Les Cooper vivaient dans un petit quartier résidentiel de Brighton, à environ dix minutes du centre-ville, dans l'une de ces maisons typiques de l'Angleterre sur deux étages et aux murs en briques rouges, accolée de chaque côté aux maisons voisines. Tout le quartier se présentait d'ailleurs ainsi, seules les façades pouvaient parfois troquer leurs briques rouges contre un blanc immaculé, ou quelques tons pastels pour ceux qui désiraient rappeler les maisons peintes de Blaker Street. Comme à son habitude, Elijah était surexcité. Il avait reçu de très bonnes notes à l'école aujourd'hui, et avait gagné le droit d'aller surfer en pleine semaine, pour profiter du soleil avec Edgar et Winona, ses deux meilleurs amis. Il avait cependant dû terminer ses devoirs correctement auparavant, et se rendait à présent dans le bureau de son père, duquel il ouvrit la porte à la volée.

- P'pa, j'ai fini, on y va ? demanda-t-il avec son sourire enthousiaste, le short de bain jaune vif déjà enfilé, et la chemisette blanche aux motifs en palmier grande ouverte.

Son père releva la tête de son ordinateur, pour observer son fils quelques secondes avant d'acquiescer doucement.

- De toute manière, j'ai terminé. Je vérifie tes devoirs et nous pourrons y aller, dit-il en se levant de sa chaise de bureau.

Il fallait savoir que Gregory Cooper n'était que rarement présent à la maison, à cause de son travail et son emploi du temps chargé. Mais, travaillant pour une entreprise de prêt-à-porter ouverte le samedi, son week-end s'étendait du dimanche au lundi, et il ne ratait alors jamais une occasion de faire plaisir à son fils unique avec lequel il avait partagé sa passion du surf très tôt. Elijah laissa donc son père à la vérification, pour mieux dévaler les escaliers à toute vitesse, sautant les quatre dernières marches d'un seul bond en s'appuyant d'un côté à la rambarde, et de l'autre au mur. A cet instant, sa mère passa son visage dans l'encadrement de la porte de la cuisine, de laquelle sortait quelques notes d'une musique pop sans réel intérêt aux yeux d'Elijah, mais absolument révolutionnaire si l'on écoutait sa mère.

- J'ai glissé quelques barres de céréales dans ton sac au cas où. Il y en a pour Edgar et Winona aussi. Soyez prudents et...
- Ne surfez pas de vagues plus grandes que vous, t'inquiète pas M'man ! la coupa-t-il, non sans lui claquer un bisou sur la joue.

Il savait que sa mère n'aimait pas beaucoup ce loisir, et qu'elle préférait amplement le savoir en sécurité devant les touches d'un piano que soumis aux caprices de l'océan. Brighton n'était pourtant pas reconnue pour ses vagues exceptionnelles, mais Elijah et son père s'en contentaient, et cela suffisait amplement pour inquiéter Marjory. Elijah se mit alors à la recherche de sa paire de claquettes qu'il avait encore à la main lorsque la sonnette de la maisonnée retentit. Aussitôt, il courut vers la porte.

- J'Y VAIIIS ! prévint-il sous le regard amusé de sa mère, tandis que son père secouait légèrement la tête de gauche à droite en descendant les escaliers, visiblement habitué à l'énergie extraordinaire de son fils, sans pour autant comprendre d'où il la tenait.

Le jeune garçon ouvrit alors la porte en grand, son sourire habituel toujours collé sur le visage, pour se trouver face à une femme qu'il n'avait jamais vu.

- Bonjour M'dame, la salua-t-il poliment.

Et puis, convaincu qu'il s'agissait là d'une amie de sa mère et que cela n'avait aucune raison de chambouler ses super plans pour le reste de la journée, il s'appuya sur l'encadrement de la porte tout en laissant tomber ses claquettes au sol pour les enfiler.

- M'maaaan c'est pour toi ! annonça-t-il, probablement un peu trop fort alors que sa mère se trouvait à présent juste derrière lui, et que son père les avait également rejoints.
- Bonjour, je peux vous aider ? demanda alors simplement Marjory Cooper d'un air affable.

La fin d'année avait été quelques peu mouvementée. Après l'annonce surprise de la démission de Kristen, la soirée clandestine des élèves en salle sur demande, les changements de maison le dimanche après-midi et le grand départ pour le Poudlard Express ce matin, tout avait défilé à une vitesse folle. Une fois le train hors de vue, Sarah avait poussé un profond soupire. Enfin, une petite pause. Elle avait filé chez elle pour finir de préparer ses valises, son grand départ à elle étant le lendemain de bonne heure avant de retourner à Poudlard récupérer ses missives.

En effet, qui disait fin d'année, disait aussi nouvelle rentrée en approche. Les vacances d'été était aussi la période délicate durant laquelle on prévenait les élèves nés moldus de leur situation. Sarah n'avait pas eu à gérer cette affaire l'an dernier puisqu'elle avait été recruté durant la période estivale. Cette année, c'était donc une autre aventure qui commençait et la Galloise appréhendait un peu tout ça. La psychologie n'avait jamais été son fort.

Peu après 16h, vêtue d'une paire de sandales en cuir brun aux pieds, d'un pantalon en jean bleu clair dont le bas avait été légèrement replié pour laisser les mollets prendre l'air et d'une tunique de lin beige, Sarah, son sac magique en bandoulière sur l'épaule avait transplané à Brighton dans une zone sécurisée et terminé le trajet à pied, profitant du soleil et se fondant tranquillement dans la masse des moldus. Quelques minutes plus tard, elle frappait à la porte d'une maison de brique rouge, espérant que l'adresse fournie soit la bonne.

