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11 juil. 2023, 19:13
Pour la 33e fois
Dans la nuit du 21 au 22 juin 2048
Aux alentours de 2h
@Aelle Bristyle
Pour la 33e fois, il était temps pour Sixtine de passer une nouvelle étape, il était temps pour elle de clôturer une année sans la vie donnée. Dans ses quartiers, elle s'effondre sur son lit, ferme les yeux quelques minutes tout en prenant de profondes inspirations. Le mois de juin est toujours un moment difficile pour Sixtine et la fin du mois l'est encore plus. Ses mains tremblent, sa poitrine se soulève à chaque respiration, ses paupières tremblent, mais elle fini par rouvrir les yeux, se reconnecter à la réalité.

Elle se redresse, s'observe à travers un miroir et détourne rapidement le regard tant elle se trouve pathétique. Se retrouver seule dans ses quartiers, à la limite de fondre en larmes au lieu de profiter de cette dernière nuit que pouvait lui offrir l'école. Ses jambes flanchent sous son poids, elle ne parvient plus à se tenir debout, le bruit de ses genoux frappant le parquet résonne dans la pièce, mais aucun son de douleur ne sort de sa bouche. Elle reste muette et observe quelque chose sous son lit.

Ses forces ne lui permettent pas de se pencher pour attraper la malle qui se trouve cachée là alors, elle sort sa baguette et lui ordonne de venir jusqu'à elle. La seconde d'après, la malle est devant elle et s'ouvre. Les mains manucurées de la professeure dessinent le contour en bois de cette petite malle, elle imprègne chaque détail, chaque défaut avant de la refermer pour se relever. Une plume et du parchemin en poche, elle prit la direction de la tour d'Astronomie. À cette heure-ci, plus personne n'arpentait plus ni les couloirs, ni le haut de la tour d'astronomie.

Depuis ses quartiers, elle grimpe difficilement tous les étages, reprenant son souffle un peu trop souvent puis, après de longues minutes, elle arrive enfin à destination. Elle pousse la porte pour accéder au sommet et enfin, elle peut se laisser s'écrouler sur le sol frais. Elle dépose la malle non loin d'elle, l'ouvre de nouveau et, commence à écrire quelques mots.

Joyeux 33e non anniversaire...

Arrivée inRP le 28 octobre 2046 - Professeure de DCFM
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11 juil. 2023, 22:10
Pour la 33e fois
Nuit du 21 au 22 juin 2048
Tour d'Astronomie — Poudlard
7ème année



Il y a sur le chemin de mon périple nocturne cette tour qui donne une vue unique sur les environs de Poudlard. Une porte ouverte sur un ciel que je ne me lasse plus d'observer depuis quelques semaines. Cette nuit sans sommeil ne se terminera pas sans que je me rende au sommet de cette tour. Ce n'est pas la nostalgie qui m'y pousse — je n'y ai pas de beaux souvenirs, après tout. Non, c'est seulement un endroit qu'il me faut visiter. Demain, je quitterai ces paysages pour toujours. Jamais plus je ne verrai le lac. Jamais plus je n'observerai ces montagnes — pas de ce point de vue-là, disons. Je dois m'abreuver une dernière fois de ce lieu, tout comme je me suis abreuvée ces dernières heures des couloirs, des salles, des armures, des fantômes. Tout comme je m'abreuverai des livres de la bibliothèque et de ceux de la Réserve.

Cette nuit est une nuit sans règle. Qu'importe les rencontres que je pourrais faire ? Que pourrait me dire un professeur s'il me croisait maintenant ? « Une retenue, Bristyle ! ». Quelle drôle d'idée de me dire qu'il n'y aura plus jamais de retenue, plus jamais de règle, plus jamais de couvre-feu. Je suis libre, ce soir. Je suis libre de vivre mes envies, cette nuit. Nulle âme dans ce château ne pourrait l'empêcher. Les professeurs et les préfets n'ont plus la menace des retenues ; quant à la directrice, bah ! les directrices... Je crois que je n'en ai plus aussi peur qu'avant maintenant que je suis à moins de vingt-quatre heures du reste de ma vie.

