Date : Samedi 7 décembre 2047, vers minuit
Lieu : Cour de la tour de l'horloge
Tenue & coiffure : Pyjama (voir fiche) avec un gilet large noir, chignon décoiffé
Avec @Noah River

Aussi discrète qu’un chat, Alaska était sortie à pas feutrés de la salle commune des Serpentards. Petite ombre dans son grand pyjama, elle avait erré sans but précis dans les couloirs. Sa marche silencieuse l’avait menée jusqu’à la cour de la tour de l’horloge.

Pourquoi s’était-elle levée, cette fillette normalement si respectueuse du règlement ? Parce que les vacances de Noël approchaient. Et qui disaient vacances, encore plus pendant cette période, disait retour vers ses parents et sa famille fragmentée. Une horreur pour la petite. A peine ses pensées effleuraient-elles ce sujet qu’une boule compacte se formait dans son estomac.

Revoir son père, d’accord, mais il était tellement mauvais pour cacher ses émotions qu’Alaska savait qu’elle souffrirait de le voir triste, lui qui ne s’était toujours pas remis de sa rupture. Et ce serait à la brune de le rassurer, les rôles d’enfant et de parent s’inversant une fois de plus.

Et revoir sa mère… La jeune sorcière se rassurait comme elle le pouvait, cela ne durerait qu’une petite semaine après tout… Mais cela restait une épreuve. Il y allait encore avoir des disputes, des malaises, des cris, des larmes. Et ce Noël se passerait dans la famille de son beau-père, dont les parents ne l’appréciaient guère, qui n’avaient d’yeux que pour son demi-frère Lazare, ce petit ange. Après tout, elle ne pouvait pas leur en vouloir : qui préférerait une fille perdue, instable émotionnellement à un gamin tout gentil, mignon et empathique ? Personne. Elle-même l’adorait, et l’enviait secrètement.

Toutes ses pensées qui tournaient à l’intérieur de son crâne lui donnaient un affreux mal de tête, mais surtout une envie insurmontable de bouger. D’habitude, cela la gardait seulement éveillée, mais aujourd’hui elle n’avait pas plus réfléchi et avait quitté son dortoir.

Voilà pourquoi Alaska se tenait là, tel un zombi dans la cour de la tour de l’horloge. Ses yeux restaient sur tout, sauf le ciel au-dessus d’elle et l’astre brillant qui illuminait la cour. La présence, si proche, de la Lune lui donnait des frissons. Une subite prise de conscience lui rappela que bafouer le couvre-feu était punissable, et elle se renfonça dans un coin un peu plus obscur, seule avec ses pensées. Ou du moins se croyait-elle seule…

Voilà Noah, dis-moi si ça te convient !

L'air plus que frais de cette nuit de décembre me fait frissonner et je maudis Poudlard de se trouver dans un endroit aussi au nord. Mes pas ralentissent tandis que je marche sans bruit dans l'obscurité. J'ai l'impression que ma respiration pourrait réveillé tout le château tellement l'endroit est silencieux. Tous mes sens sont en alerte pour me permettre de repérer le moindre son ou mouvement pouvant indiquer une présence autre que la mienne. Il ne faut pas que je me fasse prendre ! Pas parce que j'ai peur d'être puni. Ça ne pose pas trop de problème. Non, ce que je ne veux pas, c'est faire perdre des points à ma maison. Le fait que je sois à Serpentard fait la fierté de mon père et ne peux pas le décevoir en faisant perdre la maison pour la coupe. Il faut que Serpentard soit les meilleurs. Mais surtout, que je sois le meilleur ! La compétition c'est tout ce qui me m'aide à me sentir vivant ! Je m'apprête à m'adosser dans un coin de la cour quand une étrange impression me gagne. L'étrange impression que je ne suis pas seul. En quelques secondes, mon regard se pose sur une ombre à quelques mètres de moi. Mon stress monte légèrement mais je fais tout pour me contrôler et paraître détendu. Je n'aime pas que les autres me voient dans une situation que je ne contrôle pas ! En inspectant l'ombre, je remarque qu'elle n'est pas plus grande que moi. Il s'agit donc sûrement d'un ou une élève de première année. Je reste planté là à l'observer tout en essayant de me faire le plus discret possible.

