Juillet 2047
@Lavinia W. Campbell

— Les enfants ! Appela Ilana depuis le seuil de l'escalier. J'espère que vous n'avez pas oublié que nous recevons des invités cet après-midi.

Kalev, qui passait dans le couloir, s'arrêta net à cette information. Par Merlin, il avait complètement oublié, qui devait venir déjà ? Sa mère connaissait tant de monde dû à son travail, qu'il était impossible de tous les retenir. Ilyes sort de sa chambre, déjà habillé pour l'occasion, contrairement à Kalev qui traînait encore en pyjama.

— Oui maman, nous n'avons pas oublié, répondit-il.
— Parfait, elles arrivent dans dix minutes !

Dix minutes ? Cela laissait largement le temps à Kalev d'être convenable. Le jeune garçon se hâte de rassembler ses affaires et à s'enfermer dans la salle de bain. Il peigne ses cheveux, avant de se débarbouiller. Pour cette chaude journée, Kalev se contente de porter une chemise à manches courtes et un pantacourt en toile. Un peu de parfum, un brossage des dents expéditif et il était enfin prêt. On sonne au même moment. Il s'empresse de rejoindre sa mère et le reste de la fratrie au rez-de-chaussée. Aujourd'hui, il n'y avait qu'Ilyes et Liora à la maison, Zivah était chez une amie pour le week-end, Sarah devait faire des courses, tandis que Matthew rendait visite à sa sœur.

Ilana s'assura que ses enfants étaient présentables, avant de faire signe à Hadrey qu'il pouvait ouvrir la porte d'entrée. Kalev put ainsi voir une mère et sa fille dont les visages lui était totalement inconnu. Il jette un coup d'œil à Ilyes qui se contentait de se tenir droit.

— Cornelia, salua chaleureusement Ilana. Je suis heureuse de vous ouvrir les portes de ma maison. J'espère que le voyage s'est bien déroulé ? Hadrey s'occupera de vos vestes.

L'elfe de maison s'approche de deux sorcières et se courba bien bas pour les saluer convenablement, avant de tendre ses bras pour récupérer les vestes qui lui seront tendues, avant de les accrocher au portemanteau.

— Vous devez vous souvenir d'Ilyes ? Vous l'avez déjà aperçu à la boutique et voici ma dernière, Liora, ainsi que mon troisième enfant, Kalev.
— Bonjour madame Campbell, c'est un plaisir de vous revoir, indiqua Ilyes poliment qui parlait au nom du reste de la fratrie, étant l'aînée de trois dans cette pièce.

Kalev jeta un coup d'œil en direction de la fille Campbell. Elle dégageait un certain charisme malgré son jeune âge et la dureté de ses yeux. Le même regard qu'ont les filles snobs de ce monde qui ont pour obligation de grandir vite.

Ilana était un papillon sociable. Elle adore être entourée de personnes, d'avoir une maison qui vit d'invitation et de rencontre. Rester seule n'était pas une chose envisageable pour elle, si bien qu'elle redoute le jour où tous ses enfants quitteront le nid. Madame de Turenne présente sa fille, Lavinia donc, un prénom qui allait comme un gant à la concernée, pensa Kalev qui inclina légèrement la tête. La fille Campbell complimenta Ilana sur son travail, un détail qui lui fit grandement plaisir.

— Vous avez là une fille adorable, Cornelia.
— Et nous seront heureux de vous connaître en retour, répondit Ilyes avec un léger sourire.

Ilana observe attentivement Lavinia. Pendant ce temps, Cornelia indiquait que sa fille ferait prochainement sa rentrée. La matriarche sourit, nostalgique :

— Les enfants grandissent vite. Ma plus grande a fait sa rentrée en 2039, je m'en souviens comme si s'était hier. J'imagine que vous avez hâte de vous rendre à Poudlard, Lavinia, vous pensez être répartie dans quelle maison ?

