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17 mai 2024, 11:15
 recueil   os  Tranche de vie
Mai 2049

Tu as hâte d'être en vacances, car les cours deviennent de plus en plus pénibles. Tu t'ennuies, tu ne fais que rêvasser et regarder l'autre classe faire du sport dans la cour de récréation. Tu aimerais les rejoindre, bouger au lieu de rester là, à lutter contre l'envie de dormir. Ton professeur est ennuyeux, encore plus quand il parle de mathématiques. De temps en temps, tu jettes un coup d'œil à l'horloge murale, impatiente. C'est bientôt la fin du cours. Ton corps anticipe déjà le moment où tu glisseras tes affaires dans ton sac pour partir rapidement. Tu sais que Kamila et Reiner t'attendent au pied de ta petite école; vous avez prévu d'aller au parc pour faire du skate avant que tu ne doives rentrer chez ta mamie. Tu y dors la semaine, car tu ne supportes pas Elliot qui passe le plus clair de son temps à brailler. "C'est normal, c'est encore un bébé", répond systématiquement maman, agacée que tu reproches à ton demi-frère tout le bruit qu'il fait. Mais toi, ça te soule. Tu dors mal la nuit et tu n'arrives pas à te concentrer sur tes devoirs. Déjà que tu n'es pas la meilleure de ta classe, mais depuis qu'il est né, ça a empiré. Heureusement que mamie est là.

Ça sonne enfin. Tu écris à la hâte dans ton agenda les devoirs donnés avant de filer comme une voleuse. La fatigue s'en est allée, tu es poussée par un regain d'énergie alors que tu dévales les escaliers et cours vers les grilles de l'école. Puis, tu restes plantée là, perplexe. Tu ne vois ni Kamila ni Reiner, mais tu ne t'inquiètes pas trop : les bus du coin ont tendance à être en retard. Tu attends bien cinq minutes, en regardant de travers les plaies de ta classe qui gloussent comme des dindons en passant près de toi. Tu te retiens de leur offrir ton plus beau doigt, et de toute manière, tu les oublies rapidement, car tes deux amis te font de grands signes au bout de la rue. Tu empoignes ton sac et tu cours les rejoindre.

Le trajet est relativement calme, vous discutez rapidement de votre journée en gardant le plus croustillant pour la pause goûter. C'est plus agréable de colporter des ragots en mangeant. Malheureusement, tu ne pourras pas rester longtemps avec eux à cause des devoirs qui semblent peser lourd dans ton sac. Tu trouves que tes professeurs abusent, mais tu te doutes qu'ils essaient de vous garder à niveau. Ton école n'est pas la meilleure et la réputation laisse à désirer... Alors, tu profites de ce moment de répit pour rire, te décharger, critiquer les casse-pieds de la classe et partager un goûter avec tes deux amis. Tu les apprécies, tu te sentirais bien seule s'ils n'étaient pas là.

Tu rentres les mains dans les poches, la tête bourdonnante, satisfaite de cette petite virée. Tu montes dans un bus, direction chez ta mamie.

"Il n'a connu qu'la misère et ses reflets dans l'bitume
Son espoir s'est usé dans une cage d'escalier" — Grand corps malade