Petit recueil d'OS sur les vacances de Noémie

Au final, les hôpitaux moldus n’était au final pas bien différents de ceux sorciers, un certain gout pour le blanc étonnamment. Faisant fi de cette remarque mental, l’attention de Noémie se retourna vers le petit truc dans les bras de Claire, tandis qu’elle rentre dans la pièce guidée par Jonathan. Son nez se fronce. Elle avait parfois croisé des bébés mais jamais d’aussi prêt, aussi longtemps, et encore plus important, son demi-frère. Elle qui avait toujours été fille unique, voilà une drôle de chose que de devenir grande demi-sœur à quatorze ans. Claire demande à son père de prendre Mathiew deux secondes le temps d’aller aux toilettes. La jeune sorcière le regarde ,un sourcil haussé, attraper maladroitement le petit être. Si minuscule, que l’humain ait survécu avec des petits aussi vulnérables était un mystère.

Jonathan n’avait pas encore l’air totalement à l’aise à l’idée de prendre un bébé dans les bras, ni même de lui parler. Après tout c’était la première fois pour lui. Quelle situation bizarre. Père d’une adolescente de quatorze ans qui devait apprendre à être père. Tristement ironique. Son regard observe le père et le fils, se prenant à imaginer comment ils auraient été s’ils s’étaient connus traditionnellement, à la naissance. Pas douze ans trop tard. Probablement qu’elle serait capable de l’appeler Papa. Tout ça lui pince un peu le cœur. Sans le vouloir elle devient jalouse de ce que ce petit a, a à peine deux jours. Jon. Il aura un père en grandissant. Il ne l’aura pas après. Il le connaitra par cœur, ne pensera même pas à sa présence tellement elle sera évidente. Jon fera partie de son paysage, Claire aussi. Pourquoi elle n'y avait pas eu le droit elle? Qu'est ce qu'elle avait fait qui lui avait valu cette punition? Il ne passera pas des heures à s’interroger sur sa naissance. Il n’aura pas parfois ses moments d’inconforts où il découvrira quelque chose d’évidents sur son père, que n’importe qui de proche saurait. Ces discussions où parfois la gêne s'installe, empoisonne, que personne accepte d'admettre, ce gout de regret constant dans la relation avec ses parents. Il aura des câlins naturellement. Le soutien, la présence de Jon sera une évidence, l’idée d’une famille complète aussi. Un profond sentiment d'injustice, de rancoeur l'a prit.

« Tu veux le prendre ?
-Eeeeuh.
-Tiens, prends le » conclua-t-il lui tendant le nourisson. « Fais attention au cou… et voilà. »

N’osant plus bouger d’un pouce, le regard de Noémie descendit vers… son demi-frère. En regardant avec un peu plus d’attention… ses petits yeux découvrant le monde, détaillant son visage, sa peau un peu bizarre à cause de l’accouchement, un peu rougie, sa petite main qui attrapa son doigt… elle en oublia complètement sa jalousie, qui n’avait pas lieu d’être. Non au contraire, regardant ce petit-être qui n’était encore qu’instinct : manger, dormir, ne pas contrôler ses sphincters, la brunette fut contente qu’il aurait une vie plus douce que la sienne d’un point de vue familial. Il sera entouré, aura sa mère, son père, ses grands-parents et sa grande sœur. Certes ils ne se verraient pas souvent mais… elle se promit de toujours être présente quel que soit la manière. De le protéger. Il n'était pas responsable des agissement de leur parent en commun bientôt quinze ans avant. Elle sera là, quoiqu'il arrive et gare à celui qui viendra l'embêter. Même si une partie de sa vie lui serait secrète, peut-être serait-il un né-moldu ? Son regard se leva vers leur père, qui les observait étrangement ému.

Argh ! La bestiole commença à gigoter, parce que ça bouge aussi ses créatures ? Fort heureusement Claire revint pour le récupérer.

Jon se dirigea vers la machine à café, sans un regard pour l'adolescente. Seuls dans le couloirs, avec seulement les "bips" qui s'entendaient, et des discussions étouffées derrière les portes fermés. Ils avaient été chassés de la chambre par l'infirmière.

