L’identité. Une chose si simple et si complexe à la fois. A la question qui es-tu ?, la première réponse qui nous vient n’est un trait de personnalité, une valeur ou une caractéristique, mais notre nom. Alors, sommes-nous simplement défini par notre nom ? Cela lui convenait très bien. Cependant, ce n’est pas si aisé n’est-ce pas ? Car, comme le dit si bien Shakespeare, une rose reste une rose, qu’importe son nom.

Ainsi, bien que Morgan Rosenwald n’était plus, Helena Dorn restait Morgan.

Cela faisait quelques mois qu’elle était arrivée en Allemagne et la vie était loin d’être simple. Helena était peut-être une sorcière allemande sans histoire, revenue au pays après la mort de ses parents, mais c’était loin d’être le cas pour la jeune femme qui se cachait derrière. Malgré ses origines allemandes, elle n’avait jamais mis les pieds dans ce pays avant sa fuite de Grande-Bretagne. Sa fuite. La noiraude refusait d’y penser – elle refusait de penser à Elle. Celle qu’elle avait abandonné derrière elle. Pour son bien.

Ses années d’apprentissage d'allemand lui avaient bien servi pour incarner Helena au début, mais c’était loin d’être suffisant. Sans qualification, sans réel passé, il était difficile pour une jeune sorcière de commencer une nouvelle vie, en partant de presque rien. Seul son expérience – ou plutôt ses errances – dans l’allée des embrumes lui avait permis de survivre jusque-là. Petits boulots mal payés, les sales besognes d'employeurs peu scrupuleux, les commissions douteuses… Elle avait l’habitude de ce genre de chose désormais. Jusqu’au jour où elle trouva enfin un vrai travail. Serveuse dans un bar, certes miteux et malfamé, avec un salaire de misère, mais cela restait un travail.

« Et l’aut’ minette là, je veux un aut’verre ! »

Bien qu’à l’autre bout du bar, Morgan pouvait entendre un des ivrognes du fond. Des alcooliques et des gens louches, voilà l’essentiel de la clientèle des lieux, mais elle commençait à s’y faire. Et il était plus facile de piquer dans la bourse d’un client bourré que sobre – c’était une raison qui compensait largement les sobriquets et les gestes déplacés à ses yeux.

Elle n’était pas la seule serveuse du Krötenkeller, mais c’était comme si. Alors qu’elle préférait le jeu dangereux du vol, sa nouvelle collègue préférait jouer de ses atouts naturelles pour obtenir des pourboires – ce qui n’était pas la tasse de thé de Morgan. La jeune sorcière se retrouvait donc à s’occuper des tables dont elle n’avait pas l’habitude, et n’allait pas s’en plaindre. Plus de tables, donc plus de bourses et d’objets accessibles. La noiraude n’aimait pas penser comme cela, mais avait-elle réellement le choix ? L’argent lui était nécessaire pour vivre. Ou plutôt, survivre.

« Je vais prendre l’air, occupe-toi de mes tables.
— Quoi ?! s’exclama sa collègue, au milieu d'une discussion avec un des réguliers, mais Helga…
— C’est Helena, la coupa l’intéressée, et débrouille-toi. »

Après plusieurs heures enfermée entre les quatre murs du bâtiment, elle avait effectivement besoin de sortir, se vider l’esprit. Elle ne se soucia pas de la réaction de frayeur exagéré de la blonde qui travaillait avec elle – est-ce à la perspective de devoir réellement travailler ? Qu’importe, Morgan traversa le bar pour atteindre la sortie arrière du bâtiment, qui donnait sur une petite allée déserte. Elle pouvait sentir son petit trésor dans ses poches de robe – quelques objets et des pièces. C’était un maigre butin, mais elle ne devait pas éveiller les soupçons après tout. Bien que le froid mordant de la fin de l’hiver se fit immédiatement sentir, elle put enfin souffler pendant quelques minutes, avant d’être de nouveau envahie par ses pensées. Est-ce que sa vie allait vraiment se résumer à ça ? Une fugueuse qui finit par devenir serveuse et voleuse dans un bar paumé et mal fréquenté ?

