Inscription
Connexion

19 févr. 2024, 09:38
Je t'emmène avec moi  PV 
Samedi 10 octobre 2048
Pré-au-Lard — Écosse
1ère année à l'AESM



Je vois son regard posé sur moi, ses lèvres qui s'étirent sans retenue, la ligne de sa mâchoire quand il lève les yeux vers le ciel, sa silhouette qui se découpe sur l'horizon quand il me parle de ces beautés que je ne sais voir. J'entends sa voix qui murmure en français, qui fait des promesses auxquelles je ne crois pas et que je ne veux pas entendre, son rire qui résonne, qui s'élève vers les nuages, éclat cristallin qui pulse tout au fond de moi. Je sens les saltos à l'intérieur de mon corps, mon coeur qui trébuche, mon ventre qui accueille parfois des papillons qui me troublent. J'entends et je vois Gabryel dans mon esprit, je pense à ses courriers laissés sans réponse, à toutes ces semaines durant lesquelles je me suis persuadée ne plus vouloir le voir.

Je transplane en pleine après-midi, après avoir traversé l'école et passé le portail marquant la limite de l'enceinte du domaine. Je ne pense pas, je ne me questionne pas. Je me contente d'aller.

J'atterris dans un craquement bruyant en bordure du village, non loin de la maison de Sarah Priddy vers laquelle je lance un regard curieux. Je chemine lentement vers le centre en me laissant envahir par les sentiments peu exaltés que m'inspire la vue des plus hautes tours du château, au loin, derrière les toits des maisons de Pré-au-Lard et de la cime des arbres. Je ne ressens aucune nostalgie, seulement un malaise et l'impression de remettre un pied dans une vie que j'ai été heureuse de quitter. Je hâte le pas.

Les rues sont bondées d'élèves. Je ramène la capuche de ma cape sur le haut de mon crâne et baisse le visage en rasant les murs. Je n'ai envie de voir personne mais je ne peux m'empêcher d'apercevoir quelques visages connus dans la foule. Mais aucun n'est celui que j'attends. Je m'arrête à l'angle des Trois Balais et m'adosse au mur, suffisamment loin de la porte pour ne pas me faire alpaguer ou ne pas attirer les regards. De là, j'ai une vue de choix sur la rue et sur les allées venues des habitants et des nombreux élèves du château.

Au fil des minutes et de l'heure qui passent, la tension qui tend mes épaules s'accroisse. Je commence à douter de ma venue et pire encore : à me poser des questions quant aux raisons de celle-ci. Je suis à deux doigts de transplaner, je me fais violence pour ne pas attraper ma baguette et repartir à mes études dans mon lointain Pays de Galles.

Je ne l'aurais pas aperçu si je n'avais pas pris la peine de me déplacer de quelques mètres sur la droite pour m'éloigner d'un trio surexcité de Serpentard. Il apparaît au milieu de la foule, le regard levé vers le ciel à observer je ne sais quoi. Mon coeur bondit dans ma poitrine. Un sentiment d'urgence m'électrise. L'envie de l'attraper, de disparaître loin de tous, de la foule et du bruit.

Je m'arrache du mur et passe la main dans ma manche pour attraper ma baguette magique. Je zigzague facilement entre les élèves, le regard braqué sur Gabryel. J'arrive par en face, mais il ne me voit pas. Et tout à coup, je suis sur lui. Je glisse ma main sur son épaule et sans prêter attention à son regard certainement surpris ou rancunier, je me penche pour approcher mes lèvres de son oreille.

« Je t'emmène avec moi. »

Je transplane sans prévenir dans un craquement bruyant, mes doigts se refermant dans une étreinte brutale sur sa cape.



Dans les environs de l'AESM
Pays de Galles


Quand mes pieds touchent de nouveau le sol à des miles de là, une violente nausée m'oblige à fermer les yeux. Transplanage trop brut, c'est de ma faute. Je me rappelle après quelques secondes qui est contre moi. Je lâche Gabryel et m'en éloigne à l'aveugle. J'avale de grandes gorgées d'air pour faire passer l'envie de vomir.

