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29 août 2023, 23:22
 Camp de Curragh  Le bal  Solo 
Samedi 5 février 2033, 19h00
Camp de Curragh
Reducio

Honor Brando, 26 ans
Capitaine des Forces de Défense irlandaises
Honor n'avait jamais aimé la parlotte auprès de la hiérarchie. Elle ne faisait jamais de lèche, jamais de fayottage, et personne ne pouvait se targuer de l'avoir vu flatter quelqu'un pour obtenir quelque chose. Ses galons de capitaine, flambants neufs, accrochés à la poitrine de sa veste militaire rangée et pliée soigneusement dans une valise dans son casier, en témoignaient. Ce samedi soir, toute la caserne était en ébullition. Elle avait refusée catégoriquement qu'on lui remette ses galons lors de cette soirée, elle aurait trouvé ça indécent et ridicule. Aussi avait-elle dû lutter becs et ongles pour les recevoir quelques heures avant, et simplement faire acte de présence ce soir, pour serrer quelques mains et permettre aux hommes et aux femmes de passer un bon moment.

La pointe de son pied tapotait nerveusement le dallage reluisant de l'immense bâtiment spécialement aménagé en sal de bal pour ce soir. Le plus gros des vagues de félicitations et de serrage de mains étaient enfin passé, et elle avait pu s'isoler un peu aux alentours de la grande table contre le mur, recouvert de mille mets et boissons diverses. Le groupe de musiques spécialement débauché pour ce soir, violons et contrebasses, flûtes et cors jouaient une douce musique d'ambiance à laquelle elle ne prêtait plus attention. Sa main saisit d'elle-même une flûte de champagne pour la porter à ses lèvres. Elle grimaça, les bulles agressèrent son palais, mais elle ne put s'empêcher de boire une autre gorgée, cherchant à tout prix à défaire les nœuds dans ses épaules. Elle jeta un coup d'œil à sa montre.

Oscar était retenu ce soir, et il ne pourrait pas venir avant l'heure qui suivait le début du bal. Une heure sans lui, sans son compagnon, et malgré elle, son pilier. Une heure esseulée, à devoir affronter les hordes de militaires tous plus mielleux les uns que les autres. Oh, elle allait lui passer un sacré savon, ça, c'était certain. Un sourire lui étira les lèvres, malgré tous les efforts qu'elle faisait pour afficher un visage aussi froid que possible. Comme elle l'aimait, cet homme, et comme elle avait hâte qu'il la rejoigne pour la sauver. Elle, la capitaine décorée, soldate exemplaire et modèle, qui dépendait de son mari pour survivre à un bal abominablement long et ennuyant. Elle but une nouvelle gorgée pour dissimuler son sourire qui allait grandissant.

Une main effleura son épaule nue. Honor rougit de colère lorsqu'elle se tourna brusquement dans la direction de la personne responsable, des éclairs plein les yeux. L'espace d'une seconde, elle se vit faire un scandale en brisant le bras de l'enfoiré qui osait la toucher. Mais à la place, ce fut un sourire désarmant qui l'accueillit, désamorçant toute colère chez Honor.

- J'en vois une qui s'est mise sur son trente-et-un ce soir.

Claire regardait Honor d'un air malicieux, le bas de son visage dissimulé derrière une coupe de champagne. Elle avait troqué ses habituelles lunettes pour des lentilles de contact, laissant ainsi toute la profondeur du bleu de ses yeux ressortir pour se plonger dans ceux noisette de son amie. Si quiconque d'autre qu'elle, l'infirmière du camp, avait osé toucher l'épaule de la capitaine, elle ne s'en serait pas tiré à si bon compte. Mais les deux étaient bonnes amies. Honor leva les yeux au ciel en mimant d'asséner un violent coup de poing en plein menton de l'infirmière. Mais qu'elle le veuille ou non, une partie de son stress s'était évanoui.

- Tu peux parler.

Elle fit un geste de la tête et baissa le regard sur la poitrine de Claire, contenant son sourire.

- Tu voulais peut-être une pancarte ? Ou un néon clignotant ? Avec écrit dessus, en toutes lettres : "Prends-moi !"

- Oooh ! Honor ! Quelle indécence !

La blonde donna un délicat coude de coude dans le bras d'Honor. L'infirmière était en effet habillé d'une longue robe blanche, au décolleté plongeant, mettant en valeur ses courbes et soulignant le galbe de ses jambes. Elle fit tout son possible pour prendre un air profondément révolté, mais le petit sourire qui déformait la commissure de ses lèvres ne trompait pas. Elle regarda les alentours, avant de hausser les épaules pour se pencher vers Honor.

- Après... Si tu connais quelqu'un... Je ne vais pas dire non.

- Claire !

