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06 avr. 2023, 09:52
Accords perdus  PV : Aelle Bristyle 
[PV : @Aelle Bristyle]

Samedi 21 décembre 2047
Fin de soirée


- Couloir, Bal de Yule -

Le temps lui avait semblé s’écouler comme dans un sablier, étiré grains après grains. Mille lunes avaient éclairé la fenêtre de sa chambre, toutes ces nuits sans parvenir à trouver le sommeil. Tant d’espoirs s’étaient évaporés au rythme des saisons, alors qu’obnubilé par son bracelet, il avait patiemment attendu un signe, une présence bienveillante, le moindre réconfort. Mais le sorcier qui lui avait offert ce cadeau ne s’était jamais plus manifesté au travers de cette lanière de cuir tressée autour de son poignet. Ennis était présente la seule fois durant laquelle le jeune Écossais avait perçu cette voix mystérieuse résonner au fond de son âme solitaire. Il avait compris à cet instant précis, tout s’était éclairé.

« Je sais qui est mon vrai père », rien de bien compliqué dans cette formulation : Vingt-trois lettres, un sujet, un verbe, un complément d’objet. Les tentatives d’en parler à sa mère s’étaient toutes soldées par des échecs. Les mots n’étaient jamais parvenus jusqu’à la commissure de ses lèvres. Toutes ces voyelles et ces consonnes, verbalisation de ses pensées, lui pourrissaient la vie depuis son plus jeune âge. Que lui aurait-elle répondu de toute façon ? Ce qu’il savait déjà, inutile donc.
Quelle étrangeté que cette sensation d’une sorte de pansement sur une plaie invisible, et dont il ignorait la raison, à chaque fois qu’il s’était trouvé en présence de Penwyn. Il comprenait maintenant tout ce que le coeur et les tripes de cet homme criaient silencieusement depuis son regard ému. Il avait fallu qu’il disparaisse pour l’entendre. Aujourd’hui lui restait seulement le manque de ce professeur de Poudlard, évaporé de sa vie aussi rapidement qu’il y était entré.

Le vide, le manque, et ce morceau de ficelle.

Cela faisait plus d’un an qu’il ne parlait plus à personne, en dehors des politesses d’usage. Ses copains du dortoir s’étaient fait une raison. Ils ne lui posaient plus de question, et respectaient son silence. Gabryel s’était toujours distingué par sa discrétion, depuis son entrée à Poudlard. Sa solitude exacerbée n’avait donc rien de vraiment surprenant. Chacun gérait son adolescence comme il le pouvait, avec ses armes et ses secrets.

Le Gryffon ne bougeait pas. Son regard scrutait l’intérieur de la salle de bal. Tous ces élèves, dont beaucoup étaient de proches camarades, lui paraissaient à cet instant comme des ombres sans visage. Fleurdelys aurait tant aimé se demander ce qu’il faisait ici, pourquoi il s’était vêtu de son costume de soirée, et faire le choix de rebrousser chemin jusqu’à son lit. Il se serait emmitouflé sous sa couverture, et aurait attendu une fois de plus que les lueurs matinales daignent offrir un jour nouveau, sans saveur et monotone. Un de plus. Mais il ne savait pas mentir, encore moins à lui-même. Il avait parfaitement conscience des raisons de sa présence, pourquoi il avait boutonné son col blanc, noué sa cape autour de son cou, ciré ses chaussures, et arpenté chacune des marches de l’escalier, le coeur au bord des lèvres.

Aelle.
Il crevait d’envie d’apercevoir sa silhouette et son regard sombre parmi la foule attablée, autant qu’il suppliait le destin de ne pas lui accorder ce souhait. La Poufsouffle et lui ne s’étaient plus reparlé depuis si longtemps. Il avait abandonné les leçons de magie qu’elle lui dispensait près du lac, au pied du Petit Chalet, sa cabane nichée au coeur d’un Saule Pleureur. Leur dernière conversation avait mis en exergue leurs différences, celles-là même que l’enfant avait adulées. Il avait compris que le reste du chemin se ferait sans elle. Il n’était pas parvenu à lui exprimer avec suffisamment de force ce qu’il ressentait. Il n’avait pas su la rassurer, la protéger de ses doutes permanents. Elle ne saurait jamais combien elle était belle, dans ses révoltes, son mutisme, sa fierté, et à quel point il chérissait sa fragilité, dissimulée derrière toutes ses barricades.
Elle aussi, il l’avait perdue.

Figé comme une armure du Château, le garçon ne la voyait pas.

Non, il ne voulait pas la voir.

Il se désepérait.


@Aelle Bristyle : J’ai librement interprété ton dernier post au bal de Yule, dans lequel tu me citais, comme un appel du pied auquel je n’ai pas résisté…
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 24 avr. 2023, 16:11, modifié 2 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

10 avr. 2023, 23:04
Accords perdus  PV : Aelle Bristyle 

Tenue traditionnelle éthiopienne. Sa correspondante, Milya, en porte une semblable.


21 décembre 2047
Salle de bal — Poudlard
7ème année
Se déroule entre ceci et cela.



Nous fendons la foule. Deux silhouettes enveloppées de nos habesha kemis blanc, la mienne plus maladroite que celle d'Araya. Elle me suit silencieusement, sans savoir que je n'ai aucune idée de l'endroit vers lequel je me dirige, sans rien connaître de l'âme que j'attends impatiemment de rencontrer pour qu'elle me sauve de l'ennui et du silence qui m'attend dès lors que nous nous immobiliserons de nouveau. Souvent, mon regard traverse la foule et accroche presque au hasard la chevelure nouée de Peers. Elle m'apparaît sans que je fasse le moindre effort : je sais où elle se trouve et avec qui elle danse. Je sais aussi que je finirai par me faire voir d'elle pour que nous puissions effectuer la danse qu'elle m'a proposée avant de quitter la table.

