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10 août 2022, 12:28
 16.07.47  Venus d’ailleurs  A.B. 
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SCARY, 14 ANS,
Seize juillet deux mille quarante-sept,
Chemin de Traverse.


Ces dernières semaines, le temps a filé. J’espérais trouver le calme après la période d’examens pour pouvoir prendre un peu de repos, mais les adultes semblent avoir mille et un projets pour ces vacances d’été. Je sens qu’ils me cachent quelque chose de gros, de très gros, car d’habitude, ils sont plutôt du genre à me conseiller de faire mes achats à la fin des vacances, or, cela m’étonnerait qu’ils soient très impliqués dans ma réussite scolaire. Un instant, j’ai voulu les envoyer loin et ne rien aller acheter du tout, mais ma conscience m’a dit que je pourrais toujours m’avancer sur le programme en tentant de nouveaux sorts avec la baguette de mon frère. Non pas que ces petits exercices me plaisent particulièrement, mais les vacances ne sont pas une raison suffisante pour relâcher ses efforts.

Je me suis donc rendue au Chemin de Traverse, et, en quelques minutes, me suis retrouvée prise dans une foule me demandant ce qui a bien pu me passer par la tête pour que j’accepte de pareilles conditions. Je grimace. Heureusement que la rue commerçante est proche de chez moi, car avec cette chaleur, marcher sous le soleil devient vite un calvaire, le béton de la ville rendant l’atmosphère encore plus suffocante. J’avais pourtant prévu des choses aujourd’hui, trier toutes les notes prises l’an dernier, faire le point dans les carnets, et donner ou vendre quelques livres de ma bibliothèque pour pouvoir en acheter de nouveaux. Pourquoi fallait-il toujours que mes idées se terminent en queue d’aiglefin ? J’espère que je ne me suis pas laissée embobiner pour rien, on a intérêt à faire des choses plus intéressantes qu’aider grand-père à désherber son jardin.

Je regrette de ne pas avoir plus de temps pour flâner, mais je sais que si je me prends au jeu, je vais revenir avec trois fois plus de choses que ce qui est demandé. L’an dernier, j’ai failli craquer sur un balai même si je suis presque incapable de voler dessus, et je sais que si je repasse devant la boutique, je le prendrais, donc on va éviter. Presque pareil pour Fleury & Bott ; si je commence par cette boutique, je serais obligée de rentrer chez moi pour aller chercher plus d’argent (en plus de devoir rajouter une troisième bibliothèque dans ma chambre. Il faut dire que beaucoup de choses me font envie. J’aime les expériences, j’aime tester de nouveaux objets, de nouveaux sorts, de nouveaux vêtements ou de nouveaux plats alors au milieu des magasins, ma nature curieuse prend le dessus sur mon penchant expéditif. Il m’arrive même de faire le trajet exprès pour essayer de nouveaux parfums de glace et de faire des études comparatives avec les autres glaciers que je connais.

Cependant, ma journée étant chargée, je suis bien décidée à passer le moins de temps possible dans cet endroit étouffant truffé de monde. J’ai des objectifs à tenir, et je les atteindrais, même si je dois aller un autre jour chez mon vendeur de chaussettes moldues favori qui se situe bien plus loin dans la ville. J’ai une idée. Si je me dépêche, je pense pouvoir réussir à acheter tout ce dont j’ai besoin en vingt minutes, alors je n’ai plus qu’à lancer le chronomètre, et c’est avec une allure pressée que je fends la foule, m’engageant dans la rue principale.
Dernière modification par Scary Limpson le 23 févr. 2024, 11:30, modifié 1 fois.

Cinquième année RP, puzzle sans cadre ⊱ fichefiche PRs

13 août 2022, 11:38
 16.07.47  Venus d’ailleurs  A.B. 
16 juillet 2047
Rue principale — Chemin de traverse
Vacances d'été entre la 6ème et 7ème année



J’ai dix-sept ans. Dans quelques mois, j’en aurai dix-huit. Je suis une sorcière adulte aux yeux de la Loi. Adulte, indépendante, capable de se gérer toute seule. L’opposé d’une enfant, donc. Pour la première fois de ma vie hier j’ai transplané comme une grande et j’ai quitté le comté pour me rendre dans un endroit à des miles de chez moi, dans un endroit que personne ne connaît, surtout pas ma famille. Pourtant lorsque je suis rentrée, mon père m’a engueulée. Je devais soit disant « cesser de m’enfuir sans tenir quiconque au courant de mes projets », que « même Aodren nous prévient toujours quand il sort » et surtout, que ce n’était pas parce que je me pensais « adulte à dix-sept ans » que je pouvais pour autant faire tout ce qui me plaisait.

Aujourd’hui, persuadé que la vengeance lui permettra de mieux dormir, mon père m’a forcée à l’accompagner au Dôme Libre pour récupérer quelques cartons et faire du rangement en prévision de la réouverture la semaine prochaine. Je suis majeure aux yeux de la Loi mais à ceux de mes parents je ne suis qu’une enfant à qui ils peuvent ordonner des choses et cela commence doucement mais sûrement à me faire perdre patience.

Il n’a rien dit lorsque j’ai quitté la librairie, peut-être parce que je lui ai confié mes projets : « je vais me balader dans la rue principale ». Il a hoché la tête, son regard était tout fier et j’ai eu envie de le lui arracher. J’ai rangé ma rage dans mes poches et je suis sortie.

