Parfois, Yesenia avait vraiment l'impression de tourner en rond. Elle courait d'une salle de classe à une autre, empruntait un couloir, puis un autre, et revenait au point de départ. C'était l'effet de la fin de l'année qui touchait à sa fin. Yesenia ne pouvait plus se voir un seul encadrement de porte, une seule peinture de portrait. Non, elle en avait décidément assez. Il était temps pour elle de rentrer à la maison et de refaire le plein d'énergie. Si les examens la stressaient considérablement, elle n'avait pourtant pas perdu ses objectifs de vue, et l'envie de présenter un joli bulletin à ses parents était plus forte que jamais.

C'était donc tout naturellement, qu'après un cours de potions particulièrement instructif, Yesenia se rendit à la bibliothèque, encore chargée de tous ses cours. Cette fois-ci, elle se promit de ne pas y donner rendez-vous à son petit ami. Il lui fallait du temps pour elle, et surtout, elle voulait lire dans le calme, sans bisou parasite, sans câlin qui pourrait la détourner du droit chemin. Et puis, elle devait rendre quelques livres empruntés.

Alors qu'Yesenia livrait une confrontation mentale entre son coeur et son cerveau, dans les escaliers du château de Poudlard, elle entendit au loin un cri. C'était un cri suffisamment perçant pour qu'elle se raidisse, l'oreille attentive. Quelques frissons parcoururent ses bras. Elle était en alerte.

Autour d'elle, dans cette flopée de marches d'escalier, pas un chat, étonnamment. Les élèves se dirigeaient vers la Grande Salle pour déjeuner. L'adolescente se laissa alors guidée par le son, prête à aider son prochain. Les escaliers mouvants la mèneraient sans doute à l'endroit en question.

- Y a quelqu'un ? dit-elle en descendant quelques marches. J'ai entendu crier...

Comme l'année précédente, j'avais la journée du mercredi entièrement libre. En temps normal, j'en profitais pour aller à la serre n°6 pour m'occuper de Rosalia ou avancer sur le projet herbier, ou encore de profiter du parc ou d'aller observer les créatures qui résidaient dans les abris de la zone de soin aux créatures magiques pour faire quelques dessins, ou tout simplement aller à la bibliothèque ou rester dans la salle commune pour avancer sur mes devoirs.
Mais depuis ce début de mois, le mercredi matin je fréquentais de façon plus assidue la bibliothèque ou la salle d'études. L'origine de ce changement d'habitude : l'arrivée des examens de fin d'année.

Et ce matin, c'était justement la salle d'études que j'avais choisi pour réviser mes notes de potions.
Mais la séance de révision avait été interrompu lorsque deux élèves de première année, une Serdaigle et une Serpentard, étaient venues me questionner à propos des examens. Les deux jeunes filles étaient amies et j'avais commencé à lier connaissance avec la jeune Bleu et Bronze début janvier. C'était surement pour cela qu'elle était venue, en compagnie de son amie, me poser ses questions.

Lorsque le moment du repas de midi arriva, j'avais quitté la salle de travail pour rejoindre la grande salle. Mon ventre commençait à se manifester par quelques petits grognements, signe qu'il était plus que temps de le remplir.
Mais voulant rattraper un peu mon retard sur l'objectif de la matinée, c'est mes fiches de potions en main, et les yeux sur celles-ci que j'avais pris la direction de la grande salle.

Et c'est là que la catastrophe arriva !
- AAAaaaaaaaah..., criais-je en sentant mon pied glisser de la marche de l'escalier qui venait de se mettre en mouvement.
Résultat, j'atterris sur les fesses, en dévalant quelques marches, tout en essayant d'amortir ma chute à l'aide de mes mains.

Mon cri avait du être entendu car une voix arriva jusqu'à mes oreilles.
- J'suis tombée..., répondis-je en essayant de retenir les sanglots qui commençaient à apparaitre dans ma voix.

Voyant mes feuilles de parchemin étalées autour de moi, j'essaye de me redresser à quatre pattes pour les récupérer, mais je dois interrompre mes mouvements sous la douleur présente au niveau de ma cheville et de mes mains.
- Aïe, lâchais-je..

Yesenia dévala un peu plus rapidement les quelques marches qui se mettaient en mouvements. Après tout, depuis le temps, l'adolescente avait presque réussi à les dompter. Désormais, elle connaissait bien les habitudes magiques des escaliers qui séparaient le rez-de-chaussée du premier étage ; la troisième marche en partant du bas grinçait, la sixième marche était plus large que les autres et parfois la douzième marche bougeait toute seule. C'était un véritable jeu auquel on s'adaptait au fil des années.

Elle trouva enfin la provenance du cri. C'était une Serdaigle plus jeune, dont les longs cheveux roux dissimulaient son visage. Yesenia espérait que la chute ne fasse plus peur que de mal. Elle se rappelait très bien avoir glissé de nombreuses fois dans les escaliers, lorsqu'elle courait pour ne pas arriver en retard, ou tout simplement parce qu'elle avait le nez dans ses bouquins.

Toutes les feuilles de parchemins s'étaient envolées sous le coup du choc, et Yesenia se demandait ce qu'il y avait de mieux à faire ; aider la jeune fille, ou ramasser ses notes de cours en priorité. Elle s'approcha de la jeune fille, et lui offrit la main, pour qu'elle puisse prendre appui sur elle. C'était le meilleur choix à faire.

- Ah oui, pour être tombée tu es bien tombée, dit-elle en évaluant les dégâts, d'une voix douce. Où est-ce que tu as mal ?

Yesenia inspectait la Serdaigle, et décida de la faire s'asseoir sur une marche d'escalier, celle qui ne bougeait jamais. Yesenia observa les mains de sa petite patiente, face à elle. L'adolescente avait quelques éraflures superficielles, du moins Yesenia espérait que ce ne soit que cela.

- Des éraflures, dit-elle d'un ton professionnel. Tu arrives à marcher ?

Mais qui avait eu cette idée folle d'ensorceler les escaliers de cet immense château qui héberger l'école de sorcellerie Poudlard...
Déjà que le bâtiment en lui-même ressemblait à un gigantesque labyrinthe avec ses sous-sols humides et mal éclairés, ses multiples étages qui étaient occupés par de nombreuses salles de cours. C'était à se demander comment les nouveaux élèves faisaient pour ne pas se perdre... En y repensant, je m'étais perdue parmi les méandres de couloirs de cette école. Heureusement que j'avais rencontré une élève plus âgée qui m'avait servi de guide pour une visite dztaillee, intérieur comme extérieur, de Poudlard.
Mais les escaliers, c'était autre chose. Et quand on a la tête ailleurs ou plus occupée à lire qu'à prêter attention à son environnement, on arrivait à la situation actuelle : moi, par terre, avec certaines parties de mon anatomie douloureuses.

Le cri que j'avais lâché avait alerté une élève, de la maison Serpentard d'après son uniforme, et plus âgée que moi.
Celle-ci me demanda où j'avais mal et m'aida à m'asseoir sur l'une des marches.
Je trassaille légèrement lorsque le poids de mon corps se fait sentir sur mes fesses. Je vais sûrement avoir quelques bleus.

- J'ai essayé d'amortir ma chute avec mes mains..., commençais-je à répondre en observant les éraflures rougeâtres qui barraient mes paumes. Et j'crois que j'me suis fait mal à la cheville. J'vais p'être pas pouvoir marcher jusqu'à l'infirmerie., terminais-je, sans mentionner que mes fesses aussi étaient douloureuses puisque c'était les premières à avoir touché les marches lorsque mon pied avait glissé.