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29 janv. 2021, 14:09
 Privé   RPG  A l'encre de ton venin  A.B 
13 décembre 2045 ; Tôt le matin
Quelque part dans le Parc

@Aelle Bristyle


Le soleil se levait à peine sur un Poudlard tout de blanc vêtu. Les rayons du soleil faisaient scintiller la neige, tombée la veille. Donnant à Poudlard un aspect bien singulier, mélange de vieilles pierres et d’un manteau scintillant comme s’il était de diamant. Il ne serait pas étonnant qu’avec le froid de la nuit précédente quelques plaques de verglas se soient formées. Alors le petit blond bien que légèrement fatigué marchait prudemment pour éviter les possibles plaques verglacées.

Ses traits étaient tirés, des cernes étaient apparus sous ses yeux. Cela faisait des mois qu’il dormait mal. À peine quelques heures par nuit tout au plus. L’été, le retour à la maison, enfin plutôt la nouvelle maison avait été particulièrement dure. Il avait fait semblant d’être heureux, mais il avait réellement l’impression qu’une partie de lui était partie. Et cela n’avait cessé de le tourmenter depuis lors. Alors il avait pris l’habitude de ses petites balades matinales, au lieu d’aller déjeuner. Le bacon n’avait plus autant de saveur de toute façon. Il sortait prendre l’air et se promener, pour réfléchir, se vider la tête. Il marchait une bonne heure généralement avant de revenir soit pour aller déjeuner, soit pour assister au cours. Mais souvent il n’avait plus le temps de déjeuner. Son dernier repas matinal devait bien remonter à un mois et demi.

Mais le petit Serdaigle s’en était relativement bien accoutumé. Ainsi, ses petites balades matinales étaient devenues une véritable bouffée d’oxygène. Il ne croisait jamais beaucoup de monde, la plupart restaient sur les hauteurs du parc. Lui aimait se balader un peu plus loin. Il se perdait dans ses pensées, et se mettait à refaire le monde avec des si. Il n’était pas rare qu’il peine à trouver le chemin, et son nombre de retards n’avait fait qu’augmenter sensiblement. Il lui arrivait également bien plus fréquemment d’aller jouer du piano, pour se remonter le moral. Ou pour une autre raison qu’il ne voulait pas s’avouer.

Mais les marques de ses insomnies devenaient au fil des mois de plus en plus visibles, il finirait tôt ou tard par ressembler à un zombie. Ses cheveux blonds n’étaient absolument pas coiffés, rassemblés en épi, donnant à sa chevelure un aspect de hérisson. Son teint avec pâli, il n’était pas bronzé, mais son teint n’était pas aussi blanc qu’il l’était auparavant. Il avait maigri, si bien que la plupart de ses vêtements étaient devenus trop amples et qu’il avait dû en racheter cet été.

Il marchait sans réel but, en contrebas du château. Il pouvait apercevoir au loin un arbre immense, dont il ne s’était jamais trop approché, il avait pourtant entendu des rumeurs de couloir à son sujet, sans qu’il s’y intéresse davantage. Il avait perdu le goût de la curiosité. Il n’était plus allé à la bibliothèque par envie, mais plutôt en traînant des pieds à quelques rares occasions. Il n’y avait que très peu de personnes ce matin, quelques élèves tout aussi matinales que lui qui venait sûrement regarder le manteau blanc. Mais il marchait seul, écoutant le bruit de ses pas, écoutant le bruit de la poudreuse craquant sous ses pas. Il s’était bien emmitouflé pour ne pas attraper froid. Un bonnet aux couleurs de Serdaigle, maison à laquelle il ressemblait de moins en moins d’ailleurs, des gants et une écharpe noire. Il continuait de marcher sans trop regarder où il allait.

Il ne pensait à rien, c’était sa méthode pour ne pas s’enfoncer. Ne rien penser, se vider l’esprit. C’était une solution de facilité, et pas forcément quelque chose de simple à faire. Il ne faisait pas vraiment attention au chemin qu’il empruntait. Il marchait, voilà tout. Il ne prêtait aucune attention au fait qu’il commençait à s’éloigner grandement du château. Désormais cela devait bien faire une vingtaine de minutes qu’il marchait, écoutant le bruit de ses pas dans la neige. Il ne se préoccupait de rien d’autre. Il se vidait l’esprit, les mains dans sa robe de sorcier pour ne pas qu’elle gèle. Il n’avait pas particulièrement froid, ni chaud non plus. Cela devait être dû au mouvement, sans quoi il se serait sûrement transformé en glaçon.

Il s’était bien éloigné d’au moins 150 mètres de l’école et les conversations des rares personnes dehors à cette heure étaient devenues en plus d’être inintéressantes et totalement inaudibles. Il entendit soudain quelqu’un qui semblait lui parler, sans comprendre ce qu’il lui disait. Il finit par relever la tête et s’arrêter. Il regarda où il se trouvait. Visiblement il devait rêver. Il se trouvait à quelques mètres d’une jeune fille, visiblement une élève ? Son visage lui était familier, sans qu’il ne sache réellement de qui il s’agit. Il était pourtant certain de l’avoir déjà vue quelque part. Et à ses côtés un piaf… Et un renard bleu, genre fantomatique… Drôle de rêve… Ne peut-il s’empêcher de penser ? La jeune fille avait sa baguette de sortie et soit elle s’apprêtait à lui lancer un sort, soit il était sur la trajectoire du sort qu’elle allait lancé. Dans tous les cas, la situation lui aurait paru cocasse. Certes, il devait se trouver sur la trajectoire du futur sort de la jeune fille. Mais les deux animaux devaient être des hallucinations

de son esprit. Quelqu’un avait dû lui faire une mauvaise blague hier. Il ne voyait que cette explication rationnelle. Où alors avait-il atterri dans le monde de Narnia ? Après tout, la magie existe, alors pourquoi pas le monde de Narnia ? Ou alors, une hallucination.

C’est ça… Il hallucinait, il manquait de sommeil, ça devait simplement être un animal de compagnie, un chat sûrement et son esprit fatigué en avait fait un fantôme. Dans tous les cas, Henry ferait mieux de reculer. Ce qu’il fait. Il fît un pas en arrière, puis un deuxième avant de sentir son pied droit se dérober et partir en arrière. Son équilibre vacillait et il se sentit tomber et atterrir dans la neige. Il venait de glisser sur une plaque de verglas… La journée commençait décidément plus que bien.

j'espère que cela t'inspire
Dernière modification par Henry Shoftshire le 05 févr. 2021, 17:02, modifié 2 fois.

2e année RP/ Code coleur : #3d85c6

29 janv. 2021, 17:04
 Privé   RPG  A l'encre de ton venin  A.B 
13 décembre 2045
Parc — Poudlard
5ème année



Épuisée, je me penche en avant et m’appuie sur mes genoux pour retrouver mon souffle. Mon coeur bat comme un tambour contre ma cage thoracique et mes bras sont tremblants, ainsi que mes jambes. Malgré le froid ambiant et la neige qui recouvre le parc, mon front est couvert de sueur, une cape de chaleur me recouvre entièrement. Je me permets de fermer les yeux quelques secondes, seulement quelques secondes le temps de retrouver mon souffle.

« Recommence. »

Arrachée à ma paix, je me tords la nuque pour lancer un regard sombre au Serpentaire qui, perché sur son arbre, pose sur moi ses yeux sévères. La rancœur cristallise mon cœur ; les mots me viennent trop naturellement pour que je puisse seulement les empêcher de dépasser la barrière de mes lèvres.

« Ça va, je peux souffler deux secondes ? » rétorqué-je à Nyakane.