Un petit vent frais la sort de ses pensées et Alaska se rend compte du froid qui l'avait envahie. Elle devait retourner dans sa chambre, elle le savait, mais... la Serpentard n'en avait pas le courage. Y revenir et se retourner dans son lit tout le reste de la nuit ? Non, merci. Et puis, quitte à bafouer le couvre-feu, mieux valait en profiter un minimum.

C'est quand elle prit la décision de rester encore un peu que la petite fut saisie d'un étrange pressentiment. Elle sentait, sans vraiment savoir comment, une présence près d'elle. Prise d'un soudain affolement qui lui fit oublier pourquoi elle était là, elle regarda partout autour d'elle, la respiration saccadée. Son regard scruta la cour, et repérant une silhouette, elle se figea d'un coup. Mais à son plus grand soulagement, ce n'était pas celle d'un membre de l'équipe éducative. Elle ne distinguait pas grand chose, mais sa taille indiquait qu'il devait s'agir d'un première année, tout comme elle.

C'est pourquoi, avant de regarder rapidement autour d'elle s'il n'y avait personne d'autre, elle se rapprocha rapidement de l'ombre. Elle fut étonnée de trouver Noah River, un garçon de sa promotion à qui elle n'avait jamais vraiment parlé. Dans un chuchotement discret, elle demanda :

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Si on les trouvait là tous les deux, ils risquaient de faire perdre beaucoup de points à leur maison. Mais Alaska n'y pensa pas un instant.

@Noah River

En voyant l'ombre se rapprocher, je fronce les sourcils. Alaska se tient devant moi. Tous les premières années de Serpentard ont décidé d'enfreindre le couvre-feu ce soir ou quoi ? J'écoute son chuchotement presque inaudible avant de lui répondre en gardant la même intonation.

- Je prends l'air et toi ?

Conscient qu'on se trouve dans un endroit où on peut facilement être vu, je lui fais signe de me suivre dans un coin sombre de la cour. Je rigole légèrement en voyant qu'elle est en pyjama. Ce qui veut dire qu'elle est sûrement ici car elle n'arrive pas à dormir. Contrairement à moi qui suit encore en uniforme aux couleurs de ma maison. Je m'installe à même le sol en adossant mon dos contre le mur en pierres froides derrière moi. Malgré le température plus que basse de ce mois de décembre, j'ai l'impression que la présence d'Alaska me réchauffe un peu. Peut-être car ça signifie que je ne suis plus le seul à enfreindre le règlement. Je me demande combien de points on pourrait perdre si un adulte ou un préfet nous voyait ici. Plusieurs dizaines je pense. Mais au moins je ne serais pas le seul à être puni ! La légère brise qui s'engouffre dans les feuilles me donne l'impression qu'une musique se joue autour de moi, me coupant du monde extérieur.

Pour prendre l’air ? Sérieusement ? Alaska ne crut absolument pas à sa réponse. Il devait bien y avoir un but caché derrière, non ? Cela dit, son excuse ne valait guère mieux, alors elle ne creusa pas plus.

Sitôt sa phrase prononcée, Noah lui fit un léger signe et partit vers un coin plus sombre de la cour, suivi de près par la brune. Tiens, il était en uniforme. Peut-être qu’il avait prévu de sortir ? Qu’il avait rendez-vous avec quelqu’un ? Elle, à côté, faisait pâle figure, et elle s’en mordit la lèvre inférieure en s’en rendant compte. D’habitude, Alaska prenait grand soin de l’image qu’elle renvoyait, se coiffant et s’habillant soigneusement, tout le contraire de ce qu’elle était à l’heure actuelle. En même temps, elle n’avait prévu de voir personne, et n’avait pas franchement réfléchi en sortant du dortoir.

La petite prit quand même quelques instants pour se recoiffer, détachant ses longs cheveux et laissant son élastique à son poignet. Passant les doigts dans sa tignasse ondulée pour les démêler un peu, elle répondit en s’asseyant, les genoux ramenés contre sa poitrine, près de Noah :

- J’avais besoin de bouger. On étouffe dans ces cachots.