En attendant, je passe d'un visage à l'autre et écarte impatiemment tout ceux qui ne me conviennent pas pour mon besoin actuel : Jefferson est en compagnie ainsi que Blackburn et Nerrah, ma conversation avec Macbeth est trop récente pour que je l'approche de nouveau, comme celle partagée dans l'après-midi avec O'Belt. Mon regard se pose un instant sur Priddy dont la vision me rappelle toutes les fois où j'ai refusé de lever la main en cours pour répondre à ses questions et les raisons de ces refus ; ce n'est pas elle qui m'aidera ce soir. Des visages familiers, des camarades qui n'en sont pas, des âmes que je côtoie entre deux tâches beaucoup plus importantes que celle de nouer des amitiés ou d'approfondir des relations. Personne ne me convient et je continue de fendre la foule en compagnie de ma correspondante à laquelle je ne sais que dire.

Jusqu'à ce que je l'aperçoive, là-bas, caché au creux de sa propre solitude. Il s'est passé toute une vie depuis le dernier vrai moment que nous avons passé ensemble. Entre temps, tout s'est effondré et tout peine à se reconstruire. Rien ne peut expliquer pourquoi je me dirige sans hésiter vers lui. Ou peut-être que cette décision trouve son explication dans les nombreux souvenirs que nous partageons, lui et moi. Comme nos moments passés au Petit Chalet, aujourd'hui dans la Salle de bal je sais que je trouverai avec lui une atmosphère familière qui me fait beaucoup moins peur que l'inconnu bourré de malaise que me propose Milya Araya Bogale.

Je n'ai aucun regret des mois passés. Je ne pense pas avoir une seule fois ressenti le manque de ce garçon. Notre éloignement s'est fait avec une telle simplicité que je n'en éprouve aussi peu de douleur que lui doit en ressentir. Le Gryffondor fait partie de ces personnes que je sais pouvoir retrouver même quand les semaines, les mois voire les années se dressent entre nous. Peut-être est-ce pour cela que je l'apprécie ?

Je grignote les mètres qui nous séparent en zigzaguant entre nos camarades joliment habillés pour la soirée. Je me poste devant lui comme si nous nous étions quittés la veille.

« Gabryel. »

Un mot avant que ne jaillissent dans mon corps les sensations habituelles que je ressens toujours en sa présence. Je dois bien avouer qu'elles me surprennent : je les avais oublié. Le temps n'est-il pas censé les effacer ? Apparemment non puisqu'en tombant dans son regard bleu, toujours aussi clair, noté-je, mes entrailles se nouent et une agréable chaleur se répand dans mon ventre. Ceci aussi, je l'avais oublié : mes yeux qui parcourent son visage et qui y trouvent des détails familiers qui m'ont toujours ravis. Un sourire naturel m'étire les lèvres mais il est si discret qu'il s'affiche à peine sur mon visage.

Il a grandi et je trouve dans ses traits quelque chose de plus dur qui ne s'y trouvait pas un an en arrière. Je ne suis pas certaine que cela me déplaise mais il faut dire que ce n'est pas une question qui m'intéresse énormément. Je préfère me vautrer dans la familiarité dans laquelle sa présence me plonge que me poser des questions.

Je me tourne vers Araya qui regarde curieusement Gabryel. Se demande-t-elle pourquoi je ne l'ai pas évoqué lorsqu'elle m'a indiscrètement demandé de lui présenter mes amis ? Aurais-je dû l'appeler "Fleurdelys" pour ne pas qu'elle se pose de questions ? Non, décidé-je, je n'ai pas à changer ma façon d'être : si elle devient indiscrète, je n'aurais aucun mal à lui faire comprendre que ses questions m'indisposent.

« Milya Araya Bogale, présenté-je sobrement ma correspondante en la désignant d'une main et en regardant tour à tour l'Éthopienne et le Gryffondor. Ma correspondante d'Uagadou. Araya, je te présente Gabryel Fleurdelys. C'est un... »

Je tourne la tête vers ledit Gabryel, la bouche entrouverte, les mots peinant à dépasser la barrière de mes lèvres. Je laisse ma phrase en suspend sans savoir comment la terminer. À vrai dire, je ne sais pas ce qu'il est exactement, ce garçon avec lequel je n'ai pas réellement discuté depuis de longs mois mais qui parvient encore à me troubler de la sorte.

Reducio
Si Gabryel ne termine pas rapidement la phrase d'Aelle (au bout de disons cinq secondes, voici comment elle la conclura :

« ... camarade. »

À toi de voir qui parle en premier de Gab ou d'Aelle !



Milya est petite (≃ 1m45) a des yeux noisette et des cheveux noirs. Elle a un accent marqué lorsqu'elle parle. Elle vient d'Éthiopie et fait ses études à Uagadou ! Elle est à Poudlard pour deux semaines, comme les autres correspondants participant au programme ! Comme je ne sais pas où tu en es du contexte, je préfère te l'expliquer.

Tu sais déjà tout ce que m'inspirent tes mots mais je me répète : ils me font rêver à de belles choses.

12 avr. 2023, 00:14
Accords perdus  PV : Aelle Bristyle 
Lorsque ses yeux se posèrent sur Aelle, le soleil se leva à nouveau. Autour d’elle, plus rien n’existait. La lumière semblait avoir retrouvé son chemin, perdu depuis des siècles. Elle avança vers le garçon d’un pas décidé, comme si rien n’y survivrai sur son passage. Elle était plus belle que jamais, dans sa tenue traditionnelle. Gabryel était subjugué. Lorsqu’elle parvint à sa hauteur, le parfum de la jeune sorcière réveilla chacun des atomes qui composaient le corps de l’adolescent. En sa présence, il redécouvrit la sensation d’être vivant.

- Gabryel.

