Le banquet de fin d'année touchait à sa fin. Sigmund avait le ventre tellement plein qu'il avait discrètement déboutonné quelques boutons de sa chemise, heureusement cachés par sa chemise. Si la décence ne lui avait pas interdit, il aurait fait subir le même sort aux boutons de son pantalon.

Le quinquagénaire avait l'impression de s'être bien amusé avec ses voisins de table, Archibald et Sixtine. Il leur avait offert toutes ses meilleures blagues et aurait pu jurer avoir vu le sous-directeur manquer de s'étouffer avec un petit pois.

Pendant le repas, il n'avait pas pu s'empêcher de glisser quelques regards vers la table des Gryffondor. Il aimait bien ça, garder un œil sur ses loupiots. Sans réussir à repérer tous ses petits préférés, il ne lui avait cependant pas échappé que Dorra et Ennis étaient assises face à face. Ses préfètes s'entendaient bien !

Évidemment, Sigmund tenait à profiter de la fin de soirée et du départ des premiers élèves pour aller faire un petit coucou aux jeunes filles à qui il n'avait pas parlé depuis bien trop longtemps déjà (trois jours). Il salua Ennis d'un franc et jovial sourire et rattrapa une Dorra qui lui parut sur le départ.

« Dorra, Dorra ! » héla-t-il en trottinant vers elle, la démarche un peu lourde après avoir ingéré tant de nourriture. « As-tu bien mangé, ma grande ? Ça va, tu es pressée de rentrer chez tes parents ? » Il se pencha pour mieux observer l'enfant. La mine était un peu tirée, les yeux fatigués. Guère étonnant après des examens, mais le professeur ne put que s'en inquiéter. « Tu n'as pas très bonne mine ! »

Enfin, le banquet touchait à sa fin et Dorra n’avait qu’une hâte, regagner les dortoirs, se glisser sous ses draps et s'abandonner aux bras de Morphée. Malgré le somptueux festin préparé pour l’occasion, la nourriture avait un goût amer, tout comme son quotidien au château depuis quelques temps. Elle ne se sentait plus à sa place, le badge étincelant sur son uniforme, aussi léger soit-il, semblait peser des tonnes sur les épaules de la jeune fille. Elle sentait aussi, dans le regard des autres, qu’elle n’était pas à sa place, qu’elle n’était pas légitime, peut-être était-ce une illusion, mais le sentiment persistait depuis le jour de sa nomination par son professeur de Vol.

Alors qu’elle traînait des pieds pour quitter la grande salle, la voix chaleureuse et bienveillante de son directeur de maison se fit entendre au-dessus du brouhaha des élèves. La préfète se retourna pour le voir s'approcher d'elle, et malgré les pensées moroses qui la tourmentaient, un sourire se dessina involontairement sur son visage, Monsieur Charleston avait le don de lui insuffler une vague de joie à chaque fois qu'elle le voyait.

" Bonsoir Monsieur ! Oh je n’avais pas trop faim, mais c’était délicieux comme toujours... " En marquant une pause pour penser à ses parents qu’elle allait retrouver, elle enchaîna, " Oui ils m’ont beaucoup manqué. " Dorra ne s’étala pas davantage sur le retour à la maison qui sera un peu pénible, la séparation d'Awstin avec qui elle passait la majorité de son temps à Poudlard et ses parents qui seront absents toute la journée à cause du travail.

Les dernières paroles de son directeur la perturbèrent légèrement, il la connaissait si bien. Elle avait aussi remarqué sa mine grisâtre ces derniers jours, " J'ai... je suis un peu fatiguée à cause des examens.. " commença-t-elle avec hésitation, puis ajouta, " Et.. je ne me sens pas vraiment bien ces derniers temps.. " Elle se retint de se lancer dans une longue explication où elle lui révélerait que le rôle de préfète devenait de plus en plus pesant, qu'elle se sentait peu épanouie et qu'elle voulait retrouver le quotidien d'un élève sans responsabilités à assumer.

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Ça alors, Sigmund avait visé juste. Il fallait dire qu'il l'avait déjà connue plus joviale, cette petite, même si le sourire s'était à nouveau invité sur son visage en discutant. Nombreux étaient les élèves qui se sentaient un peu patraques après les examens ; il n'y avait rien d'étonnant considérant l'énergie que cela demandait, cependant la plupart retrouvait un peu d'entrain à l'approche des vacances.

