Narcisse aimait beaucoup les plantes, et tout ce qui touchait à la nature de près ou de loin en général. Les longues promenades avec son père autour de chez lui, dans les ruisseaux, les forêts alentours, leur passion commune de l'apprentissage des nouvelles choses avaient nourri cet intérêt pour la nature. Mais la nature ne semblait pas forcément apprécier Narcisse en retour. En effet, si Narcisse se donnait corps et âme à l'entretien des plantes et des tâches confiées en cours de botanique, pour de multiples raisons, incompréhensibles et inconnues à ses yeux, il échouait souvent. Il s'agissait en réalité d'un mélange de malchance fort malencontreuse, et d'une tendance à vouloir en faire pour les plantes qui les tuaient. Typiquement la fois où le prof leur avait demandé de s'occuper de graines jusqu'à maturité de la plante, la sienne avait terminée noyée et rongée par des parasites.

Les parasites étaient dus à la malchance, mais Narcisse avait trop arrosé la plante, il pensait qu'il faisait bien. Après tout, on n'a jamais trop d'eau n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, malgré cette poisse évident, il aimait toujours autant les plantes, et sa curiosité sans borne le poussa à aller se changer les idées en allant faire un petit tour dans la serre n°6. Il n'avait aucune plante à lui, mais il avait envie de voir celles des autres, pour les admirer. Mais il s'état promis de n'en toucher aucune, par précaution. En y entrant, il poussa un sifflement d'admiration, constatant les belles plantes présentes dans la serre. Kelle, posée sur son épaule, couina agressivement. Il la regarda, arquant un sourcil, elle semblait fixer méchamment une plante en particulier : une grande plante carnivore, posée un peu dans le fond. Narcisse s'en approcha, de grands yeux curieux, tandis que Kelle continuait de lui piailler dessus, sans vergogne. Narcisse hésita à la toucher, mais une poussée d'instinct de survie l'en empêcha, et il se détourna prudemment de cette dernière, avant de sentir un courant d'air sur son épaule, doublé d'un petit cri paniqué. Il se tourna, Klee n'était plus là ! Il regarda la plante, ses mâchoires étaient fermées, et de petits cris s'échappaient de ces dernières.

Le sang de Narcisse ne fit qu'un tour, et il s'approcha de cette fichue plante, la menaçant d'un doigt moralisateur, le visage rouge de colère.

- NON MAIS OH ! ÇA VA PAS LA TÊTE ! C'EST KLEE ! C'EST PAS D'LA BOUFFE ! RECRACHE !

Il dégaina sa baguette, et pointa la plante, réellement hors de lui.

- Je vais compter jusqu'à trois : UN ! DEUX...

Cela faisait un peu plus de quinze jours qu'Yesenia avait déposé sa belle plante carnivore dans la serre des élèves. L'adolescente venait visiter Cindy presque tous les jours, depuis. Parfois pour lui parler de sa journée, ou pour l'arroser un peu. C'était un drôle de manque de ne plus avoir sa plante dans le dortoir. La quatrième année s'était habituée à garder de la lumière sur sa table de chevet pour que Cindy puisse prendre de délicieux bains de soleil, même si celui-ci était totalement artificiel. Mais le caractère de Cindy avait brusqué les filles du dortoir et Yesenia avait estimé qu'il était grand temps pour elle de changer de lieu de vie.

Au moins, ici, la plante carnivore avait toute la lumière qu'il lui fallait pour devenir une belle et grande plante, pleine de vie et surtout, elle se ferait rapidement de nouveaux amis.

- Mais... Qu'est-ce que... !

Yesenia venait d'entrer dans la serre des élèves, un arrosoir à la main, un sac de cours particulièrement lourd sur l'épaule droite, lorsqu'elle aperçut un garçon, sans aucun doute un première année, en train de menacer Cindy d'un doigt inquisiteur. Yesenia arriva en trombe devant l'élève sans quitter son regard de lui, telle une lionne prête à bondir sur sa proie.

- Je peux savoir pourquoi tu cries sur MA plante ? dit-elle, les sourcils froncés. Les plantes sont fragiles et méritent du respect. C'est un lieu sacré, ici, et certainement pas un endroit pour jouer. Du balai, le gnome !

Un bruit étrange de mastication mêlé à de drôles de cris l'interpella cependant, et elle observa Cindy d'un oeil soupçonneux. La belle était en train de jouer avec un petit boursouf, en faisant claquer ses crocs. Le visage de la quatrième année s'illumina devant la scène.

