Douleur. Bon sang que j'avais mal. Constamment, chaque seconde, chaque respiration, était une souffrance indicible. Cette maudite Manticore, si je la croisais à nouveau... Et bien, il était évident que je n'allais rien faire du tout, vu l'état dans lequel elle m'avait laissé. Cela faisait une semaine déjà, que j'avais dû fuir la Grèce en transplanage d'urgence pour sauver ma peau. Et on peut dire que j'avais eu beaucoup de chance dans mon malheur, j'avais trouvé refuge dans les alentours. Mais aucune chance de réussir à soigner mes plaies de moi-même, et je n'étais plus en état de transplaner convenablement. Transplaner en urgence dans mon état aurait déjà pu me coûter très cher, alors hors de question de partir d'ici. Je suppose qu'il allait falloir que je laisse la nature se faire, et la médecine moldue. Pff. Aboutie et précise, mais lente. Ils ne savaient pas accélérer les guérisons comme un sortilège efficace aurait pu le faire. Et cela me coûtait de l'admettre, mais je n'avais pas assez d'expérience avec les sorts de soin pour me traiter toute seule, surtout dans mon dos.

Mais aujourd'hui, je refusais de rester immobile dans mon lit, sur le ventre. J'allais sortir et me balader, et ce n'est pas quiconque qui m'en empêchera ! J'avais envie d'aller faire un tour sur la plage, depuis le temps qu'elle me fait de l’œil. Je me déplaçais comme une vieille mamie, et cela m'exaspérait. Mon corps, qui d'habitude me répondait si bien et était si fluide et agréable à manier, était synonyme de prison depuis quelques jours. Je serrais les dents avant de prendre la direction de la plage, mettant de côté mes douleurs.

En arrivant, couverte de sueur, la poitrine assaillie par des points de côté, j'atteignis enfin mon but. Je pus enfin me détendre, alors que je faisais face à la mer, l'air salé piquant légèrement mes plaies. Je ne portais qu'une chemise et mon pantalon habituel, le froid n'avait que peu d'emprise sur moi, mais la brûlure de la fièvre empirait ce qui était d'habitude une qualité. Sans hésiter, je retirais ma chemise, poussant un gémissement de douleur quand elle colla aux plaies de mon dos. Le dos de ma chemise était rougi de sang, et je soupirai. Les bandages sur mon torse et ma poitrine protégeaient les potentiels passants d'une exhibition, non pas qu'il y ait grand chose à voir, mais je ne voulais pas qu'on vienne m'embêter. Je laissai mes bras tomber le long de mon corps, ma chemise flottant au vent, et je fermais les yeux. Je savourais l'air frais et iodé, malgré la brûlure du sel sur les plaies de mon dos. Je pouffais de rire en pensant à la tête que feraient mes médecins quand je rentrerais avec mes bandages tâchés de sang. Je n'en avais cure.

Son sac à dos sans fond sur le dos, la jeune femme avait noué ses cheveux roux en une longue tresse pour éviter que ceux-ci ne finissent par l'agacer à cause du vent. Comme bien souvent depuis qu'elle avait commencé à voyager, la rouquine avait quitté son abri de la nuit et avait commencé à discuter avec les personnes du coin. Bien sur, avant de venir en Otrante, l'anglaise avait lu un livre touristique moldu sur la ville, mais elle avait rapidement appris que pour trouver les meilleurs coins, il fallait poser la question aux locaux. Et c'était ce qu'elle faisait à chaque fois qu'elle arrivait à une nouvelle destination. Aujourd'hui, le groupe avec qui elle venait de discuter lui avait proposé de visiter une plage un peu à l'écart de celles habituellement visités par les touristes. C'est donc avec des vêtements assez léger et des sandales dans les pieds que la jeune femme s'était dirigés vers l'endroit qui lui avait été indiqué.