« Je crois que tu as quelque chose qui m’appartient, jeune fille. »

Le regard dans le vide et l’esprit ailleurs, la sorcière fut prise au dépourvu par un voix grave avec un fort accent. Instinctivement, elle voulut se saisir de sa baguette, mais c’était peine perdue. Morgan ne l’avait plus en sa possession, et sa seule réponse fut une bégaiement colérique.

« Comment vous… Qui…
— Krimrok Snadr pour votre déplaisir, se contenta-t-il de répondre. Procédons à un simple échange veux-tu ? »

Cela faisait trois semaines maintenant, que l’incident avec le drôle de sorcier avait eu lieu. Morgan s’était sentie impuissante sans sa baguette, et elle détestait cela. Comment avait-il fait pour la lui prendre ? La sorcière se rappelait très bien l’avoir vu endormi sur une des tables du bar, et elle en avait profité. Avait-il fait semblant ? Mais pourquoi ?

Au bar, c’était la course. Tous les ivrognes du coin semblaient s’être donnés rendez-vous à la même heure, et les deux serveuses peinaient à s’occuper de tout le monde. D’habitude, c’était une belle opportunité pour la jeune voleuse, mais elle n’en fit rien. Car il était là. Un vieil homme mystérieux, grand et de forte carrure, aux allures d’homme des montagnes, doté d’une barbe grise et de sourcils très expressifs.

Krimrok Snadr.

Elle faisait toujours un peu attention aux clients, pour distinguer d'éventuelles cibles et pour écouter les conversations qu’elle pouvait entendre. Mais ce sorcier, s’il en était vraiment un d'ailleurs, était une véritable source d’anxiété. Était-il un régulier du bar qu’elle n’avait jamais remarqué ? Morgan avait l’impression de le voir presque tous les deux-trois jours maintenant. Voulait-il la dénoncer ? Elle lui avait rendu son étrange collier, que voulait-il de plus ? Est-ce qu’il… Non. Il ne pouvait pas savoir qui elle était. Personne ne le pouvait.

Pas vrai ?

A chaque fois qu’elle le voyait la regarder, il y avait toujours cette lueur. Ce n’était pas celle que l’on pourrait croire, celle que certains clients lui lançait parfois à elle ou à sa collègue. Non, il jouait avec ses nerfs, et il trouvait cela drôle. La noiraude n’en pouvait plus de cette situation de doute et de hantise, et décida de prendre les choses en main.

« Vous me voulez quoi à la fin ? s’exclama-t-elle en claquant son plateau sur sa table, juste devant lui. Je vous vois me regarder depuis...ce truc, je vous amuse tant que ça ?
— J’ai une proposition pour toi, jeune voleuse. Morgan grimaça, presque autant dégoutée que déçue. Pas ce genre de proposition voyons, gamine. Tu veux quitter cet endroit ? Je t’offre une porte de sortie. »

Si son cerveau ne tournait pas à plein régime auparavant, c’était le cas maintenant.

« Que… voulez-vous dire ?
— Deviens mon apprentie. »

Il s'était écoulé plusieurs jours depuis sa rencontre étrange avec le sorcier barbu. Ou était-ce des semaines ? Morgan – Helena – ne aurait dire. Son quotidien d’ennui et de labeur rendaient les journées interminables. La vie avait reprit son cours dans le trou de crapaud où travaillait la jeune femme. Elle n’avait pas eu de problème avec son patron, même si sa collègue avait encore du mal à digérer l’abandon de poste soudain de la sorcière, et lui jetait parfois des regards mauvais. Tsk. L’humeur exécrable de la noiraude n’aidait surement pas à l’ambiance de travail entre les deux jeunes femmes, mais elle s’en fichait. Marmonnement, grognement… Sa frustration ne semblait pas vouloir s’atténuer avec les jours.

Deviens mon apprentie.

Bien sûr qu'elle avait répondu non. Qui répondrait oui à cette question venant d'un inconnu ? Un inconnu qu'elle avait volé qui plus est. Et apprentie en quoi ? En broderie ? En parole cryptique ? La galloise n'était pas idiote, les gens qui fréquentaient le bar où elle travaillait n'avait rien de respectable. Des reclus, des potentiels criminels, des personnes louches... Néanmoins elle pouvait faire mine de rien, faire la sourde oreille à tout cela.

Morgan était très bien là où elle était, car elle savait que cela pouvait être bien pire.