Serpentard, pensa aussitôt Kalev. Elle était digne dans sa manière de se tenir, fière et au vu du rang de sa famille, il ne serait guère étonnant qu'elle soit ambitieuse. Oui, cette maison lui irait très bien à n'en point douté, mais il pouvait se tromper. Il voulait aller à Serpentard, mais le choixpeau en avait décidé autrement et pour le mieux. Ilana invita son invitée à la suivre jusqu'à la véranda qui servait également de jardin d'hiver, tandis que Hadrey les suivait docilement en prenant note de ce que les deux femmes souhaitaient pour ce thé, avant de se diriger vers la cuisine.

— Nous pouvons les suivre, si tu le souhaites, indiqua Ilyes à Lavinia.

Il utilise consciemment le tutoiement, même après l'avoir vouvoyé plus tôt. Ils étaient entre eux, après tout, ils pouvaient très bien se mettre à l'aise.

— Ou bien, nous pouvons te faire visiter la propriété ? proposa aussitôt Kalev. Ta mère est déjà venue, elle connaît les lieux, mais pas toi.

Liora se penche dans sa direction, les yeux pétillants.

— Tu ressembles à une princesse !

Kalev souffle d'un rire. Ce n'était pas du tout étonnant venant de sa benjamine ! Elle adorait les princesses et s'était sa manière de dire à son interlocutrice qu'elle était belle.

Lavinia sourit fièrement devant le compliment d'Ilana. "Elle était adorable !" Cela lui faisait plaisir, comme une récompense pour ses efforts, même si elle aurait aimé l'entendre de la bouche de sa mère. Elle répondit d'un hochement de tête poli à Ilyes, avant d'enchainer sur la question de l'hotesse de maison.

- Serpentard, bien sûr ! répondit-elle avec un enthousiasme qui manquait un peu de retenue. C'est la meilleure maison. Et en plus, mère, père et Hector en ont fait parti.

Devant le départ des adultes et l'hésitation de Lavinia sur le chemin à suivre, Ilyes lui répondit.

— Nous pouvons les suivre, si tu le souhaites.

Lavinia hocha la tête. Bien sûr. Si c'était la chose la plus logique à faire... Lavinia allait suivre l'ainé, derrière leurs mères, quand l'intervention de Kalev l'arrêta dans son mouvement.

— Ou bien, nous pouvons te faire visiter la propriété ? proposa-t-il. Ta mère est déjà venue, elle connaît les lieux, mais pas toi.

Lavinia se retourna vers le jeune homme qui avait pris la parole et l'observa un long instant, de la tête aux pieds, comme si elle semblait réaliser qu'il était là. Elle pensait que seul l'aîné des trois allaient lui tenir la conversation, mais visiblement, Kalev avait aussi son mot à dire. Oh, ce n'était qu'une proposition, bien sûr, mais qui venait contredire celle d'Ilyes. Amusée, elle regarda les deux frères, avant de réfléchir pour elle-même. Il fallait qu'ils tissent des liens entre eux, et elle se voyait mal le faire avec le regard de jugement de sa mère sur le dos. Mais en même temps, comment lui montrer de quoi elle était capable, si elle s'éloignait d'elle ?

Alors que Lavinia prenait son temps pour décider du chemin à suivre, et à qui donner raison des deux frères, ce fût au tour de la benjamine de s'inviter dans la conversation avec toute l'innocence et la candeur de son âge.

— Tu ressembles à une princesse !

On pouvait presque deviner les étoiles qui brillaient dans les yeux de la mini-Cohn. Lavinia pouffa, d'un rire aussi surpris que nerveux, mais d'autant plus flattée. Une princesse !... Lavinia de Turenne, princesse de Goldric's Hollow... Décidement, cette visite allait être bien plus amusante qu'elle ne se l'était imaginé.

- Merci, Liora, c'est adorable. Tu sais, avec beaucoup d'efforts, n'importe qui peut ressembler à une princesse... Même toi ! Tu as un très joli visage, c'est prometteur... Prends-en bien soin.