Le son de sa voix lui donna l’illusion qu’une simple minute s’était écoulée depuis leur dernier échange. Il avait pourtant tout tenté afin de l’oublier, l’évitant du mieux qu’il put. Il comprit à cet instant que l’on ne remplaçait pas un manque par un autre. Tout ce temps passé à se désespérer sur la disparition d’Edward Penwyn avait été en réalité une duperie. Il n’avait jamais effacé Aelle de son coeur. En vérité, elle ne l’avait jamais quitté.

- Milya Araya Bogale, ma correspondante d'Uagadou. Araya, je te présente Gabryel Fleurdelys. C'est un...

- Idiot…
(silence)
- Tu es… magnifique.

L’écossais se frotta le bout du nez, et passa nerveusement sa main sur sa nuque en s’ébouriffant les cheveux, avant de se tourner vers l’autre jeune fille avec un discret sourire.

(en français)
- Enchanté de faire votre connaissance.

Il lui tend la main.

- Je suis en cinquième année dans la maison Gryffondor.

Il prononça chaque mot en s’assurant de n’en accrocher aucun. Puis ses pupilles se plongèrent à nouveau dans celles d’Aelle.

- Je n’ai pas participé au programme Amico. Je suis passé… par hasard.

Le fait qu’il soit affublé de son costume de soirée, posté devant la porte de la salle du bal à ce moment précis, mettait en évidence qu’il n’y avait rien de logique dans ce qu’il venait d’affirmer. Il prit conscience que son mensonge était énorme.

- Enfin… presque.

Il éclata d’un rire lumineux, le premier depuis des lustres. Il devait avoir l’air bien stupide.

- Je suis très content de… enfin… de te revoir. Mais je ne vvvvveux pas vous déranger davantage, ton amie et toi.

Gabryel baissa les yeux vers le sol.

Je suis toujours aussi heureux d’écrire avec toi ^^

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

13 avr. 2023, 00:48
Accords perdus  PV : Aelle Bristyle 
Je ne sais pas ce qui me trouble le plus entre son insulte envers sa propre personne et le compliment qui sort de nul part. Le fait est que ces simples mots qu'il m'adresse me percutent et que j'ouvre la bouche comme une abrutie avant de la refermer sans n'avoir rien trouvé à dire — sans n'avoir rien voulu dire. Je n'ai jamais été particulièrement flattée des quelques compliments que je peux recevoir en de très rares occasions, peu importe de qui ils proviennent. Je me fiche comme de mon premier chaudron de ce que j'inspire chez les autres. Qu'importe qu'ils me trouvent à leur goût ou non puisque la plupart d'entre eux ne sont de toute façon pas au mien. Mais un « magnifique » dans la bouche d'un Gabryel Fleurdelys, ce n'est pas qu'une simple formule de politesse, un compliment seulement destiné à me flatter, me faire plaisir ou je ne sais quoi d'autre. C'est une vérité. Et là, je dois composer avec le fait que Gabryel me trouve magnifique et je dois avouer que j'ai un peu du mal à me souvenir qu'il me faut donner une impulsion à mon corps pour faire pénétrer l'air dans mes poumons pour ne pas suffoquer.

Je détourne les yeux pour retrouver une contenance. Malheureusement je ne trouve que le regard légèrement écarquillé que me lance Araya et la moue qui lui étire les lèvres. Je sais qu'elle ne se moque pas mais sa réaction me gêne ; je lui lance un regard noir qu'elle ne remarque pas, trop occupée qu'elle est à écouter Gabryel qui s'est mis en tête de parler français lors d'une rencontre où cette langue ne fait pas partie de celles que les différentes parties peuvent comprendre. Le pire, c'est que c'est tout à fait lui de faire une telle chose et que cela ravive des souvenirs que je pensais oubliés.

Une main se tend. Araya la serre joyeusement. Et moi, je profite d'observer cette poignée franche pour ne pas avoir à regarder Gabryel et à me questionner sur son « idiot » prononcé un peu plus tôt. C'est un mot que je connais drôlement bien, n'est-ce pas ? Mais jamais je n'aurais cru qu'il l'utilise pour lui-même. Un idiot ? Pourquoi donc ? Qu'est-ce qu'il baragouine ? Se trouve-t-il idiot d'arriver si tard à une soirée qui a commencé il y a plusieurs heures déjà ? Idiot de rester dans le couloir alors que le coeur de la fête se situe plus loin dans la pièce ?

Passé par hasard, dit-il. Affublé comme il est de son costume ? Je le regarde de haut en bas et de bas en haut, plusieurs fois de suite, avant de mettre ça sur le compte de son originalité. Pour un garçon qui cherche des grenouilles, qui s'amuse dans la boue et qui discute avec les fourmis, je ne devrais pas être surprise de le trouver errant dans les couloirs avec son costume — qu'il porte fort bien, par ailleurs.

Son enchaînement douloureux de "v" m'achève. Gabryel a toujours bégayé, ce n'est pas nouveau, mais là, à ce moment précis, ça rajoute un côté troublant à la conversation.

« Vous êtes bien habillé pour quelqu'un qui passe par hasard devant une salle de bal. »

La voix chantante d'Araya m'arrache au visage de Gabryel que je fouillais avec une attention toute particulière dans l'espoir de le comprendre. Merlin, pourquoi le vouvoie-t-elle également ? Dans quel monde étrange suis-je donc tombée ? Son sourire adoucit la moquerie gentille que l'on a pu entendre dans sa voix. Mon regard ne se pose guère dans les yeux bleus de l'idiot que je peine à regarder en face depuis qu'il m'a asséné deux grandes vérités dérangeantes : tu es magnifique et je suis content de te revoir.

« Je suis contente de vous avoir rencontré, Gabryel, » articule soudainement Araya d'une voix précipitée en me jetant des regards en coin.

Que fait-elle, bordel ?

