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03 mars 2024, 02:20
 Solo  La Septentrionale
RUBY, 15 ans
01 novembre 2048 08h11
Hall d'entrée, Rez-de-chaussée, Poudlard

sur la base de cette péripétie.

[winter: III. allegro]

•••

Il fallait me voir, un peu fébrile, désorientée, levée depuis trois heures, il fallait me voir dévaler les marches des escaliers depuis notre tour d'ivoire. Tout un tas de pensées torrentueuses n'avaient cessé de me traverser l'esprit dès l'instant où je m'étais réveillée ; la tête me tournait un peu, toute enserrée par mes incertitudes. Je n'avais pas réussi à dissimuler mon impatience en sachant ce qui m'attendait dans le grand Hall. La délivrance était sur le point de m'être accordée.

Quelques semaines auparavant, j'avais rempli le formulaire de candidature destiné aux échanges internationaux qui faisaient tant parler d'eux. J'y avais mis beaucoup d'application, prenant le temps d'analyser les réels bienfaits d'un tel programme. Tenter ma chance avait alors été une décision vite prise : rien ne m'intéressait davantage que d'ébranler les frontières pour apprendre, toujours apprendre, faire parler la magie et lui extirper ses secrets les plus intimes, l'enjôler, la dompter, la faire resplendir entre mes doigts. Et ce n'était pas un secret, loin de là.

Je voulais pouvoir prétendre au meilleur, à l'excellence. Insatiable de grandeur, mon esprit frémissait lorsqu'il effleurait du bout de la pensée Durmstrang et sa réputation. À plusieurs reprises, j'avais pris soin de faire un détour par la Bibliothèque pour y consulter des ouvrages qui pourraient m'éclairer sur l'histoire de cette institution. Mes visites n'avaient fait que renforcer l'ardent désir qui souhaitait déjà me voir correspondre avec l'un de leurs élèves. Quant aux domaines que ces derniers étudiaient, ils piquaient terriblement ma jalousie. J'avais mes métamorphoses et mes sorts offensifs ; ils avaient leurs arts de l'esprit, la legilimencie, l'occlumencie, les illusions, la magie noire. Ah, ce n'était pas une vraie jalousie : j'aurais seulement voulu connaître ces domaines aussi bien qu'eux, me hisser à leur hauteur, me donner les moyens de rivaliser avec leur prestige, peut-être ? Alors bien sûr, j'avais candidaté, espérant pouvoir approcher ce savoir qui ne se dévoilait pas au premier venu.
Mais peut-être n'avais-je pas été assez convaincante, pas assez enthousiaste dans le questionnaire que j'avais rendu ? Peut-être ne me trouvait-on pas assez brillante pour assumer l'ampleur d'un échange comme celui-ci ? Si tel était le cas, mon ego en ressortirait définitivement blessé. J'étais confuse, embourbée dans l'attente qui m'avait tenue en haleine depuis tant de jours — jusqu'à aujourd'hui. Chaque marche que je me voyais descendre me rapprochait un peu plus de la réponse à mes élucubrations.

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04 mars 2024, 01:40
 Solo  La Septentrionale
Ils se trouvaient tous là, attroupés autour du panneau d'affichage, ceux qui avaient également candidaté. Quelques curieux aussi, sûrement, puisque les visages jeunes et désorientés qui se démarquaient de la foule n'appartenaient certainement pas à mes camarades de promotion. Pour être franche, je ne voulais parler à personne. J'étais bien trop occupée à calmer les débats qui faisaient rage en moi. Et puis, si je n'étais pas retenue, je ne me sentais clairement pas en état de supporter une discussion avec un heureux élu. Je m'imaginais déjà face à lui, le regard éteint, mes espoirs soufflés en une fraction de seconde, détruits par quelques lignes d'encre sur un papier ; face à lui, forcée à l'écouter déblatérer sur son avenir brillant, sur l'émotion qui le prenait à la gorge tout à coup, et comment il m'implorait de lui laisser quelques instants pour reprendre ses esprits, avant de me prier de bien vouloir le laisser — me prier moi ! — pour qu'il aille célébrer cet évènement en Salle Commune, ou que sais-je encore. Non, je ne voulais pas d'un tel scénario. Je crois que je n'en étais pas digne ; enfin, que ce n'était pas digne de moi.

Ils se trouvaient tous là, et je les rejoins maintenant en quelques enjambées. Par quelques habiles mouvements du coude, je repousse les Premières Années qui me bloquent l'accès au panneau. Ils ont eu tout le loisir de le contempler ces dix, quinze dernières minutes : bien sûr que je préfère qu'ils s'écartent. Je ne peux m'empêcher de leur trouver des airs un peu niais, un peu trop innocents ; mais peut-être me fais-je des illusions, seulement. Alors, le cœur battant, me mordant la lèvre inférieure, je dévore des yeux le parchemin au centre de tous les regards. Et j'y lis à la troisième ligne les mots qui me rendent mon bonheur.

Ruby Everheart ~ Tasha Foroponova Denisovna, 15 ans (Durmstrang)

Je ravale un hoquet de surprise, ou de soulagement, peut-être. Un immense sourire se peint sur mes lèvres, tandis que je porte la main à ma bouche, stupéfaite mais comblée. Par deux fois, par trois fois je relis les mots qui sont inscrits sur cette feuille, oh, simplement pour être sûre. Les mots se confondraient presque dans ma tête : Walmamba ? Mahoutokoro ? Mais ma sidération peut s'envoler sans crainte et me laisser respirer : c'est bien à Durmstrang que se trouve ma correspondante. Tasha, de son prénom.

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08 avr. 2024, 15:50
 Solo  La Septentrionale
Qui es-tu, Tasha ? Que fais-tu à cet instant, tandis que moi je pense à toi ? Sais-tu déjà que nous sommes désormais reliées par quelque chose qui transcende les langues et la distance, quelque chose qui nous dépasse et dont on ne saurait estimer convenablement la portée ? Qu'as-tu à m'apprendre, que pourrai-je t'apporter en retour ?
Comme il me tarde de te connaître, Tasha. À cet instant, je t'imagine avec de longues boucles brunes, peut-être même d'ébène, mais les contours de ton visage se dérobent à moi. Je songe à toi, arpentant les couloirs de Durmstrang, le vent d'hiver frappant sûrement les vitres de vos fenêtres. Je ne me figure pas encore très bien toute l'ampleur de l'odyssée dans laquelle je m'embarque.

J'observe les autres prénoms listés sous le mien et constate avec satisfaction la présence d'autres Rouge et Or dans cet échange. Leurs noms me sont plutôt familiers, leurs visages un peu moins. Je note aussi que nous somme tous convoqués demain pour une réunion à laquelle j'aimerais déjà assister. L'esprit en ébullition, je déborde d'idées et de plans que j'aimerais voir se concrétiser sur-le-champ. Je voudrais me précipiter à la Bibliothèque et me plonger dans l'apprentissage d'une langue slave, mais ce serait irréfléchi et prématuré : je ne connais même pas la nationalité de Tasha.

Je capture une dernière fois du regard la liste avant de m'éloigner de la foule. J'ai le cœur gonflé d'une joie qui m'étoufferait presque si son étreinte ne m'était pas si douce.




fin.

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