La jeune fille se redresse et se tourne vers les deux frères, après avoir pris sa décision. Autant lier l'utile à l'agréable, en prouvant à sa mère qu'elle peut tisser des liens en toute autonomie.

- J'adorerais visiter la propriété. Et j'ai crû voir que vous aviez un jardin digne d'intérêt !

"Serpentard, bien sûr !" s'était-elle exclamée et Kalev ne put s'empêcher de penser à quel point c'était une évidence. Est-ce que les grandes familles avaient toutes les mêmes paternes en termes de volonté ? Et qu'en sera-t-il réellement pour elle ? Est-ce qu'elle sera répartie à Serpentard ou bien ailleurs ? Et puis, surtout, qu'en diront ses parents ? Kalev avait entendu de drôles histoires à ce sujet, des parents mécontents que leurs enfants ne soient pas dans telle maison, quitte à les tenir responsable de cette tare (oui, Sarah lui a confié que l'une de ses amies a été considérée comme une tare, car elle a été répartie à Serpentard et non à Serdaigle). Une chose stupide aux yeux de Kalev. Pensent-t-ils réellement pouvoir modeler le caractère vrai de leur progéniture ?

Du coin de l'œil, Kalev avise sa mère. Elle aurait aimé qu'il soit à Serpentard et si au début, elle était déçue, elle s'était rapidement montré fière et l'a encouragé à l'être également. "Dieu et grand et voit tout" lui avait-elle un jour écrit quand Kalev a fait savoir sa frustration d'être à Poufsouffle. "S'il a décidé de te faire Poufsouffle, qu'il en soit ainsi, nous ne sommes personne en ce bas monde pour le contredire. Soit fier, fils, car tu seras un travailleur acharné et un homme loyal et honnête." Il ne s'attendait pas à lire de tels mots de sa part, mais ce jour-là, Kalev en a été si heureux. C'était tout ce dont il avait besoin de savoir pour suivre sa route.

Les adultes s'en vont, les laissant entre eux. Lavinia semblait surprise de voir Kalev prendre la parole après son aîné pour apporter une autre proposition et une contradiction. Elle l'observe de ses grands yeux verts, de la tête au pied, puis Ilyes. L'étonnement fait place à l'amusement, bien que le garçon restait perplexe. Pensait-elle réellement que seul Ilyes aller parler toute la journée ? L'intervention de Liora le fit passer à autre chose. Ce compliment fit plaisir à leur invité et ça, c'est important pour la petite dernière qui, derrière son caractère pénible d'enfant capricieux, aimait apporter du bonheur autour d'elle. Alors, quand Lavinia lui revoit son compliment, elle était clairement aux anges !

— J'en prendrais grand soin, promis !
— J'adorerais visiter la propriété, indiqua finalement la petite. Et j'ai crû voir que vous aviez un jardin digne d'intérêt !
— Si notre mère et Hadrey pouvaient t'entendre, ils en seront heureux ! s'exclame Ilyes qui montre le chemin à suivre. Elle en prend grand soin avec l'aide de notre elfe, les plantes et la botanie sont une passion commune. Commençons donc pour le jardin, puis la serre. Il y a aussi le jardin d'hiver où se trouvent des plantes exotiques, mais certainement plus tard, nous n'allons pas déranger les adultes tout de suite.
— Et nous possédons un petit-bois qui avoisine le manoir, nous pourront faire un tour également ? proposa Kalev à Lavinia, sachant déjà qu'Ilyes serait d'accord de se promener.

Ils passe le seuil d'une porte qui les mène dans un couloir baigné de lumière. À leur gauche, la rangé de vitre donnait sur le jardin tandis qu'à leur droite, les portes donnait sur différentes pièces comme deux chambres d'amis, une bibliothèque privé et une salle de bain. Au fond du couloir se trouvait une double porté vitré où on pouvait voir deux personnes se mouvoir. C'était Ilana et Cornelia qui prenaient place dans le jardin d'hiver pour le thés. Ilyes indique une porte devant lui.