- Oh Cindy ! Tu t'es fait un nouvel ami, c'est génial ! Dit-elle en caressant ce qui s'apparentait au menton du végétal. Maintenant, recrache-le.

Je te laisse le soin de choisir si Cindy va écouter sa maîtresse, ou pas.

Narcisse fut décontenancé et surpris par l'arrivée d'une serpentard, vindicative pour protéger sa plante. Il était tellement concentré sur le fait de sauver Klee que le monde aurait pu s'écrouler à côté de lui qu'il ne s'en serait pas aperçu. Il demeura interdit une petite seconde face aux remontrances de sa camarade, incapable de prononcer le moindre mot. Mais, pourquoi elle prenait la défense de la plante ?? C'était elle qui était en tort ! Et lorsque Klee dépassa de la plante, en train de se faire lentement mâcher, il pensa qu'elle allait enfin revenir à la raison, mais non ! Elle se montrait douce avec elle, comme si elle la complimentait, ce qu'elle faisait d'ailleurs. Il resta bouche-bée, avant de se ressaisir, la plante n'ayant apparemment aucune intention d'obéir à sa propriétaire.

- Euh... Ta... Ta plante est en train d'manger ma boursouflette !! Fallait qu'j'fasse quelque chose !

Il s'approcha de la plante, qui avait l'air de s'appeler Cindy, les yeux lançant des éclairs et brûlants d'un feu blanc. Il pointa à nouveau sa baguette sur la plante.

- Ok Cindy, t'as encore une chance d't'en tirer entière, tu relâche Klee, et tout s'passera bien ! Lâche !

Mais elle n'avait pas l'air de l'entendre de cette oreille, si les plantes avaient des oreilles. Mais la panique de Narcisse atteint un pique, et son inquiétude le poussa à poser sa baguette sur la table pour s'emparer des mâchoires de la plante et les ouvrir de force.

- Klee ! Sors vite !!!

Elle hésita une petite seconde avant de bondir péniblement hors de la plante, misérablement trempée de... bave ? Sève ? Quoi qu'il en soit, la vraie taille de la boursouflette apparaissait en cet instant, Narcisse avait apprit que les poils du boursouflet faisaient un effet bouffant, et on aurait dit un petit chaton venant à peine de naître.

- Oh Klee... Tu m'as fait pe... AÏE !!

Trop concentré sur Klee, la plante venait de refermer ses mâchoires sur le pouce gauche de Narcisse, qui resta interdit un instant face à l'agressivité de cette plante.

Yesenia n'écoutait pas. Elle était ravie. Finalement, Cindy s'était enfin fait des amis et l'adolescente en était soulagée. Elle, qui culpabilisait de laisser l'une de ses petites merveilles dans un endroit autre que le dortoir des filles, se sentait bien mieux à présent. Elle déposa son arrosoir à ses pieds, tout en tendant la main, comme une maman, prête à récupérer le boursouflet quand Cindy aurait décidé de l'expulser. L'enfant, lui, choisit une autre méthode.



Le Poufsouffle commença à forcer sur les mâchoires puissantes de la plante, et Yesenia l'aida tout en le sermonnant sur la fragilité de son végétal adoré. Après tout, cela ne pouvait faire de mal à personne d'en apprendre d'avantage sur les Dionées attrape-mouche.

- Pas si fort, voyons ! Les plantes sont extrêmement fragiles et tu pourrais lui abimer les feuilles. Tu vois ces petits poils, là ? Ce sont des poils sensitifs qui lui permettent de sentir quand quelque chose est sur le point de se poser sur elle, pour qu'elle puisse le manger. Elle est très intelligente, tu sais ?

Le végétal relâcha son étreinte péniblement et resta immobile un instant, le temps de reprendre ses esprits. Tandis que le première année retrouvait son boursouflet qui ne ressemblait plus qu'à un rat, Yesenia en profita pour reprendre son arrosoir et arroser les petites feuilles de sa précieuse Cindy.

-Les Dionées attrape-mouche peuvent mettre quelques semaines avant de digérer leur proie, donc ton boursouflet ne risquait rien, elle s'amusait simplement. Tu vois, pas de quoi en faire un dr... Oh ! Cindy !

Le Poufsouffle venait de se faire pincer le doigt par la plante. Yesenia leva les yeux au ciel. Etaient-ils tous si empotés dans la maison du blaireau ? Elle repoussa ce qui servait de tête à la plante en arrière, et fronça les sourcils, bien que celle-ci ne puisse voir son mécontentement.



