Septembre 2048

P.V. @Emma James

Au moment où Jeanne gravit les dernières marches pour arriver à la volière, une terrible crampe lui déchira le mollet. Elle venait de parcourir les escaliers de la tour ouest d'une seule traite, comme elle en avait l'habitude, et fut obligée de s'asseoir puis d'étirer la jambe. Dès qu'elle fut un peu soulagée, elle se propulsa vers la niche où patientait son courrier. Il y avait deux enveloppes. Tous les traits du visage de Jeanne se tirèrent vers le haut. Les messages qu'elle recevait lui donnaient un peu de réconfort dans sa vie au château.

Elle n'aimait pas beaucoup l'odeur, mais décida de rester dans la volière pour ouvrir ses lettres, trop impatiente. La première était de Marius, son frère. Ils s'écrivaient très souvent tous les deux, au moins une fois par semaine. Elle jeta un œil au nom de l'expéditeur de la seconde lettre, espérant qu'il s'agirait de Thomas. Ce n'était pas lui, évidemment. Plus le temps passait, plus elle se demandait s'il recevait bien les lettres qu'elle lui envoyait. Elle tâcha de ne pas trop penser à lui... ça lui faisait trop mal.

Elle préféra reporter son attention sur le mot de Marius qui comptait quatre pages moldues recouvertes de phrases écrites au stylo bille. Les pages étaient si remplies qu'on aurait pu croire à des feuilles bleues parsemée de tâches blanches plutôt que l'inverse. Même les marges avaient été colonisées par de petits ajouts, reliés au texte par des flèches et des astérisques. Cela amusait Jeanne. Elle reconnaissait bien là son petit frère. C'était un vrai moulin à paroles, presque toujours aussi rempli d'idées farfelues que d'énergie.

Un hibou fit irruption dans la volière. Jeanne ne lui accorda que peu d'attention et, s'adossant à la pierre, entama la lecture de la première lettre. Elle était ravie d'avoir à nouveau quelques nouvelles de Marius.

Coucou Jaja !

C'est moi ! J'ai bien reçu ta nouvelle lettre à propos de tu sais quoi. Comment tu vas cette semaine ? J'espère que tu arrives à t'y faire un peu à ce château de sorciers. Je comprends que tu aies pas envie d'être trop avec ces gens là, mais il faut pas que tu restes toute seule. Il y a sûrement quelqu'un de gentil ou d'un peu comme toi, nan? Bref, j'espère que tu as pu te faire un ou deux amis, c'est important.

Et aussi, désolé ma p'tite sœurette, je sais bien que t'aime pas trop la sorcellerie, mais est-ce que t'arrive à faire des trucs magiques? T'as pas voulu m'en parler, mais t'es obligée ! Je veux savoir ! Si t'y arrives, c'est quand même trop badass, tu trouves pas? Aleeeez, dis- moi ! (Bon, et puis là, faut que tu imagines que je fais ma tête de supplication, tout ça tout ça...)

Jeanne pouffa. Lire le mot de Marius lui donnait presque l'impression qu'il était là, à côté d'elle. La Serdy jeta un bref regard aux alentours pour s'assurer que personne ne l'avait vu rire toute seule puis repris la lecture.

Fin, j'espère que tu tiens le coup en tout cas ma sœurette adorée ! T'inquiètes, je te promets que tu seras pas obligée de rester là-bas toute ta vie, avec mamie Evelyne on est en train de faire un plan pour te sortir de là sans que maman le sache.

Mais on est en alerte rouge pour Thomas, ça crain de fou ! Est-ce que tu lui as écrit ? Parce qu'il a sûrement pas dû te prendre au sérieux. Je crois qu'il pense que tu lui as rien dit parce que tu l'aimes plus, et il va pas bien. Au moins, ça veux dire qu'il t'aime encore, mais il a des nouveaux potes qui lui disent des trucs, je pense qu'ils ont une mauvaise influence sur lui. Et je crois qu'Anna lui tourne autour aussi. Tu penses que je devrais lui parler ? Mais si je le fais, est-ce qu'il faut que je dise la vérité, ou je dois inventer un truc ? Mais si j'invente, je dis quoi ? Comment je justifie que tu lui as rien dit avant de partir ? Ecris-moi vite, parce que ça urge.

Au fait, je t'avais pas raconté ce qu'a dit Julie dans le cours de madame Blake ? Elle allait avoir un mot dans le carnet parce qu'elle arrêtait pas de...