" T'en veux un? Ou un chocolat chaud?
-Non merci." Noémie ne faisait absolument pas confiance en cette chose.
"-T'es sûre? C'est pas dangereux tu sais?" Face au "non" de la tête que Noémie faisait, Jon abdiqua. Allant se poser sur un banc dehors, la brunette leva le visage, profitant des rayons du soleil, de leur chaleur. Un petit frère donc. Est-ce que Jon l'aimera plus qu'elle? Probablement.

"Comment ça va avec ta mère?"

C'était soudain. Ils avaient pour habitude de ne pas évoquer Cora plus que nécessaire. Noémie fronça les sourcils, quelque chose avait-il trahi son trouble? Se reprenant elle haussa les épaules. "J'ai pas de nouvelles d'elle, elle ne veut voir personne, et à vrai dire on ne sait même pas où elle est." son regard coula vers Jon, un sourcil haussé. "Tu dois connaître ça toi aussi." Ça. Cora qui disparaissait. Est ce que Noémie devra faire comme son père? Attendre douze ans avant de revoir l'ancienne Serpentard? Au moins lui n'a pas eu la grande joie de voir son avis de recherche, et elle le tut.

La jeune sorcière examina la réaction de son père. Les étapes de son expression faciale. D'abord la confusion, la réalisation,et enfin la colère. Cet air de dire "Franchement Cora." Mais manifestement, il ne semblait trouver aucun mots. L'homme se reprit.
"Tu crèches où à Londres?
-Chez les grands parents. Comme les sept premières années de mon existence." répondit-elle avec amertume et colère.

Elle ne valait rien pour sa mère. Son absence en était la preuve. Jon avait un enfant désormais, un qui sera bien à lui, un qui allait grandir guidé par lui. Bientôt son tour de l'abandonner? Avoir la petite vie qu'il avait prévu avant qu'elle ne force la porte? Claire, lui et Matthew? Elle sait bien qu'elle n'était pas dans le tableau initial. Tout au plus une tache laissé par inadvertance par le peintre. Un accident que personne ne pouvait effacer. C'est bien ça après tout ce dont il s'agissait. Enfant, elle n'avait pas comprit, maintenant oui. Elle connaissait les potions de contraceptions. Ce qu'il se passait quand il y avait un oubli. Des accidents. Comme elle. Son regard se fit plus dur, avant qu'elle ne remarque que son père la regardait pensif.

"Restes aussi longtemps que tu le veux à Birmingham. Je t’amènerais à Londres pour prendre ton train. Le...
-Poudlard Express.
-Oui c'est ça!"

Noémie réfléchissait à la proposition. À Londres, elle ne faisait qu'attendre des nouvelles de Cora. Un signe de vie. À Birmingham, elle avait Jon, qui tentait de combler ses douze ans de vide comme il pouvait. Et puis, elle pourra les aider avec l'arrivée du nouveau né. Ce n'était pas négligeable pour eux non plus. "Ok."

Ils laissèrent Claire se reposer pour la nuit à l’hôpital, dans la voiture, prévoyant de la récupérer avec Matthew demain, Noémie s'anima, lui racontant son stage chez l'apothicaire, et Jon, devenu avare de mieux comprendre le monde de sa fille, prit soin de se souvenir de tout. Peut-être bien que Cora n'était pas là, mais au moins la jeune sorcière n'était pas laissée seule à elle-même, quand bien même elle était incapable de s'en rendre compte. Tard dans la soirée, elle ne put cependant s'empêcher de montrer le visage de Cora dans la gazette, qu'elle gardait avec elle depuis, dans un moment de vulnérabilité à son père...

Le visage de Jon n'était éclairé que par la lumière vacillante du lustre, un problème d'ampoule avait d'ailleurs commenté ce dernier, mettant en valeur les rides sur son front qui se creusait d'inquiétudes. Son regard voguait entre le visage de son premier amour sur l'avis de recherche et sa fille. Il avait été surprit en voyant l'image bouger, mais un mélange d'inquiétude et de colère avait bien vite prit le pas.