Un petit brun en tenue de plage, cheveux plus ou moins ordonné et claquettes à la main ouvrit la porte d'un geste vif. Le regard de la sorcière se posa sur lui, lui octroyant un sourire bienveillant. De toute évidence, il s'agissait du dénommé Elijah Cooper, jeune sorcier en devenir. Sarah retint une grimace quand il hurla bien plus fort que nécessaire un appel à sa mère avant même qu'elle n'ait pu répondre à ses salutations.

Les parents de l'adolescent furent bientôt sur le pas de la porte ce qui rassura un peu Sarah. Elle n'aurait pas à discuter uniquement avec ce petit. Certes, il avait l'air très sympathique mais Merlin... il débordait bien trop d'énergie à son goût. Elle sourit poliment aux deux adultes, regrettant presque ce qu'elle allait faire. La famille semblait heureuse et elle allait en quelques phrases modifier leur équilibre et leur petite vie tranquille.

" Bonjour. je suis bien chez Elijah Cooper ? "

Son regard passait du gamin aux parents, attendant la validation de ces derniers pour continuer son discours. Une fois chose faite, elle reprit donc en souriant. Déjà, elle était au bon endroit.

" Sarah Priddy, je suis professeure à l'école Poudlard. Cette école bien que peu connue, pourrait grandement intéresser votre fils. Si vous avez quelques minutes je me ferais un plaisir de vous expliquer tout ça. J'ai d'ailleurs un courrier de la directrice à vous remettre. "

Joignant le geste à la parole, elle plongea la main dans son sac à main et en ressorti une lettre au nom d'Elijah avec l'entête de l'école de sorcellerie. Non de non... Ils n'allaient jamais la laisser entrer avec une introduction pareille. Mais, en même temps, que pouvait-elle bien raconter d'autres. Sans entrer dans le vif du sujet, ce qui était exclu sur le pas d'une porte dans une rue pleine de moldus, elle ne pouvait clairement faire que s'enfoncer dans le bizarre. Le mieux était sans doute qu'ils lisent le courrier. Après cela, ils sauraient de quoi il en retourne - et lanceraient alors probablement un regard très très étrange à la visiteuse.

Le garçon fut surpris d'entendre son nom dans la bouche de cette femme qu'il n'avait jamais vue. Derrière lui, ses deux parents acquiescèrent d'un simple signe de tête, attendant visiblement que l'inconnue en dise un peu plus sur la raison de sa présence sur leur porche. Par réflexe, Elijah se mit alors à l'observer avec une attention décuplée, restant silencieux plusieurs secondes d'affilée alors qu'il détaillait ses longs cheveux châtains, ses yeux clairs et ses vêtements, bien trop jolis pour être ceux d'une professeur si on lui demandait son avis. Sa mère s'était déjà saisie de la lettre tendue alors qu'il terminait son examen minutieux avec une moue déçue sur le visage : il n'avait nullement l'intention de rester plus longtemps, surtout s'il fallait discuter d'école alors même qu'il avait prévu d'aller surfer.

- Je vais au Brighton College à la rentrée, pas vrai M'man ? énonça-t-il simplement, comme si cela pouvait mettre fin à toute conversation inutile et enfin lui permettre de rejoindre ses amis à la plage.

Cependant, du côté de sa mère, un simple Mmh mmh. lui répondit, qui indiquait clairement qu'elle n'avait pas écouté un traître mot de ce qu'il venait de dire à cause de la lettre qu'elle était en train de lire. Le silence avait également gagné son père, aussi le garçon s'écarta enfin de la porte pour se faufiler derrière eux et tenter de lire quelques mots de la fameuse missive par-dessus leurs épaules. Il n'eut cependant pas le temps de capter davantage qu'un encart "école de sorcellerie" avant que sa mère ne tendit de nouveau le drôle de papier vieilli à la fameuse Sarah Priddy.

- Je ne sais pas comment mon fils a pu convaincre une adulte responsable de se prêter à l'un de ses jeux, mais je salue l'effort. Je suis désolée qu'il vous ait ainsi fait perdre votre temps, Madame Priddy. dit-elle un peu plus sèchement, tandis que le sourire qu'elle arborait n'était plus qu'une simple façade.
- Mais c'est pas moi, j'ai rien fait ! Il dit quoi ce courrier ? s'insurgea aussitôt le gamin qui commençait à voir sa merveilleuse fin de journée disparaître au profit d'une punition qu'il n'aurait même pas méritée.
- Rien d'important, va chercher tes affaires, Eli'. temporisa son père qui attendit de voir les boucles folles de son fils disparaître dans les escaliers pour s'intéresser à la visiteuse. Écoutez, Elijah a été fasciné par cette histoire de sorciers lorsqu'il y a eu ce canular désastreux il y a quelques années, mais ça lui est passé. Ce genre de blague n'est vraiment pas la bienvenue en ce qui concerne un enfant de son âge, il a déjà l'imagination suffisamment fertile.

Contrairement à sa femme, il croyait son fils sur parole lorsqu'il disait ne pas être à l'origine de la présence de cette femme à leur porte. Si Elijah avait une tendance non négligeable pour les blagues en tous genre, le moment qu'il préférait restait l'annonce et la tête de ses parents lorsqu'il criait qu'il les avait bien eus. Et surtout, il n'aurait jamais risqué de troquer une fin d'après-midi à la plage contre un cours de piano forcé en compagnie de sa mère sous prétexte de lui apprendre à cesser de faire sans arrêt le pitre.

