Les heures passaient, les cours se déroulaient, et Maisie n'avait qu'une seule hâte, en finir avec tout ça et être tranquille. Profiter du bon temps, souffler, se prélasser, ne rien faire. Mais hélas, elle savait que ses désirs ne seraient pas atteints si facilement, car après l'effort, toujours l'effort. Et oui, à Poudlard, c'était comme ça. Après les cours, il fallait faire ses devoirs, et personne ne pouvait en être dispensé.

Elle aurait pu aller dans son dortoir pour réaliser le devoir de sortilège qui l'attendait depuis déjà deux jours, mais elle savait très bien qu'elle n'aurait pas la motivation nécessaire pour le faire si elle y allait. Son lit l'appellerait sans doute, et cette histoire finirait en sieste improvisée à quatre heures de l'après-midi. Il valait mieux se rendre en salle d'études, dans ce genre de moments. Un endroit où elle était sûre qu'elle travaillerait et qui serait terminé le jour même.

C'est ainsi qu'elle se dirigea doucement mais sûrement, vers la salle d'études au deuxième étage. Munie de tout son nécessaire scolaire, elle prénêtra dans la salle et s'installa à la première table vide qu'elle croisa. Elle déposa par la suite ses parchemins, sa plume et son encre, et se mit à lire les questions du devoir. Il fallait dire que l'envie n'était toujours pas à ses côtés, malheureusement, il était grand temps pour elle de clôturer ce devoir, le cours de sortilèges ayant lieu de lendemain matin.

C'était une épreuve très difficile à surmonter. Autant la salle d'études était une bonne idée, autant elle pouvait être également une grande source de distraction. Par les fenêtres, par exemple, on pouvait y contempler des oiseaux qui volaient, des élèves qui discutaient, d'autres qui jouaient avec leurs animaux. Dans la salle, même les élèves les plus studieux étaient source d'étourderie. Regarder les plumes gratter le parchemin avait quelque chose d'envoûtant et Maisie avait du mal à s'en défaire.

Cependant, elle secoua la tête un bon coup et tenta de se focaliser sur son morceau de parchemin à elle. Mais comme on dit, chassez le naturel, il revient au galop. Sa concentration ne dura que quelques secondes. Maintenant, c'étaient ses pensées qui s'y mettaient. La jeune fille imaginait le banquet du soir et se demandait par quels aliments elle allait se laisser tenter. De la pomme de terre ? Cela faisait bien longtemps qu'elle n'en avait pas mangé. Avec du poulet peut-être ? Et quelques haricots. À cette pensée, sa bouche se mit à saliver, elle commençait à avoir faim... Mais il n'était pas l'heure ! Concentration maintenant, focus sur le devoir de sortilèges, et que ça saute...

Il ne restait que deux mois avant la fin de l'année. C'était certainement ce qui motivait Cheryl à se lever chaque fois que le soleil se levait lui aussi. La fillette savait que c'était la dernière année durant laquelle elle avait à subir les cours d'histoire de la magie qu'elle détestait depuis le premier cours. Encore quelques mois et fini les cours d'histoire, à tout jamais. La rouquine devait bientôt faire face au choix des filières, mais en toute franchise, elle savait d'ores et déjà qu'elle choisirait les yeux fermés la filière auror.

Bien qu'il restait deux mois, les professeurs continuaient à donner des devoirs, sans compter les examens de fin d'année qui, eux aussi, approchaient à grands pas. La Serpentard n'en était pas stressée, pas le moins du monde mais elle préférait tout de même travailler les matières qu'elle ne maîtrisait pas, dont l'histoire de la magie. Rien qu'en entendant ce mot, la deuxième année avait des frissons. Eurk, l'horreur. Cette matière rimait avec ennui, inutilité, perte de temps et sommeil.