Il m'accompagne lorsque je monte quatre à quatre les escaliers, le sourire aux lèvres et l'âme ivre d'espoir, d'attente et de liberté. Les pattes de Zikomo semblent à peine toucher la pierre tant il est rapide. Et moi, je ris de le voir si excité, comme moi, par cette ultime balade au clair de lune. Mon essoufflement ne m'arrête pas, pas plus que la douleur qui me brûle les poumons. Depuis Uagadou, l'effort physique a un goût différent. Je pousse donc sur mes jambes, encore et encore, pressée d'arriver tout là-haut et de pouvoir baisser les yeux pour observer l'immense château caché dans l'obscurité — ce château qui m'a tant blessée et tant apportée. Je crois que je vais lui dire d'aller se faire voir. Demain, je te quitterai sans regret, lui dirai-je.

J'arrive au sommet après de longues et nombreuses volées d'escalier. Je me jette plus sur la porte que je la pousse. Elle claque contre la pierre et ça me fait sourire car le bruit me donne l'impression d'être surpuissante : qui donc peut m'entendre, ici ? Zikomo ne m'attend pas, il galope. Quand il saute sur le parapet qui côtoie le vide, mon estomac se soulève à l'idée de le voir tomber.

J'ai la main sur la porte dans l'idée de la refermer et un sourire qui dévoile mes dents lorsque je l'aperçois. Assise à même le sol, accompagnée d'un parchemin et d'une plume. Mon enthousiasme dégringole. Puisqu'il était très haut, la chute n'en est que plus sévère : un poids me tombe dans le corps, mon sourire s'envole. Je me prends la vie de plein fouet en même temps que mon regard reconnait Sixtine Valerion.

Zik s'est figé, il se fait tout petit. Il craint certainement les remontrances qui arriveront. Il ne sait pas, Zikomo. Il ne sait pas que j'ai pleuré dans ses bras. Il ne sait pas que je me souviens comme si c'était hier du besoin qui a fait de moi son objet, de l'envie sauvage, la pulsion qui m'a fait penser : ne me lâchez pas, ne me lâchez surtout pas lorsque j'étais encore dans ses bras. Il ne sait pas les mots qu'elle m'a jetés. Il ne sait pas que je les entends dans mes rêves. Que je les entends quand je pense à Elle. Que je les entends quand je pense tout court. Il ne sait pas que ce sont des mots-ancre, qui s'incrustent, qui restent, qui blessent.

Mais moi, je sais.

« Merlin1... »

Je jure entre mes dents, mon regard tout assombri et ma gorge nouée. Je crois que j'aurais préféré voir Montmort plutôt qu'elle, c'est dire. Son visage, sa présence... C'est exactement comme lorsque nous sommes en cours : elle m'insupporte, elle m'insupporte car je ressens encore la brûlure de la honte quand je la vois. Sauf qu'en haut de cette tour, nous sommes seules. Pas d'élève pour faire tampon, pas de table pour nous séparer. Juste elle et moi. Et les souvenirs entre nous, imposants, blessants. C'est eux qui me figent et me tétanisent — je ne bouge pas d'un centimètre, déchirée entre l'envie de m'enfuir et celle de me confronter à elle.

_______
1En plus vulgaire dans le texte

12 juil. 2023, 10:34
Pour la 33e fois
Le bruit de la plume froissant le parchemin est couvert par un bruit plus brut, plus grave et plus anormal. Aucune âme dans ce château ne devrait se trouver ici et maintenant, Sixtine devait être seule alors pourquoi Merlin lui imposait la présence d'Aelle. Son regard s'était tourné en direction de la porte espérant faire face à une hallucination, mais non, c'était bien cette jeune adulte qui se dressait devant elle. Un juron échappa des lèvres de la jeune femme et Sixtine n'y prêta pas attention, préférant 1 000 fois ignorer sa présence.

Ses yeux parcouraient les quelques mots qu'elle avait griffonné sur son parchemin et déjà, sa vision devenait floue. Elle avait cette impression de sentir son cœur vouloir quitter sa poitrine et elle ne pouvait s'empêcher de penser à cette fille, à Aelle. Était elle capable d'entendre les battements de son cœur ? Pouvait elle lire la tristesse et la peine sur son visage ? Avait elle remarqué les coupures sur ses genoux ? Est ce qu'en l'ignorant comme elle le faisait depuis des mois, elle finirait par comprendre et par partir ?

