante est-elle à la hauteur de tes espérances ? Une élève de Uagadou, si je ne m’abuse. »

L’attention de la jeune sorcière se posa l’un des carnets d’Aelle. Que renfermait-il ? Des leçons ? Des dessins ? Des secrets ? Aelle ne se livrerait pas aussi facilement, et Alice n’aurait pas l’impolitesse de lui demander. Si il y avait bien une chose qu’elle savait d’Aelle, c’est qu’il faut mériter chacun de ses pas vers soi.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
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13 avr. 2023, 11:15
L’amie qui s’ignore  A.B 
Serait-il réellement digne d'intérêt, cet échange de courriers ? Moi qui ai tout fait pour fait pour effacer la moindre trace de quotidien dans ma relation épistolaire avec Araya, me concentrant uniquement sur ce que l'on pouvait s'apporter l'une l'autre, parviendrais-je à apprécier une Alice Sangblanc qui me parlerait de son école, de ses nouveaux camarades, de ses drôles de matières ? De sa vie dans la lointaine France ? Réussirais-je à me passionner de ces informations purement factuelles et, en retour, à lui parler de mon studieux quotidien à Poudlard, de mes brèves rencontres ; aimerait-elle que je lui raconte mes entraînements parfois houleux avec ce cher Nerrah et sa compatriote Gryffondor ?

En réponse à son optimisme, une petite moue navigue sur mes lèvres. L'intérêt que j'éprouve pour cette jeune fille au regard lunaire et aux mimiques précieuses est assez profond, je dois l'avouer. Son regard sur le monde m'intéresse et cela n'a rien à voir avec le savoir qu'elle pourrait m'apporter : ce qui me plait, c'est son esprit critique, sa détermination, son obstination et ce petit quelque chose qui la rend différente. Mais de là à apprécier l'écouter me raconter les aléas de son quotidien ? Ma foi, je ne sais pas si cela me plairait mais ce n'est de toute façon pas la question.

Je décroise mes bras sans la quitter du regard. J'observe ses yeux qui fouillent ma table, la mèche qu'elle a coincé derrière son oreille, le pli que prennent ses lèvres. Ma posture se fait moins droite. Sous la table, j'allonge mes jambes. La crispation du premier contact passe peu à peu. Je me fais à sa présence.

« Tu ne t'abuses pas. Araya. Enfin, Milya. Si elle est à la hauteur de mes espérances... »

J'expire une bouffée brûlante et lève le regard vers le plafond, plus pour la réflexion que pour répondre à une envie d'observation soudaine. Araya... Devrais-je dire à Sangblanc combien j'apprécie ce moment loin de ma correspondance ? Que nos silences me brusquent ? Que l'avoir à mes côtés toute la journée me fatigue énormément ? Ou lui raconter que notre échange épistolaire a été aussi peu naturel que le sont nos échanges en face à face ?

« C'est une jeune fille très intéressante, commencé-je prudemment. Qui étudie dans une école très intéressante. »

Je me mords la lève et coule un regard en coin vers Sangblanc. Mes yeux dégringolent le long de sa magnifique chevelure claire et rebondit sur ses boucles avant de revenir se déposer au coeur de son regard gris.

« Elle est capable de m'apprendre des choses passionnantes, oui. »

Certes, mais est-elle à la hauteur de mes espérances ?
J'aurais aimé qu'elle soit davantage conciliante. Qu'elle ne me réponde pas aussi souvent. Qu'elle ne s'agace pas de ma mauvaise humeur récurrente. Qu'elle choisisse de sourire en toute circonstance. Qu'elle accepte sans rechigner de m'apprendre tout ce que j'exige qu'elle m'apprenne. Que ma famille l'apprécie moins, peut-être.

« J'imagine que c'est ça, être à la hauteur de mes espérances. »

Un fin sourire froid m'étire les lèvres mais il se réchauffe à l'instant même où je quitte mes pensées et que je reviens à l'instant présent que je partage avec celle que j'attends de voir depuis un long moment. Sa présence est comme un souffle d'air chaud en plein hiver ; ce n'est pas tant qu'elle me réconforte, c'est surtout qu'elle me paraît tout à fait déplacée, comme le serait une brise tropicale en plein coeur des landes écossaises. Alice Sangblanc détonne dans la bibliothèque, dans l'école, au milieu de tous ces étudiants dont elle ne partage plus le même uniforme. C'est peut-être pour cela que j'apprécie autant de la voir envahir un coin de ma table et qu'elle ne me dérange pas le moins du monde malgré l'envie impérieuse de solitude qui m'a poussée à venir me cacher ici.