— Honneur aux dames, dit-il en l'ouvrant.

Liora s'apprêtait à passer, avant de se souvenir des convenances. Les invités passaient toujours en premier ! Elle s'efface alors pour faire de la place à Lavinia.

Lavinia retient un petit sourire amusée devant la réponse concernant les jardins. Madame Cohn mettait donc la main à la patte, même pour l'entretien du jardin ? Cela la changea de sa mère, qui lui avait rabâché que les tâches salissantes étaient l’apanage des elfes de maisons. Si bien que Lavinia avait fait juré à Mara de taire leurs expéditions à la recherche de plantes dans le domaine et de ses opérations "replantages de fraises sauvages". Pauvre Mara ! Cacher un secret à Madame de Turenne n'était pas simple pour une elfe de maison, et Lavinia s'amusait souvent des réactions disproportionnées propre à son espèce. Un jour, Hector les avait surpris, et Mara s'en était presque évanouie de terreur et de honte... Heureusement qu'il avait gardé le secret : il en avait même profité pour offrir à sa soeur une brousse à Recurvite, en échange d'une partie des récoltes !

- Commençons donc pour le jardin, puis la serre. Il y a aussi le jardin d'hiver où se trouvent des plantes exotiques, mais certainement plus tard, nous n'allons pas déranger les adultes tout de suite.

Une serre ? Des plantes exotiques ? Se pouvait-il qu'ils possèdent des plantes carnivores ? Lavinia ouvrit la bouche pour poser la question, mais la referma presque aussitôt, s'efforçant de garder un visage le plus neutre possible. Et puis quoi encore. Depuis quand une lady s'intéressait à de telles horreurs ?

— Et nous possédons un petit-bois qui avoisine le manoir, nous pourront faire un tour également ?

- Cela me semble être un très bon programme !

Lavinia suit la petite famille dans un large couloir, très lumineux grâce à une magnifique baie vitrée qui menait vers les jardins. Si la jeune fille regardait par politesse les pièces qui lui étaient présentées, son regard se retournait toujours vers la baie vitrée. Quand elle entraperçut la silhouette de sa mère dans le jardin d'hiver, Lavinia ralentit légèrement le pas et fût soulagée qu'Ilyes lui propose une autre porte.

— Honneur aux dames, dit-il en l'ouvrant.

Lavinia sourit, amusée, devant le geste amorcé de la petite Cohn. Sa mère avait raison. C'était une famille de sorciers respectables qui connaissait les convenances.

- Merci.

Ou "je vous remercie ?". Oh, et puis zut. L'impatience qu'elle avait de découvrir les jardins des Cohn n'était de toute manière pas de bon ton.Tant qu'elle s'assurait d'être assez loin de la vision de sa mère, elle n'aura rien à lui reprocher.

Sitôt qu'elle mit un pieds dehors, le soleil l'éblouie, et elle se trouva bête de ne pas avoir pensé à reprendre sa capeline du porte-manteau. Ce mécontentement ne dura qu'un bref instant, le temps que ses yeux s'habituent à la lumière et puisse admirer le jardin à loisirs.

- Wahou !... Je veux dire, se reprit-elle. Quel jardin original.

Le jardin lui semblait petit, par rapport au domaine des De Turenne, mais se rapprochait de la taille de la résidence des Campbell. A la différence que, là où sa famille privilégiait les jardins à la française, coupés aux cordeaux et disciplinés à la serpe, les Cohn semblaient proposer un jardin bien plus touffu et généreux. Sa mère devait trouvé cela presque négligée... Mais c'était tellement plus amusant que ces allées de bitume végétale !

Elle se rapprocha d'un bosquet parsemé de fleurs rougeoyantes et en huma le parfum avec plaisir.

- Comment s'appelle cette plante ?

