Mon cadeau était prêt. Cela faisait maintenant quelques semaines que je préparais ça aux petits oignons pour le plus grand jour de l'année. Oui, le 1er avril, c'était l'occasion pour moi de m'adonner à ce que je préférais, faire des farces, embêter les autres et surtout les professeurs. Un peu un jour carte blanche pour moi. Fallait dire que tout le monde était beaucoup moins regardant ce jour-là. Surtout que j'étais pas le seul à m'en donner à coeur joie dans mon année, non non. Il y en avait même des plus sérieux qui se lâchaient un peu aujourd'hui, c'était pour dire comment le 1er avril rendait tout le monde zinzin.

Ça allait être le coup du siècle. J'avais préparé un joli cadeau pour le sous-directeur qu'il allait sûrement apprécié, ça oui ! Le sous-directeur, c'était plutôt du genre à jamais rigoler et à pas se laisser impressionner par grand chose. Mais c'était le jour des farces et fallait se détendre un peu monsieur Featherstone ! Vous en faites pas, Nico est à votre service et il a tout prévu. Dans ce joli cadeau se trouvait une boite de ma confection, quelque chose qui à coup sûr le ferait sauter de sa chaise. J'avais bien pris le temps de tout emballer histoire qu'il se doute de rien puis j'avais pris la direction de son bureau.

Tiens, j'avais jamais mis les pieds ici d'ailleurs. Pourtant j'en ai vu des bureaux, mais il fallait croire que mon comportement était pas aussi pire qu'on pouvait le penser vu que généralement je me contentais juste de me faire réprimander par les professeurs. Je toque, comme tout enfant poli que je suis. Farceur, mais toujours poli.

— Je peux entrer Monsieur Featherstone ?

Plus qu'un signe de sa part et mon plan déroulerait. Je m'imaginais déjà sa tête, ça serait hilarant. Espérons qu'il le prenne bien et qu'il était plus du style à rire avec ses élèves pendant ce jour si particulier. Je retoque pour être sûr qu'il entende bien. A cet âge, c'était un peu dur de la feuille et vu la préparation derrière ce piège, j'allais sûrement pas laisser passer ma chance aujourd'hui. Là où pas là, je le trouverais dans tout le château s'il le fallait.

Le professeur Featherstone s'était enfermé dans son bureau, comme bien souvent au final. Sa pièce personnelle lui était confortable : de grandes bibliothèques, quelques plantes, un salon individuel. Il y avait de quoi vouloir s'emmurer ici. Feuilletant de la paperasse tout en savourant un thé, le professeur en avait oublié la date du jour et sa signification. C'était d'ailleurs pour son plus grand bien : les farces trop mouvementées du 1er avril n'étaient généralement pas de son goût. Même étant plus jeune, il ne se souvenait pas avoir pris part aux calembredaines élaborées par ses camarades.

Ainsi, il fut surpris lorsqu'il entendit que l'on venait à sa porte. C'étaient rarement des élèves qui venaient lui rendre visite. C'étaient bien plus souvent les autres professeurs, ou les fantômes qui passaient les murs de manière intrusive pour rapporter les petits tracas du château.
Le vieil homme leva la tête de ses parchemins. A être rester trop longtemps concentré sur ses feuilles, le reste de la pièce lui parut flou. Il se frotta les yeux, tout en répondant à l'appel.

« Allez-y, entrez... »

D'un mouvement de baguette, il déverrouilla la porte pour rendre possible l'entrée du jeune garçon. Le botaniste prit une gorgée de son thé et suivit du regard l'intrus qui lui rendait visite.

« Que puis-je faire pour vous ? Demanda-t-il. »