Les pensées de la professeure ne cessèrent de s'accumuler autour de cette personne venue briser le silence de la nuit. Elle n'était plus capable de penser à cette personne n'ayant jamais eu d'air frais dans ses poumons. Même la malle dévoilant les 32 autres lettres n'était plus un problème. Si elle avait pu, Sixtine aurait transplané sans attendre, mais maudit soit la personne qui a bloqué ce savoir entre ces murs.

N'ayant même plus la force de tenir entre ses mains ce tout petit bout de parchemin et cette plume, elle relâcha son emprise. Il ne fallu au parchemin qu'une demi seconde pour s'envoler de la tour. La professeure l'observer virevolter dans les airs, s'envoler avant de repartir vers le sol de l'école. Ou allait il atterrir ?

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12 juil. 2023, 11:35
Pour la 33e fois
Le temps se suspend. Un temps entre deux, figé, qui laisse la porte ouverte à tous les possibles. J'imagine qu'elle va parler, ou se lever et m'invectiver, ou rester assise et m'assassiner de son silence, ou ouvrir la bouche et me reprocher ma présence. Elle va agir, elle va agir de telle sorte que je la détesterai encore plus fort, car elle est comme ça. C'est ce genre de femmes, Valerion, le genre de femmes dont tous les comportements et les paroles me déplaisent car elle m'a déjà blessée une fois que je ne saurais jamais lui pardonner. Je me crispe, prête à recevoir toutes ces choses.

Son regard me parait froissé. À moins que ce ne soit sa présence ici et la drôle de position dans laquelle elle est qui me donne cette idée. Une femme comme elle, assise à même le sol au sommet d'une tour réputée pour accueillir les âmes agitées, c'est étrange, déplacé. Automatiquement, je me demande ce qui déconne chez elle.

Je prends ma décision à l'instant même où son regard me quitte. Son attention se détourne de moi et je devine que je suis rien pour elle, comme je n'ai rien été ces dernières semaines. Je ne comprends toujours pas, malgré le temps qui passe, comment on peut passer de l'étreinte qu'elle m'a imposée à ce désintérêt.

Je prends une courte inspiration en refermant la porte derrière moi. Son comportement me donne envie de m'imposer, pas de fuir. Je n'ai rien à lui dire mais j'ai des choses à lui faire comprendre : je ne gâcherai pas ma nuit pour vous, peu importe qui vous êtes, peu importe ce que vous m'avez fait. Je me dirige lentement vers Zikomo, malgré tout perturbée par ce silence. J'échange des regards avec mon vieux compagnon mais ne réponds pas à ses questions muettes. Je suis bien trop occupée à surveiller le profil de la femme et à me poser des questions à propos du parchemin qu'elle tient entre les mains. Et cette valise, ouverte sur le sol. Remplie de parchemins semblables. Pourquoi venir ici pour ça ? Trie-t-elle ses papiers ? Ici ? Je lui en veux d'avoir eu la même destination que moi. Je lui en veux aussi de garder le silence.

Lorsque je pose la main sur le garde-fou dont la pierre fraîche me fait frissonner, un bruit de papier me fait tourner la tête. Je n'ai guère le temps de réagir ; le parchemin virevolte dans les airs et un courant plus violent que les autres le fait s'éloigner de la tour. Je me penche au-dessus du vide pour le regarder disparaître. J'ai déjà ma baguette en main, je n'ai même pas eu conscience de la sortir, mais il est trop tard pour lancer un sortilège d'Attraction. Le parchemin disparaît, avalé par la même obscurité qui cache les étages les plus bas du château.

Je lance un regard perplexe à la professeure. Pourquoi l'avoir laissé lui échapper ? Le visage sur lequel mes yeux tombent me fait frissonner. Il n'a rien du visage que montre Valerion dans les couloirs, dans sa salle de classe ou même devant la Salle sur demande la dernière fois. Ce visage-là ma parait... Non, c'est impossible. Pendant un instant, j'ai cru déceler de la tristesse ou quelque chose y ressemblant. Quelque chose qui fait tellement mal au coeur qu'on ne parvient pas à le cacher. Mais c'est impossible. Non pas parce que je la crois incapable de ressentir ces choses-là, mais parce que je refuse de lui prêter la moindre humanité. Et de toute façon, qu'est-ce que ça peut me faire qu'elle soit triste comme la nuit ? Moi j'ai une vie, moi j'ai un avenir. Loin de ce château, loin d'elle. Je me fiche de ses peines, tout comme elle se fiche des miennes.