À peine arrivée sur le sable qu'elle se mit pieds nus afin de profiter de la sensation des grains de sable entre ses orteils. Il faisait frais, mais le froid ne l'avait jamais vraiment dérangé, elle appréciait même sa morsure sur son visage lorsqu'il était plus sec, mais aujourd'hui, la température était plus douce et elle ne pouvait retenir le sourire qui naissait sur son visage. S'empreignant des effluves de sels et de la beauté du paysage, elle continua sa marche en laissant son regard dériver sur l'océan. Ce n'est que lorsqu'elle entendit un rire derrière elle qu'elle tourna la tête pour voir d'où ce bruit provenait. Si elle avait d'abord eu l'intention de simplement prendre connaissance de l'autre personne sur la plage, son intention changea lorsqu'elle remarqua l'état de la femme. Écarquillant les yeux, elle s'approcha rapidement tout en prenant connaissances des blessures visibles sur son corps avant de se racler la gorge pour lui faire part de sa présence.

-Madame, vous êtes blessé, est-ce que vous avez besoin d'aide ? Si elle avait été en présence d'une sorcière, elle aurait déjà sorti sa baguette pour tenter un sortilège de soin, mais elle ne pouvait visiblement pas tenter ça. Et puis, même si elle avait eu une formation de base lors de son année d'étude à l'école des duels, ce n'était clairement pas sa tasse de thé. Non, la soigner sur place n'était pas une option, la rousse allait devoir trouver autre chose.

J'avais senti l'inconnue approcher avant même qu'elle ne soit audible. J'avais hésité un petit instant à déguerpir, ne voulant ni m'expliquer, ni me justifier, ni quoi que ce soit impliquant de raconter ce qui avait pu m'arriver. Mais mes jambes auraient tout aussi bien être du coton, et je devais dédier toute mon énergie à ne pas m'effondrer. Envisager de partir était donc hors de propos pour le moment. Poussant un long soupir, je me résignai à mon sort, attendant l'interaction évidente qui allait avoir lieu. Je tournai la tête à sa première question, plongeant mon regard noisette dans le sien, sans prêter la moindre attention à ma tenue. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres, les potentielles réponses se bousculant à mes lèvres. Mais j'étais trop fatiguée pour jouer avec elle.

- Tout va bien. Elles datent déjà de quelques jours.

Je fis une petite grimace en me tournant à nouveau vers la mer, inspirant profondément pour profiter de l'air.

- Et par pitié, ne me donnez pas du madame.

Un petit rire me secoua, suivi par une quinte de toux douloureuse. Le médecin m'avait dit que les blessures avaient raclé mes côtes, ce qui allait me laisser un inconfort respiratoire de plusieurs semaines. Saleté. Une fois la toux calmée, je repris.

- Ne vous inquiétez pas, les médecins sont surprenamment efficaces, on croirait à de la magie.

J'eus un petit sourire malicieux,, me fichant bien de savoir si cette inconnue était moldue ou non. En temps normal, je me serais renseigné avec mon nez, cherchant la trace d'huile de baguette ou autre, mais l'iode couvrait tout. Mais bon, avec cette simple phrase, une moldue n'aurait jamais eu la puce à l'oreille. Et une sorcière... peut-être. Restait à voir à quel point elle était méfiante et vive d'esprit.

Lorsqu'elle entendit l'énorme soupir de la femme, la rousse hésita un instant avant de poursuivre son initiative. Même si l'inconnue ne semblait pas désirer de son aide, elle n'allait quand même pas la laisser là sans rien faire. Alors lorsqu'elle lui affirma que tout allait bien avec un sourire sur le visage, la jeune femme ne se laissa pas démonter. Mais l'expression suivante qu'elle put lire sur son visage voulait dire tout le contraire.

-Même si ça date de plusieurs jours, elles en n'ont pas l'air moins douloureuse, répondit-elle simplement. Elle lâcha un petit rire à la demande de la femme et hocha la tête pour montrer son accord. Seulement si on arrête de se vouvoyer, négocia-t-elle. Pas que ça la dérangeait réellement, mais discuter avec quelqu'un sans avoir à se soucier de barrière de politesse était toujours plus agréable. Annaëlle, décida-t-elle de se présenter en tendant sa main à la blesser après s'être assise en tailleur à ses côtés.