- Vilaine Cindy ! Très vilaine Cindy ! Excuse-toi, maintenant, sinon tu n'as plus de friandise pendant une semaine ! dit-elle, puis, se tournant vers le petit, d'un air inquiet : Est-ce que ça va ? Montre-moi ça de plus près.

Narcisse n'en revenait pas. Elle ne se préoccupait que de sa plante ! S'inquiétant davantage pour elle que pour Klee ! Et si son pouce n'avait pas été pris entre l'étau infernal de cette maudite bouffeuse de soleil, il se serait sûrement offusqué. Mais en l'occurrence, il essaya de se mettre à sa place, et se dit qu'il aurait peut-être réagit de manière similaire si Klee... Non. Non en fait ! Il aurait sévèrement enguirlandé Klee si elle avait quelque chose comme ça ! Mais peut-être que c'était une manière classique d'éduquer les plantes carnivores géantes ? Vu sa nullité en botanique, il n'allait pas émettre de critique. Mais il la trouvait tout de même bien laxiste avec cette plante, qui n'avait pas l'air le moins du monde désolée. Enfin, si une plante pouvait avoir l'air désolée...

Il retira son pouce en soufflant dessus, s'attendant à le voir déformé, ou pire, fondu, mais tout semblait aller bien. Juste il piquait un peu. Il tira la langue à la plante.

- Klee, ça va ?

La pauvre petite boursouflette tremblait de tout son petit corps, mais il ne savait pas si c'était de peur ou de rage, et cela lui arracha un sourire. En plongeant son regard de celui de son aînée, il tendit à contrecoeur son pouce, les joues rougissant légèrement sous l'embarras de la situation.

- Hrm. Non mais ça va j'pense. J'ai connu pire...

Il allait simplement la laisser l'examiner et éloigner aussi vite qu'il le pouvait Klee.

Humiliée... J'avais été... HUMILIEE ! Klee la conquérante avait été mâchouillée, crachouillée ! Quel sacrilège ! Comment pouvait-on oser faire cela ? J'en tremblais, j'allais me farcir cette satanée plante un jour, Klee en fit le serment inviolable des boursouflets ! Et mon humain de compagnie qui pactisait avec l'ennemie, il allait le payer aussi ! Vous allez tous payer ! Vous le payerez tous de vos vies ! Klee fit le serment en cet instant d'éliminer chaque être humain de cette planète !

Et les plantes. Toutes les plantes. Elles allait les mâchouiller, crachouiller à son tour. Mais d'abord, il fallait sécher. Plus tard la vengeance.

La petite boursouflette s'éloigna de quelques pas de la plante, se secoua pour chasser la salive, avant de s'enrouler en boule et s'endormir comme si rien ne s'était passé. Narcisse dégaina tant bien que mal sa baguette de la main droite, pour lancer un Recurvite sur Klee, un sourire aux lèvres. C'était mieux que rien.

- Alors ?

Il arqua un sourcil d'inquiétude, s'attendant à tout instant que la serpentard lui annonce que son pouce allait tomber ou quelque chose comme ça.

Les feuilles de Cindy semblèrent s'affaisser légèrement, comme si celle-ci voulait montrer son regret d'avoir tenté de gouter le maître du gum-gum. Cela suffit à Yesenia, qui, après un dernier regard de mécontentement envers la plante, focalisa son attention vers le jeune garçon.

Elle prit la main dont le doigt avait été attrapé par la vilaine plante, et observa le pouce de celui-ci avec douceur, tout en le caressant pour estimer si le garçon avait mal à son contact. Il était un peu rouge, un simple pincement, rien de plus, et cela rassura la quatrième année, qui n'avait aucune envie de devoir s'expliquer auprès de l'infirmier.

- Est-ce que tu as mal ? demanda-t-elle. J'ai peut-être un baume ou un sparadrap qui traine dans mon sac.

Elle lâcha la main du Poufsouffle, et s'accroupit pour chercher un objet quelconque dans son sac permettant de calmer la douleur du première année, sans même attendre la réponse de celui-ci. Son sac en bandoulière, en tissu marron et couverts de patchs et badges en tout genres, était prêt à craquer tant il était rempli d'objets aussi incongrus que possible.