« Je peux vous laisser tranquille.
C'est pas du tout le...
À plus tard, Aelle. On se retrouve... »

Elle ne prend même pas la peine de terminer sa phrase. Elle s'est déjà éloignée après avoir offert un sourire à Gabryel. Je lance un regard embêté à ce dernier ; je n'ai rien compris à ce qu'il vient de se passer.

« Elle est pas aussi bizarre d'habitude... »

La fête bat son plein autour de nous. Des rires, des cris, de la musique qui résonne, des silhouettes qui entrent et qui sortent. Et lui et moi plantés là. Je me racle la gorge et ramène mes yeux dans les siens en prenant le temps d'observer les traits de son visage qui me paraissent presque étrangers après ce temps passé à ne pas les observer.

« Il y a sans doute tout un tas de choses qui font de toi un idiot mais c'était pour quoi, cette fois-ci ? »

Les pensées secrètes de Milya, en avant première :
« Oh là là, il vient de lui dire qu'elle était magnifique ? Et il bafouille ? Il... Il n'ose même pas la regarder ? Oh, je me sens de trop. Je suis de trop. Et elle a rougi, je suis presque sûre qu'elle a rougi. Se pourrait-il qu'elle... Ait un coeur ? Je veux pas rester au milieu d'eux ! »
Dernière modification par Aelle Bristyle le 13 avr. 2023, 22:38, modifié 1 fois.

13 avr. 2023, 19:33
Accords perdus  PV : Aelle Bristyle 
Fleurdelys ne parvenait pas à détacher son regard de celui d’Aelle. La demoiselle parut absorber les phrases que le garçon venait de prononcer. Elle n’était pas de ces filles en attente de compliments, ou sensibles à la flagornerie. Pour la Poufsouffle, les mots avaient un sens, une vérité profonde. Elle n’en prononçait aucun sans une utilité absolue, ou à des fins de babillages inutiles. Mieux valait se taire que de n’être pas totalement honnête dans ses propos. Aussi devait-elle évaluer la sincérité de Gabryel. L’observant avec une profondeur déroutante, elle semblait redécouvrir son visage, scrutant le moindre de ses cils. Soudainement, sa jeune correspondante creva cette bulle hors du temps, serrant à son tour la main de cet élégant et étrange Gryffon. 
 
- Vous êtes bien habillé pour quelqu’un qui passe par hasard devant une salle de bal… 
 
L’air mutin et malicieux d’Araya plu immédiatement à Gabryel, qui lui répondit d’un sourire timide. Il n’y avait guère besoin d’être legilimens pour deviner que cette enfant, venue de loin, avait compris la démarche de l’adolescent, et la raison de sa présence. 
 
- Je suis contente de vous avoir rencontré Gabryel. Je peux vous laisser tranquille. A plus tard Aelle… 
 
Aelle, dont le gène empourpra les joues, tenta bien de bredouiller quelque chose afin de la retenir, mais Araya les avait déjà quittés. Ils se retrouvèrent ainsi seuls, face à face. Gabryel aurait aimé être, à cet instant, un petit papillon multicolore. Il se serait posé dans la chevelure d’Aelle, pour l’éternité, à l’abri du Monde.

- Il y a sans doute tout un tas de choses qui font de toi un idiot mais c'était pour quoi, cette fois-ci ?

L’admiration que portait le Rouge et Or à sa camarade depuis le premier jour résidait, pour beaucoup, dans sa capacité naturelle à exprimer ses pensées sans posture, ni détours. Sa question ne dérogea donc pas à la règle. Il se gratta à nouveau le bout du nez.

- Il faut être un idiot pour… s’éloigner d’une personne telle que ttttoi, ne serait-ce qu’une semaine.

(**Parce que je t’aime, Aelle, que je ne respire plus depuis un an**)

- Tu sais, j’ai… appris des choses concernant mon ppppère. Ça m’a fait mal à en crever.

(**Je me suis concentré sur cette douleur, pour oublier celle de ne plus te voir**)

Gabryel passa nerveusement sa main sur sa nuque.

- Je m’excuse, Aelle.

Il se sentit piteux, comme la fois où il l’avait revue en salle commune, après l’effroyable bal des sorcières. Il n’avait pas su la protéger. Il se rendit compte qu’à nouveau, il n’avait pas été suffisamment fort.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

15 avr. 2023, 11:41
Accords perdus  PV : Aelle Bristyle 
Il faut être un idiot pour s'affaler dans la boue, Fleurdelys, pour se pointer à une soirée avec trois heures de retard, pour me regarder comme tu le fais, pour me priver de tes rires qui t'échappaient bien plus souvent avant. Il faut être un idiot pour plein de choses, je peux te donner bien dix raisons différentes pour lesquelles je te trouve idiot en ce moment précis mais ça ? Mince, alors. J'inspire brusquement par le nez et tourne mon visage au loin, en direction de la foule, pour ne pas prendre le risque de porter trop d'attention à ce qu'il me dit. Enfin, il y a une grande différence entre vouloir quelque chose et parvenir à le faire, aussi ne parviens-je pas à songer à autre chose que cette drôle de phrase, évidemment.

Qui dit ça ? Sérieusement ? De nos jours qui avoue en regardant l'autre droit dans les yeux qu'il faudrait être fou pour s'éloigner d'elle ? De quoi il parle, là ? Oui, bon, cela fait un moment que nous n'avons pas discuté lui et moi, et après ? S'en est-t-il attristé ? Et bien c'est un jeune homme triste très discret parce que jusqu'ici, je n'en ai rien su, de sa tristesse.