Gregory se saisit alors de la poignée de la porte pour indiquer qu'il allait bientôt la refermer et laisser la possibilité à la femme de s'en aller d'elle-même après les explications qu'il venait de lui fournir. Le fait qu'elle s'amuse à faire de telles choses lui passait au-dessus, d'autant plus qu'il n'avait pas la moindre idée de pourquoi elle avait décidé de choisir leur fils pour ce canular alors même qu'ils ne l'avaient jamais vue.

- Je vous souhaite une bonne fin de journée, Madame Priddy. dit-il alors simplement pour insister sur la fin de cet entretien alors même que derrière lui les escaliers résonnaient déjà du retour d'Elijah qui s'était simplement muni de sa serviette de bain qu'il avait passée de chaque côté de son cou. Le gamin ne laissa pas le temps à son père de refermer la porte sur l'étrangère puisqu'il en passait déjà le seuil en passant de nouveau entre ses parents avec agilité pour s'arrêter pile devant la professeur.

- Alors, on y va P'pa ? Vous leur avez bien dit que c'était pas moi, M'dame Priddy ? s'enquit-il tout de même, n'ayant aucune envie que sa mère ne le retînt à la maison.

La réaction attendue arriva rapidement et Sarah se contenta de hocher la tête aux paroles du père de famille, refusant de se départir de son sourire poli alors que l'homme s'apprêtait clairement à lui fermer la porte au nez.

" Quel enfant ne rêve pas d'avoir des pouvoirs magiques ? Pourtant c'est le cas de bien peu d'entre eux. Un chance folle ou un grand malheur selon les points de vue. "

C'est le moment que choisi le jeune Cooper pour jaillir de la maison, arrangeant sans le savoir la situation de la visiteuse. Elle posa les yeux sur le gamin qui, de toute évidence, s'inquiétait des conséquences de sa visite et de son programme de fin de journée.

" Je n'en ai pas eu l'occasion Monsieur Cooper, mais je le confirme, vous n'êtes en rien responsable de ma venue ici ou du moins, vous n'avez rien fait volontairement pour que ceci arrive. "

Elle reporta son regard sur les adultes qui se tenaient toujours là, avec des visages bien moins ouverts que quelques minutes auparavant. Elle n'avait plus trop le choix. Sarah s'obligea à garder un ton neutre et un volume sonore assez faible pour ne pas attirer l'attention des quelques passants. Ce qui se passait là, ne devait pas être vu comme autre chose qu'une simple discussion polie entre moldus se connaissant de près ou de loin.

" Votre réaction me rassure, car elle est celle d'adultes sensés et soucieux du bien être de leur enfant et c'est ce dont votre fils a et aura besoin plus encore dans les années à venir. J'ai assez peu de souvenir des réactions de mes parents lors de la venue de ce vieux sorcier à la maison mais je suppose que leurs visages devaient ressembler aux vôtres à peu de chose près. Sachez que rien ne vous oblige à envoyer votre fils à Poudlard mais, j'aimerais m'entretenir avec vous un instant pour vous expliquer les conséquences d'une telle décision de votre part et surtout vous exposer les erreurs à éviter. La magie est une chose puissante et difficilement maîtrisable sans un apprentissage sérieux. Si le nom d'Eliajah est apparu sur la liste des élèves c'est qu'il a du, au moins une fois, réaliser un acte magique volontaire ou non. Généralement, ce genre de choses, un peu étranges, se produisent lors d'une période de forte excitations, de colère, ou même de tristesse. Les émotions jouent un grand rôle dans le fonctionnement de la magie et plus le sorcier grandit plus il est important de les maîtriser. Réfléchissez un instant, est ce que de tels évènements ne vous ont pas marqués ? Au moins une fois ? Je comprends tout à fait vos doutes à mon sujet mais, sachez que je ne prend nullement plaisir à vous faire perdre votre temps ou à chambouler votre quotidien. Je suis là car c'est mon rôle en tant que professeure et, entre nous, je me préfèrerais être en train de vaquer à mes occupations personnelles plutôt qu'ici à vous agacer. Cependant, ce que j'ai à dire est important, pour vous et plus encore pour votre fils, aussi je me permets d'insister un peu. Quelques minutes suffiront, ensuite, vous pourrez me mettre dehors si vous le souhaitez. "

Et maintenant ? S'ils refusaient ? Elle n'allait tout de même pas kidnapper leur gosse pour leur faire entendre raison ou forcer la porte de la maison.

Elijah poussa un profond soupir de soulagement lorsque la femme alla dans son sens concernant le fait qu'il n'était pas à l'origine de tout cela. Il tourna même la tête vers sa mère avec un regard qui indiquait clairement qu'il lui avait bien dit. Elle eut simplement un infime geste du menton pour indiquer qu'elle le prenait en compte, le tout sous le regard complice de son père qui lui adressa un clin d'oeil comme pour confirmer qu'ils iraient bien à la plage une fois que cette invitée indésirable aura disparu de leur champ de vision. Elle n'avait cependant pas l'air de vouloir bouger, laissant le garçon quelque peu gêné de se trouver ainsi pris entre elle et ses parents. Aucun des Cooper n'eut le temps de dire quoi que ce soit qu'elle reprenait elle-même la parole. Et si ses parents semblaient se décomposer un peu plus à chaque avancée de la tirade, les yeux ronds d'Elijah ne firent que s'agrandir encore et encore sous la surprise et l'excitation qu'il sentait monter du bout de ses orteils jusqu'en haut de ses oreilles en un fourmillement agréable. Il ne put d'ailleurs pas se retenir bien longtemps puisqu'à peine une demie seconde après qu'elle se soit tue, il s'écriait vivement :