"Tu sais ce qui lui a valu ça?"

Les yeux anthracites de l'ado étaient rivés sur le sol tandis qu'elle fit non de la tête. Elle entendit un long soupir provenant de son père, qui la tira de sa fascination pour le carrelage. "T'as pu en parler de tout ça à quelqu'un?Une amie? Tes grand-parents? Un prof?" Un nouveau mouvement de tête lui apprit que non. Manifestement Noémie était tombée dans un certain mutisme. Jon mit sa tête dans sa main, comme si cette dernière était devenue trop lourde pour son cou. Il avait comprit au cours des deux dernières années à découvrir sa fille que Cora n'avait pas toujours assumé ses fonctions de mère, mais voyant sa petite d'habitude si perspicace, si sûre d'elle, l'homme réalisa l'étendue de la chose. Il ne put s'empêcher de penser que tout aurait pu être différent si seulement les deux avaient prit des décisions différentes quatorze ans plus tôt. Noémie n'aurait pas cette expression défaitiste sur le visage. Jon n'aurait pas peur que le monde magique lui arrache sa fille. Ils n'en seraient pas là à regarder les yeux qui clignaient d'une femme qu'ils connaissaient que trop bien. Mais... il n'y aurait pas de Claire non plus. Pas de Matthew. Cependant, il comprenait bien que la personne qui payait le plus pour tout ça était celle qui se trouvait assise en face de lui en train de découvrir les aspérités du bois de la table de ses doigts. Qu'il aimerait la protéger de tout ça. Mais son ignorance l'empêchait de faire quoique ce soit de concret.

"Tu sais... notre monde, il est pas comme le tien. Notre gouvernement n'est pas comme le tien."

La voix fluette de l'adolescente le sortit de ses pensées, il releva son regard pour rencontrer celui glacial de sa fille. Il ne dit rien, l'invitant silencieusement à continuer.

"On ... vote pas nos dirigeants. Ils aiment pas les gens comme toi, ou même comme moi tu sais. Tout ceux qui ont du sang moldu, non magique. Je n'ai rien dis à personne, car qui sait réellement ce qu'ils feraient s'ils mettaient la main sur maman. Et ... on sait jamais vraiment trop à qui on cause. C'est le genre de sujets à éviter avec certains. C'est trop dangereux. "

Ses sourcils se froncèrent, Noémie eut l'air de réaliser quelque chose.

"En comparaison avec ta société, la notre est... barbare parfois. On a un trop grand pouvoir à portée de baguette. On a trop de pouvoir. Un coup d'état peut se régler avec quelque sorts. Forcer des écoles à envoyer leurs élèves à un tournoi mortel, c'est faisable aussi. Forcer leur camarades à regarder, pff une bagatelle. Une prise d'otage sur quelques momes sans baguettes coincés dans un train, un jeu d'enfants. Et notre gouvernement ne fera rien." Sa voix commençait à trembler, à aller plus vite, pour la première fois, il la vit perdre le contrôle. Jon commençait à ne plus la suivre. Ses dernières phrases étaient trop spécifiques. Il n'avait rien imaginé de tout ça. Et il eut la confirmation douloureuse que jamais il ne pourrait la protéger. Il était impuissant à faire son rôle primaire de père. Alors pour la première fois, il l'interrompit. "Une prise d'otage?"

Un déglutissement fort se fit entendre, et le regards de Noémie se remit à errer au sol.
"Ouais, l'année dernière.
-Toi, t'étais dedans?"


Jonathan était accroché aux réactions de la jeune fille qu'il voyait sous un autre angle.

Pourquoi ne dit elle pas non?

Comment avait-il fait pour ne se rendre compte de rien?

Est-ce que Cora savait?

Pourquoi ne lui avait-elle pas dit?

Qui feraient ça à des enfants?

Dans quel monde va t'elle vivre?

Que suis-je sensé faire face à ça? Noémie je t'en supplie, dis moi non.

Qu'ont-ils fait à ma fille?

Je crois que je pourrais tuer ceux qui ont fait ça.

Je sais que je pourrais tuer ceux qui ont fait ça.