Nous nous trouvons dans une clairière esseulée au beau milieu d'une forêt épaisse. Ici, il n'y a que le bruit des oiseaux et des insectes pour nous tenir compagnie. Dans les hauteurs, le vent joue avec la cime des arbres. Seule une percée dans la canopée permet aux rayons timides du pâle soleil d'automne de se frayer un passage jusqu'à nous. J'ai trouvé cet endroit il y a deux semaines, lors d'une balade studieuse — j'aime le fait que nous puissions quitter l'enceinte de l'AESM dès que nous le désirons. J'ai fait de cette clairière le lieu de mes entraînements. Et aujourd'hui, j'y ai emmené Gabryel Fleurdelys envers et contre toute raison.

@Gabryel Fleurdelys, nous y voici.

19 févr. 2024, 09:45
Je t'emmène avec moi  PV 
- Allez Gab ! Viens avec nous, on va rigoler.

Souriant, Leonidas Vance, accompagné d’autres camarades excités, se tenait debout devant lui. Gabryel aimait bien ce petit groupe de Serpy. Le garçon s’entendait avec toutes les maisons, et n’était pas du genre à s’intéresser à ces histoires de réputation, issues du passé. Le Gryffon s’était installé au pied d’un des arbres du Parc, le long du chemin qui menait aux grilles du château. Il pensait pouvoir bouquiner en paix, oubliant un petit détail. Depuis sa position, tous les élèves qui se rendaient à Pré au Lard, afin de profiter d’un agréable samedi ensoleillé, passaient par ce sentier.

- Ça fait des semaines que tu restes cloîtré… C’est l’occasion !

Leonidas n’avait pas tort. Le Rouge et Or s’était un peu renfermé depuis qu’Aelle avait quitté l’école pour l’ASEM. Ses hiboux réguliers restaient désespérément sans réponse. Un peu hésitant, le garçon se résolut finalement à fermer son livre, et se leva pour rejoindre la petite tribu.

- Ok, c’est bon mec.

Satisfait, Leonidas lui tapa dans le dos, tandis que Gabryel rangeait ses bouquins dans sa besace, sa baguette glissée dans la poche arrière de son pantalon. Le ciel gris, parsemé d’éclaircies, semblait particulièrement lumineux. L’hiver se profilait à grands pas. Déjà, des nuées d’oiseaux se dirigeaient vers des climats plus propices à leur survie. Bientôt, la neige recouvrirait tout.

Sur le trajet, l’Écossais écoutait les blagues des autres adolescents d’une oreille distraite. À leur arrivée, il constata que le village était bondé. Une joyeuse effervescence avait pris possession des lieux. Des rires fusaient de partout. L’apprenti sorcier laissa ses camarades s’éparpiller à travers la foule, trop pressés à admirer les vitrines des boutiques.

Une cigogne, le bec remplit de branches, survola le toit des Trois Balets, avant de s’y poser. Elle semblait composer un nid contre l’une des cheminées de l’établissement. Fleurdelys n’en perdait pas une miette. Malgré l’impressionnante taille de son bec, cet oiseau composait sa future couche avec une grande habileté. Les secondes passèrent. Une main posée son épaule le fit sortir de sa torpeur. Son cœur explosa dans sa poitrine. La personne qui se tint face de lui ne lui apparut pourtant que subrepticement.

- Je t'emmène avec moi !

Il n’eut guère le temps de réagir. Un transplanage plus tard, son estomac se rappela à son bon souvenir. Il oublia rapidement les effets de son enlèvement soudain. Un sublime tableau bucolique s’offrit à lui. De majestueux arbres entouraient leur position. Seuls les sons d’une nature foisonnante perçaient un silence en totale contradiction avec Pré au Lard. Il se tourna vers son amie.

- C’est… C’est…

« Surprenant », mais les mots ne s’extrairent pas d’entre ses lèves. Son regard surpris se transforma. Le profil d’Aelle s’offrait à lui. Jamais elle n’avait été plus belle, les cheveux flottant au vent.

- Tu m’as mmmanqué…

Il posa les yeux sur l’horizon.

- Trop

(Avec l’accord de Leonidas)
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 23 févr. 2024, 22:15, modifié 1 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

19 févr. 2024, 10:48
Je t'emmène avec moi  PV 
L'odeur de l'humus emplit mes narines lorsque j'inspire profondément. Les arbres s'élèvent loin au-dessus de nous, des troncs épais parfois recouverts de feuilles ou de lichen. Une brise légère s'amuse avec les feuilles qui commencent déjà à recouvrir le sol. Elles craquent sous mes pas lorsque je marche. Je m'approprie l'espace, je prends mes marques — disons plutôt que j'essaie de ne pas faire attention au garçon que j'ai ramené. Mon coeur bat vite et fort contre ma cage thoracique. Chaque coup d'enclume hurle : tu as fait une erreur ! Je le sais, je le sais mais...