Je remonte des mois en arrière. De longs mois. Chose que je déteste faire car sur le chemin qui me mène jusqu'à janvier dernier, je suis bien forcée de passer par la fin du mois de juin, et ça me fout un coup violent dans le coeur. Je m'accroche laborieusement pour ne songer qu'à ce jour pluvieux dans le parc. Je m'en souviens, moi qui ne porte pourtant pas grand intérêt à ce genre de détails. Il pleuvait, les escargots étaient de sorti et ce grand idiot était allongé sur le sol. Merlin, voilà que nos paroles me reviennent... Voilà le coeur du problème. Évidemment. Je savais très bien que si je croisais moins Gabryel c'était parce qu'il n'avait pas dirigé les grandes vérités que je lui ai asséné ce jour-là. Pourtant, je ne savais pas que ça l'avait tant travaillé. Après tout nous n'étions déjà plus aussi proches et j'ai l'habitude que l'on ne me comprenne pas. L'histoire m'a troublée quelque temps et après ? Après j'ai compris que nos mondes n'étaient pas compatibles, et de toute façon lui même s'en fichait puisqu'il n'est pas revenu me voir. Après, il y a eu l'annonce de la Directrice, son départ et plus rien d'autre n'a compté. Je crois que ma grande peine a effacé les traces de rancœur que j'éprouvais encore pour le garçon.

Merlin... Je fouille son visage du regard tandis qu'il invoque, et ça sort vraiment de nul part, un père et qu'il s'excuse. Il parle et moi je fouille son regard bleu, clair comme un ciel d'été. Je remonte jusqu'à sa tignasse brune dans laquelle il passait si souvent la main, je redescends jusqu'à son cou enserré dans un col blanc parfait.

En toute sincérité, il m'agace un peu. Attention, Gabryel Fleurdelys ne m'agace jamais au point que je désire, comme avec tous les autres, lui exploser le front sur une surface bien dure. Non, Gabryel m'agace avec douceur. Il me fait froncer les sourcils et secouer la tête mais à aucun moment je ne souhaite le violenter — pas de cette manière. J'ai seulement envie de le mettre face à ses contradictions. Comme je l'ai fait lors de notre dernière discussion.

Il m'agace parce qu'il n'a aucune raison de s'excuser. Il donne trop d'importance à des choses qui ne doivent pas en avoir, en agissant ainsi. Il m'agace car si le fait d'être loin de moi le bouleversait autant, il sera venu me voir plus tôt — ne vivons-nous pas dans le même château ? Il m'agace car je le trouve tendre et que ses paroles réchauffent un endroit de mon corps que je pensais glacé à jamais. Il m'agace car j'aime me sentir à cheval entre deux sentiments comme ça — la colère et le simple plaisir de sa présence — et que c'est franchement troublant. Et moi, j'ai décidé il y a six mois exactement que je ne souhaitais plus être troublée.

« Tu t'es pas éloigné, répliqué-je donc en tournant obstinément le menton dans une autre direction, t'as juste pas aimé ce que je t'ai dit la dernière fois qu'on s'est vus. »

Finalement, elle n'a pas totalement disparue, la rancœur.

« Et arrête de t'excuser parce que ça va me saouler, » lui asséné-je sans la moindre chaleur dans la voix.

Merde, ne peut-il pas faire comme si rien ne s'était passé ? Il n'accepte pas cette part si importante en moi et alors ? De toute façon ce n'est pas comme si nous étions les meilleurs amis du monde ou quoi que ce soit d'autre. Par contre je refuse qu'il profère de fausses excuses : à aucun moment il ne peut s'en vouloir de ce qui s'est passé puisque ce jour là, il y a un an, il a été plus sincère que jamais. On ne peut pas s'excuser d'avoir été sincère, n'est-ce pas ?

Trop de pensées, trop de réflexions. La soirée est déjà suffisamment éprouvante comme ça. Et comme si elle était directement liée à mes pensées, j'aperçois soudainement Peers au loin au milieu de la foule. Elle apparaît brièvement et disparaît de nouveau, emportée par la frénésie et la mélodie. Je prends une longue inspiration qui font se lever mes épaules et expire lentement. Puis je me tourne de nouveau vers le jeune homme qui pense avoir besoin de s'excuser auprès de moi.

C'est une situation inédite. La plupart du temps, j'estime que les gens doivent venir s'excuser et ceux-ci ne le font pas. Là, il vient me dire pardon et je n'arrive même pas exactement à comprendre pourquoi.

« Ton père, » annoncé-je sans ne plus faire référence au reste.

Qu'est-ce qu'il a, son père ? De cet homme, je ne sais qu'une chose : il a installé des moulins sur le domaine familial. Et il est capable de faire mal à en crever à son fils. Cette douleur qu'il évoque en sept mots brefs me brusque. Je crois que je n'aime guère l'idée qu'il souffre.

« C'est quoi le souci avec lui ? »

J'accepte enfin de ramener mes yeux sur lui et d'être bousculée par les drôles de sensations que m'inspirent toujours la clarté de son regard. La dernière fois, il n'y avait plus aucune lumière dans ses yeux. Je me raccroche à ce souvenir pour ne pas oublier que Gabryel Fleurdelys et moi voguons dans des mondes qui n'ont aucun pont pour les relier.

16 avr. 2023, 15:05
Accords perdus  PV : Aelle Bristyle 
Durant ces mois, la solitude avait absorbé le quotidien du jeune Écossais. Pas une nuit ne lui avait épargné le souvenir d’Aelle. Gabryel avait projeté mille situations de rencontres au Petit Chalet, ou dans la Grande Salle. Parfois, il la détestait pour cette part sombre revendiquée avec véhémence. Il lui crachait au visage sa peine, et sa déception. Comment avait-il pu lui échapper à cette personnalité amère, bouillonnante de violence et d’agressivité ? Cette fille, dont le moindre sourire à la dérobée était devenu pour lui plus vital que l’oxygène dans ses poumons, avait-elle joué avec ses sentiments, en masquant sa vraie nature ?

À d’autres moments, son point de vue évoluait. L’Irlandaise, s’il la savait différente du monde entier, n’avait guère cherché à prendre dans son existence une telle place. Elle était Aelle, sans concession, ni posture. Le fils de Gryffondor s’était contenté de lui voler des moments hors du temps. Jamais ils n’avaient verbalisé leur existence de jeunes sorciers à Poudlard, loin de leurs proches. Gabryel ne lui avait posé aucune question sur ses aspirations, ses doutes, ses peines. Il ne savait rien de la façon dont elle abordait sa magie, ou projetait d’en disposer.