- Oui, oui, pardon, mais en même temps, tous ces uniformes, ça ne te fait rien à toi ?

Honor ne s'embarrassa même pas à répondre, et but une nouvelle gorgée en secouant la tête d'un air faussement méprisant. Le temps d'une seconde, et les plaisanteries laissèrent place au véritable cœur de cette soirée. Claire hocha la tête vers son amie, saisissant son verre entre ses deux mains.

- Alors ? Je vais devoir t'appeler "Capitaine" maintenant ?

- Pitié... je te jure que si un seul guignol m'appelle encore comme ça ce soir...

- Ô Capitaine, mon Capitaine !

Juste après s'être moquée de son amie en mimant le salut militaire le plus mauvais qu'il eut été donné de voir aux yeux d'Honor, Claire poussa une sorte de petit cri suraigu de groupie.

- Kyaaaa, mais c'est génial ! S'il y en a une ici qui mérite de gravir les échelons, c'est bien toi, ma chère !

- Pff, tu parles. J'aurais pu l'avoir plus tôt cette promotion.

- Postiche ! 26 ans et déjà capitaine, j'en connais qui s'en rongent les ongles jusqu'au sang, et la moitié est dans cette salle ! Allons, savoure ta victoire.

Claire leva son verre, un sourire proprement charmant sur ses lèvres, arquant un sourcil, n'attendant qu'une chose. Honor soupira, regarda autour d'elle, avant d'enfin laisser apparaître un vrai sourire. Leurs verre tintèrent doucement tandis qu'elle se regardaient dans les yeux, chacune souriant à l'autre avec une franchise touchante. Elles burent toutes deux, Honor se retint de grimacer, et Claire de rigoler, la main posée sur ses lèvres.

- Si tu n'étais pas mariée, je pense que je t'aurais embrassé, là, tout de suite.

- Claire !!

- Rooh, ça vaaa ! Je rigole !

Et effectivement, elle riait, et malgré le rouge qui était monté aux joues d'Honor, elle ne put se retenir de sourire avec elle. Elle mima une gifle de sa main ouverte, l'arrêtant à mi-course, la menaçant de toute sa taille, mais Claire n'arrivait pas à s'arrêter de rire.

- Et puis, c'est tout de même un crime de la part de ton homme, de délaisser ainsi une femme aussi magnifique un tel soir.

Honor jeta un œil à sa montre, elle ne souriait plus cette fois.

- Il devrait être là... La ponctualité n'est pas sa tasse de thé, mais il m'avait promis...

Elle inspira longuement par le nez en clignant des yeux, sentant sa poitrine se serrer. Claire mit fin à ses plaisanteries pour poser sa main sur son bras et le caresser du pouce.

- Excuse-moi, tu sais que...

Les regards des deux femmes furent attirés par l'apparition d'une sentinelle qui se glissa parmi la foule. Aussi discrètement qu'une ombre, il s'approcha d'Honor, avant de se mettre au garde à vous. Honor lui rendit un hochement de tête, les sourcils froncés.

- Repos.

- Capitaine.

Il s'inclina imperceptiblement vers Claire, qui rougit en posant la main sur sa poitrine d'un geste théâtral et précieux.

- Madame.

Il s'approcha ensuite d'Honor pour lui chuchoter quelque chose. L'expression d'Honor changea du tout au tout, elle eut l'air scandalisée. Un profond agacement tira ses traits, et elle se tourna vers Claire pour lui tendre sa flûte.

- Je reviens tout de suite.

Sans donner un mot d'explication, laissant battre sa robe ouverte au niveau de la jambe, elle commença par emboîter le pas à la sentinelle, avant de le distancer aisément. Claire les regarda partir, avant d'hausser les épaules pour finir les deux verres.

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Avatar par Merinda Swart

31 août 2023, 22:23
 Camp de Curragh  Le bal  Solo 
Reducio

Oscar Brando, 24 ans
Professeur de lettres à l'Université nationale d'Irlande de Maynooth
Oscar adorait son travail. C'était quelque chose de certain, même si de temps à autre, il se rendait compte que ses étudiants pouvaient être de vrais cauchemars, il aimait trop enseigner pour perdre de vue le plaisir qu'il ressentait à donner des cours. Mais bon, il allait de soi que le défaut de ce travail, c'était qu'il lui prenait beaucoup de temps ! Quand on est prof, le boulot ne s'arrête pas à la fin des cours, oh que non ! Surtout en cette période de corrections des rattrapages du premier semestre, il s'était retrouvé obligé de manquer l'ouverture du bal en l'honneur de sa femme ! Quelle honte ! Il avait passé la soirée à se hâter pour espérer finir plus tôt. Et puis ce Uber qui prenait toute sa vie ! Il n'était pas souvent stressé Oscar, mais ce soir-là, il avait de bonnes raisons de l'être ! Il n'avait même pas prévu de costume particulier, il s'était dit que sa chemise et son petit pull rouge sans manches ferait parfaitement l'affaire. Et il était catégoriquement hors de question que son chapeau quitte sa tête, cela allait de soi.