Il y avait son carnet à dessin, un set d'aquarelles, un classeur avec des feuilles séchées, quelques ingrédients de potions, un double de chocogrenouilles dont elle n'arrivait pas à se débarrasser et, évidemment une trousse qui contenait de quoi administrer les premiers soins. Yesenia la remplissait petit à petit, de choses et d'autres, comme des bandages, des lotions qu'elle préparait elle-même, ou même un manuel sur les sortilèges de soin.

- En tout cas, ton boursouflet n'a pas l'air trop traumatisé. dit-elle avec un sourire en coin. N'est-ce pas Klee ? Toi tu es... ?

Narcisse sentit quelques frissons lui picoter la main et l'avant-bras lorsque l'inconnue à la plante lui toucha la main. Il supposa que c'était dû à la légère douleur de son pouce, et choisit de l'ignorer tandis qu'elle lui triturait le doigt. Le garçon était plutôt résistant à la douleur, il avait l'habitude avec sa mère et il était courageux, mais les petites blessures au bout des doigts étaient toujours étonnamment douloureuses. Une coupure, ou pire, une petite peau qui restait après qu'il se soit rongé l'ongle. Il serra les dents, aussi bien sous l'impulsion de la pensée intrusive qu'à cause de l'examen de la Serpentard. S'apprêtant à répondre à sa question, elle se pencha sans lui laisser le temps, le laissant bouche-bée une petite seconde, avant qu'il ne la referme, embarrassé, rougissant comme une tomate.

Narcisse n'aimait pas beaucoup se faire soigner. Il préférait toujours laisse son corps faire le boulot quand c'était possible. Il n'aimait pas trop être manipulé médicalement, et encore moins être dans un environnement médical ou qui s'en rapprochait. Mais en l'occurrence, ce n'était pas bien grave, et étonnamment, l'absence de professionnalisme de l'inconnue le mit moins mal à l'aise que si elle avait été une docteur. Le visage légèrement tourné de côté, il jetait un regard en coin à Klee, juste au cas où.

- En vrai ça va... C'est qu'une plante.

Il ne put s'empêcher de pouffer de rire quand elle parla de Klee, et il leva les yeux au ciel dans un sourire en redirigeant son regard vers elle.

- Oh crois-moi, ça va aller ouais.

En lui rendant son sourire en coin, il la laissait faire ce qu'elle voulait de son pouce. Il espérait juste que ça ne l'empêcherait pas de manipuler sa baguette. En soupirant légèrement, décidant de faire ce qu'il savait faire le mieux, et pardonner, son sourire s'agrandit.

- Moi c'est Narcisse, Narcisse Brando ! Et elle c'est Klee du coup, ma boursouflette. D'habitude, c'est elle qui victimise ce qui l'entoure. Ça doit lui faire tout drôle.

Il pouffa de rire en regardant Klee, qui dormait en boule sans se soucier de rien.

- C'est qu'une plante, mais il vaut mieux désinfecter tout ça et mettre un sparadrap. dit-elle doucement, en cherchant dans son sac une petite fiole d'huile essentielle de lavande, sous forme de lotion cutanée, qui permettrait de soulager la douleur.

Pour Yesenia, Cindy n'était pas qu'une plante. C'était une alliée, une amie, une confidente. C'était quelqu'un, ou quelque chose, auprès de qui elle parlait, quand ça n'allait pas. Bien que tout aille parfaitement bien, en ce moment. Cela restait tout de même un être cher qui lui faisait penser à sa famille. Prendre soin de Cindy, c'était penser à sa famille.

Yesenia était étrangement contente de pouvoir s'occuper d'un petit patient, et elle prit le bobo très au sérieux. Comme une vraie médicomage, elle prit la main du garçon, et massa délicatement son pouce, en faisant pénétrer la crème. Elle avait tant l'habitude de se soigner elle-même, dûes aux nombreuses chutes qu'elle faisait, que ce soit sur un balai, ou quand elle grimpait aux arbres, qu'elle se rendit compte que ses gestes devenaient petit à petit de plus en plus précis. Le baume dégageait une forte odeur, il allait sans aucun doute faire rapidement effet.

- On dirait bien qu'elle a trouvé un adversaire redoutable à combattre. On est en train de voir la naissance d'un héros et d'un méchant, là.répondit-elle avec un grand sourire, puis, après un bref silence : Cindy dérangeait trop dans le dortoir. C'est pour cela que je l'ai laissée ici. Je pense que tu comprends un peu pourquoi, maintenant.