- Tu t'es pas éloigné, t'as juste pas aimé ce que je t'ai dit la dernière fois qu'on s'est vus.

Elle avait raison. C’était sa faute à lui si la terre s’était dérobée sous ses pieds, lors de cette dernière rencontre au Parc. En réalité, elle lui avait ouvert son coeur, sans doute parce qu’elle le considérait vraiment. Au lieu de se sentir flaté, il avait interprété les propos de son amie, les avaient projetés à son propre passé écorché par les coups bas, et l’humiliation. Aujourd’hui, il portait un nouveau regard sur les révélations d’Aelle. Si elle était aussi cette fureur, débordant parfois du bout de sa baguette de bois de Ginkgo, cela ne faisait pas d’elle un monstre.

Cette part d’elle-même exacerbait en réalité leurs différences. Les deux enfants n’auraient certainement jamais construit une telle relation sans ces fondamentaux. Gabryel avait toujours su lire au-delà de sa rigidité, interprété différemment son apparente froideur. Il parvenait, sans le vouloir, à provoquer dans l’âme d’Aelle des chamboulements certainement détestables pour la Poufsouffle. Pourtant, elle ne s’était pas détournée de lui.

- Et arrête de t'excuser parce que ça va me saouler.

Elle lui parlait comme s’ils avaient échangé la veille. Ce trait de sa personnalité, où l’espace-temps n’avait pour unique valeur que ce dont on en disposait, lui retourna les entrailles. Il n’y avait nulle hypocrisie chez elle. Aelle était viscéralement encrée à son instinct, incapable de donner le change, ou d’offrir à ces semblables ce qui les rassurait. Ces deux êtres s’étaient apprivoisés, et se reconnaissaient encore sur ce naturel dénué de camouflage.

- Ton père, c'est quoi le souci avec lui ?

Gabryel ne pu s’empêcher de faire rouler sous ses doigts nerveux la cordelette de cuir ficelée à son poignet.

- C’est compliqué à expliquer…

Il jeta un regard suspect autour de lui, s’assurant qu’aucune oreille indiscrète ne soit aux aguets de leur échange, parmi cette foule d’élèves entrant ou sortant. Il murmura presque.

- Tu te souviens du Professeur Penwyn ? Loewy l’a cccc…congédié après qu’il ait disparu. Il m’a offert ce bracelet avant son départ.

Les mots suivants s’évacuèrent d’entre ses lèvres comme on extirpe d’une plaie le venin d’un serpent. La tête baissée vers le sol, son visage se convulsa un court moment dans une expression de souffrance, sous le poids de trop lourds mois à ressasser des sentiments contradictoires.

- C’est lui… mon vrai père. (silence) C’est ce bbbbracelet qui me l’a dit.

Il releva les yeux vers sa camarade, emprunts d’un regard bleu translucide.

- Je ne suis pas devenu fou, Aelle. (en français) C’est vrai.
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 22 mars 2024, 02:06, modifié 2 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

17 avr. 2023, 01:11
Accords perdus  PV : Aelle Bristyle 
Je suis rassurée qu'il ne rebondisse pas sur ce que je lui ai dit. Une autre personne à sa place aurait pu s'approprier mes phrases, les tourner dans tous les sens dans son petit esprit étriqué pour me les recracher toute enrobées de sentiments détestables. J'aurais détesté. Mais il ne s'excuse pas de s'excuser, comme la plupart des idiots l'auraient fait, et il ne fait pas semblant de ne pas avoir haï la part de moi que je lui ai montrée. C'est bien. Il répond aux questions et poursuit la conversation sans prendre de pincettes.

J'expire un léger soupir rassuré en rassemblant mes esprits afin de comprendre ce qui le tracasse tant avec son père. Je me soustraie aux bruits et à l'ambiance festive en l'observant sans me détourner, ce garçon que je peinais regarder il y a quelques minutes à peine.

Sa main vient enserrer nerveusement son poignet. Le professeur Penwyn. Comment l'oublier ? Le pauvre homme a été porté disparu pendant quelques temps. Drôle de période que celle-ci. Je n'aime guère me rappeler de la grande méfiance dans lequel le monde est tombé. Même les couloirs de Poudlard n'étaient plus aussi sereins.

Toute plongée dans mes vieux souvenirs, je ne m'attendais à ce qu'il profère le nom tant honni. Ce n'est que son nom, pas son prénom, pourtant l'entendre m'envoie un puissant coup douloureux dans le coeur. Je détourne le visage très rapidement pour le diriger vers la foule. Stratégie très peu subtile pour cacher que ce rappel soudain à l'ancienne directrice m'est aussi douloureux que si Gabryel m'avait purement et simplement balancé son poing dans le bide.

Penwyn. Je force mes pensées à se le remémorer. Penwyn. Congédié lorsqu'il est revenu de sa disparition. Certes, peut-être, je ne me souviens plus — apparemment, Gabryel en garde un souvenir bien plus vivace que moi. Je me force à ramener mon regard vers lui pour observer le bracelet dont il me parle. Une simple lanière de cuir. Et à sa seule évocation le jeune homme, et il faudrait être complètement aveugle pour ne pas le voir, semble autant souffrir que moi lorsque ma Directrice a été évoquée. Mes sourcils prennent un angle mécontent. La souffrance va mal à Gabryel. Je soutiens son regard bleu sans frémir même si ses paroles me plongent dans une grande confusion. Son vrai père ? L'homme disparu-puis-revenu ? Et ce serait le bracelet qui le lui aurait dit ?