Sigmund avait l'intuition qu'un petit quelque chose d'autre tracassait sa plus jeune préfète. Elle avait trop mangé, sûrement. Lui-même avait très mal au ventre après ce généreux banquet. S'il voulait lui conseiller la meilleure infusion vespérale pour la soulager avant la nuit, il allait devoir en apprendre un peu plus sur ses problèmes de tuyauteries.

« Moi non plus, ça ne va pas fort, » confia-t-il en scrutant avec inquiétude la troisième année. Pour sûr, ça n'allait pas : le professeur avait l'impression que les derniers boutons de sa chemise allaient céder d'une seconde à l'autre. « Là, » fit-il en désignant du menton tout un pan de table des Gryffondor désertée par des élèves qui avaient déjà rejoint la salle commune. « En bout de table, c'est un peu plus calme. Dis, veux-tu qu'on se pose quelques minutes pour papoter ? » Marcher était en général une bonne idée pour aider à la digestion, mais le professeur de botanique avait bien besoin de s'asseoir une minute en attendant que la nourriture ingérée fasse un premier bout de chemin.

La troisième année se demandait ce qui pouvait ne pas aller du côté de son professeur, une recette de gâteau raté peut-être, ou une plante mal en point dans les serres. Elle ne voyait vraiment pas d’autres raisons qui pourraient affecter le directeur moustachu toujours débordant de joie de vivre. Mais elle ne se permit pas de lui poser la question, c’était peut-être autre chose, beaucoup plus personnel. Son invitation à s’asseoir la troubla légèrement, la jeune fille craignait qu’une fois le sujet qui la préoccupait abordé, elle risquait de perdre ses moyens, ne pas savoir quoi dire, voire éclater en sanglots. Mais la situation avait atteint un point où elle ne pouvait plus contenir ce flot de pensées qui l'assaillait depuis plusieurs jours.

Elle prit un moment pour se contrôler, puis répondit d'une voix légèrement tremblante, " Oui je veux bien Monsieur.. " C'était peut-être sa seule occasion pour en parler avec son directeur de maison avant le début des vacances, et surtout prendre enfin la décision qu'elle repoussait depuis plusieurs jours. Dorra aimerait vraiment se libérer de ce fardeau et quitter ce poste de préfète, elle accompagna donc Monsieur Charleston jusqu'à la table de Gryffondor, et prit place à ses côtés, tout en faisant défiler mentalement les mots qu'elle allait lui dire, cherchant la meilleure formulation pour qu'il comprenne son choix sans être déçu.

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L'enfant et l'adulte prirent place tout au bout de la table des Gryffondor. Le calme était relatif, les lieux étant encore peuplés de plusieurs élèves achevant leurs desserts ou papotant avec leurs camarades, mais suffisant pour permettre la discussion. Dorra semblait pensive. Ne souhaitant pas la troubler, Sigmund conserva d'abord le silence. Lui fallait-il autant de temps pour trouver les mots pour décrire ses maux de ventre ? Fichtre, lui trouvait ça si simple d'identifier ses douleurs !

Ou, peut-être faisait-il fausse route ; ses hypothèses ne tenaient pas sur grands éléments.

« Alors dis-moi pitchounette, ça va ? Tu veux me dire ce qui t'embête ? » Il croisa les mains et les cala sous son menton. Si le sujet à venir était plus complexe qu'un simple mal de ventre, un lieu plus calme aurait certainement été plus approprié, se disait Sigmund. Lui ne s'embêtait pas pour un sou et se plaisait dans la foule et la compagnie, mais il avait bien conscience que tout le monde ne fonctionnait pas de la même façon.

Et dire que deux jours plus tard, il serait déjà venu le temps de quitter Poudlard, ses élèves mais surtout Elian... heureusement, Jonathan l'attendait à la maison, ainsi que tout un tas de derniers préparatifs pour son mariage avec Diarmad, mais il était certain que Poudlard lui manquerait beaucoup. Plus que les dernières fois.