Son visage était tourné vers le centre de la cour, dans le vague. Ses pensées faisaient toujours rage dans sa tête, grondantes, accaparantes, la ramenant à la réalité chaque fois qu’elle tentait de s’en évader. La présence du garçon à ses côtés les calmèrent légèrement, réduisant cet orage à des nuages plus éparses. C’est seulement à cet instant qu’elle se rendit compte à quel point elle se sentait seule, partout où elle allait. Depuis le début de l’année, des groupes d’amis s’étaient formés, mais elle, à part Lavinia, il n’y avait pas eut grand monde. Et encore, même la blonde, elle avait trouvé le moyen de la perdre il y a quelques semaines. Parfois, la solitude était un lourd poids sur ses épaules. Pourtant, si elle sociabilisait trop pendant une semaine, elle devenait exécrable avec tous ceux qu’elle croisait le week-end. Décidément, elle ne se comprenait pas.

Ses yeux avaient dérivé vers le bassin au milieu de la cour. Dedans, l’eau limpide, presque gelée, reflétait avec précision le ciel nocturne empli d’horribles points lumineux. Dès qu’elle s’en aperçut, Alaska détourna le regard. La nuit, sa langue se déliait, sûrement plus à l’aise dans l’obscurité, quand les autres pouvaient moins distinguer son expression. C’est pourquoi, fixant le Serpentard sans le voir et sa jambe tremblant nerveusement sans qu’elle s’en rende trop compte, la fillette d’ordinaire peu loquace s’entendit continuer après le court silence qu’avait laissé ses réflexions :

- Je sais pas toi mais moi j’ai besoin de bouger quand je réfléchis trop. Donc un peu tout le temps en fait. Sinon c’est n’importe quoi là-haut, fit-elle en montrant sa tête d’un doigt, ou ça tourne sur des trucs pas joyeux joyeux. En faisant du sport ou en bougeant, ça me permet de canaliser un peu. En classe ou la nuit c’est horrible pasque je peux pas faire grand chose tu vois. Globalement le moyen le plus discret c’est de faire la chaise, y a moins de gens qui remarquent.

Un nuage dégagea celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, les inondant momentanément d’une lumière lunaire. Alaska détailla son compagnon, son âme d’artiste se réveillant. Seulement la moitié de son visage était éclairée, ce qui lui donnait un petit air mystérieux. On distinguait à peine un côté, caché dans l’ombre, mais l’autre brillait sous la lumière nocturne. Sa peau paraissait plus pâle que d’habitude, ses cheveux luisaient et dégageaient une lueur sépulcrale, fascinante. Au centre, son oeil brillait tel un joyaux glacial, d'un bleu plus bleu qu'un ciel d'été, tout le contraire de l’autre, à peine visible, plus sauvage et noir. Si seulement elle avait son matériel… Elle brûlait d’envie de le dessiner. Mais ce ne serait sûrement pas pour ce soir, alors elle tâcha d’immortaliser chaque détail de ce tableau presque surnaturel pour plus tard. Un rayon s’accrochait sur le vert de son uniforme, et décida Alaska à lui demander :

- D’ailleurs pourquoi t’es en uniforme ?

Désolée pour le temps de réponse @Noah River

Alors qu'Alaska s'installe près de moi, j'écoute ce qu'elle me dit. Besoin de bouger ? Sur ce coup là, elle n'est pas si différente que ça de moi. J'ai souvent besoin de bouger moi aussi, ce qui m'attire souvent quelques remarques de la part des profs. Par contre, je ne vois pas du tout ce qu'elle entend par "étouffer". Aurait-elle préférée être répartie dans une autre maison ? Je n'ai pas le temps de me questionner plus longtemps que je remarque un léger mouvement à côté de moi. Heureusement, il ne s'agit que d'Alaska qui bouge sa jambe et non d'un adulte qui vient pour nous punir. En regardant de plus près, son tremblement est beaucoup trop rapide pour qu'elle le contrôle. Qu'est-ce qu'il lui arrive ? A-t-elle froid ? Ou peur ? La deuxième option serait plus logique, mais peur de quoi ? De se faire prendre ? De moi ? De quelqu'un qui l'embête ? Avant que je ne réfléchisse plus longtemps, ma main se pose doucement sur sa jambe pour stopper son tremblement. Je l'écoute tandis qu'elle me parle doucement. C'est vrai que moi j'aime le sport car il me permet de me défouler et de me changer les idées. La lune nous éclaire soudain, et mon premier réflexe est de regarder autour de moi pour vois si nous sommes toujours seuls. Quand je constate que c'est effectivement le cas, je me tourne vers Alaska qui semble m'observer. En croisant son regard, je lui adresse un petit sourire même si ne suis pas certain qu'elle puisse bien le voir. Sa question me surprend un peu et je retire ma main de sa jambe avant de lui répondre doucement.