Alors qu'elle passa à un autre parterre de fleurs, fascinée, en oubliant presque ses hôtes, elle frôla des fleurs jaunes qui s'animèrent et se mirent à sonner d'un ton cuivré. Lavinia sursauta et rit.

- Oh, des tulipes-trompettes ! Super !

Alors qu'elle s'accroupit pour admirer de plus près ces fleurs banies des jardins familiales car trop bruyantes, Lavinia réalisa que son excitation avait pris le pas sur l'élégance et la politesse. Elle se redressa aussitôt et se racla la gorge, tâchant d'afficher de nouveaux un visage posé et presque blasé.

- Très original.

Kalev avise la jeune fille qui s'apprêtait à dire une chose, avant de se raviser. Si Ilyes n'insiste pas en montrant le chemin, son cadet, lui, en fit la remarque :

— Tu sais, nous sommes entre nous, si tu as quelque chose à dire ou même à demander, n'hésite pas.

C'était une chose que lui et Ilyes avaient remarquée plus d'une fois : en présence de leurs parents, les enfants qu'ils fréquentaient de temps en temps laissaient place à une tout autre personnalité. Alors, à présent, ils se détachent systématiquement des adultes pour que leurs jeunes invités soient plus à l'aise. Dans tous les cas, Lavinia appréciait le programme annoncé et suivit aussitôt la fratrie. Elle ralentit néanmoins le pas. Elle semblait hésitée. Kalev suit son regard, curieux et observe à son tour les silhouettes des femmes qui discutaient certainement de tout et de rien.

— Ne t'inquiète pas, chuchote-t-il à Lavinia. Ma mère va l'occuper, tu pourras t'amuser.

Ilyes tint la porte et invita Lavinia à passer en première, puis Liora, suivit de près par Kalev, alors que l'aîné fermait la marche. Le Poufsouffle sourit en voyant la jeune fille s'émerveillait devant leur jardin à l'anglaise, une volonté d'Ilana qui voulait laisser la nature s'exprimait dans un chaos contrôlait et néanmoins organisé. Tout de fois, Lavinia se force à se contenir, bien qu'elle s'exclame à la vue de certaines plantes magique et non-magique qu'ils possédaient.

— Comment s'appelle cette plante ?
— De l’amarante rouge, répondit Kalev.
— Oh, des tulipes-trompettes ! Super ! dit-elle en touchant l'une des fleurs qui émit un son de cuivré.

D'ailleurs, elle en avait sursauté, tout comme Kalev, prit de surprise. Mais si Lavinia montrait de plus en plus qui elle était, son éducation revenait au pas de charge.

— Très original.
— Oui, notre mère adore particulièrement cette plante, explique Ilyes. Elle essaie de ne pas en mettre partout, mais si tu regardes bien, nous en avons plusieurs.

Ilyes lance un coup d'œil à la benjamine qui pointait du doigt un drôle d'arbuste. Elle attrape aussitôt la main Lavinia pour qu'elle vienne voir.

— C'est moi qui l'ai planté ! s'exclame-t-elle avec grande fierté. Ce sont des Prune Dirigeable.

Pendant ce temps, Kalev regarde le jardin d'hiver. Leurs mères prenaient le thé, dos à eux.

— La serre est bout du chemin, juste à droite, indiqua Ilyes.

De l'Amarante rouge, hein ? Lavinia se demandait si elle avait une quelconque utilité magique... Cela pourrait être un argument pour en proposer dans le jardin de la famille, dans un petit coin discret... La jeune fille mémorisa le nom des plantes que les Cohn lui présentait à sa demande, et tâcha de ne pas trop prendre en compte les paroles de Kalev.