Je n’ai guère besoin de cela, je pourrais tout à fait reprendre l’entraînement et montrer à ce fichu Messager des rêves ce que je vaux. Ce n’est pas tant le fait qu’il me demande de recommencer qui m’agace que sa détestable habitude de se croire le devoir de me dire ce que j’ai à faire. Cet échange n’a rien de surprenant pour qui nous côtoie quotidiennement — c’est à dire Zikomo. Je croise le regard du petit Mngwi qui est sagement assis au pied de l’arbre, à côté de mon sac et de ma cape. S’il ne dit rien, je ressens cependant sa désapprobation ; parce qu’il désapprouve, n’est-ce pas, comme à chaque fois que je parle à Nyakane ? Lui et le Serpentaire s’entendent si bien, ils sont si proches, si complices, si parfaitement bien assemblés que toute intervention venant de moi leur est désagréable, je le sais, je le sens. Mes pensées moroses me font lancer un nouveau regard noir à Nyakane qui ne semble pas vouloir commenter ma réflexion.

Comme tous les jours depuis près de deux mois, je m’épuise à suivre les directives de celui qui s’est imposé comme mon instructeur. Nyakane est un excellent professeur, je parviens à le reconnaître lorsque je suis de bonne humeur, mais il est également sévère, strict et particulièrement désagréable. J’aime sa sévérité et sa persévérance, il faudrait que je sois idiote pour ne point le voir, mais ses paroles sont des Avada Kevadra et ses regards des Doloris — Merlin, ce qu’il peut m’être insupportable, cet oiseau !

Après un énième regard noir dans sa direction, je me redresse et essuie d'un revers de manche la sueur qui recouvre mon visage. L’exercice auquel je dois m'adonner est particulièrement intéressant, c’est la seule raison pour laquelle je ne persiste pas dans mon agacement. L’heure tourne, bientôt il sera temps de rentrer au dortoir me doucher et ensuite d'aller en cours. Je dois absolument avancer si je ne veux pas avoir l’impression ce soir de n’avoir rien fait de concluant. Aucun jour ne vaut la peine d’être vécu s’il n’est pas marqué par une avancée, une victoire ou une nouvelle découverte.

J’affirme ma prise sur ma baguette et ferme les yeux, essayant d’ignorer la présence des deux Messagers des rêves auxquels je présente le dos pour ne pas être déconcentrée. J’apaise mon souffle, calme la tornade de ma rancœur et cherche à retrouver l’état d’esprit dans lequel j’étais un instant plus tôt lorsque j’ai extraordinairement bien réussi le sortilège, réussite à propos de laquelle Nyakane n’a rien trouvé de mieux à dire que : « recommence ».

Je me mets en position et ouvre les yeux, déterminée à montrer au Serpentaire que… *Qu’est-ce que…*. Mon regard rencontre celui, bleu et écarquillé, d’un gamin à la mine fatiguée. Je suis si surprise de le voir là que je ne réagis pas instantanément ; je ne pense même pas à détourner le bout de ma baguette pointé sur lui.

Le temps que je me reprenne, le garçon bouge. Un pas en arrière, un second et le voilà à se rétamer misérablement dans la neige. Une grimace moqueuse me déforme le visage. *Et oui abruti, c’est c’qui arrive quand on se place sur la trajectoire d’un futur sortilège*. Je ne sais pas ce qui m’agace le plus : sa présence indésirable ou son effroi ridicule ? Sans doute un peu des deux. Qu’est-ce qu’il fout là, bordel ? Si je ne l’avais pas aperçu et que j’avais lancé mon sortilège, il aurait pu être gravement blessé. Et moi, si je me fiche comme de mon premier chaudron de l’état de santé d’une abruti de Serdaigle, je n’ai pas envie de m’attirer des problèmes qui nuiraient sensiblement à mon entraînement.

Je lance un regard à Zik et Nyakane. Le premier s’est redressé, sans doute inquiet et curieux, mais le second n’a pas bougé. Je ne sais pas ce qu’il pense, je ne sais jamais ce qu’il pense ; son regard me met mal à l’aise. Je soupire, range ma baguette dans ma poche et m’approche du garçon.

« T’es complètement con, dis ? J’aurais pu te blesser, voire pire. Et bien sûr, c’est à moi qu’on l’aurait reproché. »

Je me penche en avant pour avoir une vue plus directe sur le misérable qui gît à mes pieds. Je fronce les sourcils. Ce visage-là ne m’est pas inconnu. Bah ! encore un Autre sans grand intérêt. J’éloigne ma curiosité pour n’afficher qu’une mine agacée.

30 janv. 2021, 01:12
 Privé   RPG  A l'encre de ton venin  A.B 
Le contact entre Henry et la neige ne se fait pas attendre. Manquait plus que cela, qu’il se casse la figure de la plus lamentable des manières et devant quelqu’un en plus. Journée pourrie ! Il sent la neige lui refroidir rapidement le corps et s’accroche à ses vêtements. Il allait tomber malade de surcroît. Il se retrouvait donc allongé dans la neige, en ayant manqué de se faire jeter un sort qui aurait très bien pu être un Avada Kedavra. Et il avait mal au dos à cause de sa chute. Le ticket gagnant à la loterie de la malchance, en somme.

Il est sonné pendant quelques secondes par sa chute, et cela lui prend bien une demi-minute pour reprendre ses esprits, visiblement il n’a rien de cassé. Juste mal dans le bas du dos. Inutile d’aller à l’infirmerie en rentrant, ça finira bien par passer. En plus, le froid devrait aider à maîtriser la douleur. Henry n’était pas trop inquiet pour lui. Enfin il était quand même curieux de savoir le sort qu’il aurait pu se prendre. Pas forcément quelque chose de mortel, ce n’est pas le genre de Poudlard. Mais de quoi l’envoyer balader, certainement.

En parlant d’envoyer balader, c’est tout à fait ce qu’il aimerait faire avec la jeune fille qui venait lui vociférer dessus. Elle l’agace profondément. Il n’est pas vraiment de très bonne humeur aujourd’hui. Visiblement, il l’a perturbée. Mais il n’y était pour rien, quelle idée de s’entraîner à 8 h du matin aussi. Avec… Un renard bleu, qui le fixe en plus. Henry se frotte les yeux. Visiblement c’est plus grave qu’il ne le pensait. Il avait dû prendre un coup sur la tête. Et un sacré coup en plus. Mais non le renard est toujours là. Il ignorait qu’on pouvait avoir des fantômes comme animal de compagnie. M’enfin c’était le cadet de ses soucis. Son plus gros problème c’était la jeune fille qui se tenait proche de lui, visiblement énervée. Plus il la regardait, plus elle lui disait quelque chose. Il avait beau réfléchir son visage lui disait quelque chose, mais impossible. C’est qu’il avait simplement dû l’entrapercevoir à un moment. Mais peu importe. Il allait falloir qu’elle arrête de monter sur ses grands hippogriffes. Henry retint sa langue et se contenta de la faire claquer sur son palet en signe d’agacement, un peu comme un serpent.

Il est vrai que ces derniers temps Henry était dans une période assez étrange. Solitaire, il avait perdu sa candeur, et gagné en froideur. Il ne s’intéressait plus à grand-chose, si ce n’est les potions, et avait quasiment déserté la bibliothèque. Alors l’entendre claquer de la langue de cette façon n’était pas plus étonnant que cela.

Il se releva, lentement en enfonçant sa main dans la petite couche de neige pour s’appuyer directement contre le sol. Une fois debout, il prit quelques instants pour retirer la neige de sa tenue. Ignorant royalement, la jeune fille une Poufsouffle de ce qu’il avait pu en voir. Il fit tomber au sol la neige qui s’était accumulée. Retira son bonnet, permettant ainsi à ses cheveux toujours aussi ébouriffés et blonds d’apparaître. Il secoua son bonnet brièvement. Il sentait le regard de la jeune Poufsouffle sur lui, à tel point que cela l’agaçait. Sans la regarder, et toujours en nettoyant ses affaires de la neige qui s’y était accolée, il lui asséna :

- Je vais bien. Merci de t’en inquiéter.