Je parcoure désormais la grande rue en évitant vaillamment les nombreux passants. Sans être noire de monde comme fin août, la rue est tout de même bruyante et la circulation n’est pas aisée pour qui n’aime pas brasser du monde. Pour moi, donc. Je passe plus de temps à éviter les gens qu’à regarder les vitrines. Parfois, je rentre dans une boutique à la recherche d’un peu de tranquillité. Zikomo (encore et toujours installé sur mon épaule, caché dans les replis de ma cape pour ne pas attirer l’attention) et moi-même commentons les articles que l’on voit.

La journée serait normale si je n’avais pas ce poids dans le corps, le poids qui alourdit ma respiration et qui me tord le coeur lorsque je vois des objets qui me font penser à celle qui m’a abandonnée. La journée serait banale si je n’avais pas l’esprit tourné en direction de l’Écosse et des plateaux rocheux qui nous ont accueillis par deux fois.

Nous remontons lentement la rue principale. Les mains dans les poches, le regard vissé au sol, j’avance sans porter une grande attention aux personnes qui m’entourent, si ce n’est pour éviter de les percuter. Grandit dans mon esprit l’idée de me rendre dans l’Allée des Embrumes mais je crains ne pas avoir suffisamment de temps pour revenir sans que mon père ne s’inquiète ; et si j’achète quelque chose, comment pourrais-je le lui cacher ? Le connaissant, il n’appréciera pas que j’aille là-bas sans lui, comme si j’avais toujours besoin de sa présence pour affronter les lieux que je ne connais pas, qu’ils soient dangereux ou non. Parfois, cet homme oublie que les enfants grandissent, surtout les siens. L'envie d'aller faire un tour rapide dans la ruelle sombre m'attire malgré tout… Je sais qu’il y a une librairie là-bas dans laquelle je pourrais trouver des ouvrages très intéressants. Ouvrages que je ne pourrais pas emmener à Poudlard, surtout pas depuis que la direction a…

L’idée que je ne suis désormais plus qu’une élève lambda dans une école lambda, une élève tout juste connue de la directrice fige mon sang dans mes veines. Je m’arrête au milieu de la rue, le coeur battant dans la gorge.

« Tout va bien, Aelle ? chuchote Zikomo dans mon oreilles.
Oui… » Je me secoue et reprends ma route. « Ouais, ouais, je pensais juste à un truc. »

Ma vie future me parait tellement sombre. Comme si tous les moments joyeux m’avaient été arrachés. J’ai l’impression d’avoir un détraqueur dans la tête et la plupart du temps, j’oublie de me battre avec lui pour le tenir loin de moi et je le laisse aspirer tout mon bonheur. Je n’en veux plus tellement depuis quelques semaines.

Merci pour cette Danse, Plume ! J'ai hâte de voir où ça va nous mener.

15 août 2022, 16:28
 16.07.47  Venus d’ailleurs  A.B. 
C’est étrange comme certaines silhouettes nous restent en mémoire. Un détail dans la démarche ou une absence troublante de détails, une paire d’yeux fixée dans les tiens, une attitude fuyante au milieu de la foule, un visage à la recherche d’un échappatoire, il suffit d’être observateur pour s’en apercevoir. Mais s’en souvenir, c’est une autre histoire. Il m’arrive souvent de me demander comment fonctionne la mémoire. J’ai — ou du moins je pense avoir — une mémoire visuelle, mais il n’arrive pourtant de me rappeler de phrases sans arriver à mettre un visage sur celui ou celle qui l’a prononcée. Particulièrement troublant lorsque l’on arrive à entendre la voix de la personne dans sa tête.

C’est en balayant la foules d’un regard que je l’ai aperçue. Bristyle, juste là, à quelques mètres seulement devant moi. J’avoue être plutôt surprise, je pensais que la plupart des élèves achetaient leurs affaires vers Août, mais ce doit être un préjugé. Je ne sais plus si je veux lui parler. L’an dernier, je serais sûrement aller la confronter, lui tirer les vers du nez, lui prouver que je sais plus de choses sur elle qu’elle n’en sais sûr moi, mais j’avoue que je me lasse moi-même de mes questions. Je suppose que cette étrange réaction est en partir due au temps que j’ai passé à faire des recherches, ce temps qui ne m’a rien rapporté. J’ai fait chou blanc, on peut le dire. Je lui ai demandé , elle m’a dit de chercher moi-même, j’ai cherché moi-même, et je n’ai rien trouvé. Bravo Scary, cette histoire est vraiment ta plus grande réussite… J’ai par contre eu le loisir de découvrir plein de créatures toutes aussi étranges les unes que les autres mais de ne savoir rien sur le Boursouf et le Boursouflet.

Aelle, ce prénom me laisse indifférente lorsque je l’entends dans les couloirs, mais lorsque j’y repense dans mon lit, il a le goût amère de la défaite, et de la défaite dont on n’apprend rien. Quoi, c’est vrai ! Qu’est-ce que cela m’a apporter ? Rien du tout. Le pire, c’est que je sais que très bien pourquoi ; parce que comme je n’ai pas la réponse, je ne peux pas savoir pourquoi je me suis plantée *et c’est la première fois que ça m’arrive*.