Je suis bien trop méfiante pour m'accouder à la pierre et, de ce fait, lui tourner le dos. Aussi me contenté-je de rester à demi-tournée pour garder un oeil sur elle, et j'observe le lointain obscur et le ciel piqué d'étoiles. Je lève le nez en l'air et comme souvent, j'essaie de trouver ses étoiles qui dans moins d'une semaine me mèneront à nos retrouvailles.

Zikomo est assis près de moi mais je vois bien que la présence de la femme le perturbe. Et moi aussi elle me perturbe. Régulièrement, mes yeux trouvent le chemin jusqu'à elle et jusqu'à sa valise. Je me dis que c'est un drôle de moment que je suis en train de vivre. Je me dis également qu'il s'agit d'un combat et que je vais le gagner : hors de question que je lui accorde la moindre considération.

Mais tout de même, un rictus me barre le visage. Allez, lançons les paris. Dans moins d'une minute, elle sortira cigarette et drôle de briquet pour s'encombrer les poumons de fumée. C'est comme cela que l'on fait, non ?
Dernière modification par Aelle Bristyle le 22 juil. 2023, 18:10, modifié 1 fois.

14 juil. 2023, 10:42
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Les picotements dans les genoux de la professeure commençaient à la gêner, elle n'avait pas encore soigné ses petites blessures et bientôt, le sang aurait séché. Elle retira délicatement la baguette rangée le long de sa cuisse droite et répara ses blessures en silence. Une fois ses genoux de nouveau dans un état impeccable, elle pencha la tête en arrière et ferma les yeux pour profiter de l'air frais qui pénétrait dans ses narines et lui donnait l'impression d'un second souffle.

Voilà quelques mois qu'elle n'avait plus touché une cigarette et l'air lui semblait différent, plus doux, moins amère, mais plus fade. Lorsque ses yeux s'ouvrent de nouveau sur le monde, elle ne regarde pas la jeune adulte, préférant éviter tout contact visuel. Mais après tout, qu'avait elle à perdre ? Demain, elle ne serait plus qu'un lointain souvenir. À cette pensée, elle laissa échapper un rire, petit, faible mais audible.

- Nous sommes ridicules. Dit elle en accordant un regard à la futur diplômée. Pourquoi vos parents vous ont appelé « Aelle » ?

Cette question, qui aurait pu paraître anodine, ne l'était pas. Elle avait adressé chacune de ses lettres à son enfant sans jamais le nommer. Quel prénom aurait elle pu lui donner ? Était ce une fille ou un garçon ? Elle avait toujours imaginé une petite fille. Elle s'était perdue dans ses pensées : une petite fille brune ou aux cheveux châtains, de grands yeux bleus, un sourire plein d'empathie et de douceur. Elle le savait, les choses auraient été bien différente si elle avait vu le jour.

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14 juil. 2023, 16:21
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Je perds mon défi avec moi-même. Quand elle bouge, ce n'est pas briquet et cigarette qu'elle dégaine. Seulement sa baguette magique. Je remarque alors, puisque je l'observe du coin des yeux, persuadée que l'obscurité cache ma curiosité, que ses genoux sont abîmés — du moins, l'étaient, avant qu'elle ne les soigne. La malle pleine de parchemins, les genoux blessés, sa présence au sommet de la tour, son silence, son absence. Tellement d'éléments mais rien pour les relier les uns au autres. C'est comme avoir les pièces d'un puzzle mais aucune surface plane pour les assembler. Je vois mais je ne comprends pas. Je crois aussi, quelque part, que je n'ai nul envie de comprendre. Je me sens forte, debout comme je le suis. Je pourrais me dresser devant elle et lui dire : « vous êtes pathétique ». Que ferait-elle alors ? J'aimerais croire qu'elle dégainerait sa baguette pour me punir mais je pense plutôt qu'elle dira quelque chose qui me blesserait encore plus fort. Je m'abstiens donc. Sans pour autant me départir de la sensation qu'à ce moment précis, je suis bien plus en position de force qu'elle.