Il avait sciemment insisté sur la dernière partie de la phrase. Elle n’avait même pas cherché à savoir s’il ne s’était pas fait mal. Alors il pouvait bien prendre la peine de le faire remarquer sèchement. Il avait parfaitement entendu la jeune fille vociférer, mais il l’ignore pour l’instant. Elle était ingrate, il allait être ingrat. Le gentil Henry prêt à aider les autres était enfermé dans un placard maintenant. Maintenant, Henry est devenu beaucoup plus sec et solitaire. Il termine ainsi de nettoyer sa tenue. Façon moldu, puisqu’il ne lui semblait pas connaître un sort permettant d’enlever la neige de sa tenue. Et Merlin que cela lui aurait été utile à cet instant précis. Comme quoi, déserter la bibliothèque n’était pas une excellente idée après tout.

Lorsqu’il eut fini d’enlever la neige, il ramena son regard vers la jeune fille. Elle se prenait vraiment pour le centre du monde, Henry la foudroyant de son regard bleu lui répondit :

- Parfois ne pas se prendre pour le centre du monde ça aide. OK, je n’avais pas fait gaffe que tu étais là et je m’excuse. Mais montez sur ses grands hippogriffes parce que je n’ai pas fait gaffe où je marchais c’est vraiment ridicule. Toi et moi on sait bien qu’on n’enseigne pas des sorts mortels à Poudlard.


Henry s’était volontairement interrompu, ne voulant pas aller trop loin et rejeter la rage qui bouillonnait en lui depuis des mois sur cette fille. Elle avait été ingrate, mais la violence gratuite, qu’elle soit verbale ou physique, ne restait pas son truc.

Alors il remit les mains dans ses poches et prit quelques instants pour observer la jeune fille. Plus il la regardait, plus elle lui semblait familière. Il la fixa du regard, son regard toujours mauvais certes. Mais il voulait absolument se souvenir de qui elle était. Une fille aussi ingrate, il s’en serait souvenu. Il fouillait sa mémoire. Le Poudlard Express ? Non, ses deux camarades de voyages étaient de son âge, ce n’était pas Olivia ni Eldan. Peut-être la mystérieuse fille au carnet de poésie ? Son nom lui échappait ? C’était une Gryffondor, il s’en souvenait bien. L’une des deux filles qui l’avaient aidé pour aller à l’infirmerie ? Des griffonnes aussi. Oh, mais oui ! La fille étrange qu’il avait trouvée dans un couloir en train de déchirer un livre, et après. Et après rien du tout, il n’avait effacé ce souvenir de sa mémoire. Il ne voulait pas se souvenir de la suite. Visiblement, passer ses nerfs sur des objets ou des gens était son passe-temps.

- Ce n’est pas toi qui déchirait un livre dans un couloir l’année dernière ?


Henry n’avait pas l’intention de s’éterniser, il voulait simplement être sûr que c’était bien elle. Elle avait visiblement l’habitude de rejeter sa frustration sur les autres, pas sur elle. Enfin ça il n’en savait rien après tout, mais c’est l’impression que cela lui donnait. Il remit les mains dans les poches, et les traits fatigués, mais énervé il attendit sa réponse, regardant de temps à autre le renard bleu, et alors son énervement se muait l’espace d’un instant en un mélange de fascination et d'intérêt.
Dernière modification par Henry Shoftshire le 30 janv. 2021, 19:52, modifié 1 fois.

2e année RP/ Code coleur : #3d85c6

30 janv. 2021, 17:49
 Privé   RPG  A l'encre de ton venin  A.B 
Je me recule d’un pas lorsque le garçon se relève. Je fronce le nez pour que mon agacement soit bien visible — il ne faudrait pas qu’il pense que je sous-estime ce qu’il vient de se passer, non plus. J’attends quelques secondes qu’il réagisse mais rien ne vient. Je le juge de mon regard impatient. Sa première remarque m’arrache un sourire ironique. Pourquoi est-ce que je me serais inquiétée pour lui ? Il a glissé dans la neige, c’est son problème, son erreur, ce n’est pas à moi de m’assurer de son bien être. S’il est venu ici à la recherche de quelqu’un pour s’apitoyer pour son sort, il n’est pas au bon endroit. Je pense sérieusement à le lui dire, pour qu’enfin il puisse passer son chemin pour aller… Je ne sais pas exactement ce que cet abruti fait là, à vrai dire, mais cela n’a aucune sorte d’importance. Ce n’est qu’un gamin sans intérêt qui a besoin d’attention et moi je n’ai aucune envie de…

Il reprend la parole ; je hausse les sourcils. « Ne pas se prendre pour le centre du monde… Ne pas monter sur ses grands hippogriffes… C’est ridicule… Pas de sorts mortels à Poudlard… Et blah blah blah ». Je ne sais pas laquelle de ses paroles est la plus gênante. Je crois que c’est le tout qui me déplaît. Et le ton sur lequel il les prononce. Un vilain sentiment s’empare de mon cœur et je pousse un long et profond soupir avant de croiser les bras sur ma poitrine. J’étais déjà agacée à cause de Nyakane, comme souvent, mais le comportement de ce garçon renforce ce sentiment. Je sens la lassitude qui s’empare de moi — c’est la dernière chose que je suis censée ressentir alors que je suis en plein entraînement. Je rends le Serdaigle responsable de cette journée gâchée, puisqu’elle le sera désormais, c’est évident.

Et plus il parle, plus cette évidence s’affirme. Je ne parviens pas à contrôler la surprise qui s’affiche sur mes traits. Moi, déchirer un livre ? J’ouvre la bouche pour lui rétorquer que je ne sais pas de quoi il parle quand le souvenir me revient. Merlin, c’est si vieux cette histoire ! Je ne m’en rappelais pas. Un couloir, un livre déchiré par mes soins effectivement et deux Autres. Ainsi que du sang. Et de l’incompréhension. Et ma fichue bouche qui n’arrivait pas à parler. Le problème, ce n’est pas que ce garçon se souvienne de moi — je sais que je suis suffisamment singulière pour marquer les esprits. Non, ce qui me dérange c’est qu’il se souvienne de moi alors que j’étais dans une position particulièrement ridicule ; j’étais faible, dans ce couloir, faible et à l’agonie. Qui donc aime que l’on lui rappelle ce genre de souvenirs, nom de Merlin ?

« En plus d’avoir un comportement de con, tu poses aussi des questions connes ? relevé-je avec ironie. Si je monte sur mes grands hippogriffes, c’est parce que tu as été inconscient. » Et je prends bien soin de pointer un doigt accusateur dans sa direction en prononçant ces mots. « Le problème n’est pas ce que Poudlard enseigne mais bien les sortilèges sur lesquels je m’entraîne, alors si tu veux pas passer un moment désagréable tu devrais t’éloigner, et rapidement. »

*Vraiment idiot*, conclus-je en lui balançant un regard sombre, s’il croit que mes sortilèges ne sont pas réellement capables de lui faire du mal. Il n’y a que des Autres ennuyant pour croire que mon entraînement ne peut se baser que sur ce que l’on apprend en cours. Ce garçon n’avait certes pas droit à mon respect avant de l’ouvrir, mais après avoir balancé une énormité pareille, il n’est pas prêt de remonter dans mon estime.

« Le parc est immense, continué-je sans masquer mon agacement, quand tu continueras ta petite balade, tu feras gaffe à pas te retrouver sur mon chemin. On me voit à des miles, si t’ouvrais un peu les bouses de dragon qui te servent d’yeux tu l’aurais capté ! »

Je pense sincèrement qu’il est de mon devoir, parfois, de faire remarquer aux autres leurs erreurs. C’est important, sinon je prends le risque qu’ils réitèrent cette erreur plus tard — ce qui ne fera qu’accroître mon agacement et je n’ai pas de temps à perdre avec ça. Et à vrai dire, aujourd’hui je me sens suffisamment frustrée et fatiguée pour ne pas avoir envie d'expliquer à cet Autre avec plus de jugeote ce qu’il vient de risquer.