Une heure, il avait promis qu'il arriverait une heure après le début du bal, et voilà que son retard se comptait déjà en minute ! Il ne regarda même pas l'écran de son portable quand il paya la course avant de sortir en grande course de la voiture dans l'obscurité de la nuit, se précipitant vers l'entrée du camp. Rapidement essoufflé, s'accrochant à sa serviette pour éviter que des feuilles rebelles ne s'échappe, il salua d'un grand sourire et d'un geste de main les sentinelles.

- Messieurs ! Oh, pardon, messieurs-dames, bonsoir ! Je...

- Monsieur, s'il vous plaît, votre identité.

Il n'était pas sensible à la froideur de la sentinelle qui le fixait de toute sa hauteur. Cette femme aurait pu l'intimider s'il n'avait pas été marié à Honor. Elle avança d'un pas vers lui, s'assurant de faire refléter le canon de son arme à sa ceinture dans la lumière des projecteurs. Il reprit sa respiration et rajusta son chapeau.

- Oh, oui oui, bien sûr ! Je suis Oscar Brando, je suis le cavalier de votre nouvelle capitaine, si je n'abuse ! J'espère qu'elle vous rend la vie moins dure que la mienne hoho !

Il se laissa aller à un petit rire amusé, ignorant totalement le haussement de sourcil de la sentinelle, après qu'elle et son camarade eurent parcouru Oscar d'un regard plein de jugement. Elle se tourna vers l'autre, et haussa les épaules, avant de croiser les bras sur sa poitrine, avant de demander d'un ton empli de mépris.

- Vous, vous êtes le compagnon de la capitaine ?

Elle regarda son comparse, qui s'avança d'un pas pour regarder Oscar d'un air étrangement menaçant.

- T'entends ça vieux ? Tu penses qu'on le laisse rentrer ?

- Rah, je ne sais pas... Il y a des sacrés dérangés qui se promènent par ici à cette heure.

Il leva les yeux vers le professeur, un sourire narquois aux lèvres, hochant la tête en direction de son chapeau.

- Mon bon monsieur, vous êtes conscient qu'il y a un bal ce soir ? N'est-ce pas ? Je suis persuadé que votre femme vous en aurait parlé, pas vrai ?

Oscar se mit à rire doucement, sa main se leva pour venir frotter l'arrière de ses cheveux, il rougit légèrement.

- Tout à fait oui ! Elle l'a mentionné, plusieurs fois même ! Vous auriez dû l'entendre : "Et surtout, ne prends pas de chaussures trop tape-à-l'œil ! Je te connais ! Prends des chaussures d'une couleur unie au moins, Oscar !"

Il forçait grandement le trait en imitant sa femme, avant d'éclater de rire, au grand dam des sentinelles qui se regardèrent d'un air décontenancé. Oscar désigna ses chaussures de la main, levant un pied pour mieux la montrer, l'air très fier.

- Je me suis donné du mal pour les choisir ! Je crois que c'est du cuir ou quelque chose de similaire, mais quoi qu'il en soit, il est certain qu'elle ne pourra rien me dire dessus haha !

Après une brève seconde de silence, les sentinelles se mirent à rire à leur tour, un rire gras et à gorge déployée, sans dissimuler leur moquerie apparente, et Oscar les rejoignit dans leur rire. Il s'inclina ensuite légèrement, avant d'imiter un salut militaire grossier, souriant de toutes ses dents.

- Sur ce, messieurs-dames, ma chère et tendre m'attend ! Et s'il y a quelque chose qu'on apprend lorsqu'on est marié à cette femme, c'est que la faire attendre est...

- Oh-oh, eh, calmos le rigolo.

La femme posa fermement son pied face à elle, se positionnant légèrement de profil, dégageant ostensiblement sa hanche armée, remontant son coude, l'air prête à dégainer. Le cœur d'Oscar manqua un battement. L'autre se tenait en retrait, mais observait la scène d'un air plus apaisé que sa camarade. Oscar expira doucement, avant de sourire, il leva lentement les bras au niveau de sa poitrine. Il posa calmement sa voix, dissimulant sa crainte et laissant parler son courage, tout en le saupoudrant de sa sage diplomatie.

- Madame...

- Mademoiselle.

- Mademoiselle... Je vous prie d'accepter toutes mes excuses si j'ai pu vous effrayer. J'aurais pu arriver plus calmement, il est vrai, mais j'étais déjà en retard, et je ne voulais pas davantage faire attendre mon aimée.

