Suileabhan était déjà retourné à Poudlard, mais Sixtine avait fait le choix de ne pas rentrer tout de suite au château préférant profiter de ses derniers moments de calme et de vacances avant de reprendre un rythme scolaire. Cette année s'annonçait particulièrement, car il s'agissait de la dernière année de plusieurs de ses prodiges : Jeffrey, Alienor, Ennis et bien entendu Bad. Elle préférait ne pas penser à ce départ qui allait sûrement lui déchirer le cœur et ne penser qu'à la rentrée.

Sur le quai, elle avait croisé Willow et Magnus Nerrah, elle en avait profité pour discuter avec eux alors qu'Aliosus montait dans le wagon. Elle les avait salués, avait échangé quelques banalités avant de leur dire qu'ils étaient toujours les bienvenus chez elle à Tinworth. Puis, elle était montée dans le wagon destiné aux élèves et avait rattrapé l'ancien préfet-en-chef pour lui demander la suivre jusqu'au wagon des professeurs et des membres de l'équipe éducative pour discuter le temps du trajet.
Une fois dans le wagon réservé aux adultes de Poudlard, Sixtine entra dans un compartiment vide et invita Aliosus Nerrah à s'installer.

- Vous ne vous sentez pas trop léger sans le poids du badge à votre poitrine ?

La professeure de défense contre les forces du mal faisait référence au fait que l'ancien Préfet en chef eût préféré renoncer à son badge plutôt que de lui donner les noms des personnes étant entrées par effraction dans son bureau. En échange de ce sacrifice, Sixtine avait accepté de ne pas connaître les noms bien qu'elle ait sa petite idée sur la question...

Le roulis du Poudlard express avait quelque chose d'entêtant, d'hypnotique, de réconfortant. Aliosus se laissait aller à faire vagabonder son esprit dans ce moment si particulier de l'année. Il voyait sa rentrée très similaire à celle de sa 4ème année. Pas de responsabilités particulières, ni d'examens déterminants à la fin de l'année, une année pour faire le point, pour se recentrer sur ses objectifs, sur lui, ses projets. Mais ses réflexions ne purent aboutir, le faisaient-elles jamais ? Car une silhouette familière et élégante se présenta à lui rapidement après que le train ait quitté la gare, ce qui le fit se lever immédiatement pour la saluer. Miss Valerion était depuis longtemps devenue plus que sa directrice de Maison, et Aliosus marchait toujours sur les œufs délicats de la bienséance, cherchant l'équilibre en les marques distanciées de respects et une proximité subtile.

Il la suivit à son invitation, devinant avec un brin d'excitation curieusement enfantine pour le jeune Nerrah la destination évidente dans un lieu aussi rectiligne que pouvait l'être un train. Ils franchirent la porte du wagon réservé aux professeurs et son estomac se serra, il savait qu'on lui en garantissait l'accès mais il savait tout autant que c'était une exception tellement incongrue qu'il ne se sentait pas vraiment à l'aise. S'asseyant en face de miss Valerion, il se concentra sur elle pour éviter de croiser le regard d'autres adultes.

Elle n'allait pas par quatre chemin, il le reconnaissait bien là.
«Miss, vous rappelez-vous de notre première discussion ? Je suis venu dans votre bureau, peu de temps après votre arrivée au château, et je vous ai demandé si dans votre carrière d'aurors vous aviez eu à faire des choix, si vous aviez du renoncer à certains principes pour garantir votre réussite. Je ne suis pas sot. Je sais que vous avez votre propre idée quant aux noms que j'ai refusé de vous donner l'année dernière et si je vous les donnait, je ne ferais peut être que confirmer vos soupçons, mais devant ce choix j'ai préféré m'en tenir à un principe, plutôt qu'à mon succès. Et je vous sais gré de ne pas m'en avoir tenu rigueur.»
Il marqua une pause, réalisant le poids qui venait de se libérer dans sa poitrine. Il avait inconsciemment voulu dire tout cela depuis des mois à sa professeure, à sa directrice, mais aussi à l'amie de ses parents, à sa mentor et à la figure de confiance qu'était Sixtine Valerion à ses yeux.
«Pour répondre à votre question, je me sens en effet plus léger, mais pas "trop". Je ferai en sorte de faire de ce changement l'occasion d'optimiser mon temps différemment.»

L'adolescent presque adulte s'était installé en face de sa professeure et écouta avec attention ce qu'elle avait à lui dire. Lui, n'avait pas répondu tout de suite à sa question, il avait d'abord expliqué sa situation, il avait romancé le tout. La professeure de défense contre les forces du mal avait écouté son petit discours non sans un petit sourire au coin des lèvres. Elle reconnaissait bien là le discours d'un Nerrah. Toujours fier, droit et campé sur ses positions.