J’ai conscience que je n’en ai rien à faire de ce qui aurait pu arriver.
Certes. La seule chose qui m’agace, c’est qu’il soit là. Et que Nyakane m’ait prouvé une fois de plus qu’il n’est qu’un abruti d’oiseau.

31 janv. 2021, 02:31
 Privé   RPG  A l'encre de ton venin  A.B 
Ingrate des pieds jusqu’au bout de la baguette. C’est la seule pensée qui lui traverse l’esprit. Merlin qu’elle l’agace. Sa logorrhée interminable l’ennuie au plus haut point, il l’écoutes, là n’est pas la question puisque pendant une bonne partie de son monologue il la fixe de son regard vide. Son teint relativement pâle et les poches de cernes sous ses yeux lui donnent réellement un air glauque et sinistre. Parfois il détourne le regard vers le petit renard bleu. Il l’intrigue, c’est le moins qu’on puisse dire. Décidément, elle parle, elle parle. Mais il s’en fiche comme de l’an quarante, la majeure partie de son intérêt s’est d'ors et déjà porté sur le renard bleu. Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi ne semble-t-il pas bouger ? C’était sa peluche ? Qu’importe après tout. Elle pouvait bien avoir un renard bleu, la Terre ne cesserait pas de tourner pour autant.

Henry affichait ostensiblement son dédain pour ce qu’elle lui racontait. Quand il ne retira pas la neige sur ses vêtements, il fixait la cime des arbres. Il veillait cependant à toujours garder une main proche de sa baguette. Même s’il était certain qu’elle ne tenterait rien. Il ne voulait pas avoir à s’en servir. De toute façon, il ne ferait jamais le poids face à elle. Mais il ne voulait pas se laisser surprendre.

Son hypothèse se confirma, c’était bien elle la jeune fille qu’il avait trouvée entrain de pleurer. Et dire qu’il avait eu des ennuis avec l’histoire du livre arraché. S’il avait sut la personne qu'elle était à l'avance, il aurait peut-être simplement passé son chemin. Le Henry actuellement oui, mais pas le Henry de l’année dernière. Sa candeur s’était définitivement envolée, il semblerait. Sa gentillesse s’était perdue dans les abysses de son être. La personne qu’il était actuellement n’avait pour ainsi dire presque plus rien à voir avec celle qu’il était auparavant. Il était vraiment dans un état de montagne russe émotionnel. Un instant, il avait envie de pleurer, et l’autre il se comportait comme la plus abjecte des personnes.

La Poufsouffle ne lui facilitait pour ainsi dire pas la tâche. Elle était exécrable et détestable au possible. Visiblement elle venait de finir, Henry se mit face à elle, mains dans les poches, son regard complètement vide fixait la jeune fille. Peut-être que son air presque fantomatique lui ferait peur après tout. Il n’y croyait pas, mais sait-on jamais ? Elle l’avait énervé, il allait lui rendre la pareille. Alors après un long soupir, il lui fais sentir le fond de ta pensée.

— Et blah… Et blah. Et Blah… Merlin que tu parles pour ne rien dire ! Ça ne t’arrive jamais de prendre l’air faut croire.

Il soupire longuement, il n’allais pas trop s'éterniser avec elle. Sans quoi il allais réellement perdre son calme. Il ne sais pas trop ce qui l’énerve le plus, lui parler, ou le fait qu’elle lui casse les pieds juste parce qu'il n’a pas fait gaffe où il marchait. Enfin tant et si bien qu'il se remet à la fixer. Il fis même un pas en avant, pas réellement intimidé. Elle ne semblait pas complètement stupide au point de lui lancer un sort. Il n’a d’ailleurs pas manqué la surprise sur son visage, elle était fugace, mais il l’a bien vue lorsqu'il a évoqué cette histoire de livre. Quelque chose le tiraillait en lui. Il avait visiblement trouvé un angle d’attaque pour la blesser, mais ce n’était pas très fair-play. Alors que faire ? Ne rien dire semblait être la meilleure solution. Finalement, il reprit la parole, toujours aussi calme, presque désintéressé, il se lance alors dans une imitation grossière et franchement ratée de la Poufsouffle :

— Et moi, et moi.... Tu ne penses qu’à toi, c’est aberrant. Tout doit toujours tourner autour de toi. Tu es sûr que le Choixpeau ne s’est pas trompé, tu aurais certainement pu finir à Serpentard. Avec un tel égoïsme. Ils t’accueilleraient à bras ouverts. Et pour ta gouverne Miss, je ne me prends pas pour du crottin d’Hippogriffe. Je passais déjà un moment désagréable bien avant de me perdre ici, alors que tu me fasses ton petit cinéma n’y changera pas forcément grand-chose.

Et ainsi il la snoba complètement, et commença à avancer vers elle, il entendait la neige craquer sous ses pas. Il s’approchais d’elle au fur et à mesure. Il guettait ses réactions. Une main dans sa poche était directement posée sur sa baguette prêt à dégainer au cas où. Arrivé à sa hauteur, il continue sa route et la dépasse de deux mètres environ avant de se planté devant un arbre couvert de neige. Il souhaite tester une théorie : l'attaquerait-elle s'il avais le dos tourné ? Si elle le faisait, il était à peu près certain que le sortilège serait relativement inoffensif. Si elle ne le faisait pas, il était certain que quoiqu'il dise elle ne lui balancerait que des mots à la figure. C’était un pari risqué certes, mais ça brisera le cercle monotone dans lequel il était depuis bien trop longtemps. Ce goût-là lui plaisait.

Il était donc dos à elle, sa robe de sorcier trainant un peu dans la neige, elle était vraiment trop ample. Il fixait l’arbre et plus particulièrement une branche de cet arbre, qui lui semblait sur le point de craquer à cause de la neige accumulée. Elle pliait semblait se tordre pour supporter la charge. Mais finalement elle finirait par craquer. Elle le représentait bien cette branche couverte de neige. Il avait accumulé, accumulé, il s’était tordu, plié pour changer et plaire à sa mère. Quel idiot il avait été, car comme cette branche, lui aussi avais craqué !

Et il ne savait pas si au printemps de nouveaux bourgeons pointeraient le bout de leur nez. Ou bien si le bois de la branche était définitivement pourri, et que l’arbre allait être attaqué, se désagréger de plus en plus. De mieux en mieux. Il en avais presque oublié l’autre fille. Son insupportable présence lui revint alors à l’esprit et sans un regard pour elle et toujours de façon aussi plate, quoiqu’un peu sec, il lui dis.

— Mes bouses de dragons comme tu dis, ont parfaitement vue ce que tu étais. Quelqu'un qui n'arrive plus à voir plus loin que le bout de son nez. Quelqu’un qui veut paraître forte, mais qui au fond n’a pas plus de solidité que du bois mort. Quelqu’un qui veut surpasser tout le monde. Pour te prouver quelque chose ? Je n’en sais rien, et franchement je m’en fiche, ça te regarde.

Et il reste là dos à elle, planté face à cet arbre. Il venais certainement de pimenter sa journée. En bien ou en mal. Va savoir. Il ressentais tout de même une légère pointe de remords après ses mots. Il avais le sentiment d’être allé trop loin. À vrai dire, il ignorais si ce qu'il venais de lui balancer à la figure était réellement ce qu’elle était, mais une chose était sure, il venais indirectement de lui faire ton portrait.