Je fais quelques pas dans sa direction, détaillant sa silhouette de dos. Banale à première vue, même si sa cape tombe de façon bizarre, peut-être est-ce dû au tissu qui la compose. Banale donc, se fondant dans la foule, jusqu’à ce qu’elle s’arrête. *Qu’est-ce qu’elle fout ?!*. C’est un comportement… troublant. Elle ne sait pas où se rendre pour acheter ses fournitures ou quoi ? Bristyle a décidément un talent particulier pour cultiver le mystère. Je me rapproche encore, assez pour la voir secouer la tête et repartir.
C’est une chose que je fais souvent moi aussi.
Quand je me retrouve à m’enfoncer sur un chemin sombre dont je ne vois pas le bout.
Quand je refuse de m’apitoyer sur mon sort et que je tente de chasser les murmures silencieux qui susurrent dans ma tête.
Quand les connexions de mon esprit sont tellement bousillées par la fatigue qu’elles ne font plus le lien entre des choses qui semblent évidentes.


*Quand les connexions de mon esprit sont tellement bousillées par la fatigue qu’elles ne font plus le lien entre des choses qui semblent évidentes.*

OH MERLIN …
COMMENT J’AI FAIT POUR LOUPER UNE CHOSE PAREILLE ??


Je frissonne, comme lorsque l’on vient de faire une découverte qui dessine deux chemins radicalement différents. Creuser, ou s’en contenter.
Creuser, c’est la confrontation, et malgré moi, je la redoute encore. L’inconnu j’imagine, mais si je l’ai déjà fait, je peux recommencer.

Je peux recommencer.

J’accélère le pas pour réduire la distance qui nous sépare. Je crois à présent que je vais lui parler. Je ne peux pas me contenter de ce que je devine, j’ai besoin de plus. Je me fraye un chemin entre les personnes qui nous séparent jusqu’à me retrouver juste à côté d’elle. Mes lèvres s’entrouvrent, et laissent passer une expiration sourde. Je ne la regarde pas, cela me forcerait à engager illico la conversation. Je préfère prendre mon temps que de me précipiter. Je lâche de ma voix la plus calme :

Ça faisait longtemps.

Oh oui, ça fait longtemps — plus d’un an en réalité. *Plus d’un an …*. Le temps est passé vite, j’ai du mal à le croire. Il s’est passé tellement de choses ; le dominion — à moins que ce soit avant ? Mes souvenirs sont flous — l’attaque du train, sans compter les nomination en fin d’année et la réouverture de Godric’s Hollow. Je crois, que j’ai changé. Il faut dire que je ne suis pas sure de me connaître vraiment


Moi aussi, je me demande ce que tout cela va donner …

Cinquième année RP, puzzle sans cadre ⊱ fichefiche PRs

01 sept. 2022, 12:52
 16.07.47  Venus d’ailleurs  A.B. 
Je reprends ma route comme si de rien n'était, comme s'il ne m'était pas difficile de mettre un pied devant l'autre et d'affronter toute cette foule, tout ce bruit qui perturbe mes sens. J'ai de plus en plus de mal à supporter la présence des autres. Cela a toujours été compliqué pour moi mais ces derniers temps j'ai la sensation que leur vie et leur bonheur, leurs sourires, leurs paroles m'agressent ; comme si tout cela était une insulte qui m'était tout particulièrement destinée. Je me sens victime des autres, c'est détestable. Et ce qui l'est davantage encore, c'est ma colère grandissante. Personne au monde n'est à l'abri de ma rogne, pas même Nyakane qui ne me parle quasiment plus ou Zikomo qui me supporte bien que je ne sache pas comment il le fait.

Mon regard vogue sur les devantures, attiré par les couleurs, les formes étranges ou les grimaces réjouit des passants. J'écoute distraitement les commentaires du Mngwi qui se montre plus bavard que ces derniers jours — cela doit lui faire du bien de voir de nouvelles choses ; ses élucubrations ne me dérangent pas, elles me permettent de tenir au loin mon détraqueur.

Je ne la remarque tout d'abord pas, cette jeune personne à la chevelure obscure. Elle n'est qu'une passante parmi les passantes. Je me décale légèrement sur le côté pour la laisser me dépasser, ce qu'elle ne fait pas. Alors je ralentis mais elle ne le fait toujours pas. Il me faut une demi-seconde pour saisir qu'elle me veut quelque chose à moi précisément. Je me tourne vers elle, perturbée de ne pas la reconnaître, et m'arrête tout à fait lorsqu'elle m'adresse une parole nébuleuse. Nous voilà donc figées au beau milieu du passage, moi et elle, rochers au milieu du torrent que représente la foule ; le courant fait de capes et de robes sorcière se fend en deux autour de nous. Les regards se font mécontents et quelques paroles acides les accompagnent.

Je me concentre sur l'inconnue, décrypte les traits de son visage, je tombe dans ses jolis yeux et remarque sa petite taille. Elle me fait penser à Thalia et cela fait étrangement trembler mon âme. L'émoi ne dure pas, d'autres détails me sautent aux yeux. Sa jeunesse m'indique qu'il s'agit certainement d'une élève de Poudlard même si je n'ai aucune indication sur sa maison. Alors comme ça, je suis censée la connaître ? Je fouille ma mémoire mais rien à faire : je ne la reconnais pas. Enfin, ce ne serait pas la première élève de Poudlard à me connaître sans pour autant que ce soit réciproque ; les rumeurs courent sur moi, après tout.