Les dernières paroles de la femme la laissèrent perplexe un instant. S'il y avait bien une chose qu'elle ne pensait jamais voir associer, c'était la médecine moldue et la magie. Elle était loin d'être une experte, mais d'après ce qu'elle avait pu voir, leur pratique était... loin d'être comme chez les sorciers. Réparer un membre cassé pouvait prendre plusieurs semaines sans magie alors qu'avec une simple potion, ça pouvait être réglé en moins de quelques heures. Elle fronça légèrement les sourcils, incertaine de savoir quoi répondre. La femme pouvait très bien être une sorcière comme une moldue et la rousse ne pouvait risquer de dévoiler sa propre nature sans être certaine qu'elle avait bien affaire à une personne dotée de pouvoir magique.

-Est-ce que je peux jeter un coup d'oeil à cette magie, j'ai peut-être les capacités pour faire mieux, avait-elle demandé tout en insistant sur le terme magie. Si elle était une sorcière et avait été soignée par des médecins moldus, elle allait peut-être pouvoir améliorer sa condition un minimum, mais si ce n'était pas le cas, alors elle ne pourrait que lui proposer de la ramener là où elle était soignée.

Effectivement, elles me faisaient un mal de chien, bravo Sherlock. Tsk. Heureusement que sa réponse au tutoiement me fit sourire. Il était hors de question qu'on m'appelle madame comme si j'étais une vieille. Et puis quoi encore ? J'expirai doucement, profitant de la fraicheur de l'air. J'hésitai un instant lorsqu'elle s'assit. Il était hors de question pour ma part de m'assoir, le moindre mouvement me faisait déjà souffrir le martyr. Mais alors devoir utiliser les muscles du dos pour faire un mouvement complexe, utiliser les bras, plier les jambes... Oh non. Je me contentai donc de lui serrer la main en retour, en me baissant légèrement, serrant les dents. Ma poignée de main allait être d'une faiblesse déconcertante, j'avais les mains qui tremblaient.

- St... Lilith.

Inutile de lui donner mon véritable prénom. Avec un peu de chance, je ne la reverrai plus jamais, alors pourquoi s'embarrasser ? Je jubilai en humant l'odeur de la cogitation chez cette Annaëlle. J'adorais troubler mes interlocuteurs. Mais si cette simple petite phrase la faisait réfléchir à ce point, ou bien elle était d'une naïveté sans pareille, ou bien... Un sourire carnassier se dessina sur mes lèvres lorsque j'observai l'insistance qu'elle mettait sur ce mot. Ainsi donc elle serait aussi... Je tentai d'humer une odeur d'huile à baguette, à tout hasard, mais l'air iodé bloquait tout. Dans le doute, continuer de jouer l'idiote. Mon sourire devint taquin et joueur, innocent presque.

- Es-tu en train de demander à une inconnue que tu viens tout juste de rencontrer de se dévêtir du haut ? Quelle audace...

Je pouffai de rire, avant de me remettre à tousser, me pliant en deux, en me tenant la poitrine. J'avais mal, mais comme je jubilai.

- C'est rien... Pas de quoi en faire toute une potion.

Un autre sourire, et puis je me grattai l'arrière de la tête en tirant le bout de la langue.

- C'est une expression de chez moi héhé... En gros c'est pour dire recette de cuisine, vous connaissez ?

L'étincelle dans mon regard devait se voir à mille lieux à la ronde, mais comme je m'amusais. Je m'amusai follement.

La jeune adulte se rendit compte trop tard de son erreur alors que sa main se tendait vers celle de l'inconnue. Évidemment que ce n'était pas le mouvement le plus agréable à faire puisqu'elle était blessée, comment avait-elle pu ne pas y penser ? Elle lui envoya un sourire désolé et enregistra mentalement le prénom qu'elle venait de lui donner. Quoi que, l'hésitation qu'elle avait eu au début semblait dire qu'elle venait de lui donner un surnom. Peu importait, tant que l'anglaise puisse arrêter de l'appeler "madame", ça lui allait.