2e année RP/ Code coleur : #3d85c6

31 janv. 2021, 14:17
 Privé   RPG  A l'encre de ton venin  A.B 
Ce n’est plus un vilain sentiment qui s’empare de mon cœur, c’est une tempête et elle est douloureuse. Le dédain du garçon est si flagrant, si palpable que je me le prends en pleine figure. J’en reste un peu hébétée. J’ai du mal à croire que l’on puisse se montrer si désagréable avec moi. Non pas que je sois naïve au point de croire que les Autres peuvent m’apprécier, évidemment que non, mais disons que j’ai conscience que mon comportement, mon caractère et ce que je renvoie n’encouragent pas les élèves à se montrer extrêmement désagréables avec moi — c’est du moins ce dont je veux me persuader ; après tout, ne suis-je pas suffisamment dangereuse pour réduire au silence tous ces gens moqueurs ? S’ils le savent, ils se tairaient. Si ce garçon le savait, il ne se montrerait pas aussi irrespectueux, c’est certain.

Plusieurs de ses paroles me transpercent le cœur, à mon plus grand désarroi. L’évocation du Choixpeau me fait particulièrement mal et j’essaie de ne pas penser, encore une fois, combien je n’ai pas ma place à Poufsouffle. Le fait que ce Serdaigle ne paraisse absolument pas touché par mes précédents mots me bouleverse : suis-je donc incapable ? *Non*, me rassuré-je, je sais que c’est faux. Le sais-je ?

Passée l’incompréhension, c’est la colère qui s’empare de moi. J’essaie de la cacher, ce serait trop facile de m’agacer contre cet abruti. J’essaie sincèrement. Mais j’échoue. Mon visage se froisse, mes sourcils se froncent, mon corps se tend. Tout en moi me hurle d’agir dans l’instant. Ma première pensée va à ma baguette que j’ai fait l’erreur de ranger dans ma poche ; il serait si facile de lancer un sortilège sur ce garçon. Ma seconde pensée va à mon poing qui se serre frénétiquement au bout de mon bras ; il serait si aisé de le lui envoyer dans la figure, là, maintenant, pour lui faire ravaler ses mots — ce serait tellement agréable. À ce moment précis, les paroles de Nyakane, celles qu’il me rabâche tous les jours, me reviennent en tête : « Contrôle-toi, Aelle ! ». Contrôle-toi, contrôle-toi. Il ne sait dire que cela.
Plutôt crever qu’avouer qu’aujourd'hui ses mots m’aident à ne pas mettre mes plans à exécution.

D’un pas il s’approche, un second pas, d’un troisième il me dépasse. Je relâche le souffle que je retenais et me retourne instantanément pour voir ce qu’il est en train de faire. Ma main a trouvé le chemin vers ma poche et en a extirpé ma baguette. Je la serre frénétiquement entre mes doigts, le regard braqué sur l’abruti qui s’approche de Zikomo et de l’arbre sur lequel repose Nyakane. Les battements de mon coeur s’affirment, tout comme ma détermination. S’il leur fait le moindre mal… S’il leur dit la moindre chose… Je me jure que je le lui ferai regretter.

Je devrais agir maintenant. Dans ma tête, mes pensées fusent mais je me sens suffisamment déterminée pour le forcer à s’en aller — peu importe la façon dont je le fais. Cependant, je ne dis rien. Ma gorge est nouée à cause de ses précédentes paroles. Je me concentre sur ma respiration pour retrouver ma sérénité. Si tant est que ce soit possible. Étrangement, c’est lui qui m’aide à la retrouver. Il l’ouvre encore et les inepties qui sortent de sa bouche sont si incroyables, si exceptionnellement fausses que cela me rassure instantanément : ce n’est qu’un idiot qui se croit intelligent. Les idiot qui se croient intelligent sont particulièrement amusant. Et inoffensif.

J’éclate de rire. D’un rire forcé, certes, mais un rire tout de même.

« Le pire, c’est sûrement que tu crois sincèrement c’que tu dis ! C’est amusant. »

C’est faux, ce n’est pas amusant. Les bêtises ont tendance à m’agacer plus qu’autre chose.

« Si tu savais vraiment qui j’étais, tu saurais que je surpasse déjà tout le monde, toi le premier. J’ai absolument pas besoin de le prouver, c’est assez flagrant comme ça. »

Je secoue la tête de droite à gauche et pousse un soupir. Je me penche sur le côté pour croiser le regard de Zikomo. Le Mngwi n’a pas bougé mais il pose sur le garçon son regard insondable. Mon cœur se serre brièvement lorsque je pense que lui, il est capable de déceler le mensonge dans mes paroles.

« Tire-toi, maintenant, asséné-je au garçon d’une voix froide. J’ai pas de temps à perdre avec toi. Si tu veux dire des conneries, va retrouver les abrutis de ton espèce. Ils sont super nombreux dans ce château, me moqué-je, t’auras pas de mal à les trouver, va. »

31 janv. 2021, 18:01
 Privé   RPG  A l'encre de ton venin  A.B 
Touché. Il semblerait que tes mots aient fait mouche. Tu l’as entendu rire, elle tente de se moquer de toi. Si elle savait à quels points ses mots t’effleuraient sans t’égratigner, peut-être cesserait-elle d’attaquer. Mais non, elle était butée, têtue. Mauvaise langue, aussi, mais tu étais bien mal placée pour le lui faire remarquer. Alors à ce sujet tu ne dirais rien, parce que tu sentais que l’argument pourrait t’être renvoyé au coin de la figure, et avec raison en plus. Alors, autant ne pas lui donner un angle sous lequel t’attaquer.

Tu avais bien vu clair dans son petit jeu, elle voulait que tu partes. Elles avaient utilisé plusieurs stratégies. La moquerie, la vantardise et les menaces. Certes tu n’étais pas insensible à ses menaces, et tu lui faisais une sacrée fleur en restant de dos. Elle n’allait rien faire, sauf si tu la poussais dans ses derniers retranchements. Peut-être que la faire exploser t’aiderait. Oui, mais tu aiderais à quoi ? À aller mieux ? En détruisant l’estime de quelqu’un, c’était vraiment petit ça, tu finissais par ne plus te reconnaître. Non, définitivement tu en avais assez de ne rien ressentir. Et pour la première fois, depuis des mois tu ressentais quelque chose. Non pas de la lassitude et de l’indifférence. Mais de l’agacement, quelque chose de néfaste. Tu maintenais ton masque d’indifférence, mais ce n’était qu’une question de seconde avant que tu n’exploses à ton tour, et toute la retenue que tu faisais preuve dans tes mots s’en irait surement. Et là tu risquerais réellement de la blesser. Il est primordial que contrairement à elle qui ne semblait pas savoir se contrôler. Toi tu y parviens.

Tu ne connaissais pas cette fille, alors tu t’abstenais volontairement de tout commentaire blessant sur ses proches, ou son passé. Ou bien même son moment de faiblesse de l’année dernière. Une joute verbale, oui, mais pas à la déloyale. Tu tournas brièvement la tête, l’espace d’un instant tu vis ce qui te semblait être une baguette. Tu soupiras longuement et te remis à fixer la branche, n’ayant pas remarqué l’oiseau à son sommet. Et tu lui dis alors :

— Attaquer quelqu’un de dos, on a déjà vu mieux. Non définitivement, je pense que le Choixpeau a fait une erreur. Pour ta gouverne, tu pourras tordre la vérité et te voiler la face autant que tu veux. Si vivre dans le déni c’est ton dada, j’y peux rien. Mais je maintiens ce que je dis, tu es une égocentrique, doublée d’une personne qui ne pense pas être à la hauteur. Ta figure de dure à cuire n’est qu’une façade.