16 avr. 2023, 15:20
L’amie qui s’ignore  A.B 
Alice restait silencieuse, observant Aelle peiner à s’exprimer au sujet de sa correspondante. Du moins, c’est ce qu’elle comprenait à mesure qu’Aelle parlait. N’importe qui d’autre aurait répondu plus rapidement, sans formuler une réponse pleine de sincérité. Certains auraient vu la question d’Alice comme une simple courtoisie. Aelle avait compris que cette question n’était pas une courtoisie, mais une véritable interrogation. Alice imaginait mal Aelle voir une amie dans sa correspondante. Aelle, c’était le savoir qu’elle réclamait. Rien d’autre.

Alice sourit un peu, avant d’opiner du chef. « J’espère que cette Milya t’apportera tout son savoir. Sans cela, ces correspondances seraient pour le moins… inutiles. »

Immédiatement, Alice pensa à sa propre correspondance avec son cousin. Une gâchis sans nom, selon certains de ses camarades. Alice savait que le jour où les participants à l’AMICO avait été annoncé, de nombreux élèves s’étaient insurgés. Selon certains, Alice avait volé la place qui aurait dû leur revenir. Ces idiots ne savaient pas qu’il s’agissait de son seul outil pour continuer à garder son tendre cousin auprès d’elle. Aussi les avait-elle traité avec dédain. C’était là la meilleure arme face aux imbéciles.

« Tu sais, nos conversations me manquent. Je n’ai pas trouvé de compagne de divergence à ta hauteur, et je doute que cela arrive un jour. »

Alice soupira, son regard glissant sur le visage d’Aelle. Elle étira un petit sourire, ses yeux se braquant dans ceux de son ainée. « Beauxbâtons vaut cent fois Poudlard, c’est un fait… mais il n’y a qu’une Bristyle. »

Sixième année RP - 741B47
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17 avr. 2023, 15:39
L’amie qui s’ignore  A.B 
J'offre un sourire approbateur à la jeune fille lunaire et mon visage s'ouvre en une mimique complice. Oui, s'il y a bien une personne qui peut comprendre ce que je recherche dans le programme AMICO sans s'insurger de mon manque de considération envers la personnalité de Milya Araya, c'est bien Sangblanc. Sans la connaître plus que cela, je sais quelles sont ses valeurs et ce qu'elle place au premier plan dans sa vie : l'excellence, ou du moins la recherche de l'excellence. Ce n'est pas bien différent que ma propre quête du savoir. Il ne reste guère de place pour l'amitié ou les liens étroits dans cette façon de pensée.

Je n'avais pas besoin de son accord ou de quoi que ce soit d'autre, pourtant son assentiment face à la réserve que j'éprouve pour ma correspondante me soulage d'un poids que je n'avais pas conscience de porter. Je sais que personne dans ma famille n'approuverait la façon dont je mène ma relation avec Araya. Quant à mes proches ou mes camarades ? Il n'y a guère que Zikomo pour l'accepter telle quelle. Nyakane n'en pense rien du tout ; Macbeth, la connaissant, ne serait pas tout à fait outrée mais nul doute qu'elle trouverait quelque chose à y redire ; Nerrah, lui n'accepterait pas. Je me souviens après tout de ce qu'il m'a un jour dit : « Tu as décidé que personne ici ne valait la peine d'être vu comme autre chose qu'une gêne, ou au mieux, un outils... Et c'est dommage. ». Cela veut tout dire.

Ainsi, oui, je l'avoue, avoir une conversation avec une personne qui partage mon avis me réconforte et me met du baume au coeur. Cela rend mon sourire un peu plus grand et plus sincère. Et le reste de ses paroles... Ma foi, le reste des paroles de Sangblanc, qui soudain fait preuve de beaucoup plus de sentimentalisme que je ne l'aurais cru capable, s'incruste au plus profond de mon coeur et se fait une place de choix au creux de mes souvenirs — ce genre de souvenirs qui restent et perdurent.