Je n'aime pas ce que je vois, je me l'avoue sans honte. Je déteste la vision de cette femme assise sur le sol. Ce n'est pas normal. Elle devrait, comme tous les professeurs, se lever et me condamner de son regard. Elle devrait me mettre en garde contre les âmes plus sévères qu'elle : je ne vous forcerais pas à rentrer dans votre dortoir pour votre dernière nuit, aurait-elle dû me dire, cette femme qui m'a déjà offert une cigarette, mais faites attention car vous risquez de rencontrer moins amène sur votre chemin. Elle devrait agir comme une adulte normale. Je déteste les professeures qui n'agissent pas normalement. Elles me donnent l'impression de mériter quelque chose de plus grand qu'un simple rapport professeure-élève — puis quand elles me le reprennent, je m'effrite sans ne rien pouvoir y faire.

Quand elle prend la parole, je me retourne franchement vers elle, une grimace revêche sur les traits — son petit rire n'est pas non plus tombé dans l'oreille d'une sourde. Ridicules ?! C'est à peine moins cruel que de dire que je suis pathétique ! Et puis il n'y a pas de nous ! Et si une personne ici est ridicule, ce n'est pas moi ! C'est ce que j'allais répondre et je suis persuadée que ma voix se serait élevée vers le ciel, mais la suite de sa phrase m'en empêche.

Je ravale difficilement colère et rancœur en croisant les bras, dos au paysage, le regard à peine baissé sur cette femme que j'ai si bien appris à ignorer ces dernières semaines. C'est quoi cette question inutile ? Je crispe les mâchoires et tourne le menton en direction des ténèbres qui dévorent l'horizon.

« Quoi, vous croyez à la signification des prénoms ? » répliqué-je d'une voix acide.

J'inspire par le nez et resserre un peu plus les bras sur ma poitrine.

« On s'en fout. Après quatre gosses, ils ont sans doute pris le premier prénom venu pour nommer la dernière et voilà. »

Peut-être m'ont-il déjà dit pourquoi ils m'avaient nommé ainsi et j'ai oublié. Je n'ai en tout cas jamais posé la question. Et jamais je ne me la suis posée à moi-même. Je m'appelle ainsi, c'est tout. C'est moi, c'est mon prénom. Il me laisse de marbre. Ce n'est qu'un prénom. Pendant une bonne partie de ma vie, ma famille l'a même raccourci et changé pour m'appeler Ely. Il n'y a rien de semblable entre Aelle et Ely, non ?

Je m'extirpe de mes pensées comme si je crevais la surface d'un lac. Je papillonne des yeux et lance un regard noir à la femme avant de tourner la tête pour tenter d'apercevoir Zikomo. Le petit Mngwi n'a pas bougé. Calmement assis sur le parapet, petite tache bleue sur le gris terne de la pierre, il écoute et observe sans avoir l'air de le faire. Ses oreilles frémissent quand nos regards se croisent.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 22 juil. 2023, 18:44, modifié 1 fois.

22 juil. 2023, 13:30
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L'ancienne Auror continuait d'observer les réactions de la jeune adulte et cette dernière ne lui accordait qu'un regard à peine baissé, des bras croisés et le signe qu'elle n'était pas tout à fait à l'aise avec cette situation. Elle ne répondit pas tout de suite à la question de la professeure préférant en poser une à son tour. Et, lorsqu'elle serra un peu plus ses bras autour de sa poitrine, elle répondit à la question de Sixtine. Ce n'était pas la réponse que la professeure avait imaginée, elle aurait aimé une autre explication et les parents de cette jeune fille en avaient sûrement une autre, mais ils n'en avaient pas informé la petite dernière de la famille. Information que Sixtine nota mentalement.

- Aelle... Ça signifie l'excellence. Oui, je crois en la signification des prénoms.

Sixtine tapota le sol, invitant l'excellence à s'asseoir à côté d'elle ou, plus précisément, entre elle et la malle. Après tout, elle n'avait plus rien à perdre, elle ne risquait pas de la revoir de si tôt. Elle pouvait bien être l'épaule dont elle avait besoin ce soir et au diable les guerres d'ego.