Il écarta doucement les mains, les abaissant très lentement jusqu'à ses hanches.

- Dites-moi ce qu'il vous faut, une pièce d'identité ? On ne m'a pas fourni d'invitation, mais ma chère m'avait expliqué que je n'en aurais normalement pas besoin. Si vous le désirez, je peux également...

- Ta carte.

Elle ouvrit la main en la tendant vers lui, sans la moindre politesse, d'une voix ferme, se tenant toujours de profil, l'air visiblement nerveuse. Même son camarade s'approcha d'elle, l'air de visiblement se tenir prêt. Oscar hocha doucement la tête, souriant toujours, avant de lever sa serviette.

- Bien évidemment. La voilà. Ne faites pas attention à la coiffure s'il vous plaît, j'étais jeune vous savez, on fait tous des erreurs !

Il pouffa doucement de rire tout en récupérant très lentement sa carte dans sa serviette, s'assurant de ne rien faire pour empirer la nervosité des sentinelles. D'un mouvement sec, elle s'empara de la pièce d'identité, avant de l'observer avec son camarade sous la lampe torche. Perplexité et incrédulité. Ils l'examinèrent longuement, elle et Oscar, cherchant le moindre défaut, le moindre signe. Il ferma les yeux en souriant.

- Je vous en prie, prenez tout votre temps. Puis-je faire autre chose ?

Sa voix était douce, et semblait faire vibrer l'air autour de lui jusqu'à atteindre les oreilles des militaires, qui devaient lutter pour ne pas baisser leur garde face à tant de franchise et de candeur. Durant plusieurs secondes, ils ne dirent rien, puis ils se penchèrent l'un vers l'autre pour chuchoter agressivement. Oscar détourna la tête, comme pour leur laisser plus d'intimité, ne semblant nullement intimidé ni même inquiet. Il patientait calmement, tenant sa serviette des deux mains contre ses jambes, face à lui. Après un claquement de langue de la sentinelle qui tenait sa carte, l'homme fit un signe de tête à Oscar.

- Ne bougez pas d'ici, et ne faites pas le malin.

Il s'éloigna ensuite en trottant, à une allure qu'Oscar aurait été incapable de tenir plus d'une minute. Il redirigea ensuite son attention sur celle qui tenait sa carte, sans montrer la moindre volonté de la récupérer. Il pencha la tête sur le côté en souriant, doucement, fronçant très légèrement les sourcils, d'un air innocent et perplexe.

- Y'aurait-il un problème ? J'espère vraiment que je ne vous rajoute pas du travail...

Elle cherchait la moindre trace de sarcasme, et son irritation redoubla lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne pouvait en déceler la moindre miette. Elle se dressa de toute sa taille, sans éloigner sa main de son arme.

- Joue pas au plus fin avec moi ! T'approche pas !

Oscar leva à nouveau les mains au niveau de ses épaules, souriant toujours, prenant l'air le plus apaisant possible.

- Bien sûr, il n'y a aucun problème.

Elle respirait rapidement, il vit qu'elle clignait rapidement des yeux. Il prit une grande inspiration, avant de doucement croiser les mains sur le bas de son ventre en agrippant sa serviette.

- Encore une fois, je tiens à renouveler mes excuses, si j'étais arrivé en même temps que ma femme, je vous aurais épargné cette situation. Vous connaissez ma femme ? J'avoue ne pas être trop au courant de comment son monde tourne, j'imagine que vous ne vous connaissez pas tous dans cette base, si ? Quelle formidable camaraderie cette proximité doit développer !

Plus il parlait, plus la confusion de la sentinelle devenait apparente, elle jetait des regards en arrière, se détendait, puis redevenait vigilante, cherchant visiblement à ne pas se laisser mener en bateau par ce beau parleur ! Et pourtant, Oscar n'était pas le genre à faire de la flatterie, ni même à arrondir les angles, il disait ce qu'il pensait, aussi simplement que cela. Elle se racla la gorge, avant de lui retendre nerveusement sa carte, qu'il récupéra doucement et rangea dans sa serviette.

- Vous parlez trop. Si vous connaissiez vraiment la capitaine, vous sauriez qu'elle déteste qu'on parle pour rien !

- Oh, je vois !

Le visage d'Oscar s'illumina d'un grand sourire, qui acheva de fendiller les défenses de la sentinelle. Il se gratta la joue de l'index en penchant sa tête sur le côté.

- Je vous prie de me pardonnez, vraiment. J'imagine bien votre embarras si c'est ce que vous pensez ! J'ignore comment je puis vous convaincre, des questions-réponses peut-être ? Quelque chose que seuls vous et moi pourrions connaître sur elle ?

Elle hésita, se racla à nouveau la gorge, avant de secouer la tête en se redressant à nouveau.

- Je...

