L'oncle de la professeure, Sixtus, est décédé il y a quelques heures maintenant. Sixtine a reçu un hibou l'informant de sa mort et lui indiquant la date, l'heure ainsi que le lieu des funérailles. L'oncle allait être enterré dans le cimetière familial des Valerion aux cotés de ses propres parents, de son frère et de son ex femme. Sixtine était persuadée qu'il n'aurait pas souhaité être enterré là bas mais, elle n'avait pas eu le choix du lieu, ce choix était revenu à ses deux enfants.

En apprenant la nouvelle de sa mort, la professeure s'était réfugiée dans ses quartiers avant de finalement rejoindre Suileabhan et lui annoncer la dramatique nouvelle. Pourtant, elle s'attendait à sa mort prochaine mais elle ne s'attendait à être si touchée. Sixtus Valerion était le dernier membre de la famille Valerion à qui Sixtine rendait visite régulièrement. Il était l'homme qui avait réussi à la sortir de l'enfer qu'elle avait vécu, il était le seul à avoir cru en elle et à lui avoir tendu la main.

Alors qu'elle était entrain de préparer ses affaires pour assister à la cérémonie et prendre de quoi rester chez elle à Tinworth jusqu'à la fin des vacances de Pâques, elle pensa à l'un de ses élèves. Eoin Sinnegan. Il s'était inquiété pour lui et avait prit récemment de ses nouvelles auprès de la professeure alors, c'est tout naturellement qu'elle fit voler un faire-part de décès jusqu'au Serdaigle. Il était libre de se rendre à l'enterrement si il le désirait.

Quelques heures plus tard, Suileabhan et Sixtine étaient à la cérémonie d'adieu, fleur à la main pour certain, Whisky pur feu pour Sixtine. Elle versa le liquide sur sa tombe. Les personnes qui amenaient des fleurs ne connaissaient pas aussi bien Sixtus qu'elle. Il l'avait toujours dit "Versez moi un bon pur feu et gardez vos fleurs, j'y suis allergique."

Durant toute la cérémonie l'ancienne Auror s'était tenue à l'écart de sa famille et des soit disant ami de l'homme. Même Suileabhan n'avait pu l'approcher, elle avait exprimé le souhait de rester seule auprès de la tombe de son oncle durant quelques minutes à la fin de la cérémonie. Elle avait besoin de le remercier en silence. C'est à cet instant qu'un corbeau était venu se poser sur la pierre tombale de l'homme décédé et pour Sixtine, il s'agissait de son oncle réincarné dans le corps de cet animal.

Elle rejoignit ensuite Suileabhan, en silence, et ils regagnèrent tous les deux la propriété de Sixtine à Tinworth.

Évocation. C'était le mot qui semblait, pour Suileabhan, le plus convenir à Sixtus. Il n'avait effectivement jamais eu le plaisir de rencontrer vivant l'oncle de Sixtine. Tout ce que l'irlandais savait de ce vieux sorcier, c'était ce que son amante lui avait confié à son sujet, que ce soit durant leur adolescence, plus tard, dans leurs échanges épistolaires, ou encore il y'a peu depuis son retour à la civilisation. Mais cela avait été suffisant pour que, dès l'annonce de son décès par une Sixtine en proie à des emotions rares, il parte déposer un congé urgent pour le reste des vacances scolaires. Avec le peu d'élèves restants, Poudlard pourrait se débrouiller sans lui. Sixtine le pourrait sans doute aussi, mais il ne voulait pas la laisser seule. Pas cette fois.

Après être arrivé et resté auprès de Sixtine, le concierge avait respecté sa volonté de rester seul. Son esprit torturé, lui, ne le laissait pas en paix. Tout ce qu'il voyait, dans un cimetière, c'était chaque fois toutes les tombes qu'il avait du creuser de ses propres mains. Ou pire, celles auprès desquels il n'avait pu que rester droit, figé, sans même avoir eu l'occasion d'un véritable adieu. Et Sixtine le rejoint à nouveau. C'était terminé, il était temps de partir. Il était également temps, pour une fois dans sa vie, de calmer son émotivité. Cette fois, pour le bien de son amie, il devait laisser derrière lui la valse des émotions négatives et être le roc dont elle avait besoin.