- Si j'avais eu une fille, je l'aurais appelé Laelynn. Sian pour un garçon... Dit elle avant de marquer une pause de quelques secondes suivies d'un petit rire. Merlin soit béni, je n'ai pas d'enfant, le rôle de mère semble bien trop compliqué pour moi.

La professeure posa sa tête sur la pierre froide, ferma les yeux et prit une grande inspiration puis une deuxième. L'air frais pénétra dans ses poumons avant de ressortir en air chaud par ses narines. Sa poitrine se soulevait à chaque nouvelle respiration, et cette petite douleur au creux de sa poitrine s'intensifiait à chaque nouveau souffle.

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22 juil. 2023, 18:59
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À peine plus rapide qu'un battement de paupière, mes yeux se tournent vers elle quand elle prononce mon prénom. Je l'ai déjà dit : mon prénom dans la bouche de femmes qui me font songer à d'autres, cela me déplaît particulièrement. Je crispe les mâchoires, une moue moqueuse aux lèvres. Je doute fortement que mes parents aient choisi de m'appeler ainsi pour cette signification-là. L'excellence n'est pas une chose que ma mère souhaite partager à ses enfants : elle a déjà la sienne et cela occupe toute sa vie ; quant à mon père ? Ah, mon père ! S'il avait dû me nommer en fonction d'une vertu, sûrement aurait-il choisi Bienveillance — Merlin, qu'il aurait été déçu en me voyant grandir ! Sans doute plus que sa déception actuelle de voir son unique fille se vautrer dans une excellence dont il ne sait rien et n'attend rien.

Mon regard calculateur se pose sur la femme. Un regard un peu en biais, un peu détourné, qui règne sur mes lèvres pincées. Ce qu'elle dit n'est peut-être que pure fantaisie. Que pourrait-elle bien savoir de mon prénom, hein ? Ce n'est pas comme s'il existait des Aelle à tous les coins de rue. Et puis, elle dit croire en la signification des prénoms, donc croire à celle du mien ? J'ai envie de ricaner ; je me contente de resserrer les bras sur ma poitrine. Est-ce ainsi que vous complimentez vos élèves, Sixtine Valerion ? En leur parlant d'excellence juste après les avoir qualifié de pathétique ? Pensez-vous donc qu'accompagner une insulte d'un compliment me flattera ? Et bien non, grincé-je intérieurement en sentant mon agacement croître. Non, cela ne fonctionne pas ! Gardez vos compliments ! Gardez vos pensées !

Mon coeur tombe dans mon corps quand je vois sa main qui tapote le sol à ses côtés. Je tourne brusquement la tête en direction de l'abysse nocturne, la tête pleine d'insultes contenues. Que croit-elle ?! Que je vais faire amie-amie avec elle ? Je n'en ai nulle envie. Nulle envie !

J'ai envie de lui dire que Laelynn est un horrible prénom, que Sian n'est pas moins ridicule — j'ai envie d'affirmer ses propos : oh oui, vous aurez fait une bien mauvaise mère, ça c'est clair ! Lui aurez-vous dit à votre enfant qu'il était pathétique pour ensuite le féliciter de son excellence ? Quel fabuleux adulte cela aurait fait !

Bien malgré moi, à travers les miasmes de ma colère ma mémoire parvient à ramener au devant de ma conscience le souvenir d'un autre futur adulte au triste devenir. Un souvenir qui s'appelle Owen, qui n'a pas de visage, mais qui a une mère. Une mère qui laisse des blessures béantes dans les cœurs. C'est drôle de songer qu'aujourd'hui, c'est Valerion qui m'inspire plus de colère que mon spectre noir — tout s'inverse comparé à notre dernière rencontre dans les couloirs. Ma professeur finira-t-elle dans mes bras, ce soir ? Cette seule pensée me fait fait rougir et mes lèvres s'en pincent davantage.

« Et ça signifie quoi, Laelynn et Sian ? » J'articule difficilement, les mâchoires crispées, la colère pilonnant mon coeur d'envies vengeresses. « Sûrement pas pathétique, » lancé-je sans pouvoir m'en empêcher.