- CADET ! REPOS, C'EST UN ORDRE !

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Avatar par Merinda Swart

04 sept. 2023, 10:30
 Camp de Curragh  Le bal  Solo 
Honor avait toujours eu un rapport particulier avec tout ce qui touchait de près ou de loin à la colère. Honor était une femme en colère. Presque constamment. Elle n'arrivait pas à se remémorer une période de sa vie où ce sentiment ne la menait pas par le bout du nez et ne dictait pas ses moindres faits et gestes. Elle la contrôlait, certes, mais elle était toujours là, quelque part, tapie dans l'ombre de son subconscient, n'attendant qu'une faiblesse, une inattention ou une occasion pour revenir à la charge. Et ce soir, Honor se sentait affaiblie par cette soirée, accablée par les charges de sa nouvelle fonction et par l'attente d'Oscar qui tardait. Ce soir, Honor avait été distraite par Claire, qui lui avait fait relâcher sa vigilance, qui lui avait fait baisser sa garde. Ce soir, on avait manqué de respect à son mari, et ce soir, quelqu'un allait payer.

En un éclair, de sa marche rapide et souple, elle distança la sentinelle qui dût se mettre à trottiner pour la suivre. Lorsqu'elle aperçut au loin Oscar, séparé d'elle par une sentinelle un peu trop zélée, elle vit rouge. L'adrénaline se mit à parcourir ses veines, affluant dans son organisme, balayant tout sur son passage. Elle fit gonfler ses muscles, accélérer son cœur, et aveugla sa vision périphérique. Sa respiration s'accéléra, et sans plus se soucier ni de son grade, ni des conséquences, sa voix résonna dans le silence de la base, puissante et froide, implacable et tranchante.

- CADET ! REPOS, C'EST UN ORDRE !

Elle crut entendre derrière elle la sentinelle qui tenta de bondir pour la retenir, mais elle se trouvait déjà à portée de celle qui se tenait entre elle et son mari. Tandis qu'elle se retourna, brusquement pâle comme un linge, après s'être figée de terreur, Honor l'agrippa brusquement par son uniforme. Sans le moindre effort apparent, malgré leur taille similaire, elle la souleva de terre pour approcher son visage du sien. Ses yeux lançaient des éclairs, sa bouche était déformée par un rictus laissant apparaître ses dents. Elle ne sut que faire un court instant. Puis, la seconde d'après, elle se vit faire payer son insolence à cette maudite cadette qui s'était crue trop maligne. Ses pouces remontèrent en direction de ses yeux, elle sentait à peine l'autre cadet qui s'évertuait à la raisonner.

Une main se posa sur son avant-bras.

- Ah, ma chérie ! Te voilà enfin !

Les sons parvinrent enfin de nouveau aux oreilles d'Honor, qui cessèrent de bourdonner. Ses yeux virent à nouveau, et le voile rouge de la fureur s'estompa, laissant apparaître le visage terrorisé de la cadette qu'elle avait failli énucléer. Ses lèvres laissèrent passer l'air, elle prit une grande inspiration, lâchant sans ménagement l'impertinente qui ne devait son salut qu'à l'existence d'Oscar. Ce dernier ne se laissa d'ailleurs nullement décontenancer. Si Honor était tremblante suite à sa poussée d'adrénaline, essayant de toutes ses forces de se décrisper pour reprendre pied à la réalité, Oscar aida la sentinelle à se redresser après sa chute. Elle avait perdu l'équilibre et était tombée fesses les premières. Elle aussi tremblait, mais pas pour les mêmes raisons.

- Vous allez bien ? Sincèrement, je suis navré, depuis que je suis là, je vous complique la vie... il faudrait que vous me fassiez une sorte de pass, ça doit exister, non ? Un petit badge, on ne sait jamais !

Son ton était léger, sa voix chantante et son sourire franc. Honor avait retrouvé son calme apparent en un battement de cils, et avait croisé les mains derrière son dos, jugeant de toute sa hauteur la sentinelle en train de se relever. L'autre s'était soigneusement mise à l'écart, au garde à vous sur un geste d'Honor. La cadette hocha la tête vers Oscar, le visage marqué par le choc et la peur, incapable de prononcer le moindre mot. Le menton d'Honor se leva imperceptiblement.

- Engagée Marla, expliquez-vous, je vous donne trente secondes.

Marla se racla la gorge en éloignant Oscar d'un geste de main, essayant vainement de reprendre ses esprits.

- Oui mon capitaine. Euh... en fait, j'ai...

- Je vous en prie, vous n'avez rien à vous reprocher.

La voix d'Oscar l'interrompit, ferme, mais douce à la fois. Il se redressa en s'époussetant le torse d'un air léger, avant de sourire, rougissant doucement. Sa main vint frotter l'arrière de sa tête tandis qu'il tourna son regard sur Honor, qui avait l'air aussi surprise que la sentinelle.

- C'est un simple malentendu ma chérie, je te jure.

Il désigna du doigt l'entrée en se tournant.

- Mon uber m'a déposé là-bas, et comme j'étais en retard, j'ai couru jusqu'à l'entrée.

En se tournant de nouveau vers eux, il pointa du pouce Marla.

- Et forcément, ces jeunes gens ont fait leur travail, mon comportement les a un peu inquiété. Il faut dire que je les comprends, quelqu'un qui approche à toute vitesse d'une base, surtout un soir pareil... Je leur ai demandé d'aller te chercher pour que tu puisses expliquer la situation, n'est-ce pas messieurs-dames ?

Il jeta un regard entendu aux deux sentinelles, qui se regardèrent, incrédules, bouche bée. Presque honteuse, Marla secoua doucement la tête en venant se frotter la joue, puis rajusta son uniforme. Elle se mit au garde à vous en se raclant la gorge.

- Hrm. Oui mon capitaine, c'est ce qui s'est passé.

Le regard d'Honor était dur. Cette histoire ne correspondait pas du tout aux mots rapportés par l'autre sentinelle, qui avaient déclenché sa colère. Elle prit une grande inspiration, avant de se tourner souplement vers l'autre, le regard inquisiteur.

- Engagé Tom ?

Le ton de sa voix ne laissait aucun doute, et il était évident qu'il aurait avoué ses fautes si Oscar ne l'avait pas discrètement soutenu d'un pouce en l'air avec un hochement de tête et un sourire qu'il dissimula vivement quand Honor se tourna vers lui. Il fit l'innocent et mima un sifflotement. Tom retint son sourire.

- Oui mon capitaine.

Honor respirait puissamment, sa poitrine se soulevait au rythme de son souffle, ses narines s'évasaient sous ses émotions. Elle jeta un regard mauvais à Oscar. Il fut désarmant de sourire et d'innocence, son regard l'implorait : "fais-moi confiance", lui disait-il. Comment résister ? Elle ferma les yeux et expira longuement. Elle passa une main dans ses cheveux court, avant de finir sur sa nuque. Sa langue claqua.

- Dans ce cas, reprenez vos postes mesdemoiselles.

- Oui mon capitaine !

Les deux sentinelles répondirent d'une même voix, avant de retourner à leurs positions, comme si rien ne s'était passé, elles faisaient face à l'extérieur, droites comme un I. Honor les transperça du regard, avant qu'Oscar ne lui offre son bras d'un geste fluide, sa serviette dans l'autre main. Il plongea son regard dans le sien, un sourire parfaitement détendu aux lèvres. Elle le lui rendit, avant de passer sa main dans son coude pour prendre le chemin de la caserne. Une fois éloignés de quelques mètres, il prit la parole avant qu'elle ne puisse le faire. Il regardait droit devant lui, et sa voix était étonnamment dure.

- Ce n'est pas exactement ce qui s'est passé, mon amour. Si tu me demandes, je te répondrai, mais ce n'est pas important.

Elle lui lança un regard déconfit, incrédule et atterrée. Il ne mentait jamais, elle non plus. Ils se contentaient d'éluder parfois, de se contenir, de ne pas toujours tout dire. Son cœur se réchauffa, il lui offrait encore une fois sur un plateau d'argent une nouvelle raison pour elle de tomber amoureuse. Elle regarda droit devant elle, et malgré leur différence de taille, leur pas était parfaitement synchronisé.

- Ils ont fait du zèle, n'est-ce pas ?

- Je les comprends, c'est vrai que j'ai couru, ils étaient assez nerveux. Et puis, ça se sentait qu'ils auraient voulus être au bal plutôt qu'ici.

- C'était inévitable, je demanderai à ce qu'ils soient bientôt relevés.

- C'est attentionné de ta part.

Elle leva son autre main pour la poser sur celle d'Oscar. Plusieurs secondes de silence s'écoulèrent avant qu'elle ne reprenne la parole.

- S'ils ont déconnés, ils méritent une sanction, tu le sais, n'est-ce pas ?

- Oh, ils n'ont rien fait de grave. Si c'est ce qui t'inquiète. Ils ne m'ont pas touché, ils n'ont pas été insultants. Ils ont simplement été sincères.

- Je suis vraiment désolée... J'avais laissé des consignes pourtant !

Elle jeta un regard faussement méprisant à Oscar.

- Bon, il faut dire qu'avec ta tenue...

- Haha, oui, je te le concède, mais tu me connais, la mode et moi...

- Ce n'est pas une question de mode là, Oscar. Sérieusement, c'est quoi ce chapeau ridicule ?!

Il toucha d'un air faussement offensé son chapeau.

- Roh, je ne te permets pas ! Il est fabuleux ce couvre-chef !

Honor éclata d'un rire cristallin, laissant s'échapper une partie de sa tension, elle tapota la main de son mari.

- Si tu le dis, si tu le dis.

Ils continuèrent tous deux de marcher paisiblement, se rapprochant doucement l'un de l'autre, jusqu'à ce que la tête d'Honor repose sur celle d'Oscar. Elle se sentait apaisée et en confiance, tous ses problèmes s'étaient évaporés. Elle ressentit pour la première fois depuis le début de la soirée une véritable envie de rester un peu plus longtemps au bal, pour profiter de la soirée avec lui. Lorsqu'il s'arrêtèrent devant l'immense caserne du camp, elle soupira doucement. Oscar leva la tête vers elle, et sans hésiter, elle le regarda, un sourire flottant sur ses lèvres. Elle l'embrassa, il lui rendit son baiser. Elle se tourna vers lui pour passer ses bras dans son dos et sur sa nuque, il posa ses mains sur ses hanches en l'embrassant à son tour.

Le temps d'une respiration pour eux, elle détacha ses lèvres de celles d'Oscar, pour poser son front contre le sien. Elle le regarda, puis pouffa de rire avec lui, il frotta son doucement son nez contre le sien. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Oscar détacha son front du sien et fronça les sourcils.

- Quelque chose ne va pas ?

Elle ferma les yeux et tourna la tête vers le bâtiment, son visage se durcit. Elle inspira profondément, avant de regarder à nouveau Oscar. Elle ne voulait pas le plonger au milieu de tout ça, elle hésitait, elle ne savait pas s'il était assez fort pour ça. Honor pensait assez bien connaître Oscar, et elle ne voyait pas son caractère posé s'épanouir dans un tel contexte.

- Tu n'es pas obligé de venir, vraiment. Je sais que ce n'est pas ton élément, et... je sais que...

Il la fit taire d'un rapide baiser qui la fit rougir, et il se dirigea vers la porte d'un pas confiant, posant sa main sur la poignée. Il l'ouvrit sans hésiter, exécutant un geste de main en s'inclinant.

- Arrête de raconter n'importe quoi. Sur ce, si madame veut bien se donner la peine...

Honor se retint d'éclater de rire en posant sa main sur ses lèvres, avant de reprendre contenance et de s'avancer. Elle prit la main de son mari, s'inclinant à son tour.

- Qu'attendons-nous ?

Enfin apaisée, Honor pénétra avec Oscar dans le grand bâtiment, désormais certaine de pouvoir affronter n'importe quel gradé ou lèche-botte qui déciderait de venir l'importuner encore une fois ce soir. Son cavalier était enfin venu, et elle mesura à quel point il lui avait manqué tout ce temps.

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Avatar par Merinda Swart

19 avr. 2024, 17:45
 Camp de Curragh  Le bal  Solo 
"Aaah, voilà nos deux tourtereaux -hips, OSCAR ! Est-ce que t'as la moindre idée d'combien de temps ta femme t'attends ? Salaud va."

La scène qui se présenta aux yeux d'Oscar et d'Honor, accroché l'un à l'autre par le coude, aurait pu prêter à angoisse si l'immense sourire qui s'étirait jusqu'aux oreilles de Claire n'avait pas été si visible. Et l'éclat de rire cristallin qu'elle lâcha en enlaçant l'homme au chapeau, bondissant dans sa direction, ne fit que renforcer la certitude d'Honor : Cette cruche n'avait pas fini que sa coupe de champagne. Elle déposa sa main sur son épaule, un sourire amusé aux lèvres, tandis que son mari se retrouvait pris au dépourvu, hésitant, jetant des regards de supplication en direction d'Honor, ce qui l'amusa encore plus.

"Claire, combien de flûtes ?
- Oh, flûte, hein !
- Combien ?"

Après que Oscar ait enfin trouvé la contenance pour tapoter délicatement l'épaule et le dos de son amie, cette dernière se redressa dans les froufrous du tissu de sa robe. Une moue boudeuse parait son visage, le haut de ses joues légèrement rougie par l'ivresse. De tous ses efforts, elle tenta de se détourner d'Honor, en pivotant sa tête, comme une enfant qui souhaiterait échapper à sa réprimande.

"Mmh... J'sais plus.
- Oh, dans ce cas, fini la boisson, jeune fille.
- Hey ! Rends-moi ça, toi !"

Oscar avait habilement subtilisé la flûte qui demeurait entre les doigts de la blonde, avant que cette dernière ne se jette sur lui en protestant. Mais, parfaitement rôdé à cette situation, l'homme déposa discrètement le contenant dans la main de sa femme, qui s'empressa de le faire disparaître sur la grande table blanche derrière elle. L'homme prit ensuite la main de Claire entre les siennes, et plongea son regard dans le sien, Honor croisa les bras sur sa poitrine dans un soupir.