C'était un bien étrange personnage, cette Lilith. La rousse n'arrivait pas tout à fait à saisir les intentions de la femme et elle avait la désagréable impression qu'elle se jouait d'elle. Enfin, elle devait bien avouer qu'elle ne s'ennuyait pas non plus. Et puis elle venait tout juste de se rendre compte de ce qu'elle venait de demander qu'on le lui faisait déjà remarqué. Le rouge lui monta instantanément aux joues sans qu'elle n'y puisse rien et sa bouche s'ouvra rapidement pour prononcer des excuses, mais le rire de la femme l'arrêta subitement. Un rire nerveux sortit de sa bouche et elle décida d'abandonner l'idée de soigner la femme. De toute façon, elle ne pouvait pas utiliser sa baguette et sans celle-ci, l'ancienne gryffondor était complètement démuni pour l'aider. Sa dernière option restait à lui proposer de la ramener là où quelqu'un pourrait la prendre en charge, mais quelque chose lui disait qu'elle n'accepterait pas non plus.

Et puis après une quinte de toux qui ne valait rien de bon, un autre mot attira l'attention de la voyageuse. *Potion ?* Après l'utilisation du mot Magie d'une manière bien étrange, ce deuxième mot qui rappelait le monde des sorciers était une drôle de coïncidence. *Ou pas ?* Elle fronça légèrement les sourcils et hocha la tête à la question de Lilith.

-Oui oui je connais, on l'utilise beaucoup aussi par chez moi. Le village Aulard, près d'un pré, est-ce que ça te dit quelque chose ? demanda-t-elle le plus innocemment du monde. C'était un peu risqué comme question, mais au moins ça lui permettrait de savoir si oui ou non elle était sorcière.

J'eus un nouveau petit rire taquin en observant la rougeur inopinée de la jeune femme en réaction, et je lui lançai un sourire en tenant mon flan de la main, espérant apaiser un peu la sensation de brûlure qui se répandait dans mon dos. Je sentis par la suite l'hésitation d'Annaëlle, il était plus qu'évident que mon petit numéro avait bel et bien allumé une petit bougie dans son cerveau. À partir de dorénavant, il était sûr à presque 100% que cette jeune femme était tout aussi sorcière que moi. Et sa subtile énigme pour tenter à son tour de sonder le terrain m'arracha un grand sourire, que je réprimai presque immédiatement. Il était trop tôt pour arrêter ce petit jeu ma foi fort amusant. Je lui lançai un regard pétillant, un sourire amusé flottant sur mes lèvres.

- Aulard ? Quelle drôle d'appellation... Oui... Cela me dit bien quelque chose mais...

Je serrai les dents en fermant brièvement les yeux sous la douleur aiguë qu'une respiration un peu trop profonde m'arracha. Le rocher derrière et à côté d'Annaëlle servit de support à mes fesses alors que je reculai d'un pas sous la faiblesse soudaine de mes genoux. Pas totalement assise, mais encore légèrement debout, une petit goutte de sueur roula sur ma tempe, et j'expirai doucement en relevant mon visage vers elle. Je toussai en souriant. J'étais trop épuisée pour continuer ce petit jeu qui malgré tout tirait sur la corde. Un léger soupir.

- Hrg... Oui, oui je connais, évidemment.

Je levai les yeux en respirant doucement, une nouvelle goutte de sueur roulant sur mon visage alors que je m'échinais à ne pas crier de douleur. Un nouveau sourire étira mes lèvres.

- C'est quand même dingue ça... À croire que les gens de notre type sont voués à se croiser même dans les endroits le plus perdus de la planète, pas vrai ?