Perturbée par un aveu auquel je ne m'attendais pas le moins du monde, j'ouvre la bouche et la referme. Je baisse les yeux sur la table le temps de retrouver une contenance et pour ne pas avoir l'air d'une abrutie incapable d'articuler deux mots face à la si belle éloquence d'Alice Sangblanc.

Nos conversations lui manquent, dit-elle. Elle n'a trouvé personne à ma hauteur. Et, termine-t-elle, je serais apparemment unique. Mon coeur manque un battement, ce traite. Une seconde avant que je ne me reprenne et lève de nouveau les yeux pour me laisser transpercer par son regard aux lueurs si mystérieuses.

« J'ai jamais eu l'occasion de te le dire, commencé-je d'une voix unie comme si je n'étais pas profondément troublée par ses aveux, mais je suis heureuse... » Du moins, maintenant que je t'ai en face de moi. « ...que tu sois allée à Beauxbâtons. Je me souviens que tu rêvais de cette école. Celle de ton père. »

Je dresse le menton, comme si je craignais qu'en avouant me souvenir de la conversation que nous avons eu près de trois ans en arrière elle devine que ses sentiments sont partagés. J'ai attrapé sans faire attention une plume abandonnée là et je la fais tourner entre mes doigts. J'arrête dès que je le remarque mais garde malgré tout l'objet dans la main. Il me rassure. J'ai l'impression qu'il s'agit d'une ancre me rattachant à la réalité et à mon monde dans lequel je n'oublie pas que les belles amitiés n'existent jamais sans remous.

Quelques secondes passent durant lesquelles je la jauge du regard. En vérité, je me demande si elle en vaut le coup. Vaut-elle le coup que je lui parle sans détour de certaines choses ? Vaut-elle le coup que j'admette devant elle qu'il se pourrait qu'elle m'ait potentiellement manquée ces dernières années, lorsque j'éprouvais le besoin de partager une conversation intelligente et sans fioriture avec une autre personne que Zikomo ?

« Les gens ont peur des divergences, soupiré-je sur un ton faussement tragique. Ceux qui résistent à cette peur sont rares, surtout maintenant que tu... » J'étire un sourire réservé. « Je veux dire que Poudlard n'a trouvé personne pour remplacer la Alice Sangblanc qui a quitté ses rangs. Malheureusement. »

À croire que oui, elle en vaut la peine.

Mais la peine n'a pas besoin de perdurer plus longtemps que nécessaire. Je reprends sur un ton plus léger :

« Est-ce que tu as trouvé en France ce que tu cherchais ? J'espère que les professeurs là-bas ne te donnent pas l'impression de te brider intellectuellement ? »

Encore une preuve que nos conversation à propos d'Isabella sont encore vivaces dans mon esprit.

Diantre, ce que dit Alice est beaucoup trop mignon. Aelle est toute perturbée et moi je suis toute heureuse.

18 avr. 2023, 12:59
L’amie qui s’ignore  A.B 
Peut-être n’aurait elle pas dû dire cela. Cette sincérité pourrait lui coûter son tête-à-tête avec Aelle. Alice s’était-elle fourvoyé sur sa relation avec la Poufsouffle ? S’était-elle imaginée cette complicité ? C’était bien possible, n’est-ce pas ? Aelle l’avait avoué elle même en acquiesçant les paroles d’Alice au sujet de sa correspondante : seuls ceux pouvant lui apporter quelque chose l’importaient. Tout ce qu’Alice pouvait lui donner, c’était des conversations… et depuis son intégration à Beauxbâtons, elle n’en était plus capable.

Le rythme cardiaque d’Alice s’intensifiait. Ses sueurs froides irradiaient son échine, alors qu’elle observait la réaction d’Aelle. Quelle idiote. Pourquoi n’avait-elle pas muselé ses sentiments, comme d’habitude ? Aelle n’osait même plus la regarder.

Mais lorsque ses yeux se plantèrent à nouveau dans ceux d’Alice, la boule qui s’était formée dans son ventre se rapetissa. Un sourire grandit sur le visage d’Alice. Aelle était heureuse pour elle. Aelle Bristyle était heureuse pour elle. Elle n’avait pas rabroué Alice pour être partie sans un au revoir. Elle ne l’avait pas envoyé paître Alice pour avoir osé être aussi affectueuse alors qu’elle ne lui avait donné aucune nouvelle. Et surtout, elle se souvenait de leurs conversations si précieuse au cœur d’Alice. Rien n’aurait pu lui faire plus plaisir.