Les enfants de Sixtine Valerion ne saurait être pathétiques, hein ? Les pathétiques, ce sont toujours les enfants des autres. Ceux que l'on peut insulter sans conséquence, sans se préoccuper que les mots s'incrustent dans leur coeur et fassent des ravages. Merde ! songé-je brusquement en sentant ma rage s'accentuer : je viens de prendre conscience du pouvoir que ses mots ont eu sur moi. Cela fait des mois qu'ils me malmènent, des mois ! Alors qu'elle n'est rien du tout, absolument rien.

23 juil. 2023, 11:12
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Les yeux clos, Sixtine s'était concentrée sur sa propre respiration et sur celle de la petite adulte. Son rythme avait changé et elle semblait respirer plus fort, ressentait elle de la colère ? La professeure aurait voulu ouvrir les yeux pour plonger dans son regard mais, elle n'avait pas envie de confirmer son hypothèse. Cette nuit, elle n'avait pas besoin de la colère de cette brune mais de simplement d'une présence et c'était tombé sur elle. Comme Merlin était taquin de l'avoir placé sur sa route.

L'ancienne Auror s'attend à l'entendre s'installer non loin d'elle mais elle ne perçoit aucun bruit laissant penser qu'elle s'exécute. Et les paroles que la Poufsouffle prononça venaient de confirmer les soupçons de Sixtine. La gamine était en colère, rancunière et piquée dans son égo. Pathétique, c'est comme ça qu'elle l'avait traité lors de leur dernière rencontre en tête à tête. La pensée de cette dernière lui confirma tout ses doutes, elle ne méritait pas d'être mère.

- Si vous cherchez quelqu'un pour vous dorloter vous vous trompez de personne. En revanche, si vous cherchez quelqu'un pour vous rappelez que vous n'êtes qu'un humain je suis la bonne personne. Je ne vais pas retirer ce que j'ai dit, je vous trouve pathétique et même plus pathétique que moi car, je sais reconnaitre mes faiblesses. Vous avez besoin d'amour et de tendresse mais vous repoussez tout le monde...

La professeure marqua une pause, ouvrit de nouveau les yeux et observa Aelle dos au garde-corps. Il était temps pour Sixtine de se montrer franche, d'être la plus honnête possible envers elle-même et envers cette jeune adulte qui allait commencer un nouveau chapitre de sa vie.

- J'ai 50 ans et je me suis toujours dit que je méritais toutes les atrocités que j'ai pu vivre. Je me suis toujours convaincue que l'amour et l'attachement était une faiblesse. Dit-elle en se relevant lentement. Laelynn signifie « Fleur de l'Espoir », Sian signifie « Dieu fait Grâce ».

Arrivée inRP le 28 octobre 2046 - Professeure de DCFM
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25 juil. 2023, 14:47
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Je ne pensais pas ressentir une telle chose la veille de mon départ. Cette nuit était censée être paisible et agréable, une nuit à promesses : celles que la vie à venir sera bien plus agréable que celle que j'ai vécu ces derniers temps. Pourtant, aux mots de la femme ma colère qui n'était qu'agacement prend une forme plus concrète à l'intérieur de moi. Elle bloque mon souffle, crispe mes muscles et me fait trembler de cette envie de chaos qui me prend à chaque fois que cette émotion familière fait de moi son objet. Et ce soir, ce soir je suis libre, ce soir je n'ai plus d'entrave, alors j'ai moins envie encore de museler tout l'acide qui m'emplit la bouche au fur et à mesure que cette vieille femme s'exprime en pensant tout savoir de moi.

Comment ose-t-elle ? Comment ose-t-elle affirmer que j'ai besoin d'amour ? Moi qui n'ai besoin de rien ni de personne ! Comment ose-t-elle vouloir me rappeler que je suis pathétiquement humaine ? Qui est-elle pour me dire ça ? Rien, seulement une professeure, une inconnue que je suis forcée de côtoyer, voilà tout. Elle ne représente pas même pour moi une personne à laquelle je pourrais être attachée. Et elle se permet des hypothèses qui n'ont aucun sens. Pourquoi ? Parce qu'elle croit que c'est la vérité ? Non. Plutôt car elle pense avoir un pouvoir sur moi et qu'elle en use à outrance.