- Comment c'est trop cool ! Et il se tourna vers ses parents en un bond sautillant, un sourire éclairant son visage portant encore les rondeurs de l'enfance. J'vous avais bien dit que j'avais pas lancé de ballon dans la fenêtre du vieux Chapman ! Et que...
- Elijah, s'il te plaît. Le ton employé par sa mère ne laissait aucun doute quant au fait qu'aucune protestation ne serait acceptée, et le garçon se tut aussitôt malgré un air boudeur. Quelques minutes, pas davantage.

Marjory Cooper s'écarta alors de la porte d'entrée d'un air pincé, les mouvements raides, faisant signe à son fils de rentrer immédiatement dans la maison, tandis que son mari restait un instant interdit avant de refermer la porte une fois l'étrange professeur entrée. Le couple s'installa alors dans le canapé du salon décoré avec goût, la mère droite comme un I tandis que l'esprit cartésien du père était encore en train d'analyser chaque mot qui lui avait été dit devant sa porte. Il restait deux fauteuils libres, et si l'un d'entre eux était destiné à leur invitée, Elijah préféra se laisser tomber sur un pouf moelleux plutôt que de prendre place dans l'autre. Il retira alors la serviette qui pendait à son cou pour la poser sur ses genoux, sans quitter la femme du regard. Il avait tout un tas de questions qui lui brûlaient les lèvres, mais il sentait bien que ses parents préféraient gérer la situation sans avoir besoin de lui dire de se taire toutes les deux secondes.

- Il est... possible, commença prudemment sa mère, que quelques événements inexplicables se soient produits lorsqu'Elijah était en proie à des émotions fortes. Et admettre cela semblait lui coûter énormément.
- Cela ne veut pas dire que la magie existe pour autant. Tout un tas de facteurs sont à prendre en compte, et c'était plus que ponctuel, de simples coïncidences, évidemment, renchérit Gregory pour qui de telles absurdités n'étaient vraiment pas envisageables.

S'il se montrait plus laxiste que sa femme concernant l'éducation de leur fils, il ne comprenait pas pourquoi elle avait décidé de laisser entrer cette femme aux idées folles dans leur maison. Il était cependant ravi de constater que Marjory ne s'était pas abaissée à lui proposer quelque chose à boire. Pendant ce temps, sur son pouf, Elijah s'agitait de plus en plus, occupant ses mains en triturant sa serviette de bain, puis en suçotant la mini planche de surf qui lui servait de pendentif, changeant de position à chaque seconde tandis qu'il lui devenait de plus en plus impossible de se contenir. Les réticences de son père n'avaient visiblement même pas été entendues par le jeune garçon qui éclata soudainement.

- J'ai des pouvoirs magiques ? Comme les super-héros ? C'est une école pour apprendre à voler et tout ? Et en disant ces mots il bondit sur ses pieds pour s'approcher de Madame Priddy. J'vais pouvoir voler pour de vrai ? Et sauver plein de gens ? Est-ce que j'vais apprendre à lancer des lasers avec mes yeux, comme Superman ? J'adooooore Superman ! C'est pas une blague, hein ? Et il était visiblement prêt à continuer ainsi, sans laisser la moindre chance qu'on lui réponde, si son père n'était pas intervenu d'un air dépité.
- Elijah, calme-toi. Va te rasseoir. La magie n'existe pas.

Le garçon obéit, visiblement vexé, tandis que sa mère posait une main apaisante sur l'avant-bras de Gregory pour reprendre la parole.

- Le tourbillon de sable sur la plage...
- Ça suffit. Elijah n'a pas besoin qu'on lui mette toutes ces bêtises en tête, il y arrive parfaitement tout seul.

De nouveau assis sur son pouf, les yeux d'Elijah allaient de son père à sa mère. Plus aucune trace de son sourire cette fois-ci. Il n'avait jamais vu ses parents ainsi, surtout pas son père qui était toujours si enclin à s'amuser avec lui. Il avait l'impression qu'une chape de plomb venait de s'abattre sur ses épaules en comprenant qu'il était à l'origine de tout cela. Le tourbillon de sable auquel faisait référence sa mère avait eu lieu trois ans auparavant, alors qu'il apprenait encore à tenir debout sur sa planche. Il avait décrété qu'il voulait aller dans l'eau en plein midi pour essayer sa planche toute neuve, et le refus net de ses parents avait eu pour effet une colère si grande qu'il s'était entouré de sable qui tournait autour de lui pendant son caprice. Et ça avait eu le don de le calmer presque aussitôt, sans que personne n'en ait reparlé depuis. C'était bien plus impressionnant qu'une simple fenêtre qui se casse toute seule pendant qu'un des vieux voisins lui criait dessus alors qu'il avait malencontreusement marché sur sa pelouse. Il finit par baisser la tête en se mordant légèrement la joue.

- Non mais je sais que ça existe pas la magie, ça va. mentit-il tristement, dans l'espoir de mettre fin à tout cela.

Sarah suivit sagement la propriétaire des lieux, hésitant sur la marche à suivre une fois arrivée au salon. Elle laissa les occupants de la maison s'installer et observa la pièce. Elle avait gagné la première manche en entrant, il ne fallait pas perdre bêtement la deuxième. La petite conversation qui se déroulait sous son regard était intéressante. Ainsi donc, Madame doutait mais Monsieur était sûr de lui. Bon... Il allait donc falloir commencer par là. Sans rien dire, Sarah sortit sa baguette de sa manche gauche et l'agita légèrement, fermant ainsi les rideaux pour éviter à des regards curieux de suivre ce qui allait se passer dans la maison.

" Je suis désolée de vous contredire mais la magie existe et ce depuis fort longtemps. Sa baguette s'agita de nouveau et le fauteuil se déplaça légèrement, s'approchant d'elle pour lui permettre de s'assoir tout en faisant face aux deux adultes. Merci de m'avoir accordé quelques minutes. Je crois qu'il est important que je commence par le début. La magie se transmet de parents à enfant via un héritage génétique. Le gêne de la magie est récessif ce qui rend sa transmission plus rare notamment au sein des populations non sorcières que nous nommons moldues. Le fait est que vous portez tous les deux un gêne de la magie et que vous l'avez visiblement transmis à votre fils qui peut donc exprimer pleinement ce caractère. "

Un peu de concret et de scientifique ne pouvait pas faire de mal. Au moins, le rôle de la génétique dans la transmission des caractères était une chose admise par les moldus, contrairement à l'existence de la magie. Elle faisait, par reflexe, rouler sa baguette entre ses doigts tout en parlant, ne pensant pas une seconde que ce simple geste pouvait éventuellement stresser quelque peu les occupants de la pièce.

" Ce que vous avez nommé il y a peu canular désastreux, n'en était pas un. Désastreux oui, canular non. Depuis des siècles maintenant, il existe ce que nous nommons le secret magique. Il s'agit d'un décret international visant à cacher aux non sorciers, l'existence de la magie pour des raisons de sécurité. Sécurité pour les sorciers, pour les moldues mais aussi pour toutes les créatures magiques qui peuplent nos contrées. Comme nous avons tous pu le voir il y a quelques années, tout le monde n'est pas prêt à admettre que certains individus puissent avoir des pouvoirs magiques. Je les comprends. La magie peut-être une arme redoutable si elle est mal utilisée mais, à la différence d'une arme ou d'une voiture, il n'y a pas de permis pour l'utiliser. C'est simplement le hasard d'une rencontre qui fait naître des sorciers. Pour éviter justement que des sorciers soient lâchés dans la nature sans la moindre éducation, des écoles de sorcellerie ont vu le jour. Poudlard est l'une des plus ancienne et des plus réputées des écoles de par le monde. "

La sorcière fit une petite pause avant de poser son regard sur l'enfant qui se tenait non loin de là.

" Vous n'y apprendrez pas à lancer des lasers avec vos yeux. Un sorcier n'est pas un super-héros. Il est mortel comme tout un chacun et possède des limites qu'il ne faut en aucun cas dépasser au risque d'avoir de graves ennuis. À Poudlard, vous apprendrez à connaître ses limites et à maîtriser votre magie. Pour voler, il vous faudra un balais magique, comme tout le monde. "

Elle délaissa de nouveau le jeune garçon pour reposer ses yeux sur les parents.

" Comme je vous le disais, rien ne vous oblige à envoyer votre fils dans cette école de sorcellerie. Cependant, sachez que la magie grandit en chacun de nous et ce jusqu'à l'âge de 25 ans environ. Si au départ, elle s'exprime sous forme de petit tourbillon de sable, elle peut devenir bien plus violente si on n'apprend pas à l'exprimer convenablement. Pour faire de la magie, un sorcier à besoin d'un catalyseur, plus connu sous le nom de baguette magique. Une fois la connexion faite avec son catalyseur et l'apprentissage magique commencé, le jeune sorcier n'aura plus d'expression non contrôlée, sauf cas très rares. Il pourra se gérer convenablement pour sa sécurité et celle des autres. "

La sorcière fit une pause, laissant volontairement un peu de temps à ses interlocuteurs pour réagir ou poser leur question.

Les parents Cooper se retournèrent vivement vers la fenêtre dont les rideaux s'étaient tirés seuls à l'agitation du morceau de bois. Elijah, lui, s'était simplement redressé, pour mieux observer, la tristesse laissant place à la surprise sur son visage juvénile alors même que le fauteuil bougeait lui aussi tout seul. Il vit du coin de l'oeil ses parents se resserrer légèrement l'un contre l'autre, et ne put que murmurer un Waw ! épaté devant l'évidence qui s'étalait devant ses yeux. La main de Marjory s'était refermée plus brutalement sur le bras de son mari alors qu'elle était incapable de cacher l'inquiétude qui prenait le pas sur sa surprise, et son regard se portait bien souvent sur le bout de bois aux pouvoirs étonnants. Gregory, lui, semblait plus fermé que jamais en écoutant les explications de l'indésirable. Il cherchait bien évidemment une explication logique à ce qu'il venait de se passer, et si l'explication scientifique se tenait, il n'en restait pas moins sceptique en dépit des preuves apportées.

Elijah était donc bien le seul à trouver tout cela absolument formidable, quoi qu'il fut déçu d'apprendre que les sorciers n'étaient pas capables de tirer des lasers avec leurs yeux. Il se contenterait donc d'apprendre à voler, avec un balai s'il le fallait. Il avait presque envie de se jeter sur celui qui était rangé dans le placard ménager, juste pour voir si ça fonctionnait réellement. Il ne bougea cependant pas, buvant littéralement les paroles de Madame Priddy, en se demandant quel genre de choses il serait capable d'accomplir si lui aussi avait l'une de ces fameuses baguettes magiques. Il mit bien évidemment de côté tout ce qui concernait de quelconques limites, ne préférant garder que l'extraordinaire.

- Vous êtes en train de nous dire que notre fils pourrait devenir dangereux si nous ne le mettons pas dans votre école ? asséna Gregory d'un ton amer. Et vous osez dire que rien ne nous oblige à l'y envoyer ?

L'énervement du père était palpable, il en était presque menaçant de sarcasme. Nul doute qu'il se serait levé si sa femme ne se tenait pas à son bras comme si sa vie en dépendait. Elle finit tout de même par se racler la gorge.

- Pourriez-vous... Ranger ça ? demanda-t-elle avec une certaine appréhension en désignant la baguette magique d'un geste du menton.

Et Elijah eut la désagréable impression que sa mère était effrayée à cause de lui. Incapable de rester en place plus longtemps dans cette atmosphère qui n'avait rien d'habituelle pour lui, il se leva soudainement pour disparaître en courant, au son des claquettes sur ses talons.

- Et où se trouve cette école ? Ce... Poudlard ?
- Enfin, Marjory, tu n'y penses pas ! Nous n'allons pas envoyer notre fils dans une école complètement inconnue remplie de gosses dangereux alors qu'il est admis au Brighton College ! s'exclama Gregory, outré d'entendre sa femme poser de telles questions pratiques à une femme qu'ils ne connaissaient que depuis quelques minutes.
- Ouvre les yeux, nous venons d'obtenir des informations bien plus crédibles que toutes celles que nous avions jusqu'ici. Si vraiment Elijah est comme ces gens, il doit apprendre à se contrôler.
- Ma femme est folle ! éclata le père en se levant, se dégageant par la même de la poigne de sa femme tandis qu'il quittait la pièce à son tour.

Et au son de la porte d'entrée qui claquait, il venait visiblement de partir de la maison elle-même. Marjory eut un sourire crispé pour son hôte.

- Il a toujours eu du mal avec tout ce qui sort de l'ordinaire, il finira par se calmer. expliqua-t-elle, essayant davantage de se convaincre elle-même que la sorcière.

Elijah revint alors avec un plateau sur lequel reposaient quatre verres remplis et un grand pichet de citronnade glacée. Il s'arrêta un instant sur le seuil du salon.

- C'est Papa qui est parti ?
- Ne t'inquiète pas, mon chéri, viens t'asseoir. Je demandais à la dame des précisions sur cette fameuse école.

Le garçon se mordit une fois de plus les joues, et finit par simplement tendre un verre à la professeure, ainsi qu'un à sa mère avant de prendre place à ses côtés.

- J'voulais détendre tout le monde, c'est pas grave si ça existe, pas vrai ? Et si P'pa préfère que j'aie pas de pouvoirs, ils peuvent me les retirer, comme ça je serai pas dangereux, hein oui M'dame ?

Sarah mit quelques secondes à comprendre ce que lui demandait la femme face à elle. Que voulait-elle ranger ? Elle n'eut cependant pas le temps de répondre à son souhait que l'homme explosait littéralement. Sarah garda donc encore un peu sa baguette en main. Elle comprenait la colère du père de famille mais tout de même. Si le fils tenait du père, il allait devoir apprendre à se maîtriser pour éviter les débordement magiques. Il allait se calmer assurait son épouse et bien, Sarah l'espérait car l'avenir de son fils en dépendait. Le petit Cooper réapparut soudain avec un plateau rafraichissant. Sarah ne put s'empêcher de lui adresser un sourire et le remercia pour ce verre bienvenu, évitant volontairement de répondre directement à la question de l'enfant.

" Je comprends votre désarroi et votre incompréhension. Je viens avec beaucoup trop d'informations. Le fonctionnement du monde magique est complexe et trop éloigné du monde non magique. Pardon, si elle vous gêne, je ramasse ma baguette. "

Elle fit disparaître l'artefact qu'elle agitait sans même s'en rendre compte dans sa manche et but une gorgée dans son verre afin de gagner un peu de temps et réfléchir à ce qu'elle devait dire. Pour elle aussi la situation était bien confuse.

" Une réussite Monsieur Cooper, votre citronnade est délicieuse. Pour en revenir à notre discussion initiale, Poudlard se trouve en Ecosse. Il s'agit d'une école avec internat. Le règlement y est assez strict concernant l'uniforme, l'utilisation de la magie, des balais,... Les élèves sont répartis dans ce que nous nommons une maison à leur arrivée en fonction de leur caractère et de leur centre d'intérêt. Chaque maison est liée à un lieu particulier dans le château et gérée par un directeur ou une directrice. Je suis moi-même directrice de la maison Poufsouffle pour la prochaine rentrée. J'étais à la direction de la maison Serpentard depuis la fin de l'hiver. Les élèves resteront dans leur maison toutes leur scolarité. Un train au départ de Londres, gare King Cross, est spécialement mis en place pour acheminé les élèves au début et à la fin de chaque période de vacances. "

La sorcière but une nouvelle gorgée, laissant ainsi un instant aux deux personnes qui lui faisait face pour assimiler toutes les informations.