Cela faisait bien plus de trente minutes que Cheryl lisait pour la énième fois la consigne du devoir d'histoire et son parchemin demeurait vierge. Pourquoi peu de sorciers mâles ont été intentés en procès ?, Pour quelles raisons les sorcières étaient-elles brûlées à cette époque ?
Après avoir lu ces consignes au point de les connaître par coeur, la rouquine se redressa d'un coup et, en voulant s'écarter du parchemin, elle le balaya de sa table, le faisant atterrir près d'une autre élève qui étudiait non loin d'elle.

Oups. La Serpentard se leva de sa chaise et, sans dire un mot à la sorcière qui semblait un peu plus âgée qu'elle, ramassa son parchemin. En se rapprochant de siège, la fillette eut soudainement une idée. Et si elle demandait de l'aide à la Gryffonne qui se situait juste là ? Sa fierté l'en empêchait. Il fallait être vraiment désespéré pour demander de l'aide à qui que ce soit pour un stupide devoir.

La jeune Styles s'était alors rassise mais ses yeux étaient restés posés sur la rouge et or. Lui demander ? Ne pas lui demander ? Aucune idée. C'était sans discrétion que la fillette continuait à la regarder, comme pour laisser ses yeux demander de l'aide à la place.

Ses tentatives étaient vaines. Maisie n'arrivait pas à se lancer plus de vingt secondes dans la réflexion de son devoir. Elle lisait les questions, mais les mots n'avaient aucun sens dans sa tête, tant la concentration était loin, très loin. Elle n'y arrivait pas. Peut-être devait-elle donc changer de tactique ? Prendre un peu l'air avant de s'y mettre, trouver l'inspiration dans un autre endroit que la salle d'études.

Parfois, il lui arrivait de réaliser des devoirs dans des endroits improbables. Sur le sol, à côté des escaliers, sur une branche d'arbre dans le parc, à côté des portraits qui la guidaient, certaines fois. Alors, elle se laissa tenter une fois de plus. La jeune fille s'apprêtait à ranger ses affaires quand une élève de Serpentard attira son attention. Elle semblait dans le même état d'esprit que la Gryffonne, sauf qu'elle, elle semblait vouloir le terminer, son devoir. *Force à toi, camarade !*, pensa-t-elle.

Maisie commençait donc à ranger ses affaires, mais quelque chose la dérangeait. Elle ressentait un regard pesant sur elle, quelqu'un qui l'observait. Le malaise s'installait, et lorsqu'elle leva la tête, elle constata que la Serpentard la fixait. Savait-elle cligner des yeux ? Maisie en doutait, tout ce à quoi elle pensait était que la fille en face d'elle était particulièrement angoissante à la regarder de cette manière. Alors, ne sachant pas trop quoi faire, elle s'autorisa à lui parler. Peut-être voulait-elle un autographe ? En quel honneur, ça, elle ne le savait pas, mais qui sait, elle était peut-être fan des Gryffondor, tout simplement.

- Euh. Salut ?

Avant de poursuivre la conversation, elle ôta un doute qui s'était immiscé dans sa tête aussitôt elle avait ouvert la bouche. Si ça se trouvait, elle ne la fixait pas particulièrement, mais plutôt quelqu'un ou quelque chose qui se trouvait derrière elle. Alors, elle se retourna. Et... Rien. C'était donc bien elle, qu'elle fixait.

Soudain, une idée étrange survint dans sa tête. Et si, cette fille avait flashé sur Maisie ? Oh la la, le malaise ! Ce n'était sans doute pas ça, mais les coups de foudre étaient si vite arrivés, surtout chez les jeunes adolescents ! Elle ne saurait absolument pas comment réagir si tel était le cas, Maisie n'était absolument pas attirée par les filles. M'enfin, maintenant, il était trop tard pour fuir, et au fond, elle était bien trop curieuse. Alors, elle continua sur sa lancée :

- Quelque chose ne va pas ? Tu as besoin d'aide ?

La Gryffonne observait à son tour sans relâche sa camarade, en attente d'une réponse quelconque. Elle espérait que cette dernière soit à l'opposé de ses pensées. Pitié.

Et voilà, la Gryffone avait fini par remarquer que Cheryl la fixait comme un chien fixerait un bout de bâton.