Je soupire indistinctement : je n'ai pas de temps à accorder à une personne que je ne connais pas et que je n'ai pas envie de connaître. Et il y a également la gêne, la sienne, lorsqu'elle se rendra compte que je ne l'ai pas reconnue. Elle risque soit de se mettre en colère soit de se vexer. Dans tous les cas, je n'ai aucune envie de gérer ses sentiments insignifiants.

Toutes ces pensées passent très vite dans mon esprit et tout aussi rapidement les mots s'échappent de ma bouche :

« Longtemps ? On se connait pas... »

Ma voix traîne et racle des abysses inimaginables. Le fait est que je n'ai pas la force ni l'envie de l'élever plus haut, surtout pas pour une inconnue.

« T'as dû te tromper, c'est pas moi. »

C'est pas moi que tu cherches ?
C'est pas moi qui vais pouvoir t'aider ?
C'est pas moi que tu sembles avoir envie de revoir ?
C'est pas moi, tout simplement, pas moi qui est concernée par ce qui habite l'esprit de cette jeune personne. Une torsion de buste et me voilà de nouveau dans le droit chemin, celui qui me mènera... Je ne sais pas exactement où je vais, mais j'y vais.

Je m'excuse sincèrement pour ce retard mais ça y est, je suis de retour et je serai plus rapide !
Est-ce qu'Aelle vient sans doute de piétiner la fierté de Scary ? Oui et ça me rire, je l'avoue.

11 oct. 2022, 18:18
 16.07.47  Venus d’ailleurs  A.B. 
Elle finit par me remarquer après quelques changements d’allures infructueux. Puis, elle se tourne vers moi — j’ai alors le loisir de me plonger dans ses iris sombres aux reflets marrons. Je suppose qu’un intérêt certain doit se déceler dans les miens car la suite promet d’être passionnante. Quelque chose est en marche. J’ai maintenant la certitude d’emprunter une courbe, de m’être éloignée de la ligne directrice que je m’étais tracée. J’avais un objectif, me dépêcher en fendant la foule, et je me retrouve obstacle à ses personnes qui voulaient la même chose que moi.
Je ne sais pas ce que cette courbe va m’apporter, ni même si j’ai bien fait de m’éloigner de ma route, mais je suppose, que lorsque je reprendrais ma marche, l’inconnu vers lequel je me dirige m’aura apporté quelque chose.

Je sens qu’elle me détaille, que son regard tente de me percer, mais je la laisse faire, consciente qu’elle ne verra que ce que je souhaite lui montrer. Je ne me prive pas de le faire non plus, et essaye de percevoir les petits changements d’apparence depuis cette après-midi de mars dans les couloirs. Il y a la taille bien sûr, mais aussi autre chose — peut-être un fragment de fatigue venue s’immiscer, une pointe de lassitude, quelque chose dont les caractéristiques m’échappent. Son expression tend à me faire dire que j’y suis pour quelque chose, mais son allure globale, lorsque je ne l’avais pas encore abordée, me souffle que c’est un petit peu plus que cela.

Je ne sais pas vraiment ce qu’il se passa, mais je me rends à l’évidence — elle ne me reconnaît pas, et cela me fait un drôle d’effet. La première chose qui me vient, c’est la surprise. Celle-ci est si soudaine que je peine à la masquer. Je pensais — j’espérais qu’elle se souviendrait de moi. Qu’elle serait ébahie de voir que j’ai fait ce qu’elle m’avait conseillé, et que j’ai réussi. Mentalement, je tire un trait avec et envoie quelques regrets aux oubliettes avec ce scénario qui aurait eu le mérite de flatter ma fierté. En moins d’une seconde, je me rends compte que cela m’arrange. J’ai manifestement une faculté à me faire oublier des personnes qui ne m’apprécient pas et je compte bien en profiter. Tant mieux si elle ne se souvient pas de moi, cela fait un mauvais souvenir en moins pour elle, et elle n’est pas en train de se dire « Oh non pas elle, me dites pas qu’elle en redemande ». Même si ces paroles ont porté un sacré coup à ma fierté, mon pragmatisme, lui, songe que ce n’est pas plus mal.

Je ne sais pas quoi faire, l’indécision qui l’assaille rompt cruellement avec tout ce que j’aurais pu imaginer. Je me suis souvent imaginé ce que j’aurais fait si j’avais croisé Aelle. Entre confrontation et fuite, j’en ai vu passer des futurs possibles. Pourtant, rien ne m’avait préparé à cela ; le silence d’encre entre nous au milieu d’une cacophonie mouvante. Je réalise que, comme souvent, je me suis laissée faire — ce manque constant de réalisme dans ma façon de penser m’agace particulièrement sans que je sache vraiment pourquoi. Je ne crois pas à la vision binaire du monde. La dualité entre le bien et le mal, le jour et la nuit, le chaud et le froid, je trouve tout cela d’une stupidité infinie. Pourtant, je dois avouer qu’il ne semble pas d’équilibre stable entre réalité et imagination. Mon cerveau déborde d’une multitude d’histoires, il se plaît à explorer les fins fonds du virtuel, mais face à la réalité de fer, tout ce qui a été bâti s’étiole comme des notes brouillantes en perdition bonnes pour la poubelle. Un jour, je devrais peut-être choisir. C’est à ce moment là que je me demanderais — en réalité, qu’est-ce que la réalité m’apporte ?

T’as pas envie de parler, hein ?