Alice baissa les yeux sur les doigts d’Aelle s’agitant sur une plume. Elle souriait bêtement, ses pommettes se teintant de rose. Aelle ignorait sans doute quelle importance Alice accordait à son approbation. Elle ne voulait en aucun cas perdre l’estime qu’Aelle pouvait avoir pour elle. Dans ses yeux, Alice se sentait importante. Privilégiée. Ceux qui lui offrait ce sentiment égoïste était si rare. Père en faisait partie, mais quoi de plus normal : il s’agissait de sa fille. Aliosus également, mais là encore, le sang entrait en jeu. Avec Aelle, c’était différent. C’était réel. C’était une preuve. Une preuve qu’Alice était quelqu’un.

Passée l’émotion, Alice releva les yeux sur Aelle. Oh cela oui, ceux qui appréciait les divergences étaient rares. Alice en avait fait partie. Jadis, elle avait en horreur ceux qui ne pensaient pas comme elle. La différence lui était insupportable. Elle avait changé, et Aelle n’y était pas pour rien.
Le cœur d’Alice rata un battement. Aelle venait-elle d’avouer à demi mot que leurs conversations lui manquaient ? Par Circée, mais oui ! C’était bien cela ! Aelle avait mis des mots sur ses sentiments ! Avec n’importe qui, le cœur d’Alice ne se serait pas emportée de la sorte, mais il s’agissait d’Aelle, celle a qui il était laborieux d’arracher un sourire sincère.
Alors, Alice lui sourit avec douceur, le regard brillant. Silencieusement, elle la remerciait de s’être entrouverte pour lui laisser apprécier ses sentiments.

Aelle se fit curieuse. Non, intéressée. Les mots qu’elle utilisa amusèrent Alice, qui rit légèrement. Elle se souvenait.

« Bien au contraire. Beauxbâtons veille à ce que nous soyons des sorciers aguerris. Ils nous permettent de nous épanouir d’une manière… par Circée, si tu savais. »

Le regard d’Alice pétillait, alors qu’elle s’apprêtait à livrer à Aelle son amour pour son école.

« En quatrième année, nous devons choisir six options qui nous permettent d’avoir une éducation sur mesure. Par exemple, tu peux recevoir des cours d’enchantements expérimentaux. C’est ce que je préfère. Nous apprenons la méthode de création des enchantements, en étudiant et décomposant chaque étape. »

Alice extirpa la baguette de sa ceinture. « Grâce à ces cours, je travaille sur plusieurs enchantements. C’est encore loin d’être parfait, mais c’est un bonheur sans nom que de pouvoir donner vie à la magie. Regarde. »
La jeune fille tendit sa main devant elle. Elle agita légèrement sa baguette. Une boucle vers la droite, une boucle sur la gauche, tout en prononçant « Ignicula Virgo», avant de poser l’extrémité de sa baguette contre sa paume. Lentement, péniblement, une flamme apparue contre la peau d’Alice. De petits bras se déployèrent, puis de petites jambes. Un corps semblait s’être matérialisé. Un corps de flamme. Et alors qu’une tête à la longue chevelure incandescente ne se relève, la flamme disparu aussitôt.
Alice observa sa paume, avant de s’amuser de son échec.

« De toutes évidences, je dois encore le travailler. »

Alice referma le poing avant de l’enfouir dans sa poche. Peut-être devrait-elle également travailler sur une méthode pour ne pas ressentir la morsure du feu.

« Beauxbâtons encourage notre excellence. La médiocrité n’est pas tolérée. Autant te dire que je m’y sens comme un kelpie dans l’eau. »

Et Alice se doutait qu’Aelle y serait également comme chez elle.

Quel bonheur cet échange ! Mais quel bonheur !