Je ne juge pas le Gryffondor mais la vie a fait de moi une jeune femme très terre à terre qui n'avance jamais la moindre hypothèse sans avoir de preuve. Alors certes, ce qu'il me dit me laisse dubitative même si je sais, et j'en suis persuadée, qu'il ne me ment pas. Par contre il est tout à fait possible qu'il se mente à lui-même. Son bracelet le lui aurait dit, qu'est-ce qu'il va inventer...

« Les bracelets parlent pas, Gabryel. »

Sans chercher à faire de manière, j'attrape le poignet du garçon entre mon pouce et mon index et le force à lever le bras pour me permettre une meilleure observation de son bracelet. J'ignore le frémissement qui s'empare de moi à ce contact imposé par moi-même — ce qui est très rare, moi qui aime tant mettre une distance de sécurité entre les autres et moi. J'observe la lanière, les lèvres pincées, puis :

« Fou ou pas, la question n'est pas là, » articulé-je soigneusement en rendant sa liberté à son bras.

Je frotte mes doigts les uns contre les autres pour faire disparaître l'étrange sensation de la peau chaude de Gabryel. Je dresse le menton et plonge mon regard plissé dans le sien. Ce qui est bien c'est que son histoire de père m'éloigne tout à fait de mes histoires à moi.

« T'as déjà un père, pourquoi tu voudrais que ce soit pas lui, le vrai ? »

À quel moment s'est opéré le changement en lui ? À quel moment a-t-il commencé à imaginer que notre ancien professeur d'Études des moldus puisse être son père ? Il doit bien avoir des preuves plus concrètes, non ? Peut-être même qu'il a toujours su avoir été un enfant adopté ? Ou alors sa mère lui aurait avoué le plus grand mensonge de sa vie : « Gabryel, ton père n'est pas ton vrai père ». Et alors le Gryffondor se serait mis à émettre toutes sortes d'hypothèses sur l'identité de son géniteur. Ça aurait été facile pour lui d'imaginer que ça puisse être ce professeur qui lui a gentiment offert un bracelet.

17 avr. 2023, 16:41
Accords perdus  PV : Aelle Bristyle 
Bien évidemment, son histoire semblait tirée par les cheveux, pour qui ne l’avait pas vécu de l’intérieur. Il semblait la sortir de son chapeau, comme pour un magicien avec un lapin blanc. Aelle ne doutait pas foncièrement de lui, il en était certain, mais elle n’était pas de celles qui prennent pour monnaie courante n’importe quelle affirmation, sans en avoir tout d’abord pesé tous les aspects. Le moment et l’endroit n’étaient guère favorables pour lui conter le déroulé des étapes qui menaient le Gryffon à cette certitude. L’agitation des autres élèves, et l’ambiance festive ajoutaient à laisser la Poufsouffle dubitative. Gabryel emplit ses poumons, comme lorsqu’il se concentrait juste avant de lancer un sort. Il tenta de reprendre possession de son calme. Sa voix était à nouveau posée.

- Je sais Aelle que mes propos peuvent paraître étranges. C’est une longue histoire. En réalité, le PPP… Professeur Penwyn n’a pas confectionné ce bracelet. Il est le fruit d’un sortilège. Je lui en ai offert un tissé de mes mains, qu’il a reproduit à l’identique, à l’aide de la magie.

Le garçon tritura à nouveau la lanière de cuir. Elle n’avait vraiment rien de particulier. Le bracelet était en tout point la même que le cadeau offert à Edward, un soir de noël, presque deux ans auparavant. L’Ecossais fut bousculé par un élève, qui ne s’excusa pas. Il n’avait pas dû s’apercevoir de la présence de Gabryel, bien trop occupé à pouffer de rire à la blague d’un Serpentard.

- Je ne peux pas entrer dans les détails maintenant, Aelle. Mais as-tu déjà vu un professeur traverser la Grande Salle un soir de 24 décembre, avant de rrrrentrer chez lui, pour se planter devant un élève en particulier, avoir les larmes aux yeux, car ce dernier lui offre un petit bracelet de cuir, et rrrreproduire exactement le même en lui disant « Maintenant, c’est un peu comme si nous étions tout le temps ensemble… » ?

Le souvenir provoqua chez le garçon une vive émotion, qu’il tenta de dissimuler en se grattant le bout du nez.

- Après son agression, le soir du Bal des Sorcières durant lequel il s’est pris un pppplafond sur le crâne, je suis allé à l’infirmerie. J’étais venu te déposer un petit mot…

Le Rouge et Or se tut un instant. Il revit d’Aelle, étouffée sous une montagne de corps inertes. Il leva les yeux vers l’Irlandaise, comme pour s’assurer qu’aujourd'hui, son amie allait mieux.

- Je l’ai croisé par hasard, il était alité. Là aussi, il a peiné à cacher son émotion. Il m’a avoué s’être inquiété de me ssssavoir dans la salle de bal ce soir-là. Je n’étais pourtant qu’un simple ppppetit apprenti sorcier pour lui, croisé une fois ou deux. Je n’étais même pas un de ses élèves, d’ailleurs.

Il fixait Aelle, ses yeux bleus plantés dans les siens.

- Il y a eu bien d’autres rencontres comme celles-ci… J’ai effectué mes recherches, et ma mère et lui étaient à Poudlard à la même période. Elle m’a même dit qu’elle le connaissait. (silence) Et ce bracelet… J’ai entendu la voix, même Ennis était là !

Presque à lui-même :

- Ce que j'ai ressenti dés la première fois avec ce gars... Je ne sais pas. C'était comme si soudainement un trou dans mon âme se remplissait... Je ne saurai pas expliquer, parce que oui, j'ai déjà un père, et je l'aime profondément...

Gabryel décrocha l’objet de son poignet, et le tendit à Aelle.

