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11 févr. 2021, 23:53
L’évanescence de la lune  PV 
11 janvier 2046
Couloir — Poudlard
5ème année



Quelle sensation incroyable que de dépasser tout ce joli monde d'une bonne tête. Les troisièmes années n'ont pas des tronches de gamins, comme les années inférieures, mais on ne peut pas dire qu'ils dégagent quelque chose de très impressionnant. Leur visage porte encore les affres de l'enfance et leur comportement, trop souvent, montre les mêmes choses — raison pour laquelle je ne les côtoie que rarement. Et il faut dire, aussi, que je ne côtoie pas grand monde en général ; une preuve de plus que je n'ai pas grand chose à voir avec les gamins qui sortent de la salle de Défense Contre les Forces du Mal en beuglant comme des Goules.

Je m'adosse au mur face à la porte de la salle de classe, un soupir aux lèvres. Les mains cachées dans les poches de ma cape, le menton dressé et l'air sombre, mon regard frôle les visages qui passent devant moi sans s'arrêter sur aucun d'eux. Je sais exactement qui je cherche et pourquoi. Je suis certaine de le trouver ici. Il n'est pas difficile de trouver l'emploi du temps des troisièmes années de Serpentard quand on sait où chercher. J'espère seulement que l'objet de mes convoitises ne sera pas long à se montrer. Je n'ai pas que cela à faire, moi, d'attendre. Je suis une personne pressée et très occupée, fort bien occupée, d'ailleurs. Cela m'agace de perdre mon temps à courir après des gars seulement parce qu'une certaine jeune fille au regard lunaire semble avoir disparu de la surface de la Terre. Oui, c'est très agaçant — je compte bien le dire à son ami, d'ailleurs.

Passer les vacances de Noël à Poudlard n'a pas été amusant mais cela m'a permis de profiter à outrance de la bibliothèque. Vidée de tous ses occupants habituels (que l'on ose, la plupart du temps, nommer élèves), le lieu n'en était que plus magique encore. Ce serait mentir que de dire que je n'ai pas passé ma semaine à lancer des regards envieux à la Réserve. Dans le secret de mon esprit, je fomente de nombreux plans pour pénétrer dans la pièce interdite ; je ne doute pas y parvenir un jour. C'est durant mes longues heures d'étude que je suis tombée sur un livre, ma foi, fort intéressant. En relevant la tête de Grandes épopées des chercheurs sorciers une pensée évidente m'a frappé : *cet ouvrage intéressera follement Sangblanc !*. Du moins, une chose est certaine : je le lui ferai aimer.

Moi et Sangblanc n'avons guère eu l'occasion de nous reparler mais nous avons échangé à deux, trois reprises quelques conversations intéressantes à propos de la magie, de Poudlard, de la vie, des livres ; le genre de conversations que j'aime avoir avec elle même si jamais je ne l'avouerai. Mais je ne risque pas de l'avouer, n'est-ce pas ? Sangblanc a disparu. Ce n'est pas faute de l'avoir cherché dans la Grande Salle. Une chevelure aussi blanche, ce n'est pas si difficile à trouver, d'habitude.

Un visage attire soudainement mon regard et je me redresse, arrachée à mes pensées. Une tronche renfermée, des traits aristocrates, se tenant le dos bien droit, le regard froid. Je reconnais instantanément le fameux préfet de Serpentard. Un sourire satisfait m'étire les lèvres et je m'approche sans attendre de lui, évitant habillement les autres élèves qui traversent le couloir.

« Nerrah, l'interpellé-je sans préambule. Je dois te parler. »

@Aliosus Nerrah, comme promis. Sept minutes avant que demain ne se transforme en après-demain.