Sa question plana dans l'air salin pendant quelques instants et la jeune femme en vint même à se demander si Lilith allait lui répondre. Après tout, peut-être ne l'avait-elle pas entendu si ces blessures c'étaient mis à lui faire davantage mal d'un coup ? Sur le moment de répéter, la femme lui répondit finalement en admettant connaitre l'endroit dont elle parlait. Son ton était d'abord hésitant et la rousse douta encore un instant d'avoir bel et bien une sorcière face à elle, sauf que la femme semblait finalement trop épuisé pour continuer de jouer avec elle et finit par admettre simplement qu'elles venaient bel et bien du même monde.

Et si la rousse était finalement soulagé de savoir avec certitude que la dame était bien sorcière, elle ne pouvait ignorer la douleur qu'elle avait l'air de ressentir. À chaque mouvement, le visage de Lilith se crispait et aucune position qu'elle prenait ne semblait la soulager. Ses talents de en sortilège de soins n'était pas les meilleurs, mais peut-être est-ce qu'il pouvait au moins l'aider à avoir moins mal ? Avant d'oser proposer à nouveau de l'aide, un sourire s'étira sur le visage de la rousse en réponse à celui de sa camarade.

-Ouais, un peu comme si on s'attirait les uns aux autres, répondit-elle sur le même ton. C'était assez étrange, maintenant qu'elle repensait à toutes les fois où elle avait croisé un sorcier dans un endroit reculé ou même dans le monde non magique. C'était peut-être juste des coïncidences, il y avait toujours cette possibilité, mais ça commençait à faire beaucoup aux yeux de la jeune adulte. Mais elle quitta ses réflexions pour se concentrer à nouveau sur son accompagnatrice du jour.

-Est-ce que tu veux que je tentes d'utiliser un sort pour te soigner ? Ça ne sera pas parfait, mais ça pourrait peut-être diminuer la douleur, demanda-t-elle cette fois sur un ton plus sérieux. La médecine moldue, pour en avoir entendu parlé, pouvait être vraiment lente. Avec un coup de baguette, elle ne pouvait pas faire plus de mal, non ?

La magie était quelque chose de bien mystérieux. 37 que je vivais sur cette planète, et j'étais loin d'avoir pu en cerner tous ses mystères. Et dire que certains et certaines naissaient hors de ce monde... Et devaient tout en apprendre en seulement quelques semaines pour espérer pouvoir s'en sortir à peu près aussi bien que ceux qui baignaient dedans depuis leur naissance. Parfois, je les plaignais, parfois, ils me faisaient de la peine, et parfois, ils me laissaient simplement totalement indifférente. Oui, indifférente était le mot. Ils se contentaient d'être, d'exister, d'errer en foulant la surface de la terre sans jamais pouvoir espérer percevoir la vie de la façon dont nous, sorciers, la percevions. Je laissai échapper un long soupir de lassitude en plaçant ma deuxième main autour de mon ventre pour venir serrer mes flancs. Puis je pouffai de rire en levant les yeux au ciel au commentaire de la rousse, m'affalant un peu davantage sur le rocher derrière moi, veillant à malgré tout n'utiliser que mes fesses pour ne pas que mon dos effleure la pierre.

- Comme il serait pratique de pouvoir porter sur notre front une étiquette avec écrit "sorcière" dessus. Bah !

Un petit éclat de rire me secoua, me pliant presque en deux sous la douleur, je ne me fatiguais même pas à expliquer en quoi ce que je venais de dire était une énormité absolue. Les gouttes de sueur roulaient désormais plus nombreuses sur mon visage, mais après une grande inspiration, je me redressai pour dégager de mon visage une mèche trempée de sueur. Hors de question de me tenir ainsi voûtée comme une petite vieille. D'un geste de la main, je balayai la douleur comme s'il s'agissait d'une mouche un peu trop curieuse.