Sa voix me noue le ventre. Le bégaiement. Le ton. Si chaque voix avait une carte d'identité, je connaîtrais la sienne par coeur. Après tout, j'ai connu son évolution. Aujourd'hui, il a une voix bien plus grave que lorsque je l'ai rencontré. Aujourd'hui, il n'est plus un enfant, après tout. Je n'ai pas envie de me retourner vers lui car je devrais l'affronter. Il me faudrait alors m'affronter moi-même, à travers lui : pourquoi l'amener ici ? Je lève les yeux vers la canopée et les nuages épars qui se dessinent derrière. Je me fiche des réponses à ces questions.

Son dernier mot réveille de drôles de souvenirs en moi. Que dirait-il s'il savait que j'ai gardé chaque courrier écrit de sa main reçu durant l'été ? Je les ai lus et je les ai gardés. Ils sont quelque part à la maison et chez Narym, dispersés en fonction de là où je les ai reçus. À chaque réception, j'ai pris la même décision : ne pas répondre. Pourquoi ? Je crois que cela a quelque chose à voir avec le vide que j'ai dans la tête. Vous savez ? Lorsque vous essayez en vain de vous souvenir d'une chose qui vous parait très importante mais qui sans cesse se dérobe à vous. Ce « trop » qu'il me lance résonne un moment dans ma tête et force un sourire amer à s'étirer sur mes lèvres.

« Ah ça je le sais, murmuré-je en direction des profondeurs de la forêt, qui malgré l'obscurité sont toujours moins effrayantes que Gabryel. Tu me l'as bien répété dans tes hiboux, que je te manquais. »

Je l'ai cru seulement une fois sur quatre, tu le sais, ça ? Le reste du temps, je levais les yeux au ciel : arrête de forcer, Fleurdelys ! Arrête d'exagérer, toujours. C'est agaçant. Agaçant de voir à quel point il s'efforce de me faire avaler ses conneries. Agaçantes ses déclarations. Elles ont pullulé dans ses courriers. Des "tu me manques", parfois même des "je t'aime". Des chansons qui faisaient référence à des choses auxquelles je ne veux même pas penser. Je pensais qu'il allait arrêter. J'avais peur qu'il arrête. Mais il a continué tout le long de l'été à m'envoyer des choses comme ça.

Mes pas me mènent jusqu'à l'orée de la clairière. Je reste là, à deux pas des ténèbres. Au loin, cachée derrière les arbres, se trouve l'école. Le majestueux bâtiment, ses parterres de fleurs dans l'allée principale, son grand plafond vitré, ses jolies fontaines. Je pense à ma petite chambre, à la sécurité des quatre murs — pourquoi l'ai-je quittée ? Puis je me rappelle de Rockfield et du sentiment d'urgence qui n'a fait que s'accroître toute la journée durant. Je soupire longuement avant de me retourner.

Il se tient là, au milieu de la clairière. Il me parait changé. Mais cela ne fait que trois mois que nous ne nous sommes pas vus, ce n'est pas possible, n'est-ce pas ? Je dresse le menton, digne et fière. Les mains dans les poches de ma longue cape, le regard et le visage froids.

23 févr. 2024, 01:01
Je t'emmène avec moi  PV 
Il n’avait attendu aucun retour à ses hiboux. Mais le garçon savait une chose : Aelle les avait lus. Certainement même plusieurs fois. Sans doute, s’était-elle saisie d’une plume, afin d’assouvir son envie de lui répondre, avant de se raviser, le cœur au bout des doigts. À d’autres moments, elle l’avait détesté pour ses mots, avait douté de lui, traité de menteur, espérant qu’il n’y aurait plus d’autre missive. Il n’était plus temps de s’interroger sur ce qu’elle ressentait pour lui. Seule Aelle se refusait encore à l’admettre.

Elle n’était plus une jeune élève de Poudlard, subissant les vicissitudes de son âme torturée. Il avait devant lui une future mage, dont les dénominations de couleurs ne représentaient
que peu d’importance pour l’Écossais. Seuls les actes comptaient pour lui. Il eut le sentiment de découvrir pour la première fois sa silhouette pourtant si familière, sublime au milieu de cette nature enchanteresse.

