Ca y était. Le grand retour de Poudlard, après deux vacances passées là-bas.. Ma mère m'avait récupérée à King Cross, sans un bruit sur le chemin.
Pour une certaine remise en contexte, j'étais, il y a longtemps de cela à présent, revenue de ma première année en colonie la coupe totalement affreuse, coupée si court que même des ajouts étaient compliqués à fixer. Ma mère était furieuse, et hors d'elle. Je t'avais déjà expliqué, mais elle attendait de moi que je sois la fille parfaite, modèle, mature, et elle avait compris que rien n'allait plus de son sens : j'étais rentrée dans ma crise d'adolescence.
Je n'avais même pas passé Noël avec eux, prétextant qu'à cause des échanges AMICOs, je me devais de rester sur place pour faire bonne impression et développer mes compétences en langues. Ma mère se doutait qu'il s'agissait d'autre chose, et elle avait raison, j'étais restée pour un garçon, un étranger, que je risquait de ne plus revoir si je partais trop tôt.

La maison était vide, mon père n'était pas rentré, toujours occupé par un travail qui lui bouffe son temps.. Par Merlin, j'aurais vraiment aimé le revoir.
Je suis montée dans ma chambre et je fus surprise de la retrouver dans le même état dans lequel je l'avais laissé, nickel, sans accro, à l'image de ma mère quoi, pas moi.
J'avais définitivement besoin de respirer, je ne pouvais pas la supporter une seconde de plus. Le simple fait qu'elle soit au même endroit que moi m'étouffais..
Et alors que j'allais dépasser le seuil de la porte, une voix derrière moi lança :

- Où vas-tu comme ça jeune fille ?

Megan, ma mère, ma daronne, ma castratrice.

- Je sors. Je n'ai plus le droit maintenant ?

Il y a eu un léger silence, je la fixais droit dans les yeux, et au dernier moment, elle détourna le regard et lança :

- Fait attention à toi sur la route, et ne rentre pas trop tard.

Je n'ai pas répondu.
Je suis sortie, et en fermant la porte, je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher un soupir de stress, de stress qui redescendait. Etre seule ne pouvait que me faire du bien, même si j'adorais le contact avec les gens, souffler était toujours le bon moyen de tenter une reconnexion avec moi même. J'avais encore mon sac sur moi, je ne l'avais pas laissé dans ma chambre parce que j'avais oublié, mais au final, c'était pas si mal que ça.

J'ai voulu aller au parc près de chez moi. J'y allait souvent avec Charlotte avant, mais il y avait un coin qu'elle ne connaissait pas, et je ne souhaitait surtout pas la croiser.
Le simple fait de repenser à elle me donnait la chair de poule. Voilà bien 3 ans que je ne l'avait pas vu, et je ne le souhaitait pour le rien du monde, je ne souhaitait pas me souvenir de cet enfer.
Je suis donc arrivée au parc, un grand bol d'air frais et de milles odeurs me chatouillait doucement le visage. Je me suis tout de suite tournée à droite, longeant la grille et m'éloignant du lac. Je me suis glissée derrière un buisson et eu bien du mal à m'y faufiler - je n'étais plus aussi petite et frêle qu'avant décidément - pour finir en me retrouvant nez à nez avec une petite berge assez large pour que je puisse y inviter deux ou trois personnes supplémentaire. Ici était ma safe place, mon cocon, et si tous mes plus beaux souvenirs d'enfance devaient être résumés, je dirais sans hésitation qu'ils se sont passés ici.

Je me suis allongée sur l'herbe fraiche d'avril, très légèrement mouillée, qui essayait de pénètrer avec subtilité dans ma doudoune.
Je pensais y rester des heures, dans ma safe place, sans que personne ne vienne me déranger. Mais un bruissement de feuille me fit ouvrir les yeux, et une ombre me priva du soleil. J'écarquillai soudainement les yeux devant ce garçon au dessus de moi. Je me relevai immédiatement, les yeux encore mal habitués à leur brutale ouverture et le visage figé.

- Bah alors Harlez, du mal à se réveiller ?

Je rougis immédiatement, comme si ce sentiment qui m'avait si longtemps animé revenait en moi. Il avait mué, et sa voix sensuelle me fit dresser les poils sur la nuque.
Il s'est assis à côté de moi, toujours dans son uniforme, je devine qu'il devait rentrer de l'internat, comme moi au final. Je n'ai pas osé le regarder dans les yeux, il faisait remonter tellement de souvenir.
Arthur, mon premier amour.. Il était devenu si grand, il n'avait que 13 ans, mais en faisait clairement 15. Il était musclé, habile, amical, souriant, affreusement attirant et surtout.. si beau..

