Ce que j'aimais le lundi, c'était le cours de potions de la matinée. Ce que j'aimais moins le lundi, c'était le cours de vol de l'après-midi... Heureusement que ce dernier ne durait qu'une heure. Mais c'était presque une heure de trop.
En toute honnêteté, il fallait quand même reconnaitre que les cours de vol se passaient un peu mieux que l'année dernière, et cela grâce à la peluche calmante que m'avait confié l'infirmier en début d'année. Certes, je pouvais tenir sur le balai et la sensation de malaise que je ressentais dès que mes pieds quittaient le sol était amoindrie, mais j'avais hâte d'être en troisième année pour ne plus avoir ces cours.

Après un cours de vol qui fu plus théorie que pratique, j'avais rejoint la bibliothèque dans le but d'approfondir la partie du thème actuel des Cucurbitacées et notamment la notion de fruit.
M'installant à l'une des tables de travail, je sors de mon sac mon manuel de botanique élémentaire, mon épais carnet que j'utilisais depuis le début de notre projet d'herbier commun, à Ellana et moi, pour prendre des notes sur les différentes plantes que le professeur avait accepté de nous partager, et bien sur, plume et encre, mais aussi quelques crayons.
Je commence par relire le chapitre traitant des fruits, mais rapidement, je me dirige vers les rayonnages pour trouver d'autres ouvrages pour compléter mes recherches.
Et c'est partie pour noircir quelques pages de mon carnet et y tracer quelques croquis

Oh le lundi, quelle journée bien trop longue. En plus de quitter le week-end, une épreuve depuis huit mois, le lundi est synonyme d'interminable. C'est long, quatre heures de cours de suite. Et peu importe le cours, Klea n'a absolument rien contre son professeur de métamorphose. Mais quatre heures, qu'est-ce que c'est difficile, pour se concentrer. Heureusement que la botanique ne dure qu'une petite heure. Quoi que. C'est long, une heure, quand on arrive au mois de mai, que c'est bientôt la fin de l'année et que surtout, c'est la panique à bord. Si elle a tenté de l'éviter jusqu'au bout, Klea ne peut que l'admettre : la systématique en botanique lui donne de l'urticaire. Paumée. Désorientée. Perdue.

Au moins, elle ne s'est pas perdue en chemin pour la bibliothèque, toujours avec son histoire de systématique. Elle est assise plus ou moins sagement à la bibliothèque dans le but de rattraper miraculeusement son retard accumulé depuis ces deux derniers mois. Classer les plantes. Quelle idée. Une plante verte à feuilles rondes, c'est une plante verte à feuilles rondes.

Elle bloque un moment et elle finit bien évidemment par divaguer. Regardant autour d'elle, elle cherche la solution à son problème. Et la solution à son problème, elle la trouve en face d'elle. Rousse. Deuxième année. Serdaigle. Bingo. A ce stade de l'année, elle ne peut que la connaitre. Au moins de vue. Mais là, ce qu'elle voit, c'est son manuel de botanique. Parfait.

Il n'en faut pas plus à Klea pour qu'elle se lève en direction de la Serdaigle, elle ne compte pas rester bloquée sur la systématique éternellement. — Salut. J'ai vu que t'es sur de la botanique. J'm'appelle Klea, j'suis en première année et j'suis un peu bloquée... Elle parle pas fort, et maintenant qu'elle s'est levée sur un coup de tête, la voilà à moitié timide ? C'est beau d'agir impulsivement, mais peut-être l'autre petite fille a-t-elle autre chose à faire. Alors Klea est là, avec un petit sourire gêné, en train de se balancer sur ses propres pieds. Pas trop envie de se faire rejeter, vu les timings, c'est un peu sa dernière chance, la petite rousse.

@Erin Fergusson

Le livre que j'avais récupéré dans le rayonnage traitant de la botanique était bien plus complet que la petite phrase issue du manuel "Les fruits sont le résultat d'une fleur fécondée."
Après une première lecture des premières pages, je me saisis de ma plume que je trempe dans l'encre pour commencer à noter dans mon épais carnet une définition plus complète.

En botanique, un fruit est un organe végétal contenant un ou plusieurs graines. Il résulte de la transformation du pistil (partie reproductrice femelle de la fleur) après la fécondation. Plus précisément, c'est la paroi de l'ovaire (partie renflée à la base du pistil et renfermant un ou plusieurs ovules) qui devient la paroi du fruit, entourant la ou les graines.
Il existe différents types de fruits : drupe, baie, gousse, capsule, akène...
Si une autre partie de la fleur ou une inflorescence subit la transformation, on parle alors de « faux-fruit » (ex : pomme, fraise, framboise, ananas...)