Depuis son départ, le château semblait crever d’ennui autant que lui. Ses pas le ramenait toujours au Petit Chalet, mais il n’y montait plus. Le garçon ne parvenait pas à surmonter la douleur de ne plus la trouver l’y attendant, à observer le Lac Noir. La plupart du temps, le Rouge et Or s’installait au pied du tronc, espérant respirer normalement, alors qu’il suffoquait par le manque.

Mais elle était venue le chercher. Il réalisa enfin. Cela le désarçonna complètement.

Son sang bouillonnait dans ses veines. Ici, la magie naturelle était partout. Elle s’insinuait dans tous les pores de sa peau. Les veines de son cou gonflaient, tandis que l’oxygène compressait son torse. Au sein de cette nature foisonnante, le garçon parvenait difficilement à contenir ses émotions. Son hypersensibilité l’envahit soudain. S’il fermait les yeux, il perdrait certainement l’équilibre. Il prit une profonde inspiration, et détourna son regard de sa camarade.

- C’est ici qqqqque… tu… tu ttttttt’entraines ?

Foutu bégaiement. Douleur des mots. À peine les eut-il prononcé, Fleurdelys tourna de l’œil. Il ne parvint pas à contenir le bonheur de se retrouver en présence d’Aelle, ni à dominer le trop-plein de vie qui l’entourait, et constituait l’essence profonde de sa magie. Ses jambes le lachèrent. Il tomba a genoux dans l’herbe.

- Je… ne sais ppppppas ce qui… Je ne me sens ppppas très bien… Arya.

Trop d’émotion, trop de vies, partout, murmuraient à ses oreilles. Il lâcha des mains sa baguette, dont l’extrémité commençait à émettre malgré lui des étincelles, et s’écroula sous le poids de l’émoi. Puis la nuit.
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 23 févr. 2024, 09:59, modifié 2 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

23 févr. 2024, 09:48
Je t'emmène avec moi  PV 
T-t-t-t-t.... T- quoi ? Ce bégaiement est interminable ! Mon regard se détourne. Dans mes poches, mes poings se serrent. Cela n'a rien avoir avec la difficulté de Gabryel à parler. Son souci de langage ne m'a jamais dérangé et ne me dérangera jamais. C'est seulement que je sais. Je sais qu'il bégaie dans les moments les plus durs ou les plus intenses. Et puis, il faudrait être idiot, non ? Il faudrait être idiot pour ne pas remarquer sa voix nouée et l'intensité qu'elle contient. Il me questionne sur mon entraînement pour ne pas parler du reste. Mes épaules se détendent imperceptiblement : c'est bien, Gabryel, tu as compris ce que j'attendais. Pas de déclaration insupportable, pas de demi-mensonge, pas de sentiment. Seulement toi, seulement moi ; des discussions platoniques et intéressantes. Fort bien. Parlons de mon entraînement.

Je ramène difficilement mon regard sur lui, un regard froid, distant, à des kilomètres de lui, alors que c'est moi qui suis allée le chercher. Un regard qui s'écarquille lorsque je trouve le jeune homme à genoux. J'extirpe automatiquement une main de ma poche qui amorce un mouvement dans sa direction. Mais je ne bouge pas, écrasée par la surprise ; veut-il que nous nous asseyons ? Mon coeur résonne dans mes oreilles. Je ne crois pas qu'il souhaite que nous nous installions confortablement.

À partir du moment où je comprends que quelque chose ne va pas, ses mots me parviennent à travers un brouillard. Je les entends sans les comprendre. Pendant un instant, le temps semble se suspendre dans la clairière. La brise caresse mes cheveux et soulève quelques mèches avant de repartir jouer avec la cime des arbres. Le craquement des branches fait comme une mélodie. Puis Gabryel s'affaisse dans l'herbe. Il me faut moins d'une seconde pour que la surprise se transforme en urgence.

« Gabryel ! »

Le prénom m'échappe. Je me précipite vers lui et me laisse tomber à ses côtés. J'hésite un instant, les mains au-dessus de lui, les yeux fouillant la moindre parcelle de son corps à la recherche du problème qui l'a fait s'évanouir. Parce qu'il l'est, si j'en crois ses yeux fermés et son visage apaisé. J'hésite une seconde de plus puis, maladroitement, je pose mes mains sur lui pour le retourner sur le dos, son visage en coupe dans mes doigts.