Tu croisas alors les bras et tu en as profité pour sortir toi aussi ta baguette. Tu ne faisais pas le poids, tu en étais certain. Tu ne comptais pas te servir de sa baguette de toutes les manières. Alors, pourquoi l’avoir sortie ? Tu l’ignorais, surement un réflexe défensif. Tant et si bien que tu la rangeas l’instant d’après. Tu n’avais pas l’intention de te défendre, de toutes les manières. Si elle souhaitait t’attaquer, tu la laisserais faire. Tu savais reconnaître un combat perdu d’avance. Ton combat actuel était tout autre. Le Henry d’avant aurait certainement fui, se serait confondu en excuse. Mais là, tu n’en ressentais pas le besoin. Pourquoi s’excuser alors que tu disais la vérité, ta vérité peut-être, mais une vérité quand même. La vérité n’était pas forcément facile à entendre, tu en avais déjà fait les frais. Alors pourquoi diable jouais-tu à la tête brulée ? Parce que tu voulais lui faire comprendre aussi qu’on aura beau toujours essayer de se surpasser, quelqu’un sera toujours déçu par nous. Elle semblait butée. Mais sa carapace semblait se fissurer.

Tu jouais à un jeu dangereux, et tu en avais confiance, tu savais qu’elle te surpassait et qu’elle surpassait probablement la plupart des élèves du château. Alors elle finirait bien par te fissurer. Tu voulais retrouver le Henry d’avant. Et si tu devais broyer la carapace que t’étais forgée, alors soit.

Tu finis par lui faire face. Le renard bleu n’avait pas bougé. Quelle bien étrange créature ! Tu pris quelques instants pour observer la fille. Effectivement elle avait sorti sa baguette, la tienne était restée dans ta poche. Elle semblait avoir beaucoup de mal à garder son calme. La probabilité qu’elle vienne te mettre une droite devenait tout de suite plus importante. Mais elle n’avait rien fait alors qu’elle en avait l’occasion, alors même si elle sortait sa baguette, tu étais convaincu que ce n’était que pour se donner un air menaçant. Alors tout en t’appuyant contre l’arbre au tronc gèle, tu soupiras.

— Je sais bien que tu es plus forte que moi, mais sortir ta baguette pour te donner un air plus menaçant ce n’est pas ce qui t’aidera à me faire partir. Si tu n’avais pas besoin de le prouver, pourquoi t’entrainerais-tu ? Tu dois le prouver à qui ? À toi-même d’abord ? Si vraiment je disais des conneries pourquoi te donner la peine d’y répondre ? Parce que m’attaquer c’est beaucoup plus facile que de t’avouer que tu ne maîtrises rien. Que tout te tombe dessus sans que tu puisses réagir. Que dans les moments où tu dois être forte, tu paniques et tu perds tes moyens. Alors tu joues la dure à cuire. La Madame je-suis-insensible. Pourquoi tu fuis les Autres ? Parce que tu as peur qu’il puisse découvrir qui tu es vraiment. Et qu’il trouve ton point faible, et comment te mettre à terre ? Ton égo te perdra.

Tu avais perdu ton calme, c’était devenu flagrant, tes traits étaient désormais étirés par la colère. Bas les masques, elle avait réussi à te mettre hors de toi, et ta colère, ta rancœur, bouillonnait. Tu n’étais absolument plus certain de réussir à te maîtriser. Tes bras croisés au niveau de ton buste te démangeaient. Tu devais impérativement retrouver ton calme. Sans quoi, les mots risqueraient de dépasser ta pensée, et de te mettre dans un sale pétrin. Tu venais de lui balancer toute ta rancœur à la figure et l’espace d’un instant, ce n’était plus la Poufsouffle que tu voyais, mais bel et bien ta mère. Alors l’envie de lui cracher ton venin de serpent à la face devenait insoutenable. Il fallait que tu reprennes ton calme.

Dans un bref instant de lucidité, tu sortis alors ta baguette, la regarda quelque seconde avant de la jeter un peu plus loin. Si tu gardais ta baguette, tu étais certain que tu finirais par lancer le premier sort.

2e année RP/ Code coleur : #3d85c6

01 févr. 2021, 12:39
 Privé   RPG  A l'encre de ton venin  A.B 
La grimace qui me tord le visage doit être terrible à voir. C'est un mélange de frustration, de colère et d’orgueil mal placé. Les mots du garçon atterrissent naturellement dans mes oreilles et je les écoute avec distance, comme s’ils ne me concernaient pas. Ce qui, dans un sens, est tout à fait vrai : je ne me reconnais pas dans ses paroles ; certes, le Choixpeau est peut-être dans l’erreur, mais je ne suis ni dans le déni, ni égocentrique, ni en manque de confiance. Ce garçon est si loin de la vérité que j’arrive à ne pas me sentir concernée par ce qu’il dit — voilà qui tend à calmer l’immense colère qui commençait à me grignoter le cœur. Le regard braqué sur son dos, je me fais la remarque que j’ai finalement bien raison de considérer les Autres comme des moins-que-rien et de partir du principe qu’ils ne me comprennent pas et donc qu’ils ne sont pas à ma hauteur. Ce garçon me prouve que j’ai raison de le faire ; c’est rassurant de se rendre compte que mon comportement est tout à fait essentiel et logique.

Tout chez ce Serdaigle respire la nonchalance. Ma présence, mes menaces, mes paroles et mes moqueries ne le touchent pas. Je ne sais pas ce qu’il fait là, je ne sais pas ce qu’il me veut. Lui et moi ne nous sommes rencontrés qu’un jour, il y a un million d’années — pourquoi venir m’emmerder aujourd’hui ? Je n’ai pas la réponse à cette question et je n’en veux pas. Je ne veux pas pouvoir excuser ce demi-Veaudelune. Je veux seulement me débarrasser de lui. Et plus je le regarde, plus j’ai envie de faire cela avec violence, avec douleur. Je veux l’écraser pour que plus jamais il ne se permette de me parler sur ce ton, pour que plus jamais il se croit avoir le droit de me sortir des mensonges aussi aberrants.

Quand il se retourne, j’ai récupéré une face lisse. Au pli que fait ma bouche cependant, l’on peut comprendre que je suis dégoûtée par cette situation ; au léger froncement de mes sourcils, l’on devine qu’il s’en faudrait de peu pour que j’explose, enfin. Mais ma respiration est calme et mon esprit apaisé. Je me concentre.

Et pleuvent ses attaques.
Je ne m’y attendais pas, encore une erreur de ma part, j’accuse le coup avec difficulté.

« Si tu n’avais pas besoin de le prouver, pourquoi t’entraînerais-tu ? »
« Parce que m’attaquer c’est beaucoup plus facile que de t’avouer que tu ne maîtrises rien. »
« Que dans les moments où tu dois être forte, tu paniques et tu perds tes moyens. »
« Pourquoi tu fuis les autres ? »

Et dévalent dans mon esprit des dizaines d’explications et de réponses. Des dizaines et des dizaines de façons de contrer ses paroles mensongères. Parce qu’elles le sont, n’est-ce pas ? Si elles le sont, pourquoi me font-elles aussi mal ? Elles s’incrustent dans mon cœur, bousculent tout à l’intérieur de celui-ci, elles me ravagent. Pendant un instant, un bref instant, j’en viens à croire que j’ai tort et qu’il a raison. C’est ce qui me fait complètement vriller. Je refuse de lui accorder ce pouvoir sur moi.

Mon poing est serré si fort autour de ma baguette qu’il est douloureux. Le temps d’une terrible seconde, je pense envoyer le sortilège qui tangue au bord des lèvres sur ce garçon. Ce n’est pas une envie. C’est un besoin, un terrible besoin d’apaiser l’immense gouffre que j’ai dans le corps, un besoin de laisser s’échapper un peu cette grande violence qui me bouscule de l’intérieur. Le besoin d’apaiser un quelque chose d’un peu trop destructeur qui est en train de me bouffer — un sortilège, un seul, j’en ai des assez moches en tête, du genre que je crève d’envie d’essayer depuis quelque temps. Si je répondais à cet immense besoin, je me sentirais mieux, n’est-ce pas ? J’en ai tellement besoin.

Un regard s'accroche au mien et m’arrache à ma douleur. Zikomo. Cette rencontre me rappelle instantanément où je suis, à Poudlard, et devant qui je suis, un gosse qui a fait l’erreur de montrer sa connerie à la face du monde. Un souffle tremblant s’échappe de mes lèvres. Puis, sans réfléchir à ce que je fais, je me détourne des trois âmes et pointe ma baguette en direction d’un rocher, à quelques mètres de l’arbre — il en existait bien plus avant mon entraînement.