C'était déjà plus complet... peut-être trop ? Tant pis, je préférais le trop au pas assez.
L'une des illustrations du livre montre différents stades de la transformation de la fleur de cerisier en une belle cerise rouge dans laquelle on mordrait volontiers.

Insidieusement, un souvenir d'enfance me revient en mémoire. Ca devait être l'année de mes 7 ans. J'étais installée dans la cour extérieure de la boutique, à l'ombre d'un arbuste et je portais, comme souvent, une salopette en jeans. Après le renouveau de la végétation au printemps, le temps de la cueillette des fruits était arrivée. J'avais, à côté de moi, un petit panier rempli de fraises, framboises et autres. Et mon activité du jour était de préparer, dans le chaudron miniature que j'avais eu comme cadeau d'anniversaire, une purée de fruits rouges. Emportée par l'enthousiasme de cette tâche, j'avais fini avec autre de jus rouge dans le récipient que sur mes vêtements... au grand dam de ma mère qui n'avait pas apprécié de devoir nettoyer mes bêtises d'enfants.

Sortant de ma rêverie, je me remets au travail jusqu'à ce qu'une voix inconnue s'adresse doucement à moi.
- Euh... Salut. J'm'appelle Erin et j'suis en deuxième année., saluais-je la fille de la maison Serpentard. Si j'peux t'aider, bien sur. Qu'est-ce qui t'poses problème ?, lui demandais-je en lui faisant signe de s'assoir.

Si elle peut l'aider, elle va le faire. Trop cool. Et rien qu'à la vue de la prise de note de la plus âgée, sans même s'attarder à tout lire, Klea sait très bien qu'elle pourra obtenir de l'aide de la part de la jeune fille. Elle s'assoit, comme elle a été invitée à le faire. Elle pose son manuel devant elle, ouvert sur le chapitre concerné et étrangement, elle a un peu plus de honte à dévoiler son parchemin de prise de note. Ce dernier est un torchon absolu. Des bouts de phrases trainent ici et là, d'autres sont rayés absolument partout. Ce parchemin est bien la preuve de la tentative de compréhension de la systématique en botanique. En vain, de toute évidence. Son manuel ne lui a pas été d'une grande aide, elle est tellement perdue qu'essayer de recopier des bouts de ce dernier n'a mené visiblement à rien.

Non, elle ne peut décidément pas laisser un tel torchon à la vue de la Serdaigle. Demander de l'aide, pourquoi pas, mais montrer délibérément une telle difficulté, jamais. Klea est bien trop fière pour cela. Alors elle fourre son parchemin à l'arrière de son manuel et en sort un propre. Parchemin sur lequel elle se contente de noter "systématique" en guise de titre.

— En fait, j'ai peur que la systématique tombe à l'exam. J'ai compris qu'il faut classer et décrire mais je sais jamais quoi dire de plus que la couleur et la forme. Pour moi, tout se ressemble, en fait. Klea a beaucoup de tics de langage, mais elle ne sait pas vraiment comment s'exprimer. Déjà parce qu'elle ne connait pas sa camarade et donc ses habitudes de communication, mais surtout parce qu'il est relativement difficile pour la petite blonde d'arriver à expliquer ce qu'elle n'arrive pas à expliquer justement.

Le problème, c'est qu'elle se doute bien que la classification des plantes va tomber au dit exam, c'est le chapitre le plus récent de l'année, il est totalement logique qu'il soit attendu des premières années qu'ils soient capables de classer un minimum certains végétaux étudiés. Cette Serdaigle est donc surement sa dernière chance de comprendre quoi que ce soit. Impensable d'aller voir Charleston. Klea a beau l'apprécier, elle sait qu'il finira par la perdre dans ses explications.

Maintenant que j'avais une définition plus précise de ce qu'était un fruit et de comment celui-ci se formait, j'allais pouvoir se renseigner sur les différents types de fruits. On pouvait déjà séparer les fruits charnues, qui en général servait à attirer les oiseaux et autres animaux et ainsi déplacer les graines qu'ils contenaient, et les fruits secs, dont certains étaient transportés par le vent.
Parmi les fruits charnus, on distinguait ceux à pépins, les baies, comme le raisin, la tomate... et ceux à noyaux, les drupes, comme la pêche, la cerise... Pour les fruits secs, certains s'ouvraient à maturité pour libérer les graines, comme les gousses qui correspondaient aux haricots verts, les capsules du coquelicot ou les follicules de l'anis étoilé. Et d'autres ne s'ouvrent pas, comme les akènes du pissenlits avec son petit plumet qui lui sert de parachute, les samares des érables avec leurs petites ailes membraneuses qui les font tournoyer au grès du vent, et les caryopses qui correspondent aux grains de blé ou de maïs. J'avais accompagné mes notes de quelques croquis de fruits.