Elle n'osa pas relever les yeux pour regarder son professeur, submergée par un mélange de de honte et de malaise, la honte de n'avoir pas pu assumer cette responsabilité, même si elle faisait impeccablement bien son travail, et le malaise car elle aurait préféré être ailleurs pour cette dernière soirée au château qu'avec Monsieur Charleston. Bien sûr, elle l'aimait beaucoup, mais passer du temps avec ses amis, et surtout Awstin, était beaucoup plus important pour la gryffondor. Néanmoins, c'était le moment ou jamais pour mettre les choses à plat, Dorra pouvait aussi juste lui envoyer une lettre durant l'été pour démissionner et éviter cette discussion gênante, mais la lionne qu'elle était n'était pas lâche.

Rassemblant son courage, elle releva les yeux pour rencontrer le regard de son professeur et se livra enfin, " En fait, je ne me sens vraiment pas bien depuis quelques temps.. C'est un sentiment dont j'avais peur quand Monsieur Mason m'a proposé d'être préfète, et finalement il est bien là. " Dorra avait partagé ses inquiétudes avec son professeur de vol en janvier quand il lui a demandé de remplacer Oxy, elle craignait d'être perçue différemment par ses camarades et de ne pas être écoutée, ou respectée. Certes, elle n'avait jamais eu de conflit avec un élève, mais elle sentait parfois un regard différent. " Donc.. je ne suis pas sûre de pouvoir continuer à assumer cette responsabilité, ça devient de plus en plus pesant pour moi.. " Voilà, c'était dit, et et cette libération lui procurait un immense soulagement.

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Vraiment pas bien ? Par rapport à son statut de préfète ? Oh... si Sigmund comprenait bien, elle n'avait donc pas mal au ventre. C'était déjà un point rassurant : après un tel buffet, n'importe quelle personne normalement constituée aurait l'impression d'avoir avalé assez de briques pour construire tout un mur. Dorra était donc toujours aussi parfaitement spéciale.

Le donc qui suivit inquiéta davantage le professeur. Elle souhaitait démissionner. Évidemment, ce n'était pas un problème pour Sigmund : les changements de préfèt.e.s étaient fréquents, on l'avait prévenu qu'il devrait un jour se défaire des deux loupiottes à sa charge. Néanmoins, ça lui faisait un petit pincement au cœur : il ne faisait aucun doute que même en conservant un lien et en l'invitant régulièrement, elle et lui prendraient moins souvent le thé ensemble dans son bureau. Allait-elle au moins suffisamment s'hydrater ? Mangerait-elle assez, sans ses petits gâteaux de leurs rendez-vous hebdomadaires ?

« Je vois, » lâcha-t-il tout de même sans montrer le moindre signe (il l'espérait) de déception. « C'est d'accord. Je trouverai quelqu'un pour te remplacer pour la rentrée, ce n'est pas un problème. Merci de m'avoir confié tes pensées, Dorra, tu as bien fait. En attendant, est-ce que tu souhaites m'en dire un peu plus ? Il y a quelque chose en particulier qui rend cette tâche pesante pour toi ? Bien sûr, » ajouta-t-il expressément, « ne te sens pas obligée de répondre. Je souhaite simplement savoir s'il y a des choses qui peuvent être améliorées dans la préfecture afin d'assurer le parfait bien-être de nos préfets, vois-tu ? »

Finalement, lorsque les mots, aussi durs soient-ils à prononcer, finissent par franchir les lèvres, tout devient plus simple, plus léger. Elle avait toujours eu ce problème, Dorra, elle préférait montrer un sourire qu'un visage triste, enfouissant au fond d'elle les pensées qui la fragilisent au lieu de les exprimer. Cette fois, elle avait bien fait, en grande partie grâce à son professeur qui avait fait le pas de venir vers elle. Il ne l'a certainement pas abordée pour entendre sa démission, il pensait plutôt qu'ils allaient papoter comme d'habitude, de tout et de rien, mais il lui avait offert une occasion pour se livrer enfin.

Le botaniste d'ailleurs se montra très compréhensif face à la décision de la troisième année, même si elle n'échappa pas à la question sur le pourquoi de cette démission. Elle-même ne savait vraiment pas, certains regards la mettaient mal à l'aise mais peut-être n'était-ce que le fruit de son imagination. Ce qui était sûr, c'est qu'elle ne sentait plus à sa place, même si elle était une brillante élève, sérieuse, responsable, attentive, que de qualités essentielles pour être une bonne préfète. Elle ne voulait plus l'être, tout simplement. Elle ressentira certainement la nostalgie du bureau des préfets, ainsi que celle de la fabuleuse salle de bain, mais elle préférait être une élève ordinaire, sans un badge scintillant sur la poitrine.

