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23 mai 2024, 21:33
 Nuit  Agrégat de trous noirs
Lundi 19 Avril, 22h20 (vacances scolaires)
Solo, OS


Ce soir-là, Alizée avait fait quelque chose que jamais elle n’aurait pensé faire avant d’arriver à Poudlard ; désobéir au règlement. En effet, cette nuit-là, dans un élan d’émotion, elle était sortie de sa salle commune pour aller se balader après le couvre-feu. Elle s’était donc extirpée silencieusement des grands dortoirs verts et avait commencé à déambuler sans but précis dans les longs couloirs du château, son seul objectif, ne pas se faire prendre. Elle marchait sans bruit, ses pas délicats donnaient presque l’impression qu’elle glissait. Si quelqu’un l’avait vu passer, il aurait pu croire que les fantômes de l’école étaient réapparus.
Son long cheminement avait fini par la mener jusqu’à la tour d’astronomie, cet endroit qui à ses yeux respirait la noblesse et la fierté, un peu comme le maître des lieux d'ailleurs. En effet, monsieur Pearce le professeur d'astronomie de Poudlard, mais aussi son directeur de maison, plutôt du genre strict et intransigeant sur le travail et le comportement de ses élèves, était l'un des membres de l'équipe éducative qui inspirait le plus la petite écossaise. Toujours sérieux, patient et méticuleux, il avait l’être d’être un sorcier puissant. Ce que la fillette admirait plus que tout. C'était peut-être pour cette raison que, sans faire vraiment attention, elle s'était retrouvée dans cet endroit qu’elle associait inconsciemment à la réussite. Lui offrant ainsi une vue des plus imprenables, lui permettant de voir les étoiles comme nulle part ailleurs au château.

L’Écossaise se retrouvait donc là, dans cet endroit qui, malgré les sombres pierres du château, lui semblait des plus chaleureux. Elle continua de déambuler dans la tour, sans but précis, son cerveau était beaucoup trop embrouillé pour se concentrer sur la réalité et l'instant présent. Trop de choses se bousculaient dans sa tête, son frère, son père, sa place à Poudlard et au sein de Serpentard, les cours, les examens, ses relations interpersonnelle, les secrets que sa famille lui cachait ou encore l'ambiance bizarre qu'il y avait eu au manoir lorsqu'elle était revenue durant les vacances...
Alizée n'était pas de nature angoissée, encore moins pour la plupart des choses auxquelles elle pensait actuellement, ses relations, depuis quand s'en souciait-elle ? Elle ne se reconnaissait plus et se rendre compte de cela la mettait encore plus mal. Elle s'arrêta de marcher, elle était arrivée dans la salle de classe, un endroit familier, elle qui aimait tant étudier, ça lui allait bien au final. Elle s'assit délicatement à une des tables du premier rang.

Son regard était perdu dans le vide, cherchant inlassablement quelque chose auquel se raccrocher. Ses yeux d'un vert émeraude éclatant semblaient ternes et sombres. Son visage, bien que n'étant pas ce qu'on pourrait qualifier d'expressif, reflétait l'assombrissement de son esprit. De nombreuses questions se bousculaient dans sa tête ; pourquoi on ne m'explique rien, pourquoi je ne peux pas savoir, pourquoi je n'arrive pas à me faire des amis comme les autres et puis à quoi ça sert des amis, pourquoi je suis à Serpentard, en ai-je vraiment l'étoffe, les examens... Il faut que je réussisse les examens.
Son visage n'affichait toujours aucune expression, mais des larmes vinrent trahir ses préoccupations. L'écossaise essuya celles-ci d'un rapide revers de la manche. Mais, à peine avait-elle fini que d'autres revenaient à la charge. Lui rappelant sans cesse sa mélancolie. Elle essaya tant bien que mal de faire disparaitre les gouttes qui ruisselaient sans fin sur son visage, mais rien n'y faisait, cette fois-ci elle n'y pouvait rien. Dans un élan de frustration, de rage et d'incompréhension, la fillette poussa un cri étouffé, avant de pleurer bruyamment pendant quelques minutes, libérant ainsi tout ce qu'elle avait pu accumuler en elle depuis si longtemps. Si son père l'avait vu, elle se serait surement pris un sortilège en pleine figure. Mais il n'était pas là, et cela la soulageait. Lui permettant d'évacuer, de se vider, de respirer.

Environ vingt bonnes minutes passèrent. Alizée avait les yeux rouges, les larmes avaient creusé ses joues, dessinant les marques de sa tristesse sur son visage de porcelaine. Elle ne pleurait plus de vive voix, désormais, l’expression de son chagrin était silencieuse, seuls ses pleurs glissants sur ses pommettes venaient trahir sa mélancolie.
On pouvait entendre le vent, le bruissement des feuilles, les pas des animaux et autres sons mélodieux. Et au milieu de tout cela, elle, elle n’émettait plus le moindre bruit. Elle se contenta de croiser ses bras sur la table. Posant délicatement sa tête dedans. Les gouttes venaient mouiller son pull. Le vent frais de la nuit venait rafraichir ses jambes, qui dépassaient de sa jupe.
L'ambiance nocturne la soulageait, être seule la soulageait, pleurer l'avait soulagé. Ses yeux gonflés, remplis de larmes, peinaient à rester ouverts, alors, elle les ferma. Il était maintenant près de 23h45. La fillette s'était endormie, là, sur cette table en bois de la tour d'astronomie, là où elle avait livré son chagrin à la pierre du château. Là où elle se sentait au plus proche du ciel et de tout ce qui pouvait le composer. Là où elle se sentait en sécurité. La majestueuse tour d'astronomie.

#7b4d84, PRs
RRM des Cool-euvres Délaissées, Cupidon des Serpentards,
Alizée, Corsaire à la jambe de bois