Helena la serveuse était un job sans risque.

Plus ou moins.

La curiosité. La folie. La stupidité. L’irrationnalité. Elle ne savait pas trop ce qui l'avait poussé à partir à la recherche de ce Krimrok Snadr, après avoir clairement répondu non à sa proposition douteuse. Le manque de sommeil peut-être. Son aptitude naturelle à l’auto-sabotage.

Si tu changes d'avis gamine, viens me chercher.

Sur le moment, Morgan avait levé les yeux au ciel, encore sous l’énervement des évènements, mais aujourd’hui elle regrettait de ne pas avoir poser davantage de question. Comme où. Cela lui aurait simplifié la tâche de le savoir.

Elle était en proie à de nombreux doutes, mais elle comptait bien aller au bout de cette histoire. Qui était ce vieil homme ? Pourquoi avait-il besoin d'un apprenti ? Personne n’avait besoin d’une lâche comme elle, encore moins d’une voleuse pathétique qui joue les serveuses dans un bar avec plus de rat que de client. Cela pouvait être un simple piège, le sorcier aurait vu une belle occasion de se servir d’elle. Mais la laisser tranquille comme ça ? Sans conséquence ? Après plusieurs mois à errer, à survivre, à s'enfermer dans sa propre culpabilité, Morgan semblait toujours avoir l’envie de se battre. Elle avait besoin de réponse. Elle avait besoin de sortir de ce trou qu'était devenue sa vie.

Morgan avait besoin de retrouver un sens à son existence.

Désespérément.

Qui ? Jamais fait attention désolé… Pas le temps. Retourne bosser, j’te paie pas à rien faire… Un sorcier avec une barbe grise ? Regarde autour de toi Helga, y’a que ça ici…

Interroger ses collègues du bar n’avait pas été très fructueux. Personne ne faisait réellement attention aux clients qui venaient au Krötenkeller. Morgan n’y avait pas cru de toute façon. Elle travaillait ici depuis plusieurs mois, et elle n’avait jamais remarqué l’homme auparavant. Comment pouvait-elle le retrouver, sans aucune piste ? Pendant les trois semaines où il venait sur son lieu de travail, il avait toujours pris la même table. Les mêmes consommations. Qu’avait-elle manqué ?

« Arrête de rêvasser Helg- Helena, j’vais pas me taper tout le boulot comme la dernière fois.
— C’est toi qui dit ça ? répondit la galloise tout en reprenant le nettoyage de sa table.
— Tu lui veux quoi à ce client hein ? Les fumeurs sont chiants, ils empestent la salle avec leur fumée, et en plus ton gars il donnait que dalle en pourboire, un vrai radin.
— Retourne à tes "gars", je t’ai rien demandé.
— Pfff, je vois même pas pourquoi j’essaie de te causer, t’es un cas. »

La pipe. N’y avait-il pas un vendeur d’herbe à pipe dans le coin ?

« Je vais prendre l’air ! s’écria-t-elle en abandonnant son torchon, et se précipitant à l’extérieur.
— Sérieux ?! »

Bingo. Elle ne pensait qu’il serait si difficile de retrouver la trace du vendeur, mais Morgan avait fini par réussir, et l’interroger avait été un jeu d’enfant. La jeune femme pouvait être convaincante quand elle le voulait – et elle n’avait même pas eu besoin de recourir à la magie. Les menaces à la moldue était suffisante parfois.

La tête écrasée sur son comptoir, sous le bras de la galloise, l’homme avait fini par revenir sur sa politique de secret professionnel. Il vendait de l’herbe à pipe sorcière – en autres produits – qu’en avait-il à faire de la discrétion ?

Celui qu’elle recherchait n’était pas du coin il a-t-elle dit, mais il était en ville depuis quelques temps, et avait acheté des produits assez rares. Un homme secret. Excentrique. Cela ne l’aidait pas plus que cela. Cependant une chose tiqua dans les oreilles de la serveuse.