- Ca fait combien de temps ? 3 ans déjà ? Qu'est-ce que tu deviens ? Pourquoi t'es plus sur Londres ? Oh si tu savais, tu nous manques beaucoup.. Tom n'a fait que de parler de toi !

Je n'arrivais pas à le zieuter.. C'était.. Une sensation de chaleur qui s'était épris de tout mon cœur.. Comme une flamme qu'il venait de raviver à son simple souffle.

- Oh euh..

Je réussi tout de même à placer quelques mots les uns devant les autres.

- J'ai.. J'ai juste rejoint une école privée.. Hm.. Elle est en écosse et.. Et je suis pensionnaire là-bas du coup.. Tu comprends..?

Il sourit

- T'as beaucoup changé Kim, tu t'es même bonifiée avec le temps. J'adore ta nouvelle coupe ! Ca te change..

Le rouge me montait aux joues et j'avais un peu chaud..

- Pareil pour toi.. Je ne pensais pas que tu serais aussi grand..

- Oh mais toi aussi tu l'es ! Tu fais quoi.. 1m65 ?

- Tout juste ! Et toi.. 1m72 ?

- On dirait que tu as plus de mal avec les tailles haha, je fais 169 centimètres, pas plus grand que toi au final.

J'avais remarqué qu'il ramenait toujours tout à moi.. Il ne s'était jamais comporté ainsi.. C'était la première fois qu'il m'apportait autant d'importance.
Pour la première fois depuis que j'avais rencontré Wayne, je n'ai pas pensé à lui. Il n'y avait que Arthur, qui était venu et qui s'était emparé de mon cœur en un instant comme il l'avait fait avant.

- On devrait s'échanger nos numéros.. Au moins avant la fin des vacances pour se revoir ! Oh, tu ne sais pas à quel point tu m'as manqué Kim..

C'était clairement de la drague ouverte, mais je tombais dans le panneau. Arthur était fort, il devait sûrement avoir d'autres conquêtes à son collège, mais je voulais y croire.

- Tu sais.. Mon école m'interdit tout objet électronique.. Je pourrais pas t'envoyer de message du coup..

- Alors comment je fais pour te contacter ??

Il sentait bon.

- Par hib.. Enfin.. Par lettres ! Je souris, je te montrerais

Une heure est passée. Nous avons tant discuter, de notre éducation, de chez nous, de petits problèmes.. C'était.. Extraordinaire..
Le soleil s'est lentement couché et nous avons du nous quitter.

- Appelle moi !

Ce furent les dernières paroles de Arthur, accompagné d'un sourire et d'une main mimant le téléphone. J'ai sourit et suis partie de mon côté. Quel bonheur de le revoir.
Mon cœur battait doucement dans ma poitrine alors que je m'allongeait sur mon lit, la tête ailleurs.

Allongée sur mon lit, dans ma chambre, téléphone à la main, j'attendais son message en retour avec grande impatience, le cœur battant à mille, non, dix mille à l'heure. Plus tôt, exactement 41 minutes, j'avais envoyé un petit "Hey c'est Kim" sur un réseau social moldu (Instagram). Il m'avait donné son compte ce précieux après-midi pour qu'on puisse rester au moins en contact pendant les vacances. Le rouge me montait aux joues, son beau visage hantait mes pensées depuis quelques heures à présent, depuis notre rencontre à nouveau. C'est fou comme le simple fait de se croiser à fait remonter tant de souvenirs.
J'ai reçu un message de Tom, alors j'ai regardé rapidement. Ça disait :

Tom

"Salut, j'ai appris que t'étais rentrée.."

"Oh tu sais, ça fait quelques heures seulement."

"Ça va avec ta mère ?.."

"Ouais, elle l'a encore en travers de la gorge la colo xD"

"Tu penses quand même pouvoir revenir l'année prochaine ?"

"Pas sûr, mais j'adorerais."

"Si tu veux tu peux venir chez moi demain !"

Mais une notification s'est secrètement glissée en haut de l'écran. C'était Arthur. Je me suis immédiatement jetée dessus.

Arthur

"Heyyy, ça va ?"

Je suis restée devant avec un sourire niais sur le visage, puis avec mes léger doigts j'ai écris :

Arthur

"Ça va et toi ?"

Presque immédiatement il m'a répondu.

Arthur

"Ouais, j'arrête pas de repenser à ce moment avec toi lool"

J'ai gloussé devant le message.