Lorsqu'il avoua qu'il avait conscience qu'elle avait une idée des noms des délinquants ayant saccagé son bureau, elle ne put retenir un petit soupir et un haussement de sourcil. Bien évidemment, qu'elle avait ses idées mais sans preuve, elle était limitée dans ses actions et surtout, elle ne voulait pas mettre à mal le blond qui avait sacrifié son poste de préfet-en-chef pour protéger deux gamines.

- Je ne vous en tiens pas rigueur mais certaines de vos fréquentations sont... Ou plutôt, ne sont pas à votre avantage. Elles vous tirent vers le bas plus qu'elles ne vous élèvent. Elle marqua une pause pour qu'il puisse intégrer l'information. Mais après tout, un peu de folie de temps à autre ne peut pas être préjudiciable enfin, j'imagine. Sachez, Aliosus, que je vous considère comme un membre de ma famille et par conséquent, je me sens dans l'obligation de vous protéger et de vous avertir lorsque vous prenez des décisions qui me semblent mauvaises.

La gorge d'Aliosus se serrait au fur et à mesure des mots de Miss Valerion, elle ne voulait pas revenir sur l'incident, pas plus que cela en tout cas, ni lui refaire des reproches sur son comportement, mais le mettre en garde, et cela l'affectait. Il aimait Sixtine, d'un mélange alchimique curieux entre l'estime pour l'ancienne auror, la professeure et la directrice de maison, d'adhésion à la plupart de ses méthodes peu orthodoxes mais franches et concrètes, de fascination pour le personnage finalement assez mystérieux et de charme, d'élégance mesurée avec son zeste de contrepied à l'étiquette qui lui rappelait inévitablement sa mère, et l'entendre ainsi parler de ses fréquentation, ou plutôt, car il n'était pas dupe et Sixtine le savait, aussi s'autorisait elle à être vague sachant pertinemment qu'il saurait lire entre les lignes, sur sa fréquentation intime, sa petite amie, Yesenia. Une part semi-inconsciente de lui cherchait l'approbation de son mentor, c'était bien naturel. Il ne pouvait toutefois pas défendre Yesenia sans se trahir et elle en même temps, en confirmant à Sixtine qu'elle avait visé juste dans ses soupçons. Aussi était il coincé, devant réagir autrement.

«Miss, sachez que je comprends ce que vous me dîtes, et je veux vous assurer que je ne suis pas de ceux à l'esprit trop influençable.» Il ne mentait pas, il n'avait aucunement cautionné l'acte de sa petite copine, bien au contraire, il avait été plus que franc dans ses reproches.

«Mère serait aux anges d'entendre cela Miss, elle vous porte énormément d'affection également, mais vous le savez bien.»

Quelque chose turlupinait Aliosus dans cette conversation et il fallut un moment avant qu'il n'arrive à mettre le doigt dessus. C'était presque la conversation avec Miss Valerion la plus longue qu'il ait eut sans qu'elle ne lui propose de manger ou de boire. Cette pensée incongrue le fit sourire malgré lui, sans trop savoir pourquoi.

Lorsque l'ancien Préfet-en-chef répondit à sa professeure de défense contre les forces du mal, il ne fit que confirmer ce qu'elle savait déjà. Evidemment, elle ne le pensait pas influençable ou faible d'esprit, elle pensait simplement que, peut être, ses fréquentations pourraient lui couter un peu plus que la simple perte de son badge. Badge qui lui allait parfaitement bien et qui avait ravi Sixtine lorsqu'il l'avait accepté.

- Ce que j'essaye de vous dire Aliosus, c'est que l'amour peut conduire à faire certaines erreurs et croyez moi, je sais de quoi je parle.

Elle n'allait pas lui faire le récit de ses erreurs en matière d'amour mais elle espérait qu'il comprenne assez rapidement de quoi elle était en train de parler. Car oui, même Suileabhan n'était qu'une erreur, comme tous les autres. Bien que, le seul dénominateur commun de toutes ces relations soit elle-même.

- Ne plus avoir le poids du badge de préfet-en-chef c'est une chose mais, vous commencez à prendre de l'âge et vous savez, plus l'on grandit plus nos erreurs grandissent. Je connais bien vos parents, et je me demande ce qu'ils penseraient si ils apprenaient que vous couvrez votre petite amie pour une bêtise qu'elle a faite avec une amie. Je crois qu'il vaut mieux pour vous, pour elle et pour eux, qu'ils n'apprennent jamais ce petit détail de votre idylle, non ?

Les Nerrah étaient du genre conservateur et cela ne surprendrait pas Sixtine qu'ils veuillent marier le jeune Aliosus à une femme digne de son statut et clairement, la petite Cooper n'était pas à la hauteur.

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Aliosus se calait dans le siège en face duquel il contemplait Miss Valerion, le sérieux de la discussion et le mal être qu'il ressentait vis à vis d'avoir gardé pour lui les détails de cette soirée, refusant de tout lui expliquer, lui faisaient voir la directrice de Serpentard sous un nouveau jour. Elle lui semblait plus froide, comme lorsqu'il l'avait vu pour la première fois, plus impressionnante, comme si une distance les avait éloignés alors qu'il n'en était rien, sa présence dans ce wagon et la teneur de la discussion en étaient les preuves, il n'arrivait cependant pas à se défaire d'un certain malaise. Peut être que s'il avait pu s'adresser à elle en tant qu'amie de la famille et non en tant que, également, professeur et directrice de maison, il aurait réussi à trouver les mots, mais jusque là il n'y arrivait pas.

«Je ne voulais pas paraître sur la défensive Miss, vraiment je mesure la chance de vous avoir à veiller sur mes intérêts. Quant à mes parents, sans vouloir balayer vos craintes, père, même s'il désapprouverait évidemment, comprendrait le dilemme et mon choix. Quant à mère... Et bien étant donné ce qu'elle semble sous entendre de son passage à Poudlard, je crains qu'elle n'ait pas la réaction outrée que vous imaginez, à vrai dire je suis à peu près certains qu'elle rirait aux éclats.»

Il avait sourit en le disant, pas par dédain de miss Valerion mais parce qu'il se représentait très bien la scène et le rire cristallin de sa mère. Un rire ambigu qui semblait toujours éclater pour une raison légèrement différente de ce à quoi on serait en droit de s'attendre. Le sourire du Seprentard se voulait également être une note de légèreté dans l'entretien qu'il avait avait la femme que sa mère ne qualifiait que rarement d'un autre adjectif que "délicieuse".

De temps à autre, Sixtine regardait en direction du couloir pour s'assurer qu'elle ne croiserait pas un visage qu'elle ne souhaitait pas voir. Puis, lorsque les visages ne passèrent plus, elle fut soulager. Toute l'équipe éducative devait maintenant être installée et elle ne risquait pas de le croiser.

La directrice de la maison Serpentard écouta les arguments de son prodige. Il était certain que sa mère ne pourrait que rire aux éclats de cette situation et que son père n'en serait pas ravi mais serait compréhensif alors que la professeure elle, n'y voyait rien de bon.

- Si vous pensez que votre mère pourrait rire aux éclats de savoir que son fils n'est plus préfet en chef car il a préféré couvrir deux gamines pour une faute impardonnable alors soit. Laissez moi tout de même vous dire que lorsque vous êtes en couple, vous n'êtes plus dissocié. Les élèves et les adultes parleront de la petite amie de l'ancien préfet en chef. Au moindre faux pas de votre amourette, vous serez également pris pour cible. Que Merlin vous préserve mais je pense que vous connaissez assez bien Miss Cooper pour savoir qu'elle ne s'arrêtera pas de faire ce qui lui plait et ce, qu'importe les conséquences.

Si les paroles de la professeure pouvaient résonner comme des menaces ce n'était en réalité pas le cas. Elle souhaitait simplement mettre en alerte ce jeune homme qu'elle appréciait un peu plus que les autres et ne souhaitait en réalité, que son épanouissement.

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Il n'aimait pas la tournure que prenait la discussion, Miss Valerion s'était faite entendre, il comprenait ses reproches et ses avertissements et Aliosus avait essayé de tout faire pour la rassurer, mais visiblement à chaque fois il fallait réitérer les enjeux qui pesaient sur sa relation avec Yesenia. Il songeait, le ventre encore tordu à ce simple souvenir, à la confrontation qu'il avait eu avec elle dans la toilettes abandonnées. Les enjeux, ils en avaient déjà parlé entre eux, les questions d'images, de réputations aussi et il ne souhaitait pour rien au monde recommencer.

«Miss, s'il vous plait, je vous demande de m'accorder un peu de confiance. Je suis, d'après vous, mes parents, mes professeurs, mes camarades... bref de l'avis de tous, je suis quelqu'un de sérieux. Trop, même, selon certain si tant est qu'on puisse trop l'être. Je vous prie de croire que je ne compte pas changer, j'en suis à mon avis bien incapable de toute façon. Ce qui s'est passé dans votre bureau n'a pas entaché ce sérieux, je n'ai pas pris part aux actes, j'ai endossé mes responsabilités, mis en sureté les personnes concernées et fait en sorte que l'affaire n'affecte pas notre Maison. Ce faisant je suis allé contre mes devoirs de préfet en chef, pour mieux respecter d'autres devoirs que j'ai placé plus haut. Je suis toujours cet élève sérieux Miss, je ne changerai pas.»

Elle n'avait pas parlé de sa scolarité, de ses notes, non elle s'inquiétait pour lui mais ce faisant elle e retenait pas ses critiques sur Yesenia.

«Je vous propose de voir les choses dans le sens inverse, si vous pensez que Yesenia a une mauvaise influence sur moi, pourquoi moi n'aurais-je pas une bonne influence sur elle ? Je vous prie d'être optimiste Miss. Pour ce qui est d'être pris pour cible, je saurai me défendre, croyez moi.»

Il ne disait pas cela à la légère.

«Votre été s'est il bien passé Miss ?»

La professeure de défense contre les forces du mal sentait bien que la tension montait entre elle et son élève pourtant, elle en était persuadée, elle avait raison et Nerrah était aveuglée par cette pulpeuse Cooper. Il était devenu Préfet-en-chef parce qu'il était l'incarnation parfaite de ce que l'on attend de l'élève parfait et Cooper, au même titre que Fullbuster, étaient toutes les deux l'incarnations parfaites de tout ce que la maison Serpentard a de pire à offrir. Les deux filles ne loupaient pas une occasion de faire parler d'elles et, jamais pour de bonnes raisons.

Nerrah avait beau demander à la professeure de lui accorder sa confiance, elle ne pouvait se résoudre à oublier cet incident. Il ne lui avait jamais avoué toute la vérité et n'avait jamais donné les noms qu'elle attendait. Depuis ce jour, il était devenu difficile pour elle de lui faire pleinement confiance.

- Vous étiez. Avait elle simplement dit pour lui rappelez qu'aujourd'hui, il n'était plus le jeune homme aussi sérieux qu'autre fois. Je ne suis pas de nature optimiste Nerrah alors prouvez moi que je me trompe. Faites en sorte que la petite Cooper devienne un exemple pour tous et dans ce cas, vous regagnerez toute ma confiance.

Elle marqua un temps de pause avant de répondre à la question de son élève concernant son été. Il fallait dire qu'elle et Suileabhan n'étaient plus ensemble depuis quelques semaines à peine et devoir ressasser des souvenirs si rapidement n'était pas dans ses plans.

- Il aurait pu être mieux et le votre ?

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La gorge d'Aliosus était soudainement devenue beaucoup trop étroite pour respirer totalement, elle était si serrée qu'il du faire bien des efforts pour ne pas montrer à quel point l'usage du passé par Miss Valerion l'avait blessé. Il avait pensé qu'il s'agissait d'une remontrance classique, ce a quoi il s'attendait, et pour tout dire, il savait qu'il méritait cette mise au point. Mais de là à l'accuser de ne plus être celui qu'elle avait rencontré lors de sa prise de fonction, cela le blessait, d'autant qu'il ne s'y était pas attendu le moins du monde. Il prenait la mesure de la déception de Sixtine à son égard, et bien sur, il savait qu'elle avait attendu énormément de lui, comme tout le monde d'ailleurs. Préfet en Chef, c'était elle qui l'avait persuadé qu'il pouvait endosser ce rôle et elle avait eu raison, et il lui était allé à merveille.

Mais voilà, des choses s'étaient passées, il ne pouvait plus revenir dessus. C'était d'ailleurs elle qui l'avait mis au pied du mur, les noms, ou son poste. Et il avait fait son choix. Elle ne l'approuvait pas, mais c'était trop tard maintenant, quatre mois plus tard.

Il ne répondit rien à ses exigences, il ne voulait pas prendre d'engagement, pas à la place de Yesenia, de toute manière il n'approuvait pas cette façon de voir les choses. Yesenia était ce qu'elle était, tout comme lui, et il avait la conviction que chacun d'eux poussait l'autre à être meilleur. Elle ne l'avait jamais entrainé dans une de ses magouilles, elle respectait leur différence, il avait fini par le comprendre. Il n'allait certainement pas se mettre à dresser sa petite amie pour faire plaisir à Sixtine. Néanmoins, cela signifiait qu'il perdrait sa confiance, à terme. Et cela lui faisait une peine immense.

Mâchoire serrée pour contrôler son trouble, regardant dehors pour dissimuler la déception et le désarroi qui les emplissaient, il répondit d'une voix plus blanche qu'il ne l'aurait voulu.

«J'en suis navré Miss, le mien fut bon, j'ai.. eu de la visite.»