« Reducto. »

Une voix calme, maîtrisée.
Le sortilège qui fuse hors de ma baguette n’a rien d’exceptionnel. Pourtant, il se fracasse contre le rocher et réduit formidablement ce dernier en poussière. Un frisson d’excitation me parcourt ; il est si simple désormais, de faire de la magie ce que je veux.

J’adresse un regard froid au garçon.

« Est-ce que ça te donne l’impression que je maîtrise rien ? »

Je m’avance vers lui. Et dans mon cœur soulagé de l’immense besoin qui le grignotait reste désormais assez de place à la colère de s’installer.

« Est-ce que j’ai seulement l’air menaçante ? »

Je crève d’envie de briser ce garçon en deux, que dans ses yeux se reflète sa peur et qu’il en vienne à balbutier, minable : je ne suis rien du tout.

« Est-ce que t’as l’impression que je te fuis, là ? » soufflé-je, désormais à deux pas de lui.

Je n’ai jamais été particulièrement cruelle avec les Autres. Ils n’ont pas assez d’importance pour moi pour que je me fatigue à être ce que je ne suis pas face à eux. Il est rare que j’ai envie de leur faire vraiment mal, que je souhaite être en position de force face à eux. La plupart du temps, mon mépris est suffisamment installé pour que je n’ai guère besoin de cela. Aujourd’hui cependant, les paroles de ce garçon m’ont tellement bousculé que j’ai envie de faire tout cela. Je ne veux plus jamais être humiliée. Je ne veux plus jamais me retrouver sans défense, sans mots, sans savoir que faire.

Ma baguette, ma magie, elles font partie de moi. Je n’ai aucune honte à me dresser devant ce con désarmé et à le menacer. Je me sens même particulièrement légitime.

01 févr. 2021, 17:19
 Privé   RPG  A l'encre de ton venin  A.B 
Attention : Paroles relativement violentes

Elle venait de réduire un rocher en poussière sous tes yeux. Tu ignorais le sortilège qu'elle venait d'utiliser, mais avec la formule tu pourrais sans doute en savoir plus. Cependant, ce n'était ni le lieu ni l'endroit pour ce genre de pensée.

Bien sûr qu'une petite voix au fond de toi te murmure de laisser tomber qu'elle n'en vaut pas la peine. Mais tu la fais bien vite taire, cette petite voix. Elle t'agace, elle est insupportable. La voix. Et la fille. Pourquoi tu t'obstines à lui tenir tête ? Parce que tu veux lui faire admettre que tu as raison, ou bien est-ce parce que ses paroles t'ont blessée plus que tu ne le penses. Tant est si bien que si quelqu'un doit céder, ce sera elle. Pas toi. Tu as bien compris ce qu'elle était au fond. Une trouillarde. Et toi aussi. Tu étais d'ailleurs mal placée pour lui balancer ça à la figure. Tu te reconnais dans les paroles que tu lui as balancées. Mais tu ne te reconnais plus dans la personne que tu es. Qu'est-ce qu'on a fait au petit Henry ? C'est ELLE la responsable. Elle ! Tout est de sa faute ! Tout, absolument tout ! C'est elle qui a fait ce que tu es maintenant. Elle ? Non pas la fille. Elle n'y est pour rien au fond.

Intérieurement, tu fulmines. Elle s'approche de toi. Elle devrait garder ses distances. Tu n'as certes pas ta baguette, mais le poing que tu serre contre ta hanche te démange. Tu regardes brièvement l'endroit où se trouve ta baguette. Devrais-tu la récupérer ? Certainement. Mais pourquoi faire ? Lui lancer un sort. Elle n'est plus qu'à deux pas environ de toi. Elle aussi sert sa baguette dans les mains. Tu la fixes, les traits tirés par la colère. Et avec toute ta volonté, tu parvins à éviter à ton poing de partir à la rencontre de son visage. Tu la fixes droit dans les yeux. Et dans les tiens brille un brasier. Elle fait bien une tête de plus que toi. Mais tu t'en moques. D'ordinaire tu aurais été impressionnée. Tu te serais fait petit. Mais là tu n'avais qu'une envie : la broyer, la déchiqueter.

Tu fis un pas de côté, reprenant pendant un bref instant ton air nonchalant, tu t'approches de ta baguette. Tu t'attends réellement à ce qu'elle lance un sort pour t'empêcher de la récupérer. Alors tu te dépêches de l'attraper et la ranger. Tu te retrouves de nouveau face à elle, tu la fixes à nouveau dans les yeux. Et ta colère revient. Tu ne l'expliques pas, mais peu à peu ses traits se déforment et de nouveau c'est ta mère que tu vois à sa place. Et tu n'as qu'une envie. Lui hurler dessus. Hurler ton désespoir. Ta peine. Ta douleur. Ta rage. Tu nages en pleine hallucination.

Tu te mis alors à bouger. À lui tourner autour, à distance raisonnable pour être hors de portée d'un coup physique. Et tu la fixes. Ton regard de braise est froid comme le fin fond des Enfers. Tu ne ressens rien de positif à son sujet. Et alors tes coups pleuvent :

— Tu ne maitrises rien. Tu viens exactement de prouver que je ne disais pas des conneries. Tu te sens obliger de montrer aux autres ce que tu vaux. Parce que tu n'as aucune confiance en toi. Tu viens de perdre tes moyens. C'est facile de jouer la dure pour cacher ses faiblesses. C'est si dur que ça d'assumer que tu ne contrôles rien ? Oui, tu as seulement l'air menaçante. Tu veux que je te dise pourquoi. Parce qu'au fond tu es terrifiée. Terrifié de perdre le contrôle. Alors non tu ne me fuis pas. C'est toi que tu fuis. Parce que tu as peu de ce que tu es. Tu n'acceptes pas qui tu es. Tu ne t'es jamais senti estimé. Alors tu tentes de tout contrôler, mais vois la vérité en face, tu en es incapable. Alors tu pourras me balancer autant de sorts que tu veux. Ça ne changera absolument rien à cela.

Tu étais de nouveau proche d'un arbre. Et fulminant de rage tu te détournas de la jeune fille pour faire face à cet arbre. Tu ne voulais pas lui lancer un sort. Ça prouverait que tu ne vaux pas mieux qu'elle. Non toi, tu es sure que les horreurs que tu viens de déblatérer ne te représente pas du tout. Non toi tu te contrôles. La preuve, tu ne l'as pas frappé. Et Merlin ce n’est pas l'envie qui t'en manque. Non toi, tu ne te la joues pas dure à cuire. Tu veux juste lui ouvrir les yeux. Alors finalement, c'est toi le gentil non ? Après tout tu es en train de l'aider là non ?

Mais surtout pourquoi diable tu voyais parfois pendant de brefs instants ta vision devenir trouble et dans ces moments-là ce n'est plus elle que tu vois, mais ta mère ? Tu lui en veux. Tu lui en veux terriblement de te faire vivre cela. De te donner l'impression de ne plus être toi même. Tu es une bombe à retardement sur le point d'exploser. Elle t'a abandonnée, délaissé, humilié. Humilié. Humilié…

Tu ne parviens plus à te contrôler, tu te retournes vers la jeune fille. Tu ne te maîtrises plus vraiment. La preuve s'il en fallait une, c'est que sans t'en rendre compte ta main est allée chercher ta baguette dans ta poche et que désormais elle est pointée vers la jeune fille. Tu la serres dans ta main. Tu réfléchis à un sort à lui balancer. Un sort qui lui ferait aussi mal qu'elle t'en a fait. C'est tout ce qu'elle mérite. Tu bouillonnes, c'est intenable. Mais dans un instant de lucidité, tu te retournes vers l'arbre et tout en transmettant tes émotions à ta baguette, et tu lances le premier sort qui te vient à l'esprit sur l'arbre.