15 févr. 2021, 23:21
L’évanescence de la lune  PV 
Le jeudi était la journée la plus éprouvante de la troisième année. Lui et ses camarades passaient tout d'abord l'entière matinée avec miss Xarinez dans la salle de potion, avant de s'aérer un tant soit peu et manger. A cela il aurait personnellement bien opté pour une sieste éclair dans le dortoir, mais il n'arrivait pas se résoudre à montrer que le préfet de Serpentard ne tenait pas le rythme. A la vérité, il accomplissait ses tâches les unes après les autres de manière automatique lorsqu'il n'était pas en compagnie de la seule en capacité de l'arracher à ses pensées, Irisia. Sans elle, il finissait invariablement par repenser à cette soirée d'horreur. Elle aussi d'ailleurs, il en était sûr, et c'est pourquoi ils passaient le plus de temps possible ensemble, pour se distraire l'un l'autre, et se rappeler qu'ils étaient heureux ensembles. L'étaient-ils ou voulaient-ils l'être.

Le jeudi donc, était particulièrement difficile car l'après midi Irisia disparaissait en cours théorique d'Astronomie une heure avant que lui même s'enferme avec miss Perkins. Oh il aimait les cours de sa professeur de Sortilèges, et puis il se retrouvait souvent avec Macbeth, c'était une respiration intellectuelle bienvenue. Mais c'était décidément trop long. A sa sortie en fin de journée, fatigué, n'ayant qu'une envie, celle de rejoindre deux tendres bras, il devait encore repousser cette perspective en jouant à l'auror dans les couloirs, une heure durant, alors qu'en salle commune, Orphéa, Alexei, Yesenia, Hannah pouvaient jouer, rire, vivre.

Alors qu'il salue Macbeth d'un discret hochement de tête comme à son habitude, chacun apprenant petit à petit à saisir le non verbal de l'autre, il sort, heureux de prendre l'air frais du couloir. A peine le temps d'en profiter qu'une silhouette glissant habilement attire son regard, un requin parmi un banc de poisson. Et Merlin lui en soit témoin, il semblait bien qu'il était la cible. Les yeux du garçon remontent lentement la silhouette, un Poufsouffle, une Poufsouffle, une grande Poufsouffle. Bristyle. Il déglutit pendant qu'elle lui adresse la parole, poliment, avec le sourire, mais Aliosus n'est pas dupe, ce n'est pas une proposition qu'il peut décliner. Aelle Bristyle est une grande, une cinquième année. Il ne la connait que parce qu'en première année elle était elle aussi venue au cours de Miss Loewy sur les femmes sorcières. Il avait détesté ce cours. Mais la tension à trancher au diffindo entre Aelle et Miss Loewy l'avait tellement impressionné qu'il avait fait une entorse à son désintérêt pour les rumeurs. Il avait alors appris que la brune farouche s'était montrée particulièrement impolie avec la délégation chinoise quelques années auparavant. On parlait tantôt d'insulte, tantôt d'une gifle, ou pire. Toujours était-il qu'Aliosus lui avait collé mentalement, sans l'avoir recroisé depuis, l'étiquette infamante de «malpolie».

A présent qu'il levait le menton pour la regarder, il se sentait un peu impressionné. Si elle était rentrée dans une délégation chinoise, ça n'était pas lui, du haut de son treize ans et demi, malgré un badge de préfet rutilant, qui allait lui imposer quoi que ce soit.
«Bristyle, salua-t-il, autant par symétrie que pour signaler qu'il savait à qui il avait à faire, à quel sujet ?»

6ème année

17 févr. 2021, 17:38
L’évanescence de la lune  PV 
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Aliosus Nerrah sait aller droit au but. C’est une chose qui me plait, je déteste perdre mon temps en discussions vaines. Et il me connaît, ce qui parfois est une bonne chose : je ne sais pas exactement ce qu’il se dit à mon propos dans les couloirs, et je n’en ai à vrai dire rien à faire, mais cela m’évite des présentations inutiles ; qu’il aurait insisté pour faire, évidemment. Les Autres veulent toujours savoir à qui ils ont affaire, incapables qu’ils sont de comprendre que ce n’est pas tant l’autre qui est intéressant que ce qu’il a dans la tête.