Je le lâche presque instantanément. Je tombe assise sur le sol, hébétée et, j'en aurais honte plus tard, légèrement paniquée. Mon coeur s'abat furieusement contre ma cage thoracique. Des millions de solutions me passent par la tête mais aucune n'est la bonne. Ma mère m'a appris à soigner les coupures, les fractures, elle m'a dit que faire dans cette situation précise, elle me l'a dit, je le sais, mais je ne me souviens de rien, car le garçon que je viens de kidnapper pendant sa sortie scolaire parce que j'avais envie de le revoir après quatre mois à ne souhaiter que le contraire est aussi pâle que le lune et n'a même plus l'air de respirer. Oh, Merlin...

Ma respiration fait un ramdam infernal à mes oreilles. Je prends une inspiration maladroite avant de retrouver la raison. Tout cela n'aura duré que quelques secondes. Je me remets à genoux à côté de lui. D'abord, essayer de le réveiller. Tout va bien. C'est la chaleur. Voilà, la chaleur, il a dû mettre une couche de vêtement de trop et il a tourné de l’œil. Tout va bien. Tout va bien, même si les températures ont drastiquement baissé au Royaume-Uni depuis une semaine ou deux. Ma main trouve naturellement le chemin de sa joue. C'est plus facile lorsqu'il n'est pas . Je sens son pouls contre la partie basse de ma paume. Je le secoue légèrement, espérant de toutes mes forces qu'il se réveille et qu'il ne me force à aller chercher de l'aide auprès de quelqu'un à qui je devrais justifier la présence d'un élève de Poudlard hors des limites du village de Pré-au-Lard.

« Gabryel, appelé-je entre mes dents serrés. Gabryel ! Putain, réveille-toi ! »

Penchée au-dessus de lui, je scrute anxieusement son visage.

23 févr. 2024, 18:27
Je t'emmène avec moi  PV 
« Ces petites lumières bleues partout… Elles se mêlent au kaléidoscope qui remplit tout mon champ de vision. Ce sont des fourmis, invisibles à l’œil nu, tapies sous les herbes. Les colonies s’occupent d’elles, réparties sur tout le sol, bien imperméables à ce qui se joue au-dessus de leurs mandibules en mouvement. Plus haut, des bouvreuils et des mésanges immobiles inondent le ciel de jaune-vert et de rouge-gris entrelacés. Ils observent, perchés dans les arbres. La sève multicolore des bouleaux, des pins et des frênes coule sous leurs troncs jusqu’à l’extrémité de chaque branche, en brillant comme des Sélénites blanches. Leurs écorces sont jonchées de taches luminescentes, des perce-oreilles et des gendarmes de jardin, dont les cœurs palpitent au rythme du vent. C’est un concert de battements, fragile et régulier. Partout. Sur ma gauche, à quelques enjambées, un faisceau bariolé de jaune explose en mille morceaux : Deux jeunes Martes s’acharnent de leurs griffes sur la mousse d’une pierre. L’écho de leurs moustaches méfiantes vibre à mon oreille, porté par la brise. Je ne parviens pas à identifier dans les moindres détails ce qui se cache derrière toutes ces nuances multicolores, mais c’est l’expression d’une vie foisonnante. C’est la magie, dont je m’abreuve pour puiser ma force et mon énergie de sorcier. Il faut que je m’en extirpe, j’en suis aspiré trop profondément. Ou est Aelle ? Je cherche sa brillance. Son énergie possède une teinte reconnaissable entre toutes. Concentre-toi, décorrèle chaque bariolage. Elle est proche, je le sais. Je serre les poings. J’appelle son assonance de tout mon être. Je commence à distinguer, tout près… Je parviens à me focaliser sur sa proximité physique. J’écarte les sons, je trie les pigmentations, comme un peintre sélectionne ses gouaches afin de mettre le doigt sur l’essentiel. Mon cœur bat la chamade, l’oxygène se repend dans chaque particule de mon être. Elle est là. C’est elle : De l’ambre chatoyant. Elle aspire tout. J’ouvre les yeux d’un seul coup ! »

Son visage, penché sur le sien, se dessina, nuances après nuances. Deux topazes se noyaient maintenant dans le bleu de ses pupilles. La chaleur de ses fines mains consommait ses joues, avides de douceur. Sa bouche avait la couleur d’un bonbon sucré. Il aurait voulu y goûter. Quelques mèches des cheveux d’Aelle se parsemaient délicatement sur le front de Gabryel. Il tendit les doigts, tremblant un peu, pour les caresser doucement. Une expression d’urgence absolue naquit sur le visage de l’Écossais.