Ces mots sont sortis tout seuls, sans doute parce qu’ils reflètent une certaine réalité. Je suis consciente de ne pas avoir répondu ce à quoi elle s’attend, mais je considère dans ma grande empathie qu’il est contre reproductif de forcer les gens à la discussion. Moi, j’ai envie de parler. Elle doit le sentir parce que sinon j’aurais poursuivit ma route. Mais elle va aussi sentir que je lui laisse le choix, j’espère juste qu’elle dira oui un jour.

Oui ahah, mais elle s’en remettra.
Navrée pour ce délai, mais cela m’a fait beaucoup de bien de me replonger dans cette Danse !

Cinquième année RP, puzzle sans cadre ⊱ fichefiche PRs

14 oct. 2022, 16:05
 16.07.47  Venus d’ailleurs  A.B. 
Elle serait sorti de mon esprit en moins de dix secondes si elle n'avait pas parlé, m'obligeant de ce fait à me retourner pour la regarder — et surtout à m'immobiliser une nouvelle fois au milieu du chemin. Ce duo que nous formons sans le vouloir me déplaît énormément. Je fronce les sourcils, maugrée silencieusement et me décale histoire de pouvoir me tenir près d'elle sans être bousculée par les passants. Ce n'est qu'une fois ma position trouvée que j'accorde mon attention à cette fille qui a beaucoup trop de toupet pour pouvoir m'être agréable.

Deux explications possibles à ce qui est en train de se jouer : soit elle me connait sans que je la connaisse, peut-être avons-nous partagé un quelconque souvenir, une discussion peut-être, aussi profite-t-elle de sa position pour se jouer de moi tout en mettant en évidence une vérité que même le plus idiots des idiots pourraient comprendre. Soit c'est une totale inconnue, ou quelque chose du même genre, prise par la soudaine envie de discuter avec moi et qui en plus se permet de se foutre de ma gueule — puisque toute personne censée et surtout polie se serait mise en retrait à partir du moment où elle aurait compris que je ne souhaite pas parler. La constance dans ces deux cas c'est le fait qu'elle se paie ma tronche et ça, ça ne me plait pas du tout.

Je pourrais lui dire que non, je n'ai pas envie de parler, me contenter de cela et partir dans l'autre sens. Sauf qu'au vu du début de la conversation, je mettrais ma main à couper qu'elle ne compte pas me laisser tranquille. Comme je n'ai aucune envie de chercher à savoir ce qu'elle me veut réellement (parce que je m'en tape) et que je ne souhaite pas plus que ça lui expliquer la vie (et donc perdre mon temps), je décide tout simplement d'aller au plus simple. Le plus simple étant de la remettre à sa place tout en me débarrassant d'elle.

« Pour une inconnue, t'es observatrice, dis-donc, commencé-je par dire sur un ton aussi moqueur que le sien. T'es donc capable de voir que là j'ai autre chose à faire, alors je vais tourner les talons et continuer mon chemin. Si t'es perdue, va trouver un sorcier ou une sorcière qui a envie de t'aider. Petite précision : c'est pas moi. »

C'est méchant et dur, certes. Elle le mérite entièrement. Personne ne peut m'insulter (et l'irrespect est une insulte) sans en subir les conséquences. Et encore, je suis gentille, j'aurais pu l'insulter à mon tour. Sauf que là je n'ai pas le temps de me coltiner une gamine survoltée qui tentera de me faire comprendre que : faut pas être méchant parce que tout le monde a une sensibilité et qu'il faut prendre garde à ne pas froisser les autres parce que je vis dans un putain de monde imaginaire où personne ne dit un mot plus haut que l'autre. Là, là j'aurais envie de lui exploser la tête. Autant m'en aller maintenant avant que tout cela ne se termine mal.

Il faut dire que je n'ai guère de patience ces derniers temps et que mon humeur déjà bien sombre n'a pas besoin de beaucoup pour s'obscurcir davantage et me faire passer de la lassitude négative dans laquelle je baigne au quotidien à la rage froide qui aura au moins l'utilité d'apaiser mon coeur douloureux.

Non, vraiment, mieux vaut que je m'en aille. Je tourne les talons et m'éloigne d'un pas rapide et déterminé.

« Est-ce qu'elle nous suit ? murmuré-je à Zikomo. Putain, je suis sûre qu'elle nous suit ! »

Le petit Mngwi sort le museau de sous ma capuche pour jeter un coup d'œil derrière nous.

Ouaaah, Scary va devoir ramer, dis donc ! Elle ne la respecte pas, ou du moins c'est ce qui se ressent de l'extérieur, je ne sais pas comment elle va rattraper ça ahah.

16 déc. 2022, 14:15
 16.07.47  Venus d’ailleurs  A.B. 
Rappelez-moi de ne plus jamais m’approcher d’elle. Aelle est toujours de mauvaise humeur. Aelle prend toujours tout mal. Et Aelle est toujours froissée. J’écoute à peine ce qu’elle me répond — son ton parle de lui même. Il me dit que c’est une gamine sensible qui pense que l’isolement la sauvera du monde, et que comme elle ne veut pas me voir, je vais me casser.

Je ne réponds rien — elle trouverait encore quelque chose à redire. Machinalement, je tourne les talons et va observer la vitrine d’en face — je me retournerai quand je serais sûre qu’elle sera partie. Je fouille dans ma poche et en sort une liste de courses à faire. Elle est sacrément longue je vais rentrer chez moi avec un paquet de retard. Je soupire et décide de compter jusqu’à 5 ; cela devrait lui laisser le temps de partir.