- Moi, avoir besoin d'aide ? Jamais ! s'écria la fillette avant de se rendre compte qu'elle avait possiblement parlé un peu trop fort.

Et puis flûte, tant pis si les autres élèves l'avaient entendu. La fillette dévia enfin son regard et replongea dans sa copie. Elle se mit à relire cette consigne qui était inscrite dans le devoir pour la deux-centième fois. Impossible pour la rouquine de commencer ce devoir. Il ne restait plus qu'une solution — à moins de mendier de l'aide à la professeure d'histoire — être honnête avec la rouge et or qui se trouvait juste là.

- Bon peut-être bien mais c'est parce que ça concerne un devoir d'histoire de la magie, avoua la Serpentard. Ça fait presque une heure que je suis là et j'ai l'impression que je vais me transformer en verracrasse si je continue comme ça.

Est-ce que le jour où la jeune Styles allait mettre sa fierté de côté et demander de l'aide à autrui était arrivé ? Il semblait que c'était bien le cas, ce qui étonna même la deuxième année qui se retint de partir en courant comme si de rien n'était. De toute façon, son interlocutrice n'allait pas la recroiser avant un bon bout de temps.

Si une chose agaçait Maisie au plus haut point, c'était l'attente d'une réponse. Un oui ou un non était amplement suffisant pour la question qu'elle venait de poser, et pourtant, rien de cela ne sortait de la bouche de la fille en face d'elle. Jusqu'au moment où la fierté, l'égo de Serpentard s'empara de cette dernière. Depuis quand les Gryffondor aidaient les Serpentard ? Ce temps n'a-t-il jamais été révolu ?

En entendant les paroles de la verte, Maisie leva les yeux au ciel, et se remit à son activité : ranger ses affaires. À bien y réfléchir, elle aurait certainement dû rester dans son dortoir. Quitte à ne rien faire, autant le faire dans son lit.

Alors qu'elle s'apprêtait donc à partir, la Serpentard revint sur ses paroles. Finalement, elle souhaitait bien l'aide de Maisie, son égo s'était envolé soudainement après avoir accepté la vérité : elle était bloquée.

La jeune Gryffonne était assez sceptique. Arriverait-elle à l'aider ? Ca, c'était une excellente question. On ne pouvait pas dire qu'elle était nulle en histoire de la magie, cependant, on ne pouvait pas dire qu'elle excellait non plus.

- Vas-y, raconte. Je ne sais pas si je vais être d'une grande aide, mais je peux toujours essayer...

Après une légère pause, elle continua, un peu amusée.

- Après... sous un certain angle, ça peut être mignon une verracrasse...

Le visage de la Gryffonne trahissait le fait que la demande de Cheryl n'était sûrement pas ce qui l'arrangeait. N'avait-elle seulement pas envie d'aider la deuxième année ? Ou bien, avait-elle un niveau aussi médiocre que la fillette en histoire de la magie ? Dans les deux cas, c'était mal parti.

Malgré tout, elle avait décidé de l'aider. A ce moment, la rouquine se demanda si c'était vraiment une bonne idée d'avoir demandé de l'aide à la rouge et or. Si c'était pour qu'elle rate davantage son devoir, c'était pas la peine d'y penser. La Serpentard inclina son parchemin pour que sa camarade puisse lire l'énoncé et appuya sa tête sur sa main, le coude posé sur le bureau, dans l'attente d'une indication quelconque qui pouvait l'aider à finir, que dire, commencer son devoir.

C'est alors que la Gryffondor fut preuve d'un peu d'humour. Cheryl afficha une moue dégoutée en entendant sa phrase. Une verracrasse mignonne ? On aurait tout entendu. C'était la créature qui était synonyme de dégout par excellence. Enfin, peut-être que son caractère n'avait rien à voir avec son physique, mais de là, trouver une verracrasse mignonne...

— Eurk, certainement pas, s'indigna la jeune Styles avant de pouffer légèrement. Voilà le sujet, si tu peux me donner une indication, ça m'aiderait pas mal, dit-elle en reprenant son sérieux.