La blonde évitait soigneusement le regard d'Oscar, son éternelle moue boudeuse aux lèvres.

"Qu'est-ce que tu veux boire ?"

Honor foudroya son mari du regard : mais qu'est-ce que tu fais ? Ça va pas ? Chut, ne t'inquiètes pas, je gère, lui répondit-il d'un clignement d’œil, avant de rediriger son attention sur Claire qui avait porté ses yeux au plafond pour réfléchir, la pointe de son index sur son menton.

"Mmmh, Mojoti... mojito !!
- Ah, du perrier, donc ?
- Nan ! Nan, du rhum !
- Ah, es-tu sûre ?
- Mh-mh !
- Fort bien, dans ce cas, allons te trouver tout ça.
- Aaaah, merci Oscar ! Toi t'es un vrai mec ! Pas comme ta gonzesse de gonzesse, qu'aime pas boire ! Bouuuh !"

Tandis qu'Oscar déposait timidement le bout de ses doigts sur le dos de Claire, elle fit un pied de nez à Honor. Dans un soupir, il la poussa doucement vers la table, en direction des boissons softs, loin de tout alcool, avant de lancer un regard désolé à sa femme, qui sourit en secouant la tête, entreprenant de tirer l'oreille de son amie au passage.

"Moi aussi, je t'aime, idiote.
- Ouaiisoai, oeoeoe, tain, moi aussi j't'aime sérieux..."

Alors que la blonde s'appuyait de plus en plus sur Oscar, qui l'entretenait en conversations légères pour l'ancrer au réel, Honor la salua d'un petit geste de ses doigts. Son inquiétude pour son amie s'était largement teintée d'amusement. Et voir ainsi son mari prendre aussi soin d'elle, de façon aussi calme, douce et assurée, ne fit qu'élargir son sourire. Quelques picotements envahirent sa poitrine, et elle sentit ses oreilles chauffer.

"Vous devriez mieux choisir vos fréquentations, capitaine."

Oh non. Putain, pas lui. Pas lui, putain.

Elle ne se fatigua même pas à adresser un sourire de façade en se tournant vers le colonel qui venait d'apparaître derrière son épaule. Grande armoire à glace, ayant même l'outrecuidance de la dépasser d'une dizaine de centimètres, sourire ravageur de ses 300 dents blanches, dont les yeux marrons perçants se voyaient soulignés par la blondeur de ses cheveux impeccablement taillés. Si Honor avait choisi de ne pas porter son uniforme ce soir, il en était tout autrement du colonel Jordan. Tiré à quatre épingles, son uniforme de toute évidence nettoyé à sec et entretenu de frais, ses médailles et ses galons reluisants.

En lui répondant, elle espérait que le "capitaine" carbonise la lange de ce trou du cul.

"Ou sinon ?"

Quelques regards pivotèrent dans leur direction. Oui, leur rivalité était connue et reconnue dans la caserne. Les chuchotements semblaient déjà aller de bon train. Elle soupira en clignant des yeux une seconde. Elle qui espérait que tout se passe sans accroc...

L'armoire pouffa de rire, rajustant son képi sous son aisselle, le contenu de son verre tintant contre le récipient.

"Ho-ho, sinon, rien du tout, capitaine. Je vous donnais ce conseil en toute amitié.
- Allez..."

Elle ferma les yeux, pencha la tête sur le côté, en se forçant à prendre une grande inspiration, avant de rouvrir les paupières. Ses mâchoires se crispèrent, ses pupilles s'étrécirent, le colonel se contenta d'élargir son sourire moqueur, dans l'attente de la voir déraper une nouvelle fois.

"C'est vrai que vous vous y connaissez, en relation, mon colonel.
- Oh ? Et qu'est-ce à dire que cela ? Capitaine ?"

Et merde. Elle venait de comprendre. Évidemment qu'il n'allait pas se brûler les lèvres en utilisant son grade. Il s'en servait comme moquerie. Les oreilles d'Honor se mirent à siffler, sa poitrine s'éleva sous la grande inspiration qu'elle prit brusquement.

Un beau défaut d'Honor, c'était qu'elle avait une grande gueule. En aucune situation, elle songeait, ne serait-ce qu'un instant, à courber l'échine devant plus puissant, plus fort, plus intelligent, ou plus gradé qu'elle. Et le colonel ne le savait que trop bien. Mais elle aussi, connaissait ses faiblesses.

Ses lèvres s'entrouvrirent, elle n'allait pas se priver de presser là où ça faisait mal.

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2A RP - 13 ans - 1m40
Avatar par Merinda Swart