Arthur

"Pareil haha"

"On peut se voir demain ? Tu me manques déjà"

C'était comme une évidence. Oui je voulais qu'on se revoit, oui je voulais entendre sa voix sensuelle à nouveau, oui, il m'hantait comme Peeves quand il ne me lâchait pas.
Cette situation était délicate, car ma pensée refusait de repenser à mon enfance, quand il m'a lâchement jeté. Au fond de moi, ma raison me disait que je pouvais n'être qu'une petite aventure pour lui, mais mon cœur refusait d'y croire.

J'ai prévenu Tom comme quoi je ne pouvais pas, puis j'ai discuté avec Arthur jusque 4heures du matin. Ce moment était magique. La nuit, j'ai même rêvé de lui, de son visage.
Mon cœur me criait de le croire, il me criait d'abandonner Wayne car j'avais enfin trouvé le bon, mais lui même mettait un masque sur l'attirance du garçon trop forte pour être oubliée. Deux se partageaient mes sentiments, mais un seul portait de l'intérêt à mon égard, et c'est ce qui fit la différence.

Le lendemain, je l'attendais au même endroit avec la boule au ventre. J'avais mis plus de 20 minutes à choisir quoi porter, déjà exténuée par ma (presque) nuit blanche de la nuit dernière. Optant pour un style soft, histoire de ne pas lui faire remarquer que j'avais réfléchi à une tenue pour lui, et ainsi me faire passer pour un cœur d'artichaud. J'étais apprêtée d'un bob marron, un long pull strié, un pantalon légèrement oversize et des converse noires et blanches. Accompagnée de ma sacoche qui me suivait partout où j'allais, j'apportais avec moi un style plus automnial que hivernal. Malgré tout, une doudoune noire et des gants de même couleur recouvrait le tout en cette douce journée d'hiver. Je me frottai les mains attendant le moindre signe de lui, quand soudain les feuilles ont bougé et ont laissé apparaitre le garçon. J'ai lâché un tendre sourire alors qu'il faisait de même. Il s'est approché de moi, et je pouvais sentir son souffle chaud sur mon visage.

- Hey

Je priais pour que mon visage rosit par la fraicheur ne laisse pas apparaitre un rougissement inutile. J'ai répondu un petit :

- Hey..

Une grosse écharpe couvrait sa face. Mais en voyant que j'avais froid, il l'enleva pour me l'accrocher autour du cou.

- Tu es adorable aujourd'hui.. Mais le jaune t'irais encore mieux

J'ai acquiescé sans vraiment écouter, mon regard posé sur ses mains qui enroulaient lentement le gros foulard autour de moi. Il avait des doigts vraiment superbes, et j'avais envie de lui prendre la main.

- Je note ton conseil alors !

Un sourire fendit son beau visage alors que je le regardais. Une image ne faisait que me revenir en tête, celle du chaton à côté du nouveau lui. Pourquoi je pensais à Wayne ? Je devais l'avouer, un homme beau à côté d'un homme plus beau le rend thon, et Arthur était un calmar à côté de la sensualité naïve du Gryffondor. Vraiment, ce dernier était 1 000, non, 100 000 fois plus beau que mon amour d'enfance, captivation rien qu'à le voir passer, fascination.
Mais je n'avais d'yeux que pour le pauvre poisson.

Nous nous sommes tous les deux assis au bord de ce lac, le regard vaquant. Au bout d'un tempo silencieux, le jeune homme m'a sorti.

- Y'a quelque chose que je t'ai pas dit.

J'ai tourné ma tête vers lui, intriguée.

- Je trouves ça un peu.. Enfin.. J'ai un peu honte de te le dire mais.. Quand tu m'as avoué tes sentiments en primaire..

Repenser à cela me fit remonter un flot de sentiments ingérable, je ne voulais pas entendre parler de cette période de ma vie, je voulais faire une croix dessus.

- J'étais un p*tain d'idiot incapable et bête. Je t'ai mis un râteau en t'ignorant, alors que je ne pensais pas que ça aller autant me peser plus tard..

Est-ce que je pouvais le croire ? Est-ce qu'il ressentait la même chose maintenant ?

- On peut.. reprendre à zéro ? Est-ce que tu pourrais me redire que je t'aime et que cette fois-ci je ne te rejette pas ? On peut.. reprendre le courant des choses ?

Je suis restée silencieuse un moment. J'ai lâché mon regard du sien et j'ai regardé la berge en face.

- J'ai fait de nombreuses rencontres depuis que je suis partie tu sais ? Je.. C'est plus comme avant, je ne suis plus l'incapable et inoffensive Kim, l'idiote, la paria. J'ai changé, et je me suis liée à des gens qui m'ont fait voir la vie autrement.. Je suis retombée amoureuse depuis, tu n'es plus le seul.. Je.. Je ne suis pas prête à redevenir cette idiote, je ne suis pas prête à me lancer la dedans, j'ai besoin de redévelopper ce que j'ai pu ressentir.. Ca m'a fait très mal, et la blessure n'est pas encore totalement guérie, mais un jour, peut-être.

Je savais qu'il avait déjà anticipé cette réponse normale. Il me prit dans ses bras. Mon cœur battait de plus en plus fort alors que je me posais cette seule question. L'aimerais je une nouvelle fois ?

C'était enfin la fin des examens et le début de l'été ! Quel pur bonheur de rentrer à Londres et quitter Poudlard.. Enfin.. Pas forcément.. Parce que c'était parti pour un mois avec ma mère, durant juillet.

Traditionnellement, nous allions à l'étranger deux semaines. L'année dernière, nous avions visité une petite partie de l'immense territoire chinois, et cette année je n'avais aucune idée de ce que m'a mère avait préparé. Peut-être à nouveau la France ? Quoi qu'il en soit, il me restait deux semaines pour voir Tom sur Londres. Et Arthur.

Nous avions échangés quelque fois par hibou, et cela était fort plaisant je me l'accorde. Petit à petit, je tombais dans les griffes de l'amour, de celui que j'avais aimé. Il me rappelait quelques passages désagréables de ma vie, mais ma seule excitation était de le revoir ! Je rentrais avec mon énorme valise sur chariot, les joues pourpres à l'évocation de son prénom. Arthur.

J'avais enfin pu récupérer mon téléphone. En rentrant, je lui ai tout de suite envoyé un message :

Arthur

"Saluuut, j'ai enfin récupéré mon tel T-T"

Il m'a répondu presque immédiatement :

Arthur

"Omggg j'en avais tellement marre d'écrire, ma main souffrait !!"

"C'est ce que j'endure tous les jours ! Internat de bouseux.."

"D'ailleurs t'apprend quoi là bas ?"

J'ai pris quelques secondes à réflechir.

Arthur

"Un peu pareil qu'à Londres.. Sauf qu'on a pas les maths, la littérature, la musique.."

"Pas de maths ? Je veux y aller !"

"A tes risques et périls ! A la place, c'est botanique x)"

"C'est éclaté haha"

Un grand sourire s'affichait sur mon visage. Je lui envoya ce message.

Ce message.

Le tournant.

Arthur

"On se voit mercredi ?"

Il a dit oui.







J'attendais Arthur à notre point de rencontre habituel, la boule au ventre. Mes joues étaient rouge pivoines, tandis que je balançais mon sac de haut en bas, comme un véhiculeur de stress. Le voilà au loin, son visage m'avait tellement manqué. Mon cœur se met à battre de plus en plus vite à mesure que je le vois approcher jusqu'à ce qu'il se plante devant moi.

- Salut Harlez, contente de revenir parmi nous ?

Sa voix.
Son parfum.
Tout m'embrume l'esprit.

- Salut

Je lui lance un faible sourire. Il avait encore un peu grandis.

- Ecoute.. J'en avais un peu marre des exams de fin d'année ! Tu passes ton GCSE¹ cette année non ?

- Bien vu la miss

- J'ai encore le temps haha, dans mon collège-lycée, c'est en cinquième année.

Je lui fait un clin d'oeil, il détourne le regard.
J'en oublierais presque la raison de ma venue.

- Au fait.. Faut que je t'avoue un truc..

Je lève les yeux vers lui. La tension est électrique, un orage se prépare.
Est-ce le signe de notre compatibilité ? Ou alors.. suis-je destinée à un autre ? Ce temps de doute se fit sentir. Il me pris la main du bout de ses doigts et me glissa à l'oreille.

- Je n'ai pas arrêté de penser à toi depuis ce printemps.

J'ai soudainement extrêmement chaud, et je voyais que lui aussi semblait gêné de ses paroles. Ce serait-donc réciproque ?

- Kim-

- Non attend ! Je suis lancée j'ai un truc à te dire.

Son regard brulant se plongea dans le mien, et mon reflexe est de me tordre les doigts. Je pris une courte respiration.

- Arthur.. J'espère qu'on me ressortira jamais cette expression à l'avenir.. Tu sais ? Jamais deux sans trois.

Il sentait bon.

- Je te l'ai déjà dit une fois, et j'espère n'avoir jamais à le redire à l'ave-

- Tu me plais.

Un tonnerre éclate. Il commence à pleuvoir drastiquement et soudainement, mais nous restons planté là.

Quoi ?..

- J'ai été idiot de ne t'avoir jamais apporté d'importance.

Comme une vague de souvenir, tous mes sentiments remontaient.
Il me pris dans ses bras. Comme s'il connaissait déjà ma réponse.

1. Equivalent du brevet