- Je voulais sortir alors je n'ai pas pris la peine de me changer.

Je laisse un petit silence autour de nous avant de continuer.

- Et toi, tu te sens bien ? J'ai l'impression que quelque chose te tracasse.

Pour une raison que j'ignore, j'avais soudain besoin de savoir si elle allait bien. Peut-être que si je viens en aide à mes camarades, ça apaisera un peu ma conscience ? Voulant creuser le sujet, je reprends la parole.

- Tu sais, si il se passe quoi que se soit, tu peux m'en parler. Je pourrais peut-être t'aider, ou au moins essayer.

Pour lui prouver ma sincérité, je lui offre mon plus beau sourire en attendant sa réponse.

Alaska se rendit compte que la main de Noah avait calmé le tremblement de sa jambe uniquement lorsqu’il l’enleva. Elle eut un frisson imperceptible. Heureusement qu’elle ne s’en était pas aperçu plus tôt, car son abhorration des contacts physiques aurait pu la pousser à se lever subitement ou ou elle ne savait quelle autre erreur qui aurait rompu le lien se tissant doucement entre les deux enfants. Un lien fragile, ténu pour l’instant, que le calme ambiant semblait faciliter. Pour une fois, elle était plutôt contente d’être resté dans ses pensées.

Sa réponse intrigua un peu la jeune Serpentard. Pourquoi avait-il prévu de sortir ? Sûrement juste pour le frisson que procurait ce bafouement du couvre-feu. Cette adrénaline, la Campbell le ressentirait dans le futur de plus en plus souvent par diverses moyens, s’en délectant avant de paniquer en se rendant compte de ce qu’elle faisait. Mais cela pouvait aussi être l’hypothèse qu’elle avait formulée mentalement auparavant, il devait avoir un rendez-vous. Ou Noah aimait juste la nuit. Comment savoir ?

La brune s’apprêtait à briser le léger silence de son chuchotement rauque, mais le garçon fut plus rapide qu’elle. Sa question la retourna un peu, et elle fixa ses pieds en s’efforçant de contrôler sa jambe mourant d’envie de bouger. Est-ce qu’elle se sentait bien ? Pas vraiment, mais elle avait tellement dû refouler ses émotions étant petite pour ne pas inquiéter son père que maintenant que ces dernières jaillissaient aléatoirement, elle ne parvenait plus à les identifier avec justesse.

Noah continua, déstabilisant encore plus Alaska. Pourquoi en parler ? Elle pouvait très bien se gérer toute seule. Elle n’avait besoin de personne. Ni de ses parents, ni d’adultes, ni de ses camarades. Enfin, c’est ce dont elle essayait de se persuader.

Mais sa fatigue et le sourire naturellement charmeur du châtain fendillèrent ses barrières, laissant couler au compte goutte ses paroles.

- Je sais pas trop…

Elle se mordit les lèvres avant de reprendre en faisant popper ses jointures.

- Je suis paumée en fait. J’ai pas envie de retourner chez ma mère pour Noël.

Ses doigts trituraient une mèche de cheveux. Les mots sortaient désordonnés de sa bouche, écho au chaos dans sa tête. Pourtant, sa voix se raffermit d’un coup, toujours très basse :

- Mais ça doit pas t’intéresser tout ça. C’est stupide. Oublie.

Préférant être confidente que confiée, Alaska essaya de renverser un peu la situation, ou au moins d’avoir quelques informations supplémentaires. Si elle parlait, ce serait dans les deux sens. Hors de question qu’elle soit la seule à raconter sa vie sûrement des plus ennuyeuses.

- Toi ça va ? J’imagine que t’as hâte d’être en vacances ?

La plupart des gens n’attendaient que cette période, non ? Elle émit un nouveau craquement de doigt en attendant sa réponse, les yeux toujours fixés sur pieds sans les voir.

@Noah River toujours plus en retard mais bon