- Tu es la magie.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

23 févr. 2024, 19:08
Je t'emmène avec moi  PV 
Ses paupières se soulèvent, dévoilant les deux billes azur de son regard. Un grand tremblement secoue mon cœur — c'est le soulagement de le voir revenir à lui aussi rapidement. J'attends une réaction, un geste, n'importe quoi me prouvant qu'il ne souffre pas, que ce n'était qu'un petit épuisement, qu'il va bientôt se relever pour me parler. N'importe quoi. Oui, n'importe quoi. J'attends tellement tout et rien à la fois que je ne m'étonne pas de le voir lever le bras. C'est Gabryel Fleurdelys, évidemment qu'il lève le bras. Il le fait régulièrement. Lever le bras pour poser sa main sur la mienne, pour enlever une feuille perdue dans mes cheveux, pour poser le bout de ses doigts sur ma joue ; des gestes qui lui échappent, qui lui semblent naturels alors qu'ils sont pour moi l'équivalent d'un tsunami — personne n'a jamais osé agir ainsi avec moi et à raison puisque je déteste cela. Ainsi, il lève le bras et je ne bouge pas, parce que j'attends encore la preuve qu'il est bien là, avec moi.

Je louche sur ses doigts qui caressent mes mèches de cheveux perdues dans le vent, celles qui ont glissé de derrière mon oreille et qui viennent embrasser son front. Puis je reviens à ses yeux, puis je regarde sa bouche quand il murmure des mots qui n'auraient pas dû m'étonner. Il n'y a qu'un être dans le monde entier qui peut tomber dans les pommes et dire dès son réveil à la personne qu'il a en face de lui : tu es la magie. Évidemment, cela me fait quelque chose. Quelque chose tout au fond de moi, car il n'y a pas plus beau que la magie, pour moi, et que j'ai l'impression que dans sa bouche à lui cela sonne comme un compliment sincère. Puis cette chose s'envole, emportée par le vent. Ou le déni, au choix. Ce ne sont là que les mots d'une victime d'un étourdissement. Autant dire les mots d'un étourdi — mieux vaut ne pas leur accorder trop d'attention.

J'expire un souffle agacé. C'est soudain, j'en suis la première surprise. Mes yeux écarquillés retrouvent contenance : ils s'assombrissent lorsque je foudroie Gabryel du regard. Je me laisse aller en arrière, les fesses sur les talons, et récupère mes mains qui ont suffisamment touché de peau ne m'appartenant pas pour la journée, la semaine, voire même l'année entière.

« T'es chiant ! »

Exclamation qui m'échappe d'une voix qui traîne sur le ch, comme pour marquer l'importance de cette vérité qui résonne dans la clairière. Je ferme brièvement les yeux. Les rouvre sur le garçon qui m'a fait peur à s'évanouir de la sorte et qui m'a énervé avec son compliment idiot, son geste idiot, toute l'idiotie de son comportement, de son existence même. Pourquoi suis-je allée le chercher, déjà ? J'inspire profondément et soupire longuement, mon regard jouant avec les nuances de couleur que je trouve dans le sien.

« Tu peux te lever ? » lui demandé-je finalement.

Ma voix a drastiquement changé si on la compare avec celle avec laquelle j'ai appelé Gabryel pour le réveiller. C'est une voix brusque, dure, destinée à secouer. Mais en tendant bien l'oreille tout le monde serait capable, moi la première, d'y déceler une pincée d'inquiétude. Pincée qui deviendra poignée entière s'il ne me répond pas rapidement et s'il ne me prouve pas qu'il est capable de se lever, de dire autre chose que des inepties, de se souvenir de moi et de la date du jour, bref de me montrer qu'il n'y a rien qui cloche chez lui.