Cinq secondes défilent. Ma montre avec un chronomètre me confirme mon calcul. Inlassablement, mon regard passe ne coup de vent. Comment est-ce que je vais faire pour traverser cet océan ? La masse compacte se mouvant dans la rue principale ne me fait pas envie le moins de monde. Je m’élance — sans voir ce que je devrais voir, et me fond comme une anguille serpentant entre les rochers.

Soudain, je tombe nez-à-nez avec. Je comprends enfin que ce n’était pas le tissu de sa cape qui était bizarre, c’est bien qu’il y a quelque chose dessous. C’est bleu, c’est étrange, c’est Zikomo — pas besoin de chercher plus loin. Mais qu’est-ce qu’Aelle fait encore là bon sang ?! Elle le cherche, je suis désolée mais là ce n’est plus moi. Quel manque de respect, c’est bluffant. Cette gosse se fout vraiment du monde. Pour toute réponse, je fusille et la fille et le renard d’un regard d’encre sans fond — avant de poursuivre ma route parallèlement à son chemin.

Je me moque bien qu’elle s’invente des histoires dans sa petite tête, ce n’est plus mon problème. Si elle s’entête, tant pis pour elle. J’ai essayé — j’ai été aimable, je n’ai pas insisté, et voilà ce que je récolte. *Pourquoi ?*. Pourquoi ça ne marche pas ?Je ne comprends juste pas. Je me pose, j’essaye de me concentrer sur ma liste, mais plus cela va plus je me dis que le problème ne vient pas de moi.

Navrée pour ce retard ><
C’est drôle parce que les deux sont persuadées que l’autre leur manque de respect …

Cinquième année RP, puzzle sans cadre ⊱ fichefiche PRs

04 janv. 2023, 19:03
 16.07.47  Venus d’ailleurs  A.B. 
La colère, vive et piquante, me fond dessus sans état d'âme. Elle prend possession de mon corps ; mon sang se transforme en lave et mon regard en abysse infini de noirceur. Je la sens à l'intérieur moi, la caresse glacée de la rage qui ne provient pas de cette gamine mais plutôt de tout ce que j'ai vécu ces dernières semaines ; l'enfant n'a rien à voir, pourtant elle est là, devant moi, face à moi à me — nous — fusiller du regard. Pile face à moi alors que la foule aurait dû nous séparer aussi aisément que deux aimants contraires. Le fait qu'elle cherche encore à se trouver sur mon chemin me donne des envies de grandes violences, du genre qui pourrait soulager la douleur de l'épine enfoncée dans mon coeur mieux que n'importe quelle autre parole réconfortante que tente maladroitement de m'offrir Zikomo lorsque lui prend l'envie de le faire.

Zikomo. Proche de mon cou, il a un accès unique à mon cou et à la jugulaire qui y bat le rythme de ma rage. Plaqué contre cette dernière, ses oreilles me chatouillant le menton, le Mngwi me murmure des paroles destinées à apaiser et à museler mes grands sentiments.

« Arrête, Zik, soufflé-je en regardant la fille s'éloigner dans la foule, le visage tout froissé comme si c'était moi qui lui avait manqué de respect. C'est bon. »

Qu'est-ce qui est bon ? Mon esprit qui m'envoie mille images par secondes sur lesquelles je me vois en train d'exploser le nez de cette fille à coup de sortilèges ? ou qui me dessine en train de la pousser violemment contre la devanture de l'un des innombrables magasins pour ne pas qu'elle s'enfuit lorsque je sortirais ma baguette pour lui prouver que le sortilège de Réduction lui ferait autant de dégât que si elle était un quelconque bibeblot ?

Je quitte la marée humaine sans chercher à résister à mes envies. Mes pas m'amènent à elle. Avant même qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit, peut-être même qu'elle ne m'a pas remarquée, je verrouille mes doigts autour de son bras et la tire hors de la foule. Cela ne dure que quelques secondes. Je la lâche rapidement et des deux mains la pousse contre une devanture vitrée dans laquelle on peut deviner des chaudrons de toutes tailles, toutes formes et toutes couleurs.

Je la domine clairement par ma taille. Mon regard de braise est posé sur elle. Je voudrais pouvoir la trouer rien qu'en la regardant, lui arracher cet éclat arrogant que je lui imagine aisément alors que je n'en sais rien si elle est arrogante ou non : je ne la connais pas.

Je prends une longue et lente inspiration. Au fur et à mesure que l'air s'enfonce dans mon corps, je sens le liquide de ma rage s'apaiser dans mes veines.

« Oui ? soufflé-je d'une voix doucereuse. Dis-moi ce que tu veux sérieux, qu'on passe à autre chose. J'ai pas de temps à perdre avec toi aujourd'hui. Alors... Si tu veux me parler... » Ignorer les images qui me montrent en train de me défouler, les ignorer... « Fais-le. Maintenant. »

Alors même que la violence tape à la porte de ma conscience, je sens un souffle de liberté planer sur mon esprit. Cela fait des semaines que je suis enfermée à la maison à ressasser mes sombres souvenirs. Je vis de rage et mauvaise humeur, cela caractérise la moindre de mes journées. Me trouver ici, sur le Chemin de traverse, à agir comme l'envie m'en prend, à extérioriser la colère que je ressens sans la moindre accalmie depuis plusieurs semaines, ça me fait un bien fou. Même si je sais pertinemment que cette fille n'est pas coupable de ma mauvaise humeur, je me sais capable de la malmener juste parce que j'en ai la capacité et qu'elle pourrait payer pour cet été de merde que je passe à cause d'une seule personne.