C'est alors que j'avais été rejointe par la jeune fille de première année qui lui demandait de l'aide.
- Oh... la systématique..., commençais-je à dire avant de m'interrompre pour essayer de me souvenir de l'examen de l'année dernière. hmm... y'm'semble qu'il y avait surtout des questions sur le vocabulaire... la menthe poivrée... et oui, p'être quelques questions sur les grands groupes de végétaux., dis-je pour essayer de la rassurer. Du coup, c'est ça que tu veux que je t'explique, Klea ?, demandais-je en faisant référence aux grandes divisions des végétaux.

Des questions sur le vocabulaire, connaître la menthe poivrée, d'autres questions mais sur les grands groupes de végétaux. Si Klea l'a d'abord regardé avec des grands yeux à mi-chemin entre l'incompréhension totale et l'admiration pour cette deuxième année, elle a vite arrêté sa contemplation pour une activité un peu plus intelligente qu'est la prise de note. Tout en haut de son parchemin, là où elle avait laissé la fameuse place nommée "au cas où", elle griffonne ce que sa camarade lui donne niveau informations sur l'examen de l'année passée. On sait jamais, cela peut toujours servir. Certes, le sujet d'examen ne risque pas d'être exactement le même, mais le programme lui l'est, et il n'est pas extensible, alors les thèmes abordés vont être sensiblement les mêmes. Même avec un changement de professeur entre temps.
— Oui c'est absolument ça ! J'ai mon programme avec moi mais j'crois qu't'en auras pas besoin... La menthe poivrée, on est en plein dedans, en plus ! Qu'elle lance en hochant vivement la tête pour confirmer avant qu'Erin n'ait l'idée de changer d'avis. Elle avait visé juste en se rapprochant d'Erin pour poser sa question, à ses yeux, elle est le Merlin de la botanique, c'est décidé. En plus d'être en position d'écoute, Klea est prête à tout noter. Pas question de perdre un mot de ce précieux savoir. — J'pense qu'on doit savoir le vrai nom des plantes et les classer mais j'comprends pas comment on les classe. Après, décrire le cycle de vie des plantes, ça devrait aller. Un pouce en l'air et un grand sourire, histoire de rassurer son ainée sur son niveau qu'elle veut justifier comme n'étant pas si catastrophique que ça, n'est-ce pas ?

La jeune élève de première année appartenant à la maison Serpentard semblait vraiment inquiète à propos des examens, enfin, surtout pour celui de botanique.
C'est vrai que la botanique, c'était moins impressionnant que les matières à baguette. Transformer un objet en animal ou inversement, c'était plutôt spectaculaire. Pouvoir déverrouiller une porte, attirer un objet ou le faire léviter, c'était pratique. Mais devoir retenir une liste de vocabulaire longue de plusieurs parchemins pour décrire un plante, je pouvais comprendre que c'était plus rébarbatif, surtout si on n'est pas vraiment intéressé par les plantes ou les potions.
J'avais eu la chance de grandir dans un environnement lié aux plantes, à courir le long des allées où mon père faisait pousser une multitude de végétaux, magiques ou pas, pour fournir les ingrédients de la boutique tenue par ma mère.
Mais même si j'aimais la botanique, je ne comptais pas poursuivre dans cette voie après Poudlard.

- J'pense que dans un premier temps, c'est surtout d'connaitre les caractéristiques des grands groupes de végétaux., commençais-je à dire tout en attrapant une feuille de parchemin et ma plume. Par exemple, est-c'que la plante à des fleurs, des tiges, des racines, etc., poursuivis-je tout en écrivant quelques mots reliés par des flèches. Alors, tu vois, si ta plante a des fleurs et qu'elle produit des graines, tu r'gardes si les graines sont dans un fruit ou un cône, comme les pommes de pin. Et donc, soit c'est un gymnosperme, comme les sapins, qui ont des feuilles persistantes en forme d'aiguilles, plutôt fines et allongées, ou alors c'est une angiosperme., dis-je tout en montrant le schéma qui je venais de tracer sur la feuille. Et si ta plante n'a pas d'fleurs, mais une tige avec des feuilles et des racines, alors c'est une fougère., continuais-je en lui souriant et en regardant sa réaction.

Cette fille est tout bonnement incroyable. Sous les yeux ébahis de Klea se dessine un schéma qui résume tout. En partant d’un élément simple à repérer sur la plante tel que ses fleurs et ses graines, Erin sectionne sa description selon les nouveaux éléments. — Wow mais c’est magique ! En gros, j’dois prendre un truc de base et j’le décline jusqu’à trouver son groupe ?

Si seulement la petite fille avait pu comprendre ça bien plus tôt, elle aurait gagné un temps précieux autant dans sa compréhension de la classification des végétaux que dans ses révisions en général. Là, un verrou vient tout juste de sauter dans sa tête et tout paraît mystérieusement, ou magiquement, beaucoup plus clair.