Même une fois qu'ils eurent rejoint la maison de la professeure, le silence ne s'évapora pas. Alors, respectant le choix de Sixtine, Suileabhan s'efforça d'anticiper ses besoins, et de répondre favorablement aux autres éventuelles requêtes. Et même si, en plus de trente années d'aventures, ses talents culinaires ne s'étaient jamais améliorés, cette nuit, il cuisina, pour le peu que les deux sorciers eurent envie de manger. Enfin, ils allèrent se coucher, bien que le sommeil, comme à son habitude, ne fut pas clément pour l'irlandais.

Le lendemain ne fut sensiblement pas différent hormis que Suileabhan, ayant retenu la leçon de la veille, sortit par deux fois de la demeure de Tinworth. La première, pour rapporter un petit déjeuner frais, la seconde, pour aller chercher un déjeuner bien meilleur que tout ce qu'il aurait pu cuisiner. Et alors que la journée était déjà si bien entamée qu'elle appelait de ses vœux la soirée, Suileabhan se mit à fouiller une étagère. Au bout de quelques instants, ayant trouvé le bibelot qui l'intéressait, jadis offert à sa mère par Sixtine, il inspira, et posa sa main dessus. L'instant d'après, il était dans la maison héritée de sa mère, à la recherche d'un grand cru qui plairait à la professeure.

Le jeudi soir Sixtine n'avait pas ouvert la bouche, elle n'avait pas prononcé un mot et pourtant, dans son esprit, il se passait bien des choses. Elle s'était remémorée toutes les conversations qu'elle avait pu tenir avec son oncle, elle tentait de rassembler tous ses souvenirs pour n'en garder que le meilleur. Suileabhan avait préparé le diner mais la femme n'avait presque pas touché à son assiette. Elle l'avait remercié à demi mot puis, elle s'était rendue dans la chambre en attendant que le sommeil vienne la chercher.

Le vendredi, la professeure de défense contre les forces du mal s'était levée aux aurores pour voir le soleil se lever. Un café dans une main et une cigarette dans l'autre, elle était restée ainsi durant de longues heures avant de finalement se prendre en main et se préparer. Prendre soin d'elle lui permettait, durant quelques minutes, de ne pas penser à la mort de celui qu'elle considérait comme son père. Le soir venu, Suileabhan avait utilisé la Portoloin pour se rendre au domicile de sa défunte mère.

Quelques secondes après son départ, deux coups frappèrent à la porte d'entrée. D'abord surprise Sixtine resta durant un instant sans bouger. Puis, elle se leva et ouvrit la porte. En temps normal, son elfe de maison aurait ouvert la porte mais elle avait eu besoin d'être seule, elle avait donc ordonné à son elfe de partir quelques jours. Lorsqu'elle ouvrit la porte, son coeur fit un bon dans sa poitrine, Soliman était là, devant elle, un bouquet de fleur à la main et un sourire en coin sur les lèvres.

Sans attendre l'invitation de Sixtine à entrer il pénétra les lieux en lui donnant le bouquet et en embrassant tendrement sa joue. Une fois à l'intérieur, il déposa son chapeau sur une chaise ainsi que son manteau.

- Sixtine, tu es toujours la plus ravissante créature qui puisse exister. J'ai appris pour la mort de ton oncle et je me suis dit que tu aurais besoin de moi alors me voilà.

L'homme prit ses aises et commença à prendre une bouteille de champagne dans la cuisine et, à en servir deux coupes. Il commença à en boire une gorgée tout en tendant l'autre flute à son ex compagne. Sixtine encore sous le choc et sous le coup de l'incompréhension prit la flute et se laissa totalement faire sans dire un mot même lorsqu'il la serra dans ses bras.

Ce qui était bien dans la demeure de Belfast, c'est qu'après plusieurs années d'une occupation intensive, Suileabhan avait réussi à faire oublier à ses sens que c'était ici qu'il aurait pu avoir l'occasion, toutes ces années, de revoir sa mère une dernière fois. Enfin, ça, c'était ce qu'il aurait aimé pouvoir se dire. La réalité était toute autre : il se sentait toujours oppressé par le poids de ses souvenirs, et son séjour dans ses appartements de Poudlard était bien plus reposant. Lorsqu'il revenait ici, il avait tendance à s'enfermer au sous-sol, sauf lorsque Sixtine était là.