Je fis craquer mes vertèbres au moment où elle me fit sa proposition. Pour être honnête, je n'y voyais aucun inconvénient. Je ne comptais pas m'attarder chez les médecins, d'ailleurs, j'y avais passé bien plus que temps que je n'aurais dû. Et si j'avais eu le choix, je ne me serais même pas approché d'eux. Alors si une patiente au nom inconnue venait à disparaître... Bon, rien de grave. Mais un sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je tournai la tête vers mon interlocutrice, croyait-elle s'en sortir aussi facilement. D'un air faussement innocent, je vins croiser mes bras sur ma poitrine, essayant d'avoir l'air la plus confuse et la plus choquée possible.

- Décidément, tant d'insistance de ta part, voilà qui commence à me faire douter de tes intentions ! Tu n'oserais pas profiter d'une faible femme dans un tel état de faiblesse ?.. N'est-ce pas ?

Si mon visage donnait l'impression que j'étais choquée, mon regard rieur transmettait un tout autre message : un amusement teinté d'une grande malice. Je laissai planer le doute quelques secondes, me tenant droite et protégeant mon corps comme une pucelle en détresse, avant me laisser aller à un rire contrôlé.

- Écoutez, si tu as le cœur solide, je t'en prie, jette donc un œil.

Je pris une grande inspiration, jusqu'à sentir mes côtes me brûler, avant de me tourner dos à l'inconnue. Je n'étais pas pudique de nature, bien au contraire, mais l'idée de découvrir mes blessures m'embarrassaient bien davantage que me tenir torse nu. Mais bon, je n'étais pas une dégonflée non plus, et plus vite je guérirai, plus vite je pourrais prendre la poudre d'escampette. Je défis lentement mes bandages, grimaçant de douleur lorsqu'il s'accrochaient à mes plaies, avant de les laisser virevolter entre mes doigts. J'avais toujours les bras croisés sur la poitrine, le vent salé piquait mes plaies. Je tournai un regard rieur vers elle.

- Alors, c'est grave docteur ?

Quoique Annaëlle fasse aux blessures de Steph, il faut qu'elle ait toujours ses cicatrices !

Pratique... ça dépendait des situations selon la rousse. Entre sorcier, pourquoi pas ! Mais avec le risque de croiser des moldus un peu partout, il valait mieux éviter. Après tout, s'il y avait bien une chose qu'elle avait retenu de ses cours d'histoire de la magie, c'est que les non magiques avaient le don de détruire tout ce qui les effrayaient. Et la magie était une chose qu'ils ne comprenaient pas, pour la plupart. La jeune femme garda ses réflexions pour elle-même, grimaçant lorsque la sorcière sembla être prise d'une vague de douleur. L'ancienne étudiante ne savait pas ce qui avait bien pu lui arriver, mais elle se doutait que ça ne devait pas être joli joli.

Elle retenu son sourire à la réplique de Lilith. Malgré ses blessures, la sorcière ne manquait pas de mordant et l'anglaise commençait à la saisir un minimum. Mais alors qu'elle ne bougea pas pendant plusieurs secondes, la jeune femme douta. Et si elle était sérieuse ? Sur le point de la détromper, elle ne retenu pas son soulagement lorsque le rire de la blessé arriva à ses oreilles. La rousse n'était pas certaine de vraiment avoir le cœur solide, les sortilèges de soins n'étaient pas sa spécialité, mais elle voulait tenter le coup. Laisser la femme guérir seulement à l'aide de la médecine moldu n'était pas une option pour la rousse. Elle avait son orgeuil, ça la rouquine n'en doutait plus. Elle regarda pendant un moment les plaies de Lilith et rencontra son regard lorsqu'elle posa sa question.

-J'imagine que oui, si les médecins ont voulu te garder, répondit-elle incertaine. Je peux essayer de lancer Episkey si tu veux, je ne promet rien, mais ça pourrait aider un peu, te permettre de partir plus tôt d'ici. Car elle se doutait bien que les soigneurs ne l'avait pas laissé partir avec une autorisation et clairement elle ne souhaitait pas rester avec eux plus longtemps que nécessaire. Attendant une confirmation, elle lança ensuite le sortilège si Lilith donne son accord.