Diffindo

C'est très peu probable que ton sort fasse ce que tu espérais : faire une profonde entaille dans l'écorce. Mais au final le résultat n'est pas trop mal, l'entaille reste peu profonde, mais elle est bien visible. Et toujours de façon inconsciente, c'est bientôt ton poing qui percute l'arbre. Beaucoup moins efficace, tu entends comme un craquement et une vive douleur. Certainement un de tes doigts qui vient de se casser contre l'écorce. Tu te mords la lèvre pour te retenir de crier ta douleur, et tu te mets à hurler.

— Fais chier !

Tu te refusais à la frapper, si quelqu'un devait cogner l'autre, ça serait elle. Pas toi. Tu voulais lui montrer que toi tu te contrôlais. Que tu étais plus fort qu'elle ! Mais la douleur dans ta main gauche te faisait mal, terriblement mal.

2e année RP/ Code coleur : #3d85c6

02 févr. 2021, 09:41
 Privé   RPG  A l'encre de ton venin  A.B 
Sa réaction n’est pas celle que j’attendais. J’étais persuadée qu’il allait trembler, pleurer peut-être, fermer sa gueule, s’excuser, montrer enfin toute la crainte que je lui inspire. Rien de tout cela. Quand il récupère sa baguette, je ne bouge pas. Je sens un immense calme m’envahir. Ma prise sur ma baguette est solide. J’oublie Zikomo, j’oublie Nyakane, mon entraînement, mon programme. J’oublie absolument tout pour me concentrer sur cet unique point : l’ennemi qui me fait face et qui veut me terrasser. Il m’inspire une si grande pitié.

Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là. Il est si rare que les Autres m’affrontent. Quelques cris suffisent à les faire fuir, en général. Ce garçon n’a pas envie de fuir. Et moi, je n’ai pas envie de me calmer. Je n’ai pas envie d’être raisonnable, d’être mature et de m’encombrer de toutes sortes de principes idiots ; ne pas attaquer une personne désarmée, ne pas faire de mal à plus jeune que soi, ne pas lancer de sortilèges en dehors des salles de classes. Je n’en ai rien à faire de tout cela, ces règles ne sont même pas logiques. Moi, je me sais capable de réduire au silence cet abruti, surtout après ces dernières semaines d’entraînement, et pour la première fois depuis l’arrivée de Nyakane dans ma vie j’ai envie de prouver que j’en suis effectivement capable, cesser de m’entraîner dans le vide. J’ai envie de dégueuler toute la magie qui bout en moi et qui ne demande qu’à exploser dans le monde.

Dans mon grand calme, je me persuade que le Serdaigle va attaquer en premier ; j’attends son attaque avec impatience. Elle ne vient pas. Encore une fois, il n’agit pas selon mes désirs. Il fait pire : il parle. Mes mâchoires se verrouillent et mes yeux plongent dans les siens, brûlant d’une rage contenue. Ses paroles semblent provenir du plus profond de son coeur. Il déblatère, il déblatère et moi je subis le ridicule de ses inepties. Si les premiers mots me ravagent, la suite n’est qu’une mélasse que je me fais le devoir de rendre incompréhensible ; je filtre ses paroles parce que je refuse de les entendre, parce qu’elles sont fausses et mensongères, et parce que tout cela n’aura plus le moindre intérêt quand ce garçon se retrouvera criblé de sortilèges.

« Terrifiée de perdre le contrôle ».

Quel grand silence, quand enfin il se tait.
Quelle grande rage dans mon coeur ; elle est latente, elle grandit doucement, doucement comme monte la marais.

« Terrifiée de perdre le contrôle ».

Je me sens très grande et très sage au moment où je me rends compte que mon adversaire est littéralement hors de lui — moi, au moins, je ne le montre pas. Il est si lourd d’émotions et de sentiments qu’il n’a plus l’air de savoir qu’en faire. Je le note dans un coin de mon esprit, pour l’utiliser en cas d’attaque. Discrètement, je me mets en position. La tension augmente, les bruits extérieurs s’amenuisent. Ça arrive. J’écarte les pieds, lève discrètement ma baguette. Je vais me faire une joie de…

… Rien du tout. Le sortilège qu’il me dédiait percute si soudainement l’arbre que j’en perds mon souffle et mon masque déterminé. Cette magie-là n’est pas aussi extraordinaire que la mienne, ce qui est plus étonnant cependant c’est la raison pour laquelle ce garçon a lancé le sortilège — parce qu’il bouillait et qu’il a décidé de se défouler sur l’arbre et non pas sur moi. Une moue méprisante m’étire les lèvres ; *quel lâche*. J’ouvre la bouche pour le lui dire, parce que mon dédain atteint des sommets inimaginables, mais il semblerait que le Serdaigle n’ait pas terminé de se défouler.

Son coup de poing me fait perdre mes mots. Si bien envoyé, ce coup, que ça ne m’étonnerait pas qu’il se soit abîmé les phalanges. Et son cri ! Quelle violence ! Quel étrange reflet de moi-même suis-je en train de regarder. Je me souviens d’une fois dans un couloir, il y a longtemps. Brûlante de rage, j’ai frappé contre un mur. Ça m’a fait tellement de bien et tellement de mal. Ai-je donc cet air-là, lorsque je me défoule avec violence ? Ai-je l’air si misérable ? si pitoyable ? Je n’aime guère ce que je vois. Un manque total de contrôle de soi.

« Terrifiée de perdre le contrôle ».

Et ces paroles qui tournent dans ma tête ! Bordel, ce que je peux haïr les Autres.

Quelques secondes silencieuses passent. Je jette coup d’œil à Zikomo et Nyakane ; le second, perché sur sa branche, droit comme la justice ; le premier qui me regarde d’un air, semble-t-il, accablé. Désormais dressé sur ses quatre pattes, je sais qu’il est prêt à intervenir si ça dérape. Seulement si ça dérape, je suis capable de m’occuper de moi toute seule.

Les doigts bien accrochés à ma baguette, j’affiche sur mes lèvres un sourire mensonger. Je contourne le Serdaigle et me poste non loin de lui. À en voir sa main, il est effectivement blessé ; il l’a bien mérité.

« Quelle épreuve de force, dis donc, » me moqué-je allègrement.

L’arbre est à peine entaillé. Ce sortilège est particulièrement efficace pour qui veut passer sa colère. Celle du garçon manquait certainement de profondeur et de sincérité — à moins que ce ne soit sa magie qui manque de puissance, ce dont je ne doute absolument pas. Naturellement, je lève ma baguette vers l’arbre. Je suis bien plus calme que précédemment, ma colère est un fleuve agité que je garde sous contrôle. Pour le moment.

« Diffindo. »

Parfaitement exécuté, le sortilège fait une si belle et une si profonde entaille dans l’arbre qu’elle en efface totalement celle du garçon. Je crois que si je l’avais voulu, j’aurais pu fendre le tronc en deux ; j’aime m’en persuader. La fatigue me frappe soudainement mais je m’y attendais, je cache aisément le léger malaise qui me donne chaud — c’est certain qu’après ça, je ne pourrais plus m’entraîner, je me suis suffisamment épuisée ce matin.

« Voilà un sortilège de découpe, dis-je d’une voix guindée. Un sortilège de découpe réussit. Si tu manques de puissance, tu ne devrais pas t’essayer à réaliser des choses impossibles pour toi. »

Je ne sais pas pourquoi j’agis ainsi. Une personne censée aurait fermé sa gueule et aurait laissé cet abruti se défouler tout seul. Certes, mais ses mots résonnent encore dans mon esprit et j’ai le besoin intense de lui faire comprendre qu’il est en tout point inférieur à moi. J’ai besoin de le savoir misérable.
J’ai besoin de le dominer.