Mes yeux ne la quittent plus, désormais. Je ne sais pas si c'est parce qu'il s'agit de ma dernière nuit ou parce que je sais qu'il ne peut rien m'arriver, que je ne risque aucune retenue ni aucun renvoi, mais en la regardant ainsi je ne vois plus la professeure détenant une certaine forme d'autorité. Je vois seulement une femme de cinquante ans dont les mots me blessent, me blessent et me blessent encore. Et j'en ai assez. J'en ai assez que les femmes de cinquante ans me blessent de cette manière.

« Je ne repousse pas tout le monde, articulé-je d'une voix pleine d'acide. Je repousse seulement ceux qui n'en valent pas la peine. »

Mes mots comme une baguette brandie. J'aimerais que mes paroles soit des Reducto. Qu'elles s'incrustent dans son coeur et le fasse exploser en une nuée de poussière qu'un coup de vent ferait disparaître. Pourtant, je sais que je suis pour elle ce qu'elle est pour moi : rien du tout. Sauf qu'elle, elle parvient à prononcer des mots qui s'incrustent et qui restent alors que moi, je suis persuadée de ne jamais réussir à la blesser comme elle me blesse. J'en éprouve une frustration si vive que me vient l'envie fugace mais particulièrement puissante de hurler un bon coup en direction de la nuit pour apaiser le monstre qui grogne en moi.

Je fais un pas en avant, le regard sombre.

« Vous ne connaissez rien de moi ! J'ai besoin de personne pour me dorloter, personne qui se croit le devoir de me rappeler que je suis aussi humaine qu'elle et surtout, j'ai pas besoin de tendresse ou d'amour ou je sais pas quelle connerie. J'ai juste besoin qu'on me foute la paix et vous, j'sais pas pourquoi, mais vous arrivez pas à me la foutre ! »

J'avale une gorgée d'air brûlant.

« Je. Ne. Suis. Pas. Pathétique. »

J'assène cette dernière phrase en butant sur chaque mot, tant la colère qui se bouscule en moi est vive. Mes poings se serrent très fort. Je la sens qui grimpe en moi, l'envie. Vive, brutale. L'envie d'exploser quelque chose. Si fébrile que j'en respire difficilement et que je sens mes bras trembler de façon incontrôlable. Je me détourne de moitié, car malgré moi, j'ai conscience de l'identité de celle à qui je parle.

« Si j'avais besoin de quelqu'un pour me dorloter, c'est pas vous que je serais venue voir ! » craché-je avec colère.

Qui donc, alors ? Sarah Priddy, en pleine nuit, après un cauchemar doux comme un souvenir d'enfant ?

« Et pourtant je vous rappelle que vous êtes la seule dans cette putain d'école à m'avoir fait un... » Le mot bute et se coince, trébuche et sort en catastrophe : « Un câlin. C'est vous qui me l'avez imposé, vous ! »

J'ai l'impression de chercher à me justifier, alors je me tais. Mon coeur tambourine dans mes oreilles, mes doigts me font mal à force de se recroqueviller sur eux-même. J'aimerais pouvoir blesser cette femme comme elle m'a blessée, mais je ne sais pas comment faire car je ne sais rien d'elle. Insulter les prénoms fictifs de ses enfants fictifs, c'est tellement immature que ne me vient même pas l'idée de faire un petit commentaire sur l'explication de Laelynn et de Sian.

D'un mouvement nerveux, je penche la tête sur le côté. Je sais que mon visage exprime une colère qui déborde et qui flamboie, et je m'en fiche complètement. Je sais que je devrais m'arrêter de parler, pour des millions de raisons, mais de cela aussi je me fiche. Je me fiche de tout car demain je quitterai ce château et ses professeurs insupportables. Demain je ne verrai plus jamais cette petite femme qui, malgré son aura attirante et fascinante, persiste à se faire détester de moi. Alors je me fiche des conséquences, je me fiche de ce qu'elle pensera, je me fiche de tout, de tout, sauf d'exprimer cette colère qui me bouscule de l'intérieur. Une colère immense alors qu'il y a une minute à peine, j'étais aussi sereine qu'un ciel étoilé.