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19 avr. 2023, 12:35
L’amie qui s’ignore  A.B 
Les sourires qui passent sur son visage accroissent mon mal-être. Mes doigts se referment sur la plume, je crispe les mâchoires et pince les lèvres. Je ne laisse pas paraître autre chose mais je n'en pense pas moins : sa joie évidente s'incruste dans mes souvenirs même si j'ai du mal à la comprendre. J'essaie de toutes mes forces de ne pas me sentir faible d'avoir osé dire que nos conversations aient pu un jour, peut-être, un peu, légèrement, potentiellement me manquer. Je me concentre sur les mots qu'elle m'offre, non sans la regarder de temps en temps l'air de rien entre deux tour d'horizon qui pourrait lui faire croire que je suis plus alpaguée par les élèves qui nous entourent que par sa joie qui lui illumine joliment le visage.

Heureusement, sa voix passionnée m'arrache tout à fait au tournant inconvenable que la conversation était en train de prendre. Impossible de ne pas braquer mon regard sur elle quand elle parle ainsi, impossible de ne pas écarquiller les yeux, impossible de ne pas afficher un sourire aussi léger que l'air. Mon coeur rate un battement lorsqu'elle extirpe sa baguette de sa ceinture. Je ramène mes jambes sous ma chaise et me penche en avant, le regard curieux et brillant de ma passion pour la magie, la magie sous toutes ses formes, la magie à son état le plus pur.

Et ce qu'elle me donne à voir m'enchante comme les autres ne le font que rarement. La seule référence à la matière création d'enchantement a attisé une jalousie féroce qui, et c'est la première fois que cela arrive, n'a pas la moindre teinte douloureuse : c'est un sentiment de contentement et d'envie qui me fait juste me dire qu'elle a de la chance et que c'est bien pour elle, même si j'aimerais beaucoup, non pas prendre sa place, mais pouvoir étudier cela à ses côtés.

La flamme grandit dans sa main, se tord et se transforme. C'est une magie que je n'ai jamais vue et qui est unique, unique car elle provient des abysses d'inspiration de la jeune fille qui me fait face. La magie grouille dans la paume de sa main sans grignoter sa peau, sans la faire souffrir et en se donnant joliment en spectacle. C'est à peine si j'ai conscience du sourire qui dévoile mes dents et dont j'aurais eu honte si je l'avais senti arriver. Ce n'est pas une magie puissante qui réveille les terreurs ou qui fait frissonner, ce n'est pas une magie qui m'arrache à mon propre coeur avec une violence que j'aime. C'est une magie que l'on contemple, que l'on aime. Et pour une fois, cela ne me déplaît pas.

« Quelle belle prouesse magique ! » m'exclamé-je sans le moindre filtre quand la flamme disparait.

Je me rencogne contre le dossier, profitant de ce sentiment de plénitude que me fait toujours ressentir la magie lorsque je me concentre sur elle.

« Créer des enchantements, ça demande un contrôle et une compréhension de la magie poussée, peu d'élève ici en serait capable. »

Je passe sous silence le fait que moi-même n'ai jamais mené une telle expérimentation mais je n'en éprouve aucune honte : si je ne l'ai pas encore fait c'est seulement parce que d'autres problématiques m'occupent.

« J'ai aucun doute sur le fait que Beauxbatons fera de toi une sorcière aguerrie, oui. L’excellence te va comme un gant. »

C'est typiquement pour ça que je l'autorise à être là aujourd'hui, d'ailleurs. Parce qu'elle en veut, parce qu'elle se donne à fond, qu'elle s'intéresse. Parce qu'elle est intelligente et que je le sais. Qu'elle est sévère et dure, parfois un peu coincée aussi, et que cela ne me déplait pas.

« Et alors, après ? insisté-je, jamais rassasiée par ce que l'on m'offre. Ignicula Virgo... Tu vas en faire quoi de cet enchantement ? C'est quoi son objectif ? C'est quoi qui te motive, Sangblanc, qu'est-ce qui se cache sous ta magie ? »

Les mots sont sortis sans que je n'ai eu le temps d'y penser sérieusement. Je m'accoude à la table et pose mon menton dans ma main tout en la regardant avec une profondeur dont il serait compliqué de me détourner maintenant que mon intérêt a été crocheté.

Oh, le bonheur d'Alice est tellement beau à voir que moi aussi je me suis retrouvée à sourire un peu bêtement !
Le bonheur, le sien et le tien, est tout à fait partagé, j'adore ! Et la démonstration de magie d'Alice... Ouahou !