Hey mais Scary a un tel toupet ! Aelle s'est senti agressée, la pauvre. Et maintenant c'est elle qui agresse ta Protégée, oups...

20 févr. 2023, 11:25
 16.07.47  Venus d’ailleurs  A.B. 
Je poursuis ma route, mais les autres entravent ma progression si bien que nous nous retrouvons encore une fois bien trop proche à mon goût. Je tourne les yeux _ brièvement _et surprend ses iris profonds braqués sur moi. Je détourne le regard, tentant de fuir cette sensation étrange que cette histoire n'est pas finie. J'espère qu'elle ne remettra pas ça, et range ma curiosité piquante au placard. *C'est fini, c'est fini*. Il ne se passera plus rien.

Je souffle, tentant d'évacuer mes mauvaises appréhensions, mais la tension monte malgré tout. La respiration saccadée et le cerveau paralysé, j'avance comme une automate sous la chaleur de l'été. Malgré tout, cela semble vraiment la fin, et après avoir senti ces yeux brûlants posés sur moi, je n'en suis pas mécontente. De soulagement, j'expire le peu de dioxygène que mes poumons retenaient en otage. Je tourne la tête vers les vitrines me demandant ce que je vais bien pouvoir acheter, voilà une activité qui me semble plus sûre.

Je n'ai pas le temps de lorgner le prix qu'une main me saisit fermement et me tracte hors de la masse. Ma tête tourne dans tout les sens, valdingue sur mes épaules, j'essaye de poser une vision périphérique, mais je panique complètement. Plus rien ne répond, et mon esprit désorienté perd le pied. De vieilles peurs ressurgissent, je me souviens de ses yeux noirs, aussi noirs que les pupilles, et, bien qu'incapable de réagir, je comprends vaguement ce qu'il se passe.

Le choc de mon dos contre la vitrine me réveille brutalement. Fuyant l'image devant moi, je regarde autour de moi à la recherche d'une solution de replis _ la fuite est souvent une très bonne option. Mon cœur s'emballe lorsque derrière moi je ne vois que des chaudrons empilés sur des étagères. Mes yeux écarquillés fixent les siens dans l'attente d'une sentence qui semble inévitables, mais le silence qu'elle laisse planer a au moins pour avantage de marquer un temps de pause. Chacune reprend son souffle sans lâcher l'autre une seconde, si bien que le répit n'en est pas vraiment un.

Je sens qu'elle va bientôt agir _ sinon, elle m'aurait laissé faire mes courses tranquillement. J'admet l'avoir un peu cherché, mais tout de même, c'est elle qui s'est foutue de moi ! En moi, je sens le vent se lever, c'est une brise sifflante qui me souffle de lui couper la voix une bonne fois pour toute. Ma colère surpasse ma peur, et je me sens prête à lui crier ses quatre vérités au visage. Seulement, nous sommes dans une rue, certes à l'écart, mais tout de même, et je dois reconnaître qu'en face à face Bristyle est trop forte pour moi. Et lorsque la Jaune reprend la parole, je suis bien décidée à lui faire croire qu'elle contrôle la situation.

Je me recroqueville contre le mur, comme si elle allait vraiment me faire quelque chose, et j'écoute attentivement ce qu'elle me raconte. Son ton ne m'augure rien de bon, et rapidement, le spectre de la violence ressurgit. Je réfléchis plus à mes propres questions qu'à la sienne, et il n’y en a pas qu’une. *Jusqu'où est-elle capable d'aller ?*. Instinctivement, je ne l'imagine pas me faire du mal, mais statistiquement, il a été démontré que les gens imaginent le plus souvent des choses heureuses pour leur avenir. Je m'octroie une seconde de plus pour répondre à cet enjeu majeur. Non, elle ne va pas le faire, c'est sûr. Les passants ne sont pas loin, cela serait insensé d'attaquer une gamine sans défense sans raison. Elle ne prendrait pas le risque de se ridiculiser ainsi. Et puis, il y a ce " Fais-le maintenant." qui me fait dire qu'elle veut qu'on en finisse rapidement et sans dégâts. Non, décidément non, il ne va tout compte fait rien m'arriver. Je me contente donc de répondre calmement :

__ J'aimerais savoir quel est le lien entre Erza Nyakane et Zikomo et Nyakane, c'est tout.

Une fois que j'aurais ma réponse, elle ne perdra rien pour attendre.

Ca me bute, Scary persiste à voir Aelle comme quelqu'un de raisonné et un minimum pacifique !
Je sens que ça va chauffer...
Dernière modification par Scary Limpson le 03 mars 2023, 10:35, modifié 2 fois.