« Quel bar vous dites ? »

Krötenkeller n’était pas le seul endroit où il avait passé son temps on dirait. Il ne lui en avait pas fallut plus pour qu’elle lâche sa victime et sorte de la boutique sans un mot de plus. Morgan risquait de perdre son job si elle s’absentait plus longtemps – si ce n’était déjà pas le cas. Après s’être éloignée de quelques mètres, elle s’arrêta, essayant de prendre une décision. Retourner sur son lieu de travail et continuer ses recherches le lendemain, ou bien risquer le tout pour le tout, et poursuivre sa traque ?

« On pourrait croire qu’une voleuse serait plus discrète que cela. »

Morgan se retourna immédiatement, l’odeur de fumée lui saisissant les narines. C’était lui. Snadr. Comment ? Elle ne croyait pas aux coïncidences. Et, croiser celui qu’elle cherchait dans une ruelle, n’en était certainement pas une. Alors comment avait-il fait ?

« Alors, on a changé d'avis petite ? »

Elle le fixa, interdite. Gamine, petite... Ces sobriquets avaient le don de l’énerver, mais il y avait toujours pire. Minette en faisait partie.

« Pourquoi ?
— Pourquoi quoi ? »

Encore un sourire en coin. Ne pouvait-il pas lui répondre simplement ?

« Faites pas le malin, c’est vous qui êtes venu me voir. Apprentie de quoi au juste ? »

Le vieil homme était un véritable mystère. Etait-il seulement sorcier ? Son regard, ses yeux, son visage avait quelque chose de différent, qu’elle n’arrivait pas à définir. Un demi-géant peut-être. Ou des origines gobelines ? Il n’avait rien d’un commerçant ou d’un voyageur lambda non plus. Un long manteau en cuir, des traces de tatouage ancien, une simple sacoche qui semblait vide de l’extérieur… Un marchand ambulant ? Un artisan ? Dans ce cas-là, pourquoi avait-il cherché à la piéger sur son lieu de travail ?

« Cela a-t-il une importance ?
— Comment ça ?
— Vous le savez mieux que moi, Helena. Elle serra les dents sur l’insistance de le prénom qu’elle utilisait. Pourquoi une sorcière, avec un accent anglais qu’elle peine à cacher, viendrait jouer au apprentie serveuse dans un bar miteux d’Allemagne ? Ou devrais-je dire voleuse ?
— Je ne vois pas de quoi vous parlez, nia-t-elle, tout essayant de garder son sang-froid, et j’aimerais une réponse. Pourquoi vous avez besoin de moi ? »

Il l’avait observé donc. Elle ne pensait même pas que son accent, gallois et non anglais, pouvait s’entendre. Morgan avait appris l’allemand dès l’enfance, une des rares choses qu’elle avait appris de son père.

« J’ai besoin de quelqu’un pour s’occuper de ma boutique, pendant que je travaille dans mon atelier. Et d’un assistant quand cela est nécessaire.
— Je ne suis pas une vendeuse, et encore moins une assistante.
— Tu préfères rester ici, à voler des ivrognes et à vivre en compagnie des rats ? Gâcher ton potentiel ?
— Je vous comprends pas ! Vous me proposez un job, vous me faites la morale, vous me parlez de potentiel maintenant ? Je n’ai pas de potentiel ou autres débilités dans le genre, je suis juste -
— Juste une serveuse... Qui maitrise les bases du vol à la tire et, bien que la discrétion reste à revoir, réussit à traquer un homme à travers la ville.
— Mais vous êtes qui à la fin ? Un voleur ? Un mercenaire ? »

Un assassin ? Un mage noir ?

« Krimrok Snadr, chasseur de trésor, ensorceleur et antiquaire, pour faire simple. Alors, que dis-tu de ma proposition, Helena ? »

Un moment de silence plana dans la ruelle, avant que la sorcière lâche un soupir.

« Morgan, dit-elle dans un grognement. Elle est où votre satanée boutique ?
— Ahah je le savais ! »

« Expelliarmus ! »

Les derniers mois avaient été on ne peut plus inhabituelles pour la galloise, pour ne pas dire épuisantes. Son emploi au Krötenkeller et sa petite chambre insalubre étaient désormais bien loin dans son esprit, et l’endolorissement de ses muscles et articulations ayant pris le dessus. Cela faisait presque une semaine qu’ils avançaient vers une obscure destination, à pied. Habituée à la ville et les pavés, à la facilité des transports et des transplanages, cela donnait à Morgan l’impression d’avoir traversé le temps avec un retourneur, pour se retrouver à une toute autre époque, presque médiévale. ‘Tant qu’à faire, on pourrait prendre des chevaux non ?’ ‘Arrête de te plaindre, et avance, sinon ce sera toi le cheval’.