Cette fois, plutôt rapidement, il se contenta de descendre afin de choisir un de ses meilleurs crus. Un Superior Red, peut-être ? Il n'était pas particulièrement fan des Malefoy, mais il fallait reconnaître que leurs vins étaient souvent plus qu'intéressants en bouche. Satisfait de son choix, il se hâta de trouver le portoloin retour, ne désirant pas laisser Sixtine seule trop longtemps. Quelques secondes plus tard, les yeux encore perturbés par le transport successif, il se dépêcha de poser la bouteille sur la table la plus proche.

- J'ai pris du Superior Red. J'imagine qu'elle gardait ça pour une grand occasion, mais..

Suileabhan stoppa net. Devant lui se tenait Sixtine, semblant presque figée, et un homme qui.. il n'avait pas rêvé, il venait d'écarter ses bras d'elle ? Immédiatement, avec une réactivité et une vitesse propre aux vétérans dont il faisait partie, sa baguette trouva sa main. L'irlandais avait goûté à une atmosphère chargée désagréablement, contrastant avec le sourire de l'inconnu, Suileabhan identifiant donc ce dernier comme l'origine de ces étranges sensations. En quelques secondes, la transformation du concierge était radicale. Il ne restait plus rien, dans ses traits, sa posture et son maintien, de l'éducateur râleur ou du sorcier cynique qu'il était. À cet instant précis, il incarnait parfaitement les côtés les plus sombres de son être, de son patronus, et ceux qui connaissaient sa forme auraient pu sans effort lire l'ours noir en lui.

Et pour une fois, ce n'était pas de la fureur qui se lisait dans ses yeux, qui suintait de son corps. C'était un voile, lourd de menace, reliquat de son entraînement en Turquie, de son expérience du monde, de sa volonté de protection. Il était prêt à toute les éventualités, y compris la plus évidente : l'homme qui se tenait devant lui n'était pas le bienvenu. Non, aucune trace de la moindre émotion autour de Suileabhan en cet instant, mais une sombre aura étrangement calme qui emplissait la pièce.

- Identifiez-vous. Maintenant.

À des lieues de la voix habituelle de l'irlandais, il avait prononcé ces quelques mots d'une voix lourde, froide, et dénuée de tout accent caractéristique.

Suileabhan avait fait son retour dans la pièce à l'instant ou Soliman avait relâché son étreinte autour du corps de la professeure. Elle était toujours interdite, elle ne prononçait pas un mot, elle ne bougeait pas et observait la scène telle un corps sans âme. Soliman observa le concierge de l'école de Poudlard, il avait sorti sa baguette et avait pris une position défensive alors que l'ex compagnon de Sixtine lui fit un large sourire et ne semblait pas inquiété par la menace de sa magie.

- Soliman Scott. Avait il répondu de sa voix rauque et froide. Merci pour cette délicieuse bouteille de vin mon vieux. Maintenant, vous pouvez repartir nous avons du temps à rattraper avec ma chère Sixtine.

Il s'était de nouveau approché de la femme et avait placé une main autour de ses hanches l'obligeant à coller son corps au sien. Un mouvement d'habitude plus qu'un mouvement d'envie fit porter la coupe de champagne jusqu'aux lèvres de Sixtine. Elle but doucement d'abord puis, termina d'une traite la flûte. En la voyant faire, Soliman prit un plaisir à lui penchant la tête un peu plus vers l'arrière en lui tirant doucement les cheveux. Puis, il relâcha sa prise pour replacer sa main sur la hanche de la directrice de maison et boire à son tour le contenu de sa flute. L'instant d'après, il se détacha du corps de Sixtine pour se rendre sur le balcon donnant sur l'extérieur et fumer une cigarette.

TW : violence magique

En entendant, en vivant, en observant, en ressentant la réponse du sorcier, l'adolescent, le jeune sorcier qu'avait un jour été Suileabhan, celui que Sixtine avait connu, se serait sans aucun doute enfui d'un geste rageur, la laissant au final seule. Mais l'irlandais n'était plus cette personne depuis déjà bien longtemps. Désormais, il était quelqu'un qui mettait ses menaces à exécution. Et surtout, il était devenu un élément à ne plus sous-estimer, et encore moins montrer le dos.