À quel sujet ? dit-il. Certes. Un sujet fort passionnant, m’est avis, et des questions auxquelles il a intérêt à répondre, mais le lieu n’est absolument pas adéquat pour avoir cette conversation — et n’importe quelle conversation, d’ailleurs. Tant d’élèves grouillent dans ce couloir ! De petites personnes pressées, c’est la seule chose que je vois. Ils se bousculent, se frôlent, ils gueulent et s’invectivent de loin, tout avides qu’ils sont de s'adonner à quelques vaines et ennuyantes activités. Cette heure de la journée est la pire qui soit. Les élèves sont surexcités ou éreintés, ce qui revient au même : ils sont insupportables. Et moi, je n’ai pas envie d’élever la voix pour m’exprimer ou pire, me rabaisser à faire répéter à mon interlocuteur les éventuels propos intéressants que je lui extirperai.

Je lance un regard ennuyé en direction du préfet, fronce un peu les sourcils et distribue quelques regards noirs avant de me pencher vers lui, prenant garde toujours de maintenir une distance respectable entre nous.

« On va pas discuter au milieu de ces animaux, affirmé-je. Suis-moi. »

Et sans attendre de réponse — je ne lui laisse pas le choix — je me détourne dans un mouvement de cape et me glisse entre les animaux en question. Puisque c’est la fin des cours, ce n’est pas évident de trouver un endroit calme dans lequel s’entendre. Il me faut traverser bien deux couloirs avant d’en trouver un qui ne me déplaît pas et pour qu’enfin s’arrêtent mes grognements agacés. Situé non loin de la salle d’Étude des moldus, les élèves ici sont bien moins nombreux. Je jette mon dévolu sur une armure qui trône fièrement là, insensible à mes humeurs et surtout au boucan que l’on entend au loin. Je laisse tomber mon sac à ses pieds et m’adosse contre le mur. En relevant les yeux sur Nerrah, je m’autorise un petit soupir ; *enfin*.

« Voilà qui est mieux. »

De mes yeux sombres, j’observe le garçon. Pour que j’en vienne à quémander des renseignements auprès d’un autre, c’est vraiment que j’ai épuisé mes dernières ressources. Cela ne rend pas la tâche plus aisée pour autant. Je ne déteste rien de plus que de devoir demander. J’ai l’impression de me rabaisser en agissant ainsi, comme si je n’étais pas capable de me débrouiller par moi-même. Mais c’est une question de première importance qui m’amène ici aujourd’hui, je n’avais pas d’autres choix — ou peut-être que je manquais un peu de patience, après tout la rentrée n'a eu lieu qu'en début de semaine.

20 févr. 2021, 17:30
L’évanescence de la lune  PV 
Pour que le jeune garçon, habitué à dédaigner la plupart de ses camarades pour leur immaturité, leur insouciance, leur stupidité ou leur futilité, pour qu'Aliosus, donc, soit presque choqué du dédain d'Aelle à l'encontre de cette même masse informe et grouillante dont été faits la plupart de s autres élèves, il fallait vraiment que les mots choisis fussent fort. Des animaux. Il ne pouvait évidemment pas dire qu'il n'avait jamais fait ce genre de comparaison, mais c'était toujours dans un cas précis, moutons si l'envie lui venait de critiquer un comportement de suiveur en masse, boeufs lorsqu'ils levaient la tête en cours, interrogés par les professeurs, l'air ahuris comme un bovin en train de ruminer son herbe, ou encore, lorsque brûlait en lui une haine viscérale, vermine, mais ce terme n'avait jamais réussi à franchir ses lèvres, il se contentait plutôt de faire son terrier dans un recoin de son crâne d'enfant.