Un nœud se forma dans la gorge de Jeanne lorsqu'elle lut le paragraphe à propos de Thomas. Elle ne savait pas quoi faire. Si seulement elle pouvait le voir, lui parler, lui expliquer ! Si seulement elle avait pu le faire avant d'être emmenée ici... Ses pensées à propos de Thomas s'entrechoquaient comme des vagues déchainées au milieu d'une tempête. Elle poursuivit sa lecture sans vraiment faire attentions aux mots qu'elle lisait, jusqu'à ce qu'un bruit de pas la fasse sursauter.

Quelqu'un venait d'arriver. Une fille. Les couleurs rouge et or sur sa tenue ne laissait aucun doute sur la maison à laquelle elle appartenait. Jeanne se leva assez vite, époussetant sa robe de sorcière et cachant ses lettre dans une poche. En face, la Gryffonne qui émergeait des escaliers avait des cheveux châtains et de très beaux yeux verts.

- Euh... Salut ! fit Jeanne avec un sourire un peu gênée.

Pourquoi se comportait-elle toujours comme si elle cachait quelque chose depuis qu'elle était à Poudlard ? Sûrement était-ce parce qu'elle ne s'y sentait pas à sa place. Ne sachant pas trop pourquoi elle s'était levée, elle se remit aussitôt en tailleurs sur le sol et attendis la réponse de l'autre jeune fille.

Emma marchait sans vraiment regarder où elle allait, espérant se retrouver à la volière. Ses yeux parcouraient, pour la troisième fois, les mots inscrits sur le parchemin. Elle avait rédigé quelques minutes plus tôt une lettre destinée à Zoé, sa meilleure amie d'enfance, qui était, à son plus grand regret, une moldue. Elle ne pouvait pas prendre le risque de laisser échapper une quelconque information sur le lieu où elle se trouvait. Et comme elle souhaitait ne pas perdre contact avec elle, il faudrait qu'elle s'y habitue. 

Elle fit une pause, pour relire une dernière fois la lettre soigneusement rédigée avec son écriture scypte, s'arrêtant juste devant la volière.

Coucou Zo' !
J'espère que tu vas bien, 
Personnellement, je ne saurais pas te dire si c'est le cas. Déjà parce que tu me manques énormément, évidemment. Mais je t'avoue que je me sens bizarre ici, sans toi. Le pensionnat a d'abord l'air très accueillant, et il l'est, mais c'est grand. Beaucoup trop grand. Il y a énormément de monde, et certains profs sont assez bizarres. Londres me manque. 
Mais c'est très bien quand même. Depuis que je suis arrivée, j'ai appris beaucoup de choses très intéressantes et rencontré quelques personnes. Je suis sûre que tu t'y plairais.
Et toi, comment tu te sens ? J'ai tellement hâte de te revoir ! On pourra sûrement se voir à Noël !
J'ai hâte de lire ta réponse,
Passe un bonne journée, 

Emma

   

Il n'y avait rien qui mettait en danger son secret, elle en était sûre, même s'il lui avait fallu un très grand nombre de relectures intensives pour s'en rendre compte.

La jeune fille roula soigneusement sa lettre qu'elle ferma avec un ruban rouge, avant de pénétrer dans la pièce. Elle se dirigea vers un des hiboux disponibles avant de remarquer qu'elle n'était pas seule. Elle fut légèrement surprise, mais ne laissa rien paraître. Elle détailla la Serdaigle du regard, ne pouvant s'empêcher de trouver que cette-dernière avait des yeux magnifiques, avant de répondre à sa question d'un ton ni chaleureux, ni provocant.

- S'lut. Elle ne lui avait rendu qu'un petit sourire qui, comme la Serdaigle avait dû le remarquer, n'était pas très vrai. 

Elle ne souhaitait pas se faire des amis si tôt dans l'année. Elle ne se sentait pas prête à ça. Dans la tête de la Gryffonne, c'était comme une insulte envers Zoé, même si celle-ci ne s'en offusquerait pas, elle le savait. 
Elle avait quand même répondu d'un ton posé pour que sa camarade ne se vexe pas. Elle ne voulait pas d'ennemi non plus.

Elle se dirigea vers un des hiboux mis à la disposition des élèves et attacha sa lettre à la patte du premier qu'elle trouva en lui caressant la tête, ne sachant pas si la rousse allait insister ou non.
Quelques instants plus tard, une silhouette blonde émergea à son tour dans la pièce.

Désolée pour le délai ! @Jeanne Hammond
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