Il suffit simplement à celui qui n'était encore quelques minutes plus tôt qu'un inconnu pour le concierge pour que cette fois, la fureur de Suileabhan se déchaîne. Soliman. En quelques instants, tous les récits de Sixtine autour de l'odieux personnage s'assemblèrent et achevèrent la transformation de l'état mental actuel de l'irlandais. L'aura de noirceur et de colère autour du sorcier était désormais telle qu'on aurait pu la décrire comme palpable, suffocante. Une fraction de seconde plus tard, lorsque Suileabhan leva sa baguette, ce n'était déjà plus le vétéran qui agissait. Pas question d'un duel, d'une guérilla. C'était une volonté de destruction. Et Suileabhan avança.

- Expulso.

Étrangement, cela sonnait plus comme un ordre que comme une formulation. Mais ce qui était sûr, c'était que l'onde de choc explosive avait frappé de plein fouet l'homme sur le balcon. D'ailleurs, quel balcon ? Ce n'était pas qu'il ne voyait pas les dégâts, non. Il les voyait, et il n'en avait rien à faire. Chaque fibre de son corps ou de son esprit n'était occupé qu'à deux choses. Suivre la voie de son Maître pour l'empêcher de sombrer, et surtout, réduire ce qui lui faisait face en miettes. Car ce n'était pas un duel, Soliman n'était pas, n'était plus l'ennemi. C'était l'expression du plus noir côté de Suileabhan, au service de son vœu le plus pur. Le sorcier abject des pires souvenirs de Sixtine n'était déjà plus une menace à craindre, mais quelque chose à éliminer définitivement de l'entourage de la sorcière.

Quelques secondes plus tard, Suileabhan sautait déjà en bas, visant ce que son corps tout entier avait détecté comme étant le point d'impact. Aucun flottement, aucune hésitation. Rien qu'un reflet dans ses yeux qui menaçait de le consumer. Pour un quelconque observateur extérieur, le combat interne de l'irlandais n'aurait pas pu être détecté. Pour lui, il était interminable. Puisant au travers ses souvenirs les plus gorgés d'émotions, il finit par en choisir un. À l'idée de le perdre, mentalement, une unique larme coula. Alors, suivant à la lettre tout ses préceptes, il se servit de son propre déchirement pour ne rien sacrifier de lui.

- Deprimo. Deprimo. Deprimo.

Trois fois. Aucune hésitation. Un large cercle de terre, probablement complètement effondré, menant il y'a quelques secondes encore à la demeure de Sixtine, et une impossibilité momentanée de connaître l'état actuel de la cible de Suileabhan. Sa magie rageuse avait frappé, et elle n'était peut-être pas prête de s'arrêter.



J'ai écrit tel que Suileabhan le vivait. Et puis, réflexe de plume, je me suis dit : est-ce que j'abuse ? Je vais lancer des dés. Résultat : . Bon bah. Allons-y.

Soliman était en train de fumer sa cigarette lorsqu'il se sentit partir. Partir ou ? Lui même n'en savait rien. Quelques secondes plus tard, il n'avait plus sa cigarette en bouche et il se retrouva dans le jardin de la maison de Sixtine. Heureusement pour lui, il avait réussi à ne pas se cogner la tête contre le rebord de la piscine. Presque par miracle et surement car il avait l'habilité d'un chat, il était tombé sur ses jambes. En relevant la tête il remarqua l'homme aux airs de Viking sauter du reste de balcon encore debout de la professeure pour le rejoindre dans le jardin.

Durant cette scène, Sixtine avait regardé les actions de son compagnon sans réagir. Il venait d'expulser son ex par la fenêtre de son balcon en emportant le balcon dans sa chute. Bizarrement, la vision de cette scène lui déchira le cœur. Elle avait l'impression de revivre le dernier soir qu'elle avait passé avec Soliman avant de le quitter définitivement. Ce soir là ou, ils avaient détruit leur maison à coup de magie. Comme si cette scène l'avait soudainement sortie de son état végétatif, elle attrapa la baguette à sa cuisse et transplana dans le jardin ou Suileabhan était en train de laisser s'échapper sa colère.