Ainsi donc, Bristylle était du genre à assumer ce genre d'idée. C'était intéressant. Il suivit la Poufsouffle, intrigué de plus belle malgré la réticence à se retrouver en situation d'infériorité, danseur débutant guidée par une main experte. Emboîtant le pas rapide à la suite de l'envolée dramatique de la cape jusqu'à ce que le pas vif et excédé trouve un lieu calme. Le couloir de la salle d'étude des moldus. Salle qu'il n'avait jamais franchie. Aucun horaire n'était prévu à sa filière et il avouait sans soucis que c'était une situation qui lui allait très bien.

Il leva le menton, Irisia l'attendait sûrement et il ne comptait pas se laisser prendre dans un échange sibyllin comme ça avait été le cas avec Swan lors de sa première année.
«Donc ? De quoi tu as besoin ?»

6ème année

24 févr. 2021, 12:00
L’évanescence de la lune  PV 
Dans ce petit menton qui se lève, je vois beaucoup de choses. L’ennui d’être dans ce couloir avec moi ; l’impatience de savoir pourquoi la grande Aelle Bristyle le demande, lui, petit troisième année ; l’agacement de devoir demander pour que je réponde enfin à ses questions — je veux bien avouer que je l’ai fait exprès : ainsi, j’ai l’impression que ce n’est plus moi qui réclame, mais lui qui attend quelque chose de moi. C’est bien plus acceptable dans ce sens-là.

« Sangblanc, avoué-je enfin d’une voix traînante. Je sais que tu la fréquentes. »

Et c’est la seule chose que je sais, à vrai dire. Parfois dans les couloirs, j’apercevais les deux Serpentard ensemble. Ou dans la Grande Salle. Quel contraste entre les deux enfants ! L’une, lunaire avec sa longue chevelure blanche ; martyre, sa cicatrice sur la joue ; si fière dans sa démarche et éblouissante. Et l’autre, son air renfrogné ne donne pas envie qu’on l’approche, il parait tout sombre et petit, presque attirant avec ses sourcils froncés comme ceux d’un adulte, et ce port princier, ce statut de préfet. Le jour et la nuit. Mais je me fiche de l’état de leur relation, je me fiche qu’ils soient amis, meilleurs amis ou pire encore. Moi, ce que je veux savoir, c’est pourquoi Alice Sangblanc n’est pas revenue au château. Et quand est-ce qu’elle reviendra. Parce qu’elle finira par revenir, c’est obligé.

Sans être très importante, Sangblanc fait partie des rares personnes auxquelles j’accepte d'adresser la parole. C’est rare, mais c’est ce qui rend l’échange si intéressant. Je n’ai pas besoin de la voir souvent, je n’ai même pas besoin de la voir ou de lui parler. Mais aujourd’hui, j’ai envie de le faire. Et comment puis-je accepter de ne pas pouvoir répondre à cette envie ? Lorsque je veux quelque chose, je l’obtiens en général très vite. Pourquoi ? Parce que je me démène pour l’acquérir, tout simplement — avec un peu d’effort, et parfois de sacrifices, on peut tout avoir. Alors je suis incapable d’accepter que Sangblanc soit absente et plus encore d’accepter qu’elle le soit pour toujours.

Les mains plongées dans mes poches et le regard un peu froncé — simple reflet du regard qui me fait face ou réel agacement ? —, j’offre ma mine inquisitrice à Nerrah dans l’espoir que celle-ci le presse. Avec les Autres, il ne faut pas s’amollir. Ils sont toujours si prompts à profiter d’une quelconque gentillesse.

« Elle est où ? »

Et ma question résonne comme un ordre, dur et implacable : elle est où, Nerrah ? J’exige une réponse maintenant et une réponse complète. Et si je me sais incapable de comprendre les comportements des gens, cela ne m’empêche pas de vriller mon regard sur le visage du garçon, dans l’espoir, peut-être, de desceller une quelconque malice dans sa future réponse.

24 févr. 2021, 14:45
L’évanescence de la lune  PV 
Le nom de sa cousine l'atteint comme un coup de poignard au cœur. Il n'était pas près à ça. Il s'attendait à une bête exigence d'une année supérieure concernant son rôle de préfet, un accès, un service, ou même un mot à passer à Saul le préfet en Chef. Quelque chose de futile, qui ne le concernait pas vraiment. Quelque chose qu'il aurait expédié rapidement, reprenant enfin le chemin de la salle commune et du cou parfumé d'Irisia.

Son visage se ferma sans qu'il ne contrôle cette réaction. La carapace, l'armure se mettait en place, toute seule, pour protéger un cœur fragile et un cerveau triste. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas en parler, il ne voulait même pas y penser. Pas par volonté d'oublier, ça il en était bien incapable, mais pour contrôler ces moments. Il s'autorisait à penser à Alice quand il était seul. Alors seulement sa mâchoire se desserrait un peu, tremblante, et ses yeux évacuaient ses émotions. Mais pas en public, et certainement, non certainement pas devant cette grande gigue.

«Il me semble pas que ça te regarde.»
Il avait expédié la phrase d'une traite. Voilà c'était dit, et maintenant il pouvait tourner les talons. Il amorça son départ et rompit le contact visuel. Pour qui elle se prenait ? Exiger comme ça des informations sur Alice, comme si ça lui était du. Elle était sûrement comme tout les autres. Les voyeurs. Ceux qui depuis le bal d'Halloween murmuraient en regardant sa belle cousine, ceux qui voulaient savoir ce que ça faisait d'être torturé, ce qu'on ressentait quand on vous ouvrait la chair en riant au éclat. Ceux qui ne voyaient en elle qu'une source de rumeurs, de ragots, d'histoires à fabuler pour se donner une place de choix dans leur petit groupe médisant.
«J'ai entendu dire qu'elle s'était fait ça elle même mais que miss Loewy l'a cru quand elle a tout mis sur le dos de Carry.»
«Elle pourrait faire disparaitre sa cicatrice mais elle préfère la montrer à tout le monde pour se la péter.»
«Il parait que son père et un de ses frères sont des terroristes, elle l'a bien cherché...»


Maintenant Aliosus luttait contre une nausée soudaine.

6ème année

14 mars 2021, 15:54
L’évanescence de la lune  PV 
Une nouvelle fois, je te présente mes excuses pour ce retard !

Incapable de comprendre le comportement des Autres, je le suis peut-être ; je ne suis pas idiote, cependant, et ce que je descelle sur le visage de Nerrah crie une seule chose : je n’aime pas ta question. Quel regard sombre ! quels traits fermés, soudainement. Je ne peux pas dire que le garçon porte une mine abordable en temps normal mais actuellement il n’est plus question d’avoir l’air renfermé, non. Il est en colère et je sais déjà que sa réponse ne me plaira pas. En parfait reflet, mon visage s’assombrit. Qu’ai-je dit pour l'avoir mis en colère ? Sans doute cela a-t-il un lien avec ma façon de parler. Les autres ne comprennent jamais. Ils se contentent d’entendre sans écouter. Un ton un petit peu froid les fait prendre la fuite. Ils se braquent, ils se vexent, ils font des crises et leur visage se referme comme cela de Nerrah. C’est d’un idiot, bon sang, c’est d’une immaturité.

Évidemment, la réponse du garçon ne me surprend pas. Cela ne te regarde pas, dit-il de sa voix guindée, comme s’il pensait tout savoir de moi. Comme s’il se persuadait que lui, petit garçon qui se prend pour un adulte avec son statut de Préfet, pouvait mieux savoir que moi ce qui me concerne ou non. C’est amusant, à vrai dire. Peut-être mon sourire aurait-il pu paraître amusé s’il n’était pas déformé par une grimace agacée — ce sourire répond à la soudaine colère qui me secoue le coeur : moi, pas concernée ? mais je suis concernée à partir du moment où je décide de l’être !

Et il ose se détourner, comme s’il allait partir maintenant et me laisser toute seule dans ce couloir, sans réponses. Comme s’il pouvait se détourner d’Aelle Bristyle. Mais je veux mes réponses parce que je suis en droit de les avoir.

Je me décolle du mur sans attendre et frôle le garçon pour me planter devant lui, lui barrant le passage. Quand je plonge dans son regard, je ne contrôle en rien la colère qui m’assombrit les yeux. Pas plus que je ne module ma voix pour la faire paraître plus agréable.

« Oh si, ça me regarde, Nerrah, dis-je durement. Ça me regarde à partir du moment où j’ai envie de savoir où elle a disparu, putain. »

Les jurons, c’est comme les regards noirs ; ils sont l’outil parfait pour montrer sa colère sans l’exprimer. Et la plupart du temps, ils choquent les gosses, surtout les plus jeunes. Je les utilise à outrance et sans la moindre honte — au plus grand dam de Papa qui s’étoufferait s’il savait combien j’en prononce par jour.

« Où est-ce qu’elle est ? demandé-je en surplombant le garçon. Ça va pas t’tuer de m’le dire. »

Et que ça te tue ou non, cela ne me regarde pas. Je me fous de tes états-d’âme, de tes petites colères d’enfant et de ta fierté, tant que j’ai une réponse à ma question. Une question aussi simple ne devrait pas demander tant d’efforts. Ce n’est pas normal que Nerrah résiste de cette façon, ce n’est pas normal parce que cette entrevue aurait dû durer une minute ou deux. Je lui aurais posé ma question et il m’aurait répondu, c’est aussi simple que cela. Mais non, les Autres doivent toujours se compliquer la vie avec des… Je ne sais même pas avec quoi, à vrai dire, je ne comprends pas pourquoi le garçon réagit ainsi. La disparition de Sangblanc n’est pas une affaire d’état, non plus ! Nul besoin de faire tout ce mystère.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 14 mars 2021, 21:28, modifié 1 fois.

14 mars 2021, 18:10
L’évanescence de la lune  PV 
C'était prévisible, Aelle n'avait pas apprécié sa réponse. Qu'est ce qu'il y pouvait ? Il ne lui devait rien. Mais voilà qu'à présent elle revenait à la charge, se plantant devant lui pour le forcer à répondre à sa question. Cette fois son regard est noir, elle n'a vraiment pas aimé être remise à sa place, celle d'une élève lambda, sans pouvoir ni légitimité à exiger quoi que ce soit. Intérieurement, malgré ses intestins noués et sa gorge serrée par la réminiscence du souvenir douloureux, il jubilait. Les mots étaient puissants, et il avait l'impression qu'elle avait reçu sa réponse comme une gifle. Bien fait. Lui avait pris sa question comme un coup de poing à l'estomac. Pour un œil les deux yeux, pour une dent toute la gueule lui avait dit une fois sa mère. Une version du Talion très personnelle.

Il leva le menton vers elle. Il était maintenant de méchante humeur et avait envie de pousser le vice. Un sourire mauvais se dessina sur son visage quand Bristyle exprima sa colère avec vulgarité. Les gens incapables de garder leur calme et leur savoir vivre n'étaient pas très intéressant. Il l'avait mis dans la catégorie des malpolis avant de la rencontrer, elle descendait à présent dans son estime et rejoignait la catégorie infamante des "vulgaires".

« Je pensais qu'après ton renvoi tu aurais appris à surveiller ton langage. Pourquoi tu veux savoir ça de toutes façons ?»
Il aurait juste pu lui dire. Ça aurait pris quatre secondes et il se serait débarrassé d'elle. Mais non, il était là, à la provoquer, sans même trop comprendre pourquoi. Bristyle prenait son agressivité à la place de tous ceux à qui le garçons aurait voulu la faire subir. Miss Loewy, Harrison, la tante Élise, son propre père, et évidemment, en première place, lui-même.

6ème année

15 mars 2021, 11:29
L’évanescence de la lune  PV 
Si, pendant un moment d’égarement, j’ai pu trouver Nerrah attirant avec sa tronche renfrognée et son air grave, c’est désormais une histoire ancienne. Le sourire qui lui déforme le visage est si laid, Merlin, que j’aimerais le lui arracher violemment. Ce sourire est une moquerie à lui seul, il exprime tout ce que le garçon cache derrière ses yeux bleus : je ne peux plus ignorer tout le mépris qu’il ressent pour moi. Il me frappe soudainement, ce mépris, et me noue la gorge sans que je puisse en expliquer la raison. Je me fais le devoir de repousser ces sentiments. J’ai l’habitude que les Autres ne m’apprécient pas, j’ai l’habitude qu’ils me méprisent ou se moquent, cela ne me touche pas, cela ne me fait rien puisque je n’ai pas besoin d’eux. En trois inspirations, j’ai remisé la grimace de mépris de Nerrah au fond de ma mémoire pour ne me concentrer que sur sa voix.

Peut-être aurais-je dû me contenter de son mépris.
Ses paroles font des ravages dans mon corps.

Rares sont les personnes qui osent parler de mon renvoi. Je ne sais pas si elles s’en empêchent parce qu’elles savent que c’est un sujet dont je ne veux pas parler ou si elles voient sur mon visage la grande rage endormie qui attend que l’on parle de ce fameux renvoi pour s’éveiller. Aliosus Nerrah n’était même pas présent lors de ma seconde année. Il ne sait rien, il ne comprend rien. Il se contente de répéter ce qu’il a entendu, comme l’idiot qu’il est, et comme un parfait idiot il ne réfléchit même pas à ce qu’il entend ; il se contente de prendre les conclusions des autres pour les siennes et de penser qu’il s’est fait une opinion de cette vieille histoire.

Les mâchoires serrées, j’ai bien conscience des secondes qui s’enfuient et du silence que je nous impose ; mes yeux se baladent dans le regard de Nerrah en quête d’une réponse à donner, d’une chose à faire. Si j’hésite, c’est parce que je sais que je dois me contrôler. En tant normal, j’aurais gueulé sur ce gars, je l’aurais peut-être même poussé ; *quoi qu’il est Préfet*. Je me serais défendue. Mais ce temps que je suis en train de vivre n’est pas normal puisque je veux des réponses — le garçon m’a tendu une perche : s’il ne voulait vraiment pas me parler, il ne m’aurait pas demandé pourquoi je cherche Sangblanc. C’est précisément cela qui m’empêche de répondre avec violence à sa petite pique pleine de lâcheté.

« Fais gaffe à ce que tu dis, Nerrah, » soufflé-je d’une fois sourde en le bombardant de mon regard sombre.

Je détourne brièvement les yeux, en quête de la force nécessaire pour apaiser la colère qui me crispe les muscles. Il est si simple de préparer son corps à la rage mais il est si difficile de s’en départir une fois qu’elle nous habite.

« J’ai quelque chose à dire à Sangblanc, craché-je du bout des lèvres, les sourcils froncés à l'extrême. Et ce quelque chose te concerne pas. Bordel, Nerrah ! » Un soupir excédé remplace ma grimace colérique. « Crache le morceau. C’est quoi le souci ? Tu veux la garder rien que pour toi, c’est ça ? Ça marche pas comme ça, les relations. »

Mais quelles drôles de paroles que voilà ! Elles trouvent un écho dans ma mémoire. Un souvenir récent remonte à la surface et la voix de mon frère se fait entendre dans un coin de mon crâne : « Tu peux pas enfermer Thalia dans une fichue cage, m’a-t-il dit, elle fait ce qu’elle veut, elle prend ses propres décisions. » Mais c’est idiot de penser à cela maintenant. Nerrah n’est qu’un fichu égoïste. Moi, j’essayais d’agir pour le mieux et mes actions étaient justifiées. De toute façon, je me fous de Thalia, désormais. Et mon envie de voir Sangblanc ne s’en fait que plus grande. Tout à coup, je voudrais qu’elle soit là. Que nous discutions de tout et de rien, j’aimerais me plonger dans son étrange regard, observer ses drôles de manies et sourire de sa façon de parler.

15 mars 2021, 12:25
L’évanescence de la lune  PV 
Il a frappé, il a touché. Britstyle n'était plus la fille aux airs "je m'en foutiste" qui ne semblait daigner adresser la parole que parce qu'elle le voulait bien, elle n'était plus cette figure énigmatique, cette grande mystérieuse. Là, Aliosus avait devant lui une colère à peine contenue dans le corps de la Poufsouffle, il se demandait même s'il 'allait pas recevoir un vrai poing en plein visage. Il l'avait cherché cette confrontation, il semblait qu'il allait l'avoir. Les deux enfants avaient les mâchoires serrées, et le préfet sentait la tension musculaire envahir son corps, le bras paré à se lever et parer un coup, les doigts prêts à se refermer en poing, les jambes crispées pour partir en avant. Ça allait le défouler, ça allait lui apprendre, à celle là, à ragoter sur les choses qu'elle ne maitrisait pas. Ou bien il allait en prendre pour son grade et il serait laissé pour compte, se tordant de douleur sur le sol froid et dur. Enfin une punition concrète pour son échec catastrophique à protéger sa cousine.

Sa menace était limpide, il avait du viser juste parmi les différentes histoires qu'il avait entendu. Mais Bristyle ne semblait pas décidée à craquer et lui faire ravaler ses mots. Il sentait pourtant que l'envie ne lui manquait pas. Il y eut quelques secondes qui passèrent et Aliosus se rendit compte qu'il avait cessé même de respirer. Il ne reprit son souffle que quand il entendit le ton de son interlocutrice. Il était désagréable, elle restait furieuse sans doute, mais elle répondait à sa question. Soudain, la colère de la grande sembla se métamorphoser en une simple exaspération. Ils revenaient à l'étape précédente, elle n'allait pas lui coller une gifle retentissante, il n'allait pas avoir à se défendre de ses poings d'enfants, il allait encore s'en sortir indemne, physiquement en tout cas. Surtout, les mots de Britstyle sonnent différemment à son esprit. Il sent, malgré les relents d'agressivité - cette fois presque dénuée de vulgarité - que la phrase est sincère. Il s'est sans doute trompé. Après tout il ne sait rien de cette fille à part toutes ces rumeurs.

Un immense sentiment de désarroi étreint la poitrine du préfet. Il était stupide. S'il avait le sentiment d'avoir gagné en la faisant sortir de ses gonds, elle lui avait donné une leçon en refusant d'entrer dans son escalade. Il était remis à sa place, humilié. A présent il luttait pour contenir les larmes qui lui montaient aux yeux. Pas de tristesses mais de rage et de frustration. Au cas où il échouait, il détourna son regard, baissa les yeux et rendit les armes.

«Elle...»
Sa gorge le trahit en bloquant la phrase. Il se rendait compte que s'il se l'était répété des milliers de fois dans sa tête, il ne l'avait jamais dit à voix haute, même à Irisia. Il pris une longue inspiration et releva un peu la tête, en regardant dans le vide.
«Alice, dire son nom était difficile, mais sa cousine méritait mieux qu'un simple "elle" abstrait, est partie en France et est à Beauxbâtons maintenant.»

Maintenant laisse moi tranquille, ajouta-t-il mentalement.

6ème année