Et Krimrok ne perdait pas une seconde pour la tester, usant de leur pause pour s’exercer au duel, ou de lui imposer des épreuves saugrenues tel que passer une journée complète sous Mirarum, à se prendre un jeté de caillou au moindre instant de relâchement.

« Je suis sure de pouvoir te battre un jour », s’exclama Morgan, en tapant du pied dans un caillou tout en se dirigeant vers sa baguette à même le sol. Une nouvelle fois, elle avait été complètement désarmée face à l’homme.

« Encore faut-il que tu saches conserver ta baguette.
— Pas forcément. »

Son regard alterna entre sa baguette dans une main et le vide dans l’autre. Plus le temps avancé, plus d'ancien rêve, d'anciennes questions remontaient. Des rêveries persistantes, qui remontait à la surface au milieu des souvenirs plus amères. 'Les elfes de maison le font bien, eux ! ', ‘prends un bout de bois si tu veux Ardy, moi je préfèrerai une épée !’...

« Tu crois sincèrement que tu arriverais à un tel niveau de maitrise ? Cela prendrai des années à un sorcier confirmé, de ne serait-ce que d’effleurer l’idée de se passer d’un catalyseur.
— Et donc ? Ce n’est pas impossible, juste... difficile. »

Le défi habitait le regard froncé de la sorcière, se mêlant à un air soudainement distrait. Finalement, Krimrok se contenta de ricaner dans sa barbe, tout en sortant sa pipe d’une de ses poches.

« Commence par me prouver que t’es une vraie sorcière ma p’tite ! J’suis curieux de voir ce qu’on vous apprend réellement dans cette école porcine¹ de buveurs de thé. »

Un souffle s’échappa des lèvres de l’ancienne serveuse, alors qu’elle fusilla l’homme et l’objet devant elle par alternance. Maudite boite à cliquetis… Quand il lui avait confié cette autre exercice à son réveil, Morgan avait cru qu’elle s’en sortirait rapidement, et qu’elle allait pouvoir profiter du reste de la journée. Ce genre d’objet ne lui était après tout pas inconnu – un casse-tête magique on ne pouvait plus banal.

« Qu'est-ce qu'on vous apprend dans cette école vérolée... C'est désolant. »

Mais elle avait rapidement déchanté, n’atteignant que le second niveau en une dizaine d’heure. Bien sûr, Krimrok avait lui-même construit l’objet, en le rendant quasiment impossible.

« École vérolée... grommelait-elle à voix basse, c’est quoi le problème contre Poudlard à la fin... »

Krimrok renifla, et la rappela à l’ordre.

« Recommence au lieu de jacasser.
— Mais j'en ai ma claque ! Je peux pas faire une pause au moins ? »

Un simple regard au-dessus de la couverture de son bouquin avait suffi pour qu’elle ait sa réponse. Non. Le reste de l’après-midi se passa comme cela, avec la galloise sur le casse-tête, et l’antiquaire itinérant en pleine lecture d’un livre dans une langue que la jeune femme n’arrivait à différencier, jusqu’à ce que ce dernier ferme d’un coup sec l’ouvrage, provoquant un sursaut chez Morgan. Son verre était fini depuis bien longtemps, et toutes ses affaires avaient disparus de la table, faisant froncer les sourcils de la plus jeune.

« Je reviens dans cinq jours, répliqua-t-il alors qu’elle se levait à son tour, ouvre-moi ça si tu veux espérer pouvoir passer aux choses sérieuses un jour.
— Quoi ? protesta Morgan en réponse, je suis sensée rester ici ?
— Exactement, morveuse. »

Malgré les contestations qui suivirent, la porte d’entrée finit par se claquer sur la silhouette du sorcier. Loin d’être satisfaite de la situation, elle s’affala dramatiquement sur sa chaise, et un crac retentit dans l’auberge, faisant pointer tous les regards sur elle. Ou plutôt, sur sa forme gisante sur le sol, et sur ce qui restait du mobilier de bois.

« Oups. »