23 févr. 2024, 20:20
Je t'emmène avec moi  PV 
Gabryel activa le bout de ses orteils. Tout semblait en ordre. Mamina disait toujours : « Tant que tu sens tes doigts de pieds, tout le reste suit ! ». Le ciel bleu, teinté de gris pâle s’offrait à sa vue. Le Gryffon s’appuya sur ses coudes afin de se relever. À l’exception de quelques brins de graminées parsemés dans ses cheveux en bataille, nul n’aurait pensé que le garçon gisait sur le sol un instant plus tôt. Il posa un regard à trois cent soixante degrés autour de lui. La connexion omnisciente avec son environnement perdurait encore, mais il était à présent capable de canaliser la puissance qui s’en dégageait. Il ramassa sa baguette, et la glissa naturellement dans la poche arrière de son pantalon. Il se tourna vers Aelle. Sa mine renfrognée le culpabilisa un instant. Un sourire mutin s'inscrit sur les lèvres du jeune sorcier.

- Je ne suis pas un ccccadeau, hein ?

Il fit quelques pas dans la clairière. Son ombre se déformait sur les herbes hautes, au fil du vent. Une odeur d’écorce et de sève emplit ses narines.

- Pardon pour cette faiblesse. Ça va mmmmieux. C’est juste que… Toi… Cet endroit, c’est un peu soudain pour mon ppppetit cœur.

Il éclata d’un rire cristallin, comme se moquant de lui-même, tout en s’ébouriffant le crâne.

- C’est juste incroyable ici ! Tout semble si… à sa place.

Gabryel s’approcha d’Aelle. Il plongea ses yeux dans les siens.

- Merci d’être venu me chercher. J’veux dire…

Il rougit, prit une profonde inspiration, puis détourna les yeux vers la forêt.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

23 févr. 2024, 23:42
Je t'emmène avec moi  PV 
Et bien, il peut se lever. Après l'avoir observé tester la réactivité de son corps, j'ai le bonheur — tout à fait relatif, à vrai dire — de le voir se hisser jusqu'à retrouver une position plus acceptable ; sur ses deux pieds, donc. Je me lève en même temps que lui, poussant sur mes pieds puis mes genoux. Je le surveille secrètement du coin de l’œil ; il ne serait pas le premier idiot à se lever trop vite après avoir fait un malaise et à retomber aussi sec par manque de prudence. Mais non, il ne vacille même pas, et mon regard est bien vite attiré par autre chose que son équilibre : sa foutue baguette magique qu'il a glissé, une fois de plus n'est-ce pas, dans la poche arrière de son pantalon. Mes lèvres se pincent. Je ne dis rien, mais je n'en pense pas moins : pas un cadeau, effectivement. Si après le malaise il me fait le coup de la baguette brisée parce qu'il s'est accidentellement assis dessus, je le ramène directement au château.

Ces pensées acides m'empêchent d'accorder une attention trop grande à ses paroles. De m'arrêter sur le « c'est juste que... Toi... » ou encore de laisser libre court à mon imagination qui est en train de se demander : le sorcier est-il en train de dire que me voir se pointer dans sa vie et l'enlever durant sa sortie scolaire c'est un bonheur trop grand pour lui ou essaie-t-il seulement de me faire comprendre qu'il est choqué par mon comportement ? Le premier cas serait fatiguant, car beaucoup trop émotif et le second agaçant parce que je refuse que Gabryel désapprouve un agissement qu'il ne peut que valider : après tout, il m'a dit tout l'été que je lui manquais ! Certes. Finalement, peut-être que le choc subit par son "petit coeur" relève plus du bonheur que du malheur.

Son rire suspend mes pensées sous mon crâne. Elles s'arrêtent net, comme en lévitation dans mon esprit. Pour la énième fois depuis que j'ai transplané ici avec lui, je lève les yeux au ciel. Lorsque je les ramène sur la terre ferme, Gabryel s'approche de moi. Je le laisse faire, assez peu consciente que durant son trajet jusqu'à moi je glisse mes mains dans mes poches, plante mes pieds dans le sol, crispe les épaules et retiens mon souffle. Je m'ancre ici et maintenant pour affronter...

...une demi-phrase.

Une brise agréable passe entre nous. Elle soulève les cheveux sur son front et joue avec les mèches qui retombent sur mes épaules. Loin au-dessous de nous, à un univers de là, les pans de nos capes s'agitent faiblement ; à l'opposé, loin au-dessus, les feuilles murmurent des mélodies que je ne sais pas écouter. Pendant ce temps-là, Gabryel Fleurdelys s'exprime à demi-mots et moi, je rage silencieusement d'avoir envie qu'il abandonne le demi pour se contenter de mots.