Pendant qu’elle prend en note le schéma d’Erin, espérant que la technique de révision de recopier serait la bonne, elle lance à haute voix les mots clés. Enfin, à aussi haute voix que la bibliothèque peut lui permettre, évidemment.

— Et du coup, à l’exam’, j’aurai une plante random et je la classe comme ça comme t’as fait sur ton schéma et ça c’est ce c’que Charleston va attendre pour la classification c’est ça ? Toujours cette peur de l’attendu à l’examen. Parce que Klea sait très bien qu’elle ne va pas pouvoir rattraper absolument tout le retard accumulé en si peu de temps de révision. Alors autant la jouer stratégique et cibler l’évaluation uniquement. Tant pis pour les connaissances supplémentaires, ce sera pour plus tard. Peut-être.

Passer par une représentation schématique m'avait semblé la façon la plus simple pour expliquer les caractéristiques des grandes groupes de végétaux : les mots essentiels, quelques flèches et le tour est joué ! Et apparemment, j'ai opté pour la bonne solution vue la remarque enthousiasmée de la petite Klea qui me fait rougir.
- Oui, globalement, c'est ça. Après, t'as tout l'vocabulaire... comme la forme des feuilles, si elles sont caducs ou persistantes... Mais ça, ça s'verra aussi au fur et à mesure des plantes qu'on étudie en cours., lui dis-je, mais sans expliquer que les fleurs ou les fruits pouvaient aussi avoir leur importance pour décrire et donc identifier une plante. Il ne fallait quand même pas l'effrayer.

Puis, j'observe Klea recopier mon schéma. *mince, j'aurais du lui dire qu'elle pouvait le garder*, pensais-je tout en souriant devant l'entrain de la jeune blonde de réussir ses examens.

- Pour l'examen, j'sais pas trop, surtout qu'le prof a changé. J'avais M'sieur Featherstone, l'année dernière., commençais-je à répondre. C'que j'peux t'dire, c'est qu'pour les examens, et c'est pas qu'en botanique, t'as deux épreuves par matière : une épreuve écrite sur la théorie vue en classe et une épreuve pratique. L'année dernière, j'devais faire le séchage de brins de menthe poivrée., complétais-je. Mais oui, il peut très bien y'avoir une plante à classer et décrire... Du moment qu'c'est quelque chose vu en cours durant l'année, j'pense qu'ça peut tomber., finis-je par dire.
Je réfléchis un instant avant de poursuivre.
- Si t'as des doutes, j'pense que tu peux en parler avec M'sieur Charleston. il est plutôt à l'écoute de ses élèves. J'suis sure qu'il pourra t'aider ou te rassurer par rapport à l'examen., souriant à la jeune Serpentard. Allez, j'suis sure que ça va bien s'passer, tes examens ! Surtout qu't'as l'air motivée pour réussir. Bonne chance !, lui dis-je en lui faisant un petit signe de la main.

Visiblement, et toujours selon les explications de la deuxième année, ce que Klea a compris de cette session de révision devrait suffire pour rattraper son retard, même si effectivement, elle manque de toute évidence d’un certain vocabulaire. M’enfin, chaque chose en son temps, c’est déjà énorme pour la petite fille d’avoir compris ce sur quoi elle butait depuis pas mal de temps maintenant.

Une dernière ligne tracée par ici, un mot clé noté par là et son schéma est bouclé. Bien moins propre que celui d’Erin mais elle ne veut pas lui faire perdre plus de temps que cela à l’attendre, elle est déjà bien gentille de lui avoir accordé du temps.

C’est vrai que le changement de professeur va évidemment changer l’examen, mais Klea est rassurée. Elle sait bien qu’elle aura de la pratique et de la théorie mais rien qu’avoir la confirmation orale d’un potentiel thème d’exam en botanique la rassure bien plus que sa camarade ne doit l’imaginer. Elle continue d’écrire ce que la Serdaigle raconte. « Séchage de brins de menthe poivrée, demander à Charleston si problème ». Brise de notes basique et pas vraiment essentielle mais au moins, c’est là. — OK. J’crois que j’ai tout noté. Et presque tout capté. J’espère que t’as raison et que ça va bien s’passer. Elle commence donc à rapidement ranger tout son petit bazar et en regardant l’heure, elle enchaîne. — Merci beaucoup Erin pour ton aide, j’espère que j’t’ai pas fait perdre trop d’temps. J’te laisse tranquille maintenant, je file ! Encore merci ! Qu’elle finit par lancer par-dessus son épaule avec un grand sourire et un signe de la main vers sa camarade. Elle file, pour ne pas la déranger plus longtemps inutilement. Elle est maintenant rassurée et un peu plus parée pour cette épreuve de botanique.