Bien que ses encouragements se voulaient rassurants, Lavinia s'en voulait d'avoir laissé transparaitre sa gêne envers sa mère. Elle n'avait pas à s’inquiéter de quoi que cela, Madame de Turenne était une grande dame, élégante et un modèle pour elle. Alors pourquoi Kalev insistait donc autant pour lui faire comprendre qu'elle ne la verrait pas ? S'attendait-il à ce qu'elle se détente, qu'elle dise des choses qu'elle n'aurait pas dit devant sa mère ou qu'elle ait un comportement qui lui aurait déplu ? Qu'elle s'ouvre à eux et leur offre ses faiblesses sur un plateau d'argent, ou une prise sur elle avec laquelle ils pourraient jouer ensuite ?... Lavinia se devait de ne rien faire qui aurait déplu à sa mère. C'était une question d'éducation et d'étiquette, c'est ce qu'on lui avait enseigné. Sa mère savait mieux qu'elle ce qui était de bon ton ou non... Qu'elle soit là ou non, ne devait pas influencer le comportement d'une jeune lady.

Lavinia secoua la tête pour chasser ses pensées de son esprit et ne pas devenir désagréable avec ses hôtes par une peur injustifiée. Elle devait rester naturelle, comme on lui avait appris à l'être. L'intervention de Liora tomba à point nommé, à tel point que la petite Campbell ne se formalisa même pas qu'elle lui prenne la main avec tant de légèreté.

— C'est moi qui l'ai planté ! Ce sont des Prunes Dirigeables.

La fierté de la benjamine était palpable, et cela amusa la blondinette. Elle avait de la chance, de pouvoir être fière de cela et de l'affirmer avec une telle assurance...

- Oh, vraiment ?

Lavinia se rapprocha de l'arbuste pour l'observer de plus près. L'arbuste était un peu biscornu, mais possédait un feuillage généreux. Des petits fruits violacés alourdissaient certaines branches qui ployaient légèrement. La jeune fille choisit une des branches qui semblaient la plus fatiguée de sa charge fruitée, et passa sa main sur quelques unes des prunes. Aussitôt, ces dernières tournèrent sur elles-même, coupant la tige qui les reliait à la branche, avant de s'envoler doucement dans les aires, en laissant s'écouler goutte à goutte un pollen pailleté et odorant.

- Le prunier a l'air en forme. Tu vois ? Plus il y a de pollens qui se dégagent des prunes quand elles s'envolent, plus l'arbre satisfait. Tu as fait du bon boulot.

En tout cas, c'était ce que lui avait un jour expliqué le jardinier de la résidence Campbell.

— La serre est au bout du chemin, juste à droite, indiqua Ilyes.

Lavinia hocha la tête, en regardant dans la direction indiquée, puis jeta un coup d'oeil à Kalev, qui était resté un peu en retrait. La jeune fille se demandait ce qu'il faisait, à fixer le jardin d'hiver comme ça. Est-ce qu'il cherchait à épier leurs mères ?... Non... Plus elle regardait, et plus la posture du jeune homme lui inspirait autres choses. Il... Faisait le guet ?... Allons bon, il s'inquiétait vraiment du fait que sa mère ne l'observe pas ou non ?... La partie de Lavinia qui avait été exaspéré par sa prévenance malvenue un peu plus tôt, trouva tout cela parfaitement ridicule... Alors même qu'une autre partie de son esprit, enfouie un peu plus profond dans sa poitrine, lui était reconnaissante de sa gentillesse et de sa sincérité. La jeune fille aurait bien voulu le remercier... Si cela n'avait pas été un aveu de faiblesse.

- Kalev, tu nous rejoins ? On va à la serre.

Et alors qu'il les rejoignait et que la fratrie la guidait dans le jardin, elle se rapprocha légèrement de Kalev, avant de lui demander d'une voix calme et la plus détachée possible :

- Est-ce que vous avez des... Des plantes carnivores, dans la serre ?...

Elle regretta presque aussi d'avoir posé la question, mais tenta tout de même de paraitre la plus calme possible Pitié qu'ils ne trouvent pas ça bizarre, pitié qu'ils ne trouvent pas ça bizarre...

En le voyant si intéressé par l'Amarante, Kalev ne put s'empêcher de proposer :

— Nous avons encore des pousses en pot, si tu le souhaites. Je suis certain que ma mère voudrait bien t'en offrir.

Il croise son regard et hésite en y voyant un brin de confusion. Est-ce qu'il était trop insistant pour qu'elle se sente à l'aise ? Certainement et il s'en veut sur le coup. Qu'en penserait sa mère ? Pas du bien, c'est sûr, Kalev s'y était mal prit ! Et Ilyes s'en est forcément rendu compte, car il ajoute doucement :

— Enfin, si Madame de Turenne accepte, nous n'irons pas à l'encontre de ses indications, il en va de soi.

De toute la fratrie, Ilyes était certainement le plus diplomate. Sarah était moins conciliante et tranchée dans ses opinions et dans sa vision des choses. Kalev avait tendance à être excessif, à vouloir faire de trop, tandis que Zivah suivait assidûment tout ce qu'on luit dit sans broncher. La petite Liora se démarquait aussi, une vraie princesse aux caprices grondante. Elle touche certaines des fruits qui se détachent sans problème sous le regard pétillant de la petite qui écoute Lavinia avec grande attention. Elle montra ses Prunes Dirigeables, toute fière. Lavinia se rapproche, observe l'arbuste. Elle touche certaines des fruits qui se détachent sans problème sous le regard pétillant de la petite qui écoute Lavinia avec grande attention.

— Le prunier a l'air en forme. Tu vois ? Plus il y a de pollens qui se dégagent des prunes quand elles s'envolent, plus l'arbre satisfait. Tu as fait du bon boulot.
— Merci beaucoup ! Maman m'aide beaucoup, surtout quand il faut tailler, car je suis encore petite pour le faire seule.

Ilyes dut couper la conversation, seulement le temps d'indiquait où se trouvait la serre. Pendant ce temps, Kalev s'était retourné vers le jardin d'hiver par curiosité, ne faisant pas attention au fait que son frère et Liora s'éloignait déjà.

— Kalev, tu nous rejoins ? On va à la serre.
— Mmh ? Oh, oui, pardon ! Je me demande seulement de quoi elles peuvent discuter, indique-t-il en s'approchant d'elle. Je suis certainement un brin trop curieux, je l'admets.

Il glisse ses mains dans ses poches et marche à ses côtés.

— Est-ce que vous avez des... Des plantes carnivores, dans la serre ?...

Est-ce qu'ils avaient des plantes carnivores ? Un simple oui ne suffirait pas pour expliquer la drôle de lubie de Sarah Cohn, aînée et héritière de la famille.

— Nous en avons des tas, toutes appartiennent à notre aînée, Sarah qui est absente aujourd'hui. C'est une passion pour elle, elle essaie d'en faire la collection, explique Ilyes.

Liora lâche la main de ce dernier et trottine jusqu'à la serre, suivit de près par l'aîné qui gardait un œil sur elle. Touche-à-tout, elle était capable de mettre beaucoup de désordre si personne ne faisait attention à elle. Kalev profite de cette courte tranquillité pour s'excuser :

— Pardonne-moi. En souhaitant te mettre à l'aise tout à l'heure, j'ai manqué de tact, c'était malvenu de ma part et je t'ai certainement embarrassé.

Duo de vipères : 689 Mots

De quoi leurs mères pouvaient discuter ? C'était une bonne question. Lavinia jeta un bref coup d'oeil au jardin d'hiver. Dans les salons qu'elle animait chez eux, sa mère parlait d'artistes, d'expériences culturelles, d'études historiques, mais surtout de politique. Lavinia avait toujours été surprise de sa manière de parler de sujets clivants comme elle pourrait parler de la météo. Pour la plupart, ses invités partageaient ses points du vue, notamment anti-moldus et sur l'importance de l'héritage sorcier. Quand elle l'observait, Lavinia avait toujours l'impression de la voir jouer à un jeu de stratégie dont elle ignorait les règles et où chaque mot était autant de pièces à avancer pour servir un but secret.

Cependant, Madame Cohn ne donnait pas l'impression de se passionner de politique. Lavinia trouvait la posture de sa mère un peu plus détendue que dans ses salons, ou même à la maison. Elles parlaient peut-être de leurs activités, de leurs découvertes culturelles, de leurs familles respectives... Et peut-être que Madame de Turenne en profitait pour poser ses pièces stratégiques. Lavinia ne pouvait pas croire que sa mère agisse de manière parfaitement désintéressée, et se demandait ce que cachait cette visite, en présence exceptionnelle de sa fille...

— Nous en avons des tas, toutes appartiennent à notre aînée, Sarah qui est absente aujourd'hui. C'est une passion pour elle, elle essaie d'en faire la collection.

Les yeux de Lavinia pétillèrent soudain de joie, d'excitations et d'impatience. Une collection de plantes carnivores ! Si elle s'était attendue à cela ! Elle se sentait un peu moins bizarre, d'un coup, sachant que l'aînée des Cohn partageait sa fascination pour ces drôles de végétaux...

- Vraiment ? J'ai hâte de voir ça !

Et elle pressa aussitôt le pas, oubliant toute retenue, emportée par son élan de curiosité. La petite Cohn avait fait de même, suivi de son aîné. Kalev les rattrapa rapidement, et en profitant pour s'excuser auprès de leur invitée.

— Pardonne-moi. En souhaitant te mettre à l'aise tout à l'heure, j'ai manqué de tact, c'était malvenu de ma part et je t'ai certainement embarrassé.

L'esprit de Lavinia était tellement peuplé de plantes tropicales à grandes bouches, dévoreuses d'insectes, que la jeune fille eut besoin de quelques secondes pour comprendre de quoi il parlait soudain. Elle cligna des yeux, chassant les images de magnifiques plantes carnivores de sa tête, pour se concentrer sur ce qu'il disait. On n'acceptait pas des excuses sans en connaître les raisons. Certaines excuses étaient même irrecevables, comme lui avait appris sa mère.

Après un court instant, Lavinia comprit à quel moment il faisait référence. Elle laissa passé un silence, le temps de bien se décider sur la réponse qu'elle devait faire, et surtout sa formulation...

- Ma mère est une grande dame. Je ne veux pas que mon attitude laisse croire le contraire, articule-t-elle lentement, et à mi-voix, ce qui lui donnait un air plus mature. Et je n'ai pas besoin qu'elle me surveille pour me comporter convenablement. Mais ton intention était louable, ajoute-t-elle aussitôt, avec un sourire et un ton moins emprunté. J'accepte tes excuses, et je te remercie. Désolée de t'avoir fait douter.

Elle lui adressa un large sourire, avant de détourner le visage, se sentant un peu gênée. C'était quelqu'un de sincère, gentil, ouvert et attentionné. Il n'était certainement pas dans la maison de Salazar...

- Je parie que tu es un Poufsouffle, toi, non ? demande-t-elle d'un ton légèrement taquin, pour changer de conversation.

Pour la jeune fille, cette maison était un peu un fourre-tout. Ceux qui n'était pas intello comme les Serdaigle, qui n'était pas téméraire et prétentieux comme les Gryffondor, et qui n'avait ni la ruse, ni l'ambition, ni la fierté des Serpentards. Étant donné l'état d'esprit de leur fondatrice, Lavinia s'imaginait que la majorité des né-moldus ou sang-mêlés atterrissaient dans cette maison par défaut. Mais si Kalev était un Poufsouffle, elle songerait peut-être à revoir à la hausse les qualités défendues par cette maison, en dehors de toutes questions de statut de sang. Ou elle en ferait une exception...

Pendant qu'ils discutaient, il s'approchèrent de la grande serre tropicale, et l'impatience de Lavinia enflait à vu d'oeil.