Je fais perdurer un certain silence, incertaine quant à ma réponse. J'ai tout le loisir d'observer ses yeux qu'il dirige loin de moi et cette rougeur due à son précédent malaise qui lui colore les joues. C'est ça, le pire : vouloir en savoir davantage tout en sachant que j'aurais tout à perdre si j'emprunte ce chemin-là. « J'veux dire... ». Mais si tu as des choses à dire, pourquoi ne pas le faire ? Pourquoi commencer une phrase et la stopper soudainement ? Si une phrase est commencée, il faut la terminer ! J'veux dire, j'veux dire... Que veut bien vouloir dire un Gabryel comme lui ?
J'veux dire, tu m'as manqué ? je le sais déjà.
J'veux dire, je ne m'attendais pas à toi ? ce ne serait qu'une évidence et je déteste que l'on énonce des évidences.
J'veux dire, j'veux dire...

Le problème, ce problème qui me cloue sur place, qui me fige et qui m'enrobe dans une immobilité parfaite et légèrement glaciale, c'est que les choses que Gabryel a à dire ne me conviennent pas. Je le connais. Je sais ce qu'il pourrait bien avoir envie de dire. Il en a dit certaines dans ses lettres. Et il n'y a qu'un pas des mots écrits aux mots parlés. Un pas. Minuscule. Vraiment minuscule. C'est pour cela que je ravale mon « Termine cette phrase, Gabryel » qui aurait sonné comme un ordre assez amer ou peut-être bien une menace, tout aussi amère. Je la ravale, lui préférant une affirmation toute simple, sans danger, qui correspond davantage au moment présent.

« Nous ne sommes pas loin de l'Académie, commencé-je d'une voix lente. Au Pays de Galles. Dans la forêt de Co... Cwo... Enfin, un nom gallois. »

Ce disant, mon regard ne se détourne pas une once de lui, à l’affût du moindre geste suspect. Je ne sais pas exactement ce qui pourrait correspondre à la définition de ce suspect-là, en tout cas ce n'est pas les signes d'un éventuel autre malaise, mais je sais que je l'attends de pied ferme.

22 mars 2024, 01:02
Je t'emmène avec moi  PV 
Un sourire envahit le visage du garçon.

- Cwmcarn Forest ? C’est un des plus beaux lieux boisés du Pays de Galles. Je le sssssais parce qu’on y trouve des Lys de Snowdon. Tu en as déjà vu ? Ce sont des ffffleurs sublimes, à la couleur blanc-crème.

Tout excité, le sorcier mima la forme de la plante à grandes tiges.

- Elles semblent briller au soleil… On en trouve même dans les Alpes Françaises. Je mmmmme suis toujours demandé si elles n’étaient pas le fffffruit d’un sortilège, tellement elle sentent bon…

Un rictus joyeux toujours accroché sur ses lèvres, l’Écossais attrapa sa camarade par la main, et se précipita dans la clairière.

- Aelle, c’est magnifique ici ! Je comprends que tu viennes t’y entraîner. La magie est pppppartout, tu la sens ?

À cet instant, rien ne lui sembla plus parfait. Il lâcha le poignet de la sorcière, et remplit ses poumons chargés d’odeurs de mousse et de végétaux. Au loin, les arbres à perte de vue paraissaient être une muraille protectrice, dont on ne saurait dire où s’arrête leurs cimes, afin de laisser place au ciel. Sans même s’en rendre compte, et dans un geste totalement dénué de calcul, il leva le doigt en direction d’un papillon jaune. Ce dernier se posa au bout de l’une de ses phalanges, comme répondant à son invitation.

- Tu te plais ici ? Tu dois rencontrer plein de nouvelles personnes.

Ses yeux se perdirent au loin.

- Poudlard… et ses élèves (léger silence) doivent aujourd’hui te sembler bien oooordinaires, avec tout ce que tu découvres à l’AESM…

Elle ne pensait certainement plus à lui, et encore moins à leur histoire, du moins ce qu’elle aurait été s’il n’avait pas eu la trouille de l’embrasser avant son départ, idiot qu’il était. Il ébouriffa sa tignasse cuivrée.

- Stupide Fleurdelys… (en français)

Les mots furent prononcés presque imperceptiblement, comme pour lui-même.

Le papillon reprit son envol.

(Des fleurs, des papillons…)

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »