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23 mai 2024, 14:45
Loyale, tu parles...  RPG++   Solo 
note : cela ne se passe pas forcément en 2048... tout dépendra de mon inscription à la chronologie ;) j'espère que j'ai bien le droit de poster là :worried:

Première année. Premier pas dans ce château étranger, et... étrange, si loin de ton petit appartement londonien, avec ses murs en plâtre et ses espaces réduits. En vérité, tout autour de toi est étrange, et tu te sens aussi étrangère à toi-même: avec ton uniforme sur le dos et ta baguette dans la poche, ton nouvel attirail te semble appartenir à quelqu'un d'autre que toi. Tes épaules trop fines s'adaptent mal à l'ancienne robe de sorcier de ton frère Hector, et un flottement agaçant suis le moindre de tes mouvements. Tu sens ta baguette nouvellement acquise peser dans la poche de ta robe ; et ces quelques grammes te perturbent. Tu ne rejettes pas l'idée de nouveauté ; au contraire, tu vois là l'occasion d'échapper à la stagnation de ta vie, de rajouter un peu de magie (littéralement). Mais cela te fait un drôle d'effet, d'être habillée comme quelqu'un d'autre, dans une école de quelqu'un d'autre, dans une salle que tu fouleras trop souvent mais que tu découvres encore à peine.
Je porte les habits d'un autre, et c'est moi... dans le futur. Celui qui est à Poudlard.
Mais moi je n'y suis pas encore ! je suis en train de jouer comme un actrice sur une scène. Sauf qu'en plus j'ai pas de texte.
C'est nul.


Tu es dans un hall d'entrée. Pas un seul tableau dans cette partie du château, ni un seul fantôme, seul les pierres froides des murs et les dalles immobiles sous tes pieds. Dehors, il fait noir. Une mer d'inconnu s'étend au delà des fenêtres, pousse et cogne et tape les carreaux ; elle t'appelle, te presse au grand plongeon. Tu voudrais déjà partir à l'aventure, naviguer sur cette mer agitée et opaque, l'éclairer des lumières du savoir et l'assécher du sable des connaissances. Pourtant tu dois attendre, et l'attente est longue ; combien d'heures encore avant que le phare céleste ne s'allume ?

Ta barque est percée, Ada, elle a des trous et des lacunes.

A côté de tous ces nouveaux, tes pairs, tu te tiens debout, appuyée sur un mur. Tous ces jeunes sorciers forment un entremêlement d'uniformes noirs d'où sort un brouhaha constant. Les visages te sont inconnus, pour la plupart, et tu ne fais pas beaucoup d'efforts pour te faire remarquer par ceux que tu reconnaît. Au fond de la petite salle, une grande porte est fermée. C'est l'accès à la Grande Salle ; à Poudlard. Tu ne saisis pas pourquoi cette porte ne s'est pas encore ouverte. Tu n'imagines pas les préparations, les pourquoi du comment, les discours prononcés dans le château en ce moment, non, tu ne vois que l'impatience et l'excitation et l'attente et la fatigue et la joie et la peur. Tu trouves cela incompréhensible : que font-ils qui prenne autant de temps ? Tu trépignes dans ce hall, tu regardes le plafond, les autres, le plafond, les autres. Tu veux bouger, tu reste immobile. C'est injuste, pour toi : pourquoi faut-il toujours ramasser le bois avant de construire le bateau ? Tu n'a pas envie de ramasser des maigres brindilles d'information ; tu veux t'y plonger, t'y noyer, t'en nourrir jusqu'à ce que tout soit consumé.

Mais ta barque est percée, Ada, elle a des trous et des lacunes.

Tu sais bien qu'il faut apprendre avant de faire, qu'il faut se préparer avant d'aller en mer. Il faut faire la répartition, et puis écouter le directeur, et puis suivre les préfets, et puis découvrir la salle commune, et puis dormir un peu... Tu le sais, oui ; ça t'agaces, c'est tout. Mais tu te tais. D'ailleurs, tu n'as rien à dire, ou pas encore, du moins. Ton voisin surexcité te parles comme s'il était comblé, mais toi, tu veux voir avant de parler. Tu as vu les quais, le train, la gare. Tu as vu l'île, le Lac, le terrain. Finalement, il ne reste... que Poudlard.

Tu veux voir, oui, tu veux voir. Attendre de voir, c'est toujours mieux que d'être déçue quand on s'est imaginé trop de choses. Tu ne sais pas dans quelle maison tu seras ; mais tu verras. Tu ne sais pas si Poudlard est aussi bien que ce que tes frères disent... mais tu verras bien. Les plans dans la tête, c'est pour ceux qui en attendent trop de l'avenir. Toi, tu as appris à en attendre peu.
Alors, on attend. Et on verra bien.

#28363c
~Hit the bottom and escape, escape...
-Radiohead.

26 mai 2024, 13:12
Loyale, tu parles...  RPG++   Solo 
La porte s'ouvre enfin. Tu lèves la tête vers le sorcier qui s'approche. Bien habillé, d'un âge assez avancé, il prend la parole d'une voix appliquée, un poil sévère. Intimidée, tu te redresses, alors que tu était jusque là appuyée nonchalamment sur un mur. Tu étais aussi attentive dans les deux postures, mais il ne le sait pas, et tu sais que manquer de respect à un adulte le premier jour serait d'un affreux mauvais goût.

Il se présente. Tu sais qu'il s'appelle Archibald Featherstone. Tu sais qu'il est professeur de botanique. Tu sais qu'il est sous-directeur. Et tu estimes qu'il a le quintuple de ton âge. Bref, c'est un personnage important que tu prends soin de retenir. Tu n'es pas exactement enchantée qu'il soit sous-directeur, car il te fait un peu peur : avec ses airs sévères et son allure soignée, il ne semble pas si accessible que ça. Mais peut-être est-ce une fausse impression : tu observes beaucoup, mais tu déduis souvent moins bien, surtout quand il s'agit d'êtres humains.

Il continue son discours. Mais tout ça, tu le sais déjà : les maisons, la répartition... Tes deux frères aînés ont déjà tout partagé avec passion dans leurs lettres hebdomadaires familiales, quand eux-mêmes étaient à Poudlard - bien que tu étais trop petite pour en retenir tous les détails. La magie a toujours été pour toi une chose familière, bien que jusqu'alors inaccessible : ta mère utilise des couteaux qui coupent et hachent et entaillent tout seuls, ton père lance une poudre dans la cheminée et disparait aussitôt ; ton frère Hector lit des livres aux pages extensibles, parlantes ou même mouvantes, et ton frère Benedict... et bien, il vole sur un balais au moins quatre fois par semaine, et appelle cela du sport. Alors non, tu ne considères pas la magie comme nouvelle, mais tu la trouves inexplicable , car comment expliquer ce que tu ne peux pas faire, ce que tu n'as jamais fait ? Les adultes agitent un bout de bâton qu'ils appellent une baguette et un verre devient oiseau, ou une table se met à marcher. Pourtant, quand tu agitais des brindilles, rien ne se passait, et maintenant que tu as une baguette, tu as trop peur de faire un bêtise pour oser la tester.
Et comme avec toute chose inexplicable, tu n'as qu'une envie : la comprendre. Et comme tu regardais curieusement dehors à ton arrivée, tu tâtes pensivement ta baguette dans la poche de ta robe. Quand l'utiliseras-tu ? Tu ne sais pas, mais tu as hâte.

Faites-lui honneur.

Soudain, les paroles du professeur te frappent. Tellement, en vérité, que tu es surprise de l'impact de ses mots.

Faites-lui honneur.

Tout d'un coup tu te rends compte que tu n'es pas là que pour apprendre, que pour t'amuser. Tout d'un coup, tu te rends compte que c'est sérieux. Il s'agit de ton avenir, de ta vie, mais aussi de la vie de pleins d'autres. Et tu trouves injuste, soudain, qu'on te balance à la figure tant de responsabilités, en si peu de mots. Tu n'as que 11 onze ; tu croyais pouvoir être un enfant encore un petit peu.
Mais non, c'est sérieux.

Faites-lui honneur.

Oui, faites-lui honneur, à cette maison encore inconnue, et c'est ce que tu as l'intention de faire. Ici, là, dans ta tête, tu te promets de travailler assez, d'être assidue et responsable. Tu te promets de ne pas faire de vagues. De montrer à tous que tu es forte, que tu peux le faire, même si tu n'en es pas si sûre toi-même. Que le fait que tes parents n'ont pas fini leurs sept années ne veut pas dire que tu n'en es pas capable. Tu te promets de lire jusqu'à ce que tu puisses écrire sans faire de fautes ; tu te promets de t'entraîner jusqu'à ce que tu puisses lancer chaque sort appris sans rougir. Tu te promets de devenir assez bonne pour pouvoir acheter à tes enfants une robe de sorcier chacun, à leur rentrée, et qui ne flotte pas au niveau des épaules. Tu te promets de prendre au sérieux ton avenir.
Et tu n'as que onze ans. Tu ne saisis pas l'ampleur de cette promesse. Tu te promets d'être responsable, mais tu ne vois pas qu'à onze ans, tu ne peux pas encore l'être. Tu sais que tu n'es qu'une enfant ; tu ne mesures pas à quel point. Tu ne te rends pas compte du chemin que tu as encore à parcourir, des changements qui vont s'opérer en toi avant de pouvoir faire des décisions adultes et réfléchies. Tu ne vois pas à quel point tu dois grandir pour honorer cette promesse - après tout, mesurer sa petitesse vient paradoxalement avec l'âge. Mais tu la fais quand même ; et, sincèrement, tu espères la respecter.

Faites-lui honneur. C'est les mots qui te marquent le plus, c'est aussi les mots qui finissent le petit discours du sous-directeur. De sa main ridée, il agite sa baguette, et la grande porte s'ouvre enfin. En un mouvement lent, les lourds panneaux de bois pivotent, et, dans un bruit sourd et solennel, s'immobilisent près des murs. Le professeur nous invite à le suivre ; tu suis le mouvement. Au moment de quitter la pièce, tu baisses les yeux vers les dalles du sol. Avec précaution, presque sans y croire, tu poses ton pied au delà de la limite du Hall. En retenant ton souffle, tu lèves la tête.

Te voilà à présent dans la Grande Salle. Te voilà à présent... à Poudlard.

#28363c
~Hit the bottom and escape, escape...
-Radiohead.

27 mai 2024, 23:31
Loyale, tu parles...  RPG++   Solo 
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Le bruit, les images, la lumière, tu es submergée par la multitude d'information. Tout autour de toi semble trop coloré, trop grand, trop bruyant, et pour cause : la Grande Salle est l'une des choses les plus animées qu'il t'a été donné de voir. Si les demeures des clients de ton père étaient déjà impressionnantes, elles ne sont qu'une faible farce à côté de Poudlard et de sa Grande Salle.
Des centaines d'élèves sont attablés, et regardent les nouveaux alors qu'ils traversent la pièce. Tu peux sentir leurs yeux peser sur ta nuque à mesure que tu avances ; leurs uniformes noirs bruissent et révèlent à chaque mouvement les couleurs de chaque maison, présentes sur la doublure intérieure des tenues. Assis sur de grands bancs, ils sont répartis en quatre grandes tablées représentant les quatre maisons. Un brouhaha constant émane de la pièce, comme une faible vibration qu'on entend pas beaucoup mais qui ne s'éteint jamais. Sur les tables, tu aperçois des plats d'argent et d'or, vides. Mais tu n'as pas besoin de voir les mets pour savoir un colossal banquet se prépare en cuisine.

Plus que l'opulence, et le nombre d'élèves présents, c'est la salle en elle-même qui te coupes le souffle. Les murs s'éparpillent au plafond en une myriade d'arches et de voûtes, que tu perds presque de vue tant le plafond est haut. Des tableaux d'illustres personnages, suspendus à une dizaine de mètres du sol, viennent couronner ce spectacle délicieux pour les yeux, et font au-dessus des têtes comme une deuxième foule, leurs habitants tous excités de cette nouvelle répartition. Le plafond, quant à lui, monopolise ton attention une fois que tu l'ais remarqué. Il fait comme un deuxième ciel, obscurci par la nuit qui s'installe. Quelques nuages éparses peuplent le noir bleuté, tandis que la Lune ronde te regarde d'un œil placide, et semble accompagner d'un regard attentif ta marche jusqu'à l'autre bout de la pièce. Enfin, les pierres grises des murs reflètent la lumière de centaines de bougies, qui flottent au plafond et entre les grandes tables, tandis que quelques fantômes, ectoplasmes pensants, volent dans les airs entre les étudiants, et affectent une mine intéressée et aimable.

Tu n'en crois pas tes yeux : cette Salle semble venir d'un autre monde, et tu te pinces discrètement l'index, attendant presque de te réveiller d'un rêve trop utopique. Mais non ; tu es bien dans la réalité, et tu ne peux t'empêcher de jeter un regard incrédule et émerveillé à ton voisin, qui te renvoie le même. Tu ne parles toujours pas ; mais ce n'est plus par envie, plutôt par ébahissement. Ton voisin ne parle pas non plus, d'ailleurs ; il pose sur toi un regard médusé, et tu lui répond d'un sourire timide. Vous hésitez à célébrer cette joie enfantine que vous inspire la vue de l'intérieur du château, et vous attendez encore que quelque chose tourne mal. Pourtant rien ne se passe ; vous traversez la pièce sans incident, et le vieux professeur s'arrête, arrivé au bout de la salle. Il marque une pause, et vous regarde d'un air grave. Vous échangez un regard avec ton voisin. Tu es rassurée de voir que quelqu'un se sent aussi perdu, aussi émerveillé que toi. Il te tend la main ; tu ne penses pas qu'il aie peur, ou peu, mais plutôt qu'il a besoin d'un contact physique pour se rattacher à la réalité, à la simplicité des vraies choses. Quand on ne peut pas éviter de se sentir submergé, le mieux, c'est de prendre la vague à deux, alors tu serres sa main dans la tienne, puis tu te tournes vers le professeur, attentive à ce qu'il va dire.

Cependant, ce n'est pas Mr. Featherstones qui prend la parole, mais plutôt le chapeau posé à côté de lui, sur un tabouret. L'air élimé et usé, tu t'étonnes de ce vieil objet, tout marron et ratatiné sur lui-même. Son bout pointu tombe vers le bas, et, rapiécé à plusieurs endroits, il ne te semble pas très vaillant ; et pourtant, c'est bien lui qui centralise l'attention de tous, élèves comme adultes. Le silence complet se fit, puis, lentement, une large fente déchira son semblant de visage, et, d'une voix rauque mais forte, le Choixpeau se mit à chanter.

En ce beau jour je suis ravi
De vous voir ici réunis
Après les événements du train
Qui ont causé nombreux chagrins

c'estgénialcettehistoiredetransparant!Un grand départ s’est opéré
c'estgénialcettehistoiredetransparant!Celui de votre directrice aimée
c'estgénialcettehistoiredetransparant!Mais moi je serai toujours là
c'estgénialcettehistoiredetransparant!Pour guider vos premiers pas

Je suis le Choixpeau Magique
c'estgénialcettehistoiredetransparant!
Mystérieux et fantastiquec'estgénialcettehistoiredetransparant!
Je déciderai à votre placec'estgénialcettehistoiredetransparant!
La Maison qui sera votre palacec'estgénialcettehistoiredetransparant!

c'estgénialcettehistoiredetransparant!Si tu es intelligent et érudit
c'estgénialcettehistoiredetransparant!Si tu réfléchis et es instruit
c'estgénialcettehistoiredetransparant!Tu iras à la bleue Serdaigle
c'estgénialcettehistoiredetransparant!Avec un sourire espiègle

Dans le cas où tes qualitésc'estgénialcettehistoiredetransparant!
Seraient gentillesse et loyautéc'estgénialcettehistoiredetransparant!
On t'emmènera à Poufsoufflec'estgénialcettehistoiredetransparant!
Jaune jusqu’au dernier soufflec'estgénialcettehistoiredetransparant!

c'estgénialcettehistoiredetransparant!Si tu es fier et ambitieux
c'estgénialcettehistoiredetransparant!Très rusé et malicieux
c'estgénialcettehistoiredetransparant!Tu vibreras à Serpentard
c'estgénialcettehistoiredetransparant!La couleur verte en étendard

Si on te décrit brave et fortc'estgénialcettehistoiredetransparant!
Que ton courage surpasse la mortc'estgénialcettehistoiredetransparant!
À Gryffondor ton cœur battrac'estgénialcettehistoiredetransparant!
En rouge et or tu te montrerasc'estgénialcettehistoiredetransparant!

Chaque maison a ses vertus
Dans chacune d’elles, t’es bienvenu
Car à Poudlard tout le monde est roi
Entre nos murs s’exprime la joie !

#28363c
~Hit the bottom and escape, escape...
-Radiohead.

01 juin 2024, 22:45
Loyale, tu parles...  RPG++   Solo 
Les noms défilent. La bouche du professeur bouge lentement, énonçant avec soin le nom de famille, puis le prénom des élèves. Ses rides s'accentuent alors qu'il parle, dans une grimace involontaire. On vient s’assoir ensuite sur le tabouret, le pas traînant, la mine inquiète, comme un condamné qui marche vers sa ruine. Le Choixpeau murmure dans votre oreille, et vous avez l'impression qu'il fouille, qu'il pénètre votre esprit. Vous n'avez pas envie qu'il choisisse à votre place ; sur ce tabouret, vous regrettez votre libre arbitre, abandonner sur les marches de l'estrade. Non! : vous avez envie qu'il choisisse à votre place. Vous êtes trop effrayé pour choisir de vous-même. Et puis, vous ne connaissez pas la réponse. Si ? Vous ne savez plus.

La voix du professeur résonne, elle se perd dans le plafond pour vous attaquer par surprise. A chaque fois, vous le voyez plisser des yeux alors qu'il lit son parchemin. Est-ce à vous ? La tension vous prend, vous délaisse, vous avez peur puis hâte puis rien de tout cela à la fois.

Tu entends ton nom. Tu tournes la tête à droite, à gauche, tu n'es pas sûre d'avoir bien entendu ; mais si! c'était bien ton nom ; tu fais quelques pas, tu lâches la main de ton voisin ; tu n'es plus dans la masse. Rendu à ton état d'individu, c'est à toi de t'avancer sur l'estrade, d'un pas hésitant. Soudain gauche, tu t'assois avec maladresse sur le tabouret. Des yeux te suivent, te percent, t'intimident. Les yeux sont bienveillants mais tu te sens trop exposée ; tu voudrais fuir sous le couvert ombragé de l'anonymat, tu n'aime pas être à découvert, danger, danger, voilà ce que tu penses.

Le Choixpeau recouvres un peu tes yeux. Tu es trop petite. Mais tu le remontes un peu, histoire d'y voir clair. Il commence à te parler. En fait, il hésite. Tu ne veux pas qu'il hésite : tu veux qu'il fasse une décision. Mais en même temps, tu as un peu peur de l'entendre, alors tu es soulagée qu'il prenne son temps. Il te dit :
Hmm... Serdaigle, non ? Curieuse, réfléchie, créative. Hohoho, et un peu à l'Ouest, parfois, non ?C'est ce que tout le monde dit. Mais... je décerne quelque chose d'autre. Tu es travailleuse, persévérante, loyale... Oui ! Tu es...

POUFSOUFFLE !


Une salve d'applaudissements te transpercent la tête. Tu n'as pas le temps de penser, de comprendre, de réfléchir. Déjà tu te retrouves en bas de l'estrade, tu ne sais plus trop comment. Les dalles semblent dures sous tes pas. Il y a trop de lumières, trop de bruits, trop de monde ; tu voudrais être isolée dans une salle calme, tu voudrais accorder à tes pensées un espace assez grand pour qu'elle s'y déploie.
Tu te diriges vers la table la plus bruyante, celle qui a le plus applaudi. Des visages souriants t’accueillent, on se pousse pour te faire de la place. Tu entends des bravos, des bienvenus, tout ce confond dans ta tête. Tu serres quelques mains ; on te tape dans le dos, tu essayes de sourire. Tu n'aimes pas tous ces contacts ; tu préférerais être seule avec toi même, te poser. Réfléchir.

Poufsouffle, vraiment ?

Mais déjà l'attention n'est plus sur toi. Un autre élève s'est assis sur le tabouret. Les applaudissements se délocalisent ; ils sont à l'autre bout de la salle, maintenant. Tu respires. Tu fronces les sourcils. Tu les défronces, parce que tu ne veux froisser personne. Puis tu les fronces, mais mentalement.

Poufsouffle ?

Ce qu'a dit le vieux chapeau est vrai : tu es travailleuse, persévérante -certains diraient même têtue. Mais Poufsouffle, n'est-ce pas la maison de ceux qui sont sociaux ? Pire, extravertis ? Olàlàlà. Ça ne va pas du tout. Tu ne sais pas comment tu vas t'en sortir. Passer l'année avec des gens ouverts ? Bavards ? Tu aimes écouter, mais tu as une dose maximum d'interactions sociales à ne pas dépasser sans exploser, tout de même.

Un regard vers la table des Serdaigle. Ton frère hausse les épaules en signe d'impuissance. Une grimace. Un sourire navré en réponse. Une grande inspiration...
Bon. Bah il va falloir parler, alors.

#28363c
~Hit the bottom and escape, escape...
-Radiohead.