- Toi tu es plus forte que moi en magie, plus ffffforte que tout le monde ici. S’il te plait… Tu voudras bien, quand tu pourras, jeter un œil dessus ? Je le sens, Aelle, je sens qu’il est chargé…

Il ne termina pas sa phrase. Il se tut d'un seul coup. Le jeune sorcier ne s'était plus exprimé autant depuis des mois. Sa main tremblait. Jamais il n’aurait voulu se défausser de son bien, ou le confier à qui que ce soit, sauf Aelle. Il avait plus confiance en elle qu’en quiconque. Il se souvint qu’afin de s’assurer de la revoir, il lui avait confié, le jour de leur rencontre, son précieux médaillon en pierre de lune, cadeau de son meilleur ami Grégoire, la veille de son arrivée au Château.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

18 avr. 2023, 22:34
Accords perdus  PV : Aelle Bristyle 
Une chose est certaine : sans preuve concrète que le père de Gabryel n'est pas son père, je ne risque pas de croire en l'histoire qu'il me raconte. Pourtant je ne remets pas en question ce qu'il dit. Tout ce qu'il a vu, tout ce qu'il a ressenti, toutes ces choses sont vraies, j'en suis persuadée. Mais se rend-il compte que son histoire est complètement tirée par les cheveux ? À quel moment le hasard aurait-il pu déposer sur son chemin un homme qui serait son vrai père ? Dans quel monde une telle chose arrive ? Pourquoi sa mère ne lui aurait-elle rien dit ? Des questions mais aucune réponse et mes souvenirs invoquent tout ce qu'ils contiennent d'Edward Penwyn pour essayer de bricoler une explication un peu plus terre à terre à tout cela.

Quant au bracelet ? Le sortilège de Duplication, très certainement. Rien de bien difficile pour un sorcier adulte mais pour un enfant qui se persuade de plein de belles choses, un soir de Noël qui plus est, un Gabryel Fleurdelys, ce sortilège a dû paraître fantastique.

Je ne me détourne de lui qu'un instant pour lancer mon regard sombre à la poursuite de l'idiot qui vient de bousculer Gabryel mais très vite mon attention est accaparée par son histoire que rien ne peux ébranler.

Il me perd définitivement en arguant avoir entendu le bracelet parler. Et O'Belt l'aurait entendu également. Voilà qui donne de la matière à l'histoire. Une O'Belt, ça n'aurait pas feint entendre une voix. Je prends une longue inspiration par le nez sans pouvoir m'empêcher de jeter un regard ennuyé à Gabryel. À vrai dire si je suis ennuyée, ce n'est pas parce que je crois qu'il me raconte des bêtises, pas non plus parce qu'il me monopolise en plein bal. Non, c'est parce que lui est innocent dans l'histoire, mais qu'en est-il de Penwyn ? Qu'en est-il d'un homme qui fait croire à un petit garçon qu'il est important mais qui ne lui donne aucune réponse, qui ne lui donne plus de nouvelle ? Égoïstement, cette partie de l'histoire me rappelle ma propre histoire. Moi aussi j'ai une personne adulte dans ma vie qui m'a fait croire que j'étais impo— Enfin, ce n'est pas la question.

Je tends la main pour recevoir le bracelet. Je ne manque pas le tremblement de sa main, tremblement qui va de paire avec l'émotion qui peut s'entendre dans sa voix. Je récupère précautionneusement l'objet que je fais rouler entre mes doigts. Presque automatiquement, en réponse à son « toi qui es plus forte que tout le monde ici », ma main rampe en direction de l'écharpe nouée autour de mes hanches et de la baguette qui y est coincée. Je suis à deux doigts de l'attraper lorsque je m'immobilise soudainement, le regard tourné vers le reste de la pièce.

« Mince... Je peux pas faire ça maintenant, » dis-je à mi-voix dans un soupir. Un regard bref coulé en direction de Gabryel. « Interdiction d'utiliser la magie ici. Tu sais aussi bien que moi pourquoi. »

Exactement la raison pour laquelle tu es venu me déposer à l'infirmerie un petit mot que j'ai encore en ma possession, ce qui t'a encore une fois mis sur le chemin de Penwyn.

Je jette un regard embêté en direction de la foule. J'aperçois Araya en pleine discussion avec je ne sais pas qui. Elle ne fait pas attention à moi. Aucun signe de Peers. Je voulais proposer à Gabryel de quitter la pièce avec lui afin de lancer mon sortilège mais... Même si je n'ai rien promis, pour moi c'est comme si je l'avais fait : je dois une danse à la jeune fille. Je veux danser avec elle. Je ne peux pas disparaître comme ça.

« Je le ferai, dis-je cependant à Gabryel. On verra si ce bracelet est enchanté ou s'il y a quoi que ce soit d'étrange avec lui. En attendant, vaut peut-être mieux que tu le portes plus, oui, » marmonné-je pour moi en trifouillant ledit bracelet entre mes doigts.

L'idée qu'il soit enchanté et qu'il puisse influencer Gabryel de quelque façon que ce soit me dérange particulièrement. Et si à lui je ne fais aucune promesse, à moi j'en fais une : celle de ne pas lui rendre tant que je ne serais certaine que Penwyn n'y a rien fait d'étrange. Décidément, le comportement de cet homme me parait plus méfiant qu'autre chose. Après tout, elle lui a interdit de revenir enseigner, non ? Si elle l'a fait, ce n'est sans doute pas pour rien.

Je cache la couleur de mes pensées au Gryffondor qui, tout embrouillé dans ses idées et ses histoires, ne ferait que s'entêter à me contredire ; ce serait très contre-productif. Je ramène mon regard dans ses deux billes brillantes. Décidément, je ne pensais pas qu'un détour vers lui pour fuir le silence entre Araya et moi pouvait me mener à une telle conversation.

« Pour la voix, tu me racontes ? »

Une manifestation de magie ? Une illusion ? Et O'Belt, qu'est-ce qu'elle en a pensé, elle ?

« Vous l'avez entendue tous les deux ? Avec O'Belt ? »