L'adolescente ne savait pas bien pourquoi elle se justifiait auprès du dénommé Narcisse. Après tout, c'était juste un nabot de Poufsouffle qui s'était retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment pour se faire agresser de la sorte par sa plante carnivore. Pourtant, elle sentait comme quelque chose entre eux qui lui donnait envie de se confier et de faire confiance au jeune garçon.

Elle appliqua précautionneusement un sparadrap, aux motifs vif d'or, sur le pouce de Narcisse, et lui fit à nouveau un sourire complice.

- Et voilà. finit-elle par dire. Moi c'est Yesenia, au fait. Et tu faisais quoi, ici, tu as aussi laissé une plante ?

Narcisse hocha la tête distraitement, affrontant sa phobie avec courage, mais ne pouvant lutter entièrement contre son inconscient qui lui criait que ce n'était pas une bonne chose. La peur irrationnelle de tout ce qui touchait aux soins de près ou de loin, ce pouvait être assez peu pratique. Ses parents ne le savaient pas, il n'avait pas vraiment trouvé d'occasion ni d'opportunité pour le leur dire, non pas qu'il voulait le cacher. L'aisance de la Serpentard rassura malgré tout Narcisse, mais son visage devint légèrement pâle et des frissons le parcourent.

Il fut surpris un instant face à la blague de la jeune fille, tournant son regard vers Klee qui dormais désormais profondément, avant de sourire.

- Mph, je n'avais pas pensé à ça. J'espère qu'elle se mettra pas en tête de s'venger, j'ai pas envie d'lui courir après pour une nouvelle raison.

Il la regarda à nouveau après qu'elle ait exposé les motivations de venir déposer cette plante par ici. Et il ne put que l'approuver sans retenu en hochant la tête et en ouvrant de grands yeux, rigolant doucement. Il contempla ensuite son pouce, les frissons lui parcourant toujours l'avant bras. Il ôterait probablement ce pansement dès ce soir pour s'en débarrasser, et se laver les mains pour oublier cette sensation désagréable. Fort heureusement, la sympathie de cette fille aidait à faire passer la pilule.

- Et bien, ravi Yesenia !

Il regarda avec un certain malaise sa blessure, avant de serrer le poing, le pouce entre les autres doigts, il croisa les bras.

- Euh... J'voulais juste voir les plantes, j'aime bien les plantes, mais... On va dire qu'c'est pas réciproque haha. J'ai tendance à tuer toutes les plantes que j'essaye d'faire pousser... Là au moins, j'risquais pas d'causer d'accidents. Enfin, j'pensais.

La Serpentard rangea ensuite ses affaires dans son sac en bandoulière. Cette lotion ferait sans aucun doute son travail en un rien de temps, et elle se promit de prendre des notes sur cela lorsqu'elle serait dans son dortoir, pour améliorer l'efficacité de la potion. Yesenia rêvait de faire un stage en médicomagie.

Elle pouffa de rire en imaginant le petit boursouflet inoffensif courir partout, avec son propriétaire, presque aussi grand que son animal, le pourchasser. Décidément, cette bestiole lui donnait du fil à retordre, tout comme la plante carnivore.

- Arf, c'est dommage ça. Je pense que c'est une question de feeling. Certains sont naturellement plus attirés par certaines matières. Si ça peut te rassurer, j'ai été baignée là dedans, donc je ne compte pas toutes les fois où j'ai trébuché sur une racine d'une plante que mon père avait laissé trainé dans le salon et qui avait malheureusement poussé un peu trop rapidement.

Yesenia se rappelait très bien de ce souvenir. Son père avait ramené une sorte de lierre robuste et magique qui s'était étendu dans tout le salon le temps d'une après-midi. La mère d'Yesenia était furieuse. C'était un souvenir plutôt amusant.

- En fait, tu dois apprendre à les connaître pour mieux les comprendre et comprendre leurs besoin.

Yesenia s'arrêta de parler précipitamment. Elle n'avait aucune envie d'assommer le garçon de toutes ses connaissances sur le sujet. Il devait certainement se dire qu'elle était horriblement ennuyante. C'était la pire chose qui puisse arriver pour une Serpentard aussi malicieuse qu'elle. Elle eut une idée.

- Tu vois, par exemple, tu ne t'es pas présenté à Cindy, quand tu es arrivé. Je suis certaine que c'est pour cela qu'elle s'en est prise à toi et ton boursouflet. Normalement, on lui fait la révérence pour la saluer.