" Si vous ne souhaitez pas que votre fils se rende à Poudlard, un certain nombre de choses seraient à mettre en place mais, honnêtement, je pense que ce serait très compliqué notamment les premières années. Votre fils doit apprendre à utiliser son catalyseur, or, la pratique de la magie est interdite pour les mineurs en dehors de leur établissement scolaire. De plus, il doit apprendre sans trahir son statut de sorcier. Ce que nous nommons le secret magique est un point extrêmement important. Personne ne doit connaître la condition d'Elijah en dehors de cette maison. Il en va de sa sécurité et de la votre. Les gens ont tendance à sur-réagir face à l'inconnu et souvent dans le mauvais sens. La loi magique interdit formellement la divulgation d'information magique à des moldus, c'est à dire des non sorciers, en dehors du cercle familial restreint. "

Elle s'abstint de préciser que des peines notamment d'emprisonnement étaient prévues pour les contrevenants dans certains cas graves ou que des brigades magiques passaient effacer les mémoires des gens.

" Enfin, pour ce qui est de votre question Monsieur Cooper, on ne peut heureusement pas changer vos gênes d'un coup de baguette magique. Vous êtes ce que vous êtes et vous êtes un sorcier. Certains ont tenté de refouler leur magie, par peur ou pour suivre une règle établie ou imposée. C'était même une chose courante, notamment pendant les périodes de chasse aux sorcières au Moyen-Age. Ces personnes deviennent alors ce qu'on appelle des obscutriales. Elles n'ont plus alors la possibilité d'invoquer leur magie mais la magie reste en eux, sous la forme d'une... Force magique grondante. Souvent, le sorcier qui refuse de laisser parler sa magie est détruit par son obscurus à un âge peu enviable. La magie est trop puissante, il faut apprendre à vivre avec elle et non contre elle. "

Assis aux côtés de sa mère, Elijah semblait avoir réellement perdu sa bonne humeur et toute son énergie tandis que la professeure continuait d'expliquer davantage de choses sur Poudlard et la magie en elle-même. Il avait évidemment toujours rêvé d'avoir des super-pouvoirs, d'être différent de tous les autres enfants, mais maintenant que ce rêve devenait réalité, il se rendait compte que cela s'apparentait bien plus à un cauchemar qu'à autre chose. Il se moquait d'aller dans une école stricte, il n'avait jamais eu l'âme d'un rebelle et savait se montrer sage, quoiqu'il avait toute cette énergie à revendre. Cependant, le fait que l'école fut située en Ecosse ne lui plaisait pas. C'était bien trop loin de chez ses parents. Et il n'avait aucune envie d'aller dans un internat. Encore moins s'il devait s'y rendre sans Winona et Edgar. Toute sa vie se trouvait à Brighton, et n'y revenir que pendant les vacances n'était clairement pas dans ses intentions.

Il se perdit un instant, le nez dans son verre de citronnade. Madame Priddy avait raison, elle était très réussie. Pourtant, même ce simple fait ne pouvait lui remonter le moral. Son père était parti parce qu'il était dangereux. Et si sa mère tentait de faire bonne figure, il sentait bien qu'elle était tendue. Et les choses n'allèrent pas en s'arrangeant alors qu'il apprenait que personne en dehors de ses parents ne pourraient être au courant de ce qu'il était. Il n'aimait pas mentir, cela le faisait se sentir terriblement coupable, et il était persuadé que n'importe qui pouvait lire sur son visage dès qu'il essayait de cacher la vérité. Mentir à ses meilleurs amis serait tout simplement impossible. Il devait absolument se débarrasser de ces pouvoirs malvenus.

Mais c'était impossible. Le couperet venait de tomber, et il reposa son verre vide sur la table, le cerveau refroidi par quelques glaçons trop vite fondus. Ses claquettes tombèrent au sol tandis qu'il ramena ses jambes contre son torse sur le canapé, pour les enserrer de ses bras. Cependant, malgré son menton tremblotant, aucune larme ne vint mouiller ses joues. Il prenait sur lui comme il le pouvait, imaginant une drôle de créature surpuissante qui vivrait en lui pour finir par le tuer en l'avalant dans de terribles ténèbres.

- J'veux pas mourir, annonça-t-il d'une voix blanche, derrière laquelle se cachait quelques sanglots qu'il peinait à retenir.

Sa mère tourna subitement la tête vers lui pour le ramener contre elle en passant sa main dans ses cheveux qu'elle caressa doucement. Si elle avait ouvert la bouche, aucun mot n'en sortit, et elle finit par la refermer aussitôt, peinant elle-même à analyser tout ce qu'elle venait d'apprendre. Elle donnerait n'importe quoi pour que son mari soit à ses côtés dans cette histoire, parce qu'il lui semblait tout simplement impossible de prendre une quelconque décision décisive pour l'avenir d'Elijah en si peu de temps.

- Tu ne vas pas mourir, mon chéri, tu vas apprendre à utiliser ta... magie, et tout ira bien, d'accord ? finit-elle par lâcher à voix basse, sans même se rendre compte qu'elle venait de prendre cette fameuse décision en une demie-seconde, uniquement pour rassurer son fils.

- Mais j'veux pas aller en Ecosse ! J'veux pas aller loin de toi ou de P'pa ! Et Wine et Ed c'est pareil ! , s'exclama-t-il tout en s'extrayant de l'étreinte maternelle. Il s'était à présent mis debout sur le canapé, un air de défi sur le visage qui ne lui ressemblait guère. Il essuya alors ses yeux humide de l'intérieur de sa main avant de sauter au bas de son siège. Et puis j'veux pas mentir, c'est pas bien ! Et d'abord, ma vie elle est très bien ici, et j'suis même pas dangereux ! Vous êtes une menteuse ! Vous êtes une menteuse, et vous voulez que tout le monde mente comme vous ! hurla-t-il en pointant du doigt la professeur.

- Elijah, ça suffit ! Je t'interdis de parler ainsi ! s'imposa aussitôt sa mère qui lui attrapa la main pour le forcer à se rasseoir à ses côtés.

Le gamin semblait tendu comme un ressort, prêt à bondir de nouveau, mais il obéit et se tut, non sans adresser un regard bien peu avenant à cette femme qui venait gâcher sa vie alors qu'il devait aller surfer.

- Veuillez l'excuser. Est-ce que nous pouvons y réfléchir ? Je crains que tout cela ne soit un peu trop pour que nous prenions une décisions aussi rapidement. Peut-être auriez-vous un numéro de téléphone ou une adresse mail à laquelle je pourrais vous joindre pour d'autres renseignements ? Ou une brochure ?

Marjory essayait visiblement de garder contenance jusqu'au bout, mais voir son fils ainsi était si inhabituel qu'elle préférait calmer les choses immédiatement. Et surtout, elle devait en parler à Gregory avant quoi que ce soit. Il était évident qu'ils auraient tout un tas d'autres questions dès qu'ils auraient digéré tout cela, mais elle savait qu'il n'était pas bon d'agir sur le vif. Tout le monde avait besoin de rassembler ses idées avant d'aller plus loin.

Et voilà, ce qui devait arriver, arrivait. Quand on apprenait que la magie n'était pas juste un truc drôle permettant d'être trop cool, on paniquait. Sarah s'abstint de commentaire, remerciant d'un sourire et d'un hochement de tête la mère de famille pour son sang-froid.

" Vous ne mourrez pas demain Monsieur Cooper. Vous allez grandir et apprendre comme tous les enfants du monde ; ne vous en faites pas. Quant à vos amis, ils le resteront. Simplement, raconter la vérité, passera probablement pour un énorme mensonge. On peut raconter le strict nécessaire sans mentir. Tout est question de limites. "

Elle s'autorisa une petite pause le temps de plonger la main dans son sac et d'en sortir une grande enveloppe.

" Vous trouverez de nombreuses informations dans l'enveloppe que je vous ai remise un peu plus tôt. Notamment la liste des fournitures scolaires et autres modalités de pré-rentrée. Je vous remets cette deuxième enveloppe. Elle contient 12 noises, la monnaie sorcière et une enveloppe au nom de la directrice de l'établissement, Elina Montmort. Vous pourrez ainsi lui envoyer un courrier si vous en avez besoin. "

L'enveloppe que Sarah déposa sur la table basse toute proche portait une adresse un peu étrange mais tout à fait correcte : Chaudron baveur 95 Charing Cross Rd, London WC2H 0HG, Royaume-Uni.

" Les sorciers échangent par le biais de hiboux ce qui, je vous l'accorde n'est pas vraiment très pratique. Cette adresse est une boîte postale connue des deux mondes. Vos courriers seront ensuite transmis à l'établissement à condition d'y glisser la somme nécessaire. Les appareils électriques ou électroniques ne fonctionnent pas à Poudlard. Les interférences magiques sont trop grandes et les appareils ne tiennent pas plus de quelques heures et encore. Je possède un téléphone portable dont je peux vous laisser le numéro. Vous vous en doutez que je ne l'ai pas toujours sur moi et surtout qu'il n'est pas toujours allumé car je pratique beaucoup la magie. N'hésitez pas à me laisser un message, je répondrai dès que possible. "

Pour une fois, elle pouvait remercier sa mère avec ses idées moldues étranges. Ce portable qu'elle n'allumait qu'épisodiquement quand elle était chez elle pour garder la possibilité de la joindre allait peut-être s'avérer utile au final. Elle sortit de son sac un parchemin et une plume et nota rapidement son nom et son numéro de téléphone. Elle déposa le papier sur la table basse avec l'enveloppe puis se leva.

" Merci pour votre patience et votre sang-froid Madame Cooper, je sais que ce n'est pas simple. Pour les fournitures, si vous validez l'inscription d'ici la fin juillet, je pourrais revenir fin août pour faire découvrir à votre fils le monde magique et acheter ce dont il a besoin. Je pourrais également vous échanger de l'argent à Gringotts, la banque des sorciers si vous le souhaitez. Actuellement, un gallion vaut environ 5 livres sterling si je ne m'abuse. Bonne fin de journée à vous et n'hésitez pas si vous avez des questions. "

Sur ce, ne voyant pas bien ce qu'elle pourrait faire de plus dans la maison, elle prit, après un sourire poli, la direction de la sortie. Elle s'arrêta soudain avant de sortir de la pièce et se retourna.

" Oh si, il y a une chose qui pourrait vous intéresser. La sorcière sortit de nouveau sa baguette. Aparecio. "

Un livre apparut dans sa main libre. Un blason doré ornait la couverture de cuir brune.

" Sur la couverture c'est le blason de l'école Poudlard. Ce livre raconte son histoire et de nombreuses choses à son sujet. Il pourrait vous intéresser et peut-être vous aider à y voir un peu plus clair. "

Elle déposa l'ouvrage sur la table avec le reste des papiers avant de quitter les lieux pour de bon. Il faudrait qu'elle pense à en acheter avant de venir chez les gens tiens. Pour les nés-moldus, c'était une belle brochure de présentation.

Fin du RP pour moi à priori, en espérant que Sarah ait été un minimum convaincante.