Soliman en voyant Sixtine apparaitre à côté de lui alors que Suileabhan lançait un sort destructeur sans se rendre compte que la sorcière les avait rejoint, la poussait derrière lui et lança un sortilège de protection chose que Sixtine fit au même instant. Dans une synchronisation parfaite, les deux sorciers, ex compagnon de vie et ex compagnon de travail, avaient lancé un protego assez gros pour se protéger tous les deux. A la différence que Sixtine avait également fait le nécessaire pour protéger Suileabhan. La bulle protectrice avait du mal à tenir face aux trois sorts de son amant et afin de limiter un maximum les dégâts et dans un instinct de protection de ressource, Soliman avait serré Sixtine contre lui. Et la sorcière ne broncha pas, son esprit était pour le moment occupé à ne pas relâcher sa concentration pour protéger Suileabhan.

Une fois la terreur passée, tous les trois se retrouvèrent dans un trou assez profond. Sixtine s'arracha de l'emprise de son enfer pour se rendre aux côtés de l'homme qu'elle aimait. Elle titubait car elle avait puisé beaucoup d'énergie magique.

- Je te protège et tu vas vers lui ? Rassure moi, tu y vas pour lui montrer ta supériorité et le faire taire. Reviens vers moi Sixtine, je t'ai protégé de sa colère, je suis là pour toi maintenant.

Sixtine stoppa sa marche, il avait raison, il venait de la protéger tandis que Suileabhan avait risqué de tous les tuer. Devait elle revenir en arrière ou avancer ? Son cœur battait plus fort encore, elle avait l'impression que chaque battement s'entendait à des kilomètres. Perdu, elle observa Suileabhan.

Rien n'avait changé l'état de Suileabhan. Rien n'aurait pu le faire. Et puis, les yeux de Sixtine croisèrent les siens. Et si sa colère restait, toute la noirceur, elle, avait quitté son corps et son esprit.

- Assez !

Sa voix avait tonné dans les environs, dont le calme contrastait avec les dégâts causés par sa fureur.

- Ce n'est pas de la protection, c'est de l'appropriation. Et si toutes ces années d'écart n'ont pas suffit à te faire réfléchir comme un être humain, laisse moi t'éclairer : Sixtine n'est pas ton objet. C'est une sorcière, une grande sorcière, libre, qui fait ses propres choix.

À mesure qu'il continuait de tonner d'une voix puissante, l'accent pointait à nouveau dans la voix du concierge, tandis que sa colère se faisait moins folle, plus réfléchie.

- J'en ai vu des tas, des comme toi. Des sorciers, des moldus, qui disent et croient protéger alors qu'ils ne font que prendre et détruire.

Un quart de seconde, il fut tenté de faire éclore son patronus, en ultime menace. Mais, traversé par un soudain éclat de lucidité, il continua plutôt, convaincu par chacune de ses paroles.

- Et c'est là toute la différence. Je n'aurais aucun scrupule à tout faire, tout mettre en jeu pour que jamais plus elle ne soit blessée par ta malveillance, ton égo caché derrière tes sourires et tes mains tendues. Je n'aurais aucun regret à ce qu'elle renonce à moi si c'était la contrepartie à sa liberté. Je l'aime, pas comme un enfant qui veut tout posséder, pas comme un paternaliste qui ne préserve que ce qu'il veut, mais comme un homme aime une femme : avec respect.

Et comme si que ses mots n'avaient été que le préambule à ses actes, il s'assit. Bien sûr qu'après presque 40 ans à la connaître, il avait peur de la perdre à nouveau, définitivement. Mais il croyait aux mots qu'il venait de prononcer, ceux qui s'étaient formés au travers de décennies d'événements et de réflexions qui avaient menés à leurs retrouvailles. Et il avait décidé de faire confiance à Sixtine, comme celle-ci lui avait fait confiance pour l'accepter à nouveau dans sa vie intime. Alors, sans attendre la moindre réponse, il se décida à lancer son meilleur sortilège, celui qu'il maîtrisait le mieux. Né de sa plus pure conviction, le Protego Totalum jaillit de telle manière qu'il puisse totalement entourer Sixtine. Quel que soit son choix, la magie de Soliman n'aurait aucune chance de la toucher.

Suileabhan ferma les yeux. Il savait que dans cette position, il pourrait maintenir son dôme jusqu'à l'épuisement de sa magie si besoin. Et si c'était ce qui l'attendait.. qu'il en soit ainsi. Il le lui avait promis. Quoi qu'il advienne, cette fois il ne l'abandonnerait pas.

Soliman était très fort pour exercer une pression sur la brune. Il parvenait à la faire se sentir mal quand elle allait bien et il arrivait même à la faire se sentir coupable d'une chose dont elle n'était pas coupable. A cet instant, alors que son esprit repassait en boucle toutes les scènes de violence qu'elle avait vécu pour empêcher son cœur de succomber à un passé douloureux, la voix de Suileabhan resonna. Il avait retrouvé son accent et son timbre de voix que Sixtine appréciait tant. Elle écoutait choque mot qu'il prononçait et des mots s'imprimèrent dans son esprit : Appropriation, libre et choix.
C'est à ce moment là que Soliman décida de répondre à son interlocuteur.

- Sixtine est une personne incroyable et bien sur que je reconnais son talent. Je lui ai d'ailleurs appris de nombreuse chose. Je ne veux pas la détruire, je veux la protéger. Il suffit de voir l'état de sa maison pour comprendre que tu n'es pas celui qui lui faut.

La professeure tourna la tête un sourcil arqué. Il venait vraiment de la complimenter ? Lui qui avait passé des années de sa vie à lui dire qu'elle n'était rien sans lui et qu'elle lui devait tout son talent. Elle reporta ensuite son attention sur Suileabhan. Alors qu'il était en train de prononcer les dernières parole de son discours et qu'il lança un protego sur la sorcière, un corbeau noir était venu se poser à côté de lui. Si certain auraient pu y voir un mauvais présage, Sixtine y voyait là un signe de son oncle. Elle était maintenant convaincu qu'il s'était posé ici pour approuver les mots du concierge.

- Et que vas tu lui apporter toi ? Je me suis renseigné à ton sujet et j'ai cru comprendre que ma belle Sixtine fricotait avec l'équivalent d'un elfe de maison tout juste capable de passer le balai dans une école.

Sixtine venait de retrouver sa flamme intérieur, ses yeux pétillaient de nouveau et lorsque Soliman leva sa baguette pour attaquer l'homme par surprise, il fut prit de cours par Sixtine qui pointa sa baguette vers lui.

- Falsus memor. Dit elle en affectant tous les souvenirs de l'homme et elle. Elle en profita pour inverser les rôles et créer la peur chez Soliman. L'enfer, c'est moi.

Occupé qu'il était à maintenir son dôme de protection, Suileabhan n'écoutait même plus consciemment la suite des événements. Si quelqu'un s'était rapproché de son visage en cet instant, il aurait noté que le sorcier semblait inlassablement murmurer d'étranges paroles, dans une langue tout aussi étrange. Et puis, il entendit Sixtine prononcer le puissant sortilège, ce qui le sortit de sa transe. Mettant fin au Protego Totalum, l'irlandais se releva, filant rejoindre sa compagne. Il avait eu raison de croire en elle jusqu'au bout, et il ne regrettait rien de ce qu'il avait dit ou fait.

Une partie du terrain devant sa maison était désormais effondré par sa faute, mais il se préoccuperait de cet état plus tard. Celui qui l'inquiétait, c'était celui de Sixtine qui venait d'utiliser un sort puissant alors qu'elle lui avait paru déjà bien fatiguée. Un instant, il envisagea de lui lancer un Revigor mais, sondant ses propres réserves magiques, il conclut que ce serait un acte plus dangereux qu'autre chose. Alors, délicatement, il laissa son amante s'appuyer sur lui, tandis qu'il remontait le terrain magiquement creusé en direction de la maison. Derrière lui, il laissait un homme en proie à la réponse finale de Sixtine face à cette partie de son histoire. Un destin mérité, et l'assurance désormais qu'il ne s'en prendrait plus à elle, plus jamais.

Alors qu'ils passaient en dessous du balcon en partie détruit, Suileabhan en profita pour lancer un Reparo qui acheva presque de le vider. Ce n'était pas totalement parfait, et il ne pouvait pour le moment rien faire pour le jardin, mais au moins, la maison serait en bon état. Une fois à l'intérieur, il se saisit au passage de la précieuse bouteille et d'un verre, avant de continuer jusqu'à la chambre de Sixtine, qu'il déposa délicatement sur son lit. Enfin, il s'assit, un verre de Superior Red à la main, qu'il souleva. Étrangement, il avait envie de rendre hommage à un homme qu'il n'avait pas connu.

- À Sixtus, et à la vie.

Quelques minutes plus tard, épuisé, il s'endormait.



Fin du RP pour moi, que d'émotions !