Cinquième année RP, puzzle sans cadre ⊱ fichefiche PRs

01 mars 2023, 09:56
 16.07.47  Venus d’ailleurs  A.B. 
C'est subtil mais à la distance à laquelle nous sommes, impossible que je manque le mouvement de son corps. Ce faible repli, cette tentative de recul ; elle se masse sur elle-même, comme si elle craignait que je la malmène. Elle espère se fondre dans la vitre, disparaître. Regrette-t-elle ces dernières minutes ? Son regard moqueur, ses paroles nébuleuses et son irrespect ? Regrette-t-elle de m'avoir dérangée en pleine balade, et pour quoi ? Pour me sortir un inutile : « Ça fait longtemps ». Et après ? Que me veut-elle ? Pourquoi moi ? Que lui ai-je fait pour qu'elle m'alpague de la sorte en plein été ? Sans doute m'a-t-elle aperçue dans la rue et s'est-elle dit que c'était l'occasion ou jamais de parler de quelque chose qui la trouble. Mon mépris s'affirme radicalement à cette hypothèse. Quelle pitoyable jeune fille elle ferait si elle était troublée par quelque chose en rapport avec moi alors que je n'ai pas le moindre souvenir d'elle et de l'endroit où nous nous sommes connues...

Ainsi, la voir se recroqueviller de la sorte me fait ressentir une bouffée de puissance et de plaisir comme je n'en ai pas connu depuis un bon mois. Je me redresse pour affirmer ma taille et ma position de pouvoir, mon regard se fait plus dur, mes lèvres se pincent encore plus fort. Oui, veut dire ce visage, je te menace, tu as raison d'avoir peur, tu ne pourrais rien faire contre moi. C'est agréable que les choses fonctionnent enfin comme je le souhaite. Après ces longues semaines à m'enfoncer dans ma propre tristesse, voilà que j'ai la sensation de respirer ; cela ne durera pas, autant en profiter autant que possible. J'ai l'impression de retrouver mes totales capacités, enfin.

J'étais en train de me persuader que jamais elle ne parlerait — c'est le problème quand on effraie : on n'empêche les autres de dire les choses — quand elle se décide enfin à articuler une phrase. Son regard brille d'une étrange manière quand elle parle.

Un sourcil se dresse sur mon front. Sa question a le mérité de me troubler mais je cache cela derrière un masque froid et méprisant. Le lien entre Erza, Zikomo et Nyakane ? Oh, doux Merlin. Depuis des mois et des mois que Nyakane est dans mon entourage, et que son prénom n'est pas un secret, personne n'a jamais osé venir me voir pour exiger de savoir pourquoi j'avais pour compagnon un esprit qui portait le nom de la directrice de l'école africaine. Et voilà que cette gamine que je ne connais ni de Merlin ni de Morgane... Vient exiger des réponses. Je ne sais pas si je dois rire ou m'offusquer.

« C'est tout, » répété-je sur un ton moqueur. Je m'approche de quelques centimètres d'elle pour affirmer ma position dominante. « Tu as un petit peu réfléchi ces derniers mois et maintenant tu viens exiger des réponses alors qu'on se connait pas. Et tu dis c'est tout, comme si ça coulait de source. »

Peut-être a-t-elle écouté les rumeurs. Ce n'est pas bien difficile de connaître l'identité de ces deux étranges créatures qui me suivent, après tout. Pourtant... Pourtant j'ai l'impression qu'il y a autre chose. Je fouille dans mes souvenirs... En vain. Mais n'y-a-t-il pas quelque chose de légèrement familier dans sa façon d'insister ? Oui, peut-être. Finalement, peut-être que l'on a déjà discuté elle et moi. Merlin, comme je m'en veux de ne pas savoir ! Mais plutôt crever que de lui demander des explications. Si elle pense que je l'ai totalement oubliée, ce qui est le cas, cela la blessera suffisamment pour que je me sente vengée d'avoir un temps de retard sur elle.

Un son de cloche retentit soudainement. Dans un coin de ma vision périphérique, je vois la porte du magasin Au bon chaudron s'ouvrir. Cela m'aurait laissé de marbre si une silhouette n'en était pas sortie pour se diriger droit vers nous.

« Un problème, jeunes filles ? »

Une femme tout ce qu'il y a de plus banal, une sorcière comme il s'en fait tant. Robe de sorcière d'un vert foncé, chapeau rabougri sur le crâne, quelques mèches blanchâtres qui s'en échappent et une drôle de petite ride qui lui barre le menton ; son regard étonnement bleu passe de la fille à moi et de moi à la fille — il s'attarde légèrement sur moi et je le comprends, après tout c'est moi qui suis devant elle et qui l'empêche de s'éloigner.

« Du tout, réponds-je rapidement en la regardant bien en face. On discutait. »

Je me recule aussitôt d'un petit pas et enfonce les mains dans mes poches. Je hausse les épaules d'un air nonchalant mais sur mon visage passe un bref agacement. Laissez-nous régler nos affaires ! aimerais-je lui dire, mais je ne suis pas suffisamment folle pour faire ça. C'est de ma faute ce qui arrive : je n'ai pas fait preuve de discrétion, il faut dire.

La sorcière me jette un regard dubitatif et grommelle à voix basse. Elle se tourne vers l'autre jeune fille et je comprends que ce n'est pas tant ma réponse qui l'intéresse que la sienne. Je la regarde également, sans forcément la menacer de mille morts douloureuses si elle ose dire quoi que ce soit. C'est plutôt un regard ennuyé et dépité : allez, plains-toi comme tu sais sans doute si bien le faire comme ça l'affaire sera réglée et je pourrais me tirer d'ici.

On dit merci madame l'inconnue de nous avoir sortie de ce mauvais pas !