" Je ne saurai vous répondre Monsieur.. Vraiment.. C'est juste que je ne me sens plus très à l'aise dans le poste.. Ca n'a rien à voir avec ce qu'on attend de nous.. "

@Sigmund Charleston

Il accueillit les explications avec un simple hochement de tête. Il n'y avait pas vraiment besoin de plus : Dorra était une jeune fille sérieuse et plutôt sage considérant son très jeune âge. Si elle s'adressait à lui aujourd'hui pour lui offrir sa démission - même si certes, c'était lui qui était venu à elle et non l'inverse - alors il ne faisait pas de doute sur le fait que ladite décision avait été mûrement réfléchie. Il hésita à lui proposer quelques petites semaines de réflexion, au cas où le stress des examens aurait joué une part dans son envie de quitter son poste de préfète, mais quelque chose au fond de lui lui indiqua que ce n'était pas nécessaire.

« Très bien, ma grande. Sache en tout cas que ça a été un véritable plaisir de t'avoir comme préfète cette année. Tu as accompli ta mission avec brio. J'espère que cette opportunité te laissera quelques bons souvenirs et en plus de t'avoir certainement appris quelques bricoles. » Il ajouta avec un sourire : « En tout cas, ça te libérera dans tous les cas du temps pour tes propres loisirs l'année prochaine. Faire des rondes le soir, ça fatigue. » Le regard de Sigmund se posa brièvement sur son insigne, accroché à sa poitrine. Il n'avait aucune idée de sa.on successeur.se mais l'été - ou les collègues - saurait certainement lui donner conseil. En attendant, il ne brusquerait pas Dorra en récupérant le badge sitôt la démission énoncée. Si elle se sentait prête pendant le trajet du Poudlard Express, alors il viendrait lui demander à ce moment-là. Sinon, elle aurait bien l'occasion de lui faire parvenir par courrier pendant l'été.

Et, chose bien plus importante : elle n'était pas malade après ce phénoménal banquet ! Sa petite bouille en pleine forme, c'était le plus important pour Sigmund. Il lui offrit son plus large sourire à travers sa moustache et prit congé pour aller papoter avec d'autres élèves, avant de se retirer dans ses appartements.

C'est une fin pour moi je pense !Merci pour ce rp !

Ca a été un véritable plaisir de t'avoir comme préfète C'était réconfortant à entendre, même si Monsieur Charleston était connu pour être très gentil et apprécier tout le monde, même Elfie, il l'aimait bien. J'espère que cette opportunité te laissera quelques bons souvenirs Surement oui, ce n'était pas que du négatif.. Elle avait passé de bons moments avec ses collègues, dans le salon des préfets ou dans leur magnifique salle de bain.. Faire des rondes le soir, ça fatigue. Pas vraiment, pensa Dorra, c'était une des deux choses qui lui manquerait..

Elle écoutait son professeur en essayant de sourire, même si elle n'en avait aucune envie, la discussion était gênante et, la troisième année n'aimait pas les discussions gênantes. Quand il finit, elle soupira et prit quelques secondes avant de prononcer les quelques mots qui restaient à dire, " Merci beaucoup Monsieur.. C'est vrai, j'ai appris beaucoup de choses et ça reste une bonne expérience.. " Ses yeux glissèrent vers le badge épinglé sur son uniforme, " Je pense qu'il est donc temps de vous le rendre.. " Elle le décrocha doucement, et le tendit à son directeur. Il ne s'attendait peut-être pas à ce qu'elle le lui rende ce soir, mais ca ne servait à rien de le garder plus longtemps.

" Bonne soirée Monsieur. " Dorra se leva, quitta aussi rapidement que possible la grande salle, non pas pour se diriger vers sa salle commune, mais plutôt vers les toilettes des filles où elle s'enfermerait dans une des cabines pour libérer tout le poids qu'elle avait sur les épaules, par des larmes certainement.

@